Petites histoires philosophiques, histoires zen, etc..

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La voie du bandit.

Un apprenti voleur avait rejoint la bande du vieux Tche, un fameux brigand qui détroussait les riches depuis des décennies et faisait vivre plus de huit mille âmes.

Un soir, au cours d'un banquet, la nouvelle recrue demanda au patriarche des truands quel était le secret de sa réussite.

Le vieux Tche vida sa coupe, essuya sa barbe avec sa manche et répondit ;

- Tout art véritable n'est-il pas une Voie qui mène au Tao ? Sache que la maîtrise de notre métier repose sur cinq vertu ; l'inspiration, le courage, la bonté, la prudence et la justice
- Mais chef, répliqué le novice, ce n'est pourtant pas ce qu'on attend d'un bandit !
- Tais toi ignorant, et écoute quels sont les principes que doit cultiver un maître voleur qui veut atteindre un âge respectable. Deviner où se trouve un gros magot, voilà l'inspiration. Etre le premier à s' introduire dans les lieux, voilà le courage. Etre le dernier à se retirer pour couvrir ses hommes, voilà la bonté. Savoir estimer si le coup est trop risqué, voilà la prudence. Partager le butin équitablement voilà la justice.

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Allumer un bougie.

Le vieux prince Ping, seigneur de la guerre au temps des Royaumes combattants, dit un jour au vieillard aveugle qui officiait à sa cour comme maître de musique :

- J'aurais beaucoup aimé lire les paroles des anciens sages mais les affaires de l'Etat et les champs de batailles m'en ont empêché. Aujourd'hui, à soixante-dix ans passés, n'est-ce pas trop tard pour commencer ?
- Quans il fait nuit, répondit le musicien, j'allume une bougie.

Le prince s'étonna de cette réponse dans la bouche d'un aveugle. Il s'emporta :

- Je vous ouvre mon coeur et vous me répondez par une plaisanterie !

Impassible , le maître de musique reprit :

- Quand on peut étudier dans sa jeunesse, c'est le soleil de midi. A l'âge mûr, la lumière du crépuscule. Et dans la vieillesse, comme disent les anciens sages, mieux vaut allumer une bougie que maudire l'obscurité.


Contes des sages taoïstes, Pascal Faullot, édition Seuil
Citation :
Publié par Soir
Hmm je ne vois pas d’autre sagesse à tirer de cette histoire. Remarque qu’il aurait pu tirer l’homme de là avec une corde, il s’y est mal pris, c’est tout. Pour l’instant, je ne suis pas très réceptif à la sagesse des histoires de Nasreddin, mais peut-être n’ais-je pas encore lu celles qui me parlent. Elles me font penser un peu aux fables de la fontaine, avec un côté roublard ou avec des morales pragmatiques, comme « tel est pris qui croyait prendre », dans l’histoire de la marmite ou du mur.
Je dirais que la morale de cette histoire c'est que même si certaines solutions sont très efficaces, elles correspondent chacunes à un problème précis. Lier une solution à un problème différent peut s'avérer le pire des choix quand bien même la solution est efficace.
ex : la soude nettoie les canalisations. le dentifrice nettoie les dents et les renforce. Ce sont deux produits de nettoyage très efficaces, mais l'un pour l'autre ça ne va pas du tout !

Citation :
Publié par Cyrus
- Si je gagne, vous aurez simplement à déposer un grain de riz sur cette case. Et chaque case suivante, y ajouter le nombre de grains de la case précédente.
Sans réfléchir une seconde, le puissant monarque accepta avec enthousiasme.
Quand il perdit, il dû livrer suffisamment de riz pour permettre au village entier du petit paysan de manger à sa fin pendant des années.
Comment pourrait t'on traduire en équation le nombre de grain de riz = nombre de case x 1 + (nombre de case - 1) + (nombre de case - 2) ... etc (c'est pas du tout ça mais c'est l'idée) ?

