Légende d'un héro, histoire d'un homme

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Tout d'abord ; Bonne année 2009 à tous !

De retour en presque pleine forme des vacances, c'est avec joie que je constate que mon pc n'est pas mort de froid
Voici donc la suite de notre histoire, j'espère qu'elle vous plaira.
Encore une fois, tout mes voeux de santé et de bonheur aux lecteurs de cette histoire (ainsi qu'à ceux qui ne la lise pas aussi ) et surtout rester couvert, l'hiver est glacial. ^_^

Et toujours, pour tout commentaires, avis, questions ou autres, ma boite à mp est faite pour ça.

/HRP








Direction ; L’Île des Dragons




Allongé dans l’herbe d’une clairière, Zack regardait le ciel clair et dégagé de la nuit qui brillait de mille feux.
Il n’y avait pas un son, pas un bruit, juste son cœur qui battait d’un rythme lent.
Il n’arrivait pas à se souvenir à quel moment il s’était allongé mais étrangement cela lui importait peu, il n’avait pas envie de bouger de toute façon.
Aucune pensée ne traversait son esprit, le jeune homme se contentait de contempler le firmament étoilé.

Les secondes passaient, les minutes, les heures mais le jour ne se levait pas, la nuit restait tel quel, froide et magnifique.
Une étoile se mit briller soudainement plus que les autres, de plus en plus fort, jusqu'à tout englober de sa lumière, jusqu'à tout faire disparaître dans un blanc immaculé.
Dans ce grand vide blanc, Zack était toujours allongé, serein et détendu, puis une voix vint troubler le silence et la paix de cet immense rien.


« Tu souhaite réellement rester ici ? »


Zack ne répondit pas, cherchant, sans bouger, d’où provenait cette voix grave et sombre.
C’est alors qu’il aperçut en levant les yeux, une grande épée noire au dessus de sa tête, planté dans un sol invisible.


Zack : « Ici ? »
« Oui, dans cet endroit où rien ne peux t’atteindre. »
Zack : « Pourquoi suis je ici ? »
« Toi seul décide d’y être. »
Zack : « Pourquoi ais je décidé d’y être ? »
« Toi seul connais la réponse. »
Zack : « Qui es tu ? »
« Une épée. »
Zack : « Les épées ne parlent pas. »
« Tu ne comprend simplement pas leur langage. »


La conversation aurait pu sembler irréel à n’importe qui mais Zack ne s’en souciait pas, allongé dans ce grand blanc, rien ne semblait plus étrange.
Ou plutôt, aussi étrange que cela aurait pu être, rien ne semblait plus avoir d’importance.


« Sais tu où tu es ? »
Zack : « Non. »
« Quelque part entre la vie et la mort… entre ta vie et ta mort. »
Zack : « Et que dois je faire ? »
« Choisir. »
Zack : « Entre vivre ou mourir ? »
« Exactement. »


Le jeune homme regarda cette grande épée noire et le vide blanc qu’il y avait tout autour d’eux.
Il restait calme, presque indifférent à tout ce que venait lui dire la voix grave, comme si son détachement sur les choses était à son paroxysme, même s’il s’agissait de sa propre vie.


« D’un côté il y a ta vie, celle que tu as vécue jusque là, et de l’autre il y a ta mort qui ne commencera qu’à la fin de ta vie. »
Zack : « Qu’y a t il du côté de ma mort ? »
« Personne ne le sais avant de choisir d’y aller, et quand on choisit d’y aller, on ne peut pas revenir en arrière. »
Zack : « Qu’y a t il du côté de ma vie ? »
« N’as tu aucun souvenir ? »
Zack : « Je ne sais pas… je n’arrive pas à me rappeler… »
« Laisse moi te rafraîchir un peu la mémoire. »


« Espece de crétin ! »


La voix qui venait de résonner lui semblait familière sans qu’il arrive à se rappeler à qui elle appartenait.
C’était une voix de femme.
Doucement le grand blanc qui l’entourait commença à changer et un visage apparu, recouvert d’un pelage rose, avec des petits yeux courroucé, une moue contrarié et de grandes oreilles pointues plaqué sur la tête.
Zack était toujours allongé, il ne bougeait pas et pourtant il voyait clairement ce visage dans son esprit en même temps qu’il se formait tout autour de lui.


« On dirait deux amoureux, hihi. »


Le visage avait changé mais c’était toujours celui d’une femme, avec des cheveux brun et un petit sourire aux lèvres.
Comme pour celle d’avant, il lui semblait la connaître.


« Ils sont ma seule famille. »


Les traits se firent masculin et deux cornes poussèrent sur la tête du jeune homme aux cheveux noirs en bataille qui venait d’apparaître.
Toujours cette impression étrange qui l’empêchait de se souvenir de qui il s’agissait.


« Je dois protéger mademoiselle. »
« De toute façon je viens avec toi que ça te plaise ou non. »
« Merci d’avoir récupéré mon chat ! »
« La prochaine fois j’aurais un sac plein de potion ! »
« Le plus important c’est le p’tit dèj’ ! »
« C’est MAITRE Guecko ! »
« On soigne tout le monde sans distinction. »


Les visages se succédaient les uns après les autres puis disparurent laissant de nouveau un blanc infini l’entourer.


Zack : « Qui sont ils ? »
« Des personnes que tu connais. »
Zack : « Je n’arrive pas à me souvenir… »
« C’est parce que cela fait trop longtemps que tu es ici, ta mémoire s’altère progressivement… Bientôt tu n’auras plus le privilège de pouvoir choisir. »


Doucement, une silhouette se dessina au dessus de lui.


« Alors gamin, on fait la sieste ? »
Zack : « Grand père ? »
« Content que tu ne m’ais pas oublié, morveux. »


Contrairement à précédemment, le vieillard apparu entièrement, habillé de sa vieille chemise usé à carreaux et d’une large salopette délavée.
Le papy s’assit dans le vide, à côté du jeune homme toujours allongé.


Zack : « Qu’est ce que tu fais ici ? »
« Il paraît que tu es arrivé au bout du chemin alors je suis venu. »
Zack : « Je… j’aurais voulu que tu reste avec moi… pourquoi... pourquoi es tu partit… »
« On part tous un jour gamin, quand l’heure est venue, on y peux rien. »
Zack : « Mon heure est venue aussi ? »
« Ici c’est à toi de décider si elle est venu ou pas, gamin. »
Zack : « Je sais pas quoi faire… »
« Tu as des regrets ? »
Zack : « Je ne sais pas… je me rappel pas… peut être… »
« Tu peux encore changer ça, si tu es ici c’est que ta toute dernière heure n’est pas encore arrivée et que tu as encore le choix. »
Zack : « Je crois… je crois qu’une partie de moi veux rentrer… pour… tenir toute mes promesses… »
« Ca va être dur gamin, j’espère que tu n’es plus le petit pleurnicheur d’autrefois. »
Zack : « Ne t’inquiète pas grand père. »


Le vieil homme tapota la jambe de Zack en souriant.


« Je suis pas inquiet fiston, je sais que t’as la tête dure. On se reverra la prochaine fois. »
Zack : « Ne m’en veux pas grand père mais j’espère que ce sera le plus tard possible. »


Le vieillard se mit à rire à gorge déployé, comme il le faisait toujours quand il se moquait du petit garçon qui pleurait lorsqu’il se faisait un petit bobo.
Zack sourit également, entendre à nouveaux ce rire lui faisait du bien, énormément de bien.
La lumière blanche qui l’entourait s’atténuait peu à peu, le vieil homme qui s’esclaffait disparu au bout d’un moment, la grande épée aussi, jusqu’à qu’il ne reste plus que le noir absolu.


De longues minutes s’écoulèrent dans ce néant totale, puis un point brillant s’alluma devant lui, puis un autre, et encore un autre, et encore un, des milliers de petits points s’illuminèrent progressivement.
Zack mit un moment à comprendre qu’il regardait à nouveau le firmament, allongé dans l’herbe une fois de plus.
Ses oreilles se débouchèrent soudainement et le silence fut rompu par le concert nocturne des insectes, le bruit du vent qui faisait frémir le feuillage des arbres, les sanglots désespérés d’une femme.


Zack (engourdit) : « L… Lili ? »


La rouquine était assise à côté de lui, effondré sur son torse, en pleure.
Elle releva la tête, les yeux et les joues noyés de larmes.


Lili : « Je… snirfl… je suis tellement désolé… je sais pas ce qui m’a prit.. j’ai pas réfléchit… snirfl… pardonne moi s’il te plaît… je voulais pas… je voulais… »


Elle éclata de nouveau en sanglot sur son torse sans arriver à prononcer un mot de plus.

Zack essayait de remettre ses souvenirs dans l’ordre, tout était flou dans son esprit.
Il se souvenait avoir fini sa course dans la clairière mais après il était comme en plein brouillard.


Zack : « Lili... qu’est ce qui c’est passé ? »


La Sacrieuse hoquetait et pleurait sans discontinuer et sans lui répondre.

Le jeune homme essaya de bouger sans y parvenir, les muscles de ses bras et de ses jambes étaient raides et crampés, comme s’il avait fourni des efforts supérieurs à ses possibilités.
Pourtant il ne ressentait pas la douleur ou la fatigue caractéristique de cet état, son corps avait l'air d'être à bout de force mais son cerveau ne semblait pas s’en rendre compte.


Lili (articulant entre deux sanglots) : « Je… snirfl.. je t’ai trahi… Zack je… je suis désolé… je ne voulais pas… pardonne moi… je… »


Subitement, tout lui revint en mémoire.
Il était arrivé dans la clairière et Lili avait soudain cessé de courir.
Elle s’était retourné face à lui et avait déjà les larmes aux yeux, se répandant en excuse.
Le malaise de Zack ne cessa de grandir à mesure qu’elle lui expliquait que le kidnappeur avait exigé un échange, une vie contre une autre, Zack en échange d’Eve.
Le jeune homme avait fait un pas en arrière, désorienté par ce qu’elle venait de lui dire mais aussi par le fait qu’elle l’ai attiré dans un piège.

Il n’avait rien entendu, ressentit aucune présence, pourtant un projectile jailli du feuillage d’un arbre et se planta dans son bras gauche, lui arrachant un cri de surprise.
Il délogea aussitôt la petite étoile aux bords tranchant qui l’avait blessé mais il était bien trop tard.

Zack repensa à la mort de son grand père lorsqu’il aperçut l’horrible tache noirâtre qui grossissait à l’endroit de la petite entaille et qui se propageait le long de son bras à une vitesse ahurissante.

Il hurla de terreur en s’écroulant sur le sol.
Tandis que son bras se raidissant, il avait la vision de son grand père qui se transformait, il allait devenir pareil.

Cette tâche noire c’était la seule chose qu’il n’avait pu vaincre, elle avait emporté l’être qu’il aimait le plus au monde et ce soir elle allait faire de même avec lui, elle le dévorerait de l’intérieur sans qu’il puisse faire quoi que ce soit et il mourrait.

A mesure qu’elle s’étendait sur lui, elle le paralysait, son avant bras et ses doigts ne lui obéissait déjà plus et elle continuait de remonter le long de ses muscles, les bloquant à mesure que la toxine se répandait dans son organisme.

Son bras était comme gelé, il avait froid de son épaule jusqu’aux bouts des ongles mais une fois que la tâche atteignit son torse c’est l’inverse qui se produisit.
Il étouffait, comme s’il cuisait de l’intérieur, il était presque persuadé qu’il sentirait l’odeur du cochon grillé d’ici quelques instants.
La chaleur tout comme la tâche remontèrent le long de son cou et de son visage.
Son oreille sifflait d’un son infiniment aigu et douloureux, tandis que son œil lui donnait l’impression qu’il allait éclater comme un raisin qu’on presse entre ses doigts.
Le sang brûlant qui parcourait ses tempes n’atténuait pas cette sensation de rôtir à petit feu et il se voyait déjà finir comme un petit bout de viande calciné.

De désespoir il regarda dans la direction de la Sacrieuse qui pleurait, courant vers lui avec une lenteur presque immobile.
Puis il tomba en arrière, il ne sentait plus rien, il n’entendait plus rien, il voyait juste le ciel étoilé qui s’illuminait, et finalement, tout s’assombrit.


Lili : « Je suis désolé… snirfl… je… je voulais sauver mademoiselle mais… je suis désolé Zack… snirfl.. »


La rouquine continuait de pleurer toute les larmes de son corps sur le torse du jeune homme.

Zack devinait qu’elle devait être totalement désespérée, non seulement elle avait été contraint de trahir un ami et en plus de cela, elle n’avait apparemment pas récupéré la jeune adolescente.


Zack : « Lili, aide moi à me relever… j’arrive plus à bouger. »
Lili (reniflant) : « Tu… snirfl.. le… le poison n’as pas complètement été éliminé… tu ne pourra pas bouger tout de suite…»
Zack : « Eliminé ? Par un antidote ? »
Lili : « Tu… tu ne te souviens pas ?… »


Il resta silencieux, essayant de faire remonter à la surface les évènements qui s’étaient produit il y a peu mais rien n’y faisait.


Lili : « Peu… peu après que tu te sois écroulé… le poison semblait avoir atteint ton cerveau et tu commençais à délirer pendant que tout ton corps était prit de convulsion… je… snirfl… j’était paniqué, je savais pas quoi faire.. je… et puis… à un moment tu as parlé de… de fleur de lune… c’est là que je me suis souvenu que c’était un remède que certains alchimistes se servaient pour enrayer la progression de la plupart des poisons… »
Zack (toujours immobilisé, les yeux levés vers le ciel) : « Où est Eve ?… »
Lili : « Il… il ne l’a pas libéré snirfl… il… il avait promis mais… ho Zack je suis tellement désolé.. je… je… »


La voix de la Sacrieuse s’éteignit et les pleures reprirent de plus belle.
La pauvre était complètement effondrée, une boule glaciale de regret dans l’estomac, la gorge noué par le chagrin, les yeux rougis par les larmes, elle aurait tout donné pour revenir en arrière.
Comment Zack pourrait il la pardonner après ça ?
Elle l’avait trahi, attiré dans un piège en parfaite connaissance de cause, et même si c’était pour sauver l’adolescente qu’elle avait juré de protéger, son acte n’en était pas moins grave et encore moins justifié.
Au final, elle n’avait pu sauver personne, ni Eve, ni Zack.


Zack : « Quand je pourrais de nouveau bouger on ira chercher Eve… »
Lili (d’une voix étranglé) : « Quoi ? »
Zack : « A t il dit quelque chose qui puisse nous renseigner sur l’endroit où il comptait l’emmener ? »
Lili : « Mais.. mais tu.. je.. »
Zack (lui coupant la parole) : « Concentre toi Lili, lors de votre première rencontre ou après que je me sois évanoui a t il dit quoi que ce soit ? Il n’a rien dit qui puisse nous donner un indice ? »
Lili : « Il… la deuxième fois il… j’ai cru l’entendre dire ‘‘maintenant direction le sanctuaire’’ mais je… »
Zack : « De quel sanctuaire parlait il ? »
Lili (perdue) : « Je… je sais pas… mais… pourquoi… pourquoi tu… pourquoi tu ne m’en veux pas ? »


La rouquine avait toujours de grosse larme qui coulaient le long de ses joues et elle regardait le jeune homme avec incompréhension.
Il devait lui en vouloir, pour ce qu’elle lui avait fait, alors pourquoi ne lui avait il fait aucun reproche jusqu’à présent, pourquoi n’avait il même rien dit à ce sujet ?

Zack garda le silence un moment.
Bien sûr qu’il lui en voulait, du moins c’est ce qu’il aurait dû ressentir mais depuis tout à l’heure où elle ne cessait de pleurer et de demander pardon il n’avait rien d’autre que de la peine pour elle.


Zack : « Mon grand père… était quelqu’un qui avait toujours une phrase pour chaque situation… et un jour il m’a dit ‘‘Lorsque qu’une femme te demande sincèrement pardon, tu n’as d’autre choix que de lui pardonner’’ … et je pense que tu es sincère alors… non… je ne t’en veux pas… peut être que… si j’avais été à ta place, j’aurais fait la même chose… et puis les amis c’est fait pour se pardonner non ? »


Une longue plainte s’éleva de la clairière.
Appuyé sur le torse d’un homme allongé, une femme pleurait toute les larmes de son corps, de tristesse mais aussi de joie, pour celui qui lui avait pardonné sans plus de cérémonie.

Cette nuit Zack venait de créer un nouveau lien avec quelqu’un, un lien qui s’annonçait presque indestructible, un lien de profonde amitié, et qui avait commencer de la même façon qu’avec Sarah, par un pardon.


***


Zack (essayant de garder le rythme) : « Le Sanctuaire des Dragoeufs ? Qu’est ce que c’est ? »
Lili (lui répondant sans se retourner) : « C’est un ancien sanctuaire souterrain qui était à l’origine dédié aux puissants dragons mais il fut laissé à l’abandon depuis des années lorsque le village qui se trouvait au dessus fut envahi et dévasté par des Dragoeufs. »
Zack (haletant) : « Et… et c’est quoi un Dragoeuf ? »
Lili : « Ce sont des sortent de gros lézard qui ressemble justement à des dragons mais qui passe la quasi totalité de leur vie dans leur coquille, du coup certains suggèrent qu’ils appartiennent à une espèce cousine des dragons mais tous ne sont pas d’accord sur ce point. »
Zack : « Ok juste des gros lézards quoi… »


Lili sourit sans que son compagnon ne puisse la voir, si seulement ça avait été ‘‘juste des gros lézards’’.
Dès que Zack avait pu bouger, ils s’étaient tout deux mit en route pour atteindre l’endroit où Lili supposait que le kidnappeur avait emmené l’adolescente, le seul sanctuaire qu’elle connaissait était celui là, ils devaient donc miser sur cet espoir.


Zack : « Et c’est loin ? »
Lili : « Trop loin pour qu’on arrive à temps à pied ! »
Zack : « Où va t on alors ? »
Lili : « Je sais qu’il y a un transporteur pas loin du château, au Sud, on le prendra pour rejoindre l’île directement ! »
Zack : « Un transporteur ? »
Lili : « Oui, une machine volante conçue par ceux du village des Brigandins, ils ont des points des relais dans toute les régions du monde, il suffira qu’on leur fasse signe et ils nous transporteront directement à destination. A vol d’oiseau ce n’est qu’à quelques heures ! »


Zack se souvenait à présent de ce qu’elle appelait un ‘‘transporteur’’, un grand bateau volant conduit par une adolescente à peine plus vieille qu’Eve.

Lili accéléra encore l’allure, par sa faute ils avaient perdu beaucoup trop de temps et la lune commençait à être haute dans le ciel étoilé.

Zack quant à lui essayait de se maintenir à hauteur de son amie.
Bien qu’il ait insisté pour partir tout de suite, son corps ne semblait pas complètement remis des effets du poison et ses muscles le tiraillait horriblement.

Seulement il n’y avait pas que cela.
Depuis qu’il s’était réveillé, il se sentait différent, il y avait quelque chose qui avait changé en lui sans qu’il puisse s’expliquer exactement cet étrange sentiment.

Son bras gauche semblait être moins sensible à la fraîcheur de la nuit que son bras droit et il y avait aussi son oreille et son œil gauche qui lui donnait l’impression d’avoir changés.
Exactement là où la tache noire c’était répandue.

Une partie de Zack n’était pas rassuré, même complètement terrorisé à l’idée que le poison puisse avoir eu des effets secondaire et qu’il, comme son grand père, se transforme… en quelque chose d’autre.

« Ca va être dur gamin. »

Oui, ça allait l’être mais pour l’heure Zack essaya de chasser bien loin son angoisse, il devait se concentrer sur sa course, pour bien lever les genoux et ne pas chuter bêtement, rester au niveau de son amie pour ne pas la ralentir et surtout il devait prier pour que, de leur côté, Luna et Julien réussissent à sauver Sarah.
???


Le bruit des verrous résonna dans la grande maison, ce qui alerta aussitôt son seul occupant.
D’un bond leste, la petite boule de poil quitta l’accoudoir du grand fauteuil sur lequel elle somnolait et galopa jusque dans l’entrée pour accueillir sa maîtresse, la seule capable de déverrouiller cette porte.


Salie : « Bonjour Rosy. »


Pour toute réponse la petite chatte vint se frotter aux chevilles de la fillette, qui était apparue dans l’entrée, ronronnant allègrement.


Rosy : « Je suis contente que tu sois de retour saine et sauve. »
Salie : « Moi aussi, tu peux me croire. »


L’enfant défit sa veste et l’accrocha dans la penderie de l’entrée puis se dirigea dans la cuisine, suivit par le petit animal.
Là, elle remplit la grande écuelle de lailait, dont il ne restait qu’un fond, ce qui sembla ravir Rosy qui se jeta aussitôt dessus.
Se servant d’une chaise comme escabeau, Salie ouvrit l’un des placards de la cuisine et en sortit un boite de céréale et un grand bol qu’elle remplit à ras bord avant d’y ajouter du lailait.
Armé d’une cuillère à soupe, elle entreprit de vider intégralement le contenu du bol.


Rosy (levant le nez de son écuelle) : « Alors ça c’est bien passé ? »
Salie (la bouche pleine de céréale) : « Achez bien.. crunch crunch… Che que j’ai prévu pour Chack chuis chon cours. Ches pouvoirs vont conchidérablement augmenter et avec cha, mes chanches de réuchite. »


La chachatte rose sauta sur la grande table et fixa sa maîtresse.


Rosy : « Tu veux savoir ce qui c’est passé durant ton absence ? »
Salie : « Bien chûr. »

Le petit animal lui rapporta le succès de Zack lors de l’épreuve de la montagne, les retrouvailles avec ses anciens amis et comment l’une d’elle fut capturé par des mercenaires.
Elle marqua une courte pause avant de lui raconter d’une voix un peu plus inquiète comment celui sur qui elle misait tout ses espoirs avait failli mourir empoisonné.


Rosy : « Tu avais prévu tout ça également ? »
Salie (posant sa cuillère sur la table) : « A vrai dire, oui. »


Rosy inclina sa tête d’incompréhension.


Salie : « Pour commencer tout se joua à Astrub, lorsque Zack porta secours à la petite pimbêche capricieuse, tout le reste en découle directement. Grâce à cela, il a rencontré sa protectrice ce qui lui à permis de passer avec succès l’épreuve de la montagne. Sans elle, cela aurait été un autre échec. Ensuite, il fallait évidemment qu’il retrouve ses anciens amis pour que les mercenaires leur mette la main dessus. »
Rosy : « C’est donc pour ça que tu les avaient épargné à Sufokia ? »
Salie : « Exactement. De cette façon, ils ont perdu assez de temps pour que la petite niaise retrouve Zack et se mette à le trahir. »
Rosy : « Et pour le poison ? »
Salie : « C’était aussi prévu de longue date et le rôle qu’il joue n’est pas encore terminé, loin de là, grâce à lui Zack s’élèvera à un niveau bien supérieur encore. »


Elle reprit sa cuillère en main et continua son petit déjeuner.


Salie : « Tu chais… crunch, crunch… je ne compte pas faire la même erreur que la dernière fois. Chette fois ch’est lui même qui choichiras d’être à moi, de chon plein gré. »
Rosy : « Comment arriveras tu à lui faire faire un choix pareil ? »
Salie (souriante) : « Chimple, contrairement à l’autre, je ne le laicherais pas cheul.. crunch crunch… il chera entouré de tout ches amis et là, il n’aura d’autre choix que de me chervir ch’il veux que je les laiche vivrent. »
Rosy : « Tu as vraiment pensé à tout. »
Salie : « Moui… »
Rosy : « Quelque chose ne vas pas ? »
Salie : « Non rien, ne t’inquiète pas. »


Le regard de la fillette se perdit dans le vague tandis qu’elle terminait le contenu de son bol.
Tout se déroulait comme prévu, comme cela l’avait toujours fait jusqu’à présent.
Tout était réglé comme du papier à musique et son plan se jouait comme une divine mélodie.
Seulement, dans la chanson de ses ambitions, seule la dernière note restait hors de sa portée.
C’était la seule note qu’elle ne pouvait contrôler, une note soumise à une règle que même elle ne pouvait enfreindre, qu’absolument personne ne pouvait enfreindre.
La dernière fois, la note fut fausse et cela engendra l’échec qu’elle connaissait et même maintenant elle ne pouvait s’assurer de sa réussite.
Salie était impatiente.
Impatiente que tout se termine, impatiente que Zack arrive au bout de son périple, impatiente qu’il devienne l’aboutissement et la réussite de tant d’année d’effort, impatiente de rejoindre la place qui devrait être la sienne, impatiente que son rêve se réalise.


Salie : « Au fait j’ai un message que tu devras porter à une personne de Brâkmar. »
Rosy : « Ha ? »
Salie : « Oui, ça concerne l’un des amis de Zack, elle aussi me sera utile. »
Rosy : « D’accord, tu veux que j’y aille tout de suite ? »
Salie : « Non ne t’inquiète pas, tu as encore une bonne journée. Moi par contre je dois aller à Bonta, il est temps que les politiciens s’affolent un peu. »
Rosy (visiblement déçue) : « Tu repars déjà ? »
Salie : « Oui, en y allant maintenant, je suis sûre qu’ils prendront des mesures au bon moment mais ne t’en fais pas, je serais de retour dans une petite heure tout au plus. »


Les oreilles du petit chaton s’affaissèrent tandis qu’elle baissait la tête.
Aussitôt, la fillette gratouilla la petite boule de poil affectueusement.


Salie (tout sourire) : « Je te promet de te ramener un groooooos poisson frais et on joueras ensemble à mon retour, ok ? »


Ni une ni deux, Rosy sauta sur le petit bout de fillette et se mit à lui donner de grand coup de langue sur le visage ce qui ne manqua pas de lui arracher des éclats de rire qui résonnèrent dans toute la grande maison.
Direction ; L’Île prison






Le soleil était partit se coucher et sur la route pavé qui allait du château d’Amakna jusqu’au port de Madretsam, une charrette tiré par une dragodinde avançait d’un pas rapide.


Luna (à mi voix) : « Aie ! Tu fais exprès de rouler sur tout les nids de poule ou quoi ? »


Le cavalier restait imperturbable assis sur sa monture d’un roux terne, une hallebarde dans une main, les rennes de l’animal dans l’autre.


Julien : « Excuse moi. »
Luna : « On arrive bientôt ? J’ai le dos en compote. »
Julien : « Je te préviendrait lorsque nous serons sur le pont. »


Comme il l’avait prédit, un convoi contenant plusieurs sacs de pomme de terre avait quitté le château à la tombé de la nuit.
Ils n’avaient eu aucun mal à assommer l’homme qui le dirigeait et à prendre sa place.

Après tout, qui irait attaquer un chariot rempli de patate ?
Julien avait enfilé ses affaires, qui par chance était presque à sa taille, et Luna, elle, prit place à l’intérieur d’un sac de toile après avoir enlevé les légumes qu’il contenait.


Julien : « Une fois à l’intérieur on aura très peu de temps pour la trouver et la sortir de là. »
Luna (toujours à mi voix) : « Je sais. »
Julien : « Si jamais l’alarme est donné, le seul moyen qu’on aura de s’enfuir risque de nous donner du mal à retrouver Zack. »
Luna : « Je sais… »
Julien : « Ca va aller ? »
Luna : « Oui… Où qu’il soit je le retrouverais. C’est devenu une habitude pour moi de lui courir après. »
Julien : « Hahaha, espérons qu’un jour tu arriveras à l’attraper. »


L’Ecaflipette ne répondit pas, ou du moins pas de manière audible, mais dans son coeur Luna l’espérait aussi.
Le reste du trajet se poursuivit dans le silence.
L’Osamodas passa non loin du Zaap et longea les quais jusqu’à l’immense pont de pierre sur lequel il s’engagea.


Julien : « On y est, maintenant plus un bruit jusqu’au signal. »


Le jeune homme déglutissait avec difficulté.
Devant lui, à plusieurs dizaines de mètres, se dressait l’île prison, sombre et imposante, tel un gigantesque monstre marin, ayant à la place d’yeux jaunes étincelants, deux torches planté sur des tours de guet émergeant de l’eau.

En fait, à mesure qu’il se rapprochait, Julien pût remarquer que ce n’était pas des torches qui illuminait la pénombre mais deux immenses braseros, qui permettaient aux deux soldats postés sur chaque tours d’avoir une visibilité parfaite sur une bonne vingtaine de mètre depuis l’entrée de la prison.
Bien qu’il ne pouvait en avoir la certitude, Julien devinait que chacun des gardes en faction sur les tours devaient être un disciple de Crâ et imaginait difficilement pouvoir s’enfuir par ce chemin si l’alarme venait à être déclenché.

Les longues minutes qui s’écoulèrent avant qu’il atteigne la grande porte lui parurent interminable.
L’un des deux soldats de l’entrée s’avança à sa rencontre, hallebarde en main.


Garde : « Halte ! Qui va là ? »
Julien : « C’est le ravitaillement. »


L’homme en armure s’avança suspicieux.
Il devait être plus grand que l’Osamodas d’une bonne demi tête et avait une carrure au moins deux fois plus épaisse.
Les traits bourrus et carrés de son visage laissaient penser qu’il devait atteindre facilement la trentaine bien tassé.


Garde (braquant la pointe de son arme vers le cavalier) : « C’est la première fois que je te vois, qu’est ce qui est arrivé au gars habituel ? Identification soldat ! »
Julien (se mettant immédiatement au garde à vous) : « Recrue Ecogriffe, nouvellement affecté au ravitaillement pour les trois prochains mois, chef ! »


Le hallebardier s’avança encore, toujours aussi soupçonneux, tenant en respect l’imposteur.
Subitement le gaillard rejeta sa tête en arrière tout en s'esclaffant à gorge déployé.


Garde : « Hahahahahaha ! Tu devrais voir ta trombine bonhomme, c’est impayable ! »


Julien rit jaune, lui qui croyait avoir été découvert et s’imaginait déjà au bout d’une corde était à moitié soulagé de n’avoir été la victime que d’un simple bizutage.


Garde : « T’inquiète pas, on a souvent des nouveaux au ravitaillement, ou alors des gars qui ont écopé d’une petite punition, et on adore voir la tête qu’ils font dans des moments comme celui là. »
Julien : « En tout cas c’est réussi, j’ai failli faire dans mon uniforme. »
Garde : « Haha, désolé de t’avoir foutu la frousse, c’est notre petit rituel pour les nouveaux, faut bien tuer le temps ici. »
Julien : « Ca doit pas être facile tout les jours. »
Garde : « Ho tu sais ici c’est très calme, alors on s’ennuie un peu mais des fois ça vaut le coup. Tiens suis moi, on va pas rester ici toute la nuit. »


Julien fit claquer doucement les rennes pour suivre le soldat jusqu’à l’entrée.
Une fois qu’il mit pied à terre, il commença à décharger la cargaison, aidé par celui qui l’avait accueillit.
Ils transportèrent les sacs jusqu’à la cuisine qui se trouvaient au sous sol.
Le déchargement ne leur prirent guère plus de quelques minutes jusqu'à ce qu’il ne reste plus qu’un sac, celui dans lequel Luna se cachait.

Julien : « Laissez, c’est le dernier, je vais le porter. »
Garde : « Hé bin c’est rare une recrue qui donne autant de cœur à l’ouvrage. C’est même louche je dirais… (souriant) tu ne voudrais pas prendre rapidement du galon des fois ? »
Julien : « Ca se voit tant que ça ? J’ai de l’ambition à revendre et je compte bien atteindre les objectifs que je me suis fixé. »
Garde : « Hahahahaha, ça c’est parlé ! Quelqu’un qui a de la suite dans les idées j’aime ça. J’vais t’raccompagner aux cuisines, j’ai mit de côté une petite bouteille dont tu me diras des nouvelles. »


Le grand gaillard prévint son collègue puis fit signe à Julien de le suivre.
Chemin faisant, l’Osamodas décida d’interroger discrètement sa nouvelle connaissance.


Julien : « Et vous avez beaucoup de visiteur ? »
Garde : « Arrête de me vouvoyez j’ai l’impression d’être un vieux croûton alors que je suis dans la fleur de l’âge. Je m’appel Enrico.»
Julien : « D’accord Enrico. »
Enrico : « Sinon ouais, y a pas mal de passage, des fois même tellement qu’on manquait de place. D’ailleurs ce soir on a une charmante invitée qu’on a installé au rez de chaussé, un jolie petit brin d’fille, ça faisait longtemps qu’on avait pas eu pareil compagnie. »
Julien : « Ha bon ? »
Enrico : « Ouep, une brunette qui est arrivé avec son escorte. Je sais pas ce qu’elle a fait pour se retrouver du mauvais côté des barreaux mais c’est bien dommage si tu veux mon avis. »
Julien : « C’est toujours regrettable d’être du mauvais côté des barreaux. Sinon j’ai entendu dire que cette prison était imprenable, c’est vrai ? »
Enrico : « On t’as pas menti. La plupart des cellules sont sous le niveau de la mer, et avec les courants qu’il y a tout autour, impossible de l’approcher ou de s’échapper sans passer par la grande porte. »
Julien : « Laquelle est sous étroite surveillance à ce que j’ai constaté. Vraiment impressionnant. »
Enrico (d’un ton jovial) : « Comme tu dis, autant te dire que c’est bien la plus grande fierté de toute les gardiens de cette prison. Jusqu’alors personne ne s’en est échappé et c’est pas demain que ça arrivera ! »


Effectivement, ça ne serait pas demain mais bien ce soir qu’il ferait évader son amie.

Une fois dans la cuisine, Julien posa le sac contenant l'Ecaflipette sur les autres et rejoint Enrico qui l’attendait, deux chopes en bois à la main.


Enrico : « Tiens bonhomme, le meilleur tord boyaux du port. »
Julien : « Merci. (buvant une gorgée) Mmh c’est paueuuuuuuh… kof kof !… (les larmes aux yeux et parlant d’une voix presque éteinte) c’est quoi ce truc ?.. kof… de la poudre à canon liquide ?… kof kof… »
Enrico : « Hahahaha pas mauvais hein, ça redonnerais vie à un Chaffer ! »
Julien : « Kof… ça pourrait même transformer quelqu’un de vivant en Chaffer. »


Le soldat s'esclaffa de la même façon que sur le pont.


Enrico : « Mais au fait je t’ai pas demandé ton prénom. »
Julien (se massant la gorge) : « Je m’appel Julien, Julien Ecogriffe. »
Enrico : « Et jusqu’où vont tes ambitions Julien ? »
Julien : « Dans l’immédiat je veux atteindre un objectif impérativement mais j’ai bien peur que ça signifie également me mettre beaucoup de personne à dos. »
Enrico : « Toute les routes qui mènent au sommet sont semés d’embûches mais laisse moi te dire que tant que tu garde ton objectif à l’esprit, rien ne pourra entraver ta progression. »
Julien : « J’ai l’impression d’entendre mon ancien mentor. »
Enrico : « Hahaha, ça fait donc une raison de plus pour nous croire, lui comme moi. »


L’Osamodas vida sa chopine d’un trait, lui arrachant une dernière grimace et plusieurs toussotement, ce qui ne manqua pas de faire rire à nouveau celui avec qui il buvait.


Julien : « Enrico… tu as déjà… eu une fille dans la tête ? Au point de te demander si c’était possible de continuer à vivre sans plus jamais entendre le son de sa voix ? »
Enrico (prenant pour la première fois un air vraiment sérieux) : « Hoooo j’ai l’impression que ça sent l’amour avec un grand ‘‘A’’ ta question. »
Julien (baissant les yeux) : « C’est possible… du moins… c’est ce que je crois. »
Enrico : « Elle fait partie de tes objectifs cette demoiselle ? »
Julien : « Elle est même en tête de liste. »
Enrico : « Alors tu n’as même pas à te poser la question. La seule chose dont tu dois te soucier c’est de l’atteindre, quel qu’en soit le prix. C’est ce que j’ai fait et aujourd’hui j’ai une ravissante petite femme et trois beaux garçons qui m’attendent à la maison. Je ne dit pas que ça va marcher entre vous mais ce qui est sûr c’est que tu risque de le regretter toute ta vie si tu ne tente pas l’impossible. »
Julien : « C’est gentil de m’encourager, j’en avais besoin. »
Enrico : « Pas de soucis p’tit gars. »
Julien : « J’espère que tu ne m’en voudra pas trop alors, et que tu te souviendras de ce que tu m’as dit ce soir. »


Le regard d’Enrico croisa celui de Julien l’espace d’un instant et le soldat sentit immédiatement que ce n’était plus un camarade à qui il faisait face mais bien un ennemi.
Malgré les excellents réflexes de son adversaire, l’Osamodas fut le plus rapide et son poing gauche alla s’encastrer directement dans l’estomac d’Enrico, malgré l’armure de fer que ce dernier portait.
Le soldat tomba sur le sol, inconscient, la marque du poing de Julien imprégné dans le métal.

Rapidement, le jeune homme se rendit près de l’escalier, tendit l’oreille, et une fois assuré que personne ne venait dans sa direction, retourna près des sacs de pomme de terre.

Julien (s’accroupissant près de l’un d’eux) : « Les patates c’est bon mais je préfère les pommes de terre. »
Luna (chuchotant) : « Julien ? La voie est libre ? »
Julien : « Oui dépêche toi, je pense que le collègue d’Enrico qui est resté à l’entrée ne vas pas tarder à trouver le temps long. »


Eventrant le sac en toile d’un coup de griffe, Luna émergea tout en s’étirant de tout son long.

Pendant ce temps, Julien retira l’uniforme qu’il avait sur les épaules, malgré la protection qu'il pouvait lui offrir son poids restait une gêne trop grande dans un moment où la rapidité était le maître mot.


Luna : « Gnnnnn… Il était temps, je commençais à avoir des crampes. »
Julien : « Sarah est enfermé au rez de chaussé, les cellules sont sur la droite une fois en haut des escaliers mais elle sera sûrement sous surveillance. »
Luna : « Pas de soucis, on la libère et on s’enfuit par la grande porte en mode furtif. »


Ils remontèrent rapidement et silencieusement l’escalier, Luna en tête.
Les oreilles droites, elle essayait de capter le moindre bruit qui pourrait témoigner de la présence d’un garde.

Arrivé en haut, elle scruta le couloir.
La lumière des torches qui filtrait sous la porte d’entrée indiquait que le soldat était toujours à son poste, les lieux étaient donc sans surveillance.
Les deux voleurs rasèrent les murs jusqu’à l’encadrement du second couloir qui menait aux cellules.
Subitement, Luna fit signe à son ami de s’arrêter.


Luna (chuchotant) : « Je m’en occupe. »


A plusieurs mètres devant eux, un homme en armure était assis sur un tabouret en bois, visiblement absorbé par la lecture du livre qu’il tenait entre les mains.
L’Ecaflipette sortit une carte à jouer de sa poche et, d’un geste vif, l’envoya voler par dessus la tête du garde.
Lorsqu’elle heurta l’un des barreaux de la cellule du fond, le soldat lâcha son bouquin, attrapa sa hallebarde qui était posé à côté de lui et se mit en position de combat avec une rapidité qui témoignait de son expérience.
D’un pas sûr, il s’avança en direction du bruit jusqu’à atteindre la cellule vide.


Garde : « Qu’est ce qu…? »


Avant qu’il ne puisse finir sa phrase, un choc à la tête lui fit perdre connaissance.
Derrière lui, l'Ecaflipette affichait un sourire satisfait en reposant le tabouret de bois sur lequel il était assis plus tôt.


Luna : « Trop facile. »
Julien : « J’espère que tu l’as pas tué. »
Luna : « Mais non juste assommé, je sais doser ma force quand même. »
Julien : « Fouille le pour voir s’il a un trousseau de clef, je vais chercher où est enfermé Sarah. »


L’Osamodas ne mit pas longtemps avant de retrouver celle qu’il était venu chercher.
Situé tout au fond, l’endroit où elle se trouvait était différent des autres cellules, il n’y avait pas de barreaux mais des murs de pierre et une solide porte en bois dans laquelle une petite ouverture avait été découpé pour qu’on puisse scruter l’intérieur de la pièce.

La jeune femme était à genoux sur les pavés froid de sa cellule, et regardait par la petite lucarne de sa prison, contemplant la lune.
Elle paraissait sereine.


Julien : « J’espère que tu ne t’es pas encore habitué à tes nouveaux appartements. »


La brunette se contenta de baisser la tête.


Sarah : « Qu’est ce que tu fais là ?… »
Julien : « Allons tu devais bien te douter qu’on te laisserais pas partir comme ça. »
Sarah : « J’ai choisi de partir de mon plein gré. »
Julien : « Partir menotte aux poignets c’est pas vraiment ma conception du plein gré tu s... »
Sarah (de vive voix) : « Pourquoi vous êtes venu me chercher ! Je ne voulais de votre aide ! »


L'Osamodas resta muet de surprise.


Sarah : « Si je me suis rendue c’est uniquement pour vous permettre de fuir et de continuer à aider Zack. »
Julien : « On pouvait pas te laiss… »
Sarah : « Si, vous pouviez ! Vous deviez le faire même ! Pourquoi est ce si difficile à comprendre ? »
Julien : « Mais qu’est ce qui te prend tout à coup ? T’es pas contente de nous revoir ou quoi ? »


La Sram se redressa et s’avança vers la porte, le visage figé dans une expression de colère.


Sarah (donnant un coup sur le bois de la porte) : « Non je suis pas contente ! C’était pourtant pas compliqué de ne pas me suivre ! »
Julien (élevant la voix à son tour) : « Mais qu’est ce qui te prend à la fin ! C’est quoi cet accueil alors qu’on est la pour te sauver ! »
Sarah : « Je ne voulais pas que vous veniez à mon secours ! »
Julien : « Tu compte passer ta vie en prison c’est ça ?! »
Sarah : « Si c’est ce qu’il faut oui je suis prête à ça ! »


Julien recula d’un pas, la pointe de colère qui montait en lui s’évapora aussi rapidement qu’elle était apparue.


Julien : « ‘‘Si c’est ce qu’il faut’’ ? Qu’est ce que tu entend par là ?… »


La prisonnière se mordit la lèvre, elle avait un peu trop dit.
Elle baissa la tête pour cacher les larmes qui lui montaient aux yeux et essaya de parler malgré sa gorge qui se resserrait à chaque seconde.


Sarah : « Je savais… que tôt ou tard Nicholas et les autres… se mettraient à notre poursuite… je suis la seule… la seule raison pour laquelle ils viendraient… si je… si je reste avec vous… ils reviendront et… (la voix tremblotante) c’est pour ça que je ne voulais pas rester avec vous ! Je ne voulais pas être un poids pour vous ! C’est pour ça… c’est pour ça que je suis partie… (sanglotante) vous êtes les seuls amis que j’ai eu… snirfl… je ne voulais pas être un fardeau… »


*DONG DONG DONG DONG*


??? : « ALERTE ! ALERTE ! DES INTRUS TENTENT DE LIBERER LES PRISONNIERS ! »
Luna (depuis l’autre bout de la salle) : « Julien c’est la cata’ ! Je vais essayer de les retenir, dépêche toi de trouver et libérer Sarah ! »


Dans l’encadrement du couloir d’entrée se découpait déjà la silhouette du premier adversaire.
Sans hésitation Luna attrapa le tabouret qu’elle avait utilisé pour assommer le précédent gardien et l’envoya en direction de la tête du soldat face à elle.
Ce dernier leva son bouclier et se protégea du projectile mais avant qu’il ne puisse l’abaisser et se remettre en garde, le pied de l’Ecaflipette l’atteint au ventre et le renvoya directement d’où il était venu.
Luna n’eut pas le temps d’être fier d’elle que deux autres soldats armés d’épées s’engouffrèrent dans la pièce, prêt à en découdre.


Sarah : « Il est encore temps pour que vous preniez la fuite ! Partez tout de suite et laissez moi ! Vite ! »


Malgré l’urgence de la situation, l’Osamodas restait calme et soupira de soulagement.


Julien : « C’était juste pour ce genre de bêtise que tu n’était pas heureuse de me revoir ? »
Sarah : « Ce ne sont pas des bêtises ! Tu dois fuir avant qu’il ne vous capture vous aussi, sinon mon sacrifice n’aura servi à rien ! »


Julien s’approcha de la porte et fixa les yeux de la captive.


Julien : « Depuis quand on considère ceux qu’on aime comme des sacrifices ? »


Sarah n’arrivait plus à retenir les larmes qui coulaient le long de ses joues.
Elle ne voulait pas pleurer mais elle ne pouvait pas s’en empêcher.
Comme elle n’avait pût empêcher d’être prit au piège par des mercenaires et comme elle n’avait pût empêcher non plus que les amis qu’elle voulait protéger se mettent en danger pour venir la sauver.


