Réminiscences de parties d'UT endiablées...
Sur un
riff de hard rock bien saturé, les conduits auditifs emplis par les échos de lointains tirs de roquettes, à moins que ce fut le "sploch" hilarant des viscères d'un quelconque crétin ayant eu la très mauvaise idée de se mettre entre le mur et les roquettes en question, envahi par une étrange jubilation sanguinaire à chaque commentaire salace suivant immédiatement chaque
kill (une avancée majeure dans le monde du jeu vidéo), il faut bien l'avouer, quel pied je prenais.
J'aimais. J'adorais. La jouissance consécutive à chaque frag reste pour moi comme une sorte d''
Eden du jeu par rapport auquel toute tentative récente sonne comme un faible echo, assourdi et maladif.
Etrangement, je n'ai jamais vraiment accroché aux jeu de guerre. Le souci de produire une reconstitution réaliste des faits nuit empêche sans doute la surenchère dans le sanglant. D'où la panne de jouissance. Il y a sans doute un autre plaisir, un autre ticket à prendre, pour un autre voyage : je reste à quai, les livres me suffisent.
Condamner les jeux de guerre "récents" tout en absolvant les autres formes de barbarie (qu'elles se situent dans l'imaginaire ou dans un passé suffisamment lointain pour être politiquement correct) me semble assez amusant. L'attention portée aux éventuels traumatismes d'acteurs de ces conflits encore vivants ("Imagine si ton père, vétéran de la guerre d'Algérie, te vois jouer...") est touchante, mais une condamnation doit être globale ou ne pas être. Il faut un peu de cohérence, un peu d'universalité. Sans doute y a-t-il place pour quelques aménagements de détail, pour ne pas sombrer dans le dogmatisme idéologique, mais l'essentiel demeure : La représentation via les jeux vidéos de l'activité "guerre" est-elle moralement condamnable ?
Agis toujours en sorte que la maxime de ton acte puisse être érigée en loi universelle, hein.
Comme l'ont dit d'autres, une fricassée d'elfes immaculés sous les haches orques (à moins que ce ne soit les misérables orques qui aient été frîts par les puissantes magies elfes ?) ne vaut pas mieux qu'un jour le plus long sur les plages normandes. Simplement, il y a une stratégie de représentation différente. Du sang ou pas. Des entrailles qui font splotchs ou pas.
Tonton Sigmund, analysant la grande déconvenue morale ayant suivi la première grande boucherie du XXème siècle, en déduit que l'homme soit disant moderne n'était que très superficiellement civilisé. Ce vernis de pondération, de responsabilité et d'élévation éthique fondait comme fufu luri au soleil d'Emain une fois cet homme au milieu du feu, du fer et du sang.
Cro-Magnon, massue et peau de bête en série, sous le costard. (c.f. l'excellent clip de DO THE EVOLUTION, de Pearl Jam. Hilarant. Jouissif, là encore. Mais pas dans la condamnation : bien plutôt dans la masturbation devant miroir

).
Certaines personnes (dont l'auteur du post initial) ont certainement atteint un niveau d'évolution morale tel qu'ils se trouvent hors de portée des sombres pulsions rugissant du fond des cavernes de l'inconscient. Moi non. J'attends avec impatience la prochaine boucherie qui me permettra d'étancher mes désirs sanglants les plus primaires.
Je me hâte de préciser que j'estime d'autre part conserver un niveau de vigilance morale et critique intact. Que j'entretiens avec soin la limite entre réel et pas réel. Que je ne suis pas une métempsychose de S.S. rêvant de transformer son quartier en un nouveau Dachau.
L'autre partie du post initial est bien plus préoccupante. Le fait que ce genre de jeu marche bien et donc obstrue l'horizon imaginaire du jeu vidéo a de quoi agacer.
Mais même analyse avec les schémas issus de l'héroïc fantasy (ou des clichés SF les plus éculés).