Ma contribution mais j'aimerai bien voir la morale que vous y trouvez (mais j'ai encore de la lecture ^^ j'irais voir ce thread hautement roxatif demain.) :

Citation :
Un jour un aventurier arrive sur une île où un dictateur règne en maître. Il exécute de manière très simple les nouveaux-venus : s'ils mentent ils seront pendus, s'ils disent la vérité ils seront fusillés.
L'aventurier demande donc à parler et le dictateur amusé du sort de celui-ci l'autorise à parler.
"Je serai sans doute pendu."
Citation :
Comment pourrait t'on traduire en équation le nombre de grain de riz = nombre de case x 1 + (nombre de case - 1) + (nombre de case - 2) ... etc (c'est pas du tout ça mais c'est l'idée) ?
Je sais pas si c'est ce que tu veux dire mais il existe la fonction factoriel qui s'écrit x! et qui équivaut à x*x-1*x-2 jusque 1 ( parce que si c'était jusque 0 ça servirait pas à grand chose)

Exemple : 5!= 5x4x3x2x1 = 120

Sinon pour ta dernière contribution je n'y vois pas vraiment de moral, c'est plutôt une "boucle logique" en ce sens que :

- mentir implique d'être pendu.
- dire la vérité implique d'être fusillé.
- or si le mensonge porte sur le fait d'être pendu alors l'acte final change les paramètres qui engendre ce dernier.

Bref c'est un raisonnement sans fin.

PS: oublie pas la fonction edit la prochaine fois c'est pas très agréable 3 posts successifs
Citation :
Publié par Kio_San
....la fonction factoriel ...
C'est une multiplication et l'histoire parle d'addition. Pour l'histoire il y a 2 versions, soit il double à chaque fois le contenu de la case précédente donc:
2 ^ x
Soit il fait la somme des 2 cases précédentes, et là c'est Fibonacci:
U(n) = U(n-1) + U(n-2) avec 1 grain dans les 2 ° cases.
Au temps pour moi, il me semblait qu'il y avait une version où c'était bien la fonction factoriel qui était utilisée mais j'ai du confondre avec Fibonacci.

Pour rester dans le sujet :

Le voleur de hache


Un paysan qui avait du bois à fendre ne parvenait plus à mettre la main sur sa cognée. Il arpentait de long en large sa cour, allait jeter un oeil furibond du côté du billot, de la remise, de la grange. Rien à faire, elle avait disparue sans doute volée ! Une hache toute neuve qu'il avait achetée avec ses dernières économie ! La colère, cette courte folie, débordait de son coeur et teintait son esprit d'une encre aussi noire que la suie.

Il vit alors arriver sur le chemin son voisin. Il lui trouva la démarche de quelqu'un qui n'avait pas la conscience tranquille. Son visage laissait transpirer une expression de gêne comme le ferait celui d'un coupable face à sa victime. Son salut était emprunt d'une fourberie de voleur de hache. Et quand l'autre ouvrit la bouche pour lui débiter les banalités météorologiques d'usage entre voisins, sa voix était assurément celle d'un voleur de hache flambant neuve.

N'y tenant plus, notre paysan franchit son porche à grandes enjambées pour aller dire son fait à ce maraudeur qui avait l'audace de le narguer ! Mais il se prit les pieds dans une brassée de branches mortes qui gisaient au bord du chemin. Il trébucha, s'étranglant avec la bordée d'insultes qu'il destinait à son voisin, et il s'étala le nez contre le manche de sa cognée qui avait dû tomber tout à l'heure de sa carriole !

Contes des sages taoïstes, Pascal Faullot, édition Seuil
Citation :
Publié par Devil Mysth
Honnêtement si pour obtenir le tag correcteur il suffit de remonter des cadavres, je peux aussi le faire :/

Juste une remarque là-dessus. Un fil de blague n'est jamais vieux, il est d'usage des les continuer. Et celui-là, encore une fois, a la place n°1 sur Google, dans sa catégorie. Cela vaut le coup de le continuer, je pense.


Citation :
Publié par Kio_San
La voie du bandit.
le novice, ce n'est pourtant pas ce qu'on attend d'un bandit !
- Tais toi ignorant, et écoute quels sont les principes que doit cultiver un maître voleur qui veut atteindre un âge respectable. Deviner où se trouve un gros magot, voilà l'inspiration. Etre le premier à s' introduire dans les lieux, voilà le courage. Etre le dernier à se retirer pour couvrir ses hommes, voilà la bonté. Savoir estimer si le coup est trop risqué, voilà la prudence. Partager le butin équitablement voilà la justice.


Contes des sages taoïstes, Pascal Faullot, édition Seuil
J'aime bien celle-là. Mine de rien, je la crois assez vraie, et elle montre, à mon sens, que certaines qualités humaines peuvent être partagées partout et compter partout.



