Et je t'invite cordialement à appuyer ton raisonnement par des éléments constitutionnels plus précis que "instabilité de l'état" ou "dilution des pouvoirs". Au final c'est symptomatique, que savons nous des institutions de la IIIe République ? Pas grand chose pour la plupart, même en droit constitutionnel ce n'est pas vraiment étudié en détail (en tout cas pas rapidement).
Pourtant ce système était loin de n'avoir que des défauts. Si il a été jeté à la poubelle après la Libération, c'est parce que les gens l'associaient à la défaite (ça c'est pour la raison du résultat du référendum), mais surtout parce que cette République s'est discréditée définitivement en accordant les pleins pouvoirs à Pétain, et donc en se suicidant constitutionnellement. Les Français voulaient faire table rase du passé, ce fut donc chose faite avec la IVe. Pourtant, ces deux systèmes ont vraiment très peu en commun, à part le fait d'avoir un Président de la République au rôle protocolaire et élu au suffrage universel indirect pour 7 ans.
On a beaucoup reproché à la IIIe République d'être une république de notables, de part ses élections législatives au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Si vous ne savez pas tout de suite ce que ça veut dire, on va dire simplement que c'est le même mode de scrutin qu'actuellement. République de notables donc, parce que favorisant les candidats ayant une assise locale (ce qui fit la gloire du Parti Radical) avant une logique de parti, que favoriserait un scrutin de liste. Bien entendu on parle d'un temps où l'organisation des partis et les moyens de communication étaient sans commune mesure avec ce qu'on a aujourd'hui, ce qui implique que les mêmes causes ne produiraient pas les mêmes effets. Ce qui a causé une certaine instabilité ministérielle (qui est à relativiser, quand on parle d'instabilité en France on pense plus à la IVe), c'est justement le rôle du Parti Radical, parti de notables sans vraie vision d'ensemble, si ce n'est un anticléricalisme farouche. Parti centriste par définition, il s'agissait du pivot de chaque coalition, puisqu'il est très vite devenu impossible de gouverner sans son soutien, et c'est ce rôle de pivot qui renversait les gouvernements, puisqu'il suffisait que le groupe parlementaire décide de quitter la coalition pour provoquer sa chute.
Bref, si ce régime a des défauts, c'est surtout d'avoir été établi à la hâte, dans l'espoir d'une restauration monarchique, et donc avec des institutions devant permettre cette transition. Le Comte de Chambord ayant décidé d'être têtu, la République perdura et s'imposa, avec des institutions du coup peu adaptées au premier abord, mais assez légèrement définies (seulement 34 articles, cette constitution a été l'une des plus courtes, si ce n'est la plus courte, de notre - riche - histoire institutionnelle) pour permettre un peu de souplesse dans l'interprétation de l'esprit des lois constitutionnelles.
Bref, à la question est-ce qu'une restauration de ce régime aujourd'hui serait bénéfique ou non, je ne saurais y répondre comme ça. Ce qui est certain, c'est qu'on ne verrait pas de dérive autoritaire de la part de l'exécutif comme on en voit aujourd'hui.
|