une petite nouvelle pour passer le temps???
Cette histoire commence en des temps reculés. Une époque où les Iops étaient encore l'unique race existante. Une époque qui n'avait pas encore connu l'âge d'or qui ferait du monde de Dofus le monde tel que nous le connaissons. C'était une époque primitive et violente. En ce temps là, les attaques de villages par les créatures environnantes étaient monnaie courante et ne laissaient en général derrière elles que dévastation. Et c'est pourtant du cœur de l'un de ces villages qu'allait naître l'espoir...
C'était une douce journée de septange qui s'achevait. Dans un petit hameau situé à l'ouest de notre actuelle cité d'Astrub, une magnifique Iop rousse répondant au nom de Sacria rentrait chez elle après une dure journée de pêche. Quand elle pénétra dans sa cabane, elle promena son regard de droite à gauche et constata avec un brin de déception évident que son mari n'était pas encore rentré. Elle déposa sa sacoche pleine de goujons sur la table en bois de la cuisine et s'accouda à la fenêtre, guettant l'horizon. Après quelques minutes de ce qui semblait être de la rêverie, elle mit son tablier et commença à vider les poissons qu'elle avait eu tant de mal à attraper.
Elle entendit soudain la porte s'ouvrir. Elle se retourna et son regard se posa sur son mari Kerios qui se tenait dans l'entrée, l'épée à la main, une bourse pleine de kamas dans l'autre. Elle lui adressa un sourire radieux.
A en juger par le poids de la bourse qu'il lui tendit, elle compris très vite que la chasse avait été bonne une fois de plus. Il faut dire qu'elle avait épousé le meilleur guerrier de tout le village. Il était beau, fort et attentionné. Et elle était sa magnifique femme. Elle lui rappela comme tous les jours à quel point sa vie ne pouvait pas être meilleure, ce qui arracha un sourire à Kerios. Il la prit dans ses bras et l'étreignit amoureusement.
Lorsqu'elle lui annonça qu'elle avait consulté le soigneur du village plus tôt ce matin, il eut un mouvement de recul. Il resta quelques secondes face à elle, les mains sur ses épaules, arborant un regard empli d'inquiétude. Elle s'empressa de le rassurer et avec une joie non dissimulée, elle lui annonça qu'elle était enceinte de deux mois. Il lui sembla voir apparaître des larmes de joie dans les beaux yeux sombres de Kerios. Il posa sa main sur le ventre de sa femme avant de l'étreindre à nouveau, lui disant combien il était heureux.
Après un bon repas, ils allèrent se coucher. Kerios s'endormit sitôt qu'il s'allongea sur le lit. Il faut dire que si la journée de chasse l'avait épuisé, la nouvelle d'être bientôt père avait fini de l'achever.
Mais Sacria était bien trop excitée pour dormir. Être mère signifiait pour elle l'accomplissement de ses rêves. Elle se leva, se dirigea vers la fenêtre de la chambre, et se mit à contempler la lune. Une pleine lune pâle sans aucun nuage pour gâcher ce spectacle enchanteur. La nuit était magnifique.
Elle fut tirée de ses songes par le pire bruit qu'il soit. Celui de la cloche du village. Cela signifiait qu'un groupe de monstres se dirigeait vers celui-ci. Son cœur s'arrêta lorsqu'elle entendit le sonneur hurler. Craqueleurs des plaines. De tous les noms qu'il aurait pu crier, aucun n'aurait pu être pire... Affolée, elle se tourna vers Kerios qui était déjà prêt à repousser l'invasion, sa fidèle épée à la main. Il la rassura et lui promit de revenir très vite. Bien que connaissant les talents de son mari, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir peur tant les craqueleurs des plaines étaient des créatures dangereuses, cruelles et puissantes. Elle descendit s'asseoir dans la cuisine tandis que les entrechoquements des armes contre la pierre raisonnaient dans tout le village.
Pourquoi était-elle si anxieuse? Pourquoi ce mauvais pressentiment ne voulait-il pas la quitter?
Cris de victoire et cris de douleur s'alternaient sur la place centrale où se trouvait sa maison. Elle voulait savoir comment l'affrontement évoluait, mais comme la plupart des femmes Iop de cette époque, elle n'était nullement apte pour le combat. Cela devait bien faire une heure que cela avait commencé. Une heure interminable...
