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Je m'explique. Car je ne voudrais pas qu'on me prenne pour quelqu'un de méprisant, etc. Je ne suis pas suffisamment pervers, je crois, pour m'exprimer (pas mal, depuis quelque temps) dans un forum dont je mépriserais tous les intervenants. Je précise aussi que je ne connais personne ici, en SL ou en RL, à part 2 ou 3 MP échangés: je n'ai jamais cherché à savoir qui était qui, qui faisait quoi en regardant les profils dans SL, pour ceux qui signent, ici, de leur nom d'avatar. Je suis aussi un peu marginal dans SL: je ne considère avoir que 2 vrais "amis", enfin des gens avec qui j'ai plaisir à échanger, peut-être parce qu'on a commencé SL à peu près à la même époque et qu'il y a une sorte d'estime, de fidélité qui s'est installée et, bon, je n'ai peut-être pas une vie slienne très épanouie, je ne bouge pas de mon terrain la plupart du temps, je n'explore pas vraiment, etc.
Mon propos n'est peut-être que personnel, on va dire autobiographique, un sentiment que j'ai depuis quelque temps.
Je partirais déjà de l'idée qu'il y a un décalage entre la qualité des interventions de beaucoup ici et le côté que pas mal jugent "ringard" de SL. Ca m'est venu aussi en lisant les "blogs" du site officiel de SL: on y voit des gens déployer des arguments ultra bétons en passant par un point A et un point B, faire preuve d'une éloquence extraordinaire (en anglais, ce qui n'est sans doute pas la langue maternelle de beaucoup) sur des sujets on va dire dérisoires, de petites préoccupations purement sliennes, objectivement sans grands enjeux (y a plus grave et intéressant dans la vie, comme on dit). Ici, peut-être parce que c'est un forum français, il y a peut-être plus de distance par rapport à ces micro-tragédies (comiques) et le coin "détente" (voire déconne) rencontre pas mal de succès.
Par exemple, quand je lis la sections "scripts" du forum, compte tenu de ce qu'ils sont capables de faire, je me dis que ce sont des gens qui dans leur domaine sont plutôt calés, qui visiblement ont fait des études supérieures et qui, souvent font preuve d'esprit, à travers leurs petites saillies. Pareil aussi, lorsqu'il s'agissait de la venue de Chomsky sur SL, j'ai constaté que plusieurs étaient au courant de qui il était, de sa pensée etc. De façon générale, les interventions sur le forum sont révélatrices des qualités humaines et intellectuelles de leurs auteurs. Bref, il y a un certain niveau, comme on dit. Une de ces amies SL justement qui a rencontré quelques sliens en RL m'a dit qu'ils étaient tout à fait "normaux", intelligents et intéressants.
Le décalage, c'est entre ça et finalement le côté imaginaire stéréotypé petit-bourgeois de SL (je dis ça, mais c'est mon "ressenti" comme on dit maintenant et je le répète, je n'ai pê pas une assez bonne connaissance de SL et j'ai dû fréquenter le "monde" le plus souvent en 2008, donc ça date peut-être un peu): îles désertes et couchers de soleil dignes des cartes postales les plus clichés, grosses voitures, villas modernes, look de boys bands ou girls bands, rêve de réussite et d'ascension sociale (avec le modèle Anshe Chung)... Beaucoup d'avatars sont la caricatures de "winners" en RL, de gens cyniques à dents longues avec un look moderne à la Rachida Dati ou de présentateurs TV qui réussissent et conscients de leur réussite, la faisant bien sentir à autrui.
En même temps, nous faisons partie d'une génération qui la plupart du temps a fait des études mais en même temps n'a pas forcément réussi sa vie professionnelle ou sociale comme on aurait pu l'imaginer et peut-être que nos parents ont davantage su "progresser" que nous, qui avons trouvé pas mal de portes fermées (on a beaucoup dit, au moment des débats sur la retraite, que nous faisions partie d'une "génération sacrifiée"). Il y aurait peut-être une sorte de problématique de l'échec qui nous traverse: depuis 15 ou 20 ans, en gros, le parcours de beaucoup de diplômés c'est petits boulots précaires ou de remplacement de 18 à 25 ans, CDD de 25 à 40 ans, à 40 balais on décroche un CDI, ça y est on a un vrai métier et à 50 ans, on est trop vieux, faut se recycler.
Bref, l'idée serait que SL compenserait une frustration (sociale, professionnelle, sentimentale, etc.) d'où cette expression assez spectaculairement agressive de l'imaginaire petit-bourgeois dans SL: offrez-vous la maison, la voiture, la fille de rêve que vous n'aurez jamais en RL, etc.
Bon, voilà, est-ce que votre "situation" (au sens de Sartre, lol, ça c'est pour le côté snob) de slien a quelque chose à voir avec ça?
