Le crash de Royal hier soir va au moins permettre qu'on casse quelques fantasmes sur ces fameux "partenaires sociaux".
Beaucoup de monde confond syndiqués et partenaires sociaux.
Les syndiqués se sont les travailleurs adhérents à un syndicat, ça va de l'extrême-droite à l'extrême-gauche, des réformistes aux anarchistes, etc...
Bien sûr que c'est pas également réparti, mais un syndicat étant la structure collective la plus simple à mettre en place et la plus facile à contrôler "par le bas", s'il y en a qui sont pas content, qu'ils prennent leur voix en mains.
Les partenaires sociaux du gouvernement c'est au niveau national le MEDEF (seul vrai syndicat d'employeurs), les gestionnaires des éventuels organismes publics de la branche concernée, les centrales syndicales "représentatives de droit" depuis 1950 (réactualisé en 66, arrêtez c'est trop de réactivité), et éventuellement les syndicats représentatifs de fait selon les branches.
Les syndicats d'employés sont-ils "d'extrême-gauche" ? A part dans les fantasmes de certains cercles idéologiques, non. Prenons les fameux "représentatifs de droit" (ainsi adoubés pour leur comportement exemplaire pendant l'Occupation) : CFE-CGC, CFDT, CFTC, CGT, FO.
Sans même risquer de rentrer dans trop de détails, 3 fois sur 4, la CGT et la CFDT (les deux seuls vraiment représentatifs du tas) ne s'entendent pas sur une position commune, la CFDT assumant sa stratégie d'aller jusqu'au bout pour gratter la moindre miette de conciliation, et la CGT refusant de servir d'alibi à des "compromis" qu'elle juge souvent atterrants.
Il faut n'avoir jamais rien suivi de la vie syndicale pour les mettre tous dans le même panier : dernier épisode en date, CFTC, CFDT et FO ont défilé séparément de CGT, Solidaires et CNT pour les cortèges du 1er Mai à Paris. S'ils ne sont pas capables de rédiger un appel commun, pas étonnant que pendant les négociations ils forment tout sauf un front uni.
On en arrive au dernier point : les négociations collectives ne fonctionnent pas à l'unanimité. Les syndicalistes à la gauche de la CFDT sont bien placés pour savoir que les partenaires sociaux signent parfois des accords en dépit des syndicats les plus représentatifs.
Je suis bien d'accord qu'il y a matière à débattre sur le taux de syndicalisation français, sur les privilèges historiques (quoique Solidaires est en passe d'être enfin considéré comme "représentatif de droit") et toussa, mais ça suppose des connaissances concrètes autrement plus fines que les préjugés monolignes que j'ai vu passer.
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