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Revendiqué par les objecteurs de conscience pendant la guerre d'Algérie, par les femmes réclamant le droit à l'avortement ou encore les paysans du Larzac opposés à l'extension d'un camp militaire dans les années 1970, le droit à la "désobéissance civile" est en passe de devenir un principe d'action politique.
Poursuivi pour avoir arraché des épis de maïs transgénique en Haute-Garonne en juillet, le député (Verts) de Gironde, Noël Mamère, a prévu de récidiver, samedi 25 septembre, à La Puye (Vienne) au sein d'un groupe de "faucheurs volontaires", formé d'élus Verts, dont la sénatrice Marie-Christine Blandin, les députés européens Gérard Onesta et Alain Lipietz, et de militants anti-OGM, autour de José Bové. Par ailleurs, le maire de Bègles, suspendu de ses fonctions pendant un mois pour avoir célébré le 5 juin le mariage de deux homosexuels, avait indiqué qu'il pourrait recommencer, si la justice déclarait illégale une telle union, toujours "au nom de la désobéissance civile".
Le député de Gironde, comme M. Bové, expliquent que les actes de désobéissance ne sont pas "gratuits" et répondent à certains critères. "Celui qui désobéit le fait à titre personnel, mobilisé dans un collectif, sans chercher à se soustraire aux sanctions. Il agit de façon non violente, au grand jour, et en dernier recours", précise M. Bové. "C'est seulement dans ces conditions qu'il est légitime d'enfreindre la loi quand celle-ci contredit des principes fondamentaux du droit", renchérit M. Mamère.
De la même manière, le président de l'UDF, François Bayrou, reconnaît, en se plaçant "sur un plan philosophique", que "lorsqu'un droit supérieur est bafoué par une loi, il est légitime que des consciences individuelles se refusent à obéir". "C'est un débat aussi vieux que la pensée politique, depuis qu'Antigone s'est opposée à son oncle Créon", indique-t-il, en précisant que cela ne vaut pas pour "les actions portant atteinte à la liberté des autres".
"En temps que gaulliste, je m'insurge", avait déclaré Dominique de Villepin, à la suite du mariage de Bègles. "La désobéissance civile, c'est la réaction d'hommes qui (...), face au totalitarisme, décident de prendre, au péril de leur vie, des décisions contre la loi", expliquait le ministre de l'intérieur, le 20 juin sur RTL.
Au Parti socialiste, officiellement "solidaire", comme les autres partis de gauche, avec les "faucheurs volontaires", les réserves sont importantes. Porte-parole du PS, Julien Dray estime que "c'est aux élus de donner l'exemple et de respecter la loi".
"La désobéissance doit aussi s'étendre au terrain social", explique pour sa part Olivier Besancenot, le porte-parole de la LCR, en espérant que ce mode d'action "renouvelle les pratiques militantes". "Elle n'est pas une fin en soi, mais un outil politique face à un gouvernement illégitime", affirme M. Besancenot. Lors de l'université d'été de la Ligue, il avait appelé la gauche à "entrer en résistance" pour "protéger les emplois"
Article complet du Monde.
Nous glorifions ceux qui, dans le passé, ce sont élevé contre une loi ou un gouvernement injuste. Les résistants, les révolutionnaires, Gandhi, Martin Luther King sont des figures sacralisées, des héros de notre histoire. La désobéissance, à plus forte raison pacifique, même face à une démocratie, est une valeur que nous glorifions. A posteriori.
Que penser, aujourd'hui, de ceux qui utilisent ce moyen ?
Doit-on les condamner, au titre que nous sommes dans une démocratie, que nous possédons d'autres instruments pour défendre notre point de vue, que nous ne pouvons cautionner le non respect des lois présentes pour protéger notre société et ceux qui la constitue ?
Ou bien sommes nous en lutte, subissant le dictât grave de personnes non-élues (parlement national et européen gangréné par les lobbys, avec par exemple l'abandon de la directive Reach face au Cecif*) sur des points vitaux ?
En une phrase, est-il légitime d'appeler à la résistance en cette Europe 2004 ?
*Une directive européenne visant à lister les différents produits chimiques utilisés sur nos territoires, et à estimer leur dangerosité, destinée à éviter maladies et décès et à économiser plusieurs dizaines de milliards d'euros en frais sanitaires à venir. Directive enterrée suite à un intense lobbying de l'industrie chimique.
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