[Récit] - C'est pas ma guerre, mais c'est ma vie

 
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Les homards m'ont buté tôt dans l'après midi. Les homards. On les appelle ainsi à cause de leurs sales gueules, et de l'odeur dégueulasse que dégagent leurs cadavres qui pourrissent dans les tranchées. Toute l'escouade y est passée cette fois. Faut dire qu'y nous ont bien eu. Mission d' routine, "reconnaissance sur une planète mal connue, identification des avant-postes aux mains de l'Engeance, récolte d'informations sur la faune et la flore locales, quadrillage vectorielle pour frappe d'artillerie, élimination de toute source de menace potentielle pour un débarquement massif". Une bonne mission, une bonne équipe, du bon matos. Une semaine, deux, à tout casser.

On s'est fait avoir comme des bleus. Quarante minutes. Quarante minutes, et pas une de plus. C'est l'temps qu'il a fallu pour se faire décimer. J'crois qu'un thrax a été tué, j'suis même pas sûr. En tout cas y'en a un qu'a dégusté. Douze soldats et spécialistes sont tombés. J'peux vous dire qu'un trou plus gros qu'mon poing dans l'milieu du bide, ça fait un drôle d'effet. Même pas mal, on ne sent rien, c'est ça l'pire. On regarde ses tripes couler lentement en dehors de l'armure, on r'garde tout autour, l'air bête. Et puis on tombe, les yeux grands ouverts. J'pensais qu'on mourrait rapidement avec un trou pareil, mais il en faut du temps avant que l'coprs lâche l'affaire. Plusieurs minutes.

Alors on est là, au sol, les mains sur le ventre, la bouche entrouverte à essayer de respirer, et on profite du spectacle. Les copains qui se font piétiner par l'infanterie lourde des Banes, les acides qui rongent les armures et font fondre les peaux, les engins explosifs qui pètent avant d'avoir été lancé... Y'en a même eu un qu'a tenté le tout pour le tout. L'arme enraillée, il a sorti sa lame et foncé dans l'tas. On peut pas dire qu'les thrax soient profondément expressifs, mais j'jurerai avoir vu de la surprise sur leurs sales gueules. Surtout celui qui s'est mangé la lame dans la face, haha, lui s'en souviendra. Faut voir un homard hurler en se tenant la face pendant qu'nous on s'vide des boyaux, au moins une fois dans une vie. Au moins on s'en souvient après le clonage. C'est pas la première fois, mais chaque fois on oublie quelque chose, des petits riens, mais c'est perturbant.

Avant toute cette merde, on crevait une seule fois, et puis plus rien. Maintenant, on peut crever plusieurs fois par semaine, ça c'est la révolution technologique. Enfoiré d'Elohs.
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Y'a encore quatre ans, j'bossais pour l'armée. C'tte blague. J'faisais l'sale boulot, celui qu'personne veut savoir qu'ça existe. J'étais bon dans ma partie. On disait souvent qu'les rebels avaient des tripes, qu'avec moins de moyens ils tenaient l'armée en respect, juste parc'qu'y suivaient des idées, et pas des ordres. Pas comme nous aut'. J'rigolais bien avec c'tte blague. J'disais qu'ouais, c'était vrai, le coup de tripes. C'est moi qui leur ouvrais l'bide pour les faire parler, alors des tripes j'en ai vu, pour sûr. Dans l'temps ça m'faisait marrer. Aujourd'hui j'sais pu trop.

J'me suis fait ouvert le bide quelque fois, j'suis mort plus que de raison, on peut dire que j'en ai bavé. Avec le recul ouais, j'dis pas que j'ris, mais c'est marrant ouais, mais sur le coup, pour sûr qu'ça fait mal. Faut pas en abuser d'la douleur. Là on va m'dire un truc trop important, j'sais pas encore quoi, mais paraît qu'ça va changer ma vie. J'demande à voir. Y paraît que j'suis supérieur. Hé, je l'saurai. J'suis pas bien malin j'sais bien, mais j'ai pas la grosse tête. Supérieur. Avec les femmes c'est pas ça, sauf celles que j'paye et qui m'disent que j'suis bon. Alors supérieur, m'font bien fait rire. J'suis bon sur l'terrain, le flingue dans les mains, ça ouais j'dis pas.

