Je suis utopiste, je sais. Mais pour moi, un jeu de rôle, ça se fait avec des personnes qui y sont réceptives. Dans l'idéal, tout le monde devrait l'être dans un MMORPG (c'est un RPG, après tout). Dans la pratique, ce n'est évidemment pas le cas.
Si quelqu'un n'a rien à faire du jeu de rôle, ça ne sert à rien de lui prendre la tête avec. Autant passer son chemin et essayer ailleur.
C'est dans cette optique que je parle de PvP consensuel. A noter aussi que pour moi, le jeu de rôle n'est pas dépendant de la masse, bien au contraire ; plus on est en comité restreint, plus il est facile de s'entendre et de raconter une histoire commune.
C'est ma vision du jeu de rôle, qui va au-delà du "je joue avec un avatar de pixels". Je n'ai pas dit que c'était la meilleure, mais c'est celle qui me semble idéale.
Ce qui me fait bondir au plafond, ce sont les affirmations des autres qui disent "pas de jeu de rôle sans PvP, c'est pas possible, c'est pas plausible, etc". Et pourquoi cela ? Le PvP n'est qu'un outil pour faire du jeu de rôle, pas la condition sine qua non. Vous croyez peut-être que toutes les histoires tournent autour du "j'abats ma hache sur la tête de l'orc et j'en fais des confettis pour nain" ? Vous parlez de sentiment de peur, de frisson, que l'on a lorsqu'on sait le danger partout. J'ai joué aussi sur un serveur PvP, mais pour moi, ce n'était pas de la peur. C'était de la nervosité constante et je ne supportais pas cela. Chacun a ses propres sentiments, qui font qu'on ne ressent pas les choses de la même manière ; si des personnes qui aiment faire du jeu de rôle n'apprécient pas le mode "PvP", c'est qu'ils ont leurs raisons - et pas forcément à cause du préjugé bête et méchant à propos des Kevin et autres grief players.
Un autre problème de taille à propos du PvP, c'est que la rapidité d'action est primordiale. Si on ne réagit pas assez vite, il est facile de se retrouver à mordre de la poussière sans même avoir compris ce qu'il se passait. Or, dans un MMORPG, où la communication se fait par clavier interposé, réagir rapidement dans la peau de son personnage à une situation donnée n'est pas donnée à tout le monde. Nous ne sommes pas tous des dactylographes confirmés et exprimer une émotion ou encore dire rapidement quelque chose est souvent synonyme de mort assurée face à un joueur qui ne s'encombre pas de ce genre de choses.
C'est sûr, avec le PvP consensuel, il est difficile d'avoir des grandes batailles sur le pied levé. Maintenant, où ai-je dit que c'était le seul choix possible pour jouer un rôle ? J'ai juste dit que ce n'était pas un obstacle pour en faire, et que cela pouvait être un outil comme un autre.
Bien sûr que le monde a son importance, mais pour celui qui laisse son imagination vagabonder, ce ne sont que des outils pour pouvoir raconter son histoire. Il faut rester cohérent, c'est sûr, pour ne pas risquer un refus des autres de s'impliquer dedans - pire encore, d'être ignoré purement et simplement. Si je vais gambader en plein territoire de la Horde sous le nez d'une bande d'orks en maraude, c'est clair que je ne dois pas m'étonner s'ils décident de m'étriper aussi sec. Ceci dit, cela ne veut pas dire que je ne peux pas tenter de leur donner quelques fleurs pour les amadouer...
Pour moi, un bon rôliste est quelqu'un qui accepte de jouer aussi en fonction des réactions des autres. Si quelqu'un refuse parce qu'il déteste perdre, soit vous vous accrochez et vous cherchez un compromis, soit vous laissez tomber. C'est pour cette raison que je considère le PvP consensuel comme n'étant pas un obstacle au jeu de rôle ; car, de toute manière, il faudra bien que la personne en face reconnaisse le vôtre si vous voulez vraiment que votre histoire soit valable. Si elle vous ignore superbement - et ce n'est pas parce qu'on peut tuer son avatar qu'on peut pour autant la forcer à reconnaître votre existence -, vous aurez beau faire tout ce que vous voulez, elle ne vous estimera pas plus pour autant.