La porte d'entrée s'ouvrit dans un fracas, laissant apparaître un Kerios bien mal en point qui lui ordonna de protéger leur enfant en allant se cacher à la cave. Jamais elle ne l'avait vu dans un tel état. Il en était presque pitoyable. Elle vit soudain un énorme poing de pierre projeter son mari au loin. Avec la violence du coup qui lui avait été porté, Kerios avait lâché son épée qui se trouvait maintenant sur le seuil de la cuisine. Certes les Iops sont de fiers combattants, mais sans leur arme ils ne sont rien... Sans réfléchir, Sacria s'empara de ladite épée et sortit en courant. Elle se figea devant une telle vision d'horreur.
Des morceaux de craqueleurs vaincus recouvraient le sol de la place centrale. Et parmi ces débris, il y avait des corps. De nombreux corps qui jonchaient le sol. Au fur et à mesure qu'elle reconnaissait le cadavre de tel ou tel habitant, elle se rendit à l'évidence. Il ne restait plus qu'elle et son mari. Celui-ci était entouré par trois craqueleurs qui semblaient prendre plaisir à le malmener. Alors qu'elle venait juste de trouver en elle la force de bouger à nouveau, les trois créatures donnèrent le coup de grâce à celui qui était l'amour de sa vie...
Dans un élan de colère et de vengeance, elle fonça telle une flèche en direction du plus imposant, le poing serré sur l'épée de son âme sœur. Elle fut repoussée d'un coup de pied qui l'envoya s'écraser contre le mur en bois d'une maison. Malgré les nombreuses contusions, elle se releva et tenta un nouvel assaut. Sa rapidité était impressionnante, à tel point que le craqueleur n'eut pas le temps de réagir. Elle lui asséna un puissant coup. Quand la lame se brisa contre le corps de pierre de son ennemi, ce n'étaient pas seulement des bouts de métal qui volèrent en éclat, mais également tous ses espoirs...
Elle tomba à genoux, la garde de l'épée toujours à la main. Des larmes se mirent à couler sur son joli visage meurtri. Elle se sentit tellement impuissante qu'elle se résigna à attendre que la mort vienne la faucher par le biais du poing de cet énorme colosse de pierre. Son sang lui coulait le long du corps et finissait sa course sur la lame brisée de son épée. Souhaitant une dernière vision qui serait apaisante, elle détourna son regard du regard narquois du craqueleur et admira la lune une dernière fois...
« Tout ce que j'ai à offrir c'est mon sang »
Ces paroles, probablement ses dernières, naquirent du sentiment de faiblesse qui la rongeait. C'est alors qu'une chose étrange se produisit, comme si les dieux avaient entendu son appel. La lune d'ordinaire si claire devint alors rouge. Un rouge sang tellement agressif qu'il semblait rendre le carnage qui venait de se produire totalement insignifiant.
Au plus profond de son âme, Sacria sentit monter une force, une force qui allait grandissante au fur et à mesure que le sang quittait son corps. Lâchant son arme, elle se releva et fit face aux trois craqueleurs qui étaient visiblement pressés d'en finir cette fois. Elle les transperçait de son regard meurtrier. Le meneur recula tandis que les deux autres se jetèrent sur Sacria dans l'espoir de la broyer entre leur deux corps. D'un bond majestueux elle les évita au dernier moment. Ils allèrent se briser l'un contre l'autre tant le choc fut grand. Les éclats de pierre vinrent la couper et le sang qui s'écoulait de ces nouvelles blessures la firent se sentir invincible. D'un pas résolu elle se dirigea vers le dernier craqueleur qui tenta de fuir en courant. Elle ouvrit les bras, son corps se mit en lévitation à quelques centimètres du sol et une main de sang jaillit alors de sa poitrine, attrapant le fuyard pour le ramener vers elle. Le poing serré, elle laissa échapper toute la haine qui l'habitait. Elle abattit son pied sur le craqueleur qui vola en éclats. Elle était enfin hors de danger. Mais à quel prix...
On raconte que Sacria continua à vivre dans ce village dévasté. A sa naissance, son fils possédait vraisemblablement les mêmes pouvoirs que sa mère, comme si ce pouvoir s'était transmis à lui par le biais du sang.
Un fils qu'elle nomma Sacrieur...
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