L'aut' jour quand j'suis mort en mission d'reconnaissance, j'me suis dit qu'c'était pas impossible que les clones foirent, et que j'allais p'têt y passer pour de vrai. J'ai pas d'ami, pas d'famille. J'manque à personne si j'reviens pas. Là j'me suis dit merde, j'suis qu'un gros naze. J'ai réfléchi autant que j'pouvais, mais j'ai pas d'éducation, pour sûr qu'c'est pas facile. J'me suis collé des baffes dans la gueule, et j'ai compris un truc quand même. J'ai la guerre. J'veux dire, j'suis pas remplaçable si facil'ment. J'sais faire des trucs avec mes flingues, j'sais faire péter des tas d'choses et réparer ensuite. J'sais faire des trucs qu'y faut des années pour apprendre à un bleu.

Un moment l'chef m'a dit que j'pourrais être l'chef si j'voulais, mais j'ai dit non. J'suis pas malin, mais pour sûr qu'j'suis pas un idiot. J'vois bien l'chef, toujours dans son bureau. J'veux l'terrain moi, j'veux dézinguer, j'veux saigner, ça m'fait vivre. J'disais, ouais, si ça s'trouve j'peux vraiment y rester. C'est là qu'j'ai commencé à parler dans c'truc pour y laisser ma trace, vu qu'j'ai qu'moi. P'têt qu'un jour y'a quelqu'un qui va écouter ça, et qui va dire du bien d'moi.

P'têt. V'là l'chef qui s'ramène, j'vais savoir pourquoi qu'j'suis supérieur. Pour sûr qu'vous raconterais.
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Vous m'croirez pas quand j'vous l'dirais, mais j'vous l'dis d'façon ça changera rien à ma caboche : je suis sensible.

Comment j'me suis marré devant l'commité quand y m'ont dit ça ! Eux-mêmes n'avez pas l'air convaincu en m'voyant taper d'la main sur ma cuisse, la gueule ouverte et le rire gras. J'y voyais pas net à cause des larmes, mais y z'ont dit des trucs dans le creux de l'oreille, j'ai vu les têtes se pencher à s'moment là. J'ai mis quelques minutes l'ambiance, et quand qu'j'ai vu qu'les autres y bronchaient pas, me suis dit que p'têt c'était une maladie grave. J'ai dit 'scusez-moi m'sieurs dames, et j'ai repris ma tête des combats, quand qu'faut être sérieux sinon on s'prend un tir de barrage et on s'relève en morceaux dans une cuvette de réa'. J'ai demandé calmement combien d'temps qu'y m'restait et si ça se guérissait.

Qu'qu'part, j'étais soulagé. J'aurai une prime de maladie d'guerre et j'pourrai trainer mes derniers jours dans l'coin du bar. J'bois pas, mais j'aime bien la musique d'l'ancien monde qu'y passent d'temps en temps. Et j'connais intim'ment la serveuse, si on peut dire. L'commité, v'savez pas c'qu'y m'ont répondu !? Ca ne fait que commencer monsieur Vagok. Pour sûr qu'j'ai pas aimé. Y'a des bons gars qui partent en une seconde et qui reste rien pour la réa', eux c'est les chanceux. Y'a les autres qui s'démerdent toujours pour avoir encore un bout qui traine, et qui terminent en réa, prêt à repartir dans la boue. Ca, c'est moi. Enfin, j'croyais. Y'en a aussi qui s'tapent des maladies bizarres et qui sont morts en deux jours. Et puis y'a les derniers, le plus pires pour sûr. Eux y s'cognent des maladies qu'on sait rien, et y z'agonisent pendant des semaines. Et là j'apprends que pour moi ça n'fait que commencer. J'suis pas d'acc' moi.

J'reprends mes esprits et je regarde l'commité. Z'ont l'air grave. Et voilà pas qu'celui du milieu y s'met à m'parler en m'disant que j'vais pas mourir et qu'si j'm'entraine, avec les autres, j'peux faire reculer les homards puants.

C'est qu'j'y comprend pu trop là.
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Vous m'croirez pas quand j'vous l'dirais, mais j'vous l'dis d'façon ça changera rien à ma caboche : je suis doué.

J'ai un don, qu'y m'ont dit. Mais là j'me suis pas marré devant l'commité. Au début j'ai carrément flippé. Imaginez ça : pour une raison pas trop bien comprise, mon esprit est capable d'intégrer des connaissances qui dépassent la capacité qu'notre science peut expliquer. C'est fort pour sûr. Y'a des drôles de machins qui m'parlent à travers des cailloux brillants, et qui augmentent mes capacités à m'servir de mon cerveau et d'mon corps. J'ai pas encore tout bien saisi à cause qu'les Banes ont attaqué l'poste pendant l'entrainement. Du coup on a dû arrêter, le temps de s'défendre, mais c'est justement là qu'j'ai eu l'flippe.

