Salut,
J'ai déjà plus ou moins parlé de mes expériences dans les études informatiques, mais pas de manière synthétique. Je vais donc essayer de le faire. Je pense que ça peut vous intéresser étant donné que j'ai expérimenté presque toutes les voies
[mylife]
J'ai passé mon bac S option Mathématiques en 1999. Je faisais l'option Informatique, qui a disparu depuis je crois, au lycée depuis la Seconde. J'aimais bien l'informatique depuis que mes parents s'étaient équipés. Enfin, surtout l'utilisation de l'informatique ( les jeux

).
Quand la grande question de savoir quoi faire après le bac s'est posée, j'ai pensé faire de l'informatique mon avenir. D'autant plus que ces
menteurs Conseillers d'Orientation disaient qu'il y avait de l'emploi dans la branche. Sous la pression familiale, j'ai visé trop haut pour moi : classe préparatoire aux grandes écoles, dans mon lycée.
Enfin, trop haut, je sais pas. Mais je n'y étais pas prêt, et la filière que j'ai prise n'était pas la bonne ( PTSI = Physique Technique et Sciences de l'Ingénieur ). D'un autre côté, je suis aussi fautif puisqu'il me semblait logique, sans m'être renseigné plus que ça, qu'il fallait faire un CPGE pour rentrer en école d'ingé.
Donc, j'ai fait ma demande d'inscription en CPGE l'année de ma Terminale. Puis j'ai passé et obtenu mon bac avec mention AB. Et l'année suivante, le drame. Je ne bosse pas, ça ne m'intéresse que moyennement, je me prends le bec avec un des profs ... résultat, je me plante. Enfin, disons qu'ils m'ont dit en fin d'année que je n'avais plus ma place chez eux.
Là, portant sur moi la honte d'un échec aussi cuisant, face aux regards accusateurs de la famille, je me dis que rien n'est perdu et que je vais me recycler en fac. Forcément, et puisque c'est un des défauts que j'avais trouvé à la prépa, je prends la filière qui comprend le plus d'info, à savoir un DEUG MIAS ( Mathématiques, Informatique et Applications aux Sciences ). Ca partait d'un bon sentiment, et là encore, c'était après avoir suivi les conseils des
menteurs Conseillers d'Orientation.
Bon, la première année, j'ai pas fait grand chose. J'avais quand même acquis un certain baguage en prépa et le fait de n'avoir aucune obligation de présence en cours et TD ont fait ressortir ma nature de gros branleur. Je l'obtiens quand même, de justesse.
Le "de justesse" ne m'apprend rien, et je continue à ne rien faire l'année suivante. Sauf que là, si mes résultats en Informatique sont toujours bons, les Mathématiques, elles, se corsent. Mon travail n'augmentant ni en volume, ni en intensité, je me vautre. Argggg ... deuxième vautre à expliquer aux parents. Dur dur.
Ne pouvant pas accepter l'idée de changer de filière, ce qui aurait pourtant pu m'être salutaire, je m'entête. Je décide donc de refaire ma deuxième année de DEUG, pour poursuivre comme j'avais en tête en Licence, Maîtrise et DESS, d'autant plus qu'ayant validé une bonne partie de mes modules, il ne me reste que les maths à repasser ( Note : c'était avant la réforme LMD, donc les histoires de modules ne sont plus d'actualité, enfin sous cette forme ). Là, ma nature de grosse feignasse est encore plus amplifiée par les MMORPGS. De plus, je subis mon premier grand drâme amoureux la veille des exams de Janvier. Le résultat est donc connu d'avance, je me revautre ( bon, je suis à 9,54 de moyenne quand même, mais ils ne me repêchent pas ).
Forcément, ce qui devait arriver arriva, je me brouille avec mes parents. Et comme je me sentais ( remarquez, je me sens encore fautif

) fautif de ne jamais avoir assez travaillé, je me barre du domicile parental. Sauf que, c'est bien gentil, mais à 21 ans, sans diplôme, avec juste quelques échecs en étude supérieures, et sans rémunération, on fait quoi ?
Je n'avais aucune envie de refaire un quatrième année de DEUG pour laquelle il aurait fallu que je demande une dérogation au Doyen et que je trouve un emploi parallèlement.
