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Chapitre II : Missions
Au delà du mur.
Comme chaque matin, il se lève aux aurores. Vêtu d’une tenue des plus simples, des poids ceinturant ses chevilles et ses poignets, il se lance dans ses exercices afin de parfaire sa bonne condition physique. C’est bien ce qui prime chez un guerrier comme lui. Mais il ne néglige pas non plus l’apprentissage de nouvelles techniques de combat ou encore le maniement de l’épée…
Il est à peu près neuf heures lorsque, sur ce qui reste de la place d’Ascalon, retentit le son du cor, appelant chaque combattant à venir se présenter immédiatement, ainsi que les gardes non mobilisés pour la journée. Notre guerrier n’est pas du tout surpris. Ce n’est pas la première fois que de tels rassemblements ont lieu. Il se demande juste avec qui il va se retrouver et surtout quelle sera la mission à exécuter cette fois.
Sans se presser, il rejoint la place d’Ascalon, en ayant pris soin de passer sa nouvelle armure et de s'être muni de son épée fétiche. De nombreux combattants sont déjà rassemblés à l’endroit prévu et il est difficile de distinguer qui est qui dans cette foule…
Lentement il s’approche de la personne chargée de former les groupes et décline son identité ainsi que la profession dans laquelle il excelle.
Ceci fait il s’en va à la rencontre d’un ou deux amis discutant déjà de leur nouvelle affectation. L’un a été désigné pour mener à bien une mission de reconnaissance en territoire ennemi avec un petit groupe de rôdeurs, l’autre devra escorter un mage puissant jusqu’au fort Ranik. Ce sont là deux missions fort importantes ! Lui, ne reçoit jamais que des missions sans grand intérêt. Il n’a jamais l’occasion de prouver sa valeur…
- « Bruno… Bruno…euh…le guerrier ! Approchez-vous s’il vous plaît. Allons dépêchons ! » crie le capitaine en charge de la formation des équipes.
Notre guerrier s’approche du capitaine pour découvrir son ordre de mission et les combattants qui seront à ses côtés !
- « Votre mission est simple, vous devez vous rendre à l’est. Au-delà des remparts il existe un ancien campement qui subit de nombreuses attaques chaque jour. Un livre se trouve dans ce campement. Nous en avons impérativement besoin ! Ramenez-le nous en bon état, cela va de soi… Vous serez quatre pour cette mission. Marius vous prendrez la tête du groupe. Ne traînez pas ! C’est tout… »
Sans tarder ils se mettent tous les quatre en route pour leur destination, Marius ouvrant la marche, Bruno la fermant. Le trajet promet d’être assez long. Quelques heures de marche…
- Et tout cela pour un maudit bouquin ! Pourquoi c’est toujours à moi que l’on confie ces missions ridicules… Et pourquoi ne suis-je jamais le meneur du groupe ?! songe Bruno en observant ses compagnons de voyage.
Marius, un archer de grande classe caracole en tête. Son air supérieur et son rôle de chef font de lui un personnage peu sympathique mais sûrement d’une grande expérience.
Juste derrière lui se trouve ce qui semble être un mage. Il tient un grand bâton surmonté d’une pierre bleue dans ses mains, mais il n’a pas l’ait très rassuré par le paysage qui l’entoure.
Marchant légèrement en retrait, une femme d’une telle noirceur (à n’en pas douter une nécromancienne) lui adresse un petit signe de la tête et l’invite à marcher à ses côtés.
Bruno s’empresse d’accepter l’invitation. Bien qu’il soit d’un naturel râleur, il aime cependant se faire des nouveaux amis, partager ses connaissances et surtout ses tactiques de combat !
Le chemin pour arriver jusqu’au camp n’est pas très difficile à suivre, et si le décor n’était pas si désolant, ça aurait pu être une promenade agréable ! L’atmosphère, pourtant, n’est pas à la détente. Chaque membre du petit groupe reste sur ses gardes et est à l’affût du moindre signe qui entraînerait un combat inévitable…
Après quelques heures de marche, les voilà enfin en vue du campement. Tout semble calme. Marius, vigilant, envoie d’abord Bruno en éclaireur, afin de vérifier qu’il ne s’agit pas d’un guet-apens. Notre guerrier s’avance donc prudemment et constate effectivement que les gardes sont en faction et qu’au sein du campement règne une activité qui semble normale.
Il fait un signe à ses compagnons de s’approcher et pénètre dans le campement…
Bruno contemple la désolation qui règne dans le campement. Les tentes sont déchirées… Des armes traînent à même le sol… Les gardes ont leurs armures tachées de sang… Plusieurs hommes sont assis par terre, le regard vide, la tête fatiguée… Il est clair qu’ils ont encore dû subir une attaque récemment. La suivante sera peut-être la dernière…
Derrière lui, ses trois compagnons pénètrent également dans le campement et sont frappés de stupeur à leur tour !