Julien : « Tu sais… Bien des choses ont changé pour moi depuis notre rencontre au village des Brigandins… Je peux bien te dire que depuis ce jour là, il n’y a pas un instant où je n’ai pas été heureux de vous avoir connu Zack, Luna et toi. J’avais enfin quelqu’un avec qui je pouvais être naturel, avec qui je ne me forçais pas d’être ce que je n’était pas… »


Le bruit des combats devenait plus intense, on entendait les armes de métal s’abattre sur le sol de pierre ou les barreaux de fer provoquant des sons qui résonnaient dans toute la prison.


Julien : « Aujourd’hui je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger tout ça. Te protéger toi, Luna, Zack, de la même façon que vous le feriez pour moi… et si j’ai bien compris une chose, c’est que ce n’est pas la fuite ou le sacrifice qui permet de protéger ceux qu’on aime, c’est de se battre pour eux… Ecarte toi… »


L’Osamodas ferma son poing gauche le ramenant le long de son corps, au niveau de sa taille et se positionna de profil, les jambes légèrement arqués, devant la porte, gardant sa main droite sur celle ci.


Julien : « J’ai toujours détesté me battre mais aujourd’hui je peux t’assurer que je le ferais jusqu’à mon dernier souffle si c’est pour vous protéger. »


Il inspira profondément et se concentra.


Julien : « Si un mur se dresse entre nous alors je passerais au travers ! »


*BAKRAM !*


La violence de l’impact arracha littéralement la porte de ses gonds en acier et la projeta à travers la pièce, fracassant un pan du mur opposé qui s’écroula dans la mer.
La lumière de la lune envahit la cellule par le trou béant qui venait d’être créé, illuminant le jeune homme à la queue de diablotin qui entrait.
Sarah était assise dans un recoin, essayant d’essuyer ses larmes qui coulaient toujours.


Julien (lui tendant la main) : « Comme Luna le fera avec Zack, je te poursuivrais jusqu’au bout du monde s’il le faut. »


Elle n’eut pas besoin de son aide pour lui sauter au cou et le serrer dans ses bras.
Il n’y avait aucun mot pour expliquer ce qu’elle ressentait à cet instant et seul un ‘‘merci’’ réussit à franchir ses lèvres tandis que l’Osamodas l’enlaçait à son tour.
Dans ses bras elle n’aurait pu décrire par elle même le sentiment qui l’envahissait.
Elle se sentait soulagé, en sécurité, heureuse.
Heureuse qu’elle se soit trompé dans son choix, heureuse qu’il soit venu jusqu’ici pour elle, heureuse qu’il lui ai dit ces mots.


Julien : « Sarah… il faut y aller. »
Sarah (se dégageant) : « Oui, pardon… Luna doit commencer à fatiguer. »


L’Osamodas lui sourit, attrapa sa main et l’entraîna hors de la pièce.
Lorsqu’ils rejoignirent leur amie, trois autres soldats jonchaient le sol, inconscient.
Le couloir tout entier portait les stigmates d’une bataille acharnée.


Luna (haletante) : « Vous avez prit votre temps ! Celui là me donne pas mal de fil à retordre. »


Face à elle, un gaillard de presque deux mètres de haut barrait le passage, hallebarde en main.


Julien : « J’ai pas dût taper assez fort… »



Malgré les quelques éraflures causés par les griffes acérées de Luna, le seul vrai dommage que portait l’armure du soldat était la marque d’un poing au niveau de l’estomac.


Enrico : « Il en faudrait plus pour venir à bout de moi mon p’tit gars. J’espère que tu ne comptait pas repartir d’ici. »
Julien : « C’est bien mon intention Enrico. (désignant Sarah d’un signe de tête) Je suis venu pour elle et il est hors de question que je reparte sans. »
Enrico : « Qui te dit que je te laisserais repartir. Vous vous êtes rendu coupable d’un crime en essayant de faire s’évader une criminelle, vous allez connaître le même sort et finir vos jours derrière des barreaux ! »
Julien : « Mon objectif est de sortir d’ici avec elle et rien ne m’en empêchera. »
Enrico : « Et le mien est de garder cet endroit pour qu’aucun détenu ne s’en évade. »
Julien : « Chacun de nous est donc une embûche sur le chemin de l’autre. »
Enrico (pointant sa hallebarde sur son interlocuteur) : « Tu as tout compris, et seul le plus fort de nous deux pourra continuer à avancer sur son chemin. »
Julien : « Luna laisse moi me charger de lui. »
Enrico (se mettant en garde) : « Ne sois pas trop sûr de toi p’tit gars, il coulera encore beaucoup d’eau avant que je ne m’avoue vaincu. »


L’Osamodas s’avança pour faire face à son adversaire, laissant Luna rejoindre Sarah derrière lui.


Enrico : « Dépêche toi de dégainer qu’on en finisse. »
Julien : « Je n’aime pas les armes, mes poings suffiront amplement. »
Enrico (soudainement ravi) : « Ha ! Un disciple d’Osamodas suivant la voie du Craqueleur, je comprend mieux pourquoi mon armure ne m’a pas protégé de ton coup de tout à l’heure. Si quelqu’un m’avait dit qu’un jour je pourrais me mesurer à l’un d’eux, je lui aurait offert une chope de mon meilleur tord boyaux. »
??? : « Désolé d’interrompre ce moment de violence inutile les jeunes mais nous aussi nous avons une mission. »


Deux personnes firent irruption dans la pièce aux côtés d’Enrico.
L’une d’elle était bien plus petite, un peu voûté, le visage creusé par les ans et pourvu d’une longue barbe blanche, coiffé d’un couvre chef ressemblant à un gigantesque morceau de coquille d’œuf couleur ébène.
L’autre était entièrement vêtue de noir et cachait son visage derrière un masque sur lequel était peint un crâne.


Khorn : « Sarah, retourne gentiment dans ta cellule. »


La jeune Sram, qui jusque là était resté derrière son amie, s’avança d’un pas.


Sarah : « Désolé pour tout ça Khorn, je sais bien que tu ne veux pas en arriver là mais… désormais je n’ai plus l’intention de me laisser capturer. Je me battrait pour mes amis et ce que je crois être juste. »
Khorn : « Décidément y en a pas un pour rattraper l’autre. Bel’ occupe toi de Sarah, tu es le seul qui puisse lui tenir tête, moi je me charge de la petite excitée. »
Luna : « Dis donc c’est qui la petite excitée, tête d’œuf ! »
Sarah : « Luna… surtout ne le sous estime pas. »


A peine eut elle fini sa phrase que la brunette disparue subitement, aussitôt imité par son adversaire masqué.


Luna : « Amène toi grand père, je vais te renvoyer à l’hospice ! »
Khorn : « Voilà une morveuse bien mal élevé, je vais m’employer à faire entrer les bonnes manières dans cette petite cervelle, quitte à le faire à coup d’pelle. »


Jugeant le couloir trop étroit pour s’y battre à quatre, Luna recula sans quitter des yeux son adversaire qui venait à sa rencontre.
Julien laissa le vieillard le dépasser sans broncher, celui qu’il devait affronter était Enrico et il ne doutait pas que Luna pourrait se débrouiller sans son aide.


Enrico : « On dirait qu’on va pouvoir être tranquille, p’tit gars. »
Julien : « Juste une chose. Northander, Julien Northander c’est mon véritable nom. »
Enrico : « Enrico Fartalas. Dommage que tu te soit rangé du mauvais côté de la loi. »
Julien : « Ce n’est qu’une question de perspective. »
Enrico : « J’espère que celle de passer de longues années à l’ombre te plaît car c’est ce qui va t’arriver. »
Julien (un demi sourire aux lèvres) : « Cesse donc d’agiter ta langue et viens me passer les menottes. »
Enrico : « Héhé, à ton service ! »


Le soldat bondit en avant malgré sa carrure et sa lourde armure et abattit sa hallebarde sur l’Osamodas.
Julien n’eut aucun mal à esquiver d’un simple pas sur le côté et riposta aussitôt d’un crochet du gauche maintenant que la distance entre lui et son ennemi le lui permettait.
Son attaque avorta au moment où Enrico plongea en avant, évitant son coup de poing.
Avant qu’il ne puisse réagir, le soldat l’attrapa par la taille et le souleva avec une facilité déconcertante avant de l’envoyer voler par dessus son épaule.
Le jeune invoqueur atterri lourdement, son coccyx venait de goûter la dureté du sol de la prison.
Il n’eut cependant pas le temps de gémir qu’il dût rouler sur le côté pour éviter la lame qui allait s’abattre sur sa tête.
Enrico en avait profité pour dégager son arme du sol et l’attaquer.


Julien (se relevant) : « Tu compte m’envoyer en prison ou au cimetière ? »
Enrico (faisant tournoyer sa hallebarde au dessus de sa tête) : « Libre à toi de te rendre p’tit gars, je ne vais sûrement pas retenir mes coups face à un hors la loi ! »


La réplique du soldat fut suivit d’un coup circulaire, qui balaya toute la largeur du couloir.
L’Osamodas imita aussitôt le mouvement d’esquive qu’Enrico avait utilisé plus tôt et il plongea en avant.
L’arme percuta les barreaux de l’une des cellules et avant que le garde ne la retire, Julien concentra son énergie en une fraction de seconde et décrivit un large mouvement de bas en haut avec sa main droite au dessus de lui.


Enrico (reculant rapidement de plusieurs pas) : « Hola hola… Avec une technique comme celle là, je me demande qui de nous deux finira le premier au cimetière. »


Quelque chose venait de trancher net et sans le moindre mal les barreaux et la hallebarde d’Enrico en plusieurs morceaux, laissant également au passage de profondes entailles dans la pierre du plafond.


Julien (se relevant) : « Tout à l’heure, tu n’avais pas tort mais pas totalement raison. Comme tu l’as deviné, j’ai appris les enseignements de la voie du Craqueleur et la magie que je concentre dans ma main gauche me permet d’augmenter considérablement les dégâts à l’impact, presque identiques à ceux que pourraient causer un Craqueleur en colère. Bien sûr, je peux aisément doser la magie que je libère… »
Enrico (posant sa main sur son plastron déformé par le premier coup) : « Trop aimable. »
Julien : « En revanche cela ne s’applique qu’à ma main gauche. »
Enrico : « Je suppose donc que la droite à apprise d’autres techniques. »
Julien : « Elle est basé sur le même principe mais son effet est différent. La magie que je concentre dans ma main gauche est concentré d’un seul bloc et ne peut être libéré que lors d’un impact direct. Impossible de m’en servir si je ne touche pas mon adversaire ou un obstacle. En revanche l’énergie que j’emmagasine dans celle de droite se concentre dans le bout de mes doigts et se libère du moment que j’effectue un mouvement de la main. L’énergie se propage si vite qu’elle devient plus coupante qu’un rasoir pouvant trancher n’importe quoi, l’inconvénient est qu’elle perd rapidement de sa puissance ce qui ne lui permet d’être vraiment efficace qu’à courte et moyenne portée. Le nom qu’on donne à cette attaque est la Griffe Spectrale, ou la Griffe des Ténèbres. »
Enrico : « Est ce la confiance ou l'inconscience qui t’enhardit à me révéler tes techniques ? »
Julien : « Tu semblais ravi d’affronter un disciple de la voie du Craqueleur, je me suis dit que ça te ferait plaisir d’apprendre que tu te mesure à plus fort encore. »
Enrico : « C’est vrai que j’était loin d’imaginer affronter p’tit gars aussi costaud dans ton genre. Tu aurais fait une belle carrière si tu n’avais pas été un criminel. »
Julien : « Ne t’inquiète pas de ma carrière, elle est déjà derrière moi. »
Enrico : « Hoho ? Est ce à dire que tu as déjà servit ? »
Julien : « Avant ma ‘‘démission’’ j’était sous-lieutenant Brâkmarien si ça peut répondre à ta question. »
Enrico : « Héhé, une bonne pointure alors, il va donc falloir que je joue sérieusement avec toi. »


Le soldat jeta le bout de manche en métal qu’il avait toujours dans les mains, dernier vestige de sa hallebarde, défit les sangles de cuir sur les côtés de son armure et l’enleva ainsi que la cotte de maille qu’il portait en dessous, ne gardant sur le dos qu’une simple chemise en tissu.


Enrico : « Une main pour détruire ce qu’elle touche, l’autre pour déchirer ce que la première ne peut atteindre. Parfaite combinaison, il y avait longtemps que je n’avais pas affronter d’adversaire valable depuis ma retraite anticipé ici. »


Le soldat plaça ses bras le long de son corps, tournant les paumes de ses mains vers celui qui lui faisait face et serra les poings.


Enrico : « Pour un disciple de Iop, l’annonce d’une bataille ne peut que lui faire bouillir le sang et il y avait longtemps que je n’avais pas sentit le mien aussi bouillant que cette nuit ! AaaaaaaaaAAAAAH !!! »


La voix d’Enrico s’éleva graduellement à mesure qu’une pression monstrueuse se dégageait de lui, à tel point que l’Osamodas avait l’impression qu’il allait être écrasé par celle ci.
La tunique du soldat se déchira tandis que la taille de ses muscles semblait augmenter, laissant de grosses veines apparaître à divers endroits.


Enrico : « Donne toi à fond p’tit gars, on va se battre pour notre objectif et seul le plus fort sera le vainqueur de ce combat ! »


Le bond qu’Enrico effectua fut impressionnant et il couvrit la distance qu’il y avait entre lui et son ennemi d’un seul saut.
Les deux poings joints du soldat fracassèrent le sol dans un bruit tonitruant, son attaque ayant manqué sa cible.
Julien riposta aussitôt mais encore une fois, c’est le sol qui fut la seule victime du coup de poing.


Les deux ennemis étaient rapides et usaient de leurs pouvoirs pour développer une force surhumaine, toute la prison vibrait au rythme de leur combat.
Le moindre coup encaissé par l’un d’eux accorderait presque immédiatement la victoire à l’autre.
Comme l’avait dit le soldat, l’issue du combat reposerait uniquement sur leur force.
Les armes et armures étaient obsolètes en cet instant, seule la puissance déterminerait le vainqueur.

Julien était fort, sa main gauche fracassait le sol et broyait les murs, et rapide aussi, sa main droite déchirant le métal et la pierre, laissant de profondes cicatrices dans la pièce mais Enrico semblait l’être encore plus.
Malgré sa taille déjà imposante et le volume qu’il avait prit, il se déplaçait avec autant d’aisance que l’Osamodas et ses poings réduisaient tout ce qu’ils touchaient à l’état de simple gravier.


Pour la première fois de sa vie, l’invoqueur se battait de son plein gré, il se battait même avec une ardeur jamais éprouvé auparavant, sans retenir le moindre de ses coups.
La peur de blesser son adversaire, cette peur qui l’empêchait toujours d’exploiter son potentiel, avait presque disparue.
Il ne souhaitait pas blesser Enrico mais il voulait sauver Sarah plus que tout, et pour ça il devait impérativement gagner ce combat, ainsi que tout ceux qui suivrait.


Finalement, un sourire se dessina sur ses lèvres, un sourire qui s’élargissait à mesure qu’il évitait les coups, à mesure que son adversaire esquivait les siens, un sourire identique à celui qu’Enrico arborait en cet instant.
Il la ressentait enfin, cette sensation dont lui parlait son maître, celle qui diffuse un plaisir inconnu pendant la bataille, celle qui donne envie d’affronter toujours plus fort, à rechercher un adversaire toujours plus puissant, celle qui pousse à toujours se surpasser.
Son corps semblait sortir d'une longue apathie, il avait l'impression de se sentir vivre pour la première fois.
Ce soir, Julien venait de trouver une raison de se battre, une raison pour laquelle il combattrait jusqu'à son dernier souffle.


Julien : « Haha ! On va passer à la vitesse supérieure Enrico ! »


L’Osamodas fit deux mouvements de la main droite au dessus de sa tête.


Enrico : « Qu’est ce que tu fabrique ? »
Julien (souriant) : « Je m’assure de prendre l’avantage. »


Un morceau de pierre, fraîchement découpé, se détacha du plafond.
Julien fit un pas en arrière et frappa le bloc de roche avec le plat de sa main gauche au moment où ce dernier fut au niveau de son visage.
Aussitôt, le bloc fut éjecté en direction du soldat.
Celui ci, d’abord surpris pendant une fraction de seconde, se ressaisit aussitôt et n’eût aucun mal à broyer le projectile d’un seul coup de poing.


Julien : « Je t’avait dit que je passais à la vitesse supérieur ! »


Quand le petit nuage de poussière généré par l’explosion de la roche se dispersa, Enrico comprit de quoi parlait son adversaire en apercevant des dizaines de morceaux de pierre tomber du plafond.
HRP/

Salutations à tous et à toutes.

Oui, je sais ce que vous pensez, "il en a du culot celui là de ne pas poster la suite de son histoire pendant 4 mois et de revenir comme si de rien n'était.", et vous avez raison mais croyez bien que c'est malgré moi que j'ai été dans l'impossibilité de continuer à mettre la suite en ligne. :/

Sans s'étendre sur le sujet, sachez que la suite est d'ores et déjà écrite (sur papier) et n'attend plus que d'être rédigé sur mon pc et d'être corrigé avant l'envoi.
Pour tout ceux qui attendent depuis si longtemps je vous présente mes plus sincères excuses et espère que vous n'êtes pas trop déçu de ces quelques mois de temps mort.

Voici donc un petit chapitre pour vous remettre dans le bain avant de retourner en prison, bonne lecture.

/HRP





La marque




La lune avait quelque chose de blafarde et d’inquiétante pour le jeune homme qui courait à travers les bois.
Si d’habitude il pouvait la trouver belle et douce, cette nuit là, caché parmi les nuages, elle en devenait presque lugubre.


Lili : « Quel chance ! Le transporteur est là ! »


Zack reporta son attention devant lui et aperçut le fameux engin volant.
Son port d’attache était un arbre, peut être un ancien Orme, dont on avait coupé le tronc à une demi douzaine de mètres du sol et sur lequel était posé une large plateforme en bois, cette dernière était éclairé par une grande torche.
Le transporteur flottait au dessus du sol, tout à fait immobile, rattaché à la structure par une simple corde et une passerelle en bois.
La Sacrieuse grimpa rapidement l’échelle qui menait à la plateforme, suivit par son ami.


Lili : « Hohé ! Il y a quelqu’un !? »


Une silhouette assise dans l’appareil leva le nez de sa lecture.
Elle semblait jeune au vu de sa petite taille, quinze ou seize ans tout au plus, mais il était difficile de statuer sur son âge à cause du tissu qui masquait la moitié de son visage.


??? : « Oui ? C’est pour un transport ? »
Lili : « Pour deux, destination l’île des Dragoeufs, nous sommes pressés ! »
??? : « Doucement, avant tout montrez moi votre appartenance à l’armée Bontarienne, ce sont eux qui contrôle l’île actuellement. »
Lili (s’emportant) : « On a pas le temps ! C’est une question de vie ou de mort ! »
??? : « J’tiens pas à me faire canarder à l’arrivé pour avoir transporté des Brâkmariens, si vous êtes Bontarien je vous emmène, sinon, allez y à pied. »
Zack (finissant d’escalader l’échelle) : « Tu pourrais faire une petite exception pour un vieil ami, Girle ? »


Quand le guerrier apparu à la lumière de l’unique torche, se hissant enfin sur la plateforme, la jeune pilote mit quelques secondes avant de reconnaître celui qui avait sauvé son vaisseau d’un triste sort, il y avait quelques temps.


Girle Pylote : « Zack ?! C’est toi ? Ca alors ! Qu’est ce que tu deviens ? »
Zack : « On pourrait en discuter en route, si tu es d’accord. »
Girle Pylote (faisant la moue) : « Mmmh… »
Zack : « Je peux t’assurer qu’elle n’est pas Brâkmarienne, elle est neutre dans la guerre, tout comme moi depuis la dernière fois. »
Girle Pylote : « Ca reste quand même pas très réglementaire… »
Zack : « On a vraiment besoin que tu nous aide, Girle. »
Girle Pylote : « Bon… c’est bien parce que c’est toi Zack. Et puis de cette façon nous serons quitte. Installez vous, j’vais mettre les moteurs en route. »


Lili s’assit dans un coin de la large planche qui servait de banc, tournant le dos à Zack qui s’installa près d’elle.
La pauvre rouquine était presque à bout.
Elle avait le sentiment d’être moins que rien, inutile et insignifiante, impuissante face à tout ce qui l’entoure.
Même encore maintenant, c’était grâce à l’intervention calme et sollicitante de Zack s’ils avaient pût embarquer à bord du transporteur brigandin.

La Sacrieuse avait honte de sa stupidité.
Le moyen le plus rapide pour atteindre l’île des Dragoeufs était par la voie des airs, elle devait donc prendre le vaisseau volant pour l’atteindre mais elle n’avait pas réfléchit plus loin.
Comment s’imaginait elle rejoindre l’île si le pilote refusait de l’y conduire ?
Elle l’aurait menacé ? Et après ? Elle aurait volé l’engin ? Et comment aurait elle pût le faire voler correctement ?
Une affreuse boule froide prit forme dans son ventre, lui donnant l’impression que tout son être était aspiré par elle, ne laissant d’elle même qu’une simple coquille vide.
Mais quelque chose vint perturber sa déprime intérieur.
Cette chose c’était une main, grande et chaude, posé sur son épaule, la main de Zack, son ami qui lui lançait actuellement un regard qui l’encourageait à ne plus s’en faire, de lui faire confiance.
Tel était ces regards qui se passe de mot entre deux amis.


La jeune pilote alluma une petite lampe qui se trouvait à ses pieds et descendit de l’engin pour éteindre la grande torche, plongeant la plateforme dans la pénombre, elle détacha ensuite l’amarre qui retenait le vaisseau, puis remonta à bord et releva la passerelle d’embarquement.

Le Transporteur ressemblait à un bateau, à la différence qu’on avait fait disparaître les mats et les voiles.
De grandes bâches, attachés par des cordes, faisaient office de toit, peut être pour protéger les voyageurs de la pluie et du vent, le gouvernail à l’arrière avait été remplacé par une gigantesque hélice légèrement incliné vers le bas, seule la barre et la coque de l’engin volant restaient identiques à ceux de ses homologues maritimes.

Une fois aux commandes, Girle poussa des leviers, tourna des poignées, tira des manettes, créant une cacophonie de petits bruits métalliques, symbole d’une multitude de rouages s’imbriquant les uns dans les autres, et faisant souffler de longs et puissants soupirs, comme savent le faire des soupapes à vapeur qui décompressent.
La grande hélice en bois, situé en poupe, se mit à tourner de plus en plus vite, permettant à l’appareil d’avancer tout en lui faisant prendre de l’altitude.


Girle Pylote (sans quitter l’horizon des yeux) : « Alors Zack ? Qu’est ce que tu deviens ? »
Zack : « Toujours à la poursuite du même but, même si depuis peu j’ai l’impression que je cours après autre chose. »
Girle Pylote : « Tu as l’air d’avoir rencontré pas mal de difficulté depuis la dernière fois. »
Zack : « Tu n’imagine même pas. »
Girle Pylote (désignant quelque chose d’un mouvement de tête) : « Si… je crois que je peux imaginer. »


Suivant du regard la direction indiqué, Zack aperçut, placardé sur l’une des parois en bois de la coque, plusieurs affichettes dont deux attirèrent particulièrement son attention.
Sur l’une d’elle, un visage était dessiné, un visage lui ressemblant trait pour trait, et sur l’autre, celui de Sarah.
Sous leurs visages, une série de chiffre indiquait la récompense pour leur capture.
Il y avait tellement de zéro sur celui de Zack qu’il aurait pût rembourser intégralement la dette de son grand père en se livrant lui même.


Girl Pylote (se retournant à moitié en souriant) : « Si tu avais vu la tête de Maman Ayuto quand on les lui a remis. J’ai crû qu’elle allait balancer le messager par dessus la rambarde. »


Zack rit jaune, n’ayant aucun mal à imaginer le pauvre porteur d’avis de recherche face à l’imposante matrone du village.


Zack : « C’est une longue histoire. »
Girle Pylote : « J’espère que tu viendras nous la raconter quand tu auras fini. »
Zack : « Je n’y manquerais pas… Et Efu ? »
Girle Pylote : « Ha lui ? Il est intenable depuis que tu es partit. Il passe des journées entières dans sa tente, s’il n’est pas, bien sûr, en train de faire les pires bêtises avec les autres. Tu sais qu’il a déjà presque reconstitué toute sa collection de potion ? »
Zack : « J’espère qu’il n’a pas de nouveau fabriqué des potions dangereuses. »
Girle Pylote : « Ce sont les premières qu’ils s’est évertué à recréer… mais elle ne sont plus comme avant, il a réussi à limiter les effets dans le temps, les invocations disparaissent au bout d’un certain temps. »
Zack : « Vraiment ce gosse… »
Girle Pylote : « Ha mais ça c’est un peu de ta faute, Zack. »
Zack : « Ma faute ? »
Girle Pylote : « Il a dit vouloir être fort comme toi pour pouvoir tous nous protéger. Il a même recruté Yan et Timmy, ils se sont nommé la Brigade des Potions des Brigandins et depuis ta dernière visite, le village est toujours resté sous le contrôle Bontarien, en grande partie grâce à eux. C’est trois là font un sacré trio. »


Zack soupira en souriant, imaginant très bien le soucis que devait causer les trois garnements à leur mère adoptive.
En tout cas c’était décidé, quand tout serait fini, il retournerait au village des Brigandins.

Un vent puissant souffla soudainement depuis l’Est, faisant tourner les petites girouettes placés à la proue du vaisseau.


Girle Pylote : « Ha ! En voilà un. Cramponnez vous, on va virer de bord. »


Girle fit tourner la barre brusquement et l’engin fut violemment secouer par des turbulences.
La pilote eu tôt fait de stabiliser le transporteur une fois que celui fut dans le sens du courant d’air et s’empressa de tirer une grosse manette rouge.
Aussitôt, les cordages qui maintenaient les bâches au dessus de la tête des passagers se déroulèrent, transformant la toiture de toile en un quatuor de voiles qui se gonflèrent immédiatement.
Le transporteur prit soudainement de la vitesse, à tel point que son pilote faillit lâcher sa barre.
La navigatrice finit par actionner un levier qui stoppa net l’hélice de proue, laissant désormais le vaisseau voler uniquement grâce au vent.


Girle Pylote : « Pfiou, le plus dur quand on prend des alizés c’est d’arriver à se caler dessus, après ça va tout seul. (se retournant à moitié) Ca va toujours derrièr… ho… effectivement ça à l’air d’aller, hihi. »


Malgré l’avertissement de l’adolescente, aucun des deux passagers n’avaient eu le temps de s’agripper à quoi que ce soit et s’était finalement retrouvé tout deux par terre, Lili dans les bras de Zack.
Comme le disait Girle, ça aurait pût aller, si le jeune homme n’avait pas eu l’impression de se briser les reins au passage.


Girle Pylote : « Au fait, Zack, ça me turlupine depuis tout à l’heure, c’est quoi ce nouveau look ? »
Zack (essayant de se redresser en grimaçant) : « Un nouveau look ?… De quoi tu parle ? »
Girle Pylote : « Bah ces marques sur toi, parce que sans vouloir être méchante, je ne trouve pas ça très joli. »


Le jeune homme regarda la rouquine avec incompréhension, comme si elle allait lui donner une réponse aux étranges paroles de la pilote, mais Lili, qui le regardait pour la première fois de face depuis qu’ils couraient dans la forêt, avait le visage figé dans une expression de surprise totale.


Lili : « Zack, ton visage… il… il… »
Zack (devenant soudain très inquiet) : « Quoi mon visage ? Qu’est ce que j’ai au visage ? »


Avant que l’ambiance ne tourne à la panique, Girle tira d’une petite sacoche accroché à sa ceinture, un petit miroir décoré qu’elle tendit à son ami.
Zack saisi fébrilement l’accessoire, tremblant d’inquiétude sur ce qu’il allait découvrir.
Quand son reflet apparu dans la glace, il adopta la même expression que la rouquine.

Des traces de griffes noires, on ne pouvait pas les décrire autrement.
Le jeune homme semblait avoir subit l’assaut d’un animal, des marques de griffes s’entrecroisaient et couvraient la partie gauche de son visage, comme un chemin qu’on aurait taillé dans sa chair, ou plutôt dessiné.
D’un geste innocent et pourtant plein d’espoir, Zack lécha son pouce et frotta sa joue, sans résultat.
Les marques grimpaient le long de son cou, continuant leur ascension sur une partie de la joue puis s’étendant de son oreille jusqu’à son œil ce qui l'avait rendu totalement noir, même une partie de ses cheveux avaient été atteint, laissant apparaître une grande mèche blanche juste au dessus de sa tempe.
Instinctivement, Zack souleva sa tunique pour examiner son torse, sous les yeux de ses deux amies qui n’osaient dire mot.
Les traces descendaient sur son épaule et recouvrait une partie de son torse, décolorant totalement la teinte de sa fourrure là où elles apparaissaient.

Zack se mordit la lèvre, sentant les larmes lui monter aux yeux.
Si par le passé il avait souvent rouspété à ce sujet, voir sa fourrure ainsi abîmé, lui donnait l’impression d’avoir détruit le précieux et unique souvenir que sa mère lui avait légué.
Son grand père lui botterait le derrière sans hésiter s’il pouvait voir ça.


Lili (d’une voix douce en posant sa main sur la fourrure de son ami) : « Zack… qu’est ce que c’est ?… »
Zack (essuyant ses larmes d’un revers de main) : « C’est… un souvenir de ma mère… c’était une Ecaflip et je… je ne l’ai pas connue… »
Lili : « Je… je suis désolé… »


L’air abattu, Zack continua de s’inspecter.
Les marques de griffes présentent sur sa fourrure s’arrêtaient net à la limite de celle ci, mais la tache noire continuait de descendre le long de son bras, sous une autre forme.
Cette fois, la trace ressemblait à des flammes, tantôt petites tantôt plus grandes, collés les unes aux autres, recouvrant entièrement son bras gauche jusqu'au bout de ses doigts, excepté une toute petite zone de la forme d’un minuscule losange, qui était du même blanc que ses cheveux.
L’endroit exact où le projectile empoisonné s’était planté.

Le jeune homme comprenait mieux les sensations étranges qu’il avait ressentit pendant qu’il galopait à travers les bois pour rejoindre le transporteur.

Zack fixait cette marque sombre sur son bras, ainsi que son visage dans le miroir.
Girle continuait de manœuvrer l’appareil et Lili, assise à côté du jeune homme, l’observait en silence, ne sachant quoi dire.
Que pouvait elle dire d’ailleurs.
S’excuser ? Cela lui brûlait les lèvres mais elle était consciente que ça n’arrangerait rien.


Zack : « J’espère… j’espère que Luna appréciera mon nouveau look. »


Zack s’efforça de sourire en prononçant ces mots, espérant détendre un peu l’atmosphère devenu bien pesante mais aussi pour ne pas laisser la boule de tristesse qu’il avait dans la gorge grossir plus encore.
Le jeune homme ne mesurait pas encore l’importance de cette marque, vestige d’un poison mortel, pour lui rien n’était plus grave que sa fourrure abîmée.
Certes elle était encore là, bien là, douce et soyeuse au toucher, et c’était seulement une petite partie qui avait été décoloré sous l’effet de la toxine mais c’était semblable à un précieux cadeau qu’on aurait ébréché, ça le rendait triste.


Zack (préférant changer de sujet) : « Girle, je pourrais te demander encore un tout petit service ? »
Girle Pylote : « Moui ? Quoi donc ? »
Zack : « Tu pourrais nous déposer juste devant le sanctuaire des Dragoeufs ? On ne connaît pas le coin et on est très pressé. »
Girle Pylote : « C’est important ce que tu as à faire là bas ? »
Zack : « Oui… une amie a besoin de notre aide. »
Girle Pylote (soupirant avec un petit sourire) : « Halala… j’ai l’impression que tu passe ton temps à cavaler pour régler les problèmes des autres. »
Zack (essayant de sourire à son tour) : « On dirait bien. Tu es d’accord ? »
Girle Pylote : « Pas de problème, et puis ça ne fera que la deuxième fois cette nuit. »
Zack : « Ha ? »
Girle Pylote : « Un type m’a fait la même demande plus tôt dans la soirée. (avec une mine très satisfaite) Enfin lui, il m’a filé une coquette somme en échange. »
Lili : « Ce… Ce type… il n’était pas accompagné d’une adolescente par hasard ? Avec des cheveux bleu ? »
Girle Pylote : « Si si. La pauvre devait être morte de fatigue, elle dormait comme un loir. Vous les connaissez ? »
Zack : « On peut dire ça. »


Lili serra les poings, une expression de vive colère sur le visage que seul Zack pouvait voir.
Ce gars là, si la Sacrieuse lui mettait la main dessus, risquait bien de passer le moment le plus douloureux de son existence.


Girle Pylote : « On est en vue de l’île, vous serez au sanctuaire d’ici quelques minutes. »


La vitesse de l’appareil diminuait progressivement à mesure qu’il perdait de l’altitude.
La jeune pilote réactiva le moteur du vaisseau volant et ramena les voiles.
Aucun des deux passagers n’avaient idée de ce qui les attendrait une fois sur la terre ferme, mais ce dont ils étaient certains, c’est qu’ils mettraient tout en œuvre pour retrouver Eve, quoi qu’il arrive.
Les batailles de l’île prison





Caché derrière un pilier de la pièce, elle guettait la pénombre, à l'affût.
Les lieux frémissaient régulièrement, faisant vibrer les cruches en argile qui jonchaient sur le sol et laissant une fine poussière tomber du plafond.


Luna (intérieurement) : « Bon sang mais qu’est ce qu’il fiche cet idiot ? Il veut faire s’écrouler toute la prison ou quoi ? »


L’Ecaflipette avait descendu deux étages avant de trouver un lieu adéquat pour se battre.
Ses yeux s’étaient habitués à l’obscurité et elle pouvait désormais distinguer tout ce qui l’entourait avec précision dans un périmètre d’une bonne dizaine de mètre.

L’immense salle n’était pas si différente de celle où ils avaient récupérés leur amie.
Contre les murs, tantôt des cellules, tantôt d’épaisses menottes en acier, assez pour mettre la moitié de la région du port au trou.
La pièce était parcourue d’une bonne demi douzaine de larges piliers en pierre, sûrement des piliers porteurs.
Pas de lucarne sur les murs, ce qui est logique puisque la salle se trouvait en dessous du niveau de la mer et à cette pensée, Luna ne pût réprimer un frisson qui lui parcouru l’échine.


Khorn : « Tu devrais te rendre jeune fille, il serait stupide que tu aggrave d’avantage ton cas. »


La voix du vieillard retentit depuis l’entrée de la grande pièce, cette fois, le combat allait enfin commencer.

Luna ferma les yeux et affina sa perception des choses, des sons, des mouvements.
Elle entendait les coups qui résonnaient deux étages au dessus, les pas feutrés de Sarah et son adversaire qui se déplaçaient à travers les salles et couloirs, et surtout, près d’elle, tout près d’elle, le bruit de deux sandales en cuir, celles là même que portaient aux pieds le vieillard qui la traquait.
Elles émettaient couinement presque imperceptible, se rapprochant toujours plus de sa position.
Luna serra le poing, se mettant en garde là où allait apparaître son ennemi, lorsqu’il sera à portée de bras, elle lui enverrait un direct dans l’estomac avant de l’assommer pour de bon.

Les pas se rapprochaient, plus près, encore plus près, il n’était plus qu’à deux mètres d’elle sur sa gauche, encore un peu et elle passerait à l’attaque.


Khorn : « Qu’est ce que tu regarde fillette ? »


Sans chercher à comprendre Luna plongea en avant, sentant quelque chose la frôler et se fracasser contre le pilier.
Effectuant une roulade pour se redresser, elle eut tout juste le temps d’apercevoir le vieillard qui reculait pour retourner dans l’obscurité, hors de son champ de vision.

Comment avait il fait pour se retrouver derrière elle ? Ses oreilles ne l’avaient pourtant pas trompé.
L’Ecaflipette n’eut pas le temps de tergiverser plus longtemps sur la question qu’elle entendit de nouveau les couinements significatifs des chaussures du vieillard, cette fois il lui fonçait dessus, elle ne le voyait pas encore mais elle savait qu’il était là, juste devant elle.
Luna tira une paire de carte à jouer de sa poche et les lança droit devant elle mais les projectiles finirent leur course à l’autre bout de la pièce, sans rencontrer le moindre obstacle, alors que les pas se rapprochaient toujours plus.


Luna : « Qu’est ce qu… »


Juste devant elle, pénétrant enfin dans son champ de vision, un sac auquel était sanglé une paire de sandale, s’avançait vers elle, sans personne pour le porter.


Khorn : « Tu es née cent ans trop tôt pour me battre gamine ! »


Sortant de l’ombre sur sa gauche, le vieillard abattit sa pelle et manqua de détacher la tête des épaules de l’Ecaflipette et si elle réussit à l’éviter ce fût uniquement grâce à ses réflexes félins.
Luna bondit en l’air pour esquiver le coup suivant qui visait ses jambes et atterrit sur l’arme de son assaillant.


Luna : « Et toi tu as cent ans de trop pour espérer me toucher. »


Comme prévu initialement, l’Ecaflipette lui décocha un uppercut dans l’estomac qui obligea le vieillard à lâcher son arme et à reculer de plusieurs pas.


Luna : « Tes petites ruses ne marcheront plus, vieux débris. »


Le ‘‘vieux débris’’ repris contenance malgré la douleur à son abdomen et se redressa.


Khorn : « Crois bien qu’en ce qui concerne mes petites ruses j’en ai plus d’une dans mon sac. (tendant une main devant lui) A moi ma pelle animé ! »


Avant de comprendre ce qui lui arrivait, Luna se retrouva les quatre fers en l’air, la pelle sur laquelle elle se trouvait ayant soudain prit vie et étant retourné vers son légitime propriétaire.


Khorn : « Et quand je dit que j’en ai plus d’une dans mon sac, je ne parle pas au sens figuré. »


Tandis que Luna se redressait tant bien que mal, le vieux combattant ouvrit le petit sac à sandale, qui l’avait rejoint, plongea littéralement le bras à l’intérieur et en ressortit une autre pelle qu’il posa au sol, puis une autre, et encore une autre, et encore une autre, jusqu’à ce que s’entasse devant lui une bonne dizaine d’outils.


Khorn : « Malgré mon âge je suis toujours Khorn, le maître des pelles ! En avant mes gardiennes ! »


A peine l’Enutrof eut il donné son ordre que les pelles se lancèrent à l’assaut de leur ennemi félin.
Toute sans exception venait de prendre vie et semblait maintenant animé d’une énergie combative semblable celle d’un Mulou enragé.
Les pelles attaquaient l’Ecaflipette par vague successive, ne lui laissant pas le temps de riposter.
Luna esquivait, sautait, roulait sur le côté, s’accroupissait, évitant chacune des attaques des objets animés, mais leurs assauts étaient de plus en plus coordonnés et rapides, et malgré ses réflexes hors normes, elle ne tiendrait pas longtemps.
A un contre dix la partie était trop inégale.


Luna : « Puisque c’est comme ça… »


Abandonnant sa posture de garde, l’Ecaflipette tourna le dos à ses adversaires et se mit à courir, aussitôt poursuivie par ces dernières.


Khorn : « Tu n’as aucune chance de fuir, jeune fille ! »


Luna bifurqua soudainement en direction du vieillard, lui fonçant désormais dessus.


Luna (plongeant ses mains dans les poches de son short) : « Qui parle de fuir ? »


Lorsqu’elle les ressortit, elle avait entre chaque doigt, soit une carte à jouer, soit une pièce de kamas.
D’un ample et rapide mouvement, Luna, qui arborait déjà un sourire victorieux, lança ses projectiles sur son adversaire.
Tandis que les cartes volaient en décrivant un arc de cercle, les pièces rebondissaient sur le sol, les murs et les piliers, mais tous n’avaient qu’une seule cible, le vieillard coiffé d’une coquille noire.


Luna : « Essaie donc d’éviter ça ! »



***



Dans une autre partie de la prison, un autre type de bataille se déroulait.
A l’intérieur de l’immense salle d’entraînement éclairé par de nombreuses torches, rien ne laissait présager que deux ennemis se faisaient face.
Ni l’un ni l’autre ne pouvait deviner où se trouvait exactement son adversaire, chacun ayant acquis au fil du temps une technique de camouflage si parfaite que même un sort de repérage ne pouvait les détecter.
Ils ne se voyaient pas, leur corps se fondait totalement dans le décor, ils ne s’entendaient pas, même leur respiration semblait avoir disparue, mais chacun sentait la présence de l’autre.
Tout deux immobiles, les muscles tendus, leur perception poussé à l’extrême, ils attendaient, c’était comme un combat mental qui se déroulait, dans une atmosphère si lourde de tension qu’elle écraserait quiconque entrerait dans la pièce.

Sarah faisait le vide dans sa tête.
Elle s’apprêtait à affronter l’un des siens, un ancien frère d’arme, et un Sram implacable.
Pour avoir travaillé avec lui, elle savait à quel point il était doué, que ce soit dans le maniement du poignard ou le déplacement furtif.
Son vrai point fort était la confection des pièges et il devenait un adversaire mortel si on lui laissait un minimum de temps pour préparer le terrain et le truffer d’embuscade, ce qui, heureusement pour elle, n’était pas le cas actuellement et lui laissait donc une chance.

Seulement, si elle avait une chance, elle était bien infime, car pour faire face à son ennemi elle n’avait aucune arme, ni aucun piège, seule son agilité et ses compétences de disciple de l’ombre pourrait l’aider à remporter cette bataille mais fort heureusement, comme toute salle d’entraînement qui se respecte, cette dernière était remplie d’équipement dont elle pourrait se servir, si toutefois son adversaire lui en laissait l’opportunité.

L’air frémit soudainement, son ennemi avait décidé d’agir le premier.

Il apparu brusquement devant elle, en deux exemplaires, des clones qui se jetèrent aussitôt à l’assaut, l’un visait ses jambes tandis que l’autre essayait de l’atteindre à la gorge.
Sarah n’hésita pas une seconde et plongea en avant à travers la seule ouverture que lui laissait ses attaquants et effectua une roulade qui lui permis de se relever immédiatement et d’attaquer à son tour.
Bien que toujours invisible, elle avait deviné la position précise de son ennemi.

Nettement plus à l’aise avec une dague qu’à main nue, elle n’était pourtant pas adversaire à prendre à la légère car elle connaissait très bien le corps humain, en particulier ses points faibles, un bon direct sur le plexus solaire, par exemple, suffit à en faire vaciller plus d’un.

Cependant son attaque ne porta pas.
Bien avant d’atteindre sa cible, le poing de la disciple des ombres fut stoppé par une autre version sans âme du Sram masqué.
D’abord légèrement surprise, Sarah se mit à sourire.


Sarah : « Je constate que tu t’es amélioré dans la manipulation de tes clones Belzé, ils ne ressemblent plus aux manches à balais auxquels tu nous avais habitué par le passé. Je me demande bien ce qui as motivé un tel entraînement, comme ce qui te motive à me lancer pareil défi, sur mon propre terrain de prédilection... Une vieille revanche à prendre peut être ? »


La jeune femme brune n’eut aucune réponse mais elle s’attendait à cela.
En fait, le dénommé Belzé n’avait jamais prononcé le moindre mot, si bien que beaucoup jurait qu’il était aphone, ce qu’il n’avait jamais démentit ou confirmé.
Malgré le silence comme unique réponse, Sarah savait de quoi il en retournait.


Sarah (toujours aussi souriante) : « Alors soit, je relève ton défi, montre moi donc jusqu’à quel niveau tu as réussi à t’élever dans ce domaine ! »


Saisissant le bras de celui qui avait bloqué son coup de poing, Sarah l’attira vers elle, plaça son pied sur le ventre du clone puis bascula en arrière, envoyant sa victime valdinguer à travers la pièce jusqu’au mur opposé.
Au lieu de se relever, la disciple de Sram resta accroupie, concentrant son énergie magique, son shakra, dans sa main.


Sarah (frappant son ombre projeté sur le sol du plat de la main) : « Venez à moi, clones des ombres ! »


L’ombre de Sarah jaillit brusquement tel un geyser d’encre noire qui enveloppa cette dernière, la masquant à la vue de son ennemi pendant plusieurs secondes.
Quand la barrière sombre redevint une simple ombre sur le sol, plusieurs dizaines de Sarah se tenaient côte à côte, absolument identique en tout point.
Le Sram masqué apparu progressivement devant ses adversaires mais à l’instar de la jeune femme, il se contenta de serrer silencieusement les poings pour que des doubles de lui même apparaissent, émergeant de son propre corps, jusqu’à ce que leur nombre égale ceux des Sarah.

Un disciple moyen, qu’on qualifierait de commun, sans pour autant dénigrer sa puissance, ne produit en général qu’une version des plus basique de son corps.
Un avatar magique complexe et complet ne pouvant, malgré tout, répondre qu’aux plus simples des ordres, comme faire diversion en attirant l’attention de l’adversaire.