Je m'oriente donc vers une formation qu'un ami me conseille : un BTS Informatique de Gestion en Alternance. Les avantages que j'ai trouvé à cette formation étaient d'une part la rémunération, d'autre part l'implication dans le monde professionnel et enfin, bien que minces, des chances de pouvoir poursuivre mes études après ( Licence Pro ou Ecole d'Ingénieurs ). Je m'engage donc dans cette voie, et après quelques galères pour trouver mon entreprise d'accueil, je fais mes deux ans. Alors bon, je ne suis pas une référence puisque j'avais un gros baguage en y arrivant ( oui, même sans faire grand chose, 4 ans d'études supérieures laissent des traces ), mais j'ai encore moins travaillé qu'avant. Je savais bien qu'il me fallait un excellent dossier pour me laisser une chance de poursuivre mes études, alors j'ai fourni ce minimum syndical de travail. Avec ce minimum, j'ai majoré les quatre semestres de BTS et obtenu très largement mon diplôme ( encore que j'aurais pu faire mieux en ne ratant pas mes PTI

).
Fort de ces résultats, je me renseigne un peu avant mes exams sur les possibilités de poursuivre en cycle d'Ingénieurs. J'entends alors parler d'une Ecole d'Ingénieurs avec un recrutement assez souple et dont le diplôme est reconnu par la CTI ( Commission des Titres d'Ingénieurs ). De plus, elle comprend une branche par Alternance, ce qui m'intéresse toujours pour des histoires de rémunération, d'expérience professionnelle et de cotisations pour la retraite. Je postule donc. Et je suis admis.
Voilà par conséquent où j'en suis : première année d'Ecole d'Ingénieur par Alternance, après 6 ans d'enseignement supérieur. Il me reste 2 ans et demi à faire, et je sortirai avec un diplôme reconnu et 5 ans d'expérience professionnelle ( bon moins, puisqu'en alternance on est présent en entreprise que 60% du temps ).[/mylife]
Alors certes, je ne suis vraiment pas un exemple à suivre, mais au moins, je sais ce qu'il existe comme filière et je peux en parler :
- classe préparatoire en lycée : faut vraiment être bosseur ou avoir un don. C'est, à mon avis, à déconseiller pour quelqu'un qui veut faire de l'Informatique sans trop se prendre la tête puisqu'il n'en fera vraiment qu'à partir de l'Ecole et qu'avant il "subira" la prépa. Par contre, ça ouvre clairement plus de choix pour les Ecoles, surtout pour les meilleurs d'entre elles ( notamment les publiques ).
- fac : être motivé, non pas pour être un bourreau de travail, mais fournir un travail régulier est
indispensable. Ne miser que sur sa faculté de gros travail pendant les coups de bourre est à la fois risqué et irresponsable. On peut faire des choses intéressantes en Informatique, mais ça reste souvent très général, très théorique et un peu vieillot.
- BTS : quelqu'un de normalement constitué, d'autant plus qu'il a fait un bac S, s'en sortira sans trop forcer. Le risque, c'est d'avoir une aversion totale pour tout ce qui ne touche pas à l'informatique et là encore, "subir" la gestion, le français etc...
- Ecole d'Ingénieur : pour les cycles de prépa intégrés, je ne peux pas me prononcer. Par contre, pour ce que j'en ai vu du cycyle ingénieur ( après bac +2 donc ), c'est quand même une formation qui ne fait pas de vous des supers techniciens. On vous apprend certes, des aspects très pointus en Informatique, mais on vous enseigne aussi et surtout à avoir une vue globale du domaine et être capable
d'encadrer des techniciens qui seront toujours plus performants sur quelques points que vous, mais qui ne disposent pas de votre recul.
Pour synthétiser un peu, voici mes conseils :
1/ Sachez ce que vous voulez faire !
Si vous voulez faire de la technique pure, ce n'est pas comme vouloir faire de l'encadrement. Pas la peine de faire des bacs +5 pour être un super codeur de luxe qui sera trop cher pour être embauché en France. Contentez vous d'un bon DUT et d'ensuite monter en compétence au sein d'une entreprise. Si vous voulez faire de l'encadrement, ce n'est pas forcément la peine d'aller faire un DUT ultra technique, y'a des moyens plus subtils de rentrer en école d'ingénieurs ou encore faire un MIAGE. Cependant, on vous fera toujours faire de la technique.
