La mondialisation est-elle morte ?

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Je répond tout de suite à cette question : non, bien sur, si par mondialisation on parle du processus géographique engendré par les progrès techniques.

En revanche, la question se pose concernant l'aspect politique et idéologique qu'a pu prendre cette mondialisation, à savoir l'expansion des formes anglo-saxonnes de capitalisme, alias "démocratie de marché" (ça m'évite d'utiliser des mots tel que libéralisme qui ne veulent plus rien dire à force de dire tout et son contraire.)

il va de soit qu'un mouvement d'une telle ampleur, et soutenu par de telles puissances, ne disparaît pas du jour au lendemain. Mais la dynamique est peut-être en train de s'inverser. Résumons :

* Amérique latine : la région est recouverte par une vague "de gauche", au sein de laquelle se distingue des éléments plus "durs", particulièrement hostiles à la mondialisation "à l'américaine" : Bolivie, Vénézuela. L'Argentine vient ensuite, le Chili et le Brésil étant plus prudents et modérés. Le Mexique risque aussi de basculer aux prochaines élections.
* Asie : là aussi, ça bouge, alors même qu'on a affaire aux pays ayant le plus profité de la mondialisation, et que dans la plupart la démocratie est fragile et la répression facile, des contestations hétéroclites de l'ordre établi se font jour un peu partout, des Philippines à la Thailande. Cette dernière est un exemple intéressant : on y voit les classes moyennes se révolter, au nom de la nation et de la démocratie, contre un premier ministre exemplaire des dérives du capitalisme mondialisé.
* On peut aussi s'intéresser à l'Europe, où les Français, par exemple, ont exprimé il y a peu le même genre de sentiments.

Bref, un peu partout, un certain nombre d'idées qu'on a présenté comme condamnées par la mondialisation resurgissent, parfois avec violence. Au centre de ces idées, on trouve celle de la souveraineté démocratique, exercée par la nation et qui ne peut être abandonné aux marchés financiers, c'est à dire aux hommes d'affaire de Wall Street et de la City. Il va de soit que la problématique est très différente aux Etats-Unis et en Angleterre, et en même temps semblable : d'une certaine manière, le néoconservatisme qui a consisté à vouloir exporter par les armes la suprématie du modèle américain de la "démocratie de marché" est lui aussi une forme de nationalisme.

Au final, après les discours sur l'inéluctable effacement des Etats, et leur impuissance supposée face aux FTN, on s'apperçoit que ceux dont l'Etat tient son autorité opposent de plus en plus un discours qui sera facilement (et régulièrement) caricaturé comme étant conservateur, nationaliste ou utopique, alors qu'il est essentiellement démocratique.

Ce qui me semble utopique, c'est de croire que l'Etat-Nation allait si facilement laisser la place à des zones de libre-échange dominées entièrement par des pouvoirs privés omnipotents et omniprésents...
Même si la forme ni est plus, le fond demeure je pense.

On est toujours dominé par des capitalistes qui régisse les lois de ce monde, et qui nous gouverne tous directement et indirectement.

Pourquoi les hommes qui ont le pouvoir le lacherait si vite, face à un peuple qu'il méprise, avec ou contre lui.
En tout cas les "Anglo-saxons" s'en contentent très bien de leur modèle.
Mais c'est clair que ce modèle est en recul en Amérique du Sud.
Par contre en Asie, ce n'est pas du tout le cas, cf l'Inde et la Chine.

Sinon l'exemple de la Thailande est très mauvais. Si les classes moyennes grognent, c'est parce qu'elles sont écrasées sous les impôts. Impôts servant à financer les ambitieux programmes sociaux de Thaksin comme le SML ou le Village fund, d'importants projets d'infrastructures (+ la corruption qui va avec), et à maintenir une fonction publique pléthorique. C'est l'inverse du modèle Anglo-saxon.
Au niveau global ,non .Au contraire les entreprises n'ont jamais été aussi forte . Leur problème majeure restant autour de l'axe énergétique soigneusement contrôlé par les Etats (voir ce qui ce passe en Russie).

En Amérique du Sud , je verrais plutôt l'exploitation d'un déclin de l'influence américain dans la région , qui permet aux états locaux de prendre de la marge face à la tutelle .