Il arrive cependant que certains disciple du Dieu Sram se lance à corps perdu dans la perfection de ce sort, repoussant à l’extrême les limites de cette magie.
Et comme pour tout disciple de toute classe décidant de rechercher le perfectionnement total d’un sort, ce dernier s’en trouve modifié jusqu’à devenir unique et propre à celui qui l’a maîtrisé jusqu’à son niveau ultime.
Ainsi Sarah, comme Belzé, pouvait invoquer autant de clone que le lui permettait son shakra, avec la particularité que ses doubles soient totalement apte au combat et non pas à servir de simple diversion.


Toute les Sarah à l’unisson : « Que le meilleur des deux Srams mettent un terme à la vie de l’autre. »


Dans un même mouvement, les clones de chaque camp se ruèrent les uns sur les autres.



***



Enrico : « Je commence à en avoir assez de ce petit jeu !! »


Dans un mouvement de rage, le gardien de la prison abattit un poing dévastateur qui manqua de faire s’envoler la tête de son adversaire, et alla fracasser un mur qui avait eu la chance de rester intact jusque là.

L’Osamodas déglutit avec difficulté en voyant se qu’il restait du mur de pierre mais n’eut pas le temps de reprendre son souffle qu’Enrico était de nouveau sur lui.
Il roula sur le côté pour esquiver le nouvel assaut et se releva avant que son ennemi ne soit de nouveau en position d’attaque.
Julien en profita pour envoyer de nouveau une volée de projectile, utilisant sa frappe du Craqueleur pour les plus imposant, dans l’espoir de ralentir la machine à tuer qui s’avançait vers lui.

En fait, ce qui aurait dût au départ lui donner un avantage dans la bataille se révéla très vite être le seul moyen pour lui d’empêcher Enrico d’atteindre le maximum de sa puissance lors de ses attaques.
Effectivement, l’Osamodas déchanta très vite lorsqu’il comprit que, finalement, tout ce qu’il envoyait sur son ennemi était immédiatement réduit en poussière avant même qu’il ne puisse lui même s’approcher pour attaquer au corps à corps.

Désormais Enrico imposait presque son rythme dans le combat et Julien avait de plus en plus de mal à se tenir éloigné de ses coups.
Si la force était la seule juge de l’issue de la bataille, alors l’Osamodas était partit pour la perdre.


Enrico (faisant face à la volée de pierre) : « Arrête de jouer et viens m’affronter en face Julien Northander ! Un homme doit faire face à son destin et ce soir je suis ce destin ! »


Le soldat poussa un hurlement de rage en balançant son poing devant lui, dans le vide.
L’air sembla se figer l’espace d’un instant, puis, phénomène étrange, l’air fut comme aspiré dans la direction du gardien, avant de se faire violemment refouler dans la direction opposée.
Les morceaux de pierre, qui avaient gagné en vitesse le temps de l’aspiration, explosèrent subitement un par un, et même l’Osamodas fut soufflé à l’autre bout de la pièce, comme s’ils avaient tous été les victimes d’une onde de choc.
S’étendant des pieds d’Enrico jusqu’à l’endroit où avait atterrit Julien, une immense croix, à l’image de celle que l’on peut admirer sur les dalles du temple Iop, avait creusé le sol de la prison.

Chose étonnante, Enrico ne profita pas de l’occasion, comme il l’avait fait jusqu’à maintenant, pour attaquer son jeune adversaire pendant qu’il était encore à terre.


Enrico : « Je te laisse une dernière chance p’tit gars… Il est grand temps de mettre un terme à ce combat, alors tu as intérêt à me montrer ce dont tu es capable, car le prochain coup sera le dernier. »


Les mots d’Enrico résonnèrent calmement dans la salle dévastée, et sonnaient comme un ordre, une menace et une promesse.

Julien réussit à se relever tant bien que mal, le dos en compote, les jambes presque flageolantes, les muscles de ses bras raidit par ses attaques magiques, pour lui aussi il faudrait que le prochain coup soit le dernier.
Lorsque l’Osamodas porta son regard à son adversaire, il fut comme paralysé l’espace de quelques instants face à ce qu’il aperçut.

Devant lui, à une bonne dizaine de mètre, se dressait Enrico qui se tenait à moitié de profil, les jambes légèrement arqués, le poing droit lever au niveau de son visage prêt à frapper, les yeux braqué sur lui d’un regard qui lui donnait des frissons.
Mais ce n’était pas ça qui impressionnait l’invoqueur, non c’était autre chose, c’était cette aura, cette énergie invisible qui se dégageait du corps d’Enrico et qui semblait faire onduler, qui semblait déformer l'air autour de lui.
L’Osamodas avait l’impression d’entrevoir un géant derrière le soldat, un géant si grand qu’il n’y avait que le haut de son corps, un géant à l’effigie du dieu Iop, au visage dur et implacable et qui braquait sur lui des yeux emplis de flammes rougeoyantes.


Enrico (dont la voix était devenue plus grave) : « Julien Northander, je te conseille de donner tout ce que tu as si tu ne veux pas subir la colère de mon Dieu et perdre tout ce qui t’es cher ce soir. »


Julien sourit en se mettant lui aussi en garde, rassemblant toute les forces qui lui restaient pour l’assaut à venir.


Julien (dans un souffle) : « Donner tout ce que j’ai, hein… »


Finalement, les paroles du gardien de la prison avaient totalement rejoint celles qu’avaient prononcés son maître par le passé et le disciple du dieu cornu était bien décidé à enfin les mettre en application dans cette ultime échange.
Victoire et défaite


D’un côté se dressait Enrico Fartalas, disciple de Iop, gardien de la prison du port de Madrestam et de l’autre Julien Northander, disciple d’Osamodas, ancien gradé de l’armée Brâkmarienne.
Chacun d’eux avait à cœur de s’interposer sur le chemin de l’autre et également de très bonnes raisons de le faire, finalement dans ce combat il n’y avait pas de méchant, pas de vrai ennemi à haïr qu’on voudrait voir mort, juste deux hommes de valeur qui devait s’affronter pour leurs convictions.

Dans une bataille où s’oppose deux fortes puissances, l’échange ne dure généralement qu’un bref instant, le temps d’un seul coup.
Jusqu’à maintenant, les deux hommes n’avaient fait que ‘‘jouer’’ l’un contre l’autre, s’épuisant mutuellement progressivement, testant leurs limites et celles de l’adversaire mais désormais la fin était proche.
Tout deux allaient lancer tout ce qui restait de leur puissance dans un ultime assaut qui déterminerait l’issue de la bataille.

Julien serra son poing, concentrant sa force magique à l’intérieur.
L’air devint lourd de tension et une pression monstrueuse commençait doucement à se dégager de chacun des combattants.

Cependant, si la seule force devait être juge du combat, le disciple d’Osamodas allait clairement perdre, et il le savait.
Sa frappe du Craqueleur avait beau être dévastatrice, elle n’était rien comparé à la technique qu’allait employer Enrico.

Il était de notoriété publique que même le plus ‘‘faible’’ des disciples de Iop, lorsqu’il laissait libre cours à sa colère, faisait preuve d’une puissance telle, qu’il était en mesure de détruire un bâtiment d’un seul et unique coup.
Si Julien venait à être touché par une attaque de cette ampleur, il ne ferait aucun doute qu’il n’en sortirait pas indemne, voir qu’il n’en sortirait pas vivant du tout.


Julien : « Je suis prêt Enrico, il est temps que nous mettions un terme à tout ça ! »


Le soldat hocha la tête et s’arqua un peu plus sur ses jambes, prêt à foncer sur son adversaire, celui ci faisant de même.
Le silence régnait, seulement brisé par le clapotis de la mer au dehors, dans quelques secondes ils se jetteraient l’un sur l’autre et tenterait d’asséner le coup final.
Une explosion, se produisant loin en dessous d’eux, fit vibrer les fondations de la prison et leur donna le signal.

Enrico et Julien se chargèrent l’un l’autre jusqu’au milieu de la pièce.
Le disciple de Iop abattit son poing sur son adversaire mais celui ci plongea en avant et passa dans son dos.


Julien : « En avant Bémoth ! »


Enrico eut tout juste le temps de se retourner pour apercevoir une boule de laine se ruer sur lui et lui donner un coup de tête qui le fit reculer de plusieurs pas.


Enrico : « Je croyais que tu avais compris qu’on ne jouais plu… »
Julien : « Je ne joue plus Enrico ! Je vais me battre avec tout ce que j’ai, et ce que j’ai c’est eux ! Béryl ! »


Aussitôt un petit sanglier apparu à ses pieds et galopa à la rencontre du soldat.


Enrico : « Ridicule ! »

Le gardien de prison s’apprêtait à frapper le porcin qui le chargeait lorsqu’il fut bousculé violemment vers la gauche par le Bouftou que Julien avait invoqué précédemment.
Il n’eut pas le temps de retrouver son équilibre que le deuxième animal se jeta sur lui tête première.
Malgré la taille du petit sanglier, Enrico sentit le coup passer comme s’il venait de recevoir un coup de marteau dans les côtes, mais il en fallait plus pour le mettre à terre.


Enrico : « Qu’importe le nombre de bestiole que tu appelle, tu ne m’échapperas pas ! »


Le soldat bondit par dessus les deux mammifères et fonça sur leur maître.
Son attaque n’avait pas encore porté et il ne comptait pas la faire subir à un autre que lui.


Julien : « Shiro arrête le ! »


Un prespic apparût soudainement et zigzagua jusqu’au gardien de prison avant de lui grimper dessus et de s’enrouler autour de son visage.
Enrico stoppa sa course et poussa un juron, étouffé par le pelage de l’animal, essayant de s’en débarrasser de sa main libre.
Béryl et Bémoth profitèrent de l’occasion pour foncer de nouveau sur leur ennemi et réussirent, d'une double bourrade, à le faire tomber en avant.
Le soldat parvint cependant à se rattraper et à arracher le prespic de son visage, avant de le lancer contre le mur, ce qui le fit disparaître.
Aussitôt, il dût faire face à l’assaut des deux autres invocations mais la tendance semblait s’être inversé.
Malgré leur rapidité, Béryl et Bémoth n’arrivaient plus à toucher leur ennemi, ce dernier esquivant sans cesse leurs attaques.
D’un coup de pied, il mit le pauvre bébé sanglier hors de combat.
Bémoth subit le même sort que Shiro, Enrico se servit de sa main libre pour empoigner le Bouftou par la fourrure et l’envoyer voler à travers la pièce.


Enrico : « Rien ne m’empêchera de t’atteindre ! »
Julien : « Voyons si tu tiendra le même discours après ça ! »


L’Osamodas s’accroupit et posa ses mains sur le sol.
Il ne maîtrisait pas encore correctement ce sort d’appel mais la situation l’obligeait à tenter le tout pour le tout, quitte à laisser son destin entre les mains de la chance.
L’invoqueur laissa sa magie s’échapper de ses mains et pria son Dieu d’être avec lui cette nuit.
Mais rien ne se passa.


Enrico (se tenant juste devant le jeune homme à genoux) : « Je ne sais pas ce que tu espérais faire mais on dirait bien que tu as perdu Julien… »


La salle était silencieuse et la voix du gardien de la prison résonnait comme un glas.
L’Osamodas baissa la tête, prêt à admettre sa défaite, quand son attention fut attiré par un petit caillou qui roulait bizarrement près de son genoux.


Julien (avec un demi sourire) : « Je crois plutôt qu’il me reste encore une chance. »


Il envoya immédiatement une nouvelle quantité de magie dans le sol avant de rouler en arrière et de reculer.
Dans toute la pièce, les morceaux de pierre se mirent à remuer tout seul et se dirigèrent dans la direction de Julien.
Enrico, qui venait de comprendre, se rua sur l’invoqueur espérant interrompre le sort en le mettant hors d'état de nuire.


Julien : « Déchaine ta colère, Craqueleur ! »


Avant que le soldat n’arrive à rejoindre son adversaire, une monstrueuse silhouette, constitué des pierres fracassés de la pièce, se dressa derrière Julien, prenant la forme des géants rocailleux qui errent dans les montagnes, et abattit aussitôt son énorme poing sur l’ennemi de son maître.
Enrico n’eut d’autre choix que de riposter.
Il serra les dents et libéra toute la puissance qu’il avait accumulé dans sa main droite.
Au moment où le poing d’Enrico entra en contact avec celui du Craqueleur ce dernier explosa dans un bruit tonitruant.

Lorsque le nuage de poussière engendré par la destruction du monstre se dissipa, Julien se tenait aux côtés d’Enrico.


Enrico : « Tu t’es bien battu… pour ma part je n’ai aucun regret. »
Julien : « Moi non plus… J’espère qu’un jour on aura l’occasion de se revoir… en d’autres circonstances. »
Enrico : « Peut être… d’ici là… tiens toi loin des prisons… Julien Northander. »


L’Osamodas retira son poing qu’il avait encastré dans l’estomac d’Enrico, le laissant s’écrouler sur le sol, inconscient.

Ce soir, il avait réussi à vaincre, à vaincre un adversaire extrêmement fort mais aussi à se vaincre lui même, à vaincre ses craintes et ses peurs.
Ce soir, il était devenu plus fort et avait ouvert les yeux sur ce qui était réellement important.
Se battre jusqu’au bout, se donner à fond pour ce en quoi l’on croit, pour ses rêves ou ses buts, pour ne jamais regretter, c’est ce qu’il avait appris et ce qu’il n’oublierait jamais.



***


Lune : « Essais donc d’éviter ça ! »


Qu’importe la direction, les projectiles n’avaient qu’une seule et unique cible.
Cependant, cela ne semblait pas inquiéter le vieillard.


Khorn : « Peuh ! Ce n’est pas ça qui risque de m’atteindre ! »


L’Enutrof fit un simple mouvement de la main et les pelles qui poursuivaient Luna gagnèrent soudainement de la vitesse.
Elles dépassèrent l’Ecaflipette et s’interposèrent au milieu de la trajectoire des projectiles, servant de bouclier au vieil homme.


Luna (bondissant sur son adversaire) : « Te voilà sans défense pépé ! »


Depuis le début la femme-chat n’avait que pour unique intention que de s’offrir une occasion de pouvoir engager le vieux mercenaire au corps à corps, chose impossible depuis que ce dernier avait donné vie à ses pelles.
Son lancer de carte et de pièce n’avait été finalement qu’un simple et pourtant habile coup de bluff, ayant pour but d’occuper les armes vivantes du vieillard, le temps qu’elle puisse porter un assaut direct.

La puissance du coup de griffe de Luna fit frémir l’air de la pièce et si son adversaire n’en ressentit pas son douloureux effet, c’est uniquement grâce au petit sac à sandales qui s’interposa devant son propriétaire et encaissa l’attaque à sa place.

D’un geste rageur, la disciple d’Ecaflip balaya les lambeaux qui restaient d’un coup de patte et repartit immédiatement à l’assaut, bien décidé à faire goûter le tranchant de ses griffes au vieillard mais le mercenaire avait encore de l’énergie à revendre.
Avec une rapidité hors norme, ses vieilles mains attrapèrent les poignets de la combattante.


Khorn : « Sarah t’avait pourtant prévenue de ne pas me sous-estimer, gamine. »
Luna : « J’ai encore quelques tours en réserve pour ton compte, vieux décrépis ! »
Khorn (soupirant) : « Tu n’as pas l’air d’avoir compris… Tu as déjà perdu. »


La grosse coquille noire sur la tête du vieillard se mit à remuer, puis se souleva avant de tomber sur le sol, laissant apparaître un coffre qui ne cessait de grandir sur le crâne chauve de Khorn.


Khorn : « Avale là. »

Le couvercle du coffre s’ouvrit, laissant apparaître une gueule garnie d’immenses dents pointues et d'une langue démesurément grande.
Puis l’objet bascula lentement en avant sur l’Ecaflipette.
La peur se lisait sur le visage de Luna face à cette bouche géante qui lui tombait dessus et elle fut entièrement avalé sans qu’elle puisse se dégager de l’étreinte de son adversaire.
Un "clac" sourd retentit dans la pièce lorsque le couvercle se referma.

Le vieux mercenaire ramassa tranquillement son couvre chef avant de s’en recoiffer.


Khorn : « Il n’y a plus qu’à espérer que Bel’ sorte victorieux de son affrontement… »





***




Il était presque impossible de décrire le chaos presque silencieux qui régnait dans la salle d’entraînement.
Pas de hurlement ou de cris, quelques exclamations tout au plus.

Combien étaient ils exactement ? Dix ? Vingt ? Trente ?

Il n’y avait même pas de vrai face à face.
Tantôt ils étaient à un contre un et l’instant d’après deux autres abandonnaient leur duel pour venir en aide à un troisième.
Un chaos parfaitement coordonné.

A droite deux Sarah mettaient à mal une réplique du Sram masqué en synchronisant leurs coups de pied, à gauche une copie du mercenaire finissait de déboîter l’épaule de l’une des jeunes femmes.
Certains avaient récupéré de l’équipement, pas d’armes encombrantes comme les énormes hallebardes impossible à manier correctement dans cette mêlée, mais plutôt des boucliers, des petites épées ou des poignards.

Un vrai champ de bataille.

Et au milieu, les deux instigateurs de ce combat se faisait face à main nue.
C’était à celui qui flancherait le premier, lui et ses clones.

Leurs attaques étaient d’une précision chirurgicale et la seule chose qui empêchait l’un d’atteindre l’autre à un point vital était les réflexes surhumains dont ils faisaient preuve.

Mais quand bien même leur niveau semblait s’égaler, Sarah prenait peu à peu l’avantage.
Elle était plus souple, plus vive et surtout ses clones et elle semblaient ne former qu’une seule et même entité.

A plusieurs reprises, la jeune femme réussit à faire avorter l’assaut de son adversaire, bloquant ses mouvements un bref instant, et à chaque fois, l’une de ses semblables quittaient immédiatement son combat pour tenter de frapper celui qu’elle immobilisait.

Les Sarah formaient une équipe tournante.
Elles étaient constamment en mouvement, n’affrontant jamais longtemps le même adversaire, portant secours à l’une des leurs en difficultés ou s’associant à une autre pour achever un ennemi.
Comme l’originale, elles étaient d’une agilité et d’une rapidité supérieure, ce qui leurs permettaient d’enchaîner des séries de coups et de prises avec une facilité surréaliste.

En face, les répliques du Sram masqué étaient d’une robustesse et d’une force physique qui surclassait les jeunes femmes.
Même avec un membre cassé ou après avoir subit de nombreux coups successifs, ils continuaient le combat comme si de rien n’était.

Les masqués étaient cependant en difficulté, leurs adversaires féminins appliquant avec brio un travail d’équipe parfaitement rodé.

Belzé balaya l’espace devant lui d'un revers de main que Sarah réussit à bloquer en lui saisissant l’avant bras, puis le poing gauche du mercenaire chercha aussitôt à atteindre l’estomac de la brunette sans succès.
Ainsi immobilisé, il ne pût éviter le coup de pied que la Sram lui envoya en pleine tête, ainsi que le second qu’il reçut dans l’estomac et qui l’envoya rouler à plusieurs mètres.
Il n’eut même pas le temps de se relever que l’un des clones de Sarah, armé d’un bouclier, tourna le dos à son adversaire pour se concentrer sur lui et tenta de lui écraser la tête avec son équipement de bras.
Une réplique du mercenaire l'en empêcha d’un coup d’épaule, sauvant la vie de celui qui l’avait créé.
Sarah revint à l’assaut et commença à s’en prendre au clone avec une attaque au genou qui le mit à terre, suivit d’un balayage au visage qui l’envoya s’écrouler sur d’autres combattants plus loin.
Entre temps Belzé s’était relevé mais avait jugé bon de mettre un minimum de distance entre lui et elle.
Il jeta un regard d’ensemble sur la bataille générale.

Plusieurs de ses clones arrivaient à mettre les Sarah au tapis d’un seul coup, cassant côtes, bras et jambes sans réels difficultés mais ses ennemies s’en sortait encore mieux.
Toujours en mouvement, plusieurs femmes n’hésitaient pas à combiner leurs actions pour acculer les siens pour mieux les achever.
Il ne gagnerait pas en restant à ce niveau.


Sarah : « Tu ne devrais pas regarder ailleurs Bel’ ! »


La brunette effectua une glissade, visant ses chevilles, qu’il n’eut aucun mal à esquiver à effectuant un petit saut.
Comme précédemment, deux Sarah sortirent du rang et profitèrent qu’il soit en l’air et sans défense pour se jeter sur lui.
Un poignard traversa une partie de la pièce et atteint l’une des clones en plein ventre, tandis que l’autre voyait son saut bloqué par deux autres masqués.
Quand Belzé atterrit, la vrai Sarah était déjà sur lui.
Deux coups portés, deux coups bloqués et une nouvelle fois, ce sont les jambes agiles de la Sramette qui forcèrent le mercenaire à reculer.

Il était grand temps pour le disciple muet du dieu des ombres de sortir l’as qu’il gardait dans sa manche.
Pour la première fois depuis le combat, il abandonna sa garde, éveillant la curiosité de son adversaire.
Belzé claqua simplement des doigts deux fois.
Ses clones s’immobilisèrent une demi seconde, comme s’ils venaient de recevoir un ordre puis reprirent le combat de plus belle.


Sarah : « Quel genre de sournoiserie tu as prévu pour t’en sortir Bel’ ? »


Dans un coin de la pièce, une Sarah bloqua le poing d’un masqué puis le retourna et força son propriétaire à suivre la rotation, le mettant à sa merci, mais avant qu’elle ne puisse lui démettre le bras, ce dernier explosa entre ses mains.
La réplique de Belzé était amputé au niveau de l’épaule mais la Sarah avait été complètement désintégré, provoquant un nuage de fumée bleuté.

Bien sûr, il n’y avait pas d’organes éparpillés ou de flaque de sang, ils n’étaient tous que de simple clone magique.

L’explosion fut assez puissante cependant pour faire trembler la salle et surprendre les jeunes femmes.
Et il ne fallut pas plus longtemps pour que d’autres phénomènes du même genre se produisent à chaque fois qu’une Sarah portait un coup ou tentait une prise sur l’un des clones adverses.

L’un voyait sa jambe se hérisser de pointe au moment où une Sramette effectuait un balayage, embrochant mortellement le membre de l’attaquante.
Un bras s’étira tel un fouet et s’enroula autour de la taille d’une ennemie, s’enflammant dès qu’elle fut prisonnière.
A l’autre bout de la salle, plusieurs copies de mercenaire attrapaient des Sarah et explosait sans raisons, réduisant les jeunes femmes en fumée.

Ils n’étaient pas plus rapide ni plus fort, mais les clones de la brunette ne pouvait plus frapper sans que leur adversaire ne riposte mortellement d’une manière qui dépassait la compréhension de Sarah.

Finalement, Sarah se retrouva acculée et seule, face à une armée de Sram masqué à peine moins nombreux qu’au départ.


Sarah (dos au mur) : « Pas mal ton petit tour de passe passe… tu m’explique ? »


L’aphone fit un geste de la main et l’un de ses clones de plaça à côté de lui.
Il arracha la tunique de ce dernier, découvrant un torse duquel dépassait ce qui ressemblait à des interrupteurs.
Sarah, d’abord stupéfaite, éclata de rire.


Sarah (avec un franc sourire) : « Haha, bravo Bel’ ! J’aurais dût me douter que tu serais capable d’une telle chose, après tout, tu es inégalable dans ce domaine. Tu as réussi à créer des clones truffé de tes pièges, une façon de compenser ton manque de maîtrise de ce sort avec ton génie en matière de gadget meurtrier. »


La Sram relâcha sa garde et s’appuya contre le mur derrière elle, applaudissant sincèrement la performance de son adversaire.


Sarah : « Oui, là dessus je dois m’avouer vaincue. Tu viens de réaliser un exploit en soi, une maîtrise assez poussé du sort de clonage pour que tes répliques soient apte au combat mais en les dotant également de toute tes connaissances en matière de piège, les rendant plus mortels que tout ce que j’ai vu jusqu’à maintenant, toute mes félicitations Bel’, pour ce que ça vaut, je suis fier de toi. »


La jeune femme marqua une petite pause tout en conservant son sourire.


Sarah : « Cependant… contrairement à toi, je maîtrise totalement cette magie et tu n’auras pas manqué de remarquer la façon dont je fais appel à elle, n'est ce pas ? (elle posa ses mains contre le mur et les remonta jusqu’à les glisser derrière ses hanches) Je me demande si tu as compris le truc ? »


Le Sram masqué eut un imperceptible mouvement de recul, ce qui fit sourire Sarah encore plus.


Sarah : « On dirait bien que tu viens de comprendre… mon sort à moi ne me demande qu’extrêmement peu d’énergie magique à la seule condition qu’il y ait de l’ombre. Mes clones naissent directement et uniquement des ténèbres et tant qu’il y a de l’ombre, je peux les appeler indéfiniment… N’est ce pas pratique pour des disciples tel que nous ? »


Tandis qu’elle terminait sa phrase, une bulle noire jaillit du mur et l’enveloppa entièrement comme la première fois.
Lorsqu’elle éclata, des Sarah, encore plus nombreuses que leurs adversaires, apparurent, le visage sévère.


Toutes les Sarah : « Maintenant que le cours est terminé, il est temps de finir ce qu’on a commencé. »
???



A Astrub, malgré l’heure avancé de la nuit, un établissement semblait connaître une vive animation et il ne s’agissait pas de la taverne.
Dans la maison des mercenaires, les habituels insomniaques et noctambules avaient la compagnie d’une bonne partie du clan, ainsi que, bien entendu, le lot d’informateur et de curieux que ce genre d’évènement attirait tels des Moskitos vers un pot de Miel au beurre.

Au milieu de l’agitation de la salle principale, une jeune femme blonde buvait nerveusement sa sixième tasse de café.
A côté d’elle, confortablement installé dans un fauteuil plus grand que lui, un Xélor était plongé dans la lecture d’un grimoire tellement et abîmé qu'on aurait dit qu'il avait servit de cale pour un meuble.
Ce qui faisait du petit lecteur la personne la moins concerné par ce qui se passait.


Nicholas : « Cesse de t’inquiéter Ayanna, j’ai l’impression qu’il ne va plus tarder. »


A peine avait il fini sa phrase que la porte d’entrée s’ouvrit à la volée, laissant apparaître dans l’encadrement un vieillard dont le regard trahissait une envie de briser tout le mobilier qui lui tomberait sous la main.
Mais malgré cette entrée fracassante, une seule personne y fit vraiment attention et se précipita à la rencontre du vieil homme.


Ayanna : « Mon oncle ! »


Le grincheux ne desserra pas les dents jusqu’à ce qu’il se laisse tomber dans un des fauteuils à côté de petit magicien qui n’avait pas lever le nez de sa lecture.


Nicholas : « Et Belzé ? »
Khorn : « Partit ! Envolé ! Sans explication ! Tout comme elle ! »


La jeune femme s’agenouilla à côté du vieux vétéran et posa ses mains sur son bras.


Ayanna : « Que s’est il passé mon oncle ? Est-ce que Sarah va bien ? »


L’homme se dérida enfin et un petit sourire affectueux se dessina sur son visage ridé.


Khorn : « Tu as une mine affreuse ma petite, tu devrais aller te reposer. »
Ayanna : « Ca va aller, raconte nous ce qui s’est passé après notre départ, est ce que Sarah est sauve ? »
Khorn : « Ne t’inquiète pas. Elle va bien. Avant de partir elle m’a dit qu’elle s’excusait pour tout, et qu’une fois que tout sera fini, elle saurait se faire pardonner. »


Ayanna soupira de soulagement.
Elle et Sarah n’était pas ce qu’on pouvait appeler des amies, elles ne se connaissaient que dans le cadre du travail, mais cela ne les avaient pas empêché de toujours très bien s’entendre.


Nicholas : « Malheureusement, j’ai bien peur que tout ça ne se terminera pas dans l’immédiat. »


Les mains de Khorn se crispèrent sur les bras du fauteuil.
Le manque d’optimisme du petit magicien l’irritait toujours, bien qu’en fait ce soit surtout ses paroles emprunt de vérité qui l’exaspérait.


Nicholas (d’une voix monocorde) : « Il paraît que la prison est en miette ? »
Khorn (fronçant les sourcils) : « Et pas qu’un peu ! C’est un miracle qu’elle tienne encore debout ! »
Ayanna : « Il était là ? »
Khorn : « Non, ce Zack n’est pas venu, seulement les deux autres. »


Ayanna fut déçue et révolté de l’apprendre, celui qui avait fait de Sarah une hors la loi n’était même pas fichu d’assumer ses actes et avait décidé de la laissé moisir en prison.


Nicholas : « Ce n’est pas étonnant, Belzé m’avait avertit qu’il avait quitté le groupe pendant qu’il les surveillait. »
Ayanna : « Quel espèce de… »
Nicholas (levant les yeux vers les deux autres) : « De toute façon ce n’est pas comme s’ils avaient eu besoin de son aide pour faire s’évader Sarah. »
Khorn : « Groumpf… la fille ne m’a pas posé de problème mais le garçon semble plus coriace, c’est lui qui a causé le plus de dégât et qui a mit K.O. le petit Enrico. »
Nicholas : « J’en déduis que Belzé ne fut pas à la hauteur face à Sarah. »
Khorn : « Il a disparu après qu’ils se soient tous enfui de la prison. »
Nicholas : « Ne t’en fait pas, il réapparaîtra tôt ou tard. »


Le Xélor ferma son livre et le posa sur ses genoux.


Nicholas : « Il semblerait que j’ai encore été trop sûr de moi. »
Ayanna : « Qu’est ce qu’on fait maintenant Nicholas ? »
Nicholas (soupirant) : « Avec ce qui vient de se passer, je pense que la chasse risque d’être compromise. »
Khorn : « Pourquoi ? »
Nicholas : « La prime de Sarah vient juste d’augmenter et celle de l’Osamodas est encore plus élevé mais le problème vient du commanditaire. »
Khorn : « Qu’est ce qu’il a le commanditaire ? »
Nicholas : « Réfléchit, les premières primes sont l’œuvre d’Amal le diamantaire mais il n’est plus en ville depuis quelques jours, alors qui a bien pu les mettre à jour à l’heure actuelle ? »


Le vieux mercenaire se gratta la tête en réfléchissant jusqu’à ce que la solution lui apparaisse en même temps qu’une mine inquiète.


Khorn : « Ne me dit pas que… »
Nicholas (hochant la tête pour confirmer) : « Oui, cette fois ce sont les conseillers du roi qui ont prit le relais. La destruction d’un édifice public dans une zone ’’neutre’’ et sous l’autorité royale les ont poussé à réagir et il n’est pas non plus impossible que des messagers soient déjà en route pour Bonta et Brâkmar. Désormais cette affaire ne concerne plus seulement notre clan, ils seront bientôt considéré comme des ennemis publics. »
Ayanna : « Mais c’est grave ! »
Nicholas : « Voilà pourquoi la traque n’est plus à l’ordre du jour pour nous, il y a désormais un peu trop de concurrence et on ne pourra pas agir librement si les miliciens s’en mêlent. »
Khorn : « Donc on abandonne ? »
Nicholas : « Je n’ai pas dit ça. A partir de maintenant nous allons nous borner au recueil d’information avant d’entreprendre quoi que ce soit. Cette histoire prend trop d’ampleur pour que l’on n’éclaircisse pas certaines zones d’ombre. »
Khorn : « Lesquels ? »
Nicholas : « Dans un premier temps la raison d’un tel montant pour la tête de ce Zack et pourquoi Sarah est considéré comme sa complice. Ensuite quel est le lien entre ce Zack et la fille du baron Wyfderyl. »
Ayanna : « Elle n’était pas avec lui quand nous les avons affronté. »
Nicholas : « Exactement mais d’après le rapport de Belzé et la description qu’il m’en a faite, je peux affirmer que le garde du corps de la fille du baron connait Zack. »
Khorn : « Elle serait de mèche dans cet enlèvement ? »
Nicholas : « C’est ce que nous devrons découvrir. Il y a aussi ce Julien Northander qui a détruit la prison, nous devons en apprendre plus à son sujet. »
Khorn : « J’irais voir le petit Enrico quand il sera remis, ça nous donnera peut être un début de recherche. »
Nicholas : « Enfin il y a une dernière chose que nous devons élucider… »
Khorn : « Laquelle ? »
Nicholas : « Suite à l’incident de la prison, il n’y a eu qu’une seule nouvelle mise à prix. »
Khorn : « Comment ça ?... »
Nicholas : « La disciple d’Ecaflip qui les accompagnent n’est pas recherché. »
Khorn : « Mais… »
Nicholas (lui coupant la parole) : « Je sais, et cela veut dire que quelqu’un est assez influent pour empêcher qu’elle ne devienne une Wanted, il faudra donc qu’on recherche également des informations sur elle. »
Khorn : « Elle se prénomme Luna, je crois… »
Nicholas : « Ayanna tu te chargeras d’enquêter sur elle. »
Ayanna : « D’accord. »
Nicholas : « Moi je tâcherais d’en apprendre plus sur Zack et sur la fille du baron. Tenez moi au courant dès que vous découvrirez quelque chose. »


Les deux interlocuteurs du Xélor acquiescèrent.


Khorn : « Au fait, la petite Chris n’est pas avec vous ? »
Nicholas : « Non, elle avait rendez vous avec lui. »
Khorn : « On ne la reverra pas avant quelques jours alors. »
Nicholas (sautant de son fauteuil) : « De toute façon je ne comptais pas la mêler à ça. Prenez une bonne nuit de repos tout les deux. »
Ayanna : « Bonne nuit Nicholas. »
Khorn : « A plus tard gamin. »


Le petit magicien quitta la pièce, son livre sous le bras.
La salle était toujours aussi animée, le brouahaha constant des conversations ne faiblissant pas.


Khorn : « Toi aussi tu devrais aller te reposer ma petite Ayanna. »
Ayanna (déposant un baiser sur la joue du vieil homme) : « Tu as raison mon oncle. Ne tarde pas trop. »


Le mercenaire resta encore de longues minutes assis dans son siège après que sa nièce soit partit.
Autour de lui, ils ne parlaient que de l’incident de la prison, avec d’ores et déjà, des versions toutes plus extravagantes les unes que les autres mais aucune d’elles ne relataient ce qui c’était réellement passé dans les sous-sols.
Ils y avaient des explosions, des blessés graves, des morts innocentes même mais en aucun cas il n’était fait mention des larmes de joie qui coulèrent sur les joues de Sarah quand elle serra la disciple d’Ecaflip et l’Osamodas dans ses bras, ni des profondes excuses qu’elle adressa à un vieux mercenaire pour tout le soucis qu’elle avait pu lui causer avant de s’enfuir, un sourire aux lèvres, dans le vacarme assourdissant des alarmes.

Le papy se leva du fauteuil en ayant l’impression d’avoir prit une décennie depuis qu’il s’y était installé, pour l’heure il devait reposer sa vieille carcasse jusqu’au matin avant de reprendre la route pour le port, tel qu’il connaissait cette tête brûlée d’Enrico, l’Enutrof parierait sa barbe qu’il serait à moitié sur pied dès demain.
Le sanctuaire



Girle repartit aussi vite qu’elle était arrivé, d’après elle, il serait malvenu qu’on apprenne ses récentes petites exceptions de vol.
Elle prit tout de même le temps de leur souhaiter bonne chance et de faire promettre à Zack de venir au village pour rassurer Maman Ayuto.

Zack fixa la bâtisse, devant laquelle la pilote l’avait déposé, pendant de longues minutes.
Elle était immense, et lugubre au possible.
Complètement délabré, avec des trous béants qui éventrait ses murs, c’était presque miraculeux qu’elle tienne encore debout.
Le jeune homme échangea un regard entendu avec la rouquine et pénétra dans le bâtiment, poussant la porte qui grinça horriblement sur ses vieux gonds.
Le lumière de la lune s’étala sur un bon mètre sur le sol depuis l’entrée mais laissait le reste de la pièce dans la pénombre la plus totale.
Zack s’avança lentement.


Zack : « On va y aller doucement… le temps qu’on s’habitue au noir. Vu l’état de la baraque, ça m’étonnerais pas qu’il y ait des trous dans lAAAAAAAAAAAAAAH… »


Zack s’arrêta de hurler quand retentit un bruit sourd et mate, loin en dessous de la Sacrieuse.


Lili : « Zack ?! »
Zack : « B… bouge plus ! Y a bien un trou !… (pour lui-même) Et il a fallu que je tombe dedans… bon sang, mon dos… »


Zack aurait juré être la victime d’une quelconque malédiction pour se retrouver sans cesse avec les vertèbres en compote.
Sa vue s’adaptait à l’obscurité et, très vite, le jeune homme commença à distinguer ce qui l’entourait.
Devant lui s’étendait un pont qui passait au dessus d’un gouffre qui semblait sans fond et derrière lui, un mur au pied duquel reposait une échelle brisée.


Zack : « Lili ! Il y a une échelle mais elle n’est pas en état. »
Lili : « Tu vois un autre moyen de descendre ? »
Zack (scrutant les alentours) : « Non, je crois que tu vas devoir sauter. »
Lili : « Ok, j’y vais. »
Zack : « Ha ! Non att.. »


La Sacrieuse joignit l’acte à la parole et sauta sans hésiter dans le trou dont elle ne voyait pas encore le fond.
Sa chute s’acheva sur celui qui n’avait pas eu le temps de se préparer à la réceptionner.


Lili : « Ouch… désolé… je croyais que tu étais prêt… »


Le jeune homme aurait bien voulu répondre mais une certaine partie de l’anatomie de la Sacrieuse était sur son visage et l’empêchait de parler comme de respirer.


Zack (manquant d’oxygène) : « Mmmm ! Mmgpf mh mmf ! »
Lili : « Ho p… pardon ! »


Lili se redressa hâtivement.
Zack inspira profondément, soulagé d’avoir échappé à l’asphyxie.


Zack : « Je… j’ai bien crût que j’allais mourir. »
Lili (se retenant de rire) : « Avoue que ça t’aurais plût de cette façon. »


Les yeux de Lili n’était pas encore assez habitué à l’obscurité pour distinguer le visage de Zack qui avait viré au cramoisi mais le silence de ce dernier le lui fit bien imaginer.
De son côté, le malchanceux entendait clairement son amie pouffer de rire.


Zack : « En tout cas, je suis content que ce soit toi que me soit tombé dessus... »
Lili (d‘un ton espiègle) : « Hihi, c’est le charme des lieux qui te pousse à me faire ce genre de déclaration ? »
Zack : « Hein ? Ha ! N… non c’est pas… c’est pas ce que je voulais dire ! »
Lili : « Ha ? Je ne te plaît pas ? »
Zack : « Si si ! Enfin non ! Heu… je veux dire… »


Depuis l’incident de la forêt, c’était la première fois que Lili retrouvait le sourire, et même si c’était parce qu’elle le taquinait, Zack était soulagé que sa culpabilité ne la ronge plus autant.


Zack : « Je préfère quand tu es comme ça. »
Lili : « Comme quoi ? »
Zack : « Quand tu souris. »
Lili (avec un petit soupir) : « Merci… c’est grâce à toi… »
Zack : « Bah. »
Lili : « Zack… je sais que toi tu ne m’en veux pas mais… je te fais la promesse qu’un jour je me ferais pardonner… (posant sa main sur la joue marqué de Zack) Pour ça… et le reste. »


Zack prit la main de la Sacrieuse dans la sienne et lui sourit.


Zack : « C’est d’accord, mais pour l’instant on a une petite princesse à secourir. »


Lili s’apprêtait à répondre mais un mouvement sur leur gauche l’interrompit.
Aussitôt, les deux compagnons se mirent en position de combat, prêt à faire face à n’importe quel ennemi.


??? : « Mmmgpf ! »
Zack : « Qu’est-ce qu… »


Ce qu’ils avaient d’abord prit pour une créature s’avérait en réalité être un enfant déguisé.
Les yeux de Zack et Lili pouvaient nettement distinguer, malgré l’obscurité, l’étrange masque à corne qui lui recouvrait toute la tête et le visage, et surtout la corde qui le ligotait comme un vulgaire saucisson.
Zack s’approcha hâtivement du jeune prisonnier pour le libérer, ce qui fut rapide grâce au tranchant de son épée.


Lili (s’agenouillant près du petit bonhomme) : « Tu vas bien mon garçon ? Que t’est il arrivé ? Où sont tes parents ? »
??? (d‘un ton sec) : « Non mais faudrait voir à pas me prendre pour un môme non plus. »


Se redressant de tout son haut, ce qui lui permit d’égaler la taille de Lili toujours à genoux, l’ancien captif fit basculer par-dessus sa tête le masque qui dissimulait son visage jusqu’à présent.
Il claqua des doigts tout en prononçant un mot dans une langue incompréhensible et une petite flamme apparut dans le creux de sa main dont la lumière se mit éclairer les lieux.
Le magicien était vêtu d’une veste boutonné jusqu’à son menton et un short maintenu par une épaisse ceinture, ainsi qu’une cape qui luisait sous l‘éclat rougeoyant du petit feu qu’il avait en main.
Bien que de la taille d’un enfant de douze ans, les traits de son visage trahissait au bas mot le double de cet âge.
Prise de court, la Sacrieuse ne sût comment réagir et resta planté devant lui comme deux ronds de flan.


Zack : « Heu… excusez nous monsieur, avec l’obscurité et votre masque nous avions crû… »
??? (avec une petite moue) : « C’est rien, z’êtes pas les premiers… (s’adressant à Lili) Désolé d’avoir haussé le ton… j’ai passé une assez mauvaise soirée… »


Lili se redressa immédiatement et s’inclina à l’attention du petit homme, le priant de l’excuser à son tour pour sa méprise.


Zack : « Et pourquoi vous étiez ligoté monsieur… monsieur ? »
??? : « Pourquoi ?… Ca je te jure que si je met la main sur cette bande de malade je le leur demanderais à grand coup de pied au cul. »


A ce moment, la petite flamme dans la main du magicien doubla de volume et généra une chaleur telle que la vague d’air chaud se propagea tout autour de lui, faisant voler aussi bien les cheveux de Lili, que la cape du petit homme qui laissa apparaître une paire d’aile de chauve souris.
Zack n’avait pas l’impression que ses paroles soient de vaines menaces et était même convaincu que, s’il en avait l’occasion, il les mettraient à exécution.


Zack : « Vous… vous êtes un… Eniripsa, non ? »
??? (retrouvant un semblant de calme) : « Ouep, Eniripsa gardien en charge de la surveillance du Sanctuaire des Dragoeufs. Ziho c’est mon nom. »
Zack : « Moi c’est Zack et mon amie s’appelle Lili. »
Lili : « Enchantée. »
Ziho : « En d’autres circonstances je l’aurais été également mais ce soir je suis un peu à cran… »
Zack : « Qu’est-ce qui s’est passé ? »
Ziho : « J’aimerais bien le savoir. J’était là bien tranquille, à mon poste comme d’habitude, quand ces tarés se sont pointés. Au début, j’me suis pas vraiment méfié, des mecs qui arrivent en troupeau il en passe tout les jours, de toute sortes, mais là ils se sont jeté sur moi comme des enragés et mon saucissonné comme un jambon. »
Lili : « Vous ne les aviez jamais vu ? »
Ziho : « Y a énormément de passage dans le coin à vrai dire, alors même s’ils étaient déjà venu, j‘aurais bien du mal à m’en rappeler… »


Zack se demanda si la ‘‘bande de malade’’ qui s’en était prit à l’Eniripsa n’avait pas un rapport avec l’enlèvement d’Eve.
La coïncidence était un peu trop énorme pour que son ravisseur décide de l’emmener dans cet endroit la nuit même où son gardien avait été mit hors d’état de nuire.


Zack : « Au fait c’est quoi cette histoire de gardien ? »
Ziho : « C’est mon boulot, à moi et à beaucoup d’autres, on fait en sorte d’éviter à des idiots un peu trop confiant d’aller se faire écharper dans ce genre d’endroit. »
Lili : « Ce genre d’endroit ? »
Ziho : « Vous débarquez d’où tout les deux ? Vous savez même pas où vous êtes ? »
Zack : « Bin… sur l’île des Dragoeufs, dans ce qu’on appelle le sanctuaire non ? »
Ziho (soupirant) : « Non mais je rêve… vous êtes pas simplement dans un sanctuaire, vous êtes sur le terrain de chasse de Crocabulia. »
Zack : « Qui ? »
Ziho : « Bon ok, ça suffit, on remonte à l’étage. »
Zack : « Quoi ? Mais non, on doi… »
Ziho (lui coupant la parole) : « Pas de discussion, normalement vous n’auriez même pas dût vous trouver ici et je vais réparer ça toute de suite en vous faisant sortir avant que vous ne vous fassiez massacrer. »


Le gardien des lieux avait parlé avec un aplomb qui ne donnait aucune illusion sur l’issue de la discussion, aucune négociation n’était possible.


