C'est sensé être ironique?
Sans rire, vous trouvez vraiment ça amusant d'aborder des passants dans les rues? On est vraiment obliger de se taper cette phase de jeux longue et pénible?
Et pour info la question n'est pas ce qu'il me faut mais qu'est ce quivous plait la dedans?
Non, ce n'est pas du tout ironique.
De ce que je lis de tes réponses, le RP n'est tout simplement pas ta tasse de thé, peu importe dans quel sens on le prend.
Je n'ai pas de problème avec cela, chacun ses goûts, personne n'a à être jugé dessus, par contre, l'important n'est pas que tu comprennes le goût des autres, je crois, mais que tu trouves quelque chose qui correspond aux tiens... là dessus, toujours en te lisant, je te crois plus à même de t'éclater sur un PW action qu'un PW RP, c'est tout.
Maintenant, si tu y tiens, je vais t'expliquer ce qui me plaît là-dedans (à moi, hein, car je ne peux pas parler pour les autres): et bien tout simplement le fait de me sortir un peu de ma vie quotidienne en me mettant un peu (par le biais de l'imagination) dans la peau d'une autre personne.
Une personne moins banale, plus haute en couleur, capable de faire des choses dingues que je ne ferais jamais IRL, des choses qui me semblent amusantes à voir se dérouler parce qu'une autre partie de moi-même, qui reste bel et bien moi quelle que soit l'implication que je mets à m'imaginer dans la peau de ce personnage, à le recul nécessaire pour l'observer et en rire.
...... Je joue une acrobate saltimbanque blonde qui a tendance à trop vouloir en faire, je lui ai fondé une caractère qui expliquer cette tendance à aller trop loin, je m'imagine agir avec sa façon de penser et bien sûr, elle se rétame, voulant faire un triple saut périlleux alors qu'elle sait qu'elle sait très bien qu'elle le rate une fois sur deux... les autres personnages la regardent éberlués ou pouffent, et je m'émeut de cette jeune fille imaginaire qui à juste le tord d'avoir voulu donner un bon spectacle aux gens pour leur amener un peu de joie de vivre et devient le sujet des railleries tandis qu'une autre partie de moi pouffe avec les autres devant mon échec critique au jet d'acrobatie en me disant: "dieu qu'elle est cruche, décidément".
...... Je joue une dame noble jusqu'au bout des ongles, qui désire aider son royaume en servant de négociatrice entre des factions qui ne peuvent pas s'entendre, je lui ai fondé tout un caractère pour cela, et là aussi un passif expliquant une telle attitude, je m'imagine à sa place, ce qu'elle fait et comment et je la regarde devenir la cible de tous les cyriciens car elle brise leurs plans sans le savoir, ce que moi, bien sûr, je n'ignore pas. Une partie de moi sourit à l'idée qu'elle ignore que le gentilhomme qui l'invite à diner va sans doute empoisonner ses plats et m'émeut là encore du destin tragique d'une dame admirable qui a juste commis le crime de ne pas vivre dans un monde remplit de personnes bien attentionnées.
...... Je joue un expert en pièges qui gagne sa vie en se faisant payer pour organiser des morts "accidentelles". Là encore, toujours avec une histoire derrière pour expliquer son cynisme envers la valeur de la vie. Je me mets dans ses chaussures et m'amuse de voir avec quelle fausseté ils sourit amicalement aux gens qui ne sont pour lui en fait que des morceaux de viande portant des bourses bien remplies, je pondère en même temps sur le fait que la méchanceté d'une personne est souvent bien la seule résultante d'un passé douloureux ou de mauvaises circonstances quand je vois les autres personnages mettre accidentellement les pieds dans le plat de son passé qu'ils ignorent, renforçant encore sa cruauté intrinsèque et attendant avec impatience le moment où je leur ferais prendre conscience qu'ils ont forgé un vrai démon par leurs simples paroles.
Pendant tout cela, je ne pense pas aux emmerdes de mon travail IRL, aux dernières décisions politiques que je trouve navrantes, à la pauvreté dans le monde, à mes soucis sentimentaux ou que sais-je encore... je m'amuse de ces fausses vies toutes intéressantes à regarder et à interpréter ainsi que des surprises qui se révèlent chez les personnages des autres joueurs qui font comme moi... oh, la meilleure amie de mon personnage était en fait une vraie salope qui l'a trahi à la première occasion... oh, mon personnage reçoit en prison de l'aide de la seule personne qu'il croyait ne jamais venir.... surprise sur surprise sur ce qui semble être au départ une situation banale, qui a commencé par un simple "bonjour" banal prononcé envers un passant apparemment tout aussi banal dans une rue banale, simplement parce que rien est banal en vérité dans ce monde factice, bien au contraire de la vie réelle.
Et aussi, un autre intérêt de la chose est l'affrontement avec les autres joueurs, car je sais que le jeu est là, qu'il va y avoir tôt ou tard un moment où les emmerdes vont tomber sur mon propre personnage simplement parce que certains jouent forcément des personnages incompatibles avec le mien (je ne lui ai pas fondé un caractère haut en couleurs, fut-elles bien dissimulées, pour rien), et que la lutte commencera, pas aux réflexes et au doigté sur la souris comme à Counterstrike mais à l'imagination et à la qualité d'interprétation au clavier alors que je devrais sortir mon personnage de ses embrouilles sans enfreindre les limites qui lui son propres: ce qu'il sait, ce qu'il est et les restrictions imposées par le monde dans lequel il vit... C'est tout un art, et ce n'est pas plus facile que de faire un "headshot" avec un fusil de sniper.
C'est ce qui fait que c'est aussi amusant car bien sûr les joueurs en face essaieront de m'en empêcher... une simple discussion peut-être tout une bataille, même si ceux qui n'ont pas tous les éléments en main pensent qu'on ne parle que de choses banales en vérité.
Un bataille qui a commencé avec un simple "bonjour" banal... ce qui fait tout l'intérêt d'un tel "bonjour": le suspense de ne pas savoir quand les paroles banales commenceront à déclencher l'engrenage d'une situation bien plus complexe et problématique et d'une joute qui me poussera dans mes retranchements en terme d'imagination et d'astuce.
Tout se joue en coulisse, tout se joue derrière les masques et les portes closes... encore faut-il jouer un peu le jeu de la fausse banalité pour atteindre les dites coulisses, ce qui veut dire accepter de dire "bonjour" aux gens qui passent et se donner la peine d'avoir un personnage qui n'est banal qu'en apparence.
Les guerriers qui ne rêvent que de se taper une bonne scène de PvP, ont un caractère aussi banal que celui du joueur qui les contrôle, et ne voient pas l'intérêt d'essayer de sociabiliser avec les passants finissent bien sûr en revanche par se faire chier, parce qu'ils n'arrivent jamais sur la scène de ces combats-là.