Sarkozy vous semble-t-il crédible ?

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Mon avis et j'ai pas lu les autres contributions, je l'avoue. Sarkozy est un extrêmement bon manipulateur, là où Lepen tente de jouer avec les médias, Sarko est un véritable virtuose. J'avoue aussi qu'en tenant compte de ça j'ai aussi peur de lui que de Leoen ou d'un groupe d'extrême gauche.
Et les discours flirtant avec l'extrême droit Sarkozy en a fait, je me rappelle d'ailleurs un Sarkozyste à la radio qui se vantait que Sarko avait ramené des électeurs de l'extrême droit dans son parti.
On a quoi à l'heure actuelle? 4 mouvances qui joue sur la xénophobie à différents niveaux. Ça me rappelle 33, où la montée extrême droite n'était pas que Allemagne.

Mon discours est sûrement complètement décousu mais j'ai du mal à ordonné mes idées, je m'en excuse.
Citation :
Publié par MiaJong
Parce que pour le moment, AUCUN pro-Sarkozy n'a avancé d'argument sur ce topic, à part ChtitBulot.
Vu la qualité des débats en ce moment, je n'ai pas envie d'être le seul porte bannière dans la fosse aux lions.

Puis pour ne rien cacher de mes opinions personnelles, les débats politiques de Soir tournent toujours au lynchage... Et vu comment celui-ci est lancé, on risque d'y arriver très vite.
Personnellement, je pense qu'il n'a encore rien fait, vu que chirac est encore au commande, il ne fait que du vent pour se rendre intéressant, populaire, en vu des élections.

C'est si, il est élu qu'on verra, je pense, le vrai visage de sarkosy, le fils spirituel de chirac ? (immobilisme) ou alors un style différent de ce qu'on a eu depuis bien longtemps ?

Car pour l'instant ce n'est que de la démagogie.
Oui il est crédible , je voterai pour lui et j'espere bien qu'il passera.

Les gens lui reprochent d'avoir les dents longues et de l'ambitions certe... Mais je prefere quelqu'un qui affiche ses convictions et ses envies , au moins on sait a quoi sans tenir. Plutot que de voir une Segolene royal qui est aussi ambitieuse jouer la carte de la petite femme innocente qui se retrouve par hasard sur le devant de la scene et qui evite par tous les moyens de parler de son programme , quitte a rappé avec Diam's.....

Pour l'etude sociologie j'ai 20 ans , je suis en 2eme année de droit et je vis seul
Sarkozy avait pourtant un excellent fond de commerce, la rupture avec la Chiraquie, c'est à dire avec les pires moeurs en politique qu'on ait vu depuis longtemps: les affaires de détournement de fonds publics (tous les marchés d'Ile-de-France, lycées, ascenseurs, HLM ... ont été truqués à la belle époque). L'Etat lui-même a été complètement noyauté par tous les fidèles de la Chiraquie: procureurs, juges, préfets, journalistes, hauts fonctionnaires.
Bref, un vrai système mafieux.

Mais pour pouvoir être crédible sur le thème de la rupture, il aurait fallu qu'il se démarque et pas uniquement en paroles. Or il a tout de même participé à 4 ans de gouvernements chiraquiens, et finalement ses moeurs ne sont pas bcp plus claires. Sarko joue autant de la note de frais que ses amis du gouvernement; il reste à soutenir un gouvernement qui ne peut plus gouverner, juste par convenance personnelle; il multiplie les lois démagogiques et inutiles avant les élections. Son ambition semble être sa seule motivation, l'intérêt général passe loin derrière.

Donc pour moi Sarko a perdu toute crédibilité, c'est un Chirac de 30 ans plus jeune.

PS: on peut débattre sans se lyncher, mais le débat c'est aussi accepter la contradiction.
Citation :
Publié par Cepi Cure
Oui il est crédible , je voterai pour lui et j'espere bien qu'il passera.

Les gens lui reprochent d'avoir les dents longues et de l'ambitions certe... Mais je prefere quelqu'un qui affiche ses convictions et ses envies , au moins on sait a quoi sans tenir. Plutot que de voir une Segolene royal qui est aussi ambitieuse jouer la carte de la petite femme innocente qui se retrouve par hasard sur le devant de la scene et qui evite par tous les moyens de parler de son programme , quitte a rappé avec Diam's.....

Pour l'etude sociologie j'ai 20 ans , je suis en 2eme année de droit et je vis seul
Le programme de Sarko on le connait déjà depuis quelques années: retour du religieux dans la société, communautariser tout ce beau monde, discrimination positive pour faire rêver les pauvres minorités, immigration choisie utopique, programme économique ultra-libéral, hausse du déficit pour mieux faire passer les privatisations du service public, détourner les vrais problèmes des gens pour leur faire croire que c'est l'insécurité et l'immigration qui les mets sur le trottoir du monde salarial depuis une quinzaine d'années et qui les fait déprimer. Ce que je reproche à Sarkozy ? C'est d'être trop beau parleur pour faire un vrai homme politique sur le terrain. Un mec copain-copain avec tous les patrons de médias est forcément un formidable orateur. Cependant on ne partage pas tous ce sentiment en jugeant sur le fond du discours qui est formidablement manipulateur.

Le PS c'est la drogue douce du néo-libéralisme, quand Sarko est la drogue dure. Les 2 mènent vers les abîmes.
Citation :
Publié par baai
Je ne vois plus qu'une solution : il va falloir que tu arrêtes la voie de la franchise
Sous réserve de quelques inconnues ou approximations, les 3 quarts des participants à ce fil ayant manifesté une défiance à l'encontre de Sarkozy ont plus de 25 ans.
C'est dur.
LEs 3/4 des participants à ce thread constituent une toute petite proportion de Jol, encore plus de la population totale. Comme précisé dans son post très justement par Azuriel, la plupart des 25 ans et + qui ont un minimum d'intelligence (pas comme moi ) et d'expérience de la vie fuient ce genre de sujets orientés, démagogiques (car on sait bien la remarquer chez les autres comme Sarkozy mais rarement chez soi, "clin d'oeil au créateur du post") car ils n'apportent rien sinon la zizanie.

De plus, je souhaite que vous indiquiez la liste des noms et âges des personnes qui ont participés à ce post afin de savoir d'où vous tenez vos statistiques.

Et pour ce que est de la rupture, Royale, Lang, Fabius ont été également ministres de Mitterand et j'entends rarement parler de rupture dans leurs cas ? Certains vont même jusqu'à y voir des solutions ! C'est dire si l'histoire de la paille, la poutre, l'oeil, enfin bon vous connaissez...
Sarkozy, crédible ? le ministre de l'intérieur qui a fait campagne depuis des années sur "la sécurité" et à qui on doit plusieurs semaines d'émeutes ? Et je ne parle pas de son passage fantomatique à l'économie. Si on ajoute sa longue tradition de trahisons (Pasqua, Chirac entre autre), sa soif de pouvoir irrépressible et son alignement obséquieux sur les puissants...

maintenant, si on attend de lui qu'il joue les Tatchers, aligne la France sur la politique de Bush et provoque émeute sur grève et manifestation sur crise, oui, il est crédible. Mais il risque pas d'en sorir grand chose de positif...
Citation :
Publié par Zumm
LEs 3/4 des participants à ce thread constituent une toute petite proportion de Jol, encore plus de la population totale. Comme précisé dans son post très justement par Azuriel, la plupart des 25 ans et + qui ont un minimum d'intelligence (pas comme moi ) et d'expérience de la vie fuient ce genre de sujets orientés, démagogiques (car on sait bien la remarquer chez les autres comme Sarkozy mais rarement chez soi, "clin d'oeil au créateur du post") car ils n'apportent rien sinon la zizanie.

De plus, je souhaite que vous indiquiez la liste des noms et âges des personnes qui ont participés à ce post afin de savoir d'où vous tenez vos statistiques.

Et pour ce que est de la rupture, Royale, Lang, Fabius ont été également ministres de Mitterand et j'entends rarement parler de rupture dans leurs cas ? Certains vont même jusqu'à y voir des solutions ! C'est dire si l'histoire de la paille, la poutre, l'oeil, enfin bon vous connaissez...
Depuis quand être intelligent et mature c'est de voter pour la droite, l'UMP ou Sarkozy ?
Citation :
Publié par Zelarwen
Depuis quand être intelligent et mature c'est de voter pour la droite, l'UMP ou Sarkozy ?
Le vote intelligent c'est le vote blanc. Même en Russie aucunes élections ne peut être validée si il n'y a pas eu 50% de votes validés (enfin quand ils ne bourrent pas les urnes). Et je pense que beaucoup ne se réfugieraient pas dans le vote d'extrêmes (aussi vomitifs des deux côtés selon moi) si ils pouvaient bloquer des élections avec un vote blanc. A force d'être bloqués au bout du dixième scrutin, peut être que de nouvelles têtes se présenteraient... Enfin on peut rêver... Laissez moi mes rêves !

