Publié par
Caniveau Royal
Dans une étape, entre le départ et l'arrivée il y a 180 kilomètres.
Durant celle-ci, les sprints intermédiaires et les points aux sommets génèrent des temps forts.
Mais hors ces moments-là, la course semble faite d'une échappée stabilisée, d'un ou plusieurs autres groupes et du peloton, sans qu'il semble y avoir d'action. Cela durant une petite moitié de la course, tout cumulé. Mais connaissant mes connaissances, je me dis que c'est sûrement une illusion.
Que se passe t-il quand durant trente kilomètres ou plus les choses semblent à l'étal ? Quand les commentateurs se bornent à des : "
Ils roulent" ?
1) Les équipes dans le peloton cherchent-elles à mettre quelque-chose en place, pour provoquer un évènement plus tard, et comment s'y prennent-elles ?
2) Des équipes différentes peuvent-elles durant cette période discuter d'alliances temporaires avec d'autres équipes en vue d'en contrer une autre ? Et dans ce cas-là, que voit-on dans le peloton qui annonce cela ?
3) Avez-vous en mémoire des moments où l'on a vu les équipes dans le peloton faire des choses singulières ou subtiles qui ont changé une course d'une manière que je comprends mieux ce qui peut s'y passer d'important (hors le moment final en fin de course où le peloton cherche à rattraper l'échappée) ?
4) Quelle manœuvres combatives voit-on dans un peloton ? - Varier la vitesse pour mettre en difficulté une échappée avant le moment où elle s'y attend ?
- Chercher à exposer aux éléments des coureurs adverses afin qu'ils subissent pluie et vent plus fort sur le parcours ?
- Mettre des coureurs en obstruction d'autres ?
Que faut-il observer quand il semble ne rien se produire ? Quels sont les mouvements de fond qu'il faut rechercher ?
J'ai roulé dans une des meilleures équipes qui forme les jeunes de mes 12 à mes 18 ans, donc je vais essayer de te répondre, (même si ca commence à dater, les bases sont restées les mêmes)...
1) Pendant les moments "creux", plusieurs choses sont mises en place :
- Feedback des sensations de chacun, voir si le ou les "leaders" ou lieutenants sont en forme, voir si on se tiens sur la stratégie de départ. revoir cette stratégie selon les évènements de la course (échappée, méforme d'un leader, etc...).
- On ravitaille un max, bidons, barres énergétiques, etc... on reprend quelques forces (on dois toujours pédaler, mais bien planqué dans le peloton sans faire d'efforts on peu reprendre quelques forces).
- Selon le déroulement de la course, trouver une éventuelle alliance avec une autre équipe pour rattraper une échappée par exemple.
- On profite du paysage et on papote avec les potes

Comme vous le voyez, les temps vraiment morts sont rares sur une étape/course, donc quand c'est zen, papoter avec ses équipiers ou potes d'une équipe rivale ca fait du bien.
2) Oui, comme expliqué avant, mais bien entendu, avec les oreillettes maintenant, tout se fait avec l'aval du DS (Directeur Sportif). Les initiatives personnelles ne sont pas interdites, mais faut pas se planter sinon bonjour l'engueulade après la course
3) Le meilleur exemple pour moi reste les "bordures" sur les étapes du Tour de France (même si elles sont pratiquées partout ou il y a de longs kilomètres de plaines et un vent fort).
Je te fais un dessin pourri pour t'expliquer le système de bordures...
En gros :
- La zone jaune, ce sont les plus costauds, ils tirent du braquet et se ramassent tout le vent à 3/4 face. C'est crevant et généralement ils ne peuvent pas assumer de relais bien longtemps.
- La zone verte, ou zone de "confort", cette zone est protégée du vent, se situent ici soit ceux qui se sont laissé décrocher de la zone jaune pour reprendre quelques forces "à l'abris" avant d'aller refaire un relais le vent dans les dents, soit les coureurs qui sont trop juste pour assumer ces relais.
- La zone rose, ici on a les coureurs qui sont à la limite, ils sont à fond et peinent à suivre le train, si il décrochent ne fusse que d'un mètre, c'est fini pour eux car ils ne seront plus à l'abris du vent et se feront larguer irrémédiablement.
Donc le principe est qu'une équipe (ou une alliance) mette ses meilleur rouleurs à fond, pour créer une bordure de la sorte, afin de piéger des favoris esseulés ou mauvais rouleurs dans ce genre de condition de course.
J'espère que tu as compris le principe d'une bordure, qui pour moi est le meilleur exemple des "ravages" que peuvent faire une équipe ou une alliance en tirant profit de conditions climatiques et environnementales favorables.
4) Ca rejoint ta question 3.
En gros, il existe plein de stratégies pour emmerder un leader/équipe adverse.
Par exemple, si dans une échappée il y a un coureur de l'équipe Lotto, derrière, dans le peloton, des coureurs Lotto vont s'insérer en tête de peloton, non pas pour prendre des relais, mais pour casser la mécanique des relais, ils vont couper leur effort au moment du relais, ce qui fera perdre quelques secondes au peloton, afin de donner plus de chances de victoire à leur coureur échappé.
Coller un lieutenant au cul d'un leader adverse (meilleur exemple = Richie Porte sur Quintana) qui va faire office de porte bagage et contrer toutes ses tentatives d'attaque. Il aura aussi pour mission de "jauger" l'état de forme du leader adverse.
Etc..., ya des dizaines de possibilités tactiques.
Voilà, j'espère t'avoir un peu éclairé