Vous le savez, j'ai raté mon existence. Dieu m'a fait tout petit et tout faible parce qu'il savait que j'étais une teigne. Il y a beaucoup de métiers auxquels j'aspirais, mais je n'y ai pas eu droit.
Que n'aurais-je été huissier avec plaisir!
Je me vois pétillant le matin à l'assaut des demeures faisant ici l'injonction, là la saisie. Avec un ton dans la voix que j'ai déjà tout étudié. Oh oui! Je serais prêt!
Et juge d'application des peines? J'en tremble d'allégresse et d'impatience!
Mais aussi de dépit. Le médecin me l'a dit, ce métier n'est pas pour vous. Car vous êtes pulisani, puisaline, pulisianine.
Mais savez-vous, il y a quelque-chose qui m'a rendu l'espoir tantôt.
Les grandes sociétés ont souvent leurs établissements où sont rencardés ceux qui ont failli, craqué, gêné, ou tout simplement déçu.
En gros, si vous côtoyez l'équipe dirigeante de l'établissement du Crédit Agricole ou Lyonnais dans une ville moyenne de Madagascar ou de l'île Maurice, vous la trouverez amère. Parce qu'elle ne voit pas son affectation comme une promotion.
De là naquit mon idée de devenir conseiller d'orientation, option placard.
Et j'ai déjà une idée d'un premier sale poste que je pourrais proposer.
Je me plairais à l'occasion d'un déménagement d'une entreprise, à créer un poste dans l'ancien local, réservé à deux ou trois "élus". Leur fonction serait uniquement d'avertir les clients qui entreraient ou téléphoneraient que l'établissement a désormais une nouvelle adresse.
N'est-ce pas séduisant?
Avez-vous d'autres idées?
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