Citation :
Publié par Twilights
Je dirais que la morale de cette histoire c'est que même si certaines solutions sont très efficaces, elles correspondent chacunes à un problème précis. Lier une solution à un problème différent peut s'avérer le pire des choix quand bien même la solution est efficace.
ex : la soude nettoie les canalisations. le dentifrice nettoie les dents et les renforce. Ce sont deux produits de nettoyage très efficaces, mais l'un pour l'autre ça ne va pas du tout !
C'est un des morales à en tirer, sans doute. A mon humble avis, il y a autant de morales que de lecteurs, et parfois, certains lecteurs n'en trouvent aucune...
Bon celle là, c'est une vrai raconté par mon grand-père. Normandie Represent

Citation :
En Normandie existait un paysan qui n'était jamais content.
Que ce soit le temps, les récoltes, le froid, il trouvait toujours à se plaindre.
Cependant une année les récoltes avaient été exceptionnellement bonnes et mon grand-père vint le trouver par une belle journée ensoleillé.
"Alors dites moi, les récoltes ont été bonnes ?" lui demanda t'il avec un grand sourire s'attendant à enfin voir le visage de cet homme heureux.
"Oh ! M'en parlez pas ! On a même pas eus de mauvais foin pour les bestiaux !" répondit t'il en gromelant.
Le destin est bien curieux, je viens de voir grâce au lien de superarbre : http://www.dailymotion.com/visited/s...mec-qui-se-pla , complètement related ^^
Bien connue et peut-être déja postée.

A son arrivée à Athènes, Alexandre demande à voir le philosophe le plus célèbre de l'école cynique, Diogène, qui cherche la sagesse en vivant dans la pauvreté.
Alexandre s'approche du vieil homme qui habite dans une sorte de tonneau, et le salue:
"Je suis Alexandre le Grand!"
L'homme le regarde et dit:
"Et moi je suis Diogène le chien!"
Alexandre le voyant si pauvre lui demande ce qu'il veut. Avec ironie Diogène répond:
"Ote-toi de mon soleil!"
Alexandre apprécie l'esprit du philosophe et s'en va en disant : "Si je n'étais pas Alexandre, je voudrais être Diogène".
pour le mariage de son fils, un homme vint trouver un sage calligraphe.
- pour célébrer le mariage de mon fils, je voudrais que tu fasses une bannière en l'honneur de son mariage, de notre famille et de sa descendance. je voudrais un message de bon augure qui ornera sa maison.
-reviens demain, ce sera prêt.

le lendemain l'homme s'en retourna chez le calligraphe et prit réception de sa commande. mais quand il lut les trois phrases, il entra dans une colère terrible.
- je t'avais dit un message de bon augure, et toi, funeste calligraphe tu écris "le grand-père meurt. le père meurt. le fils meurt." tu te moques de moi, et je ne goûte pas à ta plaisanterie morbide.
- freine ta colère, si les choses se passent dans l'ordre où je les ai écrites, alors ta famille n'aura pas à pleurer la mort de ses enfants.

dédicacée à camille
Citation :
Publié par Twilights
"Oh ! M'en parlez pas ! On a même pas eus de mauvais foin pour les bestiaux !"
Incorrigible



Citation :
Publié par djinneo
- freine ta colère, si les choses se passent dans l'ordre où je les ai écrites, alors ta famille n'aura pas à pleurer la mort de ses enfants.
Marrante ; et en même temps il suffit d'avoir vécu dans une famille où cet ordre "naturel" a été bouleversé pour se rendre compte de sa portée...
Citation :
Publié par La Clef
J'aime particulièrement la première.
moi c'est la dernière qui me touche le plus. (la fille avec la boite et le père.)
dommage que le thread soit pas plus long, je pourrais passer ma vie à lire ces fables.
Citation :
Publié par Kelem Khâl La'Ri
Ah ! Un fil où la sagesse de Nasreddin Hodja a sa place
Ca vient de "Sagesses et malices de Nasreddine, le fou qui était sage" ? J'aimerai bien bouquiner tout ça mais il y a beaucoup de livres apparament, celui là est en 3 volumes et a l'air plûtot complet (400 pages environ).
Pourriez-vous m'en dire plus sur ces ouvrages ?
Citation :
CHIOTS A VENDRE

Un gérant d'une boutique clouait une pancarte au-dessus de sa porte où l'on pouvait lire : " Chiots à vendre". Les affiches ont la faculté d'attirer les enfants. Bientôt un petit garçon fut séduit par l'annonce et demanda : "A quel prix vendez-vous ces chiots?" Le propriétaire du magasin répondit : "Autour de $30 - 50 $".