J'ai mis en pratique l'truc le plus cool que j'ai jamais vu, et c'est moi qui l'a fait, j'suis un peu fier. J'ai pu cramer un homard en le foudroyant, littéralement, et rien qu'en m'concentrant sur mes nouvelles capacités. Un éclair bleu, comme ça, qu'est sorti d'ma main. Ca coupe un peu le souffle, mais bon sent c'que c'est bon. J'imagine déjà les trucs qu'j'pourrais faire avec si j'arrive à l'faire moins fort, juste un p'tit coup d'jus. Les nana doivent bien tripper avec ça, pendant ma prochaine perm' faudra absolument qu'je tente le truc. Le homard il a bien trippé aussi. Il est resté debout comme ça à gigotter pendant plusieurs secondes, jusqu'à c'que j'm'approche et que j'lui mette un coup de crosse sur l'museau. J'ai pété mon flingue vu le carapace du truc, mais l'commité l'a rien dit, ils étaient trop soulagés qu'presque tout seul j'ai buté tous les puants de l'Engeance.

Maintenant voilà qu'on m'envoie négocier avec les foréens, les autochtones d'là où qu'l'AFS s'installe pour taper les Banes. Faut qu'j'dise à ces hippies qu'l'AFS c'est des amis et qu'y faut être amis. Les pauv' gars, ils doivent pas être convaincu. Déjà l'Engeance vient leur pourrir la vie, faut en plus qu'les humains se joignent à la fête. M'enfin bon, en retour y paraît qu'd'autres cailloux brillants vont m'dire des trucs. J'sens qu'ma vie va encore basculer après ça. Dire qu'y a quelques années tout le monde pensait être seul dans l'univers.

Ouais, ça, c'était juste avant qu'on s'fasse laminer par les homards de l'espace.
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Bin final'ment c'qu'on dit sur les gonzesses, pour sûr qu'c'est vrai. Y'a qu'les gros calibres qui comptent. Et elles préfèrent être d'ssus. Elles contrôlent. La dernière que j'ai voulu r'tourner, elle m'a mis K.O., j'me suis réveillé un quart d'heure plus tard à cause qu'les haut-parleurs y disaient qu'l'Engeance attaquait l'poste. Aujourd'hui c'est comme ça. Si tu tires pas ton coup avec une gonzesse, tu l'tires avec un homard. T'as intérêt à assurer sévère. Enfin, faut pas oublier la mission. C'était pas une partie de plaisir, c'est pour ça qu'j'ai pris mon pied, un truc monstrueux.
Déjà, les foréens y z'aiment pas la guerre. Hors nous aut' les humains, on est balèze pour ça, c'est notre truc, la signature astrale de notre espèce, un truc dans le genre. Et pas besoin des Banes pour ça, oh ça non ! Des millénaires de guerre qu'on a vécu, et qu'on a survécu, en plus. Sérieux, on se demande comment. J'crois qu'on a survécu aux Banes pour ça : on aime faire la guerre, et si on est mort, bin on peut plus la faire. Alors on vit. Et moi, j'vis particulièrement bien, si vous voyez c'que j'veux dire. Les p'tits hommes verts des bois (c'est plus long mais c'est plus marrant que de dire foréens) z'ont pas mis longtemps à piger l'astuce, et on est plus ou moins allier maintenant. Disons que eux meurent, et que moi j'fais la guerre. C'est salaud quand on y pense, mais moi j'pense pas trop, alors ça va.
Après la rencontre avec les foréens (c'est moins marrant mais c'est plus court que de dire les p'tits hommes verts des bois), y'a eu pas mal de galère, genre un vieux passé qui ressurgit, des secrets qu'ils faut pas qu'on les dise, ce genre de trucs. J'suis pas malin mais j'suis curieux, et comme d'façon j'suis là pour ça, j'écoute les histoires. L'une d'elles m'a mené à une foutue bataille, on aurai dit ma chambre d'quand j'étais môme, en pire, c'est vous dire. Une fois qu'j'ai répandu les trippes de Banes sur tous les murs sacrés de gardiens foréens (c'est eux qu'on dit qu'il fallait qu'l'Engeance parte, maintenant elle n'est plus là, à ma façon d'accord, mais elle n'est plus là), j'ai eu une chouette surprise.
J'ai causé un peu avec un Eloh. Un genre de super-foréen, v'voyez, comme dans ce vieux dessin animé d'la Terre avec des guerriers qui fusionnent et tout le tralala. Bon là c'est pas des foréens qui fusionnent, mais ça m'a fait penser à ça. Ho je sais, vous vous dite celui-là, il perd la boule. L'Eloh m'a raconté des tas d'histoires, c'était sympa, un peu longuet parfois car il ne mettait pas l'intonation, mais ça change du petit chaperon rouge.
J'vais vous dire, dans cette putain d'guerre, perdre la raison vaut mieux que d'devenir fou.
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yop yop