Lili : « Ziho, je suis certaine que vous voulez agir dans notre intérêt mais… si nous sommes là, c’est pour une personne qui nous est cher et qui se trouve quelque part dans ce sanctuaire. »


Zack fut surpris d’entendre la rouquine prendre la parole.
Son ton n’avait pas été ferme ou agressif, au contraire, la voix de Lili était douce et aimable.
L’Eniripsa aussi sembla prit au dépourvu par cette attitude et il perdit, l’espace d’un instant seulement, sa conviction.


Ziho : « Inutile de perdre votre temps alors, vous feriez mieux de faire demi-tour. »
Zack : « Nous ne pouvons pas, Ziho. Nous savons qu’elle est là, quelque part, et nous avons bien l’intention de la retrouver et de la sauver. »
Lili : « Nous savons que vous êtes ici pour protéger les gens et les empêcher de se mettre en danger en voulant pénétrer ici mais… qu’importe ce qui nous attends… nous sommes prêt à tout pour sauver mademoiselle Eve. »


Le petit gardien ailé plongea ses yeux dans ceux de Lili.
Elle ne mentait pas, elle semblait prête à tout, même au sacrifice de sa propre vie pour aller sauver cette fameuse Eve.
Cette femme avait autant de détermination à aller sauver cette personne que lui en avait pour la mission qui lui avait été confié de garder les lieux.
Finalement, le disciple d’Eniripsa détourna le regard en haussant les épaules.


Ziho : « Je suppose que même si je vous jette dehors vous reviendrez à la charge… Humpf… bon écoutez moi bien, c’est clair que vous ferez jamais le poids contre les bestiaux des sous-sols… »
Zack (souriant) : « T’inquiète pas Ziho, on se débrouillera. »
Ziho : « C’est justement avec ce genre d’attitude que tu vas te faire bouffer. »


L’Eniripsa se servit de sa main libre pour déboutonner le haut de sa veste et retira quelque chose d’autour de son cou.


Ziho : « Prends ça, c’est une amulette. »
Zack (prenant le petit collier) : « Tu sais je crois pas vraiment aux porte-bonheurs… »
Ziho : « J’ai vraiment la tête de quelqu’un qui se fie à ce genre de chose ? C’est un pendentif en coquille de Dragoeuf. »


De nouveau avec sa main libre, il fouilla dans la poche intérieur de sa veste et tendit un anneau à Lili.


Ziho : « Celui là à été fabriqué à partir de cornes. »
Lili : « M… merci… »
Ziho : « Me remerciez pas, j’ai pas envie d’avoir vos morts sur la conscience. Gardez ça sur vous et ça devrait tenir les Dragoeufs à l’écart. »
Zack : « Devrait ? »
Ziho : « Les petits en tout cas mais pour les plus gros ça sera une autre histoire… et c’est là que tu vas devoir te ‘‘débrouiller’’ avec ton sourire de grand dadais. »
Zack : « Grand dadais ? »
Lili : « Merci pour tout Ziho. »
Ziho : « Si vous voulez me remercier, évitez de mourir. »
Lili : « On fera attention. »


Le petit gardien ailé se retourna et s’avança contre le mur pour y ramasser un morceau de l’échelle brisé et en embrasa le bout avec le feu dans sa main.


Ziho : « Tenez, ça vous fera une torche de fortune mais ça ne durera pas longtemps… et bien sûr les monstres vous repéreront plus facilement tant que vous l’aurez. »
Zack (prenant la torche) : « Et toi, qu’est-ce que tu vas faire ? »
Ziho : « Je remonte à l’entrée pardi, manquerait plus que quelqu’un se ramasse dans le trou maintenant qu’il n’y a plus d’échelle. »
Zack (avec un sourire jaune) : « Oui… haha… ça serait bête… Ha oui ! Puisque tu vas monter la garde, autant te prévenir, trois de nos amis vont venir, tu pourrais les laissez passer ? »
Ziho : « Et puis quoi encore ? Je fais déjà une exception pour vous, je vais pas non plus laissez passer la moitié d’Amakna. »
Zack : « Ne t’inquiète pas, l’une est Sériane et l’autre fait partie de l’armée de Brâkmar. »
Ziho : « Mouais… et le troisième ? »
Zack (un sourire en coin) : « Elle est carrément plus forte que moi. »


Ziho n’était qu’à moitié convaincu mais il avait la désagréable impression qu’il n’allait pas avoir le choix.


Lili : « Zack… »
Zack : « Il faut qu’on y aille, Ziho. Fait attention à toi. »
Ziho : « C’est plutôt à moi de vous dire ça. »


Sur cette dernière remarque, le petit Eniripsa s’envola et quitta le duo qui s’engageait au pas de course sur le pont.
Une fois traversé, Zack et Lili avait le choix entre trois direction.
Continuer toujours tout droit vers l’Est, emprunter le chemin qui remontait légèrement vers le Nord-Est ou prendre plein Sud.


Zack : « Tu as une idée ? »


La Sacrieuse s’agenouilla et examina le sol.


Zack : « Tu vois quelque chose ? »
Lili : « Je ne suis pas sûre… les traces les plus récentes partent vers le Nord mais… »
Zack : « On prend par là alors, et si on ne trouve rien on reviendra sur nos pas. »


La femme aux cheveux roux acquiesça et emprunta le chemin désigné, suivit de son ami.

Les lieux ressemblait aux grottes les plus classiques qui puissent exister.
Des menaçantes stalactites pendaient au plafond, des gouffres et crevasses sans fond, des ponts qui enjambaient les ténèbres et bien évidemment, sur les parois comme sur le sol, les traces d’innombrables combats étaient à jamais gravé dans la roche.

De longues minutes s’écoulèrent durant leur marche silencieuse, non pas qu’ils ne savaient pas quoi se dire, mais plutôt parce qu’ils craignaient de rencontrer les ‘‘gros’’ Dragoeufs qu’avait mentionné le petit gardien mais l‘un comme l‘autre en aurait loué le ciel, ils n‘avaient jusqu’à maintenant rencontré pas âme qui vive.

Cependant, quelque chose turlupinait celle qui était en tête du duo, une question brûlait les lèvres de la Sacrieuse, et même plusieurs en réalité, questions qu’elle n’avait pas eu l’occasion de poser depuis leur mésaventure sous la montagne.
Elle avait conscience que ce n’était ni le moment ni le lieu mais Lili voulait savoir et avait l’impression que si elle ne questionnait pas son ami maintenant, elle n’en aurait plus l’occasion.


Lili : « Zack ? »
Zack (scrutant les alentours) : « Mmh ? »


Elle gardait les yeux rivé sur le sol, suivant les traces de pas qui devenaient presque invisible par moment, ne sachant pas vraiment par où commencer.


Lili : « Je… quand on était sous la montagne et que… tu étais dans la sphère des souvenirs… je… sur le mur… il y avait un homme… un homme que tu ne peux pas avoir rencontré… »


Zack se sentait un peu mal à l’aise mais il savait depuis longtemps que ce moment arriverait tôt ou tard, il le savait depuis que l’épée avait commencé à lui parler.


Zack : « Et tu te demande comment il a pût apparaître dans mes souvenirs ? »


La rouquine s’arrêta, peut être troublé par le ton calme de la réponse de son ami, et elle se retourna face à lui.


Lili : « Je… j’aimerais comprendre… »


Zack présenta sa grande épée noire devant la jeune femme.


Zack : « C’était son souvenir à elle… pas le mien. »


Lili crût d’abord qu’il se moquait d’elle mais son ami poursuivit avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche.


Zack : « Je l’ai acheté à Astrub pour une bouché de pain… soi disant qu’elle était maudite parce qu’elle ne coupait pas… c’était vrai, elle ne coupait rien… jusqu’à l’incident de Sufokia… »


Zack remarqua l’incompréhension de la Sacrieuse à cette dernière remarque.


Zack : « Pour faire simple, ce fut comme sous la montagne… j’ai failli y laisser la vie… et Luna aussi… il s’est passé quelque chose… je ne pourrais pas l’expliquer clairement mais… depuis ce moment là, l’épée… me parle… et tranche n’importe quoi. »


Pour le moment, Lili était d’accord sur une chose, son épée semblait effectivement capable de trancher tout ce qui passait à porter de sa lame.
S’en était même étrange d’ailleurs.
Même la plus aiguisé des lames voit son tranchant décliner à mesure des utilisations mais pas la sienne, elle l‘avait vu couper la pierre comme si de rien n’était, encore et encore, sans qu’elle ne se brise ou ne se fêle.


Lili : « Pourquoi dis tu que l’épée te parle ? »
Zack : « Parce que c’est le cas… enfin pas exactement… je l’entends me parler à travers mes rêves… ou quand je suis inconscient. Je… comment dire… je vois les souvenirs de celui à qui elle appartenait avant… c’est comme ça que j’ai sût pour la cascade… et pour les fleurs de lune. »


Lili sentit sa gorge se serrer quand il fini sa phrase.


Lili : « Il n’y avait que lui qui les appelaient comme ça… parce qu’elles étaient comme des petites lunes la nuit venue… »
Zack : « Lui ? »
Lili : « Joshua… »
Zack : « Il est… »
Lili (se frottant doucement les bras comme si elle avait froid) : « Oui… il est mort… il y a longtemps déjà… »


Zack restait silencieux.
Bien qu’il ignore tout de la relation que pouvait avoir son amie avec cet homme, sa disparition semblait beaucoup l’affecter, et ce sentiment, Zack le connaissait bien.
Le jeune homme s’avança et dépassa la Sacrieuse, reprenant leur route dans les tunnels.
Lili le suivit.


Zack : « Qui était il ? »
Lili : « Joshua ? C’était… (un sourire en coin) un simple fleuriste… »


Zack continuait de marcher sans mot dire, préférant attendre que Lili lui parle d’elle-même de ses souvenirs, ce soir il n’avait pas envie de mettre les pieds dans le plat.


Lili : « Il habitait près de chez moi… et… je me souviens qu’à l’époque, je passais presque toutes mes journées dans sa boutique, ou dans son jardin… »


Lili marqua une pause.
Même si elle s’attendait à ce que ce soit dur de parler de cette époque, elle n’aurait pas imaginé que sa gorge se serrerait à ce point, et déploya beaucoup d’effort pour articuler.


Lili : « Tu… tu les as vu non ? »
Zack : « Quoi donc ? »
Lili : « Mes souvenirs… lorsque j’était prisonnière… »
Zack : « Quelques uns, oui. »
Lili : « Un jour… mes parents… ils… ils m‘ont… vendue… »


Zack s’arrêta brusquement.
Bien qu’il s’en doutait peut être un peu après ce qu’il avait vu sur le mur, la révélation de Lili n’en restait pas moins choquante pour lui.
Il aurait voulu dire quelque chose, n’importe quoi, mais rien ne lui venait à l’esprit.
Qu’aurait il pût dire d’ailleurs ?
« Si tu ne sais pas quoi dire, mieux vaut te taire, ça t’éviteras de dire une bêtise plus grosse que toi. »
Zack décida d’obéir au dicton de son grand père et de rester muet, et ce n’était certainement pas ce qui venait à sa rencontre qui allait le faire changer d’avis.
Lili, qui les avaient également aperçu, imita son ami.

Devant eux, l’un se déplaçant le long des parois rocheuse tandis que l’autre préférait un mode de déplacement plus conventionnel, deux Dragoeufs venaient de sortir des ténèbres et avaient pénétré dans la zone illuminé par la torche de Zack.

Leurs écailles étaient rouge comme le sang et luisaient comme des petits rubis à la lumière des flammes de la torche.
Le haut de leur crâne était surmonté d’un morceau de coquille d’un noir profond qui semblait solidement fixé, comme un casque.
Les griffes de celui qui courait sur le mur s’enfonçait dans la roche aussi facilement que le faisait son épée, laissant un trio de trou à chaque pas qu’il faisait.

Quand ils furent arrivés jusqu’à eux, ni Zack, ni Lili, n’avait bougé le petit doigt.

« Gardez ça sur vous et ça devrait tenir les Dragoeufs à l’écart. Les petits en tout cas. »

Sur le coup, Zack n’avait pas demandé à Ziho ce qu’il entendait par ‘‘petit’’ et ‘‘gros’’.
Ces deux là étaient ils des petits ou des gros ?

Une fois à la hauteur des deux humains, les dragons s’arrêtèrent et celui sur le mur rejoint son compère.
Le premier se planta devant Zack et se redressa de tout son haut, juste devant lui.
Le lézard égalait presque la taille du jeune homme et plongea ses petits yeux jaunes dans ceux du guerrier.
Lili regardait son ami avec inquiétude, tandis que l’autre Dragoeuf lui tournait autour des chevilles comme un chacha impatient d‘avoir son bol de lailait.
Celui qui se tenait devant l’épéiste s’était mit à le renifler, expirant parfois bruyamment.
Zack ne cilla pas, même devant l’odeur insupportable qui s’échappait de la gueule du monstre.
Cela puait à vous donner l’envie de se couper le nez, quelque chose entre de la viande avarié depuis quelques mois qu’on avait fait rôtir et du souffre ou de la chaux.

Quelque chose attira l’attention des Dragoeufs qui se mirent à scruter l’obscurité dans leur dos pendant de longues secondes.
Quand celui qui se tenait debout reporta son attention sur Zack, le lézard fit claquer ses mâchoires à plusieurs reprises en poussant de petit grognement aigu à chaque fois, ce à quoi son compagnon répondit de la même manière.
Puis, aussi vite qu’ils étaient apparu, les deux dragons passèrent leur chemin et disparurent dans les ténèbres qui se dressaient derrière Zack et Lili.

Les deux humains poussèrent un soupir de soulagement lorsqu’ils n’entendirent plus les bruits de pas significatifs des deux monstres.


Zack : « Bon sang, j’ai bien crût que mon cœur allait s’arrêter… »
Lili : « Quelle frousse… heureusement que les talismans de Ziho étaient là. »
Zack (avec un sourire jaune) : « Oui… mais si eux étaient des petits, je veux même pas imaginer la taille d‘un gros… »


Zack attendit un moment avant de se décider à rouvrir la bouche.


Zack : « Lili… tu sais, à propos de tes parents… »
Lili : « Ne t’inquiète pas… Je n’en suis pas sûre mais je crois qu’ils n’ont pas eu le choix… peut être avaient ils des dettes qu’ils ne pouvaient rembourser… Je… je ne les ai jamais haï mais… je ne suis jamais retourner les voir non plus… »
Zack : « Qu’est-ce qui s’est passé ? »
Lili : « Celui chez qui ils m’ont envoyé… ce… c’était un monstre… j’ai vécu l’enfer… et il revient souvent me hanter… dans mes cauchemars. »


La Sacrieuse fit une pause.
Zack devina que ce qui allait suivre n’allait pas être quelque chose de facile à dire pour elle.


Lili : « Et puis un jour, Joshua est venu. Il devait s’inquiéter de ne plus me voir dans sa boutique… il a dût questionner mes parents jusqu’à ce qu’ils lui révèlent où j’était… Je ne pourrais jamais oublier ce jour… »


Des grosses larmes apparurent au coin de ses yeux et malgré tout les efforts qu’elle faisait pour retenir sa tristesse, la voix de la rouquine s’étrangla un peu.


Lili : « Il a ouvert la porte… et m’a prit dans ses bras, avec un grand sourire… il me parlait doucement, me promettant que tout était fini et que je ne craignais plus rien et de fermer les yeux jusqu’à ce qu’il me ramène chez lui… (elle inspira profondément) Je les ai quand même ouvert… sans qu’il ne le remarque… la maison avait été dévasté et de nombreux corps gisaient sans vie… peut être… peut être qu’il ne voulait pas que je vois cette partie de lui mais cela ne m’a pas effrayé… »


Elle ne pût se retenir plus longtemps, laissant sa tristesse rouler allègrement sur ses joues.


Lili : « Il n’a pas réussi à me ramener jusque chez lui… il… il s’est écroulé dans son jardin… à quelques pas du perron. Je pouvais… le sentir respirer… de plus en plus faiblement et… il… il s’est excusé… il s’est excusé de ne pas être venu plus tôt… tu te rend compte Zack ? Comment a t il pût penser à s’excuser pour ça alors qu’il m’a sauvé ? »


Zack inclina doucement la tête.
Il pouvait très bien comprendre ce que ressentait Joshua , et Lili, même si elle ne s’en était jamais rendue compte, était exactement comme lui vis-à-vis d’Eve.
La rouquine était toujours aux côtés de l’adolescente, qu’elle soit en danger ou non, et veillait sur elle comme sur une petite sœur, à l’image de ce Joshua qui avait du la considérer comme sa fille.
Zack s’avança et prit la Sacrieuse en larme dans ses bras.


Lili (pleurant toujours) : « Je… je l’ai enterré… là où il est mort… je… au milieu de ses fleurs… je… »
Zack : « J’imagine à quel point ça à dût être dur… »


C’était vrai, le jeune homme le pouvait, pour la simple et bonne raison que son amie avait traversé le même genre d’enfer que lui, ils avaient perdu l’un des êtres les plus cher à leurs yeux et se sentaient coupable de ces disparitions.
La rouquine ne pouvait plus s’arrêter de pleurer sur l’épaule de son ami.


Zack : « Quand ce sera fini… si tu le souhaite, je chercherais les souvenirs que l’épée à de lui… »
Lili : « M… merci, Zack… merci… »


Lili savait que ça ne changerait pas grand-chose.
Cependant le temps qu’elle avait passé en compagnie de Joshua faisait partie de ses souvenirs les plus heureux.
Elle aurait voulu que ces moments de bonheur durent éternellement et quand elle y repensait, la Sacrieuse aurait également souhaité connaître d’avantage son bienfaiteur.
Lili avait l’impression que si Zack lui permettait d’en apprendre plus sur Joshua, elle pourrait se rapprocher un peu plus de l’homme à qui elle devait tout.


Zack (la regardant dans les yeux) : « Ca va aller ? »
Lili (reniflant) : « Oui… je… désolé pour tout ça… On a pourtant pas de temps à perdre… »


Zack allait répondre mais aucun son ne sortit de sa bouche quand il vit le regard de son ami changer.
Au milieu des larmes, ses yeux s’étaient emplis de surprise et de terreur.
Avant qu’il puisse faire ou dire quoi que ce soit, la Sacrieuse le poussa de toute ses forces, ce qui le fit tomber en arrière.
Tandis qu’il basculait sous une masse sombre, Zack vit une mâchoire se refermer avec un claquement sec dans le vide, là où il se tenait une demi seconde plus tôt.
Sa torche lui échappa des mains et atterrit à moins d’un mètre de lui, éclairant la chose sous laquelle il se trouvait.

Roulant rapidement sur le côté et se relevant encore plus vite, épée en main, le guerrier aperçut l’énorme bête qui se tournait dans sa direction.
Tout comme les deux précédents, son corps massif était couvert d’écailles luisantes, à la différence que celles-ci étaient plus noire encore que la nuit, les deux pattes, aussi corpulente que Zack, sur lesquelles la bête était monté faisait contraste à ses membres antérieurs, deux petits bras qui semblaient atrophiés, dépassant de chaque côté de son large poitrail.
Une épaisse queue couverte de petites excroissances osseuses battait furieusement l’air de droite à gauche, comme une sorte de balancier.
Zack avait l’impression que la tête de la créature était décharné mais il s’aperçut qu’en réalité elle semblait plutôt recouverte d’os, un peu comme un casque qui s’étendait de son museau jusqu’à sa nuque.
D’ailleurs, bien qu‘il avait du mal à croire cela possible, et cela malgré le fait que la bête soit sous ses yeux, la tête de l‘animal était presque aussi énorme que le reste de son corps.
S’il avait fini entre les mâchoires du monstre, il n’y avait pas l’ombre d’un doute que Zack aurait été coupé en deux.

Cette fois, s’en était un, un ‘‘gros’’.
Bien plus large que les deux lézards qu’ils avaient croisé quelques minutes plus tôt mais aussi incroyablement plus grand, dépassant d’un bon mètre le guerrier, quand le dragon se redressa de tout son haut.
Zack ne le savait pas, mais devant lui ne se tenait pas un simple Dragoeuf mais une bête encore bien plus dangereuse et mortelle ; un Dragoss.

D’un mouvement vif, le monstre balaya l’air devant lui avec sa queue, frappant de plein fouet celle qui le priva de son repas.
Lili eut tout juste le temps de se protéger en levant ses bras, mais cela ne l’empêcha pas de ressentir toute la puissance de l’impact.
Le coup l’envoya voler contre une parois et elle avait la désagréable impression de revivre son combat contre le crocodile de pierre.
Zack fut stoppé dans son élan pour rejoindre la Sacrieuse par le dragon qui s’interposa devant lui et lui fit face.
Les petits yeux blanc fendu d’une fine bande noire de la bête se braquèrent sur le guerrier avec une lueur néfaste au fond d’eux.

Que pouvait ressentir le monstre pour l’humain ? De la colère ? De la haine ? Ou peut être simplement de la faim ?
Quoi qu’il en soit, ce sentiment ne pouvait être que négatif pour l’intégrité physique de Zack.

De son côté, le jeune homme se mit en garde, déglutissant avec difficulté.
Il ne s’était jamais sentit autant en danger que maintenant.
C’était un sentiment étrange, très différent de ce qu’il avait déjà ressentit.
Sous la montagne, dans le cimetière, à Sufokia et même pendant son premier combat contre Sarah, il avait été en proie à la tension et l’inquiétude, la peur aussi, et bien que le danger de mourir pendant ces combats était réel, cela ne s’était pas imposé à son esprit avec autant de netteté qu’en cet instant.
Rien jusqu’alors ne lui avait donné l’impression que le moindre battement de cil allait lui coûter la vie.
Zack avait la sensation que la mort lui tapotait doucement sur l’épaule en ricanant.
Et cela se renforça de manière significative lorsqu’un deuxième dragon sortit des ombres, aux côtés du premier.

L’épéiste se sentait comme un petit poulet devant deux énormes loups affamés et c’est à ce moment que la remarque de Ziho sur son sourire de grand dadais lui revint en mémoire.

La dragon qui avait frappé Lili ouvrit lentement sa gueule.
Des dents, plein de dents, toujours plus de dents, de droite à gauche, en haut comme en bas, tranchantes, pointues, grandes, très grandes, trop grandes même, comme des poignards, c’était moins un dentier qu’un étal à couteaux.

C’était bien la première fois que le guerrier avait sous les yeux une chose pareille, non pas qu’il n’ai jamais vu la gueule hérissé de crocs d’un monstre mais pas d’un spécimen qui pourrait lui arracher la moitié du corps d’un unique coup de mâchoire.
C’est d’ailleurs ce qui lui fit commettre la pire erreur que l’on puisse faire lors d’un combat.
Son attention se focalisa, l’espace d’un instant, uniquement sur la dentition de la bête et non plus sur ses deux adversaires.

Le second dragon saisi l’opportunité au vol et chargea l’humain.
S’il n’avait pas eu d’excellents réflexes, Zack ne serait déjà plus de ce monde.
Un bond sur le côté lui permit d’esquiver la charge de l’animal et, tandis qu’il levait son épée pour le frapper à la tête, le jeune homme se demandait comment quelque chose d’aussi massif que ce lézard pouvait se mouvoir avec autant de vitesse.

Encore qu’avec ce qu’il avait vécu sous la montagne, plus rien ne devrait l’étonner.

Zack frappa de toute ses forces sur le crâne du dragon mais à sa grande surprise, son épée ne passa pas au travers de l‘os.
Pas même une entaille n’était visible, comme s’il avait manqué sa cible.
Cependant, le coup fut assez puissant pour que la bête trébuche et se vautre à terre.


Zack (à mi voix) : « Moi qui croyait qu’elle pouvait trancher n’importe quoi… »
« Les dragons sont l’une des exceptions. »


Zack s’immobilisa malgré la situation dans laquelle il se trouvait.
Cette voix, il la connaissait bien même s’il ne l’avait entendu qu’en songe.
C’était son épée qui lui parlait, et il l’entendait directement dans sa tête.


« Derrière toi. »


Instinctivement, le guerrier fit volte face, brandissant son arme pour se protéger.
Ce geste permit aux mâchoires du premier dragon de ne se refermer que sur le métal de son épée et non pas sur son épaule, ou plutôt sur ses deux épaules vu la largeur de la gueule de l‘animal.
Les longs et épais crocs de la bête n’abîmèrent pas son épée mais ne se cassèrent pas non plus dessus.
Le dragon ne desserra pas les dents et secoua sa tête de gauche à droite pour faire perdre l’équilibre à Zack qui réussit à ne pas lâcher la poignée de son arme.
La dentition du monstre glissait sur la lame, provoquant des gerbes d’étincelles, comme si elle avait été faite du même métal que son l’épée.


« Vise le ventre. »
Zack (luttant de toutes ses forces) : « Gnnn… Facile à dire… »


A cet instant, il n’aurait put dire s’il avait répondu à voix haute ou non, ni d’ailleurs pourquoi il avait répondu aussi naturellement.
Tout d’un coup, la bête n’essaya plus de le désarmer et grogna furieusement avant de plonger ses petits yeux blanc dans ceux de Zack.
La lueur d’intelligence qu’il y aperçut lui glaça le sang.
C’était peut être ça qui était différent.
Ce n’était pas un géant de pierre animé par magie, ni un monstre de fumée crée par un petit génie, ni un homme de main de celui qu’il déteste le plus au monde, et encore moins une personne qui deviendra son ami plus tard, ce n’était même pas un humain.
C’était ça le truc, il faisait face ce soir à sa toute première vraie confrontation avec la faune du monde des Douze.
Un vrai monstre, adulte, ayant de toute évidence de l’expérience dans un combat contre un humain, mais c’était également et surtout une bête forte de toute la sauvagerie, de la brutalité et de la puissance que l’on associe à sa race.

Il était de la race des Dragons, des monstres dont son grand-père lui avaient conté maintes histoires et légendes, des créatures magiques invincibles et terriblement intelligente.

Et l’animal en face de lui avait clairement hérité de ce dernier trait de caractère.
Son arme ainsi immobilisé, le guerrier n’avait plus vraiment de marge manœuvre pour attaquer, contrairement à son adversaire qui fit ce mouvement de hanche bien particulier.
La queue du Dragoss passa à quelques centimètres au dessus de la tête de Zack, manquant de le décapiter purement et simplement.

Pendant ce temps, celui qui s’était écroulé à terre était en train de se relever non sans quelques difficultés.
Bien que rapide et agile au combat, ils devenaient incroyablement pataud une fois au sol, a cause de leurs membres antérieurs atrophiés et le poids considérable que pesait leur tête, le seul moyen qu’ils aient trouvé pour se relever était d’utiliser la puissance de leurs pattes arrières pour pousser leur corps jusqu’à une parois ou un obstacle, de préférence incliné, jusqu’à pouvoir se redresser et se remettre d’aplomb.

Le mangeur d’épée lança sa queue deux nouvelles fois à l’assaut de Zack et les deux attaques s’avérèrent infructueuses.
Apparemment, la précision et la rapidité de ses coups étaient considérablement réduits par son incapacité à pouvoir faire un déhanché complet, et ironiquement c’était ce qu’il avait entre les dents qui l’en empêchait.
La queue du monstre lui rasa encore une fois la tête, lui donnant l’impression d’y avoir laissé une mèche ou deux, son adversaire ajustait son tir à chaque assaut.


« Dépêche toi, l’autre arrive. »


La voix qui hantait ses rêves résonna dans sa tête et Zack jeta un coup d’œil dans la direction de l’autre dragon, entre deux esquives.
Celui-ci était de nouveau sur patte et lui faisait face, prostré en avant.


Zack (en pensée) : « Il va charger… »
« Tu es coincé. »


Elle avait raison.
Cette fois, pas question d’esquiver avec un bond sans être obligé de lâcher son épée, et sans arme, il était sûr de finir en casse-croûte.
Le deuxième dragon chargea.
Aucune issue possible ne s’offrait à lui.
Soit il continuait d’esquiver les coups de queue et se prenait un coup de crâne qui lui disloquerait l’abdomen, soit il évitait l’animal qui fonçait sur lui et s’exposait aux assauts de son comparse, qui à n’en pas douter, lui détacherait la tête des épaules.

Alors que le dragon fonceur se rapprochait dangereusement, des petits filins rouges s’enroulèrent autour de sa taille, ses bras et ses jambes.
Il ne s’écoula qu’une fraction de seconde avant que Zack ne soit tracté violemment en arrière.
Surpris, ses mains lâchèrent la poignée de son épée.
La rouquine réceptionna le jeune homme dans ses bras mais le choc fut plus rude qu‘elle ne l‘avait prévu et tout les deux furent projetés en arrière, atterrissant les quatre fers en l‘air.
Le sanctuaire (suite)




Lili (se redressant à moitié) : « Pas trop de bobo ? »
Zack (levant les yeux vers son amie) : « Non, ça va aller… (avec un demi sourire) si tu n’était pas intervenue j’aurais subit un sort beaucoup moins enviable. »
Lili : « On tombe souvent dans les bras l’un de l’autre depuis peu, non ? »
Zack : « J’espère que ça ne deviendra pas une habitude, Eve nous ferais une crise. »


Lili rit de bon cœur et attrapa la main que Zack lui tendait pour se relever.
Ils avaient un combat à terminer.

Pour les dragons, la situation était moins joviale.
Celui qui avait la mauvaise manie de filer des coups de tête en offrit un au mangeur d’épée qui le reçut de plein fouet.
Les deux lézards s’étaient retrouvé presque dans la même posture que les deux humains et s’évertuaient désormais à se remettre sur pattes.


Lili : « Comment vois tu la suite des évènements ? »
Zack : « Sans mon épée, pas très bonne. »
Lili : « Et si tu la récupérais ? »
Zack : « La tête résiste trop pour que je puisse couper à travers mais le ventre reste une bonne alternative. »
Lili : « Pour atteindre le ventre il faut d’abord passer devant leurs mâchoires… »


Les deux dragons noirs se faisaient maintenant face, ayant visiblement oublié la présence de leur gibier.
L’un comme l’autre faisaient claquer leurs mâchoires en se grognant dessus à tour de rôle.
Pas besoin de savoir parler Dragoeuf pour deviner que chacun se rejetait la faute.


Lili : « Tu as un plan ? »
Zack : « A peu près le même que d’habitude. »
Lili (avec un grand sourire) : « On improvise ? »
Zack : « On improvise. »


La Sacrieuse mit son index et son pouce entre ses lèvres et siffla de toute ses forces pour attirer l’attention des monstres.
Le son aigu se répercuta en écho sur les parois des souterrains, l’amplifiant assez pour que les dragons se souviennent de ce pour quoi ils avaient engagés le combat… et accessoirement aussi pour que tout les lézards du sanctuaire soient avertit de leur présence.


Zack : « Tu m’apprendras ? »
Lili : « Si tout les Dragoeufs ne nous prennent pas en chasse et qu’on s’en sort vivant ce sera avec plaisir. »
Zack : « On s’occupe de ces deux là en vitesse et on file retrouver Eve. »
Lili (se mettant en garde) : « On y va alors ? »
Zack : « Laissons les ouvrir le bal. »


Les deux monstres se situaient à environ une bonne dizaine de mètre, et, juste devant eux, la grande épée noire de Zack était planté dans le sol.
Impossible pour lui de récupérer son arme sans devoir affronter les deux lézards, ce qui était inenvisageable.

Les ennemis, qu’il soit humain ou animal, s’observaient sans faire le moindre geste, attendant que ceux d’en face prennent l’initiative.
Subitement, l’un des Dragoss, celui en face de la Sacrieuse, prit une profonde inspiration et leva sa tête, la penchant tellement en arrière qu’il donnait l’impression qu’il allait tomber à la renverse.


Lili : « Tiens toi prêt, Zack… »


Le ventre de la bête s’était distendue à l’image d’un crapaud qui croasse, et cela remontait jusqu’à sa gorge.
Quand il cracha, ce ne fut pas une boule de feu mais littéralement un geyser de flamme qui fonçait droit sur Lili.
Celle-ci ne sembla pas inquiète le moins du monde et bien avant que l’attaque ne l’atteigne, la Sacrieuse s’était mit à briller intensément.
Echangeant sa place avec le deuxième Dragoss, ce dernier se retrouva plongé dans le torrent brûlant tandis que l’humaine atterrissait aux côtés du cracheur de feu.
La rouquine leva les yeux vers sa prochaine cible tout en tendant le bras vers l’épée noire, et son corps dégagea de nouveau une lumière vive.
Quand tout revint à la normale, Zack refermait sa main sur la poignée de son arme, prêt à en découdre.


Ce jeu de téléportation produisait toujours son petit effet pour ceux qui ne s’y attendait pas, déroutant souvent même les plus expérimentés, et Lili excellait dans cet art, mais à peine était elle revenue à sa place qu’une gueule hérissé de crocs jaillit des flammes à sa rencontre.
Un rapide pas de côté permis in extremis à la Sacrieuse de sauver son bras droit.
Bondissant comme un diable de sa boîte, celui qu’elle avait envoyé sur la trajectoire de la colonne de feu fondit sur elle, bien décidé à croquer un petit bout d’humain.
Sa mâchoire se referma une nouvelle fois dans le vide.


Lili (reculant de deux pas) : « Allez mon gros, on va danser un peu tout les deux. »


La vivacité du Dragoss était proportionnelle à sa taille ; énorme, et la rouquine devait faire preuve de souplesse et d’agilité pour ne pas finir en casse-croûte.
Lili échappait toujours d’un cheveux au dragon et l’on pouvait entendre le claquement sec de ses mâchoires résonner dans tout le tunnel, sans jamais riposter.
Ce qu’elle voulait c’était attendre le bon moment pour attaquer, de manière à pouvoir placer plusieurs coups sans que son adversaire ne puisse riposter et l’abattre sur un seul assaut.
Subitement, elle se retrouva acculé contre une stalagmite et il ne fallut pas plus d’une demi seconde au monstre pour tirer profit de la situation et lancer sa gueule béante sur l’humaine.
Une roulade sur le côté suffit cependant à Lili pour sauver sa peau.

Le Dragoss se retrouva coincé, la pointe de la formation calcaire se coinça contre son palais, derrière sa dentition, l’empêchant de refermer ses mâchoires.
Aussitôt, il se mit à ronger la colonne pour se libérer, ses dents pénétrèrent très facilement la matière, donnant l’impression qu’il était en train de croquer un simple morceaux de sucre.
Lili ne profita pas de l’occasion pour attaquer son adversaire et il y avait une raison toute simple à cela ; depuis le début il ne l’avait pas quitté du regard.
Tandis qu’il réduisait la stalagmite en morceaux, ses petits yeux blanc observaient le moindre de ses mouvements et la Sacrieuse se doutait que si elle faisait mine de s’approcher, il n’hésiterait pas à lui envoyer un coup de queue pour la tenir à distance.

Si sa vie n’était pas menacé par la créature, elle aurait presque été admirative de l’intelligence dont cet animal faisait preuve.

La rouquine se mit en garde, attendant patiemment qu’il se libère, ce petit interlude dans son combat lui avait permit d‘échafauder un plan, pas très élaboré et surtout très dangereux, mais c‘était mieux que rien.



***



Zack (pour lui-même) : « Bien joué, Lili. »


Il ne fournit presque aucun effort pour la retirer du sol et profita que le dragon à proximité soit toujours occupé à cracher du feu pour l’attaquer.
Un coup du bas vers le haut, en plein dans la mâchoire inférieure, suffit pour l’interrompre et le faire chanceler mais pas assez pour le faire tomber.
Le Dragoss reprit son équilibre avant que le guerrier ne puisse lui porter un autre coup et envoya sa queue pour le balayer.
Zack para en interposant son épée entre lui et l’énorme fouet d’écaille qui lui fonçait dessus et contre attaqua aussitôt, frappant de toute ses forces le flanc du monstre.
La peau d’ébène semblait presque aussi résistante que le crâne de l’animal et le tranchant de l’arme entailla à peine ses chaires, ne le blessant que superficiellement.
Le dragon poussa un grognement aigu de surprise et de douleur.


« Vise le ventre. »
Zack : « Je sais ! »


L’humain bloqua difficilement deux nouvelles attaques et évita de justesse un coup de dent qui lui aurait été fatal.
Il n’arrivait pas à faire tourner la situation à son avantage.
Comme le lui avait fait remarquer sa partenaire, pour atteindre son ventre il fallait passer d’abord par ses mâchoires mais en plus d’être d’une taille effroyable, elles étaient d’une vivacité surprenante, sans parler de sa queue qui ne semblait pas décidé à le laisser s’approcher de trop près.
Cela dit, peut être que s’il esquivait le prochain coup de fouet et qu’il fonçait aussitôt sur le monstre, il aurait juste assez de temps pour porter une attaque avant que l’autre ne riposte.
Luna lui aurait sûrement mit une pichenette derrière la tête pour avoir des idées aussi stupide et suicidaire mais pour Zack elle paraissait bonne même si cela ne lui offrait qu‘une minuscule ouverture.
Tout allait se jouer dans un mouchoir de poche.

Il n’eut pas à attendre longtemps pour pouvoir mettre son plan à exécution.
Zack s’accroupit pour laisser passer la queue du Dragoss au dessus de sa tête et sprinta comme une Dragodinde au galop.
Finalement Zack aurait mérité sa pichenette.
Son adversaire ne se contenta pas de donner un simple coup de queue mais continua de pivoter sur lui-même, effectuant une rotation complète, et c’était maintenant une gueule grande ouverte, armée de centaine de couteau en guise de dentition, qui allait intercepter l’humain en pleine course.
Zack aperçut la bouche béante fondre sur lui et pensa que cette fois il n’y réchapperais pas.
Et cela aurait été le cas si son instinct de survie ne s’était pas réveillé.

Son corps se mit à bouger avant même que son esprit le lui ordonne.
Ses jambes le stoppèrent dans sa course, en plein sur la trajectoire des mâchoires du Dragoss, puis il sentit ses mains raffermirent leur prise sur la poignée de son épée et ses bras lever son arme au niveau de ses épaules, la tenant horizontalement, la pointe vers la bouche du monstre.
Alors que le dragon était presque sur lui, Zack lui plongea son épée dans le gosier.
Ne pouvant arrêter son élan, l’animal s’embrocha de lui-même sur l’arme, sa vie disparaissant à mesure que la lame s’enfonçait dans ses entrailles.
Zack perdit l’équilibre tandis que le monstre s’écroulait à moitié sur lui, les énormes mâchoires ne se refermant qu’à quelques centimètres de ses mains.


« Tu peux remercier ta bonne étoile. »
Zack : « C’est sûr que c’est pas vraiment grâce à toi que je m’en suis sortit… »


Il avait survécu, non sans mal, mais il était vivant.
Le jeune homme haletait, le souffle court et son cœur battait à tout rompre, se répercutant en écho son corps, de ses jambes coincés sous la carcasse du lézard jusque dans ses doigts qui tenait toujours la poignée de métal froid de son arme.
Zack trouvait qu’il frôlait la mort d’un peu trop près depuis un moment, depuis le début de son voyage en fait.
Mais il n’avait pas le temps de s’extasier d’être en vie, il devait d’abord se dégager et aider son amie.



***



Quand les mâchoires du second lézard furent enfin débloqués du cône de calcaire, ce dernier les fit claquer plusieurs fois avant de faire de nouveau face à son dîner.


Lili : « Viens mon gros, j’ai une petite surprise pour toi… »


Exauçant son vœu le Dragoss chargea droit sur elle, la gueule béante, c’était maintenant que tout allait se jouer.
Lili n’esquiva pas sur le côté mais bondit en arrière, et plongea son bras droit entre les mâchoires du monstre.


Lili : « Essaye d’avaler ça ! »


Les quelques gouttes de sang qui perlaient de ses égratignures, qu’elle s’était faite en tombant avec Zack, se mirent soudain à couler à flot mais le liquide rouge ne s’écoula pas de manière ordinaire.
Il se mit à flotter dans l’air et mit moins de temps qu’un battement de cœur pour prendre la forme d’une épée et se solidifier.
Le dragon referma sa gueule sur le bras de la Sacrieuse mais ses monstrueuses dents n’atteignirent jamais la chair de la rouquine.
A l’image de la stalagmite, elle avait réussi à coincer son épée de sang derrière les crocs l’animal, l’empêchant de refermer sa bouche entièrement.
Son plan avait marché.
Elle retira rapidement son bras droit, ramena son poing gauche près de son corps, s’accroupit et poussa de toute ses forces sur ses jambes pour augmenter la puissance de son prochain coup.
Lili décocha un uppercut sous le menton du Dragoss, lui refermant la gueule dans un bruit sourd et deux horribles craquements bien distinct retentirent.
L’un provenait de la partie inférieure de la mâchoire du dragon qui se fissura sous l’impact du coup de poing, alors que l’autre venait du dessus de son museau qui s’était fracturé en laissant ressortir une partie de la lame de l’épée de sang.
Il poussa un couinement étranglé et aigu, tandis que la violence de l‘attaque envoyait sa tête vers le haut, laissant son point faible à découvert.


Lili : « Gare à l’indigestion ! »


La Sacrieuse s’arqua sur ses jambes, et comme précédemment, elle poussa sur ses pieds et sa droite partit en plein dans l’estomac du monstre.
En comparaison avec son crâne incroyablement dur, le ventre du Dragoss était extrêmement mou et son poing s’enfonça tellement loin qu’elle crût qu’elle allait passer au travers.
Lili pouvait entendre des petits craquements étouffés ainsi que des bruits semblable à ce que ferait un Tofu qu’on écrasait avec une pelle s’échapper de l’abdomen de l’animal.
Quel que soit les organes touchés par son attaque, elle était certaine que ceux-ci n’y avait pas résisté.
Un dernier sursaut parcouru le corps du dragon puis il s’écroula lourdement sur le sol rocailleux du tunnel, et rendit son dernier soupir.

Les sous-sols du sanctuaire retrouvèrent leur calme apparent mais la Sacrieuse se doutait que ça ne durerait qu’un temps.
A plusieurs mètres d’elle, la rouquine aperçue son ami qui essayait de dégager se dégager du cadavre de l’autre Dragoss et accourue pour l’aider.


Lili : « Rien de cassé ? »
Zack : « Non, je crois pas. »


Lili passa ses mains sous le museau d’os et trouva une prise.


Lili : « Prêt ? Je soulève à trois. Un… deux… trois ! »


Tirant de toutes ses forces, elle ne réussit cependant qu’à déplacer le crâne du monstre que de quelques centimètres seulement, mais suffisamment pour que Zack puisse retirer ses jambes.


Zack : « Merci. »
Lili : « C’est moi qui doit te remercier d’être venu… »
Zack : « J’allais pas te laisser te jeter dans la gueule du loup toute seule, c’est plus amusant quand on est deux. »
Lili (avec un demi sourire) : « C’est plutôt dans la gueule du dragon que tu as failli finir. »
Zack : « Oui, j’ai eu de la chance cette fois. »
Lili : « Faut croire que t’es né sous une bonne étoile. »
Zack : « C’est marrant, t’es pas la première à me le dire… Bon allez, ne traînons pas plus dans les parages. »


Zack s’accroupit et saisi fermement la poignée de son arme et la retira de la gueule du Dragoss mort.
Le frottement du métal contre les crocs de la bête créa des gerbes d’étincelles, comme la première fois, mais la lame de son épée restait intact, comme toujours.
Lili partit ramasser la torche, toujours allumé, mais ce n’était qu’une question de minute avant qu’elle ne s’éteigne, le feu avait consumé une bonne partie du bois.


Lili : « On sera bientôt dans le noir… »
Zack : « T’inquiète pas, nous les retrouverons avant. »


Le temps pressait, se retrouver dans le noir sous terre, sans aucune source de lumière, risquait de compromettre grandement leurs recherches.
Zack prit la torche et la tête du groupe et continuèrent leur marche vers le Nord, au trot cette fois.
Le sol devenait de plus en plus poussiéreux ce qui découpait un peu plus nettement les traces de pas.
Elles continuaient toujours dans la même direction, parfois effacé par les empruntes des dragons qu’ils avaient croisés, mais bien distincte.


Zack (en pensée) : « Tu es toujours là ? »
« Tu me tiens dans ta main, non ? »


Le jeune homme continuait de fixer le sol sans s’arrêter d’avancer.


Zack : « Qu’est-ce qui se passe exactement ? »
« Que veux tu dire ? »
Zack : « Pourquoi est-ce que je t’entends dans ma tête ? »
« Parce que ce serait difficile de m’entendre dans celle des autres. »


Zack inspira profondément, c’était bien la première fois qu’il trouvait une épée irritante.
Sur le sol, les traces des dragons et du kidnappeur, si tant est que ce soit lui, s’entremêlait.
Arrivant sur leur droite, celles des gros Dragoss, tandis que celle des Dragoeufs remontaient sur plusieurs mètres avant de bifurquer à gauche.
Les plus gros avaient dût pister les plus petits.
Les pas continuaient toujours vers le Nord.