Le petit garçon chercha demanda "Est-ce que je peux les regarder ? " Le propriétaire du magasin sourit et siffla. Sa chienne nommée Lady courut hors du chenil vers l'allée de son magasin, suivie par cinq petits chiots. Mais un des chiots restait loin derrière... Immédiatement, le petit garçon sélectionna le chiot boiteux resté en arrière. Il demanda : "De quoi souffre ce petit chien?"

L'homme expliqua qu'à sa naissance, le vétérinaire lui annonça que le chiot avait diagnostiqué une malformation de la hanche qui le laisserait boiter pour le restant de sa vie. Le petit garçon devint vraiment enthousiasmé et dit : C'est ce chiot que je veux acheter ! L'homme répondit : "Non, tu ne dois pas acheter ce chien. Tu vois, il ne va jamais courir, sauter et s'amuser avec toi comme le font les autres chiens." L'enfant insista et l'homme lui dit : "Tu ne m'écoutes pas. Je te dit que tu ne dois pas acheter ce chien, que jamais il ne pourra s'amuser avec toi comme le font les autres chiens, jamais il ne va courir, sauter..." L'enfant tenait bon, alors l 'homme lui dit : "Bon, si tu le veux vraiment, je te le donne."

Le petit garçon eut l'air bouleversé. Il regarda l'homme droit dans les yeux et dit : "Je ne veux pas que vous me le donniez. Il vaut tout autant que les autres chiens et je vous paierai le prix normal..."

Il fouilla dans ses poches et sorti 1$87. "En fait, je vous donnerai 1$87 maintenant et 50 cent chaque mois jusqu'à ce que j'ai fini de le payer." L'homme a demandé "Tu veux vraiment acheter ce chiot ? Vraiment ? Tu devrais en choisir un autre."

Alors le petit garçon s'est penché, a découvert une de ses jambes. Elle était malade, tordue, estropiée, supportée par une grande tige de métal. Il a regardé l'homme et a dit : "Bien, je ne cours pas si bien que cela et le petit chiot aura besoin de quelqu'un qui le comprenne." L'homme mordait sa lèvre inférieure maintenant. Des larmes lui piquaient les yeux... Il a dit : "Fils, j'espère et prie que chacun de ces chiots aie un propriétaire tel que toi. "
Une histoire rapportée par Jack Canfield.
Un jour un moine (zen) furieux mis le feu a sa cuisine en se barricadant a l'interieur.
Les moines se demandaient comment le faire changer d'avis, l'un d'eux s'avanca et cria :
"Qui peut enlever le collier attache au cou d'un tigre ?"

Le moine cuisinier sortit alors.
(La reponse est :celui qui le lui a mis).

Une autre resolution consistait a tendre par la fenetre un cadenas ferme.
Je présente mes excuses à tous ceux qui vont hurler à la nécromancie de fil, parce que je remonte ce vieux sujet. Mais comme je l’ai déjà expliqué précédemment, je pense que ce fil est un peu hors du temps, un peu à part, et qu’il est justifié qu’il vive et remonte à chaque fois que l’on veut ajouter une histoire de ce type. Un peu comme les fils de vidéos ou de blagues, et ne fut-ce que, là aussi comme je l’ai dit précédemment, parce ce fil est devenu le premier résultat sur Google, quand on chercher histoires zen ou histoires philosophiques.




Les histoires que j’ajoute maintenant sont particulières à plus d’un titre. D’abord parce que ce sont des histoires vraies, des témoignages. Ensuite, parce qu’elles sont tirées d’un livre. Ce livre, « How I can help ? », de Ram Dass et Paul Gorman, est un livre sur la relation d’aide. Quand on aide quelqu’un à titre personnel, ou bien que l’on est bénévole, ou professionnel de la santé, par exemple. Il fait la part belle aux témoignages, mais peut être déroutant pour les occidentaux, il expose une vision plutôt bouddhiste de la relation d’aide.


Par exemple, le premier chapitre, court, dit que nous nous sentons naturellement poussés à aider les autres ; il existe une compassion naturelle. Dans ce chapitre, un témoignage raconte le sauvetage d’un homme par un dauphin. Un exemple d’acte d’aide, naturelle.


