Fuller a dit que l'épisode 2 déchirerait sa race... texto
Et en effet, il "déchire sa race" !
C'est un spectacle magnifique poussant le macabre un peu plus loin encore ; si la série m'a souvent dégoûté ou dérangé (et ce sont de "bonnes" choses pour une telle série !), c'est la première fois qu'elle me met vraiment mal à l'aise au point d'en redouter la scène suivante, puis celle venant après. Ils ont vraiment ce don de tenir leurs promesses puisqu'ils réussissent à sublimer encore un peu plus la qualité de leur performance visuelle et de leur narration. Tant de choses surviennent pendant notre inattention, tant de promesses sont désavouées, et déjà la série renoue avec cet odieux frisson.
Saison 3, épisode 2 :
Durant l'épisode, je me disais à quel point il était audacieux et surprenant de laisser Abigail en vie, que cela révolutionnait la narration et me rendait une part de béatitude dans le triangle relationnel Abigail - Hannibal - Will. Et cette pensée positive est arrachée sur un fond de religion et de blasphème, ce blasphème s'entretenant du début à la fin et nouant l'estomac.
La scène qui m'a d'ailleurs mis "mal à l'aise" fut celle où l’œuvre de Hannibal prend vie dans l'imaginaire de Will ; des bois sortent de la carcasse et celle-ci se trouve une motricité. Il y a tant d'épouvante dans une si courte scène. J'ai toujours éprouvé beaucoup de passion pour le spectacle que confère l'imagination de Will portée à l'écran : cela nous a toujours donné un frisson, une peur atroce de ce qui est à l'intérieur de nous. Mais là déjà, dès le second épisode de cette saison, Will essaie de sonder l’œuvre de Hannibal et son inconscient est profané : la charogne qu'il dessine dans son esprit s'éveille et le menace à l'intérieur de lui-même. C'est de la somptueuse terreur.
Il est possible de sentir toute la passion des auteurs d'ailleurs quand ils proposent cette autre scène dans la nécropole : cela permet de revoir une nouvelle fois la force avec laquelle ils maîtrisent leur sujet et le clair-obscur qui prédomine tout leur travail. Ce jeu du chat et de la souris est tellement intense, d'autant qu'il est mis en perspective par la présence d'une tierce personne dans l'édifice, bientôt boutée à l'extérieur de l'arène pour que le jeu morbide se poursuive.
Croyez-vous d'ailleurs aux derniers mots prononcés par Will ? Ou ce dernier se met-il enfin à tisser sa toile à son tour dans l'inconscient de Hannibal, espérant peut-être ainsi façonner une faille dans son armure d'éther ?
Nous sommes donc repartis pour deux mois où chaque sortie de visionnage fait osciller le corps et l'esprit entre le beau et l'incroyable dégoût. J'ai la nausée, mais ce matin encore je la savoure. Et je vous en prie, ceux et celles n'ayant pas encore offert du temps à cette série, rejoignez-nous !
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