Tchey ? tu fais un sacré bon boulot

tes nouvelles sont trés plaisantes à lire
je me suis surpris à toutes les lire

tu as vraiment trouvé un style qui colle parfaitement au jeu

entre Technomencia et tes nouvelles .... il ne manquerait plus que le jeu se mette au niveau de vos talents conjugués
et tout le monde se réconcilierait , n en doutons pas
Citation :
Publié par Hermès

manque plus que l'illustration

vivi
à quand un mariage Tchey / Richard Garriott

pour qu ils nous refassent un beau bébe tout bien fini de partout ?
Pour sûr qu'ça n'a pas été facile, mais finalement, j'ai réussi à m'en faire une ! Plusieurs fois en fait, j'ai vraiment assuré sur ce coup. Ca remonte vach'ment l'moral, j'vous l'dis. C'est qu'ça fait un moment que je tente, et c'était l'échec à chaque fois. Pas évident à comprendre ces choses là. Au toucher ça fait des frissons, mais le plus intense c'est quand on entre dedans, là, pure sensation, j'sais pas comment j'ai fait pour survivre sans connaître ça avant.

Faut un certain temps pour la préparer, normal, ces choses là ne viennent pas tout seul, ho ça non. Quand c'est prêt, bien monté, qu'on y va, c'est... C'est comme une vague d'énergie intense qui fait l'tour du corps, ça hérisse tous les poils un par un, et soudain, heu, soudain... J'connais pas trop d'mot pour l'dire mais c'est bien. J'crois qu'si j'ai pu l'faire, c'est grâce à ma nouvelle sensibilité. J'veux dire, j'suis pas bien malin, mais depuis qu'j'sais faire c'que j'sais faire, j'sais faire plus de trucs, v'voyez ? Alors du coup, quand j'ai monté ma première balise de téléportation, ça a fait comme une révélation pour moi.

Et la tête des copains ! Au fait, j'm'en suis fait des tous neufs, les autres sont éparpillés sur Arieki quelque part dans la boue. Eparpillés, j'veux dire, vraiment. Quand j'disais qu'le clonage marchait pas tout l'temps, j'racontais pas des salades. Les copains donc... Y pensaient tous que j'serais rien qu'un soldat, le fusil dans les bras, et basta. Déjà, quand y z'ont vu les éclairs, y z'ont moins rigolé. Et quand y z'ont vu qu'je savais bricoler des trucs pareil, là, pour sûr, y z'ont carrément changé d'regard. J'fais maintenant partie de c'qui convient d'nommer l'élite ingénieuse d'l'humanité, et ouep. Y'a qu'un mauvais côté, c'est que j'dois prendre des cours.

J'suis pas allé en cours depuis qu'j'ai plaqué les études supérieures en CM1 ou CM2 j'sais plus.
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Trois jours de perm', hé, on n'a jamais vu ça depuis, hoarf, depuis jamais, si on considère qu'le premier jour de c'tte vie c'est celui où qu'on a quitté la Terre. Trois jours de perm' rien qu'à moi. Classe, non ? Si vous aviez vu la tête du chef quand il a su ça. Bon, l'a jamais vraiment su, vu qu'sa tête et qu'son corps n'étaient plus ensemble, mais on peut imaginer. C'est l'chef au d'ssus du chef qu'il l'a fait, la tête, mais lui l'était pas l'genre à avoir l'sourire. Quoi qu'la tête du chef, celle qu'était plus avec le corps, non plus, faut bien dire. Trois jours de perm' c'est la première grande nouvelle. La seconde est encore mieux : j'suis dispensé d'cours. Le sujet est beaucoup trop sensible, qu'ils ont dit. Le sujet c'est moi.

La sensibilité, c'est quand j'fais exploser tout le bâtiment et les gens dedans. Ho, je l'ai pas fait exprès, pour sûr qu'non ! Je regardais béât l'espace de non-espace de la balise spacio-temporelle, et puis soudain, paf ! Oué, c'est compliqué au début, mais on apprend vite sur le front (j'crois que c'est pour ça qu'on parlait de la bosse des maths quand j'étais petit, mais je ne l'avais pas encore compris). J'ai fait un truc avec des pièces d'une tourelle que j'devais monter plus tard. J'ai pas vraiment eu l'temps de tout bien voir, mais c'qu'est sûr, c'est qu'le champignon bleuté, façon bombe à fission, il était bien là. Et il commençait à prendre du poids. Avant qu'il dépasse la taille d'un ballon, j'ai pris le champignon à pleines mains, et je l'ai jeté dans la balise spacio-temporelle. A pleines mains, j'le jure. Quelques secondes plus tard, j'avais le nez contre le sol, des fragments de verre un peu partout sur le corps et les oreilles qui sifflent.

