On "force" bien les joueurs à se parchotter, alors qu'il ne s'agit que d'un supplément pour optimiser son personnage : parce qu'il s'agit d'une mécanique de jeu, nous trouvons normal de passer des heures à trouver des ressources pour les échanger contre des bouts de papier. Et une fois parchotté, de nombreuses portes nous sont ouvertes : nous sommes plus puissants, et il est donc plus simple de pratiquer le PvE (donjons > panoplies), le PvP (Traques > XP > ...).
Si Ankama avait décidé un beau jour de promouvoir ce brouillard de guerre sur la carte du monde, il s'agirait ni plus ni moins d'un système avec lequel nous devrions vivre, ni plus ni moins. Comparer cette mécanique aux parchemins de caractéristiques est osé, mais reste tout de même au coeur de l'esprit de Dofus : ce jeu n'a aucune sphère principale, et laisse le champ libre à de nombreuses activités. On peut autant ne faire que de l'artisanat, ou du PvE, ou du PvP, ou alors jouer par phases : on progresse de l'une à l'autre pour atteindre son but final (car pour faire du PvP, encore faut-il gagner des niveaux via le PvE, et s'équiper via l'artisanat).
La carte du monde est pourtant importante, car laissés sans elle, les joueurs seraient en majeure partie perdus dans la nature, sans avoir quoi que ce soit pour s'accrocher. Finalement, c'est un degré d'importance qu'il faut accorder ou telle ou telle chose pour que celle-ci ne devienne plus une "sale obligation" mais véritablement un "contenu à débloquer".
À partir de ton propos, Secotine, j'ai déjà apporté un premier élément de réponse, et ta problématique est la même que celle ayant été formulée plusieurs fois avant toi. Les joueurs trouveront des alternatives, possiblement, à ce brouillard de guerre : ils exploiteront les fansites, c'est une chose à peu près sûre en effet.
Mais à la manière des joueurs qui dévorent les astuces d'un Iop bien connu pour aborder plus facilement les donjons, les joueurs pourront choisir de fixer de leur regard curieux sur les cartes de joueurs exposées sur des sites de fans.
D'autres, pourtant, préféreront l'exploration pour ainsi disposer d'une carte entière et propre, bien à eux. Il est plus facile d'ouvrir une carte en jeu que d'ouvrir Internet, d'y chercher un site, puis de recouper avec ce que l'on cherche. La boussole sera toujours plus intéressante qu'un morceau de bois planté dans le sol, et avec lequel l'on capte l'ombre crée par le soleil.
Mais au contraire Serifas, un nomade part souvent dans la nature sans véritablement connaître le milieu qu'il explore. Pour rejoindre les Indes, Christophe Colomb n'avait pas de plan de l'Amérique et de ses côtes. Et c'est en aveugle qu'un aventurier quitterait Astrub pour que l'émerveillement des découvertes se fasse. Aujourd'hui, nous sommes nourris par des cartes déjà complétées, une découverte de Frigost déjà souillée par les spoils. Et éviter ces derniers n'est pas la chose la plus facile (cf. mon précédent message).
Un brouillard de guerre donnera au nouveau joueur l'envie de quitter Astrub pour des horizons plus larges. Pour admirer les choses, il faut être un explorateur de goût, qui préférera observer les différents secteurs plutôt que de "choisir son spot à XP" de façon tout à fait horrible et sotte.
Après, qu'il s'agisse de faire une quête par secteur pour "obtenir un plan" de la zone, nous sommes d'accord. Mais nous ne parlons pas d'une barrière invisible bloquant l'aventurier avide de découvertes ! Il peut explorer son monde, mais alors sans le moindre plan ni un quelconque itinéraire.
Imaginez-vous débutant. Incarnam s'ouvre à vous, puis vient le temps de rencontrer la belle Astrub. Là, les murailles vous protègent de l'inconnu, et seuls les champs et les petites forêts d'Incarnam vous aident à reconnaître plus facilement ces Bouftous et Roses Démoniaques qui vont et viennent tout autour d'Astrub. Mais lorsqu'au détour d'un Zaap, l'on vous dit qu'à l'Ouest existe une zone remplie d'arbres puissants et vivants, qu'à l'Est un pont vous guide dans un univers fantastique et dangereux, et qu'au Sud, derrière les montagnes, s'étend la précieuse Amakna... Votre envie de découvrir les choses croît sans cesse !
Quand il s'agit toutefois de posséder dès le début une carte affreuse tant elle révèle des choses, et qu'il vous est incapable de vraiment dire où vous l'avez obtenue, le plaisir de voir se dévoiler un Continent superbe s'éteint alors.
Pour revitaliser un jeu comme Dofus, devenu un classique en France si bien qu'un néophyte parvient déjà à localiser Bonta et Brâkmar sur un plan vierge, je me demande au bout du compte quels mérites les novices trouvent en Dofus.
Je me souviens de mes débuts, où même si une carte soutenait mes premiers pas, j'osais à peine m'aventurer dans la forêt des Abraknydes, de peur de me perdre dans ce léger labyrinthe où, n'importe quand, un aventurier transformé pouvait vous attaquer puis vous maudire !
Bref, Dofus change, et ce n'est pas une carte qui vient mettre à nu tous les secrets du jeu (on peut maintenant chercher les grottes à emotes sur la carte ! on se demande bien quand les spots RP vont apparaître !) qui aidera à faire pétiller les yeux des joueurs fraîchement arrivés.
|