Comment être motivé au bout du compte quand on voit la dureté des études et leur longueur ? Plutôt que de rejeter la faute sur les étudiants de façon globale (certes, il existe de nombreux moutons noirs), peut-être faudrait-il revoir la façon dont se déroulent nos études, où, non contents de nous faire exploiter (cf. mon post précédent), on se fait humilier quasi quotidiennement par nos aînés dans un grand nombre de cas...
Une étude (dont je ne retrouve hélas pas la provenance) montrait que 40 % des étudiants en médecine français montraient des symptômes dépressifs au moins 1 fois au cours de leurs études. Et, je reprends mon chiffre de tout à l'heure, 5 à 10 % d'abandon par an avec au total 50 % d'abandon sur l'ensemble de la durée des études, c'est énorme...
Alors, certes, les conditions de travail étaient encore pire pour nos aînés, ou même pour ceux qui font leurs études dans des pays moins développés (cf. l'exemple du Liban). Mais la différence de salaire et de prestige/respect/considération au bout du compte entre celui qui glandait 5 ans dans son école de commerce/management/ingéniérie et celui qui faisait >100 h/semaine à l'hosto en valait la peine. De nos jours, d'autant plus avec la société de loisirs, cette différence est bien bien bien moins vaste. Oui, la rémunération est un appât pour nous aider à finir ces études pourries. Malheureusement, par rapport aux autres filières qu'on peut entreprendre, celle-ci n'est nettement plus assez attrayante. D'où le je-m'en-foutisme au mieux et l'abandon des études au pire.
En France, il y a comme une honte à dire que soigner des gens a une valeur marchande. Pour l'opinion commune, c'est une passion, un sacerdoce, une tâche qui n'a pas de prix et on est un monstre si on ose discuter salaire alors qu'on fait "le plus beau métier du monde". Et ceci, aussi bien pour les médecins, que les infirmières, voire les travailleurs du social. Alors qu'il s'agit de métiers probablement parmi les plus difficiles sur le plan d'exigence de savoir, savoir-faire mais aussi de responsabilités. Je suis désolé, mais personnellement ça me gêne énormément de voir des hauts fonctionnaires, des créatifs de pub ou des "managers" sortis de la cuisse de Jupiter émarger entre 10.000 et 12.000 € /mois, quand le bon médecin généraliste se traînera 5.000 €/mois, des journées de 10h et 15 procès au cul...
Ca paraît probablement con comme revendication, parce que de base, un médecin gagne plus que 80 % des Français, donc on aurait pas de quoi se plaindre. Et pourtant si. Le taux d'abandon des études, la désertification des campagnes, la désaffection pour les postes médicaux les plus exigeants le prouve. Sans carotte, on arrivera à rien... La différence de salaire et de prestige social du médecin s'est tellement amoindri que le challenge de poursuivre ses études jusqu'au bout n'en vaut plus la chandelle...
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