P.S : excellent Aloïsius . Mais gaffe à ce que quelqu'un ne post pas la tronche de Roger Hanin ou de Richard Boringer. Là on toucherait le fond.
Citation :
Publié par Zelarwen
Le programme de Sarko on le connait déjà depuis quelques années: retour du religieux dans la société
Là tu me pardonnes mais je veux une source, un texte issu de ses discours dans lequel il parle du religieux !
Citation :
Publié par SwaaN
Depuis le deuxième mandat de Mitterrand.
lol mais hélas c'est vrai

Car 14 de socialisme ca te tue un pays

Sinon mdr, sarko défenseur des droits religieux

j'aime bcp ce post, et il ne sert donc à rien de rappeler ce qu'à fait Sarko. Sinon pour les émeutes, détrompe toi on ne parle pas de cette sécurité ... On parle des gens qui se faisaient volé, violé, tabassé, la vraie délinquance

Et la, indiscutablement ca a baissé. Ensuite je ne parlerai pas de ce qu'il a fait quand il était ministre car je ne m'en souviens plus, mais il avait fait un coup de génie

ET puis c'est quelqu'un qui n'a pas peur et il est ambitieux : pour moi c'est un avantage car ca me fait mal de voir ce que la France est en train de devenir
Citation :
Publié par Azuriel
On va parler franc. La fréquentation de la taverne doit être à 80% fréquentée par des personnes de -25 ans
Pour ma part, je suis beaucoup plus âgé que cela, et je vote à gauche.


Citation :
Publié par Azuriel
Maintenant, quelques-uns ici le savent très bien, qu'en ouvrant des posts anti-droite, ils recevront les lauriers pour leur pensée fine, leur engagement anti-capitaliste, anti-raciste, anti-flic, très bien.
Mes motivations sont différentes, mais je remarque que tu pratique plus volontiers l'attaque personnelle (en me donnant de tel motifs) que le débat.


Citation :
Publié par Azuriel
Maintenant, ne vous demandez pas pourquoi vos détracteurs fuient en courant ce genre de thread.
Je soupçonne que parce que plusieurs détracteurs, qui ont de bonne foi confiance en Sarkozy, ne savent pas, une fois mis au pied du mur, pourquoi ils ont confiance. L'homme sait parler, donne l'impression d'être un homme vrai et d'action. Cela suffit à beaucoup, mais cela ne prouve rien. Au moment de prouver, on voit si on a des arguments ou pas.


Citation :
Publié par grogg
Donc je demande à l'auteur : Sarko est un grand connard démago et pervers. Oui mais dis moi un seul politicien de gauche qui arrive à se démarquer ?
On peut faire un fil pour cela, si tu le veux. Pourquoi ne le crées-tu pas, d'ailleurs ? J'ai des idées de gauche, mais je suis inquiet pour la candidature de la gauche en 2007. Et je tiens à préciser que je n'ai jamais traité Sarkozy de connard ni de pervers. Il me semble intelligent. Il est clairement demago, mais il peut être sincère dans ses convictions et ne voir en la démagogie qu'un moyen de gagner quelque chose d'important pour la France. Il est ambitieux, mais l'ambition personnelle n'est pas contradictoire avec le service de la nation. Non, je ne le trouve pas crédible en tant qu'homme politique, dans ce qu'il promet et dans son rôle, mais je n'ai pas d'opinion personnelle sur lui : je ne le connais pas.


Citation :
Publié par Cepi Cure
Oui il est crédible , je voterai pour lui et j'espere bien qu'il passera.
Peux tu dire, s'il te plait, ce qui le rend crédible à tes yeux ?


Citation :
Publié par Zumm
ce genre de sujets orientés, démagogiques (car on sait bien la remarquer chez les autres comme Sarkozy mais rarement chez soi, "clin d'oeil au créateur du post") car ils n'apportent rien sinon la zizanie.
Démago, moi ? Mais je te signale que je n'appelle pas à voter pour moi. J'en bave comme les autres, et je trouve que j'en bave nettement plus sous un gouvernement de gauche que de droite. J'ai peur de Sarkozy, je pense sincèrement que s'il est élu, les choses, pour la majorité des Français, vont aller en s'empirant. J'ai aussi la nette impression qu'il promet beaucoup plus qu'il n'agit. Et ne t'en déplaise, je donne, dans mon premier message, des arguments. Qu'est-ce qu'il y a de démago, dans ce que je démontre ? Il n'a pas les résultats dont il se vente, et c'est facile à vérifier. Plutôt que d'essayer, comme Azuriel, de me discréditer, essaie plutôt de discréditer mes arguments .



Citation :
Publié par Zumm
Et pour ce que est de la rupture, Royale, Lang, Fabius ont été également ministres de Mitterand et j'entends rarement parler de rupture dans leurs cas ? Certains vont même jusqu'à y voir des solutions ! C'est dire si l'histoire de la paille, la poutre, l'oeil, enfin bon vous connaissez...
La rupture entre la gauche et la droite, déjà, c'est quand même plus facile à voir qu'entre la droite et la droite... mais ouvre un fil, si tu le désires, sur ce sujet.
Citation :
Publié par Gordon Shumway
Là tu me pardonnes mais je veux une source, un texte issu de ses discours dans lequel il parle du religieux !
J'imagine qu'il fait référence à la politique de Sarko en direction des communautés religieuses. Mais c'est moins "religieux" que "communauté" qui compte, à mon avis. Souvenez-vous que le modèle anglo-saxon que Sarko veut importer est bien plus communautaristes que le notre.

cela étant, il faudrait que je cherche un peu, il y a eu des déclarations polémiques de Sarko concernant la religion, je ne me souviens plus...

tiens, c'est marrant, en cherchant j'ai trouvé le site de Zelarwen : http://perso.wanadoo.fr/metasystems/AxeBushSarkozy.html




edit : ayé, j'ai trouvé :

Citation :
L'Express du 01/11/2004
Religions, République, intégration
Sarkozy s'explique

propos recueillis par Denis Jeambar

Il y a, désormais, une manière Sarkozy de faire de la politique. Une méthode dont le secret est le parler-vrai. Nicolas Sarkozy a choisi de dire (presque) tout ce qu'il pense. Sur (presque) tous les sujets. Dans un livre qui vient de paraître - La République, les religions, l'espérance aux éditions du Cerf - le voici qui redéfinit la République, la laïcité, les relations entre l'Etat et les religions. Ses idées méritent d'alimenter des débats, car elles marquent une volonté, ou une stratégie, de rupture dans l'histoire de notre pays. L'ancien ministre des Cultes brise les frontières entre le temporel et le spirituel. Parce que, soutient-il, la religion seule crée vraiment l'espérance. Ainsi compte-t-il sur la création d'un islam de France, financé par l'Etat, pour redonner de l'espoir dans les banlieues en déshérence et rassurer, dit-il, «5 millions de musulmans français». Ce livre choc soulève un nombre considérable de questions que L'Express lui a posées dans un entretien qui a pris une tournure inédite: à l'interpellation républicaine, Sarkozy a choisi de répondre de manière offensive. Un échange qui le montre tel qu'il est: un homme politique hyperactif, toujours prêt à s'exposer, à s'expliquer, à tenter de disqualifier son contradicteur. D'où cet entretien musclé qui tranche avec le langage policé de la politique

La lecture de votre livre est dérangeante. On en ressort avec le sentiment que ceux qui croient sont plus respectables que ceux qui ne croient pas. Cette empathie qui imprègne votre ouvrage est-elle le fruit de votre propre foi ou la marque d'un homme qui ne croit pas à grand-chose et qui, comme vous l'écrivez, «s'intéresse à tout ce qu'il n'est pas»?

Où avez-vous pu bien trouver une idée pareille? Je me garde bien de juger quiconque! Ce livre est, avant tout, marqué par une très grande tolérance. Nous sommes dans une société qui glorifie toutes les différences. Tout ce qui est différent est frappé du sceau de l'identité et de l'originalité. Sauf quand on exprime une différence religieuse. J'ai donc voulu dire que ceux qui croient sont aussi respectables que tous les autres. La Gay Pride est devenue un phénomène culturel, il ne viendrait à personne l'idée de la critiquer. Les rave-parties sont vécues comme le symbole d'une génération. A l'école, la couleur des cheveux ou le piercing sont, aujourd'hui, des signes de liberté. En revanche, dans notre société, exprimer sa croyance religieuse est devenu plus difficile. Je décris un phénomène qui me semble difficilement contestable.






Vous éprouvez vraiment ce sentiment-là?

Oui, car nous sommes passés d'une laïcité de combat, celle du «petit père Combes», nécessaire à une certaine époque, à une laïcité tellement militante qu'elle revient à faire passer comme un risque pour la liberté des gens qui, par leur foi, n'expriment finalement qu'une espérance. L'homme ne peut pas se définir par rapport au néant. Il ne peut pas être indifférent à la question de savoir d'où il vient et où il va. Si l'homme se voit comme une fin en soi, il est l'homme-Dieu et je redoute qu'il soit alors fondamentalement intolérant. Je me reconnais dans tous ces Français dont une partie d'eux-mêmes les pousse à croire et l'autre à douter. Le monde, à mes yeux, n'est pas séparé entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Chaque homme a sa part de doute et sa part d'espérance. L'idée même de poser la question de l'espérance est-elle dérangeante? Je ne le pense pas: c'est au contraire une forme parmi les plus abouties de la tolérance dont notre société a tant besoin.