C'qui c'est passé, c'est qu'avec ma « sensibilité de réceptif-logo » comme ils disent, j'ai crée à partir de certains matériaux une bombe à fission contrôlée miniature. J'ai envoyé c'tte bombinette via la balise dans le bâtiment d'à côté, celui où qu'ils font des tests de voyages instantanées et qu'est relié à toutes les balises des étudiants. Dont la mienne. Et devinez quoi ? J'l'ai fait juste au moment où l'chef faisait une inspection de routine. J'l'ai toujours dit moi, la routine, ça n'apporte rien de bon. C'est donc comme ça que j'ai eu droit à trois jours de perm '. C'est à dire trois jours loin des homards, loin de la boue, loin des trippes qui s'balladent en dehors du bide et tout ça. Ils pouvaient pas se passer de moi, j'ai un fort potentiel qu'ils disent. Sur Terre, j'aurai eu droit à la pendaison pour ça. Hé, y'a du bon dans l'fait qu'on soit pas sur Terre, j'vous l'dis !

Alors OK c'est pas une vraie perm' et j'troc la boue contre la merde des chiottes, mais c'est d'la merde humaine, ça fait toute la différence.
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Arrrggghhhhhh encore. J'veux dl'a suite. Siou plais encore une p'tite dose. Juste pour oublier toute cette boue qui me recouvre, les trous qu'les zhomards y m'ont fait dans la paillasse. Et ptet que j'pourrais v'nir en perm avec toi. Qu'même ke si tu bois pô on pourra se raconter comment qu'on les z'a fait sauter. Et ke si je sais pas bien raconter que je fairais rien que t'écouter, cause que j'aime bien comment tu dis les choses.
Le truc moche avec la guerre, c'est pas qu'on en meurt, c'est qu'on peut en vivre. J'connais des types, des vrais raclures quand j'y pense, qui vivent de la guerre. Sans la guerre, y' sont plus rien, leurs existences n'a plus aucun fond'ment.

Faut être un enfoiré d'première pour s'élever dans le sang, la douleur et la mort, voire d'se réjouir d'la situation, ou pire encore, d'la provoquer. Z'imaginez déjà rien qu'le pauv' bonhomme qui refourgue des munitions à prix d'or, c'qui doit avoir dans le ciboulot ? Alors z'imaginez celui qui donne les ordres, et celui qui les exécute ? Un mec comme ça, y' doit avoir des morts sur la conscience, et pas qu'un seul. Si ça s'trouve, y' prend même du plaisir à tuer, à prendre une vie qu'est même pas à lui.

A l'époque où qu'l'Humanité était encore le cancer de la Terre (elle doit remercier les homards tous les jours celle-là), on s'racontait des histoires pour s'faire flipper. Des créatures de la nuit qui v'naient sucer l'sang en croquant l'cou des jolies nanas, des vampires qu'on disait. Ces mecs dont j'vous parle, y sont pareils en fait. Ils prennent la vie des autres pour alimenter la leur. Des vampires, j'vous dis. C'est quoi l'emploi du temps d'un vampire d'aujourd'hui ?

Y' s'lève à l'aube sur un coup d'clairon, si sa chambre n'a pas explosé dans la nuit. Voilà l'patron qui faut saluer, qui lui-même va saluer son patron, et ça remonte comme-ça jusqu'au super patron, l'équivalent du vampire originel en gros. Ensuite il astique son arme, il s'entraine, il traine dans la boue, jusqu'à c'qu'il soit assez fort pour traquer sa proie. Comme un vampire mange des rats avant d'arriver à s'faire un humain. Ensuite c'est la traque, l'adrénaline, le plaisir d'la chasse. Les réflexes sont là, l'entrain'ment porte ses fruits. La proie est à portée, elle est bien choisie. Isolée, affaiblie, elle est prête. Le chasseur frappe. Mission de destruction, d'assassinat, de reconnaissance...

V'savez pas quoi ? Cette enflure, en fait, c'est tout moi.
yop yop

je sais que je suis déjà intervenu mais en lisant ton dernier truc je me suis dit :
quel style , quel talent

merci de ton écriture et , s il te plait : continue

si un jour tu te casses de là bah dis moi ou tu poursuis tes délires car sincérement c est rare de véhiculer une ambiance comme celle que tu fais gicler de tes quelques lignes

 

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