Zack : « Jusqu’à maintenant tu as toujours été muet, sauf dans mes rêves, alors pourquoi je peux entendre ta voix pendant que je suis éveillé ? »
« Les choses ont changés. »


Le duo continua à marcher d’un pas vif sur plusieurs dizaines de mètres encore après le croisement des empruntes, enjambant deux gouffres via des ponts identiques au premier près de l‘entrée.
L’un comme l’autre n’avait pas décoché un seul mot et Zack pouvait entendre leurs pas résonner dans le tunnel.


Zack : « Quelles choses ? »
« Tu as été plus près de la mort que tu ne l’imagine. »
Zack : « Et c’est suffisant ? »
« Peut être pas. »
Zack : « Comment ça peut être pas ? Il y a quoi d’autre ? »
Lili : « Zack… »


Devant eux, à la limite du halo de lumière, les traces de pas s’arrêtait brusquement devant une parois.


Zack : « Ce doit être comme pour la montagne. »


Le jeune homme tendit la torche à son amie et s’approcha du mur naturel.
Il posa ses mains mais elles ne passèrent pas à travers la surface de roche, ce n’était pas une illusion.
Zack pouvait sentir le regard de la rouquine dans son dos, un regard qui le suppliait de ne pas lui dire qu’ils avaient fait fausse route, qu’ils s’étaient trompé.
Non, il ne lui dirait pas, tout simplement parce que lui aussi ne supporterait pas cette réalité.
Il commença à tâtonner la parois, il n’était pas encore temps d’abandonner.


Zack : « Il doit y avoir un mécanisme, j’ai déjà vu ça, il suffit juste de le trouver. »


La sensation sous les doigts de sa main gauche était différente de celle de sa droite.
Il avait l’impression que son sens du toucher était devenu plus sensible.


« Le poison qui coule dans tes veines pourrait aussi être l’une de ces choses. »


Zack s’immobilisa tandis que sa main tatoué de petites flammèches passait devant ses yeux.
La toxine serait donc toujours en lui ? Si c’était effectivement le cas, était il immunisé ou seulement en sursis ?


Lili : « Zack ? Il… il y a un problème ? »


Il serra les dents à s’en déboîter la mâchoire.
Le jeune homme ne pouvait pas s’offrir le loisir de se morfondre, il ne devait pas se laisser aller, pas devant elle, pas maintenant.
Il avait peur, plus que peur même, il était terrorisé, et ce qui le terrorisait tellement c’était de ne rien savoir.
Et ce n’était pas tant de ne pas savoir s’il allait mourir dans quelques minutes ou dans quelques jours mais de ne pas savoir s’il allait un jour se transformer, à l’image de son grand-père, et s’il se retournerait contre ceux qu’ils aiment.
Zack ne laisserait jamais cela arriver, il préférait encore en finir lui-même.


Zack : « Non. Je crois que j’ai trouvé. »


Le mal qui parcourait ses veines l’avait changé.
L’épée en était sûre, il en était sûr, et surtout les doigts de sa main gauche qui avait fait la différence entre la roche du mur et celle de l’interrupteur en étaient sûr.
Il poussa le petit hexagone de pierre jusqu’à ce qu’un clic presque inaudible retentisse.
Un pan de la parois, large comme trois hommes, s’abaissa silencieusement, laissant apparaître un long couloir qui se noyait dans les ténèbres.


Lili : « Comment tu as fait ? »
Zack : « Un coup de chance. »


Il se demandait si elle allait gober un mensonge aussi gros, aussi le jeune homme enchaîna avant qu’elle ne puisse ouvrir la bouche.


Zack : « Passe moi la torche, je vais indiquer le chemin aux autres. »


La rouquine la lui tendit et Zack frotta l’embout enflammé du bout de bois contre la roche, entourant de suie l’endroit où se trouvait l’interrupteur.


Zack : « On va devoir la laisser ici sinon on risque de se faire repérer avant même de l’avoir retrouvé. »
Lili : « O… Ok… »
Zack : « Quand nos yeux se seront habitués, nous nous mettrons en route. »


Le feu de la torche mourut écrasé sur le sol, plongeant le tunnel dans le noir total.
Il ne s’écoula pas une seconde avant que Zack ne sente son amie se coller contre lui.


Zack : « Lili ? »
Lili : « Dé… désolé, je… je suis pas très à l’aise quand il fait complètement noir… »


Zack supposa que les heures sombre du passé de la Sacrieuse devaient ressurgir dans des ténèbres comme celles-ci mais peut être était elle simplement mal à l’aise.
Cependant la main qu’elle avait posé sur son bras tremblait, elle aussi mentait très mal.
Le jeune homme prit la main de la rouquine dans la sienne ce qui sembla la calmer un peu.


Zack : « Je suis là. On va avancer et je ne te lâcherais pas d’accord ? »
Lili : « Merci… »


Il s’avança d’un pas sûr, s’enfonçant dans des ténèbres encore plus profondes, la Sacrieuse agrippée fermement à sa main.
Zack concentrait toute ses forces pour conserver son calme, de façon à rassurer Lili et lui cacher son état, mais le jeune homme allait de surprise en surprise, des surprises qui le terrifiaient.
Le sens du toucher de sa main gauche s’était considérablement accru, à tel point qu’il avait réussi à sentir l’infime différence entre l’interrupteur et le mur, et maintenant qu’il était dans le noir le plus, c’était au tour de sa vue de faire des siennes.

Dans l’obscurité le plus totale, il pouvait distinguer absolument tout ce qui l’entourait.

Les parois irrégulières du tunnel, le sol caillouteux, le plafond couvert de stalactites, chaque relief de ce qui s’étendait devant lui brillait comme un rayon de soleil qui se reflèterait sur la surface d’un miroir.

Son cœur battait la chamade et la seule chose qu’il l’empêchait de claquer des dents était sa volonté à ne pas desserrer ses mâchoires.
Il était toujours là, tapis au fond de lui comme une bête patiente, le poison qui avait manqué de le tuer, il était toujours dans ses veines.


Lili : « Merci, Zack… »


La voix de la Sacrieuse était semblable à un souffle.


Lili : « Depuis que je t’ai rencontré, tu n’as pas arrêter de m’aider… tu as toujours fait preuve de gentillesse… même quand je n’en voulait pas… et… à aucun moment tu n’as abandonné… tu te battais sans relâche, sans jamais être découragé, même quand ça paraissait impossible… même maintenant… alors… juste… merci… »


Zack se sentit bizarre.
Un sentiment étrange, qui se différenciait très nettement de la peur qui n’avait cessé de grandir en lui depuis plusieurs minutes.
Rassuré, non, plutôt apaisé, il ne savait pas vraiment pourquoi, mais il ne pouvait pas laisser ses craintes continuer de le tourmenter.
Il devait sauver Eve, et Lili comptait sur lui, elle avait confiance en lui, il ne pouvait pas flancher maintenant, il y avait plus important que lui dans l’immédiat.


Zack : « Personne... »
Lili : « Quoi ? »
Zack : « Tant que je vivrais… je ne laisserais personne faire du mal à mes amis… »
Lili (soupirant avec un petit sourire) : « Je sais… »
Zack : « Je sais pas pourquoi tout le monde lui cours après mais… je te promet que je ne laisserait personne faire du mal à Eve, Lili. »


Lili serra un peu plus la main de son ami et celui-ci marcha d’un pas encore plus décidé.
La peur de Zack disparue de son cœur, le jeune homme savait ce qu’il avait à faire désormais, il s’embarrasserait des détails plus tard.
Pour le moment, sa seule motivation était de sauver Eve, une amie qui était en danger, et plus rien d'autre ne devait occuper son esprit que cet unique objectif.

« Un homme ne se demande pas s’il peux le faire, si c‘est la seule chose à faire alors il le fait. »


Zack (intérieurement) : « Je vais le faire grand-père, je vais la sauver parce que c’est la seule chose à faire. »



***



A des kilomètres de là, dans une grande maison vide d’Astrub, une petite fille batifolait dans son bain mousseux avec un chacha que l’eau ne semblait pas déranger.
La boule de poil sautait et plongeait en effectuant des acrobaties qui faisait la joie de l'enfant.
Après une dernière cabriole qui lui valut des applaudissements, l'animal sauta sur le rebord de la baignoire et s’ébroua.


Rosy : « Ca va commencer… »
Salie (en souriant) : « Oui. »
Rosy : « Tu pense vraiment qu’il va y arriver ? »


La fillette fit un rond avec son pouce et son index et souffla à l’intérieur, créant une bulle de savon qui grossissait au fur et à mesure.
Quand elle atteignit la taille d’un Bouftou, Salie resserra ses petits doigts et l’énorme bulle se mit à flotter au dessus de l’eau, sans bouger.


Salie : « Regarde par toi-même. »


A l’intérieur de la bulle, des formes apparurent, imprécises et floues, puis elles devinrent de plus en plus nettes, jusqu’à prendre l’apparence de celui qui portait les espoirs de la petite fille.
Celle-ci se redressa dans son bain et s’assit en tailleur, les coudes sur ses genoux et sa tête dans ses mains, comme si elle allait assister à un théâtre de marionnette.


Rosy : « Il a l’air confiant. »
Salie : « Hihi, oui… (s’adressant à la bulle) Allez mon petit Zack, il est temps que tu surmonte une épreuve de plus. »


Ses yeux reflétaient une avidité insondable, un peu à l’image que pourrait avoir un enfant pour un jouet.
Elle le voulait pour elle, elle voulait Zack plus que tout au monde, à chaque épreuve qu’elle lui faisait passer et qu’il réussissait, ce désir grandissait.
Zack était l’objet de toutes ses obsessions, elle le sentait au fond d’elle-même, toujours plus fort, il était celui qu’elle attendait depuis si longtemps et qui réussirait là où l‘autre avait échoué.
Un immense sourire se dessina sur le visage de la fillette.
Oui, Zack réussira à nouveau, elle en était sûre, encore et encore, à chaque fois qu’elle le testerait, il en sortira vainqueur, et deviendra toujours plus puissant, jusqu’au moment où il lui appartiendra, entièrement.


Salie : « Regarde bien, Rosy, regarde le bien. »
L’autel des dragons




??? : « Ce jour est enfin arrivé. »


L’homme, encapuchonné dans une toge qui cachait son visage et tombait jusqu'à ses pieds,se tenait immobile dans l’encadrement du couloir qui menait à la grande salle.
Il fixait, depuis plusieurs minutes déjà, l’autel qui se tenait au fond de celle-ci, comme s’il voulait s’assurer que ce n’était pas encore l’un de ces rêves qu’il faisait chaque nuit.


??? : « Certes, et c’est en grande partie grâce à vous. »


L’organisateur s’arrêta à la hauteur de son associé, contemplant également la scène où allait bientôt se dérouler l’évènement de leur vie.


??? : « Vous êtes certains de l’obtenir ? »
??? : « Quinze ans… quinze ans est un temps considérable, même pour un investissement de cette importance. Vous m’avez accordé votre confiance durant la moitié de cette période, je vous demanderais donc de ne pas douter de moi quelques minutes avant la réalisation de ce pour quoi, vous et moi, avons patienté toutes ces années. »


Cela avait commencé par un vieux bout de parchemin incomplet sur lequel, noyé au milieu d’un dialecte inconnu, les mots ‘‘pouvoir divin’’ était tracé en langue commune.
Huit ans furent nécessaire pour retrouver les morceaux manquant et traduire le texte mais cela n’avait pas été vain, car comme l’indiquait le parchemin, un pouvoir divin était maintenant à sa portée.
Seulement, ce qui était écrit était intemporel, pas de repère défini, il y était seulement expliqué comment réussir et ce qui était nécessaire pour réussir.
Deux éléments s’avéraient indispensable mais si le premier avait une ‘‘date de péremption’’, le second pouvait ne pas apparaître durant des générations, rendant le procédé presque impossible à réaliser.
Cependant la chance lui avait sourit lorsqu’il mit rapidement la main sur le premier et cette même chance voulue que cela lui laisse encore du temps avant qu’il n’expire pour trouver le second.
Il ne lésina pas sur les efforts ni les moyens pour récupérer le dernier élément et ce fut encore grâce à un inattendu coup du sort que celui-ci lui tomba presque entre les mains, il y a quelques semaines de cela.
A croire que même les dieux souhaitaient qu’il obtienne ce qui était mentionné dans le parchemin, et ce soir, dans quelques minutes seulement, après quinze longues années de labeur, cela allait enfin être à lui.


??? (sèchement) : « Tout cela m’importe guère Amal, pour peu que vous teniez votre promesse. »
Amal (souriant) : « Nous somme semblable vous et moi, nous ne perdons pas de vue nos objectifs. Vous avez investit dans mon projet, plus que quiconque, aussi tiendrais-je mes engagements à votre égard, tels qu’ils sont stipulés dans notre contrat. »


L'associé ne répondit rien et garda son regard braqué sur l’autel.


Amal : « Il est temps de commencer. Joignez vous donc à moi, mon cher ami. »


Le petit vieillard vêtu d’une toge blanche s’avança vers quatre individus habillé à l’identique se tenant à juste devant l’entrée du couloir.
Après avoir échangé quelques mots avec le maître de cérémonie, ceux-ci allumèrent un encens situé à l’intérieur d’une boule de métal finement gravé et décoré de symbole, accroché à une petite chaîne.
La cérémonie débutait.

L’invité du diamantaire tira un petit médaillon de sous sa toge et l’ouvrit.
A l’intérieur se trouvait le portrait d’une très belle jeune femme dont les longs cheveux, aussi bleu qu’un ciel d’été, encadraient son visage souriant.
L’homme caressa le bijou et le porta contre son cœur.


??? : « Bientôt… nous serons bientôt réunis… ma tendre Eveline. »




***




En haut, tout en haut de l‘estrade, au somment des dizaines et des dizaines de marche qui menait à l’autel, un grand baraqué jetait un œil en contrebas avec la désagréable impression qu’il ne devrait pas être là.


??? : « Ca sent pas bon… et arrête de me regarder avec ces yeux là, gamine. »
??? (ricanant à moitié) : « Calme toi, Tristan, tout ça sera bientôt fini, et à nous la paye. »
Tristan : « J’y peux rien, elle m’fout les j’tons à me mater depuis tout à l’heure. »


C’est vrai que c’était flippant.
A la limite, des cris, des pleurs, des insultes, ça il pouvait le supporter, c’est presque comme ça à chaque fois, mais là rien, nada.
Enfin si, des insultes il y en a eu, et pas qu’un peu, elle avait un langage aussi fleuri que coloré, à en faire pâlir un charretier, dès son réveil et jusqu’à ce qu’on l’attache en croix sur la table de pierre.
Une vrai furie avec ça, elle s’était débattue comme un beau diable, mordant, griffant, dispensant aussi bien coups de coude que de genoux et plus d’un firent l’amère expérience d’en recevoir à des endroits mal placés.
Et puis plus rien, sa férocité était retombé comme un soufflé raté, plus un mot n’était sortit de sa bouche et elle n’avait pas cessé de braquer son regard sur lui.

Il aurait presque préféré qu’elle le supplie avec des larmes pleins les yeux et devoir lutter contre lui-même pour ne pas la libérer, mais il n’y avait aucune larme dans ses yeux vairons, ni même la moindre pointe de peur.
Au contraire, elle braquait sur lui un regard lourd, intense, perçant, on aurait dit celui d’un prédateur.
Oui, Tristan venait s’en rendre compte, depuis tout à l’heure, elle était l'aigle, et lui, il était le lapin.


??? : « Vous lui devez beaucoup, n‘est-ce pas ? »


Ca y est, elle avait parlé, elle avait ouvert la bouche et détaché chaque mot d’un ton calme et posé, sans le quitter des yeux , ce qui lui donna un frisson vraiment désagréable.
Cette fille à papa ne se comportait vraiment pas comme elle le devrait.


??? : « Et pour le remercier vous lui obéissez sans poser de question, quoi qu’il vous demande de faire. »
??? : « Hé, ferme la, sale gosse. »


Elle disait ‘‘vous’’ mais Tristan savait qu’elle s’adressait à lui, exclusivement à lui.
Pourquoi ? Cela lui échappait, il n’était pourtant pas seul.
Il y avait José, celui qui venait d’intervenir, Cédric, un grand gars tout maigre qui n‘avait franchement pas l‘air commode, et le type qui l’avait amené jusqu’ici, restant bien silencieux et immobile dans son coin, adossé contre l‘un des quatre porte-flambeaux, les bras croisés sur sa poitrine.

D’ailleurs il pouvait pas le sentir ce gars là.
Entièrement vêtu de noir, une capuche tiré jusqu’aux yeux, yeux qui d’ailleurs brillaient comme des pièces à l’ombre de son couvre-chef.
Toujours silencieux, toujours à se déplacer furtivement, sournoisement, comme un serpent.


??? : « Quand ils viendront, vous serez le seul à rester… »
José : « Ferme la, je t’ai dit. »
??? (désignant Cédric et José d’un léger mouvement de tête) : « Ces deux là seront les premier à s’enfuir, ce ne sont que des lâches… »
Cédric : « De quoi ! »
??? (indiquant le troisième de la même façon) : « Quant à lui, il ne restera fidèle que tant qu’il sera payé, juste un chien de plus qui filera quand il n‘aura plus de laisse. »
Cédric : « Tu vas voir qui c’est le chien, sale petite garce ! »


Si son kidnappeur avait laissé passé l’insulte, pour Cédric c’était les mots de trop.
Il leva la main mais Tristan interrompit son geste en lui attrapant le poignet.


Tristan : « Le patron à été clair là-dessus, on ne la touche pas. »


A jouer des muscles, il était le plus fort, bien plus que Cédric qui commençait à grimacer de douleur sous son étreinte.


Tristan (serrant plus fort) : « C’est bien compris ? »
Cédric : « O… oui… Oui, c’est compris alors lâche moi ! »


Tristan serra encore un peu, histoire qu’il n’oubli plus de garder son sang-froid, puis le libéra.
Le Cédric s’éloigna en maugréant, le regard noir braqué autant sur l’adolescente que sur celui qui lui avait presque cassé le poignet.


??? : « Mais vous, vous resterez jusqu’à la fin, quoi qu’il en coûte. »
Tristan : « Ca suffit, gamine, ce que tu fais ne sers à rien. »
??? : « Il vous sacrifiera. »


C’était sortit comme le coup de hachoir d’un boucher sur un morceau de viande, tranchant et net.


José : « Arrête de délirer gamine, m’sieur Amal est pas comme ça. »


Il avait raison, son patron n’était pas comme ça.
Il était dur, très dur même, inflexible et impitoyable mais il ne punissait pas sans une bonne raison, sans qu’on l’ai déçu.
On disait de lui que c’était un monstre, peut être bien, mais c’était ce monstre qui l’avait tiré du caniveau et qui avait fait pour lui plus qu’aucun autre homme ici bas.
Tristan avait une dette à rembourser et il lui resterait loyal jusqu’à la fin.


??? : « Pensez vous réellement que vous lui êtes indispensable, qu’il ne saura pas trouver quelqu’un d’autre pour vous remplacer ? »


José avait fini par laisser tomber et le fixait, ayant bien compris que l’adolescente ne s’adressait qu’à un seul d’entre eux et guettait ses réactions.


Tristan : « Economise ta salive. »
??? : « Vous pensez que votre dette coûtera encore combien de vie après la mienne ? Dix ? Vingt ? Jusqu’à ce qu’il vous dise un jour que c’est fini ? »


C’était maintenant à son tour de vouloir lui en coller une et il en viendrait presque à regretter d’en avoir empêcher Cédric.


??? : « Et quand ce sera fini, si cela arrive un jour, que vous restera-t-il ? »
Amal (d‘un ton solennel) : « Qu’on élève la bête ! »


En bas, la procession entamait la montée des marches et la voix du maître de cérémonie avait résonné dans l‘immense salle, calmant tout envie à Tristan de faire taire l‘adolescente de manière violente.
Ce serait bientôt terminé.
Un mécanisme retentit sous ses pieds et une partie du sol, derrière la table de pierre où était attaché la jeune fille, s’ouvrit dans un raclement sourd.
Elle détacha enfin son regard de lui, visiblement intrigué par le trou béant à côté d’elle, tout comme l’était José et Cédric qui se penchèrent pas dessus.


José : « On dirait que quelque chose monte. »
Tristan : « Reculez tout les deux. »


Effectivement, quelque chose montait et c’était vivant.
José recula d’un pas, la bouche grande ouverte, aussi stupéfait que s’il venait de trouver un diamant dans sa botte, et regarda Tristan d’un air qui en disait long sur son incapacité à croire ce qu’il avait devant les yeux.


José : « C’est… bien ce que je crois ? »
Cédric : « Merde, on dirait un… un… »


Quand la plateforme arriva au bout de son ascension, aucun n’osait prononcer le moindre mot.
Il était énorme, presque deux fois, non trois fois plus gros que les résidents de l’île.
Les torches reflétait la blancheur immaculé de ses écailles ainsi que les tonnes d’acier qui maintenait son corps immobile.
Ses membres antérieurs et postérieurs étaient menottés et relié par d’épaisse chaînes à des gros boulets, un à chaque extrémité.
Ces mêmes chaînes de métal passait par-dessus son dos, son cou et sa queue, et cliquetait quand le monstre essayait de remuer, même ses ailes étaient lesté de poids et d'encore plus d‘acier.
Sa gueule était encastré dans une muselière en métal qui ne laissait échapper que de furieux grognements étouffés.
C’était des kilos de muscles et de rage qui était retenu prisonnier et qui essayait en vain de se libérer.


??? (dans un souffle) : « Un dragon… »


Pas un Dragoeuf, un vrai dragon, tous ceux présent sur l'autel faisait bien la différence, il était comme dans les livres et les légendes et il n'avait clairement rien à voir avec ceux qui arpentait l'île.

José était devenu blême et le regard noir que lui lançait la bête y était pour beaucoup.
Tristan lui ne sourcillait même pas, ou du moins, même plus.
Il avait été présent lors de sa capture, témoin de la puissance et de la férocité du monstre, il avait eu bien assez peur ce jour là pour ne plus trembler aujourd’hui et pour ne plus jamais vouloir revivre ce moment.
Le pire était peut être de savoir que ce monstre n'était même pas adulte.


??? : « Qu’est-ce que… qu’est-ce que vous allez faire avec un dragon ? »


Il ne répondit pas, d’abord parce qu’il n’en savait rien lui-même mais aussi parce que l’adolescente venait de perdre l’assurance qu’elle avait jusqu’alors.


Cédric : « Héhé, qui sait c’que le patron va en faire. Si ça se trouve tu vas servir de p’tit dèj’, qu’est-ce que t’en dit ? Tu crois que les dragons ça aiment les sales gosses dans ton genre ? »


Cédric tenait sa petite revanche.
Il lui tournait autour comme un Croc Gland qui s’amuserait avec son dîner, ricanant de la peur qui commençait à se dessiner sur le visage de l‘adolescente.


Cédric : « Alors tu l’ouvre moins tout d’un coup, hein. Qu’est ce qu’y t’arrive, t’as la trouille ? Tu veux peut être retourner chez ton papa ? T‘as peur d‘être mangé par le gros méchant monmonstre ? »
??? : « Le… le premier à finir dans son estomac ça sera vous et personne d’autre, j’espère juste qu’il n’aura pas d’indigestion ! »
Cédric : « Khh… T’as d’la chance que l’patron veut pas qu’on t’amoche mais on sait tous comment ça va s’finir ! »


Oui, elle avait beau être courageuse, la fin serait la même.
La prisonnière se mit à fixer le monstre, droit dans les yeux et celui-ci en fit de même au bout de quelques secondes.
Elle remua les lèvres mais aucun son n’en sortit, comme si elle lui parlait en silence.


Amal (d‘un ton guilleret) : « Vous avez fait connaissance ? »


Le maître de cérémonie venait de poser le pied sur la dernière marche, escorté par les porteurs d’encens et une cinquième personne dont Tristan n’arrivait pas à voir le visage.


??? : « Amal ! Qu’est-ce que vous allez faire avec ce dragon ! »


Le vieil homme en toge s’approcha d’un air satisfait et se pencha sur l’adolescente.


Amal : « Et que dirais tu de trouver la réponse par toi-même ? »


Tristan ne comprit pas vraiment.
Son patron restait immobile et la captive le fixait droit dans les yeux, adoptant à nouveau ce regard perçant.
A mesure que les secondes s’écoulaient, l’adolescente devenait de plus en plus pâle.


??? : « Non… »


Elle regarda successivement le dragon, puis son employeur et enfin l’homme encapuchonné, pas son kidnappeur mais l‘autre, celui qui était venu avec son patron.


??? : « C’est… c’est un mensonge… »
Amal : « Hohoho, difficile de mentir dans ces conditions, jeune fille. »


Elle continuait de fixer l’inconnu jusqu’à ce que les larmes finissent par couler le long de ses joues.


Amal (ravi) : « Allons ne pleure donc pas, dis toi que ton sacrifice ne sera pas vain. »
??? : « Vous ne l’obtiendrez jamais ! Lili va venir me sauver ! »
Amal : « Ma chère, j’ai attendu ce jour pendant quinze longues années et je peux t’assurer qu’aucune force en ce bas monde ne m’empêchera d’accomplir ma destinée. »


C’est vrai qu’il avait tout prévu.
Il n’y avait qu’à voir le nombre de coupe-jarret et autre bandit que le vieil homme avait engagé en plus de tout ceux qu’il avait déjà sous sa coupe.


Amal : « Haaa, mais je parle, je parle, et si nous commencions ? Je meurs d’impatience d… Qu’est-ce que tu fais là toi ? »


Si son patron n’avait pas posé la question, jamais Tristan n’aurait remarqué que celui qui patientait contre les porte-flambeaux s’était déplacé jusqu’aux côtés du vieil homme.
Il s’avança encore jusqu’à pouvoir scruter la salle en contrebas de ses yeux brillants.


??? : « Ils arrivent… »





***





Son sang jaillit comme un lasso et attrapa le premier venu qu’elle attira aussitôt à elle, la Sacrieuse balança son poing dans l’estomac de son ennemi quand celui-ci fut à portée et l’envoya voler sur une bonne demi-douzaine de mètre.
Il n’avait même pas encore touché le sol qu’elle s’élança à l’assaut d’un second quidam faisant voler cette fois ci sa jambe en plein dans les côtes du bonhomme.
Un craquement bien audible en résuma long sur la violence du coup.


??? : « Chopez la ! »


Deux gaillards s’élancèrent sur la jeune femme en la contournant pour la prendre à revers mais ils s’écroulèrent inconscient sur le sol bien avant de l’atteindre.


Zack : « Continue ! Ne t’arrête pas ! »


Le plan était des plus simple, elle fonçait tête baissé et lui, il couvrait ses arrières.
« Je vais les massacrer jusqu’au dernier. » avait elle dit, et elle était bien partie pour.

La salle était immense, peut être plus encore que celle qu’ils avaient vu sous la montagne mais elle était loin d’être aussi vide que l'autre.
Ziho avait dit vrai, ils étaient toute une bande, une petite armée privée presque, mais qu’importe, Lili était assez remonté pour tous les rosser un par un.

Deux nouveaux candidats s’avancèrent pour la stopper.
Le premier fendit l’air avec son épée sans pouvoir toucher la Sacrieuse, elle esquiva par deux fois avant de riposter.
Profitant d’un coup vertical, elle fit un pas de côté et colla une droite en plein sur le nez de l’épéiste, l’élan de ce dernier renforça la puissance du coup mais cela ne le fit que tituber, celui-ci étant apparemment plus résistant que les deux premiers.
Avant qu’elle ne puisse définitivement le mettre hors combat, le second la frappa de toute ses forces avec le bâton qu’il avait dans les mains.
Lili protégea sa tête avec son avant-bras et encaissa l’attaque.
La peau de la rouquine prit une teinte violacée à l‘endroit de l‘impact, et avant qu’elle ne puisse riposter, l’homme au bâton frappa à nouveau et atteignit sa hanche gauche qui était sans protection.
La Sacrieuse abaissa son bras qui avait servit à parer le premier coup et coinça l’arme dessous, contre sa hanche.


Lili (avec un grand sourire) : « Merci du coup de main. »


Elle était Sacrieuse de sang, la plus à même de tirer sa force de la douleur.
Elle avait voué sa vie à protéger les êtres qui lui était cher, tout comme un vieux fleuriste avait donné la sienne pour elle.
Lili voulait sauver Eve, elle le voulait de tout son cœur, la prendre dans ses bras et lui dire que tout était fini, que désormais elle ne craignait plus rien, puis la ramener chez elle.
Peut être qu’elle lui dirait de fermer les yeux.
Lili devinait ce qu’avait dû ressentir Joshua en venant la chercher, ça lui brûlait les entrailles et le cœur, la simple pensée que quelqu’un ait fait du mal à Eve faisait bouillir son sang.
Alors elle allait faire comme Joshua qui avait massacré tout ceux qui s’était mit en travers de son chemin pour venir la sauver, il n’y avait plus à hésiter, Lili allait démolir tout ceux qui lui barreront la route.

A portée de poing et immobilisé, l’homme au bâton reçu deux coups au ventre ainsi qu’un troisième au menton avant de s’écrouler.


Lili (dépassant l’épéiste qui avait repris ses esprits) : « Zack, je te laisse celui là ! »


Le plan était simple, elle fonçait tête baissé et lui s’occupait du reste.


Zack se jeta sur son adversaire.
Ce dernier donna un coup d’estoc qui manqua de justesse la tête de celui qui se ruait sur lui, ne lui entaillant que très légèrement la joue.
Zack passa sous la garde de l’épéiste et lui encastra le pommeau de son épée dans l’estomac, juste avant de l‘assommer d‘un autre coup de pommeau sur la base du crâne.


« Qu’est-ce que tu fais ? »
Zack (en pensée) : « Je sauve une amie. »
« Comment pourras tu la sauver si tu meurs avant ? »
Zack : « Je ne compte pas mourir. »
« C’est pourtant ce qui va arriver si tu refuse de te battre. »


Avant que Zack ne puisse lui répondre, un homme couvert de tatouage, un Sacrieur à n’en pas douter, l’engagea au corps à corps.
Il était diablement agile et jouait de ses poignards avec une dextérité redoutable.
Zack faisait de grand moulinet avec son épée, autant pour le tenir un minimum à distance que pour attendre d’avoir une ouverture.


« Si tu ne frappe pas dans l’intention de tuer tu n’arrivas pas à sauver ton amie. »
Zack : « Qu’est-ce que tu en sais ? »


L’une des lames passa si près de sa gorge que Zack voyait déjà sa tête rouler par terre mais il fut bien vite rappelé à la réalité lorsque la seconde entailla sa hanche.


« Je suis une épée, j’ai été créer pour tuer, je sais donc de quoi je parle. »
Zack : « Il n’y a qu’une seule personne que tu auras le loisir de tuer. »
« Pas si tu meurs avant. »


Un large coup de son épée obligea le Sacrieur à reculer.
Ce dernier s’entailla le poignet d’un coup vif et tendit la main dans la direction de Zack, projetant des filets de sang à toute vitesse.
Il connaissait bien cette attaque, pour avoir vu Lili s’en servir plusieurs fois, son adversaire ne semblait pas vouloir démordre d’un combat au corps à corps.
La corde de sang s’enroula solidement autour de lui et l’attira brutalement vers le Sacrieur qui l’attendait, prêt à frapper.


« Je vais t’aider. »


Zack ne put répondre, le temps s’était mit brusquement à ralentir à tel point que même un battement de cœur semblait prendre une éternité.
Devant lui le Sacrieur allait le recevoir avec un bon coup de dague, sûrement dans l’estomac, et dans la posture dans laquelle il se trouvait, il ne voyait guère d’échappatoire.

Tout à coups, quelque chose le dépassa, une silhouette floue, la sienne.
Il se voyait bouger au ralentit, comme s’il était sortit de son propre corps.

Son autre lui était attiré par l’attaque du Sacrieur et allait subir un coup mortel mais au dernier moment, le Zack qu’il voyait poussa sur ses jambes, gagnant en célérité.
Le Sacrieur frappa dans le vide, l’autre Zack venait de passer sous sa garde grâce à la vitesse qu’il avait gagné et lui planta son épée dans le ventre.
L’arme le transperça littéralement de part en part, faisant jaillir des litres de sang par les plaies béantes.

Zack était choqué, même horrifié, de se voir ainsi tuer quelqu’un.
Il n’avait tué personne jusqu’à maintenant, blessé oui, mais rien de mortel, rien qui ressemble à la vision de ce lui éclaboussé par le sang de son adversaire.

Sa silhouette s’estompa et le temps recommença à s’écouler à une vitesse folle.
Il n’avait pas encore réalisé ce qui c’était passé que ses jambes venaient de prendre appuis sur le sol pour gagner en vitesse.

Un battement de cœur.
C’est le temps dont il disposait, un simple et rapide battement de cœur.
Zack mobilisa toutes ses forces pour dévier son épée qui prenait le chemin du ventre du Sacrieur.
Il réussi, en partie.
L’attaque ne tua pas le Sacrieur mais lui entailla profondément les chairs de sa hanche.
Une traînée de sang couvrait un peu moins de la moitié de la largeur de la lame de son épée mais avec un peu de chance, l’homme aux tatouages n’en mourrait pas.

Zack tremblait presque, serrant la poignée de son arme à s’en faire éclater les veines des mains.
C’est comme s’il venait de sortir d’un cauchemar, complètement déboussolé et haletant.


Zack : « Qu’est-ce qu… qu’est-ce que c’était… »
« En voilà d’autres. »


Deux hommes arrivèrent sur sa droite, tout deux armés d’épée et de bouclier.
Il esquiva facilement le premier assaut mais tout s’emballa de nouveau, ou plutôt, tout ralentit encore une fois.
Cela recommença.
L’épée noire commença par prendre son bras au premier assaillant, puis sa tête, et lorsqu’elle atteignit le second, elle le découpa purement et simplement en deux, le bouclier et l’armure ne résistant pas plus qu’une simple feuille de papier.

Zack ne pouvait pas laisser faire ça.
Pas une telle horreur.

Quand le temps reprit, c’était un combat contre lui-même qu’il menait.
Son corps bougeait tout seul, il avait l’impression qu’il ne faisait plus un avec celui-ci, il devait empêcher ses bras et ses mains de manier son arme de mort.
Une sensation difficile à décrire, son corps faisait ce que son esprit ne voulait pas et seule sa volonté empêchait l’irréparable.

Comme pour le Sacrieur, il ne sauva ses adversaires qu’à moitié, encore qu’il avait plutôt l’impression qu’il les avait plus à moitié tué qu’autre chose.
Le premier garda son bras attaché au reste de son corps mais ne pourrait sûrement plus s’en servir avant longtemps, sa tête aussi fut épargné.
L’autre aussi eu son lot de chance, certes s’il survivait il aurait une énorme cicatrice sur toute la largeur de sa poitrine mais au moins il était encore en un seul morceau.


Zack : « Arrête ! C’est mon corps, je t’interdit de le contrôler ! »
« Tu es seul maître de ton corps, je ne contrôle absolument rien. »
Zack : « Menteuse ! J’ai failli tous les tuer ! »
« Les épées ne mentent pas. »


Zack était en colère, à tel point qu’il ne savait plus s’il était en train de penser ou de parler à voix haute.
Quelques hommes autour de lui semblaient reconsidérer la question de l’attaquer en voyant dans quel état s’était retrouvé leurs comparses.
Du coin de l’œil il aperçut Lili qui pratiquait le langage des signes avec deux hommes et ceux-ci recevaient d’ailleurs de violents messages.


Zack : « Alors que s’est il passé !? »
« J’ai simplement réveillé ton instinct. »
Zack : « Mon instinct ? »
« L’instinct est le même pour tous, que ce soit celui des hommes, des monstres, ou même des armes. L’instinct de survie est ce que nous avons tous en commun. »
Zack : « Qu’est-ce que c’est que ces histoires !? »
« Tout les êtres vivants possèdent un instinct, c’est ce qui les maintient en vie, ce qui les pousse à vivre, à se battre pour leur survie. Ton amie la Sacrieuse par exemple fait appel à un instinct différent, qui surpasse même celui de sa propre survie, qui lui fait complètement oublier sa propre existence, un instinct qui la pousse à protéger celle qu’elle aime quitte à en mourir mais paradoxalement c’est ce qui renforce son instinct de conservation et qui la rend immensément plus forte. Elle doit vivre pour protéger. »
Zack : « Moi aussi je veux protéger Eve ! »
« La Sacrieuse est prête à tuer pour ça, toi non. Je suis comme elle, je tue pour protéger, pour te protéger. »
Zack : « Je ne veux pas de ta protection ! »
??? : « T’as pas bientôt fini de parler dans le vide ! »


Quelqu’un l’attaquait par derrière.
Il le savait, tout simplement parce qu’il se voyait déjà en train de faire volte face, brandissant son arme droit devant lui.
L’assaillant allait s’empaler la tête de lui-même sur la pointe de sa lame.


Zack : « Non !! »


Il mobilisa toute sa volonté pour faire bouger ses poignets, juste ses poignets, et il réussi.
Son épée pivota suffisamment pour éviter la tête du pauvre diable, mais pas son épaule, et passa facilement au travers de la chair et des os.
L’homme tomba à terre, hurlant de douleur.


« Tu lutte contre toi-même. »
Zack : « Arrête ! Arrête ça immédiatement ! »
« Je te l’ai déjà dit, je ne contrôle rien, c’est ton propre instinct de survie qui se manifeste. »
Zack : « Non ! Je ne suis pas comme ça ! »
« Bien sûr que si, tout le monde l’est, toi plus que quiconque. Tu devrais pourtant le savoir, après ce qui s’est passé à la mort de ton grand-père... »
Zack : « Q… quoi ? »
« Comment pensais tu avoir survécu à tous ces monstres ? Ton esprit brisé par le chagrin à totalement laissé tes instincts te submerger, complètement… puis tu as tout enfermé au fond de ton cœur en même temps que tu plantais une pelle en guise d’épitaphe sur la tombe de ton grand-père. Mais ils ont toujours été là, au fond de toi, tapis dans l'ombre, attendant que tu fasse à nouveau appel à eux. »


Était ce la vérité ?
Zack se le demandait, pouvait il vraiment tuer aussi facilement que dans ces laps de temps suspendu où il se voyait trancher ses adversaires ?
Difficile de ne pas trouver une réponse mais cette réponse lui faisait horreur.
Et s’il n’arrivait pas à dévier ses prochains coups ? Si comme dans ses visions, des hommes finissaient en charpie ? Comment pourrait il se regarder en face après ça ?
Comment ses amis le regarderait ? Comment Luna le regarderait ? Comment son grand-père le regarderait ?
Non, tout mais pas ça.


Zack : « Je… je ne veux pas… je ne veux pas tuer… pas comme ça… pas… aussi facilement… »
« Alors utilise moi. »
Zack : « Quoi ? »
« Epargner tes ennemis te met en danger et tes instincts prennent le dessus, si tu ne veux ni tuer ni te faire dominer alors utilise moi. Sers toi de moi pour les blesser jusqu’à ne plus être en danger. C‘est un bon compromis non ? »
Zack : « Ais je vraiment le choix ? »
« Tu l’as dit toi-même à la Sacrieuse, la seule liberté que vous avez est de pouvoir choisir. »




C'était vrai.
Il avait encore le choix et ce choix là était lourd de conséquence mais après tout, un vieil homme ne l'avait il pas prévenu que cela allait être dur ?
Zack prit sa décision à cet instant, de deux maux il choisit le moindre, celui qui pourrait lui permettre de continuer à se regarder en face.


« Une dernière chose. »
Zack : « Encore un conseil ? »
« Tu ne pourras pas éternellement fuir tes instincts, ils font partie de toi et, tôt ou tard, tu devras leurs faire face. »


Zack ne répondit rien mais un étrange sourire se dessinait sur son visage.
Faire face à ses instincts ? Avait il seulement une chance de l’emporter ?






***




Du haut de l’autel, un vieil homme écumait ouvertement de rage en voyant qui jouait les trouble-fêtes, une fois de plus, et surtout comment ses hommes si chèrement payé se faisait rétamer comme de vulgaire débutant.
Il se retourna vers l’homme en noir.


Amal : « Toi ! Je croyais que tu t’étais occupé de lui ! Il était censé être mort !! Ta mission était de le tuer ! »
??? : « Ma mission était de lui remettre votre paquet. »


Le vieillard trépigna de colère, s’il n’avait pas été aussi menaçant on aurait pu le confondre avec un enfant faisant un caprice.


Amal : « Tristan ! Occupe toi d’eux ! Ils ne doivent pas interrompre la cérémonie ! »
??? (avec un petit sourire) : « Je vous avais prévenu qu’ils viendraient à mon secours. »


Le vieil aigri lui colla une baffe si forte que Cédric en gloussa de contentement.
La bête grogna furieusement et essaya de bouger mais les chaînes qui la retenait réduisirent sa tentative à néant.


Amal : « Tristan ! Qu’est-ce que tu attends !? »


Cela tombait plutôt bien, Tristan avait un compte à régler avec l’un des deux intrus, mais tout du moins, le réglerait il quand ce dernier serait sans défense.
Il mit son pouce et son index entre ses lèvres et souffla, le sifflement aigu retentit dans toute la salle et agit comme un signal.

Aussitôt, les soldats et mercenaires valides ramassèrent les estropiés qui gisaient inconscient ou non sur le sol, abandonnant tout désir de combattre.
Même Lili fut déconcerté par cette attitude.
Pendant que tous se regroupaient derrière des gaillards aligné les uns à côté des autres, une porte s’ouvrit en face de la troupe, sur la droite de Zack et Lili, sur une sorte de grand balcon, laissant apparaître une bonne vingtaine d’individus, si ce n’est d'avantage, qui adoptèrent eux aussi une formation en ligne.

Derrière Zack, les soldats avaient joint leurs mains et récitaient une formule à mi voix qui faisait grossir des bulles de magie autour d‘eux et devant lui, sur le balcon, les arcs s’alignaient comme un seul homme.
C’était comme se retrouver entre le marteau et l’enclume, sauf qu’en l’occurrence, c’était entre le bouclier de Féca et la flèche de Crâ.


Tristan : « Tirez ! »


Tristan n’allait certainement pas laisser l’opportunité aux intrus de trouver une parade.
Une volée de flèche meurtrière traversa la salle.

Zack n’eut aucun mal à s’abriter derrière son épée, il avait déjà eu recours à ce procédé plusieurs fois, et si elle avait pût résister au feu d’un géant de pierre, il ne doutait pas qu’elle le protégerait tout aussi bien de quelques flèches, qu’elles soient magique ou non.
D’ailleurs elles l’étaient pour la plupart.
Certaines explosaient à l’impact, le faisant chanceler parfois, d’autres répandaient un liquide qui s’enflammait aussitôt, le guerrier en vit même une qui gela une partie de la surface d’un bouclier magique.

Tandis que la pluie de projectile s’abattait, le cœur de Zack se figea en pensant à Lili.
Avait elle réussit à trouver de quoi se protéger ?
Il jeta un rapide coup d’œil au dernier endroit où il l’avait aperçue et n’y distingua, au milieu des explosions, du feu et du gel, qu’une silhouette étendue sur le sol qui ne pouvait pas être la sienne.
Des éclats de voix le poussèrent à se risquer à jeter un œil par-dessus son ‘‘bouclier’’.


*


Elle n’avait eu que quelques secondes pour se concentrer et visualiser sa cible mais cela avait été largement suffisant pour se téléporter.
Le quidam le plus à gauche de la ligne d’archer fut son point d’arrivée et elle encastra aussitôt son poing dans la mâchoire de son collègue.
Deux de moins et il en restait encore pas mal, les deux suivants abandonnèrent leur arc pour des paires de dague avant de lui sauter dessus.
L’espace relativement restreint du balcon gênait les mouvements des assaillants, s’ils devaient attaquer c’était l’un après l’autre, ce qui arrangeait grandement la rouquine.

Le premier fit un pas en avant et donna un coup d’estoc qu’elle esquiva facilement, Lili attrapa le bras du Crâ, le lui retourna dans son dos et lui déboîta l’épaule avant de lui mettre un autre coup dans les côtes.
Elle envoya sa victime voler par-dessus son épaule mais avant qu’elle ne puisse s’attaquer au deuxième, une flèche siffla, passant à quelques centimètre de sa tête et explosa plusieurs mètres derrière elle.
Ces gars là savaient y faire avec un arc.
La moindre erreur lui serait certainement fatale et pourtant elle n’était pas inquiète, pas le moins du monde, non, au fond d’elle-même, sans pour autant pouvoir l’expliquer, elle savait que rien ne l’atteindrait.
Ni les flèches, ni les armes, rien, son corps, son esprit, son être tout entier n’avait qu’un seul objectif, qu’un seul but, une seule et unique obsession qui repousserait toutes limites.