Le second chapitre se pose la question de « qui » aide. Un « secouriste », un « bénévole », un « médecin » ? La vision bouddhiste postule qu’au-delà de tous ces rôles, il y a une part immuable, essentielle et silencieuse en nous, notre vrai moi, au-delà de l’ego, en quelque sorte. Et que ce vrai moi est en quelque sorte le trait d’union entre les êtres. Les deux histoires que je vais citées sont extraites de ce chapitre.


Une dernière chose. Ce livre, à ma connaissance, n’est pas traduit en français. En tout cas, c’est la version anglaise que j’ai. J’ai été touché par ces histoires. Elles n’ont rien d’extraordinaires, elles sont simplement humaines. J’ai pris le temps de les traduire (mal, que les auteurs m’excusent) et j’avoue avoir eu les larmes aux yeux, en les traduisant. Cela m’a pris du temps et du coup j’ai été encore plus dans l’histoire. Il se peut que ces histoires ne vous touchent pas et ne vous apportent rien. Rien de mal à cela, nous sommes tous différents. Si toutefois vous les appréciez, si elle vous touchent, faites-le moi savoir, que je sache si cela vaut la peine que j’en mette d’autres. Merci.




*****


En tant qu’interne, cela faisait partie de mon travail d’aller, avec l’équipe, examiner les patients. Je remarquais leurs regards quand nous entrions. Intimidés, appréhensifs, se sentant comme des cas à étudier, des exemples de diverses maladies. Je détestais cela. Mais j’étais un interne.

Je me rappelle distinctement d’un type, cependant, qui était vraiment différent. Je pense que ce type a changé ma vie. C’était un noir, la soixantaine – très malin, très espiègle, et très malade.

Ce qui nous amenait à le voir souvent, c’était la totale complexité de sa maladie, des problèmes s’ajoutant à des problèmes, et aussi le mystère de sa survie. C’était si étrange. Nous ne le visitions pas pour savoir ce qui n’allait pas chez lui, mais pour savoir pourquoi il était encore vivant.

J’avais le feeling qu’il pouvait voir directement en nous. Il disait « Hey, les gamins ! » et nous, on rentrait – à la manière d’une bande de gamins de 10 ans venant prendre une sucrerie, interrompant un moment leur jeu , à l’extérieur. Il était si content et si amusé. Cela rendait nerveuses certaines personnes. J’étais intrigué.

Mais pendant des semaines, je n’ai pas eu l’occasion d’être seul avec lui. De temps en temps, il avait de sérieux problèmes, et il était déplacé à l’unité de soins intensifs. Puis il récupérait, à l’étonnement de chacun, et nous le ramenions. Et nous le visitions de nouveau. Et il disait « Encore vous, les gamins ? » prétendant que c’était lui qui était surpris que nous soyons encore là.

Une nuit, il a eu une urgence, et j’ai pris l’initiative d’aller le voir seul. Il avait l’air en vraiment mauvais état. Mais il est devenu alerte quelques secondes après que je sois entré. Il m’a sourit et dit « Bien… » comme s’il s’attendait à ce que ce soit moi. Comme s’il avait appris combien j’en étais venu à l’aimer. Cela arrive, dans les hôpitaux.

J’imagine que j’ai dû paraître un peu surpris par son « Bien… », mais nous avons juste ri, et je suis resté planté là, subjugué par sa personnalité. Et il m’a touché avec une simple remarque, moitié une question, moitié… quelque chose d’autre.
« Qui, vous ? » dit-il, avec une sorte de sourire. Juste cela. « Qui, vous ? »

J’ai commencé à dire « Et bien, je suis le docteur… » et je me suis arrêté net. C’est difficile à décrire. Je n’avais plus de mots. Ce qui s’est passé, c’est que toute sorte de réponses à sa question ont commencé à défiler dans ma tête. Elles me semblaient toutes vraies, mais elles me semblaient toutes moins que vraies. « Ouais, je suis ceci… et cela… et aussi… mais pas seulement… et ce n’est pas complet, ce qui est complet c’est… ». Le processus de pensées ressemblait à cela. Il ne m’était jamais arrivé quelque chose comme cela, et de loin. Mais je me rappelle que je me sentais heureux.

Cela devait se voir car il m’a dit « Heureux de faire votre connaissance ». Son timing m’a tué.

Nous avons parlé pendant cinq minutes de choses et d’autres – rien de particulier, d’enfants, je pense. À la fin, je me suis aventuré à dire « Y a-t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous ? » Il a répondu « Non, ça va bien… Merci beaucoup, docteur… ? » et il fit une pause pour le nom, et ce coup-ci je lui ai donné. Il m’a sourit à nouveau, réellement.