Bon, maintenant mon "examen" autobiographique, lol:
Je suis venu sur SL au tout début de 2007, alors que c'était le buzz médiatique. Honnêtement, j'ai été fasciné par SL, sa richesse et sans doute parce que c'était encore porteur, enfin à l'époque tout le monde y croyait. Il me semble aussi que les gens se prenaient moins au sérieux, y avait pas mal d'emmerdeurs, faut le dire, des gens qui cherchaient à vous arnaquer, c'était beaucoup plus le Far west. Mais à l'époque, j'utilisais un peu SL comme une sorte de MSN en 3D, j'avais assisté à la campagne présidentielle de 2007, etc. Et j'y passais peu de temps, finalement.
En 2008, il se trouve que suite à un événement on va dire choquant, je suis resté chez moi enfermé, pratiquement à ne jamais sortir et j'ai passé mon temps sur SL. J'ai été un peu malgré moi entraîné dans la "création", c'était pour aider ou essayer au départ et il se trouve que ça a (toutes proportions gardées) marché. Au bout du compte, j'ai gagné quelques sous RL. Donc j'ai continué. Sans être très fier de ce que j'ai fait car bon, ce qui se vend le mieux, c'est vraiment des trucs m*rdiques on va dire, sans aucune noblesse.
Le revers de la médaille, c'est le bilan de ma RL: avant, je lisais beaucoup. C'est pourquoi, cela me faisait plaisir de voir les référence de Y-O; juste avant SL, j'ai lu tout Barthes (dans l'intégrale du Seuil), lu Baudrillard, Adorno (enfin un truc), Arendt, pas mal de biographies, etc. Or depuis 4 ans je ne lis pratiquement plus. Idem pour les films.
Je suis peut-être très laborieux en création SL, je perds sans doute beaucoup de temps, je suis de nature assez rêveuse et des fois je "contemple" la création sur laquelle je travaille sans rien faire, je pense à ma vie. En fait, ce n'est pas un plaisir mais quand je suis pris dans la logique d'un truc, j'essaye de l'achever. Car je sais très bien que si je m'interromps, je vais oublier la logique du truc et je vais abandonner. Par exemple, cet été j'ai passé un mois quasi complet sur un truc (sculpties, textures, bricolage de scripts assez compliqués) sans l'achever (l'annonce des meshes m'a tuer), alors que dehors il y avait les cigales et le soleil de la Provence. Quand on est pris par cette logique, on oublie tout, on fume clope sur clope (enfin c'est mon cas) pour en venir à bout. Et il y a pas mal d'étapes préalables avant d'arriver au produit fini.
Cet été, il y a deux amies plus âgées que moi qui sont passées dans ma maison de vacances. Je les estime, y en a une qui était élève de Jankélévitch pour ceux qui connaissent. Bon, j'avais laissé SL allumé sur l'ordi et quand elles ont vu SL (l'économisateur d'écran étant passé) je me suis senti hyper mal et honteux, j'ai tout de suite éteint, tellement je trouve cette activité on va dire drolatique dans ma vie.
Je me sentirais incapable de parler de mes activités sliennes à des amis, à des collègues et je n'irais jamais imaginer que le soir quand ils rentrent chez eux, ils vont s'immerger dans un truc pareil. Si je devais vivre en couple, je serais dans l'incapacité de faire l'aveu d'un tel loisir. Et honnêtement, je ne supporterais pas la vie de couple si celle-ci se réduisait à des soirées où chacun passe son temps assis dans son coin sur un ordi.
Je regarde ces 4 années et bon, je constate le vide. J'ai pourtant une profession on va dire "intellectuelle", considérée comme telle même si c'est en pratique moyennement intello, j'ai une certaine intelligence et une certaine culture, je suis névrosé dans la moyenne, j'ai un physique pas trop mal, lol, qui peut encore séduire et je me laisse avilir par un truc quand même, objectivement, à intérêt restreint.
Le seul truc qui me retient, c'est le peu d'argent que j'en retire, qui m'a permis d'acheter deux ou trois objets anciens (c'est ma passion) et la satisfaction que j'en tire, c'est d'en voir tout le caractère concret, pouvoir les soupeser matériellement contrairement à mes pixels de m*rde.
D'une certaine façon, je suis content de l'arrivée des meshes, qui arrêtera tout, persuadé que je ne saurai jamais m'y mettre. Pour moi, SL est quand même synonyme d'un vide dans ma vie. De ce fait (vu de ma petite expérience), autant je ne doute pas que beaucoup de sliens soient beaux, intelligents, bien élevés, etc. autant j'ai quand même du mal à croire ceux qui prétendent que leur vie est complètement épanouie tout en passant des heures sur SL depuis des années.
Bon, voilà, c'était la séquence "SL-iens anonymes" du jour. Si je ne réponds pas dans les prochaines heures, c'est non pas que je me serai pendu, lol, mais que je dois prendre un train.
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