Bello Quaeritur Gloria.
I] Bienvenue chez toi, fils.
"Ici, mon fils, la puissance organisatrice et conservatrice de l'univers est la plus présente. Et c'est aussi ici que nous vivons depuis des millénaires. En ce lieu, nous puisons notre pouvoir, ce même pouvoir qui coule dans tes veines. En ce lieu, nous nous sentons protégé et aimé de la plus grande force de ce monde."
L'elfe, assis au bord du cour d'onde, tenait en ses bras une boule de serviettes blanches.
"C'est ici que tu vas vivre, que je vais t'éduquer avant que ton destin ne t'appelle."
Il se releva avec difficulté. Puis il marcha vers l'ouest, plus profondément dans la forêt, qui, paradoxalement, semblait regorger d'une grandissante luminosité. La chaleur de ces lieux détendit l'homme, mais on voyait toujours sur son visage la même anxiété.
Il avait une silhouette élancée et fière. Mais des rictus apparaissaient sur son visage de temps en temps.
Les blessures magiques ne guérissent jamais complètement, comme celle du coeur, se dit l'elfe.
Il arriva auprès de quelques plus grands conifères et un sourire sembla se dessiner sur son visage. Un femme accouru vers lui, l'embrassa en prenant soin de ne pas froisser les serviettes de l'elfe, qu'elle pris ensuite dans ses bras et serra contre elle avec amour.
II] Que ta peau se tire, que ton coeur durcisse.
Des bâtons qui s'entrechoquent. Respirations hallétantes. Un bruit sourd sur le sol...
"Allez, relève toi !"
"Bien, père. Cette fois-ci, tu ne m'auras pas si facilement !", un sourrire malicieux se dessina sur le visage du jeune garçon, qui tenait dans sa main droite un bâton.
"Haha ! Dans ce cas, il te faudra plus qu'une bête charge !"
Le plus jeune fit signe a son père d'approcher et d'engager le combat. Celui-ci ne fit geste. Les deux se jaugeaient, mais savaient qui aller sortir vainqueur.
Roulade en avant, poussière dans les yeux, coup au mollet, et hop !
"Hahaha ! Mon fils, je suis fier de toi, tu as resisté plus de quelques secondes !"
Le gamin se renfrogna. L'elfe le relacha.
"Rentrons, le soleil nous quitte et ta mère nous attend certainement."
Ils marchèrent ensemble dans le calme des bois.
Tout à coup, l'elfe s'arrêta, sorti son arme.
"Couche toi, Nalio !"
Le gamin n'eut pas le temps de s'exécuter. Du bosquet surgirent trois grands hommes. Le coeur battant, Nalio se baissa et marcha en arrière.
L'Elfe para, attaqua et planta son arme dans la jambe du plus robuste des trois. Ce dernier hurla de douleur de rage. Une lame qui se dégaine, un sifflement qui alarme. Une flèche apparu de l'ouest et se planta dans le coeur du blessé. Une seconde fut esquivée.
Cris de rage, l'arme se lève et s'abat.
Le dos de Nalio heurta le tronc d'un chêne, pétrifié par la peur il ne bougea plus. Des gouttes sur le sol, le ciel bleu couchant, il pleurait.
"Hia !"
Pas de coté, attaque de flanc parré, recule et crie, puis lance ta rage ! Le sang gicla. Le dernier vivant dans le dos, la mort qui grandi, la vie apparaît de la flèche qui siffle. Il tomba dans un bruit sourd.
"Nalio !", le père accouru.
"C'est bon mon fils, c'est fini."
"Grand Gladas !", cria une voix a l'ouest.
Le sol résonna de la course de l'archer.
"Merci pour ton aide Ablios, mais que faisais-tu ici?"
La voix qui cherche l'air.
"Le village, des hommes, une armée entière."
Un visage qui se crispe, la colère qui s'y lit.
"Et? Où sont les nôtres? Qu'ont fait les hommes?!"
Une tête qui se baisse, les pleures qui s'en suivent.
Le visage du père se tourna vers le ciel qui s'était assombri.
Il cria de rage et se tourna vers son fils.
"Nalio, reste ici, je vais revenir."
III] Oublie ton corps, dévoile ta colère.
Le jeune elfe n'était pas sur de ce qui lui arrivait. Il essuya ses larmes et se tourna vers Ablios, qui en plus d'être un grand ranger, était un grand ami de son père. Ce dernier essuya aussi l'eau salé qui coulait sur son visage. On voyait encore le chef du village courir vers sa demeure, il n'était pas trop tard.
"Nalios, vite, suis moi ! Nous devons l'arrêter avant qu'il n'aille à la mort."
La mort? Le mot raisonna dans l'esprit du garçon.
La mort?
...
Devant Gladas, les sombres horizons rougirent. La chaleur grandit.
Qu'ont-ils fait?
Il contemplait avec horreur les flammes dévorantes s'élévaient haut dans le ciel.
Peur, horreur, colère, pleurs, rage.
Tout se mélangait dans son esprit. Puis il ferma les yeux et vit clair dans la situation... Ces hommes allaient payer leur lacheté, leur sang éteindra les flammes que leurs mains avaient créées.
De toute sa force, il s'élança.
Dans les yeux des ennemis la surprise fut première, mais la peur pris vite sa place, car de ceux de l'elfe, du sang sortait.
