En matière de sondage il y a au moins un résultat qui saute aux yeux c'est que la pratique démocratique et la pratique des jeux en ligne ça fait pas bon ménage
Je voudrais déjà revenir sur un point sur lequel tout le monde s'étripe à longueur de pages : le sondage Ipsos sur les motivations du vote non.
En regardant précisément on voit que le total des réponses excède les 100 % donc il était possible de répondre à plusieurs propositions. Le total des réponses étant un chiffre ne tombant pas rond, il est facile de comprendre qu'il était possible à toute personne sondée de répondre de manière multiple sans limite de nombre à ses motivation. Enfin last but not least, je ferais juste remarquer qu'une seule des réponses possibles faisait référence à une position émise sur le texte de traité constitutionnel contre 7 visant complètement à côté.
En gros si 1 sondé répondait à 6 possibilité tapant à côté et 1 sondé répondait à la seule possibilité en rapport avec le traité (et donc le vote) ; le premier pesait plus lourd en chiffre que le second.
Voilà c'était juste pour dire que vous vous étripez sur des sondages et comme chacun le sait mais le met de côté quand ça l'arrange les sondages ne valent rien et on ne gouverne pas, ni l'analyse un résultat avec des sondages. Car si les chiffres des sondages sont généralement assez proches de la réalité c'est leur conception qui fait qu'on peut leur faire dire ce qu'on veut.
Je précise en outre un point qui me semble important. Ce sondage Ipsos n'est pas fait pour analyser le vote de Dimanche mais pour rattraper le coup d'une classe politique extrêmement mise à mal par le vote des français (et je précise tous bords confondus pour pas qu'il y ait d'ambiguïté). Les français ont voté non contre les recommandations des leaders politiques, il s'agit maintenant de trouver la pirouette qui va expliquer que si ils ont voté non, ils ne l'ont pas fait contre ses recommandations mais pour autre chose (le rejet de la situation économique interne). Voilà nous sommes de plein pied dans la manière dont aujourd'hui il convient de faire de la politique. C'est pas pour autant que doivent se permettre de sourire les extrémistes et autres agitateurs professionnels, ils pourraient le faire si ils avaient une vraie représentativité ce qui est loin d'être le cas.
L'autre thread ayant été fermé je reprend donc un élément qui y était présent et qui engagerait quand même à un peu lire les interventions avant de poster :
Environ de 60% des Allemands sont pour la constitution, mauvais exemple. Ca a était répété hier... Le parlement etait une formalité pour eux, afin d'eviter de s'embarasser d'un référendum inutile.
Le référendum à l'échelle nationale n'existe pas dans la constitution allemande. Est ce du Chinois ?
La remarque est la même pour ceux qui s'interrogent sur la possibilité d'un référendum organisé dans chaque pays de la communauté pour offrir une comparaison valide. Tous les pays communautaires n'ont pas le référendum populaire inscrit dans leur constitution. Chez certains (comme nous) il a le pouvoir de ratification, chez d'autres il a un simple pouvoir consultatif (Espagne, Pays bas) et chez d'autres encore il n'existe tout simplement pas. Evoquer la possibilité de mettre cela en place impliquerait que Bruxelles fasse passer une directive organisant les institutions des pays membres => la bonne blague.
Publié par Seiyar
Donc voila ma question, n'avez vous pas eu l'impression que les débats précédants ce référendum ne débattaient pas de la bonne question ?
C'est la façon dont les politiques français abordent l'Europe depuis très longtemps et ce quel que soit leur bord politique. L'Europe c'est ce qui nous empêche d'aborder sereinement les vraies réponses à vos vraies difficultés. Regardes dans l'ensemble comment les agriculteurs français orientent leur vote à chaque consultation européenne, regardes ce qu'ils doivent à la PAC et essayes de comprendre les raisons objectives qui les poussent à voter dans ce sens.
Maintenant tout n'est pas identique dans cette tendance générale. On a pas mal comparé le vote de Dimanche avec celui instaurant Masstricht. Une participation équivalente et pourtant des résultats opposés. La différence tient pour moi, non pas à la manière de rendre compréhensible le sens du vote mais aux hommes aux pouvoirs. Pour Masstricht était au pouvoir un européen convaincu, dont personne ne se serait permis de remettre en cause l'attachement à la construction européenne. A ce moment là aussi, la situation intérieure n'était pas terrible terrible et à ce moment aussi le déficit d'explications a été important. Mais quand un européen convaincu appelait à voter oui il y a eu une sorte de pacte de confiance entre la population et les idées d'un homme que cette population savait sincère. Aujourd'hui, Chirac a fait exactement la même chose sauf que lui il est convaincu de rien du tout tant que ça fait pas gagner les élections suivantes et il n'y a pas cette relation de confiance qui s'instaure entre un homme de convictions et la population.
Il est intéressant de constater que celui qui s'en tire le mieux c'est Bayrou ; qu'on l'aime ou qu'on l'aime pas ce n'est pas le problème, ce qui compte c'est que personne ne remettra en cause l'attachement européen de ce type.
Tu as raison de souligner que le vote a été tronqué et absolument pas à cause du fait que la politique intérieure à plombé le scrutin.
A droite Chirac qui a estimé pouvoir faire comme Mitterrand et faire voter les gens sur son engagement personnel envers l'Europe ; il en a jamais eu.
A gauche le PS qui fonde toute sa campagne sur la position de ses militants, les militants ont dit oui alors on défend le oui mais on explique pas.
En France les partis politiques et à plus large échelle les camps politiques commencent à avoir la sale manie de se croire faiseurs d'opinions au lieu d'être ce qu'il doivent être des catalyseurs d'opinions. Ils suivent exactement la même démarche que les syndicats qui se prennent pour ce qu'ils ne sont pas ; résultat les gens votent prétendument à côté ou s'organisent dans des structures politiques temporaires qui elles sont capables de catalyser ces opinions.