Il est mort quelques jours après. Et je l’ai toujours en mémoire aujourd’hui. Je pense à lui de temps en temps, en accomplissant mes tâches. Un moment particulier ou un patient particulier me le rappelle. « Qui, vous ? » Pendant des années, j’ai étudié pour être un médecin, et je me suis presque perdu là-dedans. Cet homme m’a pris mon diplôme, et me l’a rendu avec « et aussi ? … et aussi ? … et aussi ?... » gribouillé partout dessus. Je n’oublierai jamais cela.



****


Vous pourriez dire que je suis l’aiguilleuse, ici, la première personne que voient les gens quand ils viennent chercher de l’aide. Notre département s’appelle « Services Familiaux ».Les gens rentrent, je les oriente vers le bureau approprié : nourriture, logement, protection de l’enfance, services juridiques, etc. Mon job est de sentir qui est la personne qui se présente et de trouver la bonne place, pour elle. Pas simple.

Pendant longtemps, j’ai trouvé que c’était une tâche inconfortable. Je n’aime pas évaluer les gens à partir de leurs problèmes. Cela peut aider à les orienter vers le bon bureau, mais d’une certaine manière cela les réduit. Cela me réduit aussi. J’ai résisté à cette façon de voir les choses. Mais j’ai eu une expérience qui a changé ma façon de penser.

Il y avait cette femme, qui vivait dans la rue, que j’avais l’habitude croiser quand j’allais prendre le bus. Elle était SDF, alcoolique, et il est apparu plus tard qu’elle avait eu un diagnostic de cancer. Sans raison précise, j’ai décidé de m’en occuper. J’aimais son sourire. J’en avais assez de d’orienter les gens. Je connaissais le labyrinthe entier des services sociaux ; je l’emmènerai moi-même – dispensaires, foyers, Sécurité Sociale, tout ce qu’il faudrait. Je pense que je voulais savoir ce que cela fait, d’aider une personne par soi-même. Elle suivait sans se plaindre, Viola. Elle était de bonne volonté, et même drôle. « Et bien Marie » disait-elle, « qu’est-ce que vous allez faire pour moi, aujourd’hui ? »

Oh, toutes ces histoires que nous avons vécues ! Ils m’ont appelée, une fois, du Foyer pour Femmes. Elle s’était débrouillée pour faire entrer de l’alcool, cette nuit, et une groupe s’ était soulé. C’était interdit par les règles, et je devais aller la chercher. « Tu m’as dit que tu te comporterai bien ! » j’ai dit. « tu étais au chaud, là-bas ! » « Et bien, nous serons encore plus au chaud. »

Je me suis arrangée pour qu’elle soit suivie par un conseiller. Après quelques temps il m’a appelée. « Voyez, elle vient irrégulièrement, et quand elle vient, elle me conteste tout le temps. Pourquoi est-elle ici ? » J’en ai parlé à Viola. Elle m’a dit « Pour sûr, j’aime contester ces gens-là. Regarde, il veut toujours me parler de mon enfance. Mais lui-même ne se rappelle même pas comment était l’enfance. Fais-moi confiance, Marie. »

Et je l’ai fais. J’étais obligée d’en rire. Elle était si honnête et si perspicace. Oh, je l’aimais vraiment, celle-là, vraiment. Mais les problèmes ont continué pendant des mois. Rien ne semblait donner de résultats. Elle continuait à se retrouver à la rue, à boire, à de devenir encore plus malade, et tout le reste. Plus impuissante je me sentais, plus je l’aimais. Que pouvais-je faire d’autre ? Et j’essayais encore. « Écoute, Viola » je disais. « Écoute quoi ? » me répondait-elle. Cela devenait une sorte de plaisanterie, entre nous. « Écoute », « Écoute quoi ? »

Elle s’est établie dans un parc, près de chez moi, et là elle a commencé à réellement aller de plus en plus mal. Un soir je suis allée la voir, elle était assise sous un arbre. Elle avait un air effroyable. J’avais la forte sensation qu’elle était très près de la mort. Alors j’ai tout repassé en revue avec elle, une fois de plus : la boisson, sa santé, son alimentation, son abri. Elle pourrait venir vivre avec moi. J’avais atteint ce point de bonne volonté.

