Merci de donner un peu plus de place à ce qui se passe dans la tête sur un forum essentiellement tourné vers ce qui se passe au niveau du corps.
Répondre avec exactitude est mal aisée car en ce qui me concerne j'en suis à peine à la fin de ton questionnement, bien que déjà libéré pour ma part de mes démons intérieurs.
Ceux-là même qui me poussaient à la torture et me conduisaient vers une apparence de puissance doublée d'une immense fragilité invisible...
Ceux-là même qui, comme tu le sais, m'ont conduit à interprêter ta méthode et à faire des malaises successifs.
Aujourd'hui je la vis pleinement, et elle m'a appris le discernement.
En me permettant d'amasser la masse en renonçant à la mise en danger, elle m'a montré une voie plus saine qui a eu pour effet de déplacer mon champs de vision.
Ces malaises que je faisais s'expliquent:
1.je faisais le malaise du costaud d'une part (la capacité de déployer une force incroyable sans avoir les acquis fondamentaux de l'endurance de force qui devrait sûrement être la base).
2. Inconsciemment, je n'acceptait pas l'idée de "grossir" sans souffrir. D'où les malaises. En faisant ces malaises, je reproduisais inconsciemment la "nécessité" du PAIN TO GAIN inculqué tel un dogme par le monde du muscle.
En acceptant de m'abandonner littéralement à la méthode, je renonçais à tout ça.
Cela a pris du temps. J'avance moins vite dans la méthode car mon corps et ma tête avaient besoin d'adopter le système intégralement.
Donc renoncement obligatoire de tout ce que j'avais appris: souffrir pour être beau. On sait que c'est comme ça.
Pouvoir atteindre le même objectif sans douleur? Impossible se dit-on. Personne n'y est encore arrivé. Lafay est un plaisantin. Cela ne peut pas fonctionner: RESISTANCE AU CHANGEMENT.
Puis les preuves sur soi, mais issues d'un sacrifice encore plus grand que celui que l'on fait devant le dieu haltères-lourds dans l'autel de la cage à squats: celui du renoncement à ce dieu haltères et à la bible écrite sur de longues decennies par le Prêtre-Dieu Weider et ses messies BB...
Un sacrifice effrayant qui nous conduit vers l'inconu avec le risque de perdre toute la masse du à tant et tant de souffrance...
Ensuite, la surprise (après bien des déboires pour un ancien féru de la fonte) de voir que ça marche! Que ça marche! Que ça marche!
Mais bien plus encore: que ça marche certes, mais autrement et en apportant des aspects inattendus: la cohabitation de force et endurance cardio par exemple, entre autre...
Alors le corps change après ou presque en même temps que la tête. La perception de cette discipline change elle aussi.
Peu à peu, on ressent (je parle pour moi) la nécessité de vivre la muscu autrement. Plus sainement. Que la course au millimètre ajouté et obsessionnel finit par dévorer notre vie.
Que cet engrenage est destructeur.
Dès lors, on renonce totalement et on vit ces entraînement avec sérieux mais détachement.
On cherche le plaisir avant la douleur. Le dépassement qui s'opère tranquillement et naturellement avant la mise en échec du muscle systématique.
On apprend à lâcher (lâcher non pas du lest, mais lâcher les lests).
On apprend à cumuler les reps en gardant une certaine vigilance sur l'état d'avancement mais sans en faire la priorité des priorités.
Et là, il se passe quoi?
On prend du muscle. On acquiert du souffle. On se sent fort. On se sent bien. On se sent remplit! On est habité par une nouvelle force.
On atteint des objectifs que l'on s'était fixé il y a des années par le renoncement à l'acharnement.
ça passe tout seul. Et on a compris que le muscle de parade cache quelque chose de dangereux en nous.
Qu'il est vital de l'accompagner de la véritable "forme".
Un athlète du quotidien comme dirait une ancienne pub.
Cela explique pourquoi aujourd'hui je procède à une petite marche arrière pour revenir à une idée plus logique de ce que mon corps (et ma tête) doit être.
Je préfère que l'on me voit comme quelqu'un qui a naturellement des capacités hors norme de par un travail mixte (force-endurance-souplesse) plutôt que comme un phénomène de foire qui fait un étalage de masse et dont on voit bien qu'elle est fabriquée uniquement pour être regardée.
C'est la différence fondamentale entre être et paraître.
Superman n'existe pas. Seuls les enfants de moins de 3 ans y croient, comme ils croient au père Noël.
L'idéal du surhomme reste un idéal inaccessible.
Celui d'un homme fort, résistant physiquement et mentalement, endurant, souple, en meilleure santé pour longtemps, ce n'est pas un idéal absolu mais bel et bien quelque chose d'accessible.
C'est juste une affaire de méthode (n'est-ce pas Olivier?)
Je préfère ce que je suis à ce que je rêvais d'être. Et je n'ai plus besoin de me sacrifier à l'autel de la fonte pour grimacer de douleur et payer le prix d'un idéal que je n'atteindrais jamais car l'image que l'on a de son futur corps est toujours erronée.
Une pure vision de l'esprit.