Un homme, le chef du campement sans doute, vient à leur rencontre et leur désigne une petite tente encore debout : « Venez je vous attendais depuis hier. Vous êtes sûrement venus d’Ascalon pour prendre le Livre. Il vous faut vous dépêcher ! Le campement risque de subir une nouvelle attaque à tout moment ! »
Suivi de notre petit groupe, il pénètre dans la tente, ouvre un coffre et en ressort un objet enveloppé d’une couverture. Il déplie celle-ci et fait apparaître un magnifique livre blanc aux motifs argentés. Sur la couverture est écrit en lettres rouges « Livre des Nations ».
- « Voilà donc pourquoi nous avons fait tout ce chemin,. Un banal bouquin… Je parie qu’il ne contient rien d’intéressant » dit Bruno d’une voix arrogante.
- « Silence Bruno ! Ce n’est pas notre problème, on effectue la mission un point c’est tout. » enchaîne Marius.
- « Sachez , monsieur muscle, que ce bouquin est nettement plus précieux que votre vie, alors si vous deviez mourir pour ne pas qu’il tombe aux mains d’ennemis, ce serait un énorme privilège… » déclare le chef du camp irrité, en remballant le livre dans la couverture, avant de rajouter : « Prenez-le et partez tout de suite ! Pas le temps de vous reposer ! »
Marius saisit le livre, remercia le chef de camp et fit signe aux autres de le suivre.
Mais lorsqu’il sort de la tente, il se fait bousculer par un garde courant à toute allure. Dans le camp c’est la panique ! Les gardes crient de toute part pour préparer un semblant de défense. Les charrs ont décidés de porter une nouvelle attaque et bien qu’ils soient inférieurs en nombre cela risque de tourner à leur avantage !
- « Il faut les aider ! Tous avec moi ! » crie Bruno tout en dégainant son épée.
- « Non Partez !!! Le livre ne doit pas être découvert ! Prenez le chemin qui descend dans le canyon, pendant ce temps-là nous essayerons de les contenir ! Adieu… et merci ! » hurle le chef de camp.
Marius se met dès lors à courir sur la pente du canyon, suivit de près par un Bruno, dépité par cet ordre, et les autres, essayant de visualiser un chemin qui les mèneront vers la sortie du canyon sans encombre.
Après une heure de course infernale et presque parvenus à la sortie du canyon, ils décident enfin de ralentir le pas et de poursuivre plus calmement…
C’est la tête basse, songeant aux derniers évènements et au campement qui ne doit sûrement plus exister à l’heure actuelle que nos quatre combattants poursuivent leur chemin…
Enfin, deux heures plus tard, les voilà en vue du mur. Et même si Ascalon n’est plus ce qu’elle était, rentrer chez soi réchauffe toujours le cœur et donne un regain d’assurance.
Hélas c’est toujours dans ces moments-là que la vigilance diminue et en voulant contourner une colline assez escarpée, ils tombent sur trois charrs leur bloquant la route.
Loin d’être impressionné par ces immondes créatures, Marius leur ordonne à tous de se préparer au combat. Il bande son arc, sort une flèche de son carquois, prononce une formule magique et la flèche s’enflamme. Il tire sa flèche qui vient se planter droit dans le torse d’un charr. Ce dernier commence à s’embraser sans comprendre que ce n’est pas du feu naturel.
Bruno dégaine son épée, ajuste son bouclier à la bonne hauteur et fonce droit sur un des autres chars. Ce dernier l’attend de pied ferme, une hache à la main. Le choc est rude, la hache vient fracasser son bouclier tandis que son épée se plante dans le bras gauche de l’ennemi. Lorsqu’il la retire pour frapper la tête de la bête le sang coule à flot. Le coup atteint son but et elle s’écroule au sol, folle de douleur, la moitié du visage arrachée…
La nécromancienne ne se pose pas de question et entame un rituel visant le dernier charr.
Les yeux révulsés, elle désigne la bête de ses mains. Aussitôt un halo de couleur rouge vient entourer sa cible et semble le vider de son énergie vitale. Ce dernier, semblant souffrir énormément, devient fou de rage et se met à courir en direction de notre lanceuse de sort. Il n’a pas fait deux mètres qu’une flèche vient se planter entre ses deux yeux. C’en est fini pour lui…
Bruno, les yeux brûlants de colère, enfonce son épée dans le charr se tortillant à terre avant de se ruer sur la torche vivante et de l’achever également en criant toute sa rage… Voilà sa vengeance pour le campement détruit !