Elle m’a juste écoutée. Et elle m’a dit « Tu sais, mon amie, il n’y a plus rien que tu puisses faire pour moi. » Et j’ai vu qu’elle avait raison, j’ai juste compris cela. J’ai lourdement soupiré, juste laissé aller…

Il s’est mis à pleuvoir légèrement. J’ai dit « Bien. Il se fait tard, et humide. On rentre prendre un café ? » Elle répondit « Tu y vas, Marie. Je serai très bien, ici. » J’ai dit « Ouais… bien… à la prochaine fois, alors… » Mais il semblait qu’il y aurait pas de prochaine fois…

Je suis allé au bus, et je pleurais dans le bus. J’avais le cœur brisé. Je sentais qu’il y avait quelque chose d’autre, je ne sais pas quoi. Puis cette pensée m’est venue, qu’elle était seule, dehors, sous la pluie. Juste cela. Du coup, je suis sortie du bus, j’en ai pris un autre pour revenir, et je suis allée dans le parc, un journal sur ma tête. Je devais avoir un look rigolo.

Elle était sous l’arbre. Elle a levé les yeux vers moi. Je me suis assise. Elle m’a dit : « Qu’est-ce que tu fais-là ? » J’ai répondu « Rien, en fait. J’avais juste envie d’être avec toi un petit peu plus. » Elle a dit « Okay. »

Ainsi nous sommes restées assises sous la pluie. Simplement, nous étions là. C’était relativement sec, parce que c’était sous un grand platane. Je lui ai raconté comment mon père m’a appris à identifier les arbres grâce à leurs écorces, et combien j’aimais les arbres, la nature et combien cela me rendait plus heureuse. Elle m’a parlé du désert. Elle avait vécu en Arizona. Son lieu favori était le désert, c’était si paisible, là-bas.

Nous avons regardé la pluie. Nous avons regardé les écureuils vaquer à leurs affaires, et les derniers gens passer, pressés. Nous avons regardé comment était le parc, sans personne, des oiseaux, un chien errant… de la brume commençant à apparaître… Et finalement je me suis sentie en paix. Nous étions toutes les deux en paix, et nous somme restées silencieuses, longtemps. J’ai senti un tel amour...

Elle m’a accompagnée au bus. Elle m’a dit « Merci » et j’ai répondu « De quoi ? » Elle a dit « De rien. » Nous avons ri. « Tu as été très bonne pour moi. » elle a ajouté. Nous étions en larmes. Nous nous sommes serrées dans les bras. Puis j’ai pris le bus. Je lui ai fait un signe d’au-revoir. Je ne l’ai jamais revue. Je l’aimerai toujours.
Thumbs up
Awareness
C'est tres joli !

Je crois aussi a une compassion naturel, inne.
En ce qui concerne le "vrai moi", c'est ce qu'on appelle Awareness, j'ai tout un tas de texte au sujet de la Conscience ou Awareness qui pousse a le reconnaitre petit a petit en se relaxant dans la journee et ainsi vivre notre vrai nature.

Quelque chose comme ca:

Citation :
"Everyone is aware. There isn't anyone anywhere who can say, "I am not aware."...To relax for a single moment is to experience awareness. This is similar to relaxing after exerting yourself-for example working in the garden or going out on a very brisk walk. If we've worked in the garden all day or gone out on a very brisk walk, when we come back, we sit down and completely relax. The gardening is over. The walk is over. We completely relax mind and body. This is what it is to relax awareness in its natural state. This is instinctive recognition of awareness...

If you don't know what awareness is, you don't need to. When a troublesome thought comes up, let it be as it is by taking short moment. Relax the mind and body completely. Loosen the grip of trying to control points of view. That's what awareness is...

There's no reason to complicate awareness. As awareness is the basis of every perception, it is already naturally present...

Awareness is as simple as not thinking for a brief moment, what remains is alert, cognizant and vivid-a vivid wakefulness that is naturally present. That's what awareness is. That alert cognizance-that knowing-is equally present in thinking and in not thinking...

It is open, spacious and entirely expansive. It can't be limited in any way..."
Citation :
Par exemple, le premier chapitre, court, dit que nous nous sentons naturellement poussés à aider les autres ; il existe une compassion naturelle. Dans ce chapitre, un témoignage raconte le sauvetage d’un homme par un dauphin. Un exemple d’acte d’aide, naturelle.
Faut avoir du courage pour lire ça, et être un peu masochiste aussi.

Ou complètement défoncé.
Citation :
Publié par Chatimentzz
C'est tres joli !



Citation :
Publié par Pampa Senior
Faut avoir du courage pour lire ça, et être un peu masochiste aussi.