Mais leur marge de manoeuvre est limité :
-d'abord ils ont besoin des USA qui sont un des premiers clients de leur produit .
-ensuite les USA pourrait très bien tenté de faire rentrer les trublions dans le rang (d'ailleurs Chavez à intérêt à se méfier car à la première faiblesse de sa part ,il se feras mettre dehors . Il ne semble pas encore avoir compris que prendre les USA comme ennemi est très dangereux pour sa santé .)

Sinon le modèle américain se porte très bien , il fait même des émules dans les superpuissances de demain donc c'est bon signe pour sa pérénité (car ce n'est pas la bolivie qui domineras le monde dans 30 ans )
En Amérique du Sud, c'est pour moi, un effet périodique, en réponse aux politiques de droite qui ont dominé la région avant. Je te fais le paris que dans 10 ans, la droite gagnera, dans 20 ans, la gauche sera a nouveau au pouvoir... bref, une alternance (la démocratie quoi).
En Europe, on ne peut pas dire que la "démocratie de marché" (vu que tu ne veux pas mettre libéralisme) soit en déclin. L'Italie va passer à gauche dans 3 semaines, mais on a eu l'Allemagne passant à droite (enfin plus à droite qu'avant) il y a quelques mois. En France, je ne ferais pas de prédictions (quoique si, allons-y, la droite gardera le pouvoir vu que l'extrême droite sera au second tour et on reverra "l'effet 2002" - celà dit, en France, la droite est gaulliste protectionniste, pas libérale, on le voit entre autres avec Danone ou Suez/GDF).
Dans les pays d'Asie, le capitalisme se porte plutôt bien (surtout avec la Chine en transition - et avec la puissance économique toujours importantes de Taiwan, Hong Kong, Japon, Corée du Sud, Singapour...)

Bref, à mon avis la "démocratie de marché" se porte tout aussi bien que dans les années 90.
"Les grandes théories économique durent rarement plus de quelques décennies, au delà de ce laps de temps, seule la force militaire peut les maintenir en place". 30ans de libéralisme économie sauvage jusqu'en 1929, 60ans de communisme avec l'aide d'une dictature, 45ans de keynésianisme jusqu'en 1973... Partant de cela on peut se demander si effectivement la mondialisation n'est pas menacé après 30ans d'expansion

D'un point de vu des chiffre, non la mondialisation n'est pas morte. Les échanges n'ont cessé d'augmenter depuis 30ans (sauf quelles années de crise économiques). Les accords d'échanges se sont multipliés (ALENA, CEE, ANZUS, MERCOSUR, etc...) et continuent a se développer.

Le commerce n'a rien de mauvais, c'est justement un moyen de développer une société. Mais là ou la mondialisation n'est qu'une vaste mascarade c'est que la logique qui prime est économique et rien d'autre. La mondialisation ne s'organise pas autour des consommateurs, mais autour des entreprises, structures qui cherchent à faire des bénéfices en limitant au contraire les possibilités de choix de l'individu. Inéluctablement l'état nation se voit affaiblit et du même coup la démocratie.

Qui plus la mondialisation apporte inévitablement beaucoup de richesses, les PIB s'envolent depuis 30ans mais le paradoxe c'est que le fossé entre riches et pauvres s'accroît. Elle ne résout pas les crises économiques, l'économie soit disant régulé par le marché n'est qu'une vaste jungle. Les pays en dépression se voit sur-endetté, martelé par les directives du FMI toujours plus restrictive. D'ailleurs le renversement de tendance en Amérique Latine vient de l'échec de la politique ultra libérale et par conséquent du creusement d'inégalités profondes (en plus la croissance n'était même pas bonne..).

Bref l'Amerique Latine ne croit plus en la mondialisation, pas plus que l'Afrique ni une grande partie de l'Asie. La mondialisation n'a plus rien de mondial. Tout ce pays sont maintenant affiché contre ce système, prônant un Etat nation fort et social. Les Etat veulent retrouver leur souveraineté économique et social (même ma France, le fameux patriotisme économique), les accords plus "éthique" se développe (Kyoto) et des pays commencent a se révolter contre le monopole des grosses entreprises (le cas des licences sur les médoc contre le Sida).
Le mondialisation n'est pas morte mais la contestation monte. Les dogmes économiques ne sont pas éternels.