2/ Sachez que les filières ne vous correspondront jamais
Fort du point précédent, on pourrait croire que savoir ce que l'on veut faire nous donnera toutes les indications pour aller là où il faut : FAUX ! Les filières comprendront toujours un aspect qui ne vous plaira pas : trop ou pas assez de technique, trop de matières annexes, pas assez de possibilités de poursuite d'études, etc ... Faut en faire son parti, et tenter de détourner le système à son propre avantage. Bref, s'adapter à un système d'enseignement qui n'a rien à voir avec le monde du travail dans ce secteur.
3/ Sachez que le monde du travail dans ce secteur ne vous aime pas
Imaginons que vous ayez suivi les deux points au dessus. Vous avez obtenu le diplôme que vous visiez, pour faire le boulot que vous vouliez. Eh bien, il y a de grandes chances que les premiers boulots que l'on vous proposera ne correspondront pas à ce que vous attendiez. Ce n'est pas spécifique à l'Informatique, mais c'est encore plus marqué dans ce domaine. Les entreprises non spécialistes en Informatique vous prendront pour ce que vous n'êtes pas parce qu'elles n'y connaissent rien ( "vous faisiez du réseau ? bah, vous saurez bien développer non ?" ). Les SSII pareil, mais pour d'autres raisons, en particulier plaire à leurs clients ( "vous êtes spécialistes Java ? bah, on vous donne un bouquin C++ et vous commencerez votre mission expert C++ dans une semaine" ).
Comme pour les diplômes, faut en prendre son parti, détourner le système pour y prendre ce que l'on en veut et faire abstraction du reste. Faire des sacrifices pour au final arriver où l'on veut.
4/ C'est un secteur en pleine mutation et dont pas mal de portes vont se fermer
Si vous êtes toujours motivé après la lecture de ce qui précède, il faut savoir que l'Informatique a connu son Age d'Or il y a quelques temps et que maintenant c'est un secteur autant en crise que les autres, voire même plus. Les abus sur le montant des prestations informatiques font connaître actuellement leur feedback négatif. L'outsourcing (délocalisation de développement informatique) se fait de plus en plus menaçant.
Les seules chances qui restent de faire quelque chose de potable en France sont : se spécialiser dans quelque chose de vraiment pointu, sensible pour l'entreprise et de difficilement sous-traitable ( sécurité, réseau, base de données ) ou bien faire de l'encadrement, de la gestion de projet.
Concernant les derniers points, mon point de vue se base sur ce que j'ai entendu en entreprise, ce que de nombreuses personnes travaillant dans l'Informatique m'ont dit et ce que j'ai ressenti durant mes formations.
Dans tous les cas, si vous choisissez cette voie alors que vous êtes encore au lycée, ne perdez jamais de vue qu'il n'est pas impossible de changer d'orientation. Vos acquis en Informatique ne seront jamais inutile, voire même se marieront très bien à d'autres spécialités ( exemple typique, l'informatique appliquée à la géographie connaît un essor inimaginable à l'heure actuelle en particulier auprès des mairies pour l'urbanisme ).
Bon courage
[ EDIT = j'suis bête, j'ai oublié deux choses :
- le nom de l'école où je suis est 3IL ( Insitut d'Ingénierie d'Informatique de Limoges ). Comme je disais, elle permet de faire de l'alternance à partir de la première année du cycle d'ingénieur et recrute assez largement en bac +2. Elle dispose aussi d'une entrée en classe préparatoire intégrée, mais je ne connais pas le niveau requis. De plus, elle se situe dans le groupe 3b des grilles sus-mentionné ( à peu près comme dans la grille d'une grande SSII où travaille mon frère ). C'est pas l'idéal, mais faut savoir que de nombreuses "supers écoles de la mort qui tue" ne figurent même pas dans ces grilles.
- l'alternance. J'ai pas assez insisté dessus, mais c'est vraiment, vraiment intéressant. Ca permet de faire de longues études sans trop s'ennuyer, d'être rémunérer, de comprendre pourquoi on vous fait apprendre certaines choses, de cotiser pour la retraite dès maintenant, etc etc ... que des avantages. Ah si, le seul soucis, c'est que c'est très exigeant pour l'étudiant : les programmes sont condensés pour tenir en moins de temps que dans les filières "normales" et le fait de changer de contexte tout le temps peut s'avérer fastidieux. Mais si on tient le coup, ça en vaut la peine.