Ou complètement défoncé.
Je ne sais pas si c'est un simple troll ou si cela reflète un peu ta pensée. Mais à mon humble avis, ce n'est pas parce que certaines histoires se terminent mal et sont touchantes que cela fait de leur lecteurs des masochistes.

Citation :
Publié par Nox [SoN]
Beaucoup de belles histoires.

Je trouve l'intervention de Steve Jobs (page 9) remarquable. Une histoire poignante qui a dû faire vibrer tout l'auditoire.
Oui, cette intervention est vraiment bien.
Citation :
Je ne sais pas si c'est un simple troll ou si cela reflète un peu ta pensée. Mais à mon humble avis, ce n'est pas parce que certaines histoires se terminent mal et sont touchantes que cela fait de leur lecteurs des masochistes.
Rien à voir avec l'histoire en elle-même, je parlais du côté bouddhiste.
Un sujet intemporel, qui a été remonté plusieurs fois et mais qui ne peut l'être que si les messages concernent le sujet, donc, svp, évitons les HS, .


Pourquoi crions-nous quand nous sommes en colère ?

Un sage hindou, sur les rives du Gange avec ses disciples, a remarqué des personnes en colère et qui communiquaient en criant.


Il se tourna vers ses disciples et demanda :
- "Savez-vous pourquoi les gens crient au lieu de parler, quand ils sont en colère ?"
Les disciples réfléchirent et l'un d'eux dit:
- "C'est parce que nous perdons notre calme que nous crions."
- "Mais pourquoi criez vous quand l'autre personne est juste à côté de vous? Vous pourriez-vous lui dire ce que vous avez à dire d'une manière plus douce", répondit le sage.
Il écouta leurs autres réponses, puis proposa la sienne.

-"Quand deux personnes sont en colère l'une contre l'autre, leurs cœurs sont séparés par une grande distance. Pour couvrir cette distance, ils doivent crier, car sinon ils sont incapables de s'entendre. Plus ils sont en colère et plus ils auront besoin de crier fort pour s'entendre pour arriver à couvrir cette grande distance.
Qu'est-ce qui se passe lorsque deux personnes s'aiment? Ils ne crient pas à l'autre, mais ils se parlent doucement, parce que leurs cœurs sont très proches. La distance entre eux est soit inexistante, soit très faible."


Le sage continua.
-"Quand ils s'aiment encore plus, que se produit-il ? Ils ne se parlent pas, ils chuchotent et obtiennent encore plus de proximité et plus d'amour. Enfin vient un moment où ils n'ont même plus besoin de chuchoter, ils se regardent seulement et se comprennent."


Puis il regarda ses disciples et leur dit :
-"Ainsi quand vous discutez les uns avec les autres ne laissez pas vos cœurs s'éloigner. Ne dites pas les mots qui vous éloignent davantage, ou bien viendra un jour où la distance sera si grande que vous ne trouverez pas le chemin du retour..."


Auteur inconnu




La vie est comme une tasse de café

Il était une fois un groupe d’anciens élèves qui décidèrent d’aller visiter un de leurs anciens professeurs. Très vite, ils se mirent à se plaindre du stress de leur vie et dans leur job.

Le vieux professeur alla à la cuisine et revint avec une cafetière pleine et des tasses ; certaines en plastique, d’autres plus chères (en verre), d’autres très précieuses (en porcelaine ou en cristal).

L’hôte dit à ses invités de se servir. Les étudiants prirent les plus belles tasses et, quand tous se furent servis, le prof leur dit : « Avez-vous remarqué que les tasses précieuses ont toutes été choisies ?

La tasse n’ajoute rien au goût du café ; c’est juste qu’elle est plus chère. En fait, vous vouliez tous du café, pas une tasse. Pourtant, vous avez choisi les plus belles tasses et puis, vous avez regardé les autres pour voir qui avait la plus belle.

En fait, la vie est comme le café : le job, l’argent et la position sociale, sont des tasses pour porter et contenir la vie. Et le genre de tasse qu’on a ne définit ni ne change pas la qualité de notre vie. Parfois, si on ne se focalise que sur la tasse, on oublie de jouir du café. Alors, savourez le café, pas la tasse ! »

Les gens les plus heureux ne possèdent pas les meilleures choses, mais tirent le meilleur de chaque chose. Vivez simplement, parlez gentiment, souciez-vous profondément des autres et aimez généreusement !
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