De toute évidence, ce qui vous anime dans ce livre, c'est une volonté de rupture. Rupture, parce que les hommes politiques, depuis le début du XIXe siècle, ont veillé à séparer le spirituel du temporel. Ce fut une âpre bataille qui aboutit à la loi de 1905 séparant les Eglises et l'Etat et organisant leurs relations. Vous donnez même l'impression d'ignorer délibérément cette longue histoire, le caractère conflictuel, voire violent, de l'affrontement entre catholicisme et démocratie, l'antagonisme entre le catéchisme catholique et le catéchisme républicain au milieu et à la fin du XIXe siècle. Vous passez outre aussi au sort réservé par Napoléon au judaïsme et au Grand Sanhédrin, l'assemblée des notables juifs, victime d'un décret infâme en 1808 qui rejeta les juifs hors du droit pendant dix ans. La place de la religion dans la République est le fruit de cette histoire que vous ignorez en refusant, au fond, que ces contraintes soient aussi fortes pour l'islam aujourd'hui.

La rupture pour la rupture n'a aucun sens. J'essaie de réfléchir sur la place des religions au sein de la République. La croyez-vous si faible, la République, pour être à ce point craintif? Par ailleurs, à quel moment, à travers quelle proposition ai-je demandé un sort particulier pour l'islam? Je dis même le contraire en demandant que chaque religion ait les mêmes droits et les mêmes devoirs. Je ne demande aucun privilège pour l'islam. Mais est-ce que les droits sont identiques quand on ne peut pratiquer sa religion dans les mêmes conditions? Demander les mêmes droits pour la dernière religion implantée en France, est-ce exiger une indulgence particulière? La France est multiple. Il faut regarder cette réalité en face. Dans la laïcité à la française, le droit de croire et de pratiquer une religion est aussi important que le droit de manifester, de protester, de s'exprimer. Qui ne comprend qu'on sera d'autant plus fort pour faire respecter les mêmes devoirs que l'on sera juste?

Si je vous suis bien dans votre raisonnement, vous cherchez, au fond, à offrir, très vite, aux musulmans une situation comparable à celle de l'Eglise catholique, situation née, elle, d'une très longue histoire.


Parce que je me sens profondément républicain, j'essaie d'être équitable pour éviter les humiliations et les frustrations qui nourrissent l'extrémisme. Je voudrais éviter que les musulmans subissent ce que les catholiques, les protestants, les juifs ont subi. Faut-il une nouvelle guerre de religion? Dans la République, les hommes sont égaux en droits et en devoirs.

J'ai plutôt le sentiment que, dans la République actuelle, on exerce ses droits sans beaucoup se préoccuper de ses devoirs.


Ce n'est pas aussi simple que cela. J'ai été ministre de l'Intérieur pendant deux ans et, unanimement, on a souligné que je menais une politique ferme qui mettait en exergue la question des devoirs. Mais, en me rendant pour la première fois à la grande mosquée de Lyon, et de manière assez bouleversante pour moi, en prenant la parole devant 3 000 personnes, en présence d'ailleurs du cardinal Barbarin et du grand rabbin de Lyon, j'ai réalisé qu'à Lyon, qui n'est pas vraiment une ville musulmane, l'idée même d'une mosquée qui était, il y a dix ans, sujet à polémique ne posait plus aujourd'hui de problème.

C'est bien la preuve que les choses évoluent, se font et assez vite.


De votre point de vue, certainement. Du point de vue de celui qui vit cette réalité comme une injustice, non. Dans la plupart des grandes villes de France, il n'y a pas de lieux publics dédiés à la prière. Une grande mosquée ne pose pas de problème; ce peut même être un facteur d'intégration. Il faut avancer dans cette voie-là, car c'est la seule façon de décourager les intégristes. Ce qui pose problème, ce sont les lieux de culte clandestins dans les caves et les garages, qui se développent faute d'édifices religieux au grand jour. En quoi dire cela serait-il en contradiction avec l'idéal républicain? C'est tout le contraire!


Parce que l'Etat ne construit pas des églises, des temples ou des synagogues...


Parlons-en, justement. Le problème est passionnant. On dit aux musulmans, renoncez aux influences et autorités étrangères pour construire vos lieux de culte et on a raison. Mais on en tire la conclusion: pas d'argent public pour les financer. Quelle logique! Qu'est-ce qui se passe avec cette communauté cultuelle? Elle est plus pauvre que les autres parce que ses membres sont les héritiers des immigrés qui sont venus dans les années 1960 fabriquer des voitures et construire des autoroutes. En quoi dire cela est-il une vérité dérangeante? Je ne suis pas quelqu'un de pratiquant et, ce n'est pas le moindre des paradoxes, cela ne me décourage nullement de m'intéresser à la question spirituelle. Mon livre n'est pas un acte de militantisme pour une religion, encore moins de prosélytisme. Il est simplement une marque d'intérêt pour une partie de nos compatriotes qui espèrent. J'essaie de démontrer cette idée à laquelle je crois profondément: l'espérance spirituelle n'est pas contradictoire avec l'idéal républicain. Ce n'est pas seulement en construisant des terrains de football qu'on fera comprendre à un jeune perdu dans une banlieue devenue une impasse que la vie d'une jeune femme et de son enfant, qu'il prend en leur fonçant dessus en voiture, n'est pas un bien de consommation comme un autre, que cette vie est fragile et unique, qu'elle doit être respectée.

Dès le début du livre, vous abattez vos cartes, celle d'un adepte du libéralisme aussi bien politique qu'économique, en citant Tocqueville. La phrase que vous placez en exergue est éloquente, puisque l'auteur de De la démocratie en Amérique y dit que «la religion est beaucoup plus nécessaire dans les républiques démocratiques que dans toutes les autres». Quand on vous lit, on comprend bien que vous adhérez à cette formule et que vous voulez replacer le fait religieux au centre de la société.


Non, je place la question spirituelle au cœur de l'existence de l'homme. C'est tout et c'est déjà beaucoup. La question la plus importante pour l'homme est la question spirituelle: la vie est-elle le fruit du hasard? Cela va bien au-delà de la religion, des Eglises, des curés, des rabbins et des imams. Est-ce une faute pour un homme politique que de s'interroger sur le sens de l'existence? A la République, le temporel, c'est-à-dire l'organisation de la vie telle qu'elle est; aux religions, le spirituel, c'est-à-dire la réflexion sur le sens et le pourquoi de la vie.


La République peut, elle aussi, s'interroger sur le sens de la vie.


Bien sûr. Mais je pose cette question: l'idéal républicain peut-il répondre à toutes les questions? La réponse est non. L'homme politique peut s'intéresser à la question spirituelle sans mettre en cause les valeurs de la République. Je me suis reconnu dans la démarche de François Mitterrand sur la fin de sa vie, lorsqu'il s'est tourné vers cette question de la mort et de l'existence de quelque chose de surnaturel. Je l'avais accompagné en Ouzbékistan, à Samarkand: il avait visité quatre cimetières alors que la mort était déjà en lui. Ministre des Cultes, j'ai eu à dialoguer au quotidien avec un univers qui ne comprend pas les réflexes d'intolérance qui s'adressent à lui.

Vous savez bien que votre position va être débattue. Pourquoi avoir choisi d'ouvrir ce débat? Je vois trois hypothèses, qui peuvent, d'ailleurs, se compléter. Parce que vous êtes croyant et que vous éprouvez la nécessité d'un retour du spirituel. Parce que, politiquement, vous pensez qu'il faut que la République change de chemin. Parce que, électoralement, vous travaillez ainsi des clientèles. Dans le livre, votre éloge répété, insistant, des musulmans, des catholiques, des protestants et des juifs ressemble aussi à un exercice de séduction.


En quoi serait-il noble pour le directeur de L'Express de vouloir séduire le plus grand nombre de lecteurs et serait-il indigne pour l'homme politique de vouloir convaincre le plus grand nombre d'électeurs? Pourquoi vit-on la démarche de compréhension de l'électeur comme quelque chose de démagogique? La séduction n'est pas la raison de ce livre. J'ai écrit un livre plus personnel, peut-être étonnant pour celui qu'on décrit comme épris d'action et d'immédiateté. La réalité, c'est que je me suis intéressé à cette question des cultes et que j'ai surtout compris combien tous ces hommes qui croient se ressemblent. J'ai pris la mesure de certains malentendus et ce sont eux que je voudrais contribuer à lever.

La politique, à mes yeux, fabrique le lien social, elle donne des raisons de vivre ensemble, elle est à l'origine du contrat social...

... je dirais même que c'est elle qui donne de l'espoir...

Alors, pourquoi, dans le titre même de votre livre et à de nombreuses occasions dans votre texte, vous assimilez religion et espérance. Votre insistance fait qu'on en retire le sentiment très fort que la religion a l'exclusivité de l'espérance. Là encore, vous prenez un risque important. Jusqu'alors, pour les citoyens et les électeurs, la République incarnait l'espérance, c'est-à-dire l'espoir d'une vie meilleure. Comment pouvez-vous abandonner ainsi le champ de l'espérance au religieux? Compter sur l'islam, comme vous le faites, pour ramener la paix sociale dans les banlieues me rappelle l'espoir mis dans l'islam pour vaincre les Russes en Afghanistan. On connaît la suite de l'histoire...



