Nous sommes censés célébrer aujourd'hui une des plus grandes victoires françaises et beaucoup préfèrent cracher sur son auteur alors qu'il y a de cela quelques mois, nous avons dépêché un porte-avion et une pléthore de représentants pour fêter Trafalgar, une des défaites les plus cuisantes de notre histoire. Je lis sur le fil consacré des bordées d'injures pour un homme qui laissera sa marque dans l'Histoire plus qu'aucun autre. Et pas seulement dans l'histoire de France comme en témoignent les nombreux hommages en Europe.
Je suis patriote. Profondément. Et vous ne pouvez pas imaginer la douleur que j'éprouve quand j'entends un Français renier ainsi son histoire, tout ce qui a fait qu'il est ce qu'il est. Et je sais aussi que je ne suis pas le seul, même si les gens comme moi sont vite catalogués comme étant fachos, passéistes ou juste ringards. Non je ne souhaite pas le retour de l'Empire ou d'une quelconque forme de royauté. Je veux juste que les gens soient aussi fiers d'être Français que moi.
Alors pourquoi une critique aussi négative et quasi-systématique de notre société?
Je crois que ce qui définit le mieux la France d'après-guerre -et pour moi cette période n'est toujours pas terminée- est le déni: nous vivons dans la négation totale des réalités et préférons imaginer notre pays plutôt que de le regarder dans les yeux. Dans quel but? Qu'avons-nous à cacher? Qu'y a-t'il de si honteux en nous pour vouloir à tout prix 1) nous auto-persuader qu'on a aucune leçon à recevoir de personne, 2) qu'il est douteux d'être
fier de notre nationalité?
Inutile d'épiloguer plus longtemps, d'autant qu'il n'y a pas besoin d'avoir réfléchi longtemps à ce sujet pour avoir une partie des "bonnes" réponses: les Français ne pourront pas se dire fiers tant qu'il continueront à pardonner l'inacceptable, l'innommable, à savoir notre participation à la Shoah et notre soumission à l'armée allemande et à son chef, Hitler, et ce pendant de nombreuses années.
A chaque fois que j'aborde ce sujet avec mes amis, ils ne peuvent s'empêcher de vouloir le clôturer prétextant que c'est moi qui ait un problème avec cette période noire de notre histoire: il me semble au contraire que c'est parce que j'en ai une totale acceptation que je peux en parler librement, et ainsi m'en affranchir.
Nous avons donc une génération entière, fille de la collaboration ou des oeillères (mais comme on dit: qui ne dit mot consent), qui a décidé de "pardonner" à leurs parents de s'être comportés en lâches -lâches qu'ils auraient eu le droit d'être puisque la vie était "difficile" en ces temps là (et celle des déportés hmm?).
Il y a malheureusement un coût à payer pour ce pardon: avoir honte d'être Français, ou si ce n'est d'en avoir honte, avoir au moins mal à la gorge dès qu'on aborde tout semblant de fierté nationale: comment en effet se réclamer d'un pays qui a ainsi institutionnaliser l'acceptation du pire des défauts? Facile de juger me direz-vous: quand ils s'agit de nos propres parents, la facilité est dans le pardon et non dans le jugement.
Depuis ce jour du 8 Mai 1945 est devenu très difficile de porter haut notre bannière, de chanter notre hymne et de se dire "patriote", les générations d'après-guerre ayant décidé que ces choses relèveraient désormais de l'extrémisme nationaliste.
C'est pitoyablement significatif: des gens qui pensent qu'il faut être un facho pour pouvoir porter haut les couleurs de son pays ne peuvent que penser de leur pays qu'il abrite le racisme et le déshonneur: on peut au moins se dire qu'ils restent lucides sur l'attitude de la France durant la Seconde Guerre Mondiale, malgré qu'ils passent leur temps à se convaincre du contraire.
Napoléon une brute sanguinaire? Louis XIV un égocentrique crade et inutile? La Révolution Française une guerre civile n'ayant apportée que pauvreté et injustice? Les collabos des pauvres gens qui auraient vécu des moments très difficiles? Cherchez l'erreur...
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Pourquoi une telle analyse?
J'emet le postulat que la France renie toute forme de courage, de gloire ou de victoire à travers les âges, y compris le nôtre où il est très difficile de réussir sa vie sans être marginalisé par les bien-pensants, pour n'avoir jamais à nous remettre en question et ainsi renier des gens qui nous sont chers mais nous font honte. Au courage j'y ajoute la violence qui peut se révéler indispensable mais avec qui certains semblent entretenir un rapport quasi-phobique et développent un certain nombre de théories au rang desquelles il suffirait de supprimer l'armée pour qu'il n'y ait plus de guerre, par exemple.
L'anti-américanisme en est le plus bel exemple puisque cette nation nous renvoie immanquablement à ce que nous n'avons pas réussi à faire nous-même en nous libérant des Allemands. Et qu'on ne vienne pas me parler du capitalisme responsable de tous les maux sur Terre ou encore du fait qu' Oussama Ben Laden est une victime représentante des souffrances du monde arabe, merci.
Qu'en pensez-vous?
Selon vous, comment sortir de ce carcan masochiste si ce n'est en jugeant nos pairs?