Après avoir nettoyé sa lame souillée par le sang, il s’approche du mage, resté inactif durant le combat et lui lance « On a peur de trois malheureux charrs ? Tu veux peut-être qu’on t’apprenne à te battre ? Ahahahaha »
Ce dernier, prit d’une sorte de transe ne lui répond que ceci : « Garde ta salive pour le combat, ce n’est pas fini, nous sommes en train de nous faire encercler. »
Les trois autres se mettent alors à regarder autour d’eux et peuvent constater qu’effectivement une vingtaine de charrs sont occupés à les encercler…
- « J’en compte sept sur le chemin devant ! » annonce Bruno.
- « Cinq derrière nous ! Quatre à ma gauche » renchérit Marius.
- « Six sur le rocher à droite !!! Ils vont nous sauter dessus. » déclare la nécromancienne.
- « Vite il faut établir une stratégie… ils ne doivent pas découvrir ce que nous transportons ! » ajouta le mage.
Les charrs se rapprochent de plus en plus alors que nos combattants, au coude à coude, cherchent à établir une stratégie…
Enfin, Marius parvient à la conclusion qu’il sera impossible de tous en réchapper…
- « Bon écoutez-moi ! Jamais nous ne parviendrons à tous les contenir. Bruno, tu vas prendre le livre et courir jusqu’aux portes de la ville. C’est toi qui a la meilleure condition physique… la nécromancienne t’accompagnera pour surveiller tes arrières… Quand à nous, nous ferons diversion ! »
- « Mais… Jamais vous ne réussirez à les contenir tous Marius ! C’est de la folie… du suicide ! Je veux combattre à vos côtés !!! » objecte Bruno.
- « Ecoute moi ! Chacun doit suivre son chemin ! Le vôtre est de vivre aujourd’hui… Partez et tâchez de rester en vie ! Tu deviendras quelqu’un de grand Bruno…. Maintenant, au signal, courez… et ne vous retournez pas… »
Bruno range son épée, place son bouclier devant lui, prend le livre de l’autre main et se prépare à piquer un sprint ! La nécromancienne à ses côtés, les yeux lumineux, prononce une formule magique, et aussitôt deux mort-vivants sortent du corps des charrs…
Marius prépare son arc, sort plusieurs flèches de son carquois et tend sa corde…
Le mage quand à lui se met à lancer un sort tout en brandissant son bâton vers le ciel. La sphère normalement bleue au bout de son bâton se met à virer vers le rouge. Un rouge ardent et lumineux…
Quelques secondes plus tard, ce sont des flammes qui jaillissent de son bâton et montent vers le ciel ! Les charrs d’abord étonnés s’immobilisent. Puis, ne voyant rien venir, continuent d’avancer… C’est à cet instant qu’une pluie de feu s’abat sur les sept charrs leur barrant la route devant. Profitant de la désorganisation de l’ennemi, souffrant énormément des flammes, nos deux sprinters s’élancent sur le chemin.
Marius, commence alors à tirer toutes ses flèches sur les charrs se trouvant sur le rocher, non sans jeter un coup d’œil à ses deux braves compagnons filant comme le vent vers le mur...
En quelques secondes cependant les autres charrs furent au contact, n’appréciant pas du tout la mort de leur frères. Le mage lance une attaque glaçante cette fois-ci sur les charrs se trouvant sur lui, puis entame le combat au bâton… Dans son dos, Marius sort son épée et combat férocement…
Bruno, les yeux humide, court comme un dératé en direction du mur. Il jette un dernier regard derrière, juste pour voir le mage tomber à terre, un charr lui brisant la nuque…
La nécromancienne coure à ses côtés, les deux morts-vivants la suivant de près.
- « Plus vite Bruno !!! Ils sont déjà à notre poursuite ! »
Enfin, après une course de plusieurs minutes, ils arrivent en vue de la porte !
Seulement, derrière eux, huit charrs sont sur le point de les rattraper !
Bruno hurle à s’éclater les poumons en direction de la porte !
Sur les remparts, les gardes ont entendu le cri. Rapidement ils comprennent la situation…
Bruno voit la porte s’ouvrir devant lui. Il se retourne pour encourager son amie mais constate que cette dernière s’est arrêtée et attend les charrs… Il revient sur ses pas l’attrape par le bras et la tire vers la porte. « Ce n’est pas le moment de jouer aux héros ! Viens ! On y est presque ! »
Les charrs, tel un rouleau compresseur, écrasent sans le moindre problème les deux morts-vivants leur faisant face… mais cela laisse suffisamment de temps à nos deux compères pour franchir la porte et pour que celle-ci se referme…
A bout de souffle, ils s’écroulent par terre, réalisant qu’ils viennent d’échapper à la mort mais qu’ils viennent également d’accomplir leur mission en y laissant deux combattants… deux braves…
- « Merci Bruno, si tu n’étais pas venu me chercher… je serais sûrement morte… Je te dois la vie… et je ne l’oublierai pas… Marzanaë n’oubliera pas ! »
- « Je ne voulais pas perdre une amie de plus ! La mort a frappée trop de fois aujourd’hui… » marmonna Bruno…
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