D'abord, y a-t-il une seule espérance? Je n'ai jamais dit cela. Qu'est-ce qu'un homme qui croit? C'est un homme qui espère. Il faut que vous me démontriez que ce n'est pas vrai. La démarche de la foi, c'est une démarche d'espérance face à l'inévitable. J'étais, ce matin, à l'enterrement d'un de mes amis. Il y avait sa femme, ses enfants, ses proches. Que venions-nous faire à ces obsèques? Face à l'inévitable, nous cherchions l'espérance. Autour de ce défunt, nous nous disions que sa vie d'homme n'avait pas servi à rien. Cela peut paraître naïf ou consumériste, mais c'est ainsi: nous étions rassemblés pour espérer. La République, comme vous le dites, c'est l'espoir d'une vie meilleure dans le temporel. La religion, c'est l'espérance d'une vie meilleure dans l'au-delà. Reconnaître l'espérance qu'incarne la religion, ce n'est donc pas nier l'espérance qu'incarne la République. J'affirme que religion et République sont complémentaires. Mais si l'espérance républicaine suffit à vous combler, c'est votre droit le plus absolu. Admettez la réciproque pour les autres.

Tout de même, j'y reviens, vous donnez à croire que l'espérance incarnée par l'islam va remettre de l'ordre dans les banlieues.


N'êtes-vous pas réducteur? Je ne suis pas si naïf, mais à l'inverse convenons que, si l'on veut donner du sens à la vie, si l'on veut que ces jeunes qui n'ont que la religion de l'argent, de la drogue, de la violence et de la télévision apprennent à respecter l'autre, le discours d'un homme de foi et de paix peut être utile. Un lieu de culte est un espace où se retrouvent des gens différents pour y trouver de l'espérance. Et quand vous me dites «regardez l'islam en Afghanistan», vous pratiquez l'amalgame parce que vous ne voyez la religion qu'à travers les extrémistes et les fous de Dieu qui ont bafoué le message de paix originel. Vous dites, dans votre posture, «attention aux religions!» comme on disait «attention aux hérétiques!», mais la religion ne se réduit pas à l'extrémisme. Tout musulman n'est pas un islamiste et tout l'islam ne se réduit pas à Ben Laden et aux Twin Towers. A mon tour de vous appeler à la mesure et à la tolérance.

Ce n'est pas ce que je dis. Je ne dis pas que croire est une menace pour la paix. Je dis que la religion, qui relève de la sphère privée, s'installe dans la sphère publique, en clair prend en charge la vie dans certains quartiers difficiles, parce que la République, la politique, l'Etat sont défaillants et baissent les bras. Je sais que l'intégration est une tâche complexe, ce n'est pas une raison pour l'abandonner aux religions.


Qui vous parle d'abandon? Je crois plus qu'un autre aux vertus de la politique, j'y ai voué ma vie professionnelle, je vis un engagement républicain. Mais la République n'est pas une fin en soi, ce n'est pas l'alpha et l'oméga. Ce n'est pas elle qui répondra à la question de vos enfants sur votre cercueil: pourquoi est-il mort? Dire cela, c'est reconnaître les limites des réponses républicaines.

Ce n'est pas ce que j'attends de la République, puisque ça ne concerne que ma personne, le sens de ma seule vie. Encore qu'on puisse mourir pour sa patrie, au nom d'un idéal républicain et démocratique, c'est-à-dire en pensant aux autres...


Grande question, en effet. On peut même faire autre chose que mourir: on peut consacrer sa vie à ses idées. C'est ce que je fais. Je crois à un engagement temporel et républicain, mais une partie de moi s'interroge aussi sur l'après. Je ne peux pas croire que je sois le seul à me poser cette question-là. On ne peut pas tout maîtriser dans l'univers du temporel. On ne peut pas tout rationaliser et tout expliquer. C'est pour cela que je suis arrivé à la conclusion que l'intégration des musulmans, grand défi pour notre pays, avait tout à gagner à l'organisation d'un islam de France et tout à craindre d'un islam en France. Une identité humiliée est une identité radicalisée, donc dangereuse.

Dans votre éloge des religions, vous soulignez qu'il y a des comportements bien plus contestables et certainement plus dangereux que les comportements religieux. La politique débouche, parfois, sur des atrocités, les questions ethniques également, mais le fanatisme est très souvent le fruit de la religion. On a l'impression que vous minimisez ce risque. Il est pourtant bien réel, aujourd'hui, avec le fondamentalisme islamiste, que vous différenciez très curieusement de l'intégrisme. Vous ne jugez pas le fondamentalisme dangereux - «appliqué à soi-même, l'absolu n'est pas un danger pour la société», écrivez-vous - alors que pour le fondamentaliste le primat de la religion ne se limite pas à soi-même. Il est total. Il ne respecte en rien le libre arbitre de l'autre. Les penseurs musulmans qui défendent le libre arbitre sont, d'ailleurs, dénoncés comme traîtres.


J'ai essayé de mettre un peu de mesure dans tout cela pour éviter les amalgames. La foi implique parfois un engagement fondamental. En quoi cet engagement serait-il dangereux pour la société? Une personne qui va à la messe tous les matins ne représente aucun risque pour la République. Ce qui est dangereux, c'est vouloir imposer sa foi aux autres, y compris aux membres de sa propre famille.

Vous allez tout de même très loin dans la reconnaissance du rôle social de la religion. Vous expliquez que le fait religieux contribue à apaiser et à réguler une société de liberté et qu'il est facteur d'intégration. Vous précisez que, dans les banlieues en déshérence, la mosquée permet de faire reculer la drogue et la violence. Si c'est vrai, n'est-ce pas un terrible constat d'échec pour les valeurs républicaines, qui ne donnent plus de raisons d'espérer, et pour l'Etat, qui ne parvient plus à animer l'espace social? D'une certaine manière, c'est une capitulation. Vous allez jusqu'à écrire que l'engagement social et fraternel, c'est la responsabilité de l'Eglise et de ses prêtres. Là encore, quelle reculade pour la République, qui porte sur ses frontons la devise «Liberté, Egalité, Fraternité»!


Capitulation. Comme vous y allez! Quelle violence! Pour un homme tolérant, vous exprimez une grande intolérance dès que l'on prononce le mot religieux. Vous fait-il peur? A la fin du XIXe siècle et jusqu'à la fin des années 1950, la France est d'abord rurale, et l'intégration se fait par l'instituteur, qui enseigne la République, mais aussi par le curé, qui essaie de donner une morale. Ils s'ignorent, parfois ils se font la guerre, mais, vaille que vaille, c'est bien ainsi que la France avance. Aujourd'hui, la France profonde, c'est la France des banlieues. Il y a toujours les instituteurs, qui font un travail difficile, souvent seuls. Pas un quartier de nos villes sans écoles, sans collèges. Mais il y a moins de curés, de pasteurs, de rabbins. On ne peut nier ce changement-là! Où parle-t-on de la vie, de son sens, de respect, de paix? Je ne demande pas qu'on mette tous les enfants à la mosquée, au temple, à la synagogue ou à l'église. Je dis seulement: ne vous étonnez pas qu'ils ne respectent pas la vie des autres puisqu'on ne leur enseigne plus quel est son sens. Le devoir du politique est d'essayer de comprendre pourquoi ça ne marche plus. Votre réponse, c'est parce que la République est défaillante. Ma réponse, c'est parce que les institutions qui, à l'intérieur de la République, poussaient à la sérénité et à la concorde n'existent plus, ou en tout cas moins. Nos quartiers sont devenus trop souvent des déserts cultuels et culturels. On est passé du «trop» au «pas assez», et même au «vide». Il faut que dans les banlieues puisse aussi s'exprimer la dimension éducative d'une religion choisie en toute liberté. En parlant comme je vous parle, je pense, d'ailleurs, que je prouve mon attachement à la laïcité reconnue comme un droit et non une interdiction.

Certes, mais, même si vous vous en défendez, vous la réinventez quand vous dites: la laïcité «garantit le droit de vivre sa religion comme un droit fondamental de la personne... C'est la garantie pour chacun de pouvoir croire et vivre sa foi». En vérité, votre définition est à la fois incomplète et limitée. La laïcité définit un espace public de discussion, à l'abri précisément de l'impératif religieux, dont les prescriptions les plus fondamentales relèvent de la sphère privée, de l'intime. Vous allez à rebours du processus historique de sécularisation à l'œuvre dans notre pays et en Europe.



La religion, c'est la vie. Le politique, c'est la vie. Votre différence entre espace public et espace privé est très théorique. La loi de 1905 dit que la religion ne doit pas s'occuper du gouvernement. C'est sage, et nul ne le conteste! Je précise même dans le livre que je suis contre l'évocation de Dieu dans la Constitution européenne. Qu'est-ce que Dieu viendrait faire dans tout cela, en effet? Cela dit, les Etats-Unis sont une démocratie, et cette démocratie n'est pas remise en cause parce que Bush ou Kerry sont croyants et prêtent serment sur la Bible. L'opposition espace public-espace privé ne résiste donc pas à la traversée de l'Atlantique.

Chaque pays est le fruit d'une histoire. Chaque pays a son identité. On ne peut l'ignorer. La nôtre est différente de celle des Etats-Unis.


Oui, et je ne demande pas que la religion vienne bénir la République. L'antagonisme pouvoir politique-pouvoir religieux est, cependant, artificiel. Ces pauvres Eglises seraient bien en peine de prendre le pouvoir. Personne ne le leur demande et personne ne le souhaite. La mainmise du religieux dans une démocratie comme la nôtre relève du fantasme, ni plus ni moins.

L'islam pose pour principe qu'il n'y a aucune séparation entre le spirituel et le temporel, et entend bien imposer ses règles au pouvoir politique.


