De mauvais goût? Ca l'est certainement, par référence avec l'acte que le mot désigne. Drôle? Le mauvais goût l'est souvent, par contraste. Mais il y aura toujours des gens qui se sentiront visés et n'en rieront pas. Bref, c'est bien connu, on n'a pas tous le même humour.
Intolérable? L'acte désigné par le mot l'est évidemment. Employer le mot 'viol' est intolérable? Je suis déjà beaucoup plus sceptique, les mots sont des mots, à savoir un outil dont on se sert pour décrire quelque chose. Les mots ont du pouvoir, bien évidemment, cela serait futile de le nier. Mais un mot donné aura du pouvoir sur qui? Sur les gens qui pour une raison donnée ne font pas la différence entre ce mot et la réalité auquel il renvoie. La plupart des gens sont capables de le faire, mais il existe aussi une minorité de gens qui ne le font pas sur certains sujets, car ayant été confrontés à une expérience marquante, qui peut les avoir traumatisés et faire en sorte que le mot devienne alors bien plus qu'un simple mot, c'est-à-dire l'expression même de la douleur qu'ils ont vécue.
Mais on ne peut pas savoir qui ils sont en général, sauf envers des événements majeurs bien connus, où là on est certains que beaucoup de gens vont être choqués. C'est là qu'intervient l'argument du respect.
Doit-on censurer nos paroles sous le prétexte qu'il est possible qu'il existe une personne qui soit susceptible d'être choquée par celles-ci, et par respect pour celle éventuelle personne, se taire? Car lorsqu'on est certain qu'on s'adresse à une telle personne, il est bien évident qu'il faut se taire, mais dans le doute, que faire? Le spectre du possible est très vaste, et à mon avis se fonder sur l'ensemble des possibilités n'est pas viable.
En effet, Daoc est un jeu basé sur des combats, et comment en parler si ce n'est en utilisant un vocabulaire axé dessus? Or, les combats ayant existé, et des gens en ayant souffert, il est fort possible que des personnes soient choquées par n'importe quels propos visant à relater un combat.
Idem pour les métaphores, qui dit que les simples paroles "je me suis fait rouler dessus par un bus" ne puissent par mégarde être adressées à quelqu'un ayant perdu un membre de sa famille écrasé dans un accident de la circulation? Est-ce vraiment manquer de respect aux accidentés de la route que de dire "je me suis fait rouler dessus par un bus" après un release face à un ennemi plus nombreux, et faut-il donc éviter cette expression de peur de manquer de respect aux gens morts de manière si absurde et cruelle, tout en banalisant les accidents de la route? N'abusons pas, tout de même...
On peut continuer longtemps comme ça. Appliquer ce principe du respect dans le doute (j'insite sur le 'dans le doute", quand on sait à qui on parle cela n'a pas lieu d'être, car on sait ce qui peut choquer ou non la personne), c'est simplement une censure totale de ce que l'on dit, car n'importe laquelle de nos paroles peut renvoyer à une réalité qui a pu un jour où l'autre marquer quelqu'un profondément.
Qu'est le plus intolérable au final, puisque c'est finalement le titre de ce post? Un silence total sur ce que l'on peut dire dans un jeu de peur de manquer de respect à quelqu'un, ou prendre le risque de parfois choquer quelqu'un, quitte à lui présenter ses excuses et le reconforter après si nos propos ont mal été interprétés en raison de son expérience personnelle?
Ma réponse, elle est simple: une bourde, on peut toujours essayer de la réparer, ne rien faire pour éviter d'en faire une n'a jamais été une solution.
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