Lili utilisa son sang de Sacrieur pour attirer le tireur qui l’avait manqué et lui retourna une droite qui le fit voler par-dessus la rambarde, le deuxième eut le traitement inverse et se retrouva encastré dans le mur.
Il fallait faire vite, si elle voulait sauver Eve et Zack, elle devait tous les étaler.


*


La Sacrieuse était en train de mettre ses hommes en déroute mais c’était bien mal le connaître que de croire qu’il n’avait pas de plan de rechange.
Tristan siffla deux nouvelles fois et une autre porte, sur un balcon opposé au premier, s’ouvrit à la volée, laissant passer tout autant d’archer.
Cette fois, ce Zack ne pourra plus se protéger et son amie n’aura pas le temps de mettre hors d’état la première équipe de Crâ.


Tristan : « Tirez ! Tirez à volonté ! »


Ils allaient tirer.
Leurs compagnons n’étaient protégé des flèches que d’un seul côté et ils allaient quand même tirer.
Zack se demandait, en voyant les Crâs du second balcon bander leurs arcs, comment pouvait on sacrifier ses propres camarades sans sourciller, sans même leur laisser la moindre chance.
D’ailleurs la sienne ne s’annonçait guère mieux.

Ils tirèrent.

Au mieux, en courant vers le balcon où sévissait Lili, il pourrait peut être limiter les dégâts de la première volée mais pas les suivantes.
D’ailleurs, les archers s’apprêtaient déjà à tirer la salve suivante.

Aucun des plans que son cerveau échafaudait à toute vitesse ne semblait lui offrir un avenir meilleur que celui de finir en passoire, et bien sûr, son épée si bavarde jusqu’à présent restait muette de tout conseil ou solution.

Heureusement pour lui, sa bonne étoile semblait toujours briller plus fort dans les moments critiques comme celui ci.

Avant que les flèches ne l’atteigne, le sol en pierre se déroba sous ses pieds, ou plutôt, les dalles de pierre sous ses pieds se décollèrent les unes des autres pour s’entasser devant lui à une vitesse ahurissante.
En moins d’un battement de cil, une silhouette gigantesque s’interposa entre lui et la salve de projectile, la recevant de plein fouet.
Zack n’eut pas le temps de s’extasier plus avant qu’il était lui aussi la cible des projectiles de l’autre groupe qui venaient frapper le plat de sa lame qui lui servait de bouclier improvisé.

La chose poussa une espèce de grognement pendant que les archers du second balcon encochaient déjà la quatrième série de flèche, encore que cela ressemblait pas du tout à un grognement, cela se rapprochait d’avantage d’un morceau de pierre qui se fissure qu’autre chose, et il se souvenait où il avait déjà entendu un pareil son.

C’était dans un village suspendu, en proie à une attaque, lorsqu’un petit garçon haut comme trois pommes créa ce qui devait être une simple diversion avant de se transformer en cauchemar.

Ce qui se dressait devant Zack était presque aussi grand que celui de cette fois là, bien assez pour qu'il soit totalement à l’abri.

Mais que pouvait bien faire un Craqueleur en ces lieux ?
Qui plus est, un Craqueleur qui venait vraisemblablement de lui sauver la vie.


??? : « On est pas trop en retard ? »


Zack n’aurait put décrire la joie et le soulagement d’entendre la voix de son ami dans son dos.


Zack (se retournant à moitié et affichant un grand sourire) : « Nan Julien, tu pouvais pas mieux tomber. »


L’Osamodas courait à moitié accroupit dans sa direction au milieu du déluge de flèche jusqu’à rejoindre son ami caché derrière son épée.


Zack : « Content de te revoir ! Vous êtes tous là ? »
Julien : « Oui mais on discutera plus tard. (désignant du pouce le géant de pierre derrière lui) Il ne tiendra pas longtemps, je ne maîtrise pas encore ce sort. Sarah et Luna s’occupent du second balcon, moi je retient ceux au sol et toi tu fonce sauver Eve. »


Zack sourit et acquiesça d’un signe de tête.
Il se leva et commença à courir en direction de l’autel, toujours à l’abri derrière son épée.
Les projectiles magiques pleuvaient toujours, des deux côtés, mais beaucoup moins depuis le balcon où Lili sévissait, elle le rejoindrait sûrement bientôt.


A l’entrée de la salle, Sarah jouait elle aussi les Crâ, remplaçant l’arc et les flèches par des petites dagues de jet, elle devinait qu’un archer tire un peu moins bien s’il avait un couteau planté en plein milieu de la main.
Mais le véritable but de Sarah était surtout de servir de diversion, pour empêcher l’un des tireurs de remarquer son amie Luna grimper le long du mur.
La moindre imperfection, renfoncement ou décoration en relief servait d’autant de prise et point d’appuis permettant à l’Ecaflipette de littéralement bondir sur la surface verticale et il ne lui fallu pas plus de quelques secondes pour atteindre le rebord de la balustrade.
Depuis le sol, on pouvait entendre les rugissements de fureur de l’Ecaflipette, ainsi que les cris de douleur de ses victimes.


En apprenant qu’ils avaient réussi à sauver Sarah, la plupart de ses préoccupations disparurent, et maintenant qu’il pouvait également compter sur eux pour l’épauler, Zack était même certain qu’ils allaient réussir à sauver Eve.
Avec ses amis à ses côtés, il ne pouvait pas perdre.
[hrp]Oui je sais ça fait longtemps, peut être trop pour vous mais je suis quelqu'un de têtu alors voici la suite pour les plus bornés d'entre vous ou les nouveaux. ^^[/hrp]



Pour ceux qu'on aime.




Rien ne pouvait mesurer la haine qu'il éprouvait.
Il était entouré d'incapable, tous autant les uns que les autres, si cela continuait son rêve pourrait bien lui échapper.
Non, tout mais pas ça, pas si près du but et certainement pas par le protéger de son plus vieil ennemi, il ferait tout pour l'empêcher.

Amal : « Tristan ! Prends ma garde personnelle avec toi et tue les ! Tue les tous !

Tristan n'avait jamais vu son patron aussi hors de lui et préférait obéir sans discuter.
Il dégaina et sauta, d'un seul et unique bond, toutes les marches qui menait à l'autel pour atterrir tout en bas, comme si de rien n'était.
L'intrus qu'il voulait affronter fonçait dans sa direction et serait bientôt sur lui, mais avant ça, il avait une petite surprise à son attention.
Tristan siffla à nouveau, bien plus fort que lorsqu'il avait fait appel aux Crâs.
Sous le premier balcon, la porte ne s'ouvrit pas mais vola littéralement en éclat et les débris de bois n'avait pas encore touché le sol que des ombres jaillirent et s'éparpillèrent dans la grande salle.

Amal (se retournant vers le kidnappeur) : « Un million ! Je t'offre un million par tête que tu me rapporteras ! »

Bien qu'aimant de façon maladive toute forme de fortune, et à plus forte raison tout ce qui était petit, rond et doré, le vieillard était désormais prêt à débourser n'importe qu'elle somme si cela pouvait le débarrasser des gêneurs qui se mettaient en travers de son rêve, et pour un montant pareil, il était certain de s'allouer les services de son assassin, même pour un imprévu de cette envergure.
D'ailleurs celui-ci accepta immédiatement d'un simple hochement de tête et disparu presque aussitôt.

Cette fois ils n'avaient plus aucune chance. Ses meilleurs chiens n'allaient faire qu'une bouchée de leurs carcasses et dans quelques minutes, il pourrait embrasser sa destinée.


***


Les flèches avaient presque cessé de pleuvoir et c'était tant mieux, son Craqueleur n'allait plus rester debout très longtemps.
Ceux qui s'étaient réfugié derrière la protection des Fécas, et qui étaient encore valide, commençaient à vouloir en découdre.
Julien préférait ne pas intervenir, son objectif à lui était uniquement de gagner du temps et les retenir, rester sur la défensive était donc un bon moyen d'offrir de précieuses secondes à ses amis.

??? : « Halala, ces Osamodas, tous les mêmes. »

Une voix, celle d'une femme, retentit au dessus de lui et il aperçut en levant les yeux, une silhouette accroupit sur l'épaule de son Craqueleur.
Le géant de pierre semblait tout aussi surpris que son invocateur en remarquant que quelqu'un s'était hissé sur pareil perchoir sans qu'aucun d'eux ne s'en rendent compte.

??? : « Ca roule des mécaniques avec une grosse caillasse à ses côtés mais quand c'est fini, c'est que du vent. »

Elle avait l'air extrêmement sûre d'elle dans sa façon de parler, presque arrogante en fait, avec une pointe de condescendance à son égard, à tel point que s'en était presque déstabilisant.
Julien la détailla rapidement.
Elle ne portait visiblement rien qui puisse lui servir d'armure, ni protection, pas de bouclier ou de protège-bras ou jambes, uniquement une tunique qui laissait ses épaules et bras nus et un pantalon simple en tissu.
Ses cheveux blond étaient attaché en arrière et elle avait sur le visage une balafre qui le lui séparait en deux, partant d'au dessus de l'œil gauche jusqu'au coin droit de sa bouche.
Dernier détail qui attirait l'attention, un tatouage sur l'épaule gauche qui ressemblait à une tête de loup ou de chien.

??? : « Tu ne devrais pas flasher sur les filles comme moi en plein milieu d'un combat. C'est un coup à se faire prendre à revers. »

Une ombre derrière lui poussa Julien à se retourner, se retrouvant face à un immense gaillard qui faisait au bas mot deux ou trois tête de plus que lui.
Avant même que l'Osamodas ne puisse réagir, le colosse le frappa au ventre avec un bâton, le projetant contre son Craqueleur.
Julien tomba à genoux sur le sol, le souffle coupée.

??? : « On dirait que ça va être plus facile que prévu, comment je vais pouvoir me divertir moi ? »
??? (d'une voix solennelle) : « Ne te moque pas de celui qui va trépasser, Siska. »

La femme avait rejoint le grand homme et était visiblement déçue que son adversaire soit déjà au tapis. L'autre restait stoïque et immobile, regardant sa victime qui avait toute les peines du monde à respirer.

Siska : « C'est toujours pareil avec toi, on a jamais le droit de s'amuser. »

La balafrée s'avança tranquillement jusqu'à l'Osamodas qui était toujours à terre et se pencha au dessus de lui.

Siska : « Tsss... Tu parle d'une lavette. »

La femme tendit la main pour attraper l'invocateur par le col et le souleva du sol à bout de bras.
Celui-ci n'offrit aucune résistance, il toussait, la respiration irrégulière et intermittente.

Siska : « Adieu, petit Osamodas. »

Elle mit son autre main autour de son cou et commença à serrer.
Cela aurait put se terminer facilement et rapidement mais le Craqueleur ne semblait plus l'entendre de cette oreille et entra dans une rage folle.
Lui qui était resté immobile jusque là, leva ses deux mains de pierre en poussant un hurlement de fureur et les abattit sur la femme aux cheveux blond.


***


Luna finissait de mettre le dernier Crâ du balcon hors d'état de nuire, c'est qu'ils étaient tout de même bien coriace les bougres.
Alors qu'elle collait une dernière baffe pour s'assurer que l'archer ne se relèverait plus, un boucan tonitruant retentit en contrebas et elle se pencha par-dessus la balustrade.
Au milieu de la pièce, le Craqueleur de Julien sortait d'un nuage de poussière en défonçant le sol à tout va de toutes ses forces.
Au pire il était devenu fou, au mieux il essayait d'écraser quelque chose de plus rapide que lui.
Dans un cas comme dans l'autre, il valait mieux rejoindre le disciple d'Osamodas et lui venir en aide.
Luna allait se hisser sur le rebord du balcon mais fut interrompue lorsqu'un visage apparu juste devant le sien.

??? (avec un grand sourire) : Nyah, coucou mon p'tit chaton. »

L'Ecaflipette bondit en arrière, prise par surprise et se mit immédiatement en garde face à une femme, une disciple de Pandawa à ce qu'il semblait.
L'inconnue portait un haut qui lui maintenait la poitrine mais laissait ses bras et épaules libre de tout mouvement, ce même haut en tissu descendait jusqu'entre ses cuisses, remontant vraisemblablement dans son dos, offrant à ses jambes tout autant de liberté que ses bras.
Elle avait aux pieds une paire de sandale en bois et un petit bracelet rouge au poignet.
Elle s'accroupit sur le rebord comme si de rien n'était et regardait l'Ecaflipette d'un air intéressé.

??? : « Nyah ! Qu'est ce que tu dirais si on jouait rien que toute les deux, mon chaton ? »

Luna n'avait vraiment pas que ça à faire, et la familiarité avec laquelle cette inconnue s'adressait à elle était particulièrement déplacé.
Elle sortit les griffes, prête à fondre.

Luna (le poil hérissé) : « Hors de mon chemin sac à puce! J'ai pas de temps à perdre ! »

Le visage de la disciple de Pandawa passe de l'intéressement à la colère en une fraction de seconde.

??? : « Sac à puce ? Tu t'es regardé sale chatte de gouttière ?! »

Elle tira une fiole dissimulée dans son dos et en avala le contenu avant d'inspirer profondément.
Elle claqua des doigts, juste devant sa bouche, provoquant une étincelle, et se mit à souffler, générant une immense langue de feu qui jaillit en direction de l'Ecaflipette.
Le balcon tout entier fut noyé dans les flammes avant d'exploser.


***


Un homme se dressait devant lui, au pied des marches et Zack le reconnut aussitôt.
C'était Tristan.
Ce fut comme un déclic dans sa tête, un déclic qui lui mit la rage au ventre.
Tout revenait toujours à cette ignoble individu.
La mort de son grand-père, les mercenaires à leurs trousses et maintenant, même l'enlèvement d'Eve était à son crédit, même... son état.
Si son épée devait prendre une seule vie humaine, ce serait bien celle d'Amal.
Mais avant, son homme de main le plus fidèle semblait avoir un compte à régler avec lui, hache en main.
Soit, il n'irait pas avec le dos de la cuillère.

Zack : « Hors de mon chemin, Tristan ! »

Sa grande épée noire décrivit un large arc de cercle et s'abattit sur son adversaire comme un couperet géant... et s'arrêta net avant même d'avoir put toucher sa cible.

Zack : « Que... ? »
« Tsss... »

Le jeune homme essaya de forcer sur la poignée de son arme, mais rien n'y faisait, son épée était comme figé en l'air.

Tristan : « Héhé, ta course s'arrête là, bonhomme. Tu n'iras pas plus loin. »

Dans sa main, Zack eut l'impression que son épée était de nouveau sous son contrôle et la manipula aussitôt pour porter un coup d'estoc à l'homme de main qui ne bougea pas d'un pouce.

« Inutile. »

La voix de son arme résonnait dans sa tête et, comme pour lui donner raison, son épée fut de nouveau entravée, l'empêchant de terminer son attaque et d'atteindre sa cible.

Tristan : « Hahaha ! C'est peine perdu ! Tu ne pourras jamais surpasser sa magie ! »

L'homme de main profita que son adversaire soit sans défense pour lui porter une attaque à la tête.
Sa lame passe tout près mais ne réussit pas à atteindre le cou de Zack, ce dernier semblait de nouveau avoir emprise sur son épée.
Fonçant tête baissé, Tristan avança sur le jeune homme en brandissant sa hache, laissant ses flancs complètement à découvert.
Il n'en fallait pas plus à Zack pour saisir l'opportunité au vol et manipuler son épée pour atteindre la hanche du manieur de hache... en vain.
Son arme, à défaut de s'arrêter complètement cette fois, ralentit à tel point qu'il avait l'impression que l'air était devenu plus épais que de la mélasse.
La garde de Zack était totalement ouverte, les rôles s'étant inversé.

« Lâche moi ! »

Zack lâcha son épée sans réfléchir et réussit à esquiver le coup de hache, sauvant son bras droit.
Tristan n'eut pas le temps de lancer un nouvel assaut que Zack lui donna une bourrade d'un coup d' épaule qui le fit reculer de deux pas.
Le jeune homme en profita pour ramasser son épée.

Tristan : « Tu ne manque pas de ressource pour un vaurien. »

Zack reprit son souffle.
La perspective de finir manchot étant repoussé à plus tard, il lui fallait rapidement comprendre pourquoi il n'arrivait pas à atteindre son adversaire.

« Je ne peux rien contre la magie. »
Zack (intérieurement) : « Quelle magie ? »
« Sa magie à elle. »

Comme si l'épée guidait ses yeux, le regard de Zack se posa sur une petite silhouette se trouvant derrière Tristan, un peu en retrait.
C'était une toute petite personne, pas plus haute qu'un enfant, de la taille de Salie en fait, coiffé d'un grand chapeau pointu qui lui tombait presque entièrement sur le visage, tenant dans ses mains une sorte de petit cadran à aiguille.

Zack : « Une... Xélor ? »
Tristan (affichant un grand sourire) : « Et une Xélor des plus compétente. Elle est capable de figer complètement un Trooll enragé... (se mettant en garde) Et tu n'as rien d'un Trooll enragé ! »

Tristan bondit à l'assaut de Zack, sa hache prête à s'abattre.
Une attaque frontale des plus simple à éviter mais alors que son esprit se voyait déjà esquiver d'un pas sur le côté, ses jambes refusaient de bouger.
C'était pire que lorsqu'il eut ces pertes de contrôle, cette fois, il n'y avait que lui qui se déplaçait au ralentit, et Tristan était déjà sur lui.
Au dernier moment, son épée se dressa en travers du chemin que prenait la hache vers sa poitrine, parant le coup.
Zack n'aurait put dire si c'était lui qui avait fait bouger son arme, ou celle ci qui s'était interposer d'elle même, ce qui était d'autant plus troublant.

Tristan : « Ce n'est pas fini ! »

A peine la hache avait elle rebondit sur le fer de sa grande épée, que l'homme de main l'attaqua à nouveau.
La hanche de l'épéiste était prise pour cible, et s'il s'était fait surprendre par l'immobilité de ses jambes dans un premier temps, Zack tenta cette fois de remuer chaque muscle de son corps pour tenter de parer ou éviter le prochain coup.
Un horrible frisson lui parcouru l'échine lorsqu'il ne parvint pas à bouger ne serait ce que le petit doigt.
Il était cette fois complètement figé, à la merci de Tristan qui allait lui enfoncer sa hache dans le ventre.


***


Depuis l'entrée, Sarah qui venait d'assister à l'explosion du balcon, se dirigeait aussitôt vers les cendres et débris qui tombaient dans l'espoir de trouver son amie mais fut interrompue dans son élan par un inquiétant ennemi.
Il apparu subitement devant elle, tentant de l'attraper à la gorge, ce qu'elle réussi à éviter.
Elle dégaina une paire de dague et s'apprêta à riposter.

Elle était face à un homme qui ressemblait d'avantage à une bête qu'à un humain.
Il se tenait accroupi, presque à quatre patte et la regardait avec des yeux fous.
Il avait un bandeau troué attaché sur la tête, d'où s'échappait des touffes de cheveux rouge.
Ses vêtements n'étaient d'ailleurs que des haillons, usé par le temps et sûrement aussi par les combats et il portait même une espèce de collier à pointe autour du cou, comme s'il était vraiment considéré comme un animal.
Un monstrueux sourire se dessinait sur son visage couvert de cicatrice, laissant apparaître des dents taillés en pointes comme celles d'un Mulou.
Il se mit à humer l'air en direction de Sarah avant d'émettre une sorte de rire, si tant est qu'on puisse le qualifier ainsi.
Il semblait haleter, et entre chaque inspiration, des mots murmurés dans un souffle s'échappaient de sa gorge et la Sram mit quelques secondes avant d'en comprendre la significations.
Il répétait sans cesse « femme », « chair », « sang » et « tuer ».

??? « C'est pourtant pas ton genre de te laisser distraire par ce genre de bizarrerie , Sarah. »

La disciple de Sram leva les yeux et aperçu une silhouette marcher dans sa direction, complètement emmitouflé dans une grande cape noire.
L'homme-bête se retourna vers le nouveau venu, le regard mauvais.

??? (aboyant presque) : « Ma... proie ! Femme ! Mienne ! Moi ! Femme.. Moi ! »

L'inconnu s'arrêta et resta immobile une fraction de seconde puis disparu.
Lorsqu'il fut de nouveau visible aux yeux de Sarah, il se tenait debout à côté de l'homme au collier à pointe, celui-ci étendu sur le sol, inconscient.

??? : « Il ne nous dérangera plus. »

Le regard de Sarah devint dur, semblable à celui d'une mère qui s'apprête à réprimander son enfant pour ses bêtises.

??? : « Quel regard sévère. Je suppose que ne m'en tirerais pas avec de simples excuses cette fois, n'est ce pas... Grande sœur. »

La Sram relâcha sa garde mais pas sa prise sur ses dagues.

Sarah : « J'avais trouvé ça étrange de ne pas te voir quand Nicholas nous est tombé dessus mais maintenant je comprend mieux. Tu ne t'es donc toujours pas décidé à tirer un trait sur cette vie méprisable... Colin ? »

La silhouette tira sa capuche en arrière.
Une tête d'Ecaflip au pelage si noir qu'il était difficile de distinguer où s'arrêtait ses habits et où commençait sa fourrure, apparue.
Ses grands yeux jaunes et brillant étaient braqué sur Sarah mais ils ne reflétaient ni colère, ni haine, encore moins du mépris ou de la peur.
C'était plutôt une espèce de soulagement, tout comme son petit sourire.

Colin : « Comment me suis je trahis ? »
Sarah : « C'est moi qui t'ai appris à te battre, je reconnaîtrais entre mille chacun de tes pas, en particulier cette technique dont tu es si fier. »
Colin : « Tu me connais trop bien, grande sœur. »
Sarah : « Ne te fiche pas de moi ! Je ne t'ai pas entraîné à te battre pour nuire aux autres ! »
Colin : « Tout ce que je fais, c'est avant tout pour le village, pour notre famille. »
Sarah : « C'est pour ça que je t'ai fait entrer dans le clan des Sérianes ! Pour que tu cesse de n'être qu'un simple chien ! »

Sarah s'emportait, cette discussion elle l'avait eu avec lui des centaines de fois.
Elle savait qu'il voulait bien faire, elle le savait pertinemment, mais il n'employait pas la bonne méthode.
Ce que voulait Colin s'était venir en aide à sa famille, au village des Brigandins tout entier, pour que plus personne n'ai à souffrir comme il avait souffert, comme Sarah et tout les autres avant eux avaient souffert.
Il avait commencé à truander à droite à gauche, mais Sarah fermait les yeux sur ses agissements au début, ce n'était que des petits larcins sans réelles gravité et elle espérait qu'il se calmerait vite mais ça n'avait fait qu'empirer.
Tout ce que voyait Colin, c'était combien allait rapporter son prochain coup, et envoyer tout le profit au village, pour qu'il puisse subsister, pour que les enfants aient de quoi manger, qu'ils puissent acheter des médicaments pour soigner les malades et les blessés, réparer ce qui étaient endommagé par les combats ou améliorer simplement leurs conditions de vie.
Sarah ne pouvait décemment pas lui demander de ne pas se « sacrifier » pour le village puisqu'elle même le faisait de son plein gré, mais les agissements de Colin commençaient à attirer l'attention d'autres brigands moins recommandable qui voyait en lui une concurrence déplaisante.
C'est quand elle le retrouva grièvement blessé et laissé presque pour mort sur le pas de sa porte qu'elle appuya son entrée chez les mercenaire du clan des Sérianes.
Elle pensait ainsi pouvoir faire en sorte de toujours garder un œil sur lui tout en lui laissant l'occasion de continuer à aider le village.
Mais il avait apparemment réussi à la tromper et à continuer ses coups dans l'ombre.
Pourtant, même s'il avait trahi sa confiance, même si pas un concours de circonstance il en était venu à faire souffrir ses amis, Sarah n'arrivait pas à lui en vouloir autant qu'elle le devrait.
C'était son petit frère.

Sarah (gardant son ton sec) : « Que compte tu faire à présent ? »
Colin : « Il me paie un million par tête. »
Sarah (se remettant en garde) : « Alors il faudra que tu prenne la mienne en premier, Colin. Tu pense en être capable ? »
Colin (haussant les épaules) : « Allons grande sœur, la donne n'a pas changé depuis la dernière fois (souriant) Je sais très bien que je n'ai aucune chance de te battre. »

Sarah se détendit, juste un peu.
Le temps pressait et ses amis étaient en train d'en découdre mais elle ne pouvait pas se permettre de faire le mauvais choix. »

Sarah : « J'ai une question. »
Colin : « Je t'écoute grande sœur. »
Sarah : « Comment Zack et Lili ont ils pu retrouver ta trace ? Tu as prit le Transporteur Brigandin, non ? Alors comment ont-ils fait pour te pister jusqu'ici ? »

Colin se mit à sourire de plus belle, avec cet air là, on lui donnait dix ans de moins et Sarah revoyait devant elle l'adorable chaton innocent d'antan.

Colin : « C'est moi qui ai demandé à Girle de retourner près du château. J'ai eu connaissance des derniers rapport de Bel' et je savais que si tu échappais à Nicholas, tu chercherais à retrouver cette fille. »

Cette fois, elle en avait la certitude et fut rassurée.
Bien qu'il soit un escroc prêt à tout, il était resté le Colin de son enfance, le Colin qui ne ferait jamais de mal à qui que ce soit intentionnellement, même si ces actions engendraient parfois le contraire.
Elle s'avança jusqu'à lui et l'étreignit tendrement dans ses bras.

Sarah : « Tu aurais put au moins dire qui tu étais à Girle, tu lui manque à elle aussi... Tu nous manque à tous... »
Colin : « Je ne voulais pas la mêler à mes affaires elle aussi. Et puis elle serait capable de se ranger de ton côté, j'ai bien assez d'une seule moralisatrice sur le dos. »

Elle le serra un peu plus fort contre elle avant de le relâcher.

Sarah : « Ne crois pas pour autant que je vais passer l'éponge cette fois ci. Tu vas nous aider à réparer tes bêtises. »
Colin : « J'ai pas vraiment le choix, si ? »
Sarah : « Effectivement, je ne te laisse pas le choix, et quand tout sera fini tu iras t'excuser auprès de chacun d'eux. »
Colin : « Oui, grande sœur. »
Sarah : « Va prêter main forte à Zack près de l'escalier, je vais aider Luna sur le balcon. »
Colin : « Et celui avec le Craqueleur ? »
Sarah (un demi sourire aux lèvres) : « Ne t'inquiète pas pour lui, même une armée ne pourrait pas en venir à bout. Fait attention à toi. »

Colin lui sourit et acquiesça avant de disparaître, imité par la disciple de Sram.
[hrp]Hephehep, où vous allez là ? La début de la suite, c'est plus haut. Ca c'est la deuxième partie de la suite. [/hrp]


Siska lâcha prise et évita de finir broyé sous les mains du monstre en reculant d'un bond.
Le Craqueleur enjamba son maître et se rua à l'assaut de l'humaine, balançant ses immense bras comme des massues, pulvérisant le sol à chaque coups.
Il était rapide mais la femme l'était encore bien plus et elle n'avait aucun mal à voir venir les attaque et les éviter.
Le Sadida tendit son bâton devant lui et frappa le sol d'un coup sec.
D'entre les dalles tout autour du géant jaillirent des ronces couvertes d'épines qui entravèrent aussitôt ses jambes et ses bras.
Ce dernier se débattait férocement mais les lianes naturelles se resserraient à chaque mouvement jusqu'à ce qu'il soit complètement immobilisé.
La blonde s'approcha du colosse en ricanant.

Siska : « C'est pour ça que malgré tes sermons j'adore faire équipe avec toi, Isaak. (levant les poing) Parce que je peux toujours m'en donner à cœur joie ! »

Elle frappa le Craqueleur au ventre.
Le coup en lui-même n'occasionna que très peu de dégât, éraflant à peine la surface du corps de pierre, mais la femme ne s'arrêta pas à cette unique attaque.
Elle donna un autre coup, puis un autre, et encore un autre, en fait, les mouvements de ses bras étaient si rapide qu'ils en devenaient presque invisible.
Le martèlement continu effritait le corps du monstre petit à petit, un trou se formant et s'agrandissant au fil des secondes.
Au milieu du tambourinement sourd et du nuage de poussière qui résultait de la désintégration de la roche, on pouvait entendre les ricanements de la dénommée Siska jusqu'à ce que finalement, il ne reste plus du Craqueleur que les bras et les jambes prient dans les ronces.
Il n'avait pas fallu plus de quelques secondes à la balafrée pour réduire le géant en petit tas de gravats.

Siska (soufflant sur l'un de ses poings pour en faire partir la poussière) : « Trop facile. »

La tatouée remarqua le regard imperturbable de son collègue scrutait quelque chose derrière elle.
Elle fit volte-face et regarda d'un air amusé son adversaire qui s'était relevé.

Siska : « Alors le petit bonhomme veut encore en découdre malgré la raclée qu'il vient de prendre ? Que c'est mignon, espérons que tu tienne un peu plus longtemps cette fois. »

L'Osamodas resta silencieux et se mit en garde.
Il y avait une bonne dizaine de mètre entre les deux adversaires et la tueuse de Craqueleur se demandait par quel côté il serait le plus amusant d'attaquer mais avant qu'elle ne se décide, l'Osamodas prit initiative et fit un rapide mouvement de la main droite.
Elle ne compris pas tout de suite la raison de ce geste jusqu'à ce que la poussière qui flottait entre elle et l'invocateur ne soit comme soufflé ou plutôt tranché.
Une lame d'air.
Siska n'avait pas encore bougé un muscle pour esquiver que quelque chose l'attrapa par les chevilles et la projeta au sol, face contre terre.
L'attaque passa a un bon mètre au dessus d'elle sans la toucher.

Siska (se relevant, furieuse) : « Non mais t'es malade ?! Tu pourrais prévenir quand tu fais un truc pareil Isaak ! »

Le Sadida sur qui elle venait d'éructer restait imperturbable et silencieux, figé comme une statue, ce qui lui donnait un air sinistre.

Siska (haussant les épaules en soupirant) : « M'enfin on va dire que je te dois une fière chandelle... (se retournant vers l'Osamodas) Et on dirait que je vais pouvoir m'amuser finalement. »

La blonde fit craquer ses phalanges et se mit en position comme au départ d'une course, face à son ennemi.

Siska : « Attention, ça va aller vite. »

Sa course fulgurante démarra sans prévenir et prit presque l'Osamodas au dépourvu tant elle était rapide.
Elle avait déjà couvert la moitié de la distance qui les séparait avant que son adversaire n'exécute son premier geste.
Une boule de lumière apparue sur le chemin de la sprinteuse et prit l'apparence d'un Bouftou qui se jeta immédiatement sur elle gueule ouverte.
Siska dévia sa course alors qu'une épaisse ronce brisa une dalle du sol et s'interposa entre les mâchoires de l'animal.
Le disciple des bêtes réagit aussitôt et deux autres invocations surgirent du néant pour stopper Siska.
Soutenue par son comparse, la balafré n'eut aucun mal à zigzaguer entre le Sanglier et le Prespic qui se retrouvèrent bloquer par deux énormes poupées.
L'Osamodas profita de la perte de vitesse de la coureuse lors de ses virages pour envoyer deux nouvelles lames à sa rencontre.
La première fut en partie stoppé par un arbre qui poussa subitement entre elle et sa cible mais la seconde attaque passa au travers le fauchant comme de l'herbe mais ne fit qu'effleurer Siska qui réussi à l'éviter de justesse.
C'était juste, beaucoup trop juste même, si elle n'avait pas pu compter sur ses jambes, sa tête roulerait sur le sol à l'heure qu'il est.
Il n'allait pas se laisser tuer gentiment cet Osamodas là, et il avait cette horripilante tactique qui consistait à rester hors de sa portée en se servant de ses bestioles comme bouclier, tout ce qu'elle détestait.
Elle serra les dents en contournant largement son adversaire pour trouver un meilleur angle d'attaque.
L'invocateur fit apparaître un fouet de lumière dans sa main et le fit tournoyer au dessus de sa tête.
Malgré la distance le fouet sembla d'étirer à l'infini quand il s'en servit sur les trois créatures qu'il venait d'appeler, celles-ci disparaissant dans une petite explosion scintillante.
De nouveau il lança son attaque tranchante, deux qui atteignirent les poupées d'Isaak les faisant exploser comme des baudruches et deux autres dans la direction de la balafrée.
Les deux attaques entaillèrent le sol soulevant un nuage de poussière bien avant de l'atteindre.
S'il pensait pouvoir lui boucher la vue seulement avec ça, il se fourrait les cornes dans l'œil, et elle allait d'ailleurs s'en servir pour s'approcher plus rapidement de lui sans qu'il la voit venir.
Siska bifurqua aussitôt et passa au travers de l'écran de poussière plutôt que de le contourner, foncer droit sur son ennemi était d'ailleurs plus dans sa nature que de lui tourner autour.
Elle sortit en trombe du nuage mais ce fut pour mieux se jeter dans le piège que lui tendait l'Osamodas.
A la place de celui-ci se dressait un demi-Craqueleur, formé qu'a partir du bassin qui levait ses bras pour l'aplatir.

Siska : « Ça ne marchera pas avec moi ! »

Il pouvait dresser autant de monstre de pierre qu'il voulait, elle les réduirait en miette de ses poings.
Elle freina à peine pour être à la bonne distance pour frapper mais le torse de roche éclata sans prévenir avant même qu'elle ne le touche.
D'un seul coup de poing, l'Osamodas passa au travers de sa propre invocation en la détruisant pour atteindre son ennemie, la prenant aussi bien par surprise qu'à contre-pied, et lui encastra son poing dans le ventre avant qu'elle ne puisse réagir.
Éjectée sur plusieurs mètres, la blonde atterrit en douceur sur une fleur géante qu'avait fait pousser son comparse pour la réceptionner.
Hors combat, Siska était tombée dans l'inconscience bien avant de toucher le sol.

Le Sadida resta muet, gardant cet air austère et inquiétant en s'avançant à la rencontre du vainqueur et le jeune invocateur pouvait sentir une menace oppressante émaner de lui.
Se préparant à faire à nouveau face à un terrible adversaire, l'issue de la bataille semblait devenir incertaine.


***


Sarah : « Luna ! Luna, est ce que tu m'entends ? »

Cherchant son amie au travers de la fumée, la disciple de Sram avait du mal à distinguer quoi que ce soit.
Les contours d'une silhouette se dessinèrent à travers les volutes du nuage.

Sarah (ne baissant pas sa garde) : « Luna c'est toi ? »

Sa prudence la sauva lorsque l'ombre lui fonça dessus sans prévenir et qu'une main jaillit de la fumée pour essayer de l'attraper à la gorge ce qu'elle réussit à éviter.
Ses deux coups de dague ne tranchèrent que le vide mais permit à Sarah de s'éloigner d'un pas de son mystérieux adversaire.
Petit à petit, la silhouette prit les formes d'une disciple de Pandawa à mesure que la fumée se dissipait, celle-ci affichant un petit sourire.

??? (se passant la langue sur les lèvres) : « Nyah, quelle chance, d'abord une jolie minette et maintenant une jolie voleuse. J'espère seulement que tu seras moins vulgaire que l'autre. »
Luna : « Qui est vulgaire, sale perverse ?! »

Se hissant sur le rebord du balcon, juste à côté de la Pandawa, Luna essaya de lui envoyer son pied dans la figure mais son ennemie bloqua sa jambe d'une seule main.
Sarah réagit immédiatement et lui sauta dessus, la disciple de la boisson esquiva le premier coup et interrompit le suivant en s'emparant du poignet de la Sram.
Les deux mains ainsi occupés, Sarah en profita pour lui porter un coup au ventre avec sa jambe mais sa tentative avorta lorsque son adversaire interposa la sienne dans la trajectoire.
Luna tenta sa chance en jetant une paire de cartes aiguisés sur la Pandawa, la jugeant désormais incapable de bouger dans cette position.
Malheureusement c'était sans compter sur la souplesse de cette dernière.
Tout en esquivant l'attaque, elle sauta d'un bon mètre en l'air, faisant perdre l'équilibre à l'Ecaflipette et portant un coup de pied à la Sram en pleine poitrine avant d'atterrir avec légèreté comme si de rien n'était.

??? (d'un ton amusé) : « Nyah, il faudra être plus que deux pour arriver à m'atteindre les filles. »
Sarah : « Luna ! Ca va ?! »

Malgré l'attaque, la disciple de Sram était déjà de nouveau sur pied et en garde.
Tant bien que mal, Luna se hissa à moitié sur le rebord, n'évitant une chute que grâce à ses griffes acérés.

Sarah : « Luna, laisse moi m'occuper d'elle, va plutôt aider les autres. »
Luna : « Fait attention à toi ! »

De la même façon qu'elle était monté, l'Ecaflipette se servit des décorations sur le mur pour redescendre, fonçant en direction de l'autel.

??? (avec un sourire moqueur) : Nyah; alors tu pense pouvoir gagner toute seule ? Ça me va, j'ai toujours adoré les tête à tête. »
Sarah : « Seule ? Pas tout à fait. »

Ici, l'ombre ne manquait pas, et la disciple de l'obscurité n'eut que l'embarras du choix pour se faire happer dans sa boule noire et se dédoubler une demi-douzaine de fois.
Ce fut au tour de Sarah d'avoir un sourire aux lèvres devant l'air étonné et déconfit de le Pandawa, lançant immédiatement l'assaut.

??? : « Nyah, c'est... c'est pas du jeu ! »

Arrivé au milieu de la salle, Luna allait à la rencontre de Julien qui se battait férocement contre un Sadida taillé comme un chêne.
Celui-ci entravait les mouvements et les attaques de l'Osamodas avec une multitude de liane et de ronces que son ami n'avait de cesse de trancher.
Chacun esquivant coup de bâton et de poing, c'était également une lutte d'invocateur, opposant les familiers de Julien aux poupées animés, aucun ne prenant vraiment l'ascendant sur l'autre.
L'Osamodas semblait s'être débarrassé de sa réticence à utiliser ses animaux en plein combat, il n'hésitait plus, invoquant coups sur coups Kira, Bémoth, Shiro et même Beryl dès que l'un d'eux disparaissait dans l'explosion d'une des poupées kamikazes adverses.
Un petit coup de patte s'imposait.
Deux cartes tranchantes pour deux grosses poupées qui éclatèrent comme des ballons, faisant réagir le Sadida qui riposta par une paire de ronce en direction de l'intruse qui s'invitait dans son duel, mais avec son côté droit à découvert à causes des deux Bloqueuses en moins, il n'en fallu pas plus pour que l'Osamodas saisisse l'opportunité au vol, se rapprochant à portée de poing de son ennemi.
Luna dépassa son ami qui reprenait l'avantage après avoir réussi à blesser son adversaire au flanc et poursuivit sa course.


***


Une douleur jaillit dans ses côtés mais ce n'était pas le coup de hache de Tristan.
Envoyé au tapis, Zack fut libéré de l'emprise de la magicienne du temps mais il eut un peu de mal à se relever.

Tristan : « Toi ! »

A côté de l'épéiste se dressait une silhouette toute de noire vêtue pourvue d'une tête d'Ecaflip au pelage tout aussi sombre, ce dernier lui adressant un petit sourire.

Colin : « Sarah m'envoie à la rescousse. »
Zack (se tenant les côtes) : « Heureux de l'entendre, j'ai eu un doute pendant une seconde. »
Colin : « Hé, fallait agir vite. »
Zack : « T'inquiète pas, je préfère ça à devenir cul de jatte. Fait attention, la Xélor derrière lui peux nous ralentir jusqu'à ce qu'on ne puisse plus bouger le petit doigt. »
Colin : « C'est donc elle qu'il va falloir éliminer en premier. »
Zack : « Je... »
Tristan (se ruant sur le duo) : « C'est pas fini la causette ?! On est pas dans un salon de thé ! »

Il donna un large coup circulaire mais l'Ecaflip avait déjà disparu et Zack ne put que parer, ralentit par la magie Xélorienne.
Arrivant sur sa gauche, Colin frappa l'homme à la hache dans les côtes et esquiva la riposte, puis le coup suivant, ne semblant pas affecter par la magie.
Tristan enrageait mais avait de la ressource, bataillant autant contre l'Ecaflip que contre Zack, l'un étant nettement plus rapide que l'autre dans ses mouvements.

Tristant (vociférant) : « Qu'est ce que tu fiche ?! T'es censé les immobiliser ! »
Colin (apparaissant juste devant l'homme de main) : « Hé pépé, c'est pas elle qui fait pas son boulot, c'est moi qui suit trop rapide. Bon, il est temps d'en finir. »

Comme un fantôme, l'Ecaflip disparu à nouveau.
Paniquée, car c'était bien la première fois qu'une victime de ses ralentissements restait aussi mobile, et se sachant prise pour cible, la disciple de Xélor fit apparaître en désespoir de cause un cadran de montre géant devant elle, les aiguilles de celui ci se mettant immédiatement à tourner dans le sens contraire à toute vitesse.
Sur la gauche, un pan de cape apparu l'espace d'une demi seconde et la magicienne concentra toute son énergie sur ce simple morceau de tissu.
Petit à petit, c'est tout le reste de son propriétaire qui fut prit dans la magie ralentissante, Colin se retrouvant prit au piège comme le fut Zack auparavant.

Colin (étonné et admiratif) : « Pas mal du tout. C'est la première fois que quelqu'un d'autre que ma sœur arrive à m'arrêter. Mais du coup... l'autre peux bouger comme il veut maintenant... »

Apparemment, la magicienne devait user de toute ses forces pour maintenir le matou noir dans cet état, laissant en contrepartie un Zack libre de ses mouvement qui prenait sa revanche sur son agresseur.

Colin : « … Et tu vas pas pouvoir éviter ça non plus. »

Avant qu'elle n'ai le temps de comprendre, une carte se planta profondément dans le bras de la Xélor, rompant sa concentration et l'effet de sa magie.
La seconde d'après, elle s'écroula inconsciente aux pieds de Colin.

Colin : « Merci pour le coup de patte. »
Luna : « De rien mais on en reparlera plus tard ! »


***


S'il avait le pouvoir de tuer d'un simple regard emplis de haine, il y a belle lurette que le vieil homme les aurait tous envoyé en enfer.
Tous, aussi bien la vermine qui se dressait en travers de sa route que ses propres hommes incapable de s'en débarrasser.

Amal : « Qu'ils aillent tous au diable ! Vous deux, allumez les flambeaux, on commence la cérémonie ! »

Deux des porteurs en toge ouvrirent leurs boules d'encens et en vidèrent le contenu dans les énormes portes-flammes qui s'embrasèrent aussitôt d'un feu bleuté.
Tandis qu'il effectuait la même opération avec les diffuseurs des deux autres porteurs, ceux ci disposait sur l'autel une dague toute en argent et finement gravé et dont une énorme boule siégeait au bout du pommeau, ainsi qu'un sceptre doré couvert d'inscription incompréhensible.
Amal se plaça devant l'autel et leva les bras au plafond, commençant à psalmodier à plein poumon le nom des grands Dragons, imité par les porteurs.

Lili s'arrêta de tabasser ses adversaire lorsque la voix du vieil homme retentit dans la salle, couvrant presque le bruit des combats.
Elle s'était retrouver prise à revers quand un nouveau bataillon déboula sur le balcon alors qu'elle n'avait pas encore fini de se débarrasser des archers.
Depuis tout à l'heure, elle avait même presque étaler le double mais ils ne cessaient d'arriver les un après les autres.
Sauf que là, elle ne pouvait plus s'amuser avec eux, un coup d'œil en contrebas lui suffit à comprendre que de toute façon, Zack, avec l'arrivée providentielle de ses amis, avait repris l'avantage.
Prise à partie avec un autre disciple de Sacrieur, elle se dégagea d'un coup de pied qui fit tomber son adversaire sur ses comparses, lui laissant assez de répit pour fixer sa cible.
Au point d'arrivé, elle bloquer le poignet de Zack qui portait un coup à celui avec qui elle venait d'échanger sa place.

Zack : « Lili ? »
Lili : « Plus le temps de s'occuper des sous-fifre, Zack ! On fonce ! »

Pas le temps de réfléchir non plus, l'épéiste emboîta le pas de la rouquine qui filait déjà vers le grand escalier, rejoint par Luna et l'Ecaflip noir.
Alors qu'il gravissait les marches quatre à quatre, Zack pouvait voir le vieil homme, cause de tout leurs malheurs, gesticuler comme un dément, une dague d'argent dans la main.
Sa voix récitait des psaumes qui rebondissait en écho sur les murs, emplissant la salle d'histoire sur un pouvoir accordé aux élus, de domination des êtres vivants et de sacrifice.
C'était donc ce qu'il prévoyait ? Sacrifier Eve pour obtenir un quelconque et obscur pouvoir ?
Ce fou n'en avait il pas déjà assez fait en lui prenant son grand-père ? Il voulait maintenant lui enlever ses amis ? Hors de question. Sa rage tourbillonnait dans son estomac comme un petit démon avide de vengeance en voyant le vieillard agiter dangereusement son arme au dessus d'Eve.