C'est pour cela que je milite pour un islam de France, afin de ne pas avoir à subir un islam en France. L'islam, pour avoir les mêmes droits, doit accepter de se soumettre aux valeurs de la République sans exception. Reste que ce que je redoute, c'est le désert, une société qui ne croirait plus en rien. Je crains que l'on ne surestime le risque du religieux. Un homme qui a des convictions, comme le pape, n'est pas un danger. Je ne fais pas miennes toutes ses convictions, je n'en fais pas ma référence unique, mais je vois ce qu'il peut apporter en donnant du sens à notre vie d'humains. C'est ce qu'il a fait il y a vingt ans au Parc des Princes en disant aux jeunes: «N'ayez pas peur.»


A vous lire, on a le sentiment qu'existe une très grande proximité entre politique et religion. Il est vrai que le politique et le religieux se sont longtemps disputé le pouvoir en France et en Europe. L'islam lui-même continue de le faire dans les pays où il est dominant. Du coup, votre approche crée une certaine confusion sur leurs rôles respectifs. On peut se demander si une religion conquérante comme l'islam, qui n'admet pas la laïcité, ne va pas exploiter votre livre. D'ailleurs, plusieurs fois, vous avez couru le risque d'être en quelque sorte pris spirituellement en otage par des organisations islamistes extrémistes. Je pense à votre participation à un conseil d'administration de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France), à votre intervention à la mosquée des Mureaux lors d'un congrès d'imams truffé d'islamistes, dont certains interdits de séjour au Maghreb. Je pense, enfin, au fait d'être accueilli par des jeunes filles impubères mais voilées au congrès de l'UOIF au Bourget. Qu'avez-vous ressenti à ce moment précis?



Si je ne vous connaissais pas si bien, je vous accuserais de sectarisme. Comment pouvez-vous dire que je suis l'otage des extrémismes, alors que toute mon action gouvernementale a conduit à les expulser sans la moindre faiblesse? L'un des grands moments de ma vie politique restera ce congrès du Bourget de l'UOIF où j'ai été sifflé pour avoir défendu l'interdiction du port du voile sur les photos d'identité. C'est faire preuve d'hypocrisie de me reprocher cette visite. Si le congrès de l'UOIF est un danger, alors il faut l'interdire. Cachez ce sein que je ne saurais voir. Si ce n'est pas un danger, alors on doit avoir le courage d'y aller pour engager le dialogue. C'est ce que j'ai fait, pour porter le discours de la laïcité. Quand j'ai accepté de débattre avec Ramadan, on me l'a reproché. Mais, depuis que je l'ai affronté, ses idées ont-elles progressé? Non. On en parle infiniment moins. Je ne me reconnais pas dans ces républicains de salon qui ne se portent la contradiction qu'entre eux. A la mosquée des Mureaux, devant le conseil des imams, dont rien ne vous permet de dire qu'il y avait des clandestins, j'ai dit que je voulais en France des imams qui parlent français et que je n'accepterais aucune dérive dans les mosquées. On ne résout pas les problèmes en restant dans les ors des ministères. Et, au fond, derrière toutes ces réserves sur mon action, n'y a-t-il pas cette pensée qui vous anime: je tolère les musulmans à condition qu'ils ne le soient pas? Pour un républicain, ce n'est guère tolérant.


Vous «biologisez» vous-même le sujet quand vous dites ça: vous en faites une affaire de race. La question, c'est celle des droits et des devoirs dans la République. Rien d'autre.


Encore une invention que cette querelle sur la biologie. Pour le reste, je me reconnais dans cette problématique: pas de droit sans les devoirs qui vont avec. En dehors des stades, où le sport est un exemple d'intégration, l'égalité a plutôt régressé, en France. C'est un fait non discutable. Ceux qui ont plus de handicaps à la naissance doivent être davantage aidés par l'Etat. C'est ce que j'appelle le volontarisme républicain. Il n'y a pas d'autres solutions.


Restons sur la question de l'islam, qui est au centre de votre livre. Comment pouvez-vous dire qu'il est irresponsable de poser cette question: «L'islam est-il compatible avec la République?»? Je revendique, moi, le droit de la poser. Je revendique le droit de constater les contradictions de l'islam, religion qui se dit de paix et d'amour mais qui conteste nos principes de gouvernement, qui nie le clivage fondamental dans nos démocraties entre l'espace public et l'espace privé. Je revendique le droit d'interpeller l'islam qui défend la compatibilité entre lui et la République à condition qu'elle s'adapte. Est-ce être raciste, comme vous le laissez entendre à propos de certains, que de demander aux musulmans d'accepter notre République avec ses règles? Ce n'est pas exiger plus de l'islam que des autres religions.


Il est trop tard pour poser cette question de la compatibilité: que cela me plaise ou non, l'islam est devenu la deuxième religion de France par le nombre de ses fidèles. Il faut donc l'intégrer en la «francisant». Quant à affirmer que l'islam est incompatible avec la laïcité, vous prenez vos craintes pour des réalités. Atatürk s'est opposé à la toute-puissance du pouvoir islamique dans son pays. C'est vrai aussi en Tunisie.

Vous avez raison, mais ils ont agi par la force.

Alors, agissons par la force de la République. Quelle est la stratégie alternative? Que propose-t-on aux 5 millions de musulmans qui vivent en France et sont français? De reprendre le bateau? Je m'aperçois que Le Pen fait des émules.


Là, vous m'insultez! Simplement, j'insiste sur ce point, quand vous dites: «Je veux un islam de France», vous signifiez bien que vous ne voulez pas de l'islam tout court. Il y a donc un islam qui n'est pas compatible avec notre République.

Je dis que poser la question de la compatibilité de l'islam avec la République, c'est faire de cette religion un cas à part et c'est faire un amalgame. C'est dire que toute personne qui vit sa foi de musulman est incapable de vivre dans la République et dans la démocratie. Cela s'appelle un procès d'intention qui ne correspond pas à la réalité.


Reconnaissez tout de même que l'islam tel qu'il se définit dans un certain nombre de pays n'est pas compatible avec notre République.


Cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Ce sont, en fait, des régimes dictatoriaux. Mais souvent la question y est plus celle de la pauvreté et du sous-développement que la seule question de l'islam.


Pour organiser l'islam de France que vous appelez de vos vœux, vous avez créé le Conseil français du culte musulman (CFCM). Naturellement, vous jugez son bilan positif, vous y voyez la preuve que l'on peut ramener par cette voie des organisations extrémistes vers la République. L'expression publique du CFCM pour défendre nos otages en Irak vous semble la meilleure preuve de cette réussite. Je voudrais comprendre comment vous en venez à cette conclusion, que je trouve, dans son exploitation, désagréable pour ces 5 millions de musulmans dont vous parlez. Votre satisfaction dissimule mal une suspicion initiale, comme si la condamnation de ce chantage aux otages n'allait pas de soi de la part de nos compatriotes musulmans. Doutiez-vous de leur humanité?


Qu'auriez-vous dit s'ils ne l'avaient pas fait? La vérité, c'est que les musulmans de France ont peur de l'amalgame. Qu'ils parlent d'une seule voix, d'une voix forte, qui s'inscrit dans la communauté nationale, est indispensable pour faire reculer le racisme et rassurer. Comment ne pas se réjouir qu'à cette occasion les musulmans de France aient expliqué aux musulmans du monde la laïcité à la française? Nous avons vécu là un grand moment pour l'intégration; le CFCM a beaucoup fait pour l'image des musulmans pratiquants de France. C'est ainsi qu'on fera reculer le racisme et l'islamophobie. De surcroît, pour combattre ce fléau de l'antisémitisme, qu'y a-t-il de mieux que le dialogue apaisé entre les religions? Or comment dialoguer si les musulmans croyants n'ont pas de représentants?


Vous donnez l'impression de marquer au fer rouge 5 millions de Français que vous décrétez musulmans et que vous faites représenter par une minorité intégriste au CFCM. Je vous rappelle que 15% seulement de la population immigrée venant de pays de religion musulmane se disent pratiquants. Je vous rappelle encore que plus de la moitié des Français d'origine algérienne déclarent ne pas avoir de religion ou ne pas être pratiquants.

Quel mépris vous portez à tous ceux qui ont été élus dans leur région! Qui vous donne ce droit de coller des étiquettes si infamantes? Je vous rappelle enfin qu'on peut être musulman sans pratiquer. Comme on peut être juif sans aller à la synagogue. Il s'agit d'une appartenance autant culturelle que cultuelle.

Tout de même, c'est remettre au centre des problèmes d'intégration la question religieuse.

La question spirituelle n'est pas artificielle. Elle est essentielle. Plus on reconnaîtra aux musulmans le droit de vivre leur religion, moins il y aura d'extrémisme. Il faut banaliser l'islam. Le religieux, ce n'est pas le mal. Il ne rend pas la République impure. Permettez une comparaison: le Parti communiste français était révolutionnaire, et pourtant il participait aux élections, ce qui contribuait à stabiliser la démocratie. C'est la même chose avec l'UOIF et le CFCM. Intégré à la République, le religieux participe à sa stabilité.

Vous qui êtes féru de politique, vous savez bien que ce sont toujours les avant-gardes agissantes qui provoquent les vraies ruptures. N'avez-vous pas signé un marché de dupes avec l'UOIF et permis à des fondamentalistes de continuer leur travail en passant les habits de la respectabilité? C'est comme si l'on avait organisé la représentation des 45 millions de catholiques en donnant le pouvoir à Mgr Lefebvre.

