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En parlant d'horreur au Nigéria, je crois qu'on devrait aussi s'intéresser aux actes de barbarie qui ont lieu juste à côté de chez soi...
Un garçon de 9 ans succombe aux sévices perpétrés en famille
Nicolas, enfant martyr, mort sous les coups de ses parents
Strasbourg : Yolande Baldeweck
[12 août 2003]
Un garçon de 9 ans, originaire du quartier Hautepierre à Strasbourg, est mort samedi, à la suite de «tortures et d'actes de barbarie» infligés par sa famille. Ses parents, son oncle et sa grand-mère ont été déférés hier au parquet qui a requis leur placement en détention provisoire. L'enquête ayant permis d'établir que l'enfant «a effectivement été la victime de sévices répétés» de leur part, selon un communiqué du parquet.
Les autres enfants du couple, trois fillettes, ont été placées. A l'arrivée du Samu, vers 11 heures, les parents du petit Nicolas, qui se trouvait en arrêt cardio-respiratoire, ont eu cette explication : «Il est tombé dans les escaliers...» Transporté au centre hospitalier, le garçonnet, qui avait pu être ranimé, a succombé quelques minutes plus tard. Intrigués par les hématomes sur le corps et le visage de l'enfant, les pédiatres ont alerté le médecin légiste. Dans l'après-midi, la famille a été interpellée.
«On a du mal à imaginer que de tels sévices puissent exister. On oscille entre le Moyen Age et la Gestapo», a lâché, hier, Thierry Guion de Meritens, numéro deux du service d'interventions et de recherches de la police, en évoquant un sentiment de «nausée générale» parmi ses collègues de la brigade des mineurs.
Le début des sévices aurait coïncidé avec l'arrivée, dans le petit trois-pièces, de la grand-mère et de l'oncle maternels. L'enfant, décrit comme turbulent par ses parents, aurait été pris en grippe par sa grand-mère qui lui aurait infligé des coups, bientôt aidée par sa fille, puis par le reste des parents. Nicolas passait des nuits entières au salon, à genoux, les mains attachées dans le dos, les chevilles entravées, les mains et les pieds reliés par une ficelle. Et les coups pleuvaient. Durant son calvaire, l'enfant est resté étonnamment lucide. Ces derniers jours, pour ne plus entendre Nicolas les accuser de le maltraiter, ses tortionnaires l'avaient bâillonné.
«Lors des auditions, aucun n'a témoigné de compassion pour l'enfant», s'étonne un enquêteur, surpris de la froideur des récits des quatre adultes. Cette famille très modeste, inconnue des services de police, n'a pas fait l'objet d'un signalement particulier. Elle était simplement suivie pour surendettement. Le père, qui avait été au chômage, travaillait dans une entreprise de nettoyage.
Dans l'immeuble bien tenu, nul ne semble s'être rendu compte du drame. Une voisine, dont l'enfant fréquentait la même école que Nicolas, affirme qu'il ne s'était jamais plaint. «Il était turbulent, observe-t-elle. Mais de là à être maltraité...» Sur la photo de classe, le gamin aux cheveux très courts sourit : rien ne le distingue des autres. Un voisin concède : «De temps en temps on entendait des cris. On imaginait qu'il s'agissait de disputes...» Les enquêteurs, eux, ont été surpris par la saleté repoussante de l'appartement, dans lequel, outre les quatre adultes et les quatre enfants, vivaient sept chats. Pourtant, les trois fillettes, âgées de 6, 11 et 12 ans, portaient des vêtements propres. L'aînée prenait soin d'éloigner la plus jeune lorsque les adultes se déchaînaient contre leur frère... L'enquête devra établir si Nicolas avait fait l'objet de maltraitances par le passé.
Evidemment, le sentiment c'est la nausée et la stupéfaction, puis vient enfin l'interrogation :
- comment un pays qui se dit civilisé comme la France (où on n'est pas supposé flirter avec la barbarie) peut-elle engendrer de telle monstruosité ? Où se trouve la faille ?
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