Aparté, volontairement séparé de ma contrib. précédente (que j'espère les modotes laisseront tel quel

)
Voici un morceau d'anthologie qu'avec la meilleure technologie du monde on ne pourra jamais retrouver - ou plus précisément reconstituer - dans les machinimas.
Il s'agit d'une des scènes d'ouverture du film de Leone
Il était une fois dans l'Ouest. Scène dans laquelle Claudia Cardinale débarque du train, attendant un homme qui ne viendra pas (puisqu'il a été tué par les hommes de main de Frank/Henry Fonda). Le personnage joué par Claudia Cardinale arrive de la Nouvelle-Orléans et découvre l'Ouest à cet instant précis du film. Le tour de force de Leone est précisément de faire ressentir aussi au spectateur la découverte de cette partie de l'Amérique à travers le personnage de Cardinale. Et toute la maestria de la mise en scène s'efface derrière la sensation procurée.
On ne "voit" pas la technique, on ne fait que la "ressentir" de façon diffuse. Pourtant, dans cette séquence de quatre minutes Leone utilise tous les procédés cinématographiques possibles : plan fixes, plans séquence, très longs plans américains, travellings de tous ordres. Et cela, jusqu'au point d'orgue où la caméra s'éloigne de Claudia Cardinale pour effectuer un travelling vertical et plongeant qui va terminer sa courbe au-dessus du toit de la gare pour nous faire découvrir...... l'Ouest.
Un véritable momument cinématographique. Une esthétique profondément humaine que jamais le film virtuel ne procurera.
Les points particulièrement "forts" :
- entre 0mn00 et 0mn20 : apparition de cette femme venue de l'Est. 4 à 5 secondes de transition entre le plan américain et le gros plan d'une discrétion et d'une fluidité époustouflantes
- entre 1mn35 et 2mn00 : horloge de la gare/montre gousset/apparition de la musique. Une sobriété qui donne le frisson (et quel sens poussé de la distance entre la banalité du lieu et son "étrangeté" pour le personnage débarqué du train : l'horloge de la gare donne l'heure de l'Ouest, tandis que la montre de Claudia Cardinale indique celle de la Nouvelle Orléans).
- entre 2mn10 et 2mn20 : un long plan fixe panoramique sur la solitude "désolée" du personnage de Claudia Cardinale. Et un émoi profond qui en résulte pour le spectateur.
- entre 2mn40 et 3mn15 : la gare devient le personnage principal de la scène, puis c'est l'Ouest qui prend le premier rôle. Un travelling qui tient de la magie artistique, pour "révéler" de façon ample et sobre les lieux du film au spectateur
- entre 3mn35 et 4mn : la carriole où est assise Claudia Cardinale "fusionne" avec l'Ouest. Et nous aussi.
Ce film a plus de 40 ans et n'a pas pris une ride. Dans quelques années, quand l'infographie et les technologies digitales auront encore et toujours progressé, on trouvera Avatar et autres productions basées sur les effets spéciaux bien pâlotes...