Lili : « On y arrivera pas ! Zack colle moi un pain ! J't'en amène un ! »

L'épéiste leva son poing et envoya une droite monstrueuse à la Sacrieuse, ou plutôt, au pauvre bonhomme qui avait prise sa place juste avant que son coup porte.
C'était un homme, à en juger par l'exclamation rauque qu'il poussa en se recevant le coup de la mâchoire, tout vêtu de blanc, l'un de ceux qui chantait avec le vieux fou.
A peine arrivé en haut, Lili envoya son poing au visage du fanatique en blanc le plus proche.

Eve : « Lili ! »
Lili : « Tenez bon mademoiselle ! »

La rouquine para le coup de bâton de l'un des hommes présent en faisant apparaître une épée de sang dans sa main et expédia son agresseur, José, par-dessus l'autel en deux coups de pied, avant de foncer directement sur Amal, l'attrapant à la gorge et le plaquant contre l'un des portes-flambeaux.

??? : « Il suffit, Lili ! »

Bien qu'ayant la ferme intention de passer son épée au travers du ventre de l'abominable vieillard, la disciple de Sacrieur interrompit son geste lorsque cette voix familière tonna dans son dos.
Lili se retourna vers l'homme qui n'avait pas bougé de sa place depuis le début, elle connaissait cette voix, bien sûr qu'elle l'avait reconnu mais elle ne pouvait se résoudre à y croire, braquant un regard totalement interdit vers la silhouette en blanc.
Celle ci tira lentement sa capuche en arrière, la vue de ce visage si familier qui apparaissait laissa la Sacrieuse prendre conscience de la pire des horreurs qu'elle n'aurait même jamais pu imaginer.

Lili : « M... Monsieur ?... Qu... Que faites vous... ici ? »

Lui lançant un regard sévère comme si elle venait de commettre une faute grave, le Baron Wyfderyl se dressait devant elle, le visage courroucé et méprisant.

Baron Wyfderyl (d'un ton sec) : « Lâche le ! »

Ce n'était pas possible, c'était complètement impensable, si bien qu'elle se mit à regarder l'adolescente sur l'autel puis l'homme à tour de rôle, comme pour être sûre que ses yeux n'étaient pas en train de la tromper.
Sa main se resserrant sur la gorge d'Amal, celui ci commençait à cracher et tousser, manquant d'air.

Baron Wyfderyl : « Lâche le maintenant ! »
Lili (d'une voix tremblante et incertaine, sous le choc) : « M... mais monsieur, ce... c'est votre fille ! »
??? : « Il t'a dit de lâcher le patron ! »

Ayant complètement relâché sa garde et trop abasourdie par la vérité, la Sacrieuse prit le coup de bâton en plein dans l'estomac, la violence du coup la projetant au sol, le souffle coupé.

Eve (en pleurs) : « Lili ! »

Reprenant son souffle, Amal se dirigea vers la rouquine qui était toujours à terre.

Amal : « Pauvre idiote ! A ton avis comment crois tu que nous avions réussi à la kidnapper malgré la surveillance du manoir ? Cela fait des années que le Baron et moi somme associés ! (lui donnant un coup de pied dans le ventre) Mais il a fallu que des enquiquineurs dans ton genre viennent mettre leurs nez dans nos affaire ! »
Baron Wyfderyl : « Amal ! Le rituel ! Qu'on en finisse ! »

Le vieil homme lança un regard noir au Baron qui le soutint sans broncher.
Ce dernier avait raison, il n'était pas l'heure de s'adonner à la colère, il fallait accomplir le sacrifice au plus vite, mais il ne pouvait pas laisser passer ça.
Amal attrapa l'arme de celui qui avait frapper la Sacrieuse et fracassa le bâton contre le tête de la rouquine, l'envoyant dévaler les marches.

Eve : « Lili ! Non ! »
Amal (vociférant à l'attention de ceux qui montait) : « C'est trop tard ! Vous arrivez trop tard ! »

Il ramassa la dague d'argent qu'il avait laissé tomber et entama le dernier cantique sur le sacrifice.
Zack rattrapa la Sacrieuse qui dégringolait, il maudissait intérieurement le nom de ce vieux fou, il prit une seconde pour installer son amie mal en point sur les marches et allait reprendre son ascension quand il fut soudain interrompu.
Malgré le coup à la tête et le sang qui s'écoulait de sa blessure, Lili n'était pas inconsciente et l'avait attrapé par le bras.

Zack : « Lili, lâche moi, il faut vit... »
Amal (hurlant à plein poumon comme un illuminé) : « Ô Dieux ! Accepter mon offrande ! Que le cœur de cette enfant apaise votre soif et accordez moi votre pouvoir ! »
Eve (terrorisée) : « Papa ! Papa, non ! Lili ! »
Lili : « Pardonne moi Zack... je ne pourrais pas... tenir ma promesse... (devenant lumineuse, souriante) Prend soin d'elle. »
Zack : « Lili, qu'est ce que tu fais ?! Arrêt... »

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que l'adolescente en larme apparut dans ses bras.
Relevant la tête, l'épéiste aperçu le vieillard abattre sa dague au même moment.

Zack : « LILI ! »




(A suivre)
[hrp] Voici la suite avec un premier essai sur ce qu'on va appeler la "lecture interactive". J'espère que cela va vous plaire. ^^ [/hrp]



L'éveil


Il n'entendait plus rien, ses oreilles étaient devenues sourdes, sourdes aux cris de rage du vieillard, sourdes aux pleurs de l'adolescente dans ses bras, sourdes à l'appel de ses amis, sourdes à sa propre voix qui hurlait le prénom de celle qui venait de se sacrifier.
Les battements de son cœur qui résonnaient comme des tambours géants couvraient tout les autres sons.
Zack se sentait prit d'un malaise effroyable qui lui tordait l'estomac et lui donnait l'impression de cuire de l'intérieur. Son sang, sa peau et ses yeux le brûlaient alors qu'au contraire son cœur était comme gelé dans sa poitrine.
Au milieu des percussions de son palpitant quelque chose murmurait, à peine audible au départ, puis de plus en plus fort comme le grondement du tonnerre qui se rapproche.

Luna : « Zack ! »

L'Ecaflipette était penché sur lui, le tenant par les épaules.
Il n'arrivait pas à comprendre ce qu'elle disait, ses lèvres remuaient mais le son de sa voix ne lui parvenait pas.
Derrière elle, Zack aperçut les fanatiques enlever le corps de son amie et le jeter à terre comme un déchet.
Quand il croisa le regard sans vie de Lili, ce fut comme si on venait de lui fracasser le crâne avec une pierre, une douleur inimaginable tourbillonnant dans sa tête, et par dessus, cette voix rauque et moqueuse qui ne cessait de répéter des ignominies.

« Elle est morte, comme ton grand-père. Tu n'as pas sût la protéger. Tu es faible. Elle est morte par ta faute, tu l'as tué. »

Il essayait de lutter contre cette vérité qui lui crevait les tympans et le cœur mais il n'arrivait pas à se mentir à lui-même. S'il avait été plus fort, ce drame ne se serait jamais produit, s'il avait été plus fort Lili ne serait pas morte, s'il avait été plus fort son grand-père serait toujours en vie.
Zack avait l'impression que ses sens devenaient de plus en plus engourdis, ses oreilles ne fonctionnaient déjà plus et son sens du toucher s'endormait au fil des secondes, sa vue se brouillait et il était à bout de souffle comme s'il avait couru pendant des heures.

Zack (lui tendant l'adolescente) : « Luna... prend... prend la... »

Il parlait sans entendre le son de sa propre voix et n'était pas sûr que l'Ecaflipette le comprenne mais ce dont il était certain c'est que lui n'était pas dans son état normal.

Eve : « Zack ! »
Luna : « Zack, qu'est ce qu... »
Zack : « Prend la et va-t-en ! Éloigne toi de moi ! »

La disciple d'Ecaflip fut choqué, autant par l'agressivité avec laquelle il lui avait parlé mais aussi à cause de ce qui arrivait au corps de Zack.
Des marques noires, qu'elle n'avait pas remarqué jusque là, étaient en train de bouger sur sa peau, ondulant comme si elles étaient devenues vivantes.
Avec Eve dans les bras, Luna hésita à reculer, quelque chose était en train d'arriver à Zack et elle ne pouvait se résoudre à l'abandonner.

Zack (d'une voix rauque inhabituelle) : « Dégage Luna ! »
Amal (éructant de rage) : « Attrapez moi ce sac à puce et ramenez la fille ! »

Deux hommes en toge et José dévalèrent les escaliers, armes au poings.
Colin en bloqua un mais pas les deux autres.

Colin : « Luna met toi à l'abri ! »

L'Ecaflipette n'eut d'autre choix que de laisser Zack pour battre en retraite, ce dernier se tenant la tête d'une main en grimaçant de douleur.


Zack ouvrit les yeux.
Tout était blanc autour de lui, il n'y avait pas de mur, pas de plafond ni de sol, il se tenait debout au milieu de rien.
Il regarda autour de lui jusqu'à apercevoir la grande épée noire qu'il avait acheté à Astrub, planté dans ce même rien à quelques mètres de lui.

« Il est temps maintenant. »
Zack : « Il est temps ? Qu'est ce que tu veux dire au juste ? »
« Il est temps pour toi de passer la main. »

L'épéiste avait l'impression d'avoir déjà été ici, dans ce vide lumineux, cela lui rappelait la fois où il avait failli mourir empoisonné dans la forêt.

Zack : « Je... je vais mourir ? »

Un rire étrange retentit autour de lui, ce n'était pas un seul rire d'ailleurs, ils étaient plusieurs et se mélangeaient, gras, juvénile, gutturale, ça venait de partout à la fois comme s'il était au milieu d'une foule.

« Vous les humains êtes vraiment naïf, vous gobez vraiment tout ce qu'on vous dit. »
Zack : « Qu'est ce que tu veux dire à la fin ?! Pourquoi ça n'est jamais clair avec toi ? »

Le jeune homme s'avança et empoigna l'épée pour la soulever sans y parvenir, elle ne bougea pas d'un poil.

« Que je sois plus clair ? D'accord, je vais même être lumineux... Tu es à moi. »

A ces mots, des lianes noires jaillirent de la lame de l'épée et s'enroulèrent autour de l'avant bras de Zack.

Zack : « Qu'est ce que.. ! »
« Les épées ne mentent pas... tu ne peux fuir tes instincts... Quelle blague, y a bien que les humains pour être aussi stupide. »
Zack : « Lâ... lâche moi ! »

La voix de l'épée avait perdu tout le flegme et la sagesse qu'elle avait jusque là, retentissant désormais comme narquoise et moqueuse.
Il avait beau se débattre, les lianes se resserraient autour de son bras tandis que d'autres surgirent pour l'attraper à la taille et aux jambes.

« C'est moi que tu ne peux pas fuir, désormais ton corps est mien ! »

Zack était attiré vers la lame noire de son épée, si noire qu'au milieu de se vide lumineux elle ressemblait à une porte vers les ténèbres.
Une main d'ébène jaillit de ce néant et attrapa sa main libre, le tirant irrésistiblement vers ce trou de noirceur qui venait de se percer de deux trous blanc, lui rappelant les yeux des fantômes qu'il avait combattu au cimetière avec Eve.

« Enfin le moment est venu... Je vais pouvoir sortir, et toi tu vas rester au fond, tout au fond, à jamais. »

Il ne pouvait pas lutter, immanquablement il était attiré vers cette épée dont la voix ricanait en écho autour de lui et Zack tomba dans les ténèbres.

***

Ça n'allait pas, ça n'allait vraiment pas.
Son cœur battait la chamade et elle avait une boule au creux de l'estomac, un malaise grandissant en elle pire que tout ce qui s'était passé jusqu'à maintenant.
Pire que d'avoir été enlevé, pire que de servir de sacrifice, pire que de savoir que son propre père était l'un des instigateurs de tout ça, et pire encore que la mort de celle qui avait toujours été là pour elle.
Cela n'avait duré qu'un instant, une seconde peut être, le temps de croiser son regard mais ce qu'elle y aperçut la glaça presque d'effroi.
Dans les yeux de Zack, Eve y avait vu quelque chose d'indéfinissablement noir, quelque chose qui l'avait emporté dans un tourbillon de ténèbres, quelque chose qui n'était pas humain.
Elle ne savait pas ce que c'était, ni pourquoi elle avait vu ça dans ses yeux alors qu'elle avait déjà lu en lui auparavant mais sa seule certitude c'est qu'ils étaient tous en danger.
Pas à cause d'Amal, mais à cause de Zack.

Un cri retentit dans le dos de Luna et malgré l'ordre de fuir que lui avait intimé son ami, elle s'arrêta et sa respiration fit de même quand elle se retourna.
Un homme, l'un des poursuivants que Colin n'avait pas réussi à arrêter sans doute, avait planté son épée dans la poitrine de Zack mais ce n'était pas ça qui la pétrifiait, ce n'était pas non plus la pointe de l'épée qui lui ressortait dans le dos, non, ce qui lui faisait écarquiller les yeux c'était lui, Zack, le corps de Zack... changeait.
Des sons étranges identique à des craquements secs provenaient de lui, un bruit d'os et de cartilage, comme si son ossature se modifiait.
Que pouvait il se passer, Luna ne comprenait pas.

Eve (la voix tremblante) : « Zack... ce n'est plus Zack... »
Luna (baissant les yeux sur l'adolescente) : « Ce n'est plus Zack ? Qu'est ce que tu veux dire ? »
Eve : « Quelque chose... le dévore... »
Luna : « Quoi ? Qu'est ce que tu raconte ?! (relevant la tête) Zack ! ZACK ! »

L'intéressé tourna lentement la tête vers Luna et le cœur de l'Ecaflipette failli manquer un battement.
C'était comme dans un mauvais rêve, quand on est poursuivit par un monstre et qu'on n'arrive pas à se réveiller et quand on parvient enfin à lui échapper, il apparaît juste devant nous.
Le monstre venait d'apparaître devant elle et il avait les traits de son ami.
Les yeux de Zack étaient blanc, ses pupilles avaient complètement disparues mais son front était fendu d'un troisième œil rougeoyant qui la fixait.
Sa bouche se déforma d'un sourire démoniaque et Zack se mit à rire.
Il riait tel un dément, comme s'il avait perdu la tête, tandis que son corps gonflait et se transformait.

Une véritable vision d'horreur.
Le sang qui s'échappait de sa blessure à la poitrine se changeait en mélasse noire et engluait la lame de l'épée qui le transperçait, empêchant son propriétaire de la retirer.
Zack attrapa son assaillant par la tête, sa main était devenue si grosse que le visage de ce dernier pouvait tenir dedans, et le souleva avant de le balancer contre les marches qui cédèrent sous la violence du choc dans un craquement d'os.
Sous le regard impuissant de Luna, la silhouette de son ami enflait jusqu'à devenir deux fois plus haute et large que celle de Ganz le fermier, l'épée plantée dans sa poitrine rapetissait comme si elle était absorbée par le liquide épais qui coulait dessus, celui ci se répandant également sur le reste de son corps.
C'était comme si quelque chose sortait de lui pour le dévorer de l'extérieur, exactement comme l'avait dit l'adolescente.
Et il continuait de rire, pendant que son corps se faisait engloutir par cette chose, il riait comme un fou, d'un rire insupportable qui terrifiait l'Ecaflipette, un rire qui ne pouvait définitivement pas être humain.

Plus personne ne bougeait dans la grande salle.
Le rire à glacer le sang qui résonnait fit stopper les derniers combats et un malaise indescriptible s'empara de tout les témoins, même le vieillard haineux ne hurlait plus de rage depuis le sommet de l'autel.
Certains étaient crispé sur la poignée de leur arme, d'autres avaient les genoux qui flanchaient, les cœurs battaient à tout rompre dans les poitrines et presque tous avaient l'impression d'être les spectateurs de quelque chose qui les mènerait à une fin inéluctable, et pourtant aucun ne bougeait, les éclats de rire se répercutait jusque dans leurs tripes, jusque dans leurs os, les figeant sur place.

Une explosion noire se produisit cependant rien ne fut détruit, c'était plutôt comme un souffle qui propagea une étrange fumée dans l'immense salle, une fumée froide qui n'avait pas d'odeur, un vent de ténèbres.
Puis le monstre naquit.
Se tenant debout sur des jambes qui ressemblait désormais aux membres postérieur d'un animal, chacune des articulations se prolongeait d'une lame d'épée identique à celles qui parsemaient son dos voûté.
Le haut de son corps était recouvert d'une fourrure qui accentuait d'avantage l'impression qu'une bête venue de l'enfer était apparu.
Son visage avait gardé des traits humains malgré les deux cornes de métal qui lui sortaient des tempes et le troisième œil sur son front qui toisait les incrédules.
Il sourit devant cette assemblée de mortels figés, découvrant des dents taillées en pointe bien plus nombreuses qu'une dentition humaine.
La chose s'esclaffa d'un rire emprunt de folie.

De tout les témoins, il en fut un qui surmonta sa peur ou sa stupeur, reprenant un semblant de courage et qui fit un pas en avant.

Amal : « T... Tristan ! Bon à rien ! Qu'est ce que tu as attends pour agir ! Débarrasse moi de ce truc et récupère la fille ! »

D'aucun ne saurait dire le sentiment qui avait réussi à surpasser la terreur instillé par la vue du monstre dans le cœur du vieillard mais l'effet de son intervention sembla libérer les autres, comme un signal qui les sortit de leur catatonie.
Le bras droit d'Amal se trouvait sur le second balcon où la Sacrieuse l'avait téléporté un peu plus tôt.
A l'appel de son maître, lui aussi retrouva son courage, ou tout du moins, son obéissance.

Tristan : « Crâ ! Feu à volonté sur le monstre ! Que tout les magiciens encore valide fasse de même ! Les autres avec moi, on récupère la prisonnière ! »

Sa voix tonna avec force et puissance et eu plus d'effet que celle de son maître, ralliant presque tous les mercenaires à lui.
Tandis qu'il empruntait la porte du balcon, les archers et les magiciens tiraient déjà leurs sorts et leurs flèches en rafale sur la bête.

Luna : « Zack ! »
Colin : « Luna, décampe ! On va se faire tirer comme des Wabbits si on reste là ! »

Apparaissant comme par magie à côté d'elle, l'Ecaflip noir l'attrapa par le poignet de l'entraîna avec lui.
Sa présence d'esprit les mirent en sécurité hors de portée des explosions magiques car les hommes de Tristan n'y allait pas de main morte.
Le monstre était littéralement bombardé de tout les côtés par les Crâ du balcon de droite et le groupe de Féca situé sur la gauche de l'autel ceux là même qui protégeait leurs collègues mercenaires au début.
Les éclairs de magie et le bruit des explosions eurent tôt fait de faire disparaître le son de cet horrible rire, était il déjà mort ? Aucun d'eux n'avait l'intention de s'arrêter pour vérifier.

Au milieu de tout ça, Julien ne savait pas quoi faire, il faisait toujours face au Sadida qui malgré les évènements n'avait pas bougé d'un pouce.
Bien que leur combat fut interrompu, l'Osamodas se doutait qu'il ne le laisserait pas rejoindre Luna sans broncher et attendait un mouvement de sa part pour engager de nouveau les hostilités.

Sarah : « Besoin d'un coup de main ? »

La Sram venait de surgir de nulle part ce qui ne manqua pas de faire bondir le cœur de l'invocateur.

Julien : « Sarah ! »
Sarah : « Il faut faire vite, Colin et Luna sont déjà encerclé. »

Derrière le Sadida, les deux Ecaflips et l'adolescente étaient aux prises avec un groupe de mercenaire mené par Tristan qui leur coupait toute retraite.

Sarah : « Tu prend à gauche, moi je... »
??? : « NE VOUS FOUTEZ PAS DE MOI, BANDE D'INSECTE ! »

Une voix grave et rauque éclata comme le tonnerre depuis l'endroit où toutes les attaques magiques se concentrait, suivit d'une onde de choc qui fit exploser l'ensemble des projectiles tirés.
Descendant les marches d'un pas lourd, le monstre ne semblait pas avoir subit la moindre blessure, l'œil de son front toisant furieusement toutes les personnes devant lui.

??? : « VOUS CROYEZ VRAIMENT... (sa voix forte retentissait comme s'il ne pouvait que crier) QUE DES LARVES D'HUMAINS... PEUVENT ME BLESSER ? »
Tristan (bataillant contre Colin) : « Ne vous arrêtez pas ! Tirez ! »
??? : « SAVEZ VOUS... QUI JE SUIS ?! »

Obéissant à leur supérieur et ignorant la voix en colère de la bête, les Crâs décochèrent de nouveau leurs flèches, ils faisaient mouche à chaque tir, les Fécas également mais pas une égratignure n'apparaissait sur son corps.
Rien n'y faisait, la chose inhumaine descendait inexorablement les marches de l'autel.

??? : « JE SUIS... VOTRE CAUCHEMAR... JE SUIS VOTRE MORT... JE SUIS... »

Il se pencha en avant et bondit d'un saut extraordinaire qui le fit atterrir entre Colin et Tristan qui durent tout deux esquiver pour ne pas finir écraser sous les pattes du monstre.
Les archers arrêtèrent de tirer de peur de toucher leur chef tandis que l'œil impitoyable fixait les mercenaires de haine.

??? : « JE SUIS UN SHUSHU ! »
Tristan (se redressant immédiatement) : « A... A l'attaque ! Tuez le ! »

Tel la souris acculé par le chat, les mercenaires firent preuve de cette rage, de cet instinct de survie qui pousse le gibier à attaquer le prédateur et aucun n'hésita à suivre leur chef qui se jetait sur le monstre tandis que Colin et Luna préférait reculer, profitant de l'opportunité.
Lentement, alors même que des dizaines d'assaillants se ruait sur lui, celui qui se prétendait Shushu leva ses bras et saisit à pleine main plusieurs lames qui sortaient de son dos, les extirpant tandis que les premiers coups d'épées et de haches s'abattaient sur ses cuisses et ses hanches.
Aucun n'arriva à l'entailler, les armes se brisèrent ou se fendirent produisant un son caractéristique comme lorsqu'un forgeron frappe de son marteau sur une enclume.
Il y eu un moment de flottement, d'hésitation, d'incertitude de la part des mercenaires face à cette chose qu'ils ne parvenaient pas à blesser.

??? : « A mon tour maintenant. »

Et le démon ouvrit ses bras, projetant la mort à travers toute la salle.
[hrp] Encore une fois, il faut remonter un post plus haut, ceci est la 2ème partie de la suite.[/hrp]


Dans le futur, aucun des survivants ne rapportera les fait exact qui se déroulèrent dans les sous-sols du Sanctuaire, relayant les évènements de cette nuit là à guère plus que d'extravagantes rumeurs de taverne.
Comment auraient ils pût le faire ? Tout ce qui s'y déroula fut tellement irréel que certains douteront même d'avoir été présent.

Même s'ils avaient battu en retraite, les deux Ecaflips et l'adolescente étaient encore trop près.
Si Colin savait qu'il pourrait esquiver les projectiles sans problème grâce à sa vitesse, il était moins optimiste sur le cas de Luna qui portait toujours la jeune fille dans ses bras.
Sans réfléchir, il plaqua sa congénère au sol et se servit de son corps comme d'un bouclier, bien conscient que de cette façon il ne s'en sortirait peut être pas vivant.

Colin (en pensée) : « Et puis tu m'en voudrais si je les laissais mourir, hein grande sœur. »

Il ferma les yeux, résigné, un peu comme s'il acceptait d'avance son destin quel qu'il soit comme une pénitence pour ce qu'il avait fait. La conséquence de ses actes.

Les autres n'avaient guère qu'une seconde de plus pour réagir au mieux.
Le Sadida nommé Isaak fit pousser un arbre à ses pieds et de la combattante blonde toujours inconsciente pour se protéger et Julien fit de même en appelant à lui son Craqueleur tandis que Sarah se servirait de ses clones.
Qu'ils soient de bois ou de fer, tous ceux équipés d'un bouclier le levèrent pour parer les lames du Shushu qui se dispersaient dans toutes les directions.

La réaction des humains fut vaine, et le résultat absurde.
Il y eu un long silence, du moins quelques secondes qui semblèrent une petite éternité.
S'éleva alors le premier, puis les nombreux, très nombreux hurlement de douleur.


L'Osamodas était sous le choc.
Sarah, non, toutes les Sarah venaient de tomber en morceaux sous ses yeux.
Les lames avaient tout traversé. Les arbres, son golem, tout, sans s'arrêter, sans ralentir, comme si elles n'étaient qu'une illusion.
Julien voulu rejoindre les Srams mais s'écroula sur le sol tout comme son Craqueleur qui tomba en miette, sans comprendre.
Quelque chose de chaud se propageait le long de sa cuisse et remarqua que c'était son propre sang qui s'échappait d'une vilaine entaille.
Le simple fait de s'en rendre compte lui fit ressentir soudain une violente douleur, ce n'était pas grave au point de perdre sa jambe mais assez pour qu'il se vide de son sang s'il n'arrêtait pas l'hémorragie.
Seulement il n'y avait qu'une chose qui occupait son esprit.

Julien (désespéré) : « Sarah ! Sarah répond moi, je t'en prie ! »

L'Osamodas se traînait tant bien que mal, la gorge serrée à une idée qu'il ne voulait même pas envisager.
Il appela la Sram une nouvelle fois, les larmes lui montant aux yeux.
Pas possible, ce n'était pas possible qu'elle disparaisse, pas maintenant, pas après sa promesse à la prison.

Julien : « Sarah !! »
Sarah (atterrissant à côté de lui) : « Ouf, c'est pas passé loin. »
Julien : « Sarah ! Tu es vivante... »
Sarah (avec un petit sourire) : « Oui, j'ai eu de la chance. Heureusement que les filles ont eu la bonne idée de me catapulter en l'air quand elles ont vu les épées passer à travers les arbres du Sadida. »

La Sram se retourna avec une petite moue en direction d'Isaak qui gisait dans une marre de sang. Tous n'avait pas eu sa bonne étoile.

Julien (baissant la tête, laissant couler des larmes de soulagement) : « Osamodas soit loué... Tu es vivante... »

Elle s'accroupit et enlaça le jeune homme tout contre elle.

Sarah : « Tu m'as promis de me protéger et de me suivre jusqu'au bout du monde, tu te rappelle ? On en reparlera plus tard mais dis toi bien que je te ferais tenir ta promesse... (elle lança un sourire énigmatique à l'invocateur) Ca va ta jambe, tu pense pouvoir marcher ? »
Julien (reprenant un peu contenance) : « Ou... oui... Un garrot suffira dans l'immédiat... »
Sarah : « Je vais aider Luna et mon frère. Soigne ta jambe et rejoint nous dès que tu peux. »

La Sram se redressa et tourna les talons, courant en direction du couple d'Ecaflip.
Pendant sa cabriole aérienne qui lui fit esquiver l'attaque, elle avait eu tout le loisir d'assister au carnage provoqué par les lames.
Cela avait été pareil pour tout le monde. Les armes, les armures, les boucliers, tout ça n'avait servit à rien.
C'était horrible, monstrueux et finalement c'était même absurde, comme tirer un coup de canon pour abattre un moucheron.
Il y a eu les miraculés, ceux qui utilisèrent la magie pour se protéger et qui réussirent à stopper net les projectiles sans subir aucun dégât, les chanceux, ceux comme Julien qui s'en tirait avec de vilaine blessure mais rien de mortel, et il y avait eu les autres, comme le Sadida. Il y avait eu tellement « d'autres ».
Sarah ne savait que penser.
Ce démon, c'est ce démon qui était responsable de tout ça. Mais elle l'avait vu, comme Julien, ce démon c'était Zack.
Non, ce n'était pas lui, c'était ce monstre qui l'avait dévoré, ce Shushu, c'était lui le seul responsable.
Son ami, Zack, lui n'aurait jamais fait ça.
Elle voulait le croire, elle ne pouvait qu'y croire, parce que c'était son ami et parce qu'elle lui faisait confiance.

Sarah : « Colin ! »


Toujours à quatre pattes au dessus des filles, Colin ouvrit les yeux, étonné d'être toujours en vie et sans même avoir une seule égratignure.
Il faisait partit des miraculés.

Colin : « Comment... »

Il n'eut pas le loisir de terminer sa question en voyant l'expression de terreur sur le visage de Luna et de l'adolescente qui scrutait quelque chose derrière lui.
Apercevant du coin de l'œil la silhouette de la bête, Colin s'apprêtait à bondir.

Eve : « Ne bouge pas ! »

Comme un ordre indiscutable, le noiraud s'arrêta net dans son élan.
Le regard du monstre était braqué sur eux sans que ce dernier ne fasse non plus le moindre geste.

Eve (à bout de souffle) : « La magie... il ne peut... il ne peut rien contre... la magie... Je l'ai vu... »

Quand elle avait plongé son regard en Zack avant qu'il ne se transforme complètement, Eve avait vu quelque chose, quelque chose de bien précis, de clair et net. Malgré la terreur qu'elle avait ressentit à lire en lui à cet instant, des images apparurent où elle pouvait voir Zack frapper le bouclier d'un Féca sans parvenir à le briser, tout comme la bulle qui la retenait prisonnière sous la montagne.
Pourquoi ces images en particulier étaient elles apparu ?
Était ce une simple coïncidence ? Ou un message de Zack lui même ?
Elle ne le savait pas mais ce qu'elle avait vu était bien la vérité car aucune des lames du Shushu n'avait traversé le bouclier magique qu'elle érigea autour de ses amis.

Sarah : « Colin ! »

Colin se retourna pour apercevoir la Sram courir vers lui.
Sans prévenir et sans une seule seconde d'hésitation, le monstre tendit son index en direction de la jeune femme, projetant son ongle-lame.

Colin : « Grande sœur ! »
Luna : « Sarah ! »

La Sram ne s'était pas attendu à une réaction comme celle là.
Pas aussi rapide, pas aussi franche, pas de la part de son ami même s'il s'était transformé en démon.
Si elle en avait eu le temps, elle se serait maudite d'avoir été aussi naïve et imprudente mais il était trop tard pour éviter la lame.
Son élan, la vitesse du projectile, impossible d'esquiver dans ces conditions, elle n'eut à peine le temps que de penser à l'Osamodas qu'elle venait de laisser derrière avec tout ces mots qu'elle ne lui avait pas dit.

Eve : « Non ! »

L'adolescente n'avait pas eu d'hésitation non plus.
Du moment qu'elle avait pût voir la Sram, elle réussit à dresser une barrière magique in extremis, quelques centimètres avant que la lame ne s'enfonce dans la gorge de Sarah.
La brunette eut un horrible frisson tout en étant soulagée d'être encore en vie et n'osa plus faire un mouvement.

L'œil du monstre se braqua sur l'adolescente et le visage du Shushu se fendit encore de ce sourire dément.
Il leva les bras et abattit ses poings sur la bulle de protection comme un coup de marteau.
Eve eut un violent haut-le-cœur et se sentit vidée de ses forces en un instant, son bouclier disparaissant au même moment, maintenir la barrière pour encaisser l'attaque lui avait ponctionné toute son énergie.
Le Shushu éjecta l'Ecaflip noir d'un revers de main, l'envoyant bouler sur plusieurs mètres avant de se pencher sur l'adolescente et Luna.
Eve ferma les yeux, ne voulant pas risquer de plonger à nouveau dans ceux du démon.

??? : « Hukhukhuk... Des yeux d'oracle. Intéressant, je me demande quel goût ça à. »

Le visage qui avait les traits de Zack était si près que les filles pouvaient sentir le souffle chaud de sa respiration sur leur peau.
Elles tremblaient toutes les deux, d'affreux frissons glacés les parcourant tant le monstre leur instillait une peur profonde. Mais l'une d'elle rassembla tout le courage qui lui restait.

Luna : « Zack ! C... C'est plus drôle maintenant ! Arrête tout de suite sinon j... »
??? : « Shhhhh... (il posa son gros doigt sur les lèvres de l'Ecaflipette pour la faire taire) Je vais te tuer aussi, t'inquiète pas, mais plus tard... Avant ça... (il se mit soudain à respirer plus fort) Avant ça... je vais aller me bouffer un dragon. »

On aurait dit qu'il tremblait d'excitation, la paupière de l'œil sur son front vrillait et il sautillait presque en se dirigeant vers l'escalier menant à l'autel.
Arrivé au pied de celui ci, il se produisit une chose que personne n'aurait pût imaginer.
Le monstre se mit à chanter.
Le pas lourd de la bête sur les marches commença à faire vibrer les morceaux de métal noir planté dans le sol, les murs et les gens, et tandis que le Shushu fredonnait d'une grosse voix rauque, de ses lames s'élevait des petites voix aigu qui l'accompagnait dans une lugubre comptine.


(sur l'air de la version originale française : http://www.youtube.com/watch?v=64kmPHOQJRg )


(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames apportant la mort
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames assoiffées de sang
(Shushu) Tout les démons aiment le sang,
(Shushu) Ils adorent tous tuer gaiement,
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames apportant la mort
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames assoiffées de sang
(Shushu) Les ténèbres sont nos vêtements,
(Shushu) Et on adore montrer les dents,
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames apportant la mort
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames assoiffées de sang
(Shushu) On saute partout férocement,
(Shushu) Sur les parents et les enfants,
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames apportant la mort
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames assoiffées de sang
(Shushu) Trancher couper est amusant,
(Shushu) Votre mort arrive dans peu d'temps,
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames apportant la mort
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames assoiffées de sang
(Shushu) Sur le sol dans l'sang baignant,
(Shushu) On vous regarde agonisant,
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames apportant la mort
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames assoiffées de sang
(Shushu) Mourrez mourrez prenez vot' temps,
(Shushu) Inondez tout de votre sang,
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames apportant la mort
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames assoiffées de sang
(Shushu) Nous les Shushus sommes malfaisant,
(Shushu) Détruire la vie est not' passe-temps,
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames apportant la mort
(Lames) V'là des lames, v'là d'jolies lames, v'là des lames assoiffées de sang


Alors que la mélodie d'outre-tombe à glacer le sang résonnait dans la grande salle, les survivants ne pouvait assister qu'impuissant à l'ascension du monstre.
La plupart des mercenaires qui n'avait pas passé l'arme à gauche n'était plus vraiment ni en état de se battre, et pour les quelques exceptions, ni disposé à le faire dorénavant.
Tristan lui même aurait bien eu du mal à conduire un assaut vu l'état dans lequel il se trouvait.
Son épaule gauche et son flanc droit étaient profondément entaillé et sa hache s'était fendue en deux suite au passage d'un des projectiles en plein milieu.
D'ores et déjà, les premiers déserteurs s'éclipsaient.

Luna : « Petite !... E... Eve ! Te laisse pas aller ! »

La jeune fille respirait faiblement, pâle comme un linge.

Sarah : « Luna, comment va-t-elle ? »
Luna : « Je crois qu'elle est à bout de force. (lui tapotant la joue) Allez c'est pas le moment de s'endormir ! »

La Sram soutenait son frère mal en point mais toujours vivant.

Sarah (portant son regard sur le groupe de mercenaire décimé) : « Quel horreur... »
Luna (d'une voix chevrotante) : « Hé Sarah... c'est... c'était pas Zack ça hein... on l'a tous vu mais... c'est pas lui tout ça, n'est ce pas ? »

La brunette s'accroupit près de son amie et posa une main sur son épaule.
Cette dernière tremblait comme une feuille, des larmes s'accumulant au coin de ses yeux.

Luna : « Zack... Zack nous ferait jamais ça... Il est bête et gaffeur mais... c'est... c'est Zack. J'ai pas raison ? »
Sarah : « Oui, Luna... T'inquiète pas, on va trouver un moyen... »

L'Ecaflipette serrait les dents pendant que ses larmes coulaient le long de ses joues et tombaient sur le visage de l'adolescente sous elle.
Inutile de se voiler la face, vu la tournure des évènements il n'y avait rien qu'ils puissent faire.
Sarah le savait, Luna aussi.
Zack s'était transformé en démon, un démon puissant et cruel qui ne semblait même pas les reconnaître, et pour couronner le tout, rien ne semblait l'affecter ou le blesser.
La seule chose qui leur restait, c'était de le regarder gravir l'escalier de l'autel pendant qu'il interprétait sa chanson des enfers.

Eve : « Zack... »
Luna (s'essuyant le visage d'un revers de patte) : « H... hé, ça va mieux ? »
Eve (agrippant l'Ecaflipette) : « Zack ! Le... le dragon... Il faut l'empêcher ! »
Sarah : « Calme toi. Pour l'instant on ne peux rien faire, même pas l'approcher. »
Eve : « Non ! Vous ne comprenez pas ! Zack... Zack est toujours là ! C'est lui qui m'a dit pour la magie, il... il a fait tout ce qu'il pouvait pour nous protéger mais... (essayant de se lever) Mais si l'autre devient plus puissant, Zack ne pourra jamais revenir ! »
Luna : « Et qu'est ce que tu veux faire ! Si... si on s'approche, il va nous... »
Eve : « Non ! J'ai confiance en lui ! Zack est venu jusqu'ici pour me sauver, alors maintenant c'est à nous de lui venir en aide ! »
Luna : « Mais... »
Sarah : « De toute façon, c'est déjà trop tard... »

Eve et Luna regardèrent la Sram puis ce qu'elle fixait du regard.
En haut, le démon posait sa patte sur la dernière marche de l'autel en récitant le refrain des lames de sa grosse voix.
Il prit une grande inspiration et expira d'aise.

??? : « Haaaa... Rien ne vaut le chant du pays pour ouvrir l'appétit. »

Il enjamba le corps de Lili sans même lui accorder un regard et se dirigea vers la dragon blanc enchaîné derrière l'autel jusqu'à ce qu'un étrange petit bonhomme se dresse devant lui.

Amal : « Arrière démon ! Celui là n'est pas pour toi ! Recule ou tu mourras ! »

D'abord abasourdi, le Shushu fini par éclater de rire devant le vieil humain tout maigrichon qui osait lui tenir tête, arme à la main.
C'était tellement cocasse.
Comment imaginer que le plus faible et le plus décrépit de ces insectes proférerait de telles menaces, mieux encore, semblait vouloir en découdre avec un Shuhu.

??? : « Hooo mais je te reconnais, c'est contre toi que le gamin avait la haine. Sans toi je n'aurais pas pu sortir aussi vite. Pour te remercier je ne te tuerais... qu'en dernier, hukhukhuk. »
Amal : « Une sale engeance des enfers comme toi ne me fait pas peur ! Ce pouvoir est à moi ! Disparaît de ma vue, immonde vermine ! »
??? : « Finalement pas besoin de te remercier. »

On n'abuse pas de la gentillesse d'un démon surtout que les démons n'en on aucune, aussi ce démon là tendit sa main en direction du vieillard et projeta ses ongles aiguisés sur lui pour le déchiqueter... sans y parvenir.
Le visage du Shushu se déforma d'une grimace en voyant ses lames bloqués en pleine course.
Deux hommes se tenaient derrière le vieux barbu, et si l'un tremblait de la tête aux pieds, l'autre au contraire ne laissait rien paraître excepté un visage courroucé, ceux là également décidé à empêcher le futur festin du monstre.

??? : « Misérable humains... Ôtez vous de mon chemin ! »

Le Shushu tambourina de rage la barrière invisible avec ses poings sans arriver à la briser.
L'un des deux nouveaux importun semblait d'un tout autre acabit que celle aux yeux d'oracle.

Amal : « Ha ! Les alliances se resserrent dans l'adversité on dirait, Baron. »
Baron Wyfderyl : « Hors de question de tout perdre ici. (s'adressant au monstre) Vous feriez mieux de renoncer, démon. Je ne suis pas aussi faible que ma fille, vous ne ferez pas un pas de plus. »

Comment osaient ils ? Comment ces frêles et pathétiques humains osaient même effleurer l'idée de lui résister ? Impensable. Intolérable.
Il avait beau se déchaîner sur le bouclier, l'humain qui l'avait mit en place ne sourcillait même pas.
Ces nuisibles étaient bien fidèle à leur réputation, laissez leur un seul répit et ils trouveront l'orgueil de refuser de mourir.

Amal : « Résigne toi ! Tu ne passeras pas ! »
??? : « Moi peut être pas... »

Ils allaient voir ces sales humains ce qu'il en coûte de le sous-estimer.
Le Shushu fit volte-face et se pencha sur le corps de la Sacrieuse, glissant sa main griffue derrière sa nuque et la releva.
Cette femme lui plaisait.
Elle manipulait son propre sang pour en faire des armes, des épées de sang pour être précis, tout ce qu'il aimait, des lames et du sang. Et surtout elle avait la volonté de tuer ses ennemis sans hésitation, certes à ce moment c'était pour protéger quelqu'un mais c'est un défaut qu'il corrigerait.

??? : « Hukhukhuk... La prochaine fois il faudra frapper plus fort pour la tuer. »
Amal : « Que... »
??? (toisant le Baron) : « Je sens qu'on va bien s'amuser. Allez petite femme de sang, il est temps de devenir comme tes petites sœurs, une de mes lames de mort. »

Sous le regard incrédule des humains, le démon mordit les doigts de sa main libre, ses dents déchiquetant sa chair plus efficacement que les armes des mercenaires avant de placer sa main au dessus de la blessure que la Sacrieuse avait à la poitrine.
Des nombreuses entailles, la même mélasse qui avait recouvert Zack s'écoula en gouttes épaisses, celles ci s'insinuant dans le corps de la rouquine via sa plaie.
Un Shushu n'a pas besoin de grand chose pour corrompre un humain, quel que soit la façon ou le temps utilisé, ils y arrivaient toujours, la vie elle même leur facilitant la tâche le plus souvent.
Que leur hôte fusse-t-il simplement en vie était largement suffisant, et cette femme l'était encore.
Une minuscule, ridicule, microscopique étincelle de vie était encore là.
Même si son cœur avait été percé, même si celui ci avait arrêté de battre, que son sang ne circulait plus dans ses veines, que l'air ne gonflait plus ses poumons, son âme était encore ancré dans son corps, une âme folle de désir et d'amour, une âme sur le point de s'éteindre dont la volonté avait retardé jusque là son départ vers l'au delà, une âme que le Shushu pouvait souiller et faire sienne.

Le corps de Lili fut prit de violents tremblements, puis elle se mit soudain à hurler de douleur tandis que la mélasse débordait en gargouillant de la blessure et se répandait sur sa poitrine.
A mesure que le sang démoniaque se déployait, la voix de la Sacrieuse perdait son humanité tout comme son cœur, ses yeux devenaient vide d'expression, complètement blanc et presque la totalité de son buste fut recouvert par cette chose immonde.
Quand elle se tût, un battement sourd tonna depuis sa poitrine et de grosses veines apparurent sur toute la surface sombre, déclenchant du même temps la satisfaction du Shushu, il avait réussi.
Il lui caressa la tête tel un animal de compagnie.
Elle avait la respiration saccadé, à bout de souffle comme si elle avait du mal à respirer.

??? : « Comme tu es devenue belle. (retournant la rouquine face aux humains, lui chuchotant doucement à l'oreille) Allez ma petite lame de mort, tue les tous maintenant. »
Lili (d'un râle rauque) : « Graaaaaaah ! »

La démone qui venait de naître se jeta sur le bouclier magique, une expression de haine imprimé sur son visage et le frappa de toutes ses forces.
Cela n'eut aucun effet bien évidemment, ça lui avait même brisé plusieurs phalanges, mais elle ne s'arrêta pas, elle continua de taper sur la protection invisible, animée d'une rage plus grande encore que celle du Shushu.
Et plus elle fracassait ses poings contre ce mur inébranlable, plus sa nature de disciple de Sacrieur résonnait en elle décuplant sa puissance.
Si en temps normal la limite du corps d'un Sacrieur jugule ce gain de force, le pouvoir contre-nature du sang démoniaque rendait ce principe caduque, les os brisés se ressoudant au fur et à mesure.
Le Shushu se frottait le ventre d'impatience en se délectant du délicieux spectacle que lui offrait cette femme, elle dépassait de loin ses attentes les plus perverses, surtout maintenant que celui qui se disait le père de celle aux yeux d'oracle commençait à montrer des signes de fatigue.
Il avait beau l'avoir corrompu, elle était bien plus déchaînée que ce qu'il avait prévu.
Soudain le poignet de la Sacrieuse céda, laissant pendouiller mollement sa main dans le vide, ses coups étaient devenu si violent que son corps n'arrivait physiquement plus à le supporter.
Elle s'arrêta un instant, examinant le membre qu'elle ne contrôlait plus avant de se mettre à lacérer son poignet à pleine dent, stimulant le poison qui coulait dans ses veines, et fit de même avec l'autre.
Tandis que la mélasse bouillonnait autour de ses mains meurtries pour les régénérer, elle commanda au sang impie qui était désormais le sien, celui ci se dressant, s'étirant et prenant la forme d'une longue lame noire qui lui sortait de chaque poing.