Qu'un homme à la pensée si fine se laisse aller à une réaction si brutale m'étonne. A-t-on attendu le CFCM pour voir les ravages de l'intégrisme? L'immobilisme que vous défendez avait-il réglé le problème? Je pense que la République ne doit jamais utiliser les méthodes de l'extrémisme. Elle doit toujours dialoguer. Le CFCM sans l'UOIF, on aurait dit: ce sont des «harkis». J'ai voulu que toute la réalité musulmane soit représentée et j'observe que, depuis que l'UOIF est intégrée à cette institution, son discours évolue. Rien ne résiste à la force de la République. Refuser l'UOIF aurait fait reculer la République et ses principes. D'ailleurs, c'est Jean-Pierre Chevènement qui a mis l'UOIF à la table de négociation. Tout simplement parce qu'elle représente une partie de la réalité. Sur quels critères fallait-il la récuser? Et quelle était la stratégie alternative? Si c'était si simple, ça se saurait. Depuis que l'UOIF est dans le CFCM, elle n'a pas manqué à la République.


Elle a expliqué au monde musulman que la loi sur le voile était contraire à l'islam et prôné la résistance à ce texte.


Mais elle n'a appelé à aucune forme de résistance, même si elle l'a ressenti comme une injustice. De nombreux prêtres, et même la Conférence des évêques de France, ont ressenti la même chose. Leur en faites-vous le procès? On vous dirait en croisade. Le CFCM est la voie pour donner naissance à un islam de France, main ouverte, qui permettra d'éviter d'avoir l'islam en France, poing fermé. C'est toute ma politique.


Vous demandez aux Français de ne pas céder à des fantasmes sur l'islam. La situation de la femme n'en est pas un. Clairement, l'islam, pas l'islam de France que vous souhaitez, l'islam, donc, juge la femme inférieure à l'homme. Je vous cite le Coran, la sourate 4 sur les femmes: «Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci.» Et un peu plus loin: »Quant à celles dont vous craignez la désobéissance... frappez-les.» Et je ne parle pas de la répudiation ni de la polygamie. Au passage, je voudrais souligner que le catholicisme a été néfaste quand il s'est écarté des textes, alors que l'islam l'est quand il est fidèle au texte du Coran. L'islam, en fait, contient en lui une régression terrible des droits de la femme, qui ne semble pas vous préoccuper. A propos du voile, vous attribuez aux jeunes femmes qui le portent des sentiments qui laissent pantois: certaines se voilent, dites-vous, à cause du regard porté sur elles. Vous savez bien que la très grande majorité de ces jeunes femmes ne ressentent pas cela et, d'ailleurs, les mariages mixtes se développent de plus en plus: on en compte 2 millions dans l'Hexagone et leur nombre a doublé depuis vingt ans. Dans 1 mariage sur 5 en France, le conjoint est de nationalité étrangère. Ce sont même ces unions mixtes qui, en France, font que l'institution du mariage résiste! Pourquoi vouloir culpabiliser la société française alors qu'elle est beaucoup plus ouverte que vous ne le laissez entendre? Pourquoi ne pas admettre que la loi sur le voile est un service rendu à toutes les jeunes filles qui ne veulent pas le porter?


D'abord, je voudrais dire que votre présentation des rapports des différentes religions avec leurs textes de référence est très contestable. Il y a plein de passages dans la Bible qui prêtent à interprétation, et justement l'un des très grands progrès de la religion catholique depuis cinquante ans est d'avoir su rompre avec une lecture trop littérale de la Bible. Ensuite, je vous rappelle que je n'ai pas fait un livre sur l'islam mais sur les religions. Or celles-ci doivent respecter les lois de la République. En France, l'égalité homme-femme n'est pas négociable. L'islam de France, c'est un islam qui doit respecter l'égalité des sexes. C'est moi qui ai dénoncé les élucubrations scandaleuses du frère de Tariq Ramadan sur les «femmes adultères». Je n'ai pas de leçons à recevoir. Même si l'on ne doit pas réduire l'islam à sa caricature. Mais je voudrais ajouter que toutes les religions ont des problèmes s'agissant de la place de la femme. Les femmes ne célèbrent pas la messe dans les églises. Les femmes sont séparées des hommes dans les synagogues.


Vous parlez là de l'espace religieux privé.

Pourquoi faire le procès de l'islam de France? Nous avons nos lois qui s'appliquent. Je refuse le voile sur la carte d'identité, dans les administrations et à l'école. C'est la loi de la République, même si je me suis simplement interrogé sur les conséquences de la loi. J'espère de tout cœur que le résultat ne sera pas la floraison d'écoles confessionnelles où le voile sera une obligation. Que se passera-t-il si la République oblige à choisir une école confessionnelle pour chaque religion? Ce n'est pas une petite question.

La rentrée a montré que le port du voile avait reculé et que la loi s'imposait.


Il semble que les choses se passent plutôt bien, et c'est une très bonne nouvelle. Je pense profondément que ces filles ne doivent être exclues de l'école qu'en dernière analyse, car alors on les condamnerait au communautarisme pur et simple. Ne cédons pas à ce travers bien français qui fait que, quand on a voté une loi, on pense qu'on a réglé définitivement le problème.


N'est-ce pas cultiver le paradoxe que de dire, comme vous le faites, que le meilleur antidote au communautarisme est de ne pas demander à celui qui est accueilli de renoncer à ce qu'il est? Ne serait-il pas préférable de dire que, tout en gardant ses croyances, celui qui est accueilli doit accepter les règles de ceux qui lui ouvrent leurs portes?


Je partage cet avis. Je suis pour l'intégration, que je préfère à l'assimilation. L'assimilation, c'est dire: «Je te digère.» L'intégration, c'est accepter l'autre tel qu'il est. Mais ce n'est pas pour autant se montrer faible. Il faut rappeler la nécessité de respecter nos lois, et l'on ne peut pas me soupçonner de faiblesse en la matière. Au fond, nous avons été trop faibles en n'imposant pas assez de devoirs à ceux que nous avons accueillis et nous n'avons pas été assez généreux en ne leur donnant pas les droits qu'avaient déjà tous les autres. On ne peut pas être ferme si on n'est pas juste. Le déclic est venu de là. J'ai compris qu'en étant ferme je devais être juste. C'est ma ligne de conduite pour régler notre problème d'intégration, qui touche, disons-le, d'abord et surtout, les enfants français d'origine maghrébine et africaine.

[i]
Parmi les choses qui m'ont le plus étonné en vous lisant, c'est cette observation: l'éducation religieuse, selon vous, est l'une des activités proposées aux jeunes qui ne soit pas tournée uniquement vers la satisfaction de leur personne. Quand je lis ces propos, je me demande quel rôle vous attribuez à l'Education nationale. Vous ne reconnaissez même plus à la République sa volonté universaliste et sa fonction première qui est la formation de citoyens, c'est-à-dire de gens tournés vers la cité, vers les autres, parties prenantes à la vie collective.
[i]

Vous avez raison, mais la massification de l'Education nationale rend impossible la réponse à tous les défis qui se présentent. On demande trop à l'Education nationale, sans d'ailleurs toujours lui en donner les moyens. D'autant que, dans le même temps, on a renoncé au service national. Que 50% des familles en région parisienne sont monoparentales. L'Education nationale ne peut pas remplacer les familles, les églises, le village d'autrefois, ni même la conscription. Ce que je veux dire, c'est que l'éducation religieuse qui prêche le bien n'est pas contraire à l'Education nationale. La religion peut aider la République.


Je voudrais terminer par une question qui touche à votre personnalité. Vous écrivez que vous ne vous reconnaissez pas dans l'expression «l'urgence du retour aux sources». Vous refusez le regard vers le passé. Vous dénoncez «la recherche pathétique de solutions regardant en arrière» et dites ne croire qu'aux vertus de l'action. Mais vous sombrez ainsi dans le culte du présent, de l'immédiateté. La pensée dont naît l'action est faite d'une analyse du passé pour comprendre le présent et tenter d'éclairer l'avenir. L'examen du passé pousse à l'esprit de responsabilité, pas à l'inaction. La célébration exclusive de l'action, que vous assumez, ne rend-elle pas aveugle? Faire, oui, bien sûr, mais en partant d'où, pour obtenir quoi et aller dans quelle direction? Vous ne pouvez pas éviter ces questions-là, sauf à n'être mû que par une ambition individuelle, bref à n'être préoccupé que de la satisfaction de votre personne.


