Chers joliens, laissez-moi, très amicalement,
Vous narrer une histoire arrivée récemment.
Voici donc quelques jours, au sortir d'une instance,
Qu'un jeune jeune paltoquet me pm et me lance,
Dans ces termes fleuris qui mon regard agressent
Et que l'on croit sortis tout droit d'un sms :
« Toré pa 2 po pour ht un cheval ? »
Mon sang ne fait qu'un tour, je lui réponds, royal :
« Ah ! Non ! C'est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire... oh ! Dieu ! ... bien des choses en somme...
En variant le ton, par exemple, tenez :
Poli : « Ô Noble hobbit, pourriez-vous, s'il vous plaît,
Me prêter 2 po, que, bien évidemment,
Je vous rembourserai avant qu'il soit longtemps ? »
Emphatique : « Seigneur, votre magnificence
Pourrait très aisément adoucir mes souffrances
Et seules 2 po, pour m'offrir un cheval,
Seraient à mes yeux, un présent impérial ! »
Flatteur : « Mais que vois-je, un hobbit courageux,
Tout prêt à guerroyer, à défendre les gueux !
Gageons que votre argent, comparable à votre âme,
Sera prodigue autant qu'aux orques votre lame.
Un coeur tel que le vôtre acceptera bientôt
Pour m'offrir un cheval, de prêter 2 po ! »
Modeste : « Oserais-je, tout à fait humblement,
Faire appel, j'en rougis, mon Dieu, à votre argent.
2 petites po me seraient bien utiles
Pour, très discrètement, me permettre, à la ville,
D'acheter un cheval ; je voudrais qu'il fût bai,
Ou, plus modestement, ce sera un poney. »
—Voilà ce qu'à peu près, mon cher, vous m'auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d'esprit :
Mais d'esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n'en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n'avez que les trois qui forment le mot : sot ! »
C'est en ces termes que, résolu et serein,
Je conclus fermement ce piteux entretien.
Je décide, dès lors, de ne répondre à rien
Si ce n'est aux questions faites d'alexandrins !
PS : Je remercie publiquement Edmond Rostand et son Cyrano pour leurs vers et leur inspiration