??? (trépignant) : « Magnifique ! »

Oui, elle l'était.
Toute cette rage, cet acharnement et cette animosité réunis dans le seul but de tuer et massacrer. Une véritable beauté.
Armée de ces nouvelles excroissances, la démone rousse repartit à l'assaut de plus belle, son corps ne risquant plus de se briser désormais.

Une sueur froide descendit dans la nuque du Baron.
La furie de l'autre côté ne fatiguait pas et ses coups gagnait en intensité à chaque attaque, commençant à entamer sérieusement ses réserves d'énergie.

Baron Wyfderyl (d'un ton sarcastique) : « Il va peut être falloir reconsidérer la question, cher associé. »
Amal : « Peuh ! (s'adressant à son homme de main) Hé toi, l'inutile de service, tu es bien un Féca aussi non ? »
??? : « Ou... oui monsieur A. »
Amal : « Quand le bouclier du Baron disparaîtra, lance ton sort de protection absolue sur moi. Tu dois au moins être capable de ça non ? »
??? : « Oui monsieur ! »
Baron Wyfderyl : « Qu'avez vous en tête ? »
Amal : « Cette stupide folle cherche à se venger, se jeter sur moi sera la première chose qu'elle va faire une fois qu'elle aura le champ libre, et si elle ne peux pas me toucher cela me facilitera la tâche pour la tuer une deuxième fois. »
Baron Wyfderyl : « Vous pensez y arriver cette fois ? »
Amal (le regard mauvais) : « Une tête tranchée ne repousse pas même avec l'aide du démon, mais votre concours sera le bienvenu, Baron. Il nous restera toujours un monstre sur les bras après celle là. »
Baron Wyfderyl (serrant les dents) : « Préparez vous... Je suis à la limite. »

L'air commençait à se fendiller devant les trois hommes, l'acharnement de la possédée portait enfin ses fruits et le bouclier se brisait à l'image d'une boule de verre.
Après un ultime effort, il finit par exploser, provoquant un vacillement du Baron tandis que la Sacrieuse n'avait pas perdue une seconde pour se ruer en hurlant sur le trio.
Le sous-fifre exécuta les directives de son maître dans la seconde et lança son sort d'immunité sur le vieillard qui se mit à luire légèrement devenant pour ainsi dire complètement invulnérable.
Ainsi protégé, il se lança à la rencontre de la furie armé de sa pelle, prêt à l'accueillir comme il se devait mais cette dernière l'ignora totalement et le dépassa sans même faire attention à lui.

Amal : « Que !... »

La cible de la démone n'était autre que le père d'Eve lui même et elle se jeta sur lui lames en avant.
Réagissant au quart de tour en voyant la folle furieuse lui foncer dessus, le Baron Wyfderyl tendit sa main vers l'un des portes-flambeaux et y attira le feu au creux de celle ci sous la forme d'une boule qu'il envoya au visage de la Sacrieuse qui explosa immédiatement à son contact.
Disparaissant dans les flammes, on n'entendait que le hurlement de douleur inhumain de la rouquine.

Baron Wyfderyl (reprenant son souffle) : « D'après votre plan c'était à vous qu'elle devait s'en prendre ! »
Amal : « Cela aurait dût être le cas ! »
??? (s'étant avancé jusqu'à la hauteur du vieillard) : « Hukhukhuk... Toi t'as fait que la tuer, alors que lui il va voulu sacrifier sa protégée. Logique humaine, hukhukhuk. (tendant son index et son majeur) Hey ! Couché toi ! »

Deux petites lames jaillirent de ses doigts et allèrent se planter dans les pieds de l'homme de main du petit vieux.
Le disciple de Féca qui avait commencé à réciter une incantation de protection s'égosilla de douleur, interrompant son sortilège.

Amal : « Tu... tu ne peux rien contre moi ! Je suis invulnérable ! »
??? : « Hukhukhuk, moi aussi. Mais quand ton sort aura disparu, elle s'en donnera à cœur joie pour t'ouvrir en deux. »
Lili (d'une voix rauque) : « Raaaaaah ! »

Émergeant des flammes qui se dissipaient, la rouquine affichait une expression toujours plus haineuse sur son visage consumé par le feu.
Sa poitrine émit un autre de ces battements sourd et les veines se mirent à palpiter à la surface de la matière noire qui remontait le long de son cou pour finalement recouvrir la surface brûlé de son visage.
Ressemblant de plus en plus à son créateur, la Sacrieuse bondit sur le Baron pour lui trancher la tête.
Il leva son bras pour se protéger et alors que la lame allait entailler sa chair, elle s'arrêta net au contact.
Par précaution, le Baron Wyfderyl avait profité des quelques secondes que le sang démoniaque avait prit pour régénérer son hôte pour lancer sur lui même le sort de défense absolu, devenant temporairement tout aussi invulnérable que son associé.

??? : « Bon... moi j'vais bouffer. »
Amal : « Arrière ! »
Baron Wyfderyl : « Amal ! Débarrassez vous de celle là d'abord ! »

Il avait raison.
Tout à l'heure le démon n'avait pas été en mesure de franchir le bouclier lui même, si sa protégée mourrait alors le Baron n'aurait qu'à dresser une nouvelle barrière pour l'arrêter, ils devaient donc en finir rapidement.
Le vieillard profita qu'elle ne lui prêtait aucune attention pour se glisser derrière elle.
Tandis qu'il se protégeait des coups à l'aide de ses avants bras, l'associé du diamantaire récitait à mi-voix une incantation.
Quand il prononça le dernier mot, des inscriptions se dessinèrent dans la paume de ses mains et il attrapa aussitôt les poignets de la rouquine, déclenchant les deux glyphes qui immobilisèrent instantanément son agresseur.

Baron Wyfderyl : « Maintenant ! »

Ainsi immobilisée et exposée, elle allait subir la vengeance du maître de cérémonie et comprendre ce qu'il en coûtait de se mettre sur son chemin.
De toutes ses forces, il abattit sa pelle au niveau du cou de la Sacrieuse pour la faucher comme un épis de blé mais ce qui s'envola ne fut pas sa tête.
Au moment où l'arme toucha le sang noir, celle ci rebondit sous la violence du coup et sauta des mains de son propriétaire, un son semblable à l'entrechoquement de deux lames retentissant à cet instant.
A l'image de son créateur, la démone ne semblait pas pouvoir être blesser par une arme humaine.
Elle colla son pied dans le ventre du vieillard puisqu'il était à portée de jambe et l'envoya percuter l'autel de pierre, sans pour autant arriver lui infliger le moindre dommage, l'immunité étant toujours active.
Reportant son attention sur le Baron, une lutte de force s'engagea alors qu'elle essayait de lui attraper le cou et qu'il la tenait toujours par les poignets.
C'était peine perdue à vrai dire.
Elle ne mit pas longtemps avant d'arriver à enserrer la gorge de l'homme avec ses mains et lui faire mettre un genoux à terre. La force écrasante dont la rouquine faisait preuve ne pouvait pas se déployer pleinement sur sa victime tant que celle ci était encore bénéficiaire du sortilège de protection absolue mais ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne se dissipe et que la démone puisse enfin lui arracher la tête.

Les chaînes claquaient, misent à rude épreuve, tirés, secoués dans tout les sens mais rien n'y faisait.
Malgré tout ses efforts et sa fureur décuplé par l'apparition de cette engeance des enfers, le dragon blanc était cependant toujours fermement maintenu par ses entraves, renforcés par quelques magies à n'en pas douter.
Il était à la merci du Shushu qui se tenait maintenant juste devant lui.

??? : « Hukhukhuk... D'abord la puissance d'un dragon et ensuite des yeux d'oracle... Avec ça Rushu fera de moi son général. »

L'ambition dévorait le démon de la même façon qu'il s'apprêtait à engloutir la bête enchaînée.
Il ne regrettait pas d'avoir été scellé toutes ces années, ni sa transformation, il allait récupérer sa mise et avec des intérêts tout aussi monstrueux que lui.
Se penchant sur le dragon, le Shushu ouvrit sa bouche hérissé de beaucoup trop de dent, prêt à en faire son repas et s'approprier tout ses pouvoirs.

Soudain il s'arrêta.
Quelque chose... Quelque chose arrivait. Le monstre se redressa en regardant autour de lui.
L'air vibrait.
Non, en fait c'était toute la salle qui tremblait, un grattement léger qui devenait de plus en plus assourdissant se rapprochait à toute vitesse.
Tout à coup, le plafond explosa au dessus du démon.

??? : « ARRIERE SHUSHU ! »

Une voix gutturale tonna comme un coup de canon en même temps qu'une masse gigantesque émergea du nuage de poussière.

??? : « HUKHUKHUK ! ET VOILA LE DESSERT ! »

Devant les yeux désespérés des spectateurs qui se demandaient si la fin du monde ne se déroulaient pas en cet instant, un immense dragon rouge apparu et s'écrasa sur l'autel.

(A suivre)
Les Dragons, les Hommes et les Démons


Personne ne pouvait clairement distinguer ce qui se passait là haut.
L'énorme dragon deux fois trop grand pour l'autel avait enfoncé ses griffes dans la pierre comme dans du beurre pour rester perché et broyait la roche de ses mâchoires pour tenter de croquer le Shushu.
D'entre le fracas de la pierre et ses grognements féroces retentissait le rire macabre et fou du démon, jurant, maudissant et s'esclaffant, preuve que ce dernier échappait toujours à son prédateur, des volées de lames noires jaillissant en tout sens prenant pour cible la tête du dragon.

Certains mercenaires avaient déjà commencé à s'enfuir, laissant aux inconscients d'être les spectateurs de cette folie, et au diable la paie.
Il y en avait d'ailleurs tout un groupe, d'inconscients.
Une adolescente doté de pouvoirs étranges qui ne pouvait se résigner à fuir, pas sans essayer par tout les moyens d'empêcher certaines visions de s'accomplir et de sauver un ami cher à son cœur.
Une Ecaflip ne pouvant pas non plus abandonner celui qu'elle voulait revoir à tout prix.
Une ex-mercenaire qui était résolue désormais à ne plus jamais fuir même pour le bien de ses proches.
Un frère qui ne pouvait décemment pas abandonner sa chère sœur.
Un Osamodas qui avait fait la promesse de protéger ses précieux amis jusqu'à son dernier souffle.
Et il y en avait en encore toute une tripotée de ces inconscients, tous avec des raisons, bonnes ou mauvaises, qui les obligeait d'une certaine façon à être les témoins de ce combat dantesque.
Un combat invraisemblable même, tant la différence de gabarit entre les deux adversaires était importante, le plus petit tenant pourtant parfaitement tête au géant.
De gigantesques geysers de feu jaillissaient de la gueule du dragon, dissuadant quiconque de s'approcher, mais de toute façon quel fou aurait voulu s'approcher ?
Les seuls dont on ignorait s'ils étaient encore en vie était les personnes restés là haut.
Aucun Ecaflip, aussi parieur soit il, n'aurait misé sur leur survie. Que ce soit par les lames démoniaques ou par les crocs du dragon, si la roche de l'édifice offrait autant de résistance qu'une motte de beurre en plein soleil d'été, il n'y avait aucune chance pour qu'il y ait un survivant.
Tout à coup, le Shushu émergea d'un bond de la mer de feu que venait de lui cracher son adversaire et atterrit sur le dos de la bête rouge, essayant de planter ses lames au travers de ses écailles, sans succès.
Qu'à cela ne tienne, s'il ne pouvait traverser sa cuirasse, le démon décida qu'il le pourfendrait à l'endroit le moins résistant de son corps et commença à galoper le long de son échine vers la tête du dragon.
Se contorsionnant pour atteindre cette immonde bestiole qui grimpait, le dragon lança sur lui même son souffle ardent, son propre feu ne semblant pas avoir d'effet sur lui, ni sur le démon d'ailleurs.


Que c'était distrayant pour celui qui avait enfin gagné sa liberté.
Il n'aurait pas imaginé dans ses cauchemars les plus fou pouvoir se lâcher de la sorte.
Trancher, tuer, couper, détruire, éventrer sans distinction, c'était cela sa raison d'être.
Les humains sont si faible, il n'y avait bien qu'un dragon pour l'amuser à ce point, et l'excitation ne cessait de monter en lui, surtout qu'il pouvait mourir à chaque instant.
Les feux draconiques n'étaient pas un problème, après tout c'était l'une des choses qui lui avait donné la vie si on peut dire, par contre s'il se faisait croquer c'était la fin.
Il s'agrippa à l'une de ses cornes et se hissa jusqu'au sommet du crâne de la bête.

Shushu : « Allez mon gros, c'est l'heure de la sieste ! »

Son bras s'allongea en une longue lame tranchante et il s'apprêtait à la lui plonger dans l'œil quand le dragon balança violemment sa tête contre le pilier le plus proche, lui faisant perdre l'équilibre.

Telle une Karne qui refusait de se faire monter, le dragon s'agita furieusement en tout sens pour déloger l'indésirable de son crâne.
Sous le rodéo acharné du dragon, et privé d'une main, le Shushu fini par basculer en avant, se rattrapant in extremis à une narine, se retrouvant à pendouiller bêtement juste devant la gueule de la bête.
Une boule remonta aussitôt le long de la gorge de la créature de légende et un brasier concentré projeta l'engeance démoniaque à quelques mètres du pied de l'autel.
A peine le démon avait il touché le sol que la queue de la bête s'écrasa sur lui à plusieurs reprises, l'encastrant dans le marbre.
Lorsque le dragon cessa de faire vibrer la salle de ses coups, tous s'attendait à ce que le démon ait trépassé, certains avec une certaine appréhension pourtant.
Le silence perdura quelques secondes, puis comme le rebondissement d'une histoire, une mitraille de lame s'élança d'à travers le sol, touchant, et chose incroyable, blessant le dragon rouge au poitrail.
Du trou dans lequel il était, le rire du
démon s'élevait tandis qu'il s'en extirpait.

Shushu : « Toujours les même points faibles. »

N'ayant aucune égratignure visible, le démon s'esclaffa en tendant les mains en direction de son ennemi qui se tordait de douleur, ses ongles s'allongeant lentement.

Shushu : « J'ai une veine de tout les Shushu aujourd'hui, deux pour le prix d'... »

Avant qu'il ne finisse sa phrase, une masse s'abattit violemment derrière sa tête et l'envoya face contre terre.
Le démon n'était pas sûr de comprendre ce qu'il venait de se passer, ce n'était pas le dragon qui l'avait frappé, mais alors qui ? Qui donc en ce lieu avait l'impudence de lever la main sur lui, et surtout qui avait la force pour le clouer au sol ?
En fait ce n'était pas qui mais surtout quoi, car en cherchant du regard son agresseur, le Shushu aperçut un grand Craqueleur formé qu'à partir de la taille. Ha non, rectification, il y avait aussi une sale petite vermine humaine juste derrière, un garçon qui semblait à bout de souffle, son expression partagé entre la colère et la peur.


Julien (serrant les poings) : « Ça commence à bien faire, Zack ! Si tu ne reprend pas tes esprits, je vais employer la manière forte ! »
Shushu : « Espèce de sale peti... »


L'insulte haineuse du Shushu se perdit dans le fracas du nouveau coup de poing que venait de lui lancer le demi-géant de pierre.

Julien : « Réveil toi ! »
Shushu : « Je vais t... »

Le démon fut frappé à nouveau, sa tête projeté au milieu des dalles de marbre brisés.
Décidément, il n'avait jamais autant détesté la magie à ce point là, cette chose ignoble qui permettait à un insecte de lui tenir tête.


Julien : « Je suis sûr que tu peux m'entendre ! Debout Zack ! »
Shushu : « Mi... séraaaaaable ! »


D'un geste rageur, le Shushu balaya l'air devant lui de sa main, envoyant une lame meurtrière sur l'Osamodas que ce dernier réussit à éviter.
La riposte fut instantanée et violente, l'invocation bastonnant le démon comme un fou furieux, avant de le saisir par la jambe et de l'envoyer en direction de son maître.


Julien : « Libère mon ami, démon ! »

Le disciple d'Osamodas poussa un cri de rage et s'élança en avant malgré sa blessure à la jambe, serrant son poing gauche et donna un coup dans le vide en libérant son énergie.
Comme une poupée désarticulée, le Shushu fut renvoyé en direction du géant de pierre après avoir reçu de plein fouet la puissante frappe du Craqueleur de l'Osamodas, ce dernier s'avançant bien déterminé à continuer alors que son invocation venait d'attraper le démon par les bras pour le maintenir.
La plupart était juste soufflé par ce qui se passait, s'en était presque invraisemblable.
Un démon, qui se battait jusque là d'égal à égal avec un dragon venait de se faire ridiculiser et maîtriser par un simple Osamodas, dont l'apparence était loin d'en faire un guerrier aguerrit ou vétéran. Il n'y en avait qu'une qui avait un petit sourire en coin.


Le disciple de la voie du Craqueleur n'était plus qu'à quelques mètres, prêt à frapper autant qu'il le faudrait la créature qui se débattait tant bien que mal pour se défaire de l'étreinte du géant de pierre... avant de s'arrêter et de sourire. Julien ne comprit que trop tard son imprudence lorsque son invocation se mit à briller un instant avant de s'évaporer et que des liens de sang s'enroulent autour de son bras droit et sa taille.
Aussitôt attrapé, une ombre surgit de derrière le Shushu et fonça sur l'invocateur comme une bête enragée, Lili leva son bras-lame pour frapper celui qui osait s'en prendre à son maître, hurlant comme une folle furieuse.


Eve : « Lili arrête ! »

S'interposant entre la rouquine et l'Osamodas, l'adolescente surgit bras écartés sur la trajectoire de la Sacrieuse, faisant rempart de son corps. Sans se poser de question, la démone saisit la jeune fille à la gorge et la souleva du sol comme si de rien n'était à bout de bras, resserrant son étreinte autour de son cou.
Eve n'en fut qu'à moitié surprise, elle avait espéré que sa présence fasse recouvrer la raison à celle qui avait passé tant de temps à la protéger, jusqu'à offrir sa vie pour ça, mais que pouvait cet espoir fou contre la puissance corrompue d'un démon ? Elle n'avait pas pleuré, quand bien même savait elle que Lili était morte, Eve n'avait pas pu verser une larme pour elle, pour celle qui avait prit une place plus importante qu'une simple servante ou une amie dans son coeur, elle n'en avait pas eu le temps ou même le loisir, mais à cet instant précis, pendant que les secondes semblaient ralentir tandis et que sa gorge était enserrée par la main de celle-là même qui avait donné sa vie contre la sienne, les larmes lui montaient aux yeux. Pas la peur cette fois, ce n'était pas ça qui était en train de submerger son cœur, mais la tristesse et la peine de voir Lili dans cet état, vivante par un lien maudit, de voir son visage toujours si serein et souriant crispé dans ce rictus de haine.
Posant ses mains sur celle qui étranglait sa gorge, des grosses larmes roulèrent sur les joues d'Eve, tombant sur le poignet de la rouquine.


Eve : « Pardon, Lili... snirfl... je te demande pardon... »

La Sacrieuse s'arrêta soudainement de hurler, tout comme de serrer le cou de la jeune fille. Son souffle cessa d'être saccadé, les veines de sang démoniaque ne pulsaient plus, même son visage commençait à se détendre, l'expression changeant pour être celle de l'incompréhension et de l'étonnement. Un son sortit de sa gorge, et ce n'était ni un grognement, ni un cri de rage.


Lili : « E... Ev... Eve.... ? »

L'adolescente, agrippée au poignet de sa servante, fut de nouveau envahit de cet espoir fou, ce miracle qui se déroulait juste sous ses yeux. Tout le monde l'avait entendu prononcer le prénom de sa protégée, et tous retenait leur souffle, les amis de Zack d'avantage que les autres. Oui, tout le monde avait entendu.

Shushu : « Tsss... inutile... »

Un hurlement retentit. Alors que la Sacrieuse s'écroulait en silence, la poitrine transpercée d'une lame au moins aussi grande que l'épée de Zack, celle qui hurlait de désespoir et d'horreur était l'adolescente, d'un cri qui déchirait le silence et le cœur.

Shushu : « Je n'ai pas besoin de jouet cassé... -pointant l'Osamodas du doigt- A ton tour, vermine. »

Jamais il ne fallait baisser sa garde face à un démon, ils sont de nature opportuniste et sournoise et saisiront la moindre occasion pour nuire ou atteindre leurs dessins.
Aussi le Shushu profita-t-il de celle ci pour reprendre l'avantage et envoya en direction de l'Osamodas un mur de lame acéré, tenant dès lors sa vengeance sur cet insecte présomptueux, l'imaginant déjà déchiqueté par ses favorites.

Eve : « Va en enfer, démon ! »

D'entre ses larmes, sa tristesse et sa peur, la colère et les pouvoirs de la disciple de Féca surgirent lorsqu'elle tendit la main en direction de la créature, sa paume s'illuminant d'une rune qui apparut en agrandit dans l'air devant elle comme un mur magique. Les lames noires qui filaient à toute allure sur Julien percutèrent le symbole mais au lieu de s'arrêter, celles ci repartirent aussitôt en sens inverse avec une vitesse décuplé, ne laissant même pas au Shushu le temps de comprendre et encore moins d'esquiver sa propre attaque.
Transpercé par ses propres armes, le démon fut projeté en arrière, son corps déchiré et perforé aussi facilement que les lames l'avaient fait avec les humains, celles ci continuant leur course folle jusqu'à s'enfoncer et fendre l'un des murs de la salle loin derrière. La bête s'écroula lourdement sur le sol.
Tout était comme figé. Le temps, les gens, les respirations, seuls les pleures d'Eve qui tenait la rouquine contre elle brisait le silence. Personne n'osait, que ce soit de fuir ou d'achever le monstre, était il vraiment bien mort d'ailleurs ?


Shushu : « Arrh... maudit... »

Comme ces méchants qui ne meurt jamais, celui ci pourtant troué de toute part et dont le sang impie s'était répandu en une immense flaque carmin le sol, se relevait tant bien que mal, ses blessures se refermant lentement.
Un raclement retentit près de l'autel au même moment, et en moins d'une seconde, une ombre gigantesque fonça sur le démon en rampant sur le sol, se frayant un passage et éjectant les humains sur son chemin, et s'abattit sur le Shushu sans prévenir, ce dernier se retrouvant prit au piège entre les énormes mâchoires du grand dragon rouge qui ne les avait pas encore fait claquer.
Pourquoi ? Pourquoi la créature de feu ne croquait elle pas le démon pour le tuer ?


« IL SUFFIT SHUSHU... RETOURNE DANS TA PRISON... OU MEURT. »

La voix tonna depuis la gorge du dragon, l'intéressé entre ses dents légèrement étonné d'être encore de ce monde.
Il considéra la proposition quelques secondes, les grognements de la bête retentissant du plus profond de sa gueule. Il était à la fois étrange et incongru qu'un être aussi puissant que lui marchande avec un démon, surtout quand le démon était déjà à sa merci.
Les blessures du Shushu tardaient à guérir, et quand bien même, il ne voyait aucune échappatoire pour s'extirper de ce guêpier, oui, s'il refusait, c'était la mort pour lui et il devrait faire une croix sur ses ambitions, encore qu'en acceptant, il pouvait également s’asseoir dessus. Quel choix cornélien.
Se contentant de rire une nouvelle fois comme un dément, il regarda les humains à travers les crocs du dragon qui servaient de barreaux de cage, et leur fit à tous l'horrible promesse de revenir et de se venger sur chacun d'eux.
Le Shushu se mit alors à hurler tout en riant de plus belle, s'attrapant la tête ou plutôt les cornes et se les brisant, des gerbes de liquide noir jaillissant comme si on lui avait tranché une artère, sa taille diminuant au fur et à mesure que le démon semblait se vider de son sang, de sa substance, redevenant petit à petit l'humain d'origine, jusqu'à ce que Zack ait de nouveau l'apparence qu'il avait et qu'il s'écroule inconscient sur le sol.
Le liquide noir autour du garçon commença à se mouvoir et prit la forme de la grande épée noire au bout de quelques secondes.
Cette fois, ça y était, on osait. On osait reprendre son souffle, on osait se détendre rien qu'un peu, beaucoup soulagé d'être toujours en vie, tous n'y croyant presque qu'à moitié.
Tandis que le dragon relevait sa tête et se redressait, une Ecaflipette sortit de la foule et se jeta sur le jeune homme à terre, l'appelant de toutes ses forces. Luna hurlait le prénom de Zack comme si son réveil mettrait fin à ce cauchemar.

Surplombant la scène, il était un homme qui ne perdait pas le Nord, et encore moins ses objectifs, et n'avait vraisemblablement pas non plus perdu la vie, défiant toute logique ou raisonnement.


Amal : « Tristan ! Qu'est ce que tu attends, bougre de crétin ! Tue le et ramène la f.. »

Le dragon rouge grogna d'une telle force que même la détermination du vieillard vacilla un instant, ne lui laissant pas le loisir de finir de clamer ses ordres.
Sans raison, la bête fracassa sa tête contre l'un des énormes piliers de la salle et le brisa. Alors qu'il s'écroulait, toute la salle fut prise de tremblements sourds, les dalles de marbres vibraient, les murs tremblaient, comme si tout était sur le point de s'écrouler.
Pourtant par dessus ce vacarme, ou bien était ce directement dans la tête de chacun, la voix du dragon parvenait claire et distincte.


« VOS SACCAGES ONT ATTIRÉ L'ATTENTION DE CROCABULIA, MAÎTRESSE DE CE SANCTUAIRE. ELLE ET SES ENFANTS FONT DÉJÀ ROUTE EN CES LIEUX... -la queue de la bête se déplia comme un fouet et se planta dans une porte au fond de la salle, élargissant largement l'encadrement de celle-ci- FUYEZ POUR SAUVER VOS VIES OU MOURREZ, DEVORÉ PAR LES MIENS. »

Contrairement à tout à l'heure, devant l'urgence de la situation, tout les mercenaires eurent le déclic, comme une sonnette d'alarme de la dernière chance, courant vers les sorties qu'ils avaient emprunté en arrivant, fuyant ce traquenard cauchemardesque, mué par la peur et leur instinct de survie.
Un seul ne prenait pas ses jambes à son cou, mais sa voix hargneuse était couverte par les grondements qui se répercutait en écho dans la salle, et aucun de ses ordres, ni ses jurons ne furent entendu par qui que ce soit.
Il s'adressa même au dragon avec toute la haine de son cœur desséché mais ce dernier n'en eu cure, un humain tel que ce vieil homme n'était pas, ou du moins plus, digne d'intérêt.

La créature de légende ouvrit sa gueule et souffla un torrent de flamme sur son semblable albinos pendant quelques secondes, faisant fondre le métal de ses entraves jusqu'à ce qu'il n'en reste que des petites flaques liquides sur le sol. Libéré de ses chaînes le « petit » dragon blanc déploya ses ailes et s'envola jusqu'au trou par lequel était arrivé le rouge, disparaissant presque immédiatement pendant que l'autre s'attardait en regardant les humains fuir en tout sens.
D'autres piliers commençaient à céder, le sol se déchirait par endroit et les murs craquaient sous leur propre poids, beaucoup avaient déjà quitté ce lieu qui s'écroulait sur lui même mais il en restait encore quelques uns.

En bas, Luna aidé de Colin soutenait Zack toujours inconscient pour le transporter vers leur amie Sarah, qui aidait Julien à marcher. Il fallait décider de la marche à suivre, aucun d'eux ne sachant quel chemin emprunter à l'exception du passage par lequel ils étaient venu mais qui était hors d'atteinte, une profonde crevasse les empêchant de repartir par là.


Sarah : « Colin, par où es tu arrivé ? Tu pourrais nous faire sortir ? »
Colin : « Désolé soeurette, je suis venu par là-haut.
-désignant l'autel du menton- Et avec les poids mort qu'on se trimbale, faut p... »
Luna : « Qui tu traite de poids mort, espèce de sal... »
Sarah : « Luna ! Ce n'est pas ce que voulait dire Colin ! »
Luna : « Qu'est ce que tu propose alors ?! »
Julien : « On pourrait peut être... prendre la porte du dragon ? »


Le quatuor regardèrent en direction de la sortie qu'avait enfoncé la queue du dragon et qui n'avait été, au final, emprunté par personne.

Colin : « Ça ou alors rester ici... »
Sarah : « C'est décidé alors. On y va ! Maintenant ! »


Les deux Ecaflips prirent la tête en courant malgré le corps inerte de leur ami sur les épaules, suivit par Sarah et Julien avant que ce dernier ne s'arrête, jetant un œil derrière lui.

Sarah : « Julien, qu'est ce que tu fais ? On n'a pas le temps ! »
Julien : « Je sais mais... »


Le vacarme se faisait plus assourdissant encore, des morceaux de plafond se détachaient pour se fracasser sur un sol qui semblait lui même sur le point de s'effondrer.
Par delà la poussière et les gravats projetés en tout sens, l'Osamodas ne pouvait détacher ses yeux d'une silhouette qui restait presque immobile, penché sur quelque chose.
Cette silhouette, c'était celle d'une petite personne, pas plus haute qu'un enfant, avec un chapeau pointu, à côté du corps d'un Sadida allongé sur le sol et qui semblait vouloir la faire bouger.
Julien ne l'entendait pas réellement mais il avait l'impression que cette petite personne ne cessait d'appeler ce Sadida inerte en le remuant sans y parvenir, et à côté d'eux, une jeune femme blonde au visage balafré dormant au milieu d'une fleur géante.


Julien : « Il aurait voulu qu'on les sauve... Sarah ! Zack nous aurait dit de les sauver ! On ne peux pas les laisser là ! »

Surprise l'espace d'une seconde, la Sram soupira avec un sourire, oui, il leur aurait certainement dit ça, et Julien la regardait avec le même regard que leur ami aurait eu s'il avait été conscient.

Sarah : « Occupe toi d'Eve pendant que je vais les chercher avec les filles, on se retrouve à la porte du dragon. »

Laissant son compagnon, Sarah invoqua sa technique de clone des ombres pour se jumeler cinq fois, accourant toute vers les anciens adversaires de l'Osamodas.
A leur approche, la petite personne qui s'avérait être une disciple de Xélor ne montra aucun signe d'animosité à l'égard des clones, les laissant emporter la blonde à la cicatrice mais réagissant lorsqu'elles voulurent la soulever elle.


??? (sanglotant) : « Attendez ! Il... il est encore en vie ! Isaak... sauvez Isaak, je vous en supplie ! Ne le laissez pas ! »

Tout au plus, les Srams n'échangèrent qu'un bref regard avant de se réorganiser autour du corps massif du Sadida, s'arrachant leurs vêtements pour en faire des garrots de fortune autour des blessures visibles, puis s'y mettant à trois pour arriver à le transporter sans peine.
Malgré les remerciements et les pleures de la magicienne, Sarah n'était pas sûre que ses forces lui permettrait de les amener tous à bon port dans cette situation.
Se dirigeant vers la sortie désigné, elle allait rejoindre Julien qui approchait de l'adolescente, celle ci serrant toujours contre elle le corps inerte de son amie depuis qu'elle avait été transpercé par la lame du démon.

Julien (boitant vers la fille aux cheveux bleu) : « Eve ! Lève toi, Eve ! On ne peux plus rester là, il faut parti... »

Avant qu'il ne la rejoigne une masse sombre lui passa au dessus de la tête et lui fit perdre l'équilibre, le faisant tomber sur le sol, se redressant aussitôt après une roulade maladroite l'Osamodas aperçut la patte griffue du dragon rouge emprisonner Eve et Lili.

« CELLE LA VIENT AVEC MOI, HUMAIN. »


Résonnant comme un avertissement, Julien n'eut pas le temps de réagir que la bête souleva les deux femmes pour les emporter, entendant seulement l'adolescente lui crier de s'enfuir et de sauver Zack avant qu'elle ne soit hors de portée de voix.

Sarah (passant le bras de son ami autour de ses épaules pour l'aider à marcher) : « Il faut partir ! Vite ! »
Julien : « Mais... »
Sarah : « On a plus le temps ! »


L'Osamodas hissé sur l'épaule de l'originale, le groupe se dirigeait en toute hâte vers la porte qu'avait défoncé la queue du dragon.
Il était difficile de courir pour les Sarah, sans compter les charges que chacune transportait, l'écroulement de la grande salle, les chutes de plafond, les divers obstacles à enjamber et la sensation du sol qui est prêt à se dérober sous leurs pieds transformait cette simple ligne droite en un véritable parcours du combattant.
Forcé par les événements à fuir sans Eve, celle pour qui Zack s'était donné tout ce mal, Julien jeta un dernier coup d’œil en direction de l'imposant dragon dont la silhouette était à moitié caché par la poussière qui se soulevait à chaque éboulement, la créature restait immobile et l'Osamodas n'aurait pas su dire pourquoi il restait là ou si l'adolescente était en sécurité.


Alors qu'ils s'approchaient, Sarah aperçu son frère et Luna planté comme deux piquets devant la sortie, comprenant une fois à leur hauteur la raison de leur immobilité.
Entre ses amis et la sortie se dressait la disciple de Pandawa qu'elle avait combattu plus tôt et l'homme au collier à pointes que son frère avait assommé, tout les deux remit d'aplomb et ne semblant pas prêt à les laisser passer aussi facilement.
Ce n'était pourtant pas le meilleur moment pour se battre, pas quand toute une salle risquait de leur tomber sur la tête.
La Pandawa, la main sur une hanche, l'autre sur la tête de l'homme accroupit à côté d'elle, toisait les fuyards comme pour les mettre au défi d'emprunter cette sortie jusqu'à ce que son regard ne se pose sur les clones de la Sram, particulièrement ceux qui transportait les blessés et la petite Xélor qui sanglotait. Celle ci s'agita dès qu'elle aperçu celle qui barrait la route au groupe, manquant de tomber des bras de l'une des Sarah.


??? : « Fey ! Aide nous à sortir Fey ! Je t'en prie ! »

La voix entrecoupée de hoquet et de larme sonna pourtant à la fois comme un ordre et comme une supplique à l'attention de la Pandawa, l'intéressée gardant la même expression jusqu'à ce qu'elle hausse les épaules et se penche vers le garçon à ses côtés, lui grattouillant la tête pour capter son attention.

Fey (d'une voix plus douce qu'ils ne l'auraient imaginé) : « Cherche la sortie, dehors, cherche le dehors ! »

Étrangement le garçon n'avait plus le regard aussi fou et avide de tuerie que lorsqu'il avait fait face à Sarah, mais celui ci aboya tout de même le mot « dehors » plusieurs fois avant de s'engouffrer par la porte en galopant. La dénommée Fey se retourna vers le groupe et leur lança de la suivre avant de partir à la suite de son compagnon.
Un craquement sourd retentit à travers la salle et un immense pan de plafond s'écroula non loin des Sarah, donnant comme un signal de départ auquel ils réagirent en prenant leurs jambes à leur cou.


La course qui suivit était à la fois de vitesse et d'endurance.
Le tunnel qui montait en pente douce ne cessait de zigzaguer et bien qu'il fasse quatre ou cinq mètre de large, leur mobilité était réduite par les nombreux gravats, heureusement du sol au plafond, de nombreux champignons et tas de mousses fluorescents irradiaient assez de lumière pour permettre aux coureurs de savoir où poser les pieds.
Malgré le bruit des éboulements de la grande salle qui s'éloignait, les murs des galeries qu'ils empruntaient se lézardait à leur tour laissant présager le pire s'ils venaient à tomber dans un cul de sac ou à lambiner. Par chance des culs-de-sac ils n'en avaient croisé aucun pour l'instant, le garçon en tête de leur troupe empruntant toujours les tunnels sans hésiter une seconde au point qu'on pouvait croire qu'il connaissait par avance le chemin de la sortie.

??? : « Attention ! »

Agissant en même temps que l'avertissement, la disciple de Xélor ralentit la chute d'une stalactite de pierre jusqu'à la figer dans les airs avant qu'elle ne s'écrase sur les Sram qui transportait le Sadida.

Sarah : « C'est pas bon, si ça continue on va se retrouver ensevelit vivant. Courez plus vite ! »

La Sram aurait voulu se tromper mais les événements lui donnaient raison. Certaines des galeries qu'ils croisaient s'effondrait devant eux alors que les murs et le plafond se fissurait d'avantage, morceaux de pierre et cailloux s'en détachant pour entraver leur course.
La Xélor parvenait à en ralentir la plupart mais plus ça allait et plus il y en avait, le grondement sourd des galeries qui s'effondre se rapprochant dans leur dos.
Les Srams étaient presque déjà à bout de force, mais Sarah ne pouvait pas se défaire de l'un des blessés, ni faire appel à sa technique pour se dédoubler d'avantage dans ces conditions, et la petite Xélor était déjà submergé par le nombre de pierre qui chutait, elle aussi commençant à faiblir.


Sarah : « Luna attention ! »

Un énorme rocher venait de se détacher du plafond et allait s'écraser sur son amie à fourrure.
Mais avant que Sarah ne puisse échafauder un plan et réagir, avant même que l'Ecaflipette n'ai le temps de lever la tête pour voir ce qu'il lui tombait dessus, la disciple de Pandawa fit un bond en arrière en tournant sur elle même et pulvérisa littéralement la pierre d'un violent coup de sandale.
Le rocher craqua et se fendit en plusieurs morceaux qui furent projeté hors d'atteinte des coureurs, la sauteuse atterrissant juste derrière le trio qui venait d'échapper au pire, reprenant immédiatement sa course.

Fey : « Tu m'en doit une, minette ! »

Luna aurait bien voulu cracher quelque chose sur cette impolitesse constante mais elle ne pouvait que se rendre à l'évidence, la Pandawa venait bel et bien de lui sauver la vie.
Le vacarme autour d'eux était assourdissant, semblable à celui que l'on pourrait entendre en plaçant son oreille près d'une enclume pendant qu'un forgeron tape dessus, ou lors des jours de marché sur la place d'Astrub et il fallait presque crier pour se faire entendre.

Colin : « Je vais l'aider, Luna tu pense pouvoir le porter toute seule ? »
Luna : « Je... oui, je peux y arriver. »


Laissant à Luna le soin de porter Zack, l'Ecaflip noir se laissa rattraper par le groupe des Sarah et entreprit d'épauler la petite Xélor pour endiguer la chute des rochers, s'occupant des plus petits pendant que l'autre se concentrait à immobiliser les gros.
Devant, le garçon-chien courait toujours à quatre patte sans même jeter un regard derrière lui, obéissant à l'ordre qu'il avait reçu de chercher la sortie.

Luna (haletante) : « C'est encore loin ! »
Fey : « Ça on le saura quand on y sera, ou quand on sera mort ! »
Luna : « Tu... »


Avant que Luna ne réponde, son interlocutrice quitta son champ de vision et un autre craquement retentit au dessus de sa tête suivit de deux bruits mats de chaque côté du tunnel, juste avant que Fey ne réapparaisse.

Fey : « Et de deux ! »
Luna (exaspéré malgré tout) : « Oui bin tu tiendras les comptes plus tard ! »

Les muscles de chacun commençait à se faire lourd et il était de plus en plus difficile de maintenir leur vitesse tout en se trimbalant autant de poids à bout de bras mais aucun ne lâchant le moindre leste malgré le grondement qui se faisait plus pressant et plus proche.
Le tunnel fit soudain un coude suivit d'une longue ligne droite tandis que la pente se faisait plus raide, devant la troupe le garçon qui les menait se mit à japper « dehors » sans s'arrêter. Effectivement tout au bout, à plusieurs dizaines de mètre, un halo moins sombre et parsemé de point brillant apparaissait.


Luna : « La sortie ! »

L'annonce redonna un souffle de courage et de force au groupe qui peinait à maintenir la cadence, l'espoir de réussir à s'échapper les amenant à repousser leurs limites.


Tous avait déjà un demi-sourire en ayant parcouru la moitié de la distance presque sans encombre, lorsque soudainement le sol trembla et se fissura de la largeur d'un pied derrière le groupe des Sarah, la lézarde remontant le long du mur puis du plafond comme si elle était vivante, prenant de vitesse les coureurs et les dépassant sur plusieurs mètres, avant qu'une autre secousse n'élargisse l'ouverture du plafond et qu'un tas de rocher ne se déverse et s'entasse devant le meneur fou qui manqua de se retrouver sous les décombres.
Personne ne voulait y croire et ils continuèrent à courir jusqu'à constater le coup du sort, le tunnel était entièrement obstrué par l'éboulement.
Tous à bout de souffle, ayant du mal à tenir sur leur jambe, Julien n'eut même pas le temps de demander à son amie si elle pouvait faire quelque chose avec ses doubles que deux d'entre elles, celle qui portait la Xélorette -qui tomba lourdement sur ses fesses- et l'une des trois qui soutenait le Sadida disparurent, Sarah elle même s'écroulant sous le poids de l'Osamodas.


Sarah (haletante) : « Dé...solé, je... je suis à bout... »
Luna (frappant du poing le tas de gravats) : « C'est pas vrai ! La sortie est là ! Elle est là ! Juste derrière ! »


Malgré le regard de frustration que lui lança l'Ecaflipette pour demander son aide, Fey se contenta de hocher la tête avec un air résigné, même elle ne pouvait pas forcer le passage à coup de savate.
La frustration, c'était bien tout ce qui restait au groupe, bloqué à seulement quelques mètres de la sortie alors que le grondement se rapprochait comme un roulement de tambour incessant.


??? : « Écartez vous ! »

Se retournant, le groupe aperçut une silhouette qui venait d'apparaître tout en bas du tunnel, celle ci se dirigeant vers eux à toute allure.

??? (reconnaissant le coureur) : « T... »
Fey : « C'est bien sa veine de nous avoir suivit à ce gros balourd. -criant à l'attention du sprinteur- Pas la peine de te presser, c'est coincé par ici ! »

Quand bien même l'aurait-il voulut, le plafond derrière le nouveau venu était en train de s'écouler par morceaux entier, le tunnel s'effondrant sur lui même.
La disciple de Pandawa eut un soupir presque moqueur en voyant l'homme courir comme un dératé vers eux, l'éboulement le suivant à chacune de ses enjambés, finalement il allait finir aplatit comme une crêpe avec eux et malgré sa capacité à toujours avoir quelque chose à dire, Fey ne se sentait pas d'avoir pour dernière paroles une vieille blague miteuse.


??? : « Je vous ai dit... DE DÉGAGER ! »


Hurlant comme un enragé, l'homme se mit à briller d'une aura doré, sa veste se déchirant en lambeaux sous la pression de ses muscles qui grossissaient vue d’œil tel des baudruches, ses yeux devenaient d'un blanc laiteux sans pupilles et l'aura autour de lui avait prit la forme d'un colosse aux biceps d'or, son cri puissant couvrant tout le reste à mesure qu'il se rapprochait du groupe à toute vitesse.


Fey : « À TERRE ! »

La Pandawa tira l'Ecaflipette et l'inconscient contre elle, Julien porta Sarah hors du chemin et Colin chopa la Xélor par le col pour libérer le passage à l'homme qui se ruait sur eux comme un chariot tiré par des Karnes folles. Celui ci couru jusque devant le mur de pierre et balança ses poings contre la roche.
L'impact fut tellement puissant que tout l'éboulement fut soufflé comme une plume balayée par le vent, provocant le même effet que lorsqu'on débouche une bouteille de champagne qui aurait été secouée. Tel la mousse s'échappant hors du goulot, tout les membres du groupe furent projeté en avant par la pression et éjecté du tunnel comme de simples fétus de paille, volant sur plusieurs mètres avant d'atterrir sur la terre ferme, douloureusement et en roulé-boulé.
L'entrée du souterrain se scellant d'une dernière secousse et d'un nuage de poussière.


Durant plusieurs minutes, tout les survivants étaient à la fois en train de reprendre leurs esprits et de prendre conscience qu'ils étaient bel et bien en vie, allongé ou plutôt vautré sur un sol un peu dur et poussiéreux, sous un magnifique ciel nocturne éclairé de millier d'étoiles scintillantes.
La Pandawa fut la première à oser remuer et releva sa tête pour apercevoir la disciple d'Ecaflip à moitié sur elle, accroché à sa taille.

Fey (avec un sourire) : « Et de trois. »


(A suivre)

/HRP Je tiens à m'excuser platement pour le retard qu'à prit la parution de ce chapitre là, j'imagine bien l'embêtement que cela à pu vous causer. Je tiens aussi à remercier un ami qui me harcelait régulièrement pour connaître la suite et m'encourager à m'y remettre ainsi que Io-Plait qui a laissé un petit message mais ce simple message fut suffisant à me donner un coup de boost pour continuer. Merci à vous deux, en espérant que cette suite plaise à tout les lecteurs. HRP/

Dernière modification par Guecko-Astra ; 07/07/2013 à 18h41.
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