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Aujourd’hui est un jour spécial, mes calissons. Ce vendredi annonce mon dernier jour ouvré dans ma compagnie.
On va passer sur la mine contrite de mes collègues à l’idée de perdre un élément perturbateur indispensable dans la chaîne alimentaire de l’agence pour aborder ce qui est la substance de tous les films d’action mais présent que très rarement dans la vie : l’acte de courage. Bref avant-propos du geste obséquieux que je m’apprête à faire. Il y a, à l’angle de mon agence, niché en contrebas d’une avenue, un petit café dans lequel travail un petit mec qui sait manier la machine à café. Il est très mignon aussi, j’avoue. Bon, un nabot qui ne dépasse pas le 1,70 mètre sur la pointe des pieds, mais il a des yeux bleus amoureux et un sourire désarmant, et assez de cran pour porter des lunettes de vue. Comme je suis une bête d’habitude, je commence toujours la même chose, un mocha. Caféine et chocolat, à la fois énergisant et nourrissant, le meilleur des mondes, en somme. Et c’est toujours lui qui me le fait, en s’assurant de tracer un joli coeur au moment de verser le chocolat, sauf cette fois où il était à la caisse et annonce, comme s’il s’agissait d’une évidence « A mocha to go ? ». Décontenancé, j’ai simplement hoché de la tête, la bouche en coeur et les yeux légèrement embués par l’émotion, et je suis parti du café sur un petit nuage de papillons. C’est depuis lors que j’ai compris qu’il serait mon mari et que pour lui, j’avalerai. Bref, cette situation intenable aurait pu s’éterniser si je n’avais pas pris la décision de me relocaliser loin de Londres. Comme il ne m’arrive pas de rebattre les cartes de ma vie de manière intempestive, il est rare que je me lance dans l’écriture d’une lettre d’amour, pour oblitérer tout regret éventuel de non-action. D’un côté, je me dis que ça ne sert à rien de garder ça pour soi, et que moi aussi, j’aimerais recevoir une lettre d’amour de temps en temps. Ca ne m’est jamais arrivé. Malgré mon sex appeal indéniable et mon aisance de caractère, aucun homme n’a eu le cran de faire le premier pas, sans doute par timidité, je ne sais pas. Mais donc cette lettre, il faut qu’elle soit succinte, bien présentée, peu encombrante et attrayante. J’ai donc choisi de tourner ma lettre en une enveloppe feat. origami. Quatorze étapes, suivez le guide. C’est du plus bel effet, je recommande tout particulièrement, et je suis très fan de ce que je fais en général. Donc je glisse l’enveloppe dans la poche arrière de mon jean slim, et je me rends au café. Il n’est pas là, d’où la lettre. J’approche un de ses collègues et lui sert les quelques lignes que j’ai répétées pendant le trajet. J’apprends par la même occasion que le type s’appelle Tom, prénom que je n’aime pas particulièrement pour diverses raisons, mais passons. Je pourrais toujours le rebaptiser Brice, ou Manech. Je confis la lettre à son collègue, et sors. Le soleil ne brille alors que pour moi, et j’ai alors le sentiment que ma bravoure est apparente. Je ris aux éclats sans raison, de cette hilarité propre aux vainqueurs, je sautille dans la rue, je tournoie autour de chaque lampadaire en fredonnant Soak up the sun, bref, la grisance maximale. Et c’est là que je me suis demandé si ce sentiment d’extase ne vient pas du fait qu’on ne se surprend que rarement soi-même en accomplissant des actes de courage de ce type. Ca vous arrive à vous, de temps en temps ? Et je ne parle pas de laisser sa place dans le métro à une femme enceinte jusqu’aux molaires ou à une vieille croulante qui ne devrait pas s’éloigner de sa séance de tricot à l’heure de pointe, ça c’est juste se plier aux règles marécageusement maternantes de la société. Non, je veux parler du vrai courage, du culot, celui qui implique de faire des concessions, et de se faire humilier si l’on foire son coup. Résumé : Le courage est-il une oeuvre de fiction ou une manifestation quotidienne pour vous, bande de pleutres ? Dernière modification par Prudence ; 03/08/2012 à 16h01. |
03/08/2012, 15h55 |
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Témérité élémentaire
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J'ai pas lu.
Et t'es qui pour me traiter de pleutre? |
03/08/2012, 15h56 |
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Alpha & Oméga
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Le courage c'est ça !
Ah non, merde, c'était l'audace, ça. |
03/08/2012, 15h57 |
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#17574
Invité
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Message supprimé par son auteur.
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03/08/2012, 16h00 |
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#17574 |
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Le courage c'est dans les romances, tu sous entends que ça peut exister en vrai?
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03/08/2012, 16h04 |
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D'après toi tu as eu du courage ?
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03/08/2012, 16h04 |
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Ta conception du courage est juste LoL.
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03/08/2012, 16h12 |
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On t'as reconnu cryptique, tu es démasqué.
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03/08/2012, 16h16 |
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Dernière modification par Proto ; 23/04/2013 à 10h25. |
03/08/2012, 16h18 |
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T'aurait put aller sous le balcon de son hlm et joué un air de clavecin tout en lui déclarant ta flamme en alexandrin, le tout monté sur un canasson. Pff
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03/08/2012, 16h23 |
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03/08/2012, 16h32 |
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On peut aisement considerer Mimu comme un mec courageux pour avoir laissé un petit mot a la meuf du cinema alors.
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03/08/2012, 16h32 |
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03/08/2012, 16h35 |
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#249764
Invité
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Message supprimé par son auteur.
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03/08/2012, 16h38 |
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#249764 |
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03/08/2012, 16h43 |
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03/08/2012, 16h43 |
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03/08/2012, 16h44 |
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