Il hurla dans sa charge, tel un fauve, se rua d'abord sur un groupe qui riait avec force avant son arrivée. Son épée transperça un corps, sa main libre toucha le sol et en arracha un bout. Il cria un incantation que les hommes ne pouvaient comprendre et de la terre sortirent milles racines, qui s'enroulèrent autour de leurs victimes. Le sang coulait toujours des yeux de Gladas. A travers, il voyait le coeur de ses ennemis.
Une corne sonna.
"Que se passe-t-il?"
"Cela venait de l'est du village, Commandant, nous devrions aller voir."
"Très bien, allons-y, j'espère que ces imbéciles ne se bagarrent pas encore, comme à chacune de nos victoires!"
Les liens se serrent et les os craquent.
Laissant les prisonniers a leur piège, l'elfe s'avança un peu plus dans le village. Les hommes allertés sortaient des maisons qu'ils n'avaient pas brûler, sans savoir pour autant ce qu'il se passait dehors.
Le fier sentit son pouvoir s'évanouir, il savait qu'il ne survivrait pas, mais sa vengeance devait pourtant être accomplie. De toute part à présent apparaissaient les Highlanders et les bretons, l'alliance des humains avait ecrasé son village dans la nuit tombante et avait réduit ses habitants en chaire morte. A nouveau il chargea, mais le sang ne sortait plus de ses yeux, à présent, des larmes coulaient sur ses joues, des larmes de chagrin et de douleur, la mort allait l'abattre et il ne rejoindrait pas son fils.
Le souffle court, Nalio avait du mal à suivre Ablios, il s'accrochait pourtant, comme il s'accrochait a l'espoir de revoir son village en ordre. A leur tour, les deux poursuivants s'approchèrent de la lumière rouge.
"Silence, à présent, ne nous savons pas ce qu'il s'est passé, nous devons tout d'abord nous montrer discret."
Lentement ils s'approchèrent de l'entrée et découvrir les corps mutilés des victimes du sol. L'archer sembla réfléchir, mais cela ne dura pas longtemps.
Un cri au loin, les coeurs battent plus fort.
"Père !" se murmura Nalio. Il sentit la colère monter en lui, son compagnon vit son visage se crispé et compris.
"Nous ne pouvons plus rien. Ne fait pas la même erreur que lui, partons !"
Mais ils etaient trop tard, on etendait les pas des humains qui s'approchaient.
"Suis moi !", dit le ranger.
Ils s'engoufrèrent dans la hutte la plus proche pour s'y cacher.
Spectacle d'horreur. On avait entassé les corps nus des elfes ici même. L'effroi envahie et immobilisa les deux survivants.
La colère monte. La rage à la gorge. On se lève, on fait face à la horde.
Ablios sorti de la hutte et se mit sur le chemin des hommes. Seul, il les devisagea et seul il cria :
"Que votre sang et ceux qui le portent soient maudits jusqu'à la fin, que vos femmes et vos enfants subissent en cet instant le plus terrible des chatiments ! Que le véritable pouvoir de la nature se dévoile en cette soirée et venge ses aimés ! Que la mort frappe l'ennemi qui marche sur nos terres !"
Le vent souffla, les feuilles volèrent et les hommes frémirent.
Un hache vola, percuta l'elfe et les hommes rirent.
De sa voix grasse, le Commandant parla :
"Stupide créature, il n'y a aucun pouvoir en ce lieu qui dépasse celui de mes armes. Qu'on le mette avec les autres !"
Nalio pleurait, il entendait les hommes s'approchaient et savaient qu'ils amenaient le corps sans vie de l'archer. Ils étaient à présent dans la hutte. A la vue de cet enfant, les deux hommes rirent. Nalio vomit et fut saisi par le cou.
Il fut jeter la où Ablios avait pérri et où se trouvait encore l'armée d'Albion.
La même voix grasse parla.
"Lève-toi, gamin ! J'ai toujours voulu entendre un enfant me supplier de ne pas le tuer."
Nalio sut qu'il allait a son tour mourrir, il ferma les yeux.
Sa mère chantait alors qu'ils revenaient de la rivière avec son père. Il avait croisé sur le chemin la voisine qui attirait le plus son attention, ainsi que le maître des arcs. Le ventre de sa mère avait beaucoup grossi et Gladas lui avait dit que bientôt, une fille encore plus jeune que Nalio les rejoindraient.
Ces souvenirs venaient d'hier. D'hier....
Les yeux de Nalio se remplirent de sang et comme son père, il laissa eclater sa haine.
Le Commandant fit un pas en arrière, puis deux. L'elfe respirait fort.
Autour de lui s'elevait à présent des racines encore plus grosses. Et il hurla.
IV] Pour la gloire.
Il regarda autour de lui. Les hommes courraient et mourraient dans les secondes qui suivaient, les sangs maudits par Albios recouvraient le sol.
Un seul homme était encore en vie et c'était selon la volonté du jeune elfe. Le Commandant était prisonnier des chaines de la nature.
"Pourquoi?"
"Bello Quaeritur Gloria."
"Qu'est-ce que cela signifie?"
"On ne cherche rien de plus que la gloire dans une guerre."
Nalio serra le poing droit et le squelette de l'ennemi fut broyé.
Il est dit que Nalio mis fin a ses jours la nuit même, mais au fond de mon coeur, je sais qu'il n'a mis fin qu'a ce nom et que son pouvoir rôde dans chacun des royaumes et assomme celui que la gloire guide.