Tout est question d'équilibre. François Mitterrand était fasciné par l'Histoire; c'est à ce titre qu'il se trompa en refusant la réunification de l'Allemagne. C'est au nom de l'Histoire, parce qu'ils n'avaient connu une Douma indépendante que de 1905 à 1917, qu'on a expliqué que les Russes n'étaient pas faits pour la démocratie. On voit aujourd'hui que, comme tous les autres, ils n'aspirent qu'à cela. A ce même titre, l'Afrique serait prétendument faite pour la misère. A trop ressasser le passé on aveugle l'avenir. Je refuse non pas l'Histoire mais le retour aux sources, cette expression qu'utilisent tous ceux qui ont tant de mal à avoir une vision pour l'avenir. J'essaie de me tourner vers le futur en disant qu'on ne peut s'en tenir à la conception de la laïcité du «petit père Combes». Je fais un appel à la tolérance et à une laïcité apaisée. N'est-ce pas notre intérêt de contribuer à l'installation d'imams formés en France plutôt que d'en importer de l'étranger ne parlant pas un mot de français? Regardons-nous: dans chaque homme, il y a quelqu'un qui doute et quelqu'un qui espère. Dans chaque religion, il y a des ambitions communes. Acceptons-nous comme nous sommes. Vivons nos différences dans la tolérance du regard des autres. Acceptons l'idée que la République ne peut pas répondre à tout. Elle est faible quand elle croit répondre à tout. Quant à mon ambition, qui n'est un secret pour personne, devrait-elle m'interdire de réfléchir en homme libre, engagé et même sincère?
C'est long, je sais.
Citation :
Publié par Gordon Shumway
Là tu me pardonnes mais je veux une source, un texte issu de ses discours dans lequel il parle du religieux !
Il a participé à un livre sur La république et les religions; veut réformer la loi de 1905; a envoyé des imams calmer les jeunes dans les crises des banlieues; a propulsé sur le devant de la scène une organisation musulmane proche d'un courant pas forcément progressiste; pense que la religion est un socle important d'un citoyen et qu'elle doit jouer le rôle de paix sociale.

Si çà c'est pas mettre la religion sur le devant de la scène dans notre chère république laïque.

Citation :
Le culte Nicolas Sarkozy L’événement était annoncé pour 2003. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, donc ministre des cultes, allait donner sa vision du rapport entre la République et la religion. Mais la sortie de l’ouvrage intitulé la République, les religions, l’espérance (1) avait été repoussée pour cause d’intervention élyséenne sur la laïcité. C’est donc avec un an de retard que les éditions du Cerf nous proposent un livre d’entretiens dans lequel Nicolas Sarkozy est confessé, si l’on ose dire, par le père Philippe Verdin, un dominicain, et par Thibaud Collin, philosophe et membre de la rédaction de la revue Liberté politique. Un ouvrage frappé d’un embargo total avant sa sortie officielle, le 28 octobre, selon les éditions du Cerf. Pourtant, la semaine dernière, le Figaro magazine faisait sa une en titrant « Sarkozy brise les tabous », et décortiquait à sa manière les six chapitres de ce livre qu’il n’était pas censé avoir en main. « Des fuites » selon la maison d’édition, un bon plan média pour le ministre qui s’assure ainsi d’une couverture médiatique pour toute la semaine.

PLACE DE LA religion dans la République

Au-delà de la manoeuvre, Nicolas Sarkozy revient dans cet ouvrage sur sa conception de la place de la religion dans la République. Cent soixante-dix pages divisées en six séquences dont quatre principales que sont « le fait religieux et la laïcité », « l’islam et la République », « la loi de 1905 obsolète ? » et « les Églises et l’Europe ».

« La religion est un élément civilisateur », assure Nicolas Sarkozy, qui ajoute qu’il est favorable à l’inscription de l’héritage religieux dans le préambule de la constitution européenne : « Il est certain que les valeurs chrétiennes ont été civilisatrices en Europe et leur influence dominante (...). On peut donc évoquer la primauté des racines chrétiennes de l’Europe quand on se place sur le plan historique », explique-t-il.

« Il est préférable que des jeunes puissent espérer spirituellement plutôt que d’avoir dans la tête comme seule "religion" celle de la violence, de la drogue ou de l’argent. » Selon lui, « l’esprit religieux et la pratique religieuse peuvent contribuer à apaiser et à réguler une société de liberté ».

Nicolas Sarkozy s’affirme de « culture », de « tradition », de « confession » catholique, et assure qu’ « on ne peut pas éduquer les jeunes en s’appuyant exclusivement sur des valeurs temporelles, matérielles, voire même républicaines ». Une critique en creux de l’éducation nationale qui serait incapable de réussir à civiliser les jeunes et une vision de la jeunesse plus que caricaturale.

C’est à la religion musulmane qu’il consacre le plus important des chapitres. Construire un « islam de France » est selon lui le meilleur rempart contre l’intégrisme. La création du Conseil français du culte musulman (CFCM), en 2003, est sa fierté. L’UOIF ? Le ministre ne tarit pas d’éloge sur cette organisation pourtant contestée pour son radicalisme et dont le président affirmait en 2003 : « le Coran est notre constitution. » Nicolas Sarkozy estime pour sa part que l’UOIF « répond aux aspirations de ceux de nos compatriotes qui souhaitent vivre leur religion avec une certaine rigueur ». En réalité, le ministre refuse de reconnaître qu’avec sa bénédiction, l’UOIF a désormais acquis une légitimité qui lui permet d’étendre son influence sur l’ensemble de l’islam de France par le biais d’une instance censée promouvoir un islam démocratique. En échange de cette reconnaissance, le réseau UOIF ne manquera pas de renvoyer l’ascenseur au probable candidat Sarkozy en 2007.

Tout cela aboutit fort logiquement à la remise en cause de la loi de 1905 de séparation des églises et de l’État qui mettait fin à plus d’un siècle de concordat. En proclamant comme un principe institutionnel que « la République assure la liberté de conscience », la laïcité interdisait tout financement direct et indirect des religions par l’article 2 de la loi : « La République ne reconnaît, ne subventionne, ni ne salarie aucun culte. » Pour Nicolas Sarkozy, cette loi doit être modifiée car, selon lui, l’organisation des cultes pose la question de leur financement. Et de prôner un système de financement public pour la construction des édifices religieux. « On trouve naturel que l’État finance un terrain de football, une bibliothèque, un théâtre, une crèche ; mais à partir du moment où les besoins sont cultuels, l’État ne devrait plus engager un centime ! », proteste Nicolas Sarkozy. Le ministre fait mine d’oublier que contrairement à la culture ou au sport qui ont une vocation et une utilité sociales universelles, la religion s’adresse à une communauté : celle des fidèles.

Nicolas Sarkozy a traduit à sa façon la fameuse phrase que l’on prête à André Malraux : « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. » Il se projette dans un horizon où la religion identifiera les personnes en termes de communauté. « Puisque le monde s’uniformise, chacun éprouve le besoin de retrouver son identité profonde. Nous ne courrons aucun risque à organiser la diversité », explique-t-il. Avec son livre il envoie des messages à « ces communautés », estimant que tôt ou tard cette logique communautariste trouvera une traduction électorale. Une stratégie que le futur président de l’UMP expérimente depuis maintenant près de deux ans et demi.

communautarisme

VERSION AMéRICAINE

D’ailleurs, pour être bien sûr de n’oublier personne, Nicolas Sarkozy reconnaît « la légitimité de certaines des nouvelles religiosités » estimant même que le mot secte « est parfois utilisé abusivement contre des mouvements spirituels nouveaux ». Voilà qui éclaire d’une nouvelle manière sa médiatique rencontre avec l’acteur américain Tom Cruise, porte-parole de la scientologie.

Si Nicolas Sarkozy « brise des tabous », ce n’est pas sur la question de la religion. C’est sur le communautarisme. Le ministre tente de greffer le modèle américain d’organisation des communautés religieuses dans la société sur le modèle français. Inspiration américaine que l’on retrouve également dans sa proposition de « discrimination positive » au nom de l’équité. Un moyen habile de faire reposer l’échec uniquement sur la responsabilité

individuelle, et déconnectant complètement la réalité

sociale des choix politiques. Inspiration américaine

encore, quand il s’interrogeait récemment sur la possibilité de transformer le nom de l’UMP en « les Républicains ». Une rupture sans précédent avec la tradition et la culture gaulliste que les militants UMP devraient valider, le 28 novembre, en l’élisant président de leur mouvement.

Stéphane Sahuc

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Sarkozy et la religion

Laïcité : Nicolas Sarkozy plaide pour une présence d'élus locaux dans les associations qui gèrent les associations cultuelles musulmanes. "Mais il faut aller encore plus loin et cesser l'hypocrisie pour séparer l'islam de France des influences étrangères.Donnons aux musulmans les moyens d'avoir leur indépendance".