Citation :
* Asie : là aussi, ça bouge, alors même qu'on a affaire aux pays ayant le plus profité de la mondialisation,.
On peut aussi noter le cas de la Malaisie qui a réussie a reformer sont économie et a la relancer, tout ça démocratiquement (bon ok c'est un petit pays par rapport a l'Indes et la Chine...).
La soit disant "mondialisation anglo-saxonne" liberale n'existe que dans la tete de quelques socialistes français aigris. Deja je vois pas trop de lien entre la politique économique de Tony Blair (chef du parti socialiste britannique je le rappelle) et la politique économique de Bush. D'autre part, au niveau liberalisme, j'ai vu mieux. Entre l'intervention étatique du congres américain contre le rachat des ports américains et le protectionnisme de Bush dans divers secteurs comme le secteur américain de l'acier, je vois pas en quoi on peut qualifier la politique américaine de "liberale". Encore des français qui n'ont jamais eu un cours d'économie qui parlent.
la vague de gauche est suivie d'une vague à droite puis d'une vague à gauche etc
Ca s'appelle l'alternance, et ca existe partout dans le monde ( du moins là ou la démocratie existe , enfin ce qu'on appelle démocratie, on devrait plutot appeler ca monarchie par alternance )

Donc à la question du thread, je réponds non.
Les Etats d'Amérique de Sud sont extrêmement protectionnistes, leurs droits de douanes montent jusqu'à 40 % ! Preuve que la mondialisation leur inspire plus de craintes que d'optimisme.

De plus, les importantes dévaluations de leur monnaies font que ce sont nous qui supportons in fine une partie non-négligeable de leur dette publique. Dans ce sens, la libéralisation les effraie moins...
Citation :
Publié par Cilar
La soit disant "mondialisation anglo-saxonne" liberale n'existe que dans la tete de quelques socialistes français aigris. Deja je vois pas trop de lien entre la politique économique de Tony Blair (chef du parti socialiste britannique je le rappelle) et la politique économique de Bush. D'autre part, au niveau liberalisme, j'ai vu mieux. Entre l'intervention étatique du congres américain contre le rachat des ports américains et le protectionnisme de Bush dans divers secteurs comme le secteur américain de l'acier, je vois pas en quoi on peut qualifier la politique américaine de "liberale". Encore des français qui n'ont jamais eu un cours d'économie qui parlent.
Tu veux dire que le libéralisme recule aux Etats-Unis, avec un regain du protectionnisme ?
Bien vu.

A propos de la Thaïlande, l'exemple se justifie en partie. Le premier ministre en fonction a effectivement pressuré la classe moyenne, et largement subventionné les plus pauvres (il faut bien rester au pouvoir) mais dans le même temps, il a fait la part belle au milieu des affaires, en lui accordant toutes les facilités nécessaires.

Y compris en Chine, la direction du parti semble prendre conscience des nécessités de réformes sociales, il s'agit de faire profiter l'ensemble de la population de la croissance, et non plus simplement les régions côtières. En ligne de mire, la très large population rurale, dont le niveau de vie n'a pas évolué et qui se trouve acculée par la collusion entre hommes d'affaires et pouvoirs locaux.
Un bémol tout de même, les résistances sont fortes, mais l'intention est là.

Faut-il également rappeler que le cycle de Doha (OMC) est toujours en panne ?
C'est à partir du moment ou on la croit morte que la mondialisation gagne en puissance, parce qu'elle est suffisamment discrète pour que tu y participes sans même en être conscient. (le 'tu' ne désignes pas nécessairement l'auteur de ce topic, mais une personne qui répondrait 'Oui' à la question initiale.)
Rien n'est immuable. Ni la paix, ni la démocratie, ni la spiritualité, rien. Mais au milieu de ces choses dont on assiste à la disparition temporaire, il y a les yuppies.

C'est enfoncer une porte ouverte que de dire que l'histoire fonctionne par cycles, mais l'argent est si puissant qu'on en vient à désespérer et à se dire que rien ne le battra. Allez les gars, courage. La lutte continue.
Il n'ya jamais eu autant de mondialisation qu'à l'heure actuelle.
C'est pour cela d'ailleurs que nos politiques intérieures patinent.
On ne fonctionne plus independamment mais tous ensemble.
Il y a une interview de rocard dans le parisien d'hier ou avant hier ou il en parle tres bien.
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