Si je te suis bien Mourning, tu concèdes que la régulation impacte le choix mais qu'au final l'individu dispose toujours du droit de choisir même si celui-ci est orienté conséquemment à cette régulation?
Tu as raison. On a pas un flingue sur la tempe quand il s'agit d'épargner ou d'investir.
Je vais donc te poser cette question: Concèdes tu également que la régulation est source d'inégalités des droits? Parce la régulation dans l'immobilier par exemple, ça se résume à la création de niches fiscales.
Choisir en régulation d'état plutôt qu'en auto régulation du marché est-il donc le même degré de choix? Ma réponse est simple: la niche fiscale est pire que l'auto régulation car elle est une inégalité des droits.
Je concède volontiers que
certaines régulations peuvent aboutir à des inégalités de droits. Je concède volontiers que la création de niches fiscales (et d'autres formes d'encouragements ciblés, comme les APL dans leur forme actuelle par exemple, avec les résultats qu'on connait) est
souvent, trop souvent une mauvaise solution, qui aboutit généralement à l'effet contraire de celui recherché.
Je ne vois pas pourquoi on devrait en faire une vérité universelle. Je ne vois pas en quoi ça démontre que la régulation est, par essence, mauvaise; cela ne fait que prouver qu'elle est souvent mal utilisée, mal pensée; ou au contraire, très bien pensée, mais pour des objectifs électoralistes, idéologiques, claniques ou d'enrichissement personnel, comme ces niches qui ont vocation à renforcer les inégalités (par exemple les niches fiscales type Copé et autres qui visent à réduire les impôts des plus aisés et ne démontrent aucun impact positif sur la croissance ou l'investissement).
Et je suis certain, absolument certain qu'en l'état actuel des choses, l'auto-régulation débridée du marché n'ira pas plus dans le sens d'une amélioration du sort des individus. Parce que (1) rien ne motive rationnellement une entité financière, dont le but premier est le profit * , à aller dans ce sens et (2) l'individu, et même le groupement d'individus ne peut pas faire jeu égal. Quand on voit que l'Etat, qui est justement une émanation du pouvoir collectif de ces individus, et dont l'objectif premier est (ou devrait être) leur défense, peine à les influencer, je ne vois pas comment on pourrait prétendre le contraire.
Note bien que je ne suis absolument pas contre l'entreprise : je suis créateur d'entreprise, et je rejoins en bonne partie l'analyse de Silgar et Jack; et je crois que les PME, l'innovation, la création de valeur intellectuelle et industrielle devraient être plus valorisées et soutenues (et pas spécialement financièrement, ou alors plus intelligemment : repenser le CIR pour arrêter de le refiler à des banques multinationales qui pipotent leurs dossiers par exemple).
Mais l'auto-régulation du marché, aujourd'hui, ne se fera certainement pas par les PME, mais par des structures purement financières, qui n'ont plus aucun rapport avec l'économie réelle (Prootch, sors de ce corps!) et qu'il est non seulement illusoire, mais surtout dangereux de leur abandonner les commandes par pur aveuglement idéologique.
* Je sais qu'il y a d'autres modèles, mais ils représentent actuellement peanuts en terme de poids. Peut-être qu'on pourrait les encourager, par des régulations par exemple ?