J'ai fini par reconnaître la triste réalité de la situation qui est la mienne. Je le sais aujourd'hui, le monde entier se ligue contre moi dans une vaste démarche faite de vexations et de brimades quotidiennes.
Commençons en prenant l'exemple convenu du restaurant. Je suis le plus souvent servi en dernier, et quand, par miracle, ça n'est pas le cas, j'ai le droit aux cheveux dans les plats, aux portions plus que réduites en comparaison à celle de mes voisins, à l'absence suspecte des jolies et gourmandes décorations qui ornent leurs assiettes. C'est également le cas au McDo, où quelque frite tiède se cache toujours dans mes potatoes, où mes burgers se retrouvent souvent sans sauce ou même sans viande
Je pourrais maintenant vous citer pelle-mêle les feux qui s'obstinent à être systématiquement rouges sur mon passage, les vieux qui semblent toujours vouloir s'installer à ma place dans les transports, les désespérés qui choississent bien trop souvent MA ligne de train ou de métro pour mettre fin à leur jours, et ces saletés de putains de salopes de pigeons de merdes qui chient systématiquement sur la seule fenêtre de mon appartement, se fendant de virages acrobatiques afin de parvenir à maculer les endroits du verre encore propres.
Pis encore, l'autre soir, alors que je m'apprêtais à emmancher une sublime chienne à la provenance douteuse dans les toilettes d'une boîte, je m'aperçois que la poche dans laquelle j'avais pris soin de réserver plusieurs capotes est trouée et que j'ai perdu les précieux
petits capuchons de caoutchouc...
Je pourrais vous raconter encore pendant des pages toutes les frustrations que je rencontre au quotidien, toutes ces choses qui n'arrivent qu'à moi. Cependant je voudrais maintenant me pencher sur les causes de ce gros bordel.
J'ai depuis longtemps écarté le manque total de moule, car j'ai l'intime conviction que c'est bien plus que cela.
Il me reste alors deux hypothèses prédominantes :
- un complot vicelard s'est organisé à travers le monde contre moi et une myriade de personnes en font partie : les cuisiniers, les chauffeurs, les chaises, les suicidaires, les vieux, les poches de jeans, ma voiture et le nombre 42.
- Dieu, le Destin, le Bar ou tout autre entité supérieure m'a lancé une sombre malédiction, cantonnant mon existence à subir toutes ces vexations.
De plus, j'ai lu dans le mare de mon café ce matin que je n'étais pas parano, ce qui me conforte à penser qu'on en a après moi
Résumé : FUCK, on complote contre moi, j'ai besoin de vous pour y voir clair.