On n'a pas le droit de parler de religion en disant que c'est la solution aux problèmes de délinquances ou d'apaisement absolu. Il faut rappeler les revers de toute religion en même temps que dire qu'elle peut apporter un grand bienfait.
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Laïcité: Nicolas Sarkozy plaide pour une présence d'élus locaux dans les associations qui gèrent les associations cultuelles musulmanes

A l'occasion d'un colloque sur le centenaire de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, le ministre de l'Intérieur estime qu'elle «peut supporter un toilettage». La loi sur la laïcité de 1905 «peut nécessiter des adaptations», a estimé lundi 19 septembre le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, qui de à nouveau demandé que les musulmans français obtiennent «les moyens de gagner leur indépendance». «La loi de 1905 est une bonne loi», a-t-il affirmé à l'ouverture d'un colloque organisé par l'Académie des sciences morales et politiques pour le centenaire de la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Mais, a-t-il ajouté, «si un texte est aussi fort qu'on le dit, il peut supporter un toilettage». Les textes «peuvent être adaptés sans que soit brisé le moins du monde le consensus autour d'eux», a-t-il ajouté, en jugeant que «jamais un ministre de l'Intérieur ne s'est senti autant ministre des cultes». Il a affirmé que cette loi n'en était pas une «de prohibition. Elle est une loi de liberté», critiquant l'attitude d'un ancien ministre qu'il n'a pas nommé qui, «au nom de la loi de 1905, avait refusé de pénétrer dans une église». «Baliverne, erreur fatale, contresens parfait, c'était ne rien avoir compris à la laïcité à la française», a commenté Nicolas Sarkozy, clamant n'avoir «pas cette vision de combat d'une laïcité sectaire qui viserait à protéger la société civile» des religions. Au contraire, a-t-il ajouté, elle «a apaisé, car elle a reconnu des droits». Parallèlement, «il y a un siècle, la France était celle des campagnes, il y avait les instituteurs et le curé, on allait à la communale et après au catéchisme, aujourd'hui, c'est celle des banlieues, il y a toujours l'instituteur, mais il est souvent seul», a affirmé Nicolas Sarkozy. Le ministre, chargé des cultes, est notamment revenu sur le sort des quelque cinq millions de musulmans français qui ont «moins de moyens» que les autres religions et doivent «se tourner vers l'étranger» pour s'organiser. «Donnez-leur les moyens de gagner leur indépendance», a-t-il lancé. Il a également plaidé pour un «rôle plus important» des conseils municipaux, notamment par la présence d'élus dans les associations qui les gèrent. «On sait alors ce qui s'y passe et on évite toute influence étrangère», a-t-il dit. Nicolas Sarkozy a par ailleurs salué le «premier pas» constitué par la création de la fondation pour les oeuvres de l'Islam de France. Ce fonds, créé en mars par Dominique de Villepin, alors ministre de l'Intérieur, doit permettre aux musulmans de France d'assurer le financement de leur culte.
Lu sur Iranian Quran :

Service international : Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a estimé lundi que le texte de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat peut supporter un toilettage. Selon le rapport de l’agence iranienne de presse coranique (IQNA) citant ‘‘AFP’’, ‘‘Nicolas Sarkozy’’, le ministre de l’Intérieur dit : « cette loi a été adoptée dans un climat de combat, alors qu'un siècle plus tard, nous sommes dans un climat d'apaisement, de la société civile face à la question des religions. En un siècle, la France a changé ». « Si la loi de 1905 est un bon texte, un texte fondateur, important, solide, alors, si un texte est aussi fort qu'on le dit, il peut supporter un toilettage. Les textes peuvent être adaptés sans que soit brisé le moins du monde le consensus autour d'eux », a-t-il ajouté. Elle est une loi de liberté, dit-il en critiquant l'attitude d'un ancien ministre qu'il n'a pas nommé qui, au nom de la loi de 1905, avait refusé de pénétrer dans une église. "Baliverne, erreur fatale, contresens parfait, c'était ne rien avoir compris à la laïcité à la française", commenta M. Sarkozy, revendiquant n'avoir pas cette vision de combat d'une laïcité sectaire qui viserait à protéger la société civile des religions. Cette loi de 1905 "est une bonne loi, qui l'est devenue plus qu'elle ne l'a été, elle s'est bonifiée, mais une bonne loi n'est pas une loi figée, on garde les fondamentaux puis on les adapte. Prenant la défense ‘‘Sarkozy’’ dit : « Mais il faut aller encore plus loin et cesser l'hypocrisie pour séparer l'islam de France des influences étrangères. Donnons aux musulmans les moyens d'avoir leur indépendance.
La loi de 1905 n'est pas une loi de prohibition

Pour Nicolas Sarkozy, «la loi de 1905 n’est pas une loi de prohibition, mais une loi de liberté». « L’esprit de la laïcité à la française, c’est le droit de croire et de le transmettre à ses enfants, et le droit de ne pas croire. À égalité», affirme-t-il. Et de récuser l’idée d’une possible mainmise des religions sur le pouvoir politique. «C’est mal connaître les religions en France que de croire qu’il y a une menace des religions sur la vie politique française !» s’exclame-t-il, avant de défendre vigoureusement son action de ministre en charge des cultes, notamment avec la mise en place du Conseil français du culte musulman (CFCM). «Trop autoritaire ? Un peu d’autorité dans notre société ne fait pas de mal », explique le ministre qui préfère toutefois mettre en avant son «volontarisme». «Une grande éminence de l’Église catholique (le cardinal Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris) m’a même accusé de mettre en place une religion d’État, rappelle-t-il. C’est tout le contraire : à partir du moment où on organise la diversité, il ne peut y avoir de religion d’État.»

Car, rappelle le ministre de l’intérieur, la France a beaucoup changé en un siècle : «La France de 1905 était catholique. La France de 2005 est majoritairement catholique, mais elle est multiple. » En ligne de mire : les musulmans, alors quasi inexistants en métropole, et qui seraient aujourd’hui près de 5 millions sur notre territoire : «Doit-on considérer que les derniers arrivés doivent s’adapter à la loi de 1905 et qu’ils n’ont aucune spécificité ? Les fils et les filles de ceux qui ont bâti nos routes et construit nos voitures ont moins de moyens : ils se tournent donc vers l’étranger, ce qui est dangereux.» Refusant une «identité humiliée qui est une identité radicalisée», Nicolas Sarkozy plaide pour que le culte musulman soit aidé.

C’est dans cette optique qu’il a repris sa distinction toute personnelle – déjà esquissée en ouverture de la rencontre de Sant’Egidio la semaine dernière à Lyon – entre fondamentalisme et intégrisme. Vu par le ministre, «un fondamentaliste est quelqu’un qui croit fondamentalement. En quoi l’engagement fondamental d’un catholique qui va à la messe tous les matins met-il en danger la République ?» Du coup, «il ne devient intégriste que quand il veut plaquer sa réalité sur celle de l’autre : c’est là qu’il devient dangereux et doit être combattu», enchaîne Nicolas Sarkozy, qui voit les religions en France «comme un facteur d’apaisement». «C’est une vision assez rarement défendue», a-t-il reconnu devant les académiciens, avant d’appeler les Français à ne pas avoir peur de la diversité. Une diversité que la loi doit donc prendre en compte. «Il ne faut pas la figer, une loi figée est une loi vieillie», a-t-il conclu.

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Nicolas Sarkozy : un moine en politique ?

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Nicolas Sarkozy se définit lui-même comme « chrétien et homme politique ». Mais, si l’on peut considérer que ses convictions religieuses sont de l’ordre de sa vie privée, quelle place souhaite-t-il voir accordée à la religion dans la vie publique ?

La réponse est simple. Il l’a énoncée, le 20 juin 2005, lors d’une réunion inter religieuse au Théâtre de Neuilly (Hauts-de-Seine), organisée par l’association Bible à Neuilly sur le thème « Dieu peut-il se passer de la République ? » : « les religions sont un plus pour la République ! » car elles permettent « d’espérer ».

Revenant ainsi sur la mort tragique d’un enfant de onze ans tué par balles à la Cité des 4000 de La Courneuve la veille, il a déclaré : « Nos quartiers sont devenus des déserts spirituels, je ne pense pas que nous ayons quoi que ce soit à y gagner (...) Quand on voit des choses pareilles on comprend que choisir l’espérance soit une nécessité ». De la nécessité de croire donc.

Poussant même un peu plus loin l’analyse, il a réduit la question sociale à une question religieuse en affirmant que « si personne n’explique que la vie n’est pas un produit de consommation, il ne faut pas s’étonner que le sens de la vie ne soit pas le même à La Courneuve qu’à Neuilly ».

Quant à la question de la sécurité, idem. « Je n’ai fait que constater que, lorsqu’il y a un prêtre ou un pasteur, dans un village ou un quartier, pour s’occuper des jeunes, il y a moins de laisser-aller, de désespérance, et finalement moins de délinquance ». Il a même incité encore plus clairement les responsables religieux à intervenir dans la sphère publique en leur lançant : « Ne cédez pas au terrorisme de la pensée unique. Ne vous laissez pas moquer, diffamer, insulter. (...) Parfois, je regrette la frilosité de certains hommes d’Eglise. Vous n’avez pas à vous excuser de ce que vous croyez. Il est normal de prendre part au débat public. Si vous croyez, vous devez parler, prendre parti, partager ». De la nécessité d’un lobbying religieux fort donc.

« La République, c’est l’espoir d’une vie meilleure dans le temporel. La religion, c’est l’espérance d’une vie meilleure dans l’au-delà (...) J’affirme que religion et République sont complémentaires », a-t-il enfin déclaré. Voilà qui aurait pu passer pour une conclusion apaisante ménageant sphère privée et sphère publique si, lors de la même réunion, Nicolas Sarkozy n’avait pas tenu à préciser que, pour lui, « il n’y a pas deux vies. Comme si la part de soi la plus intime et la plus intéressante, il fallait l’abandonner jusqu’au samedi matin et au dimanche soir inclus. Le domaine de vie privée n’a pas de sens. C’est le domaine de la vie tout court ». Du mélange des genres, par conséquent.



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Publié par grogg
On parle des gens qui se faisaient volé, violé, tabassé, la vraie délinquance

Et la, indiscutablement ca a baissé.
Non, justement, on en discute, lis mon premier message. Tu verras que pas mal de violences ne sont pas prises en compte dans les stats. Et puis... tu as des sources ?

Parce que moi j'en ai pour dire le contraire : à part les agressions sexuelles, en nette baisse, les agressions violentes sont en pleine augmentation. Ma source est un brûlot de gauche : le Figaro http://www.lefigaro.fr/france/200602...en_france.html
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