Ou va l'argent des ONG

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Une fois en sortant du supermarché, y avait une 15aine de pompiers devant l'entrée qui vendaient des roses pour je sais plus quel truc humanitaire. C'était quasiment un péage pour sortir du magasin. M'enfin j'ai discuté 2 mn avec eux et je suis parti sans rien payer.
Citation :
Publié par Origins
Je souhaiterais juste connaître votre opinion, savoir si vous avez déjà été confronté à ces personnes et si ce bénévolat est rémunéré?


Ces ONG ne sont elles pas susceptibles d' "embaucher" des personnes qui ne s'intéressent pas à la vie et à l'action de l'ONG, existe t'il un entretien d'embauche spécifique, une évaluation des motivations du candidat, à qui s'adresse t'il (étudiants?)?
En fait, ça dépend des associations et de leurs moyens. Une ONG comme Greenpeace utilise le plus souvent des collecteurs hors association. Ils sont recrutés par petites annonces. Il y a bien un entretien pour vérifier les motivations mais ça ne va pas très loin. La rémunération est le SMIC.

D'autres ONG font appel uniquement à des membres de leur asso, salariés ou non (secours catholique...).

Concernant la rémunération dans ces ONG (hors collecteurs), c'est très variables. En général pour les plus importantes, le personnel technique (comptable, secrétaires, directeur...) est rémunéré, le reste l'est rarement. Souvent, il y a des solutions mixtes.

Pour prendre un exemple concret : Médecins sans frontières. Les permanents sont rémunérés, les bénévoles ne le sont pas. Ce qui veut dire concrètement qu'une infirmière qui part vacciner 2 mois en Afrique ne touche pas un centime mais en plus le voyage est à sa charge (on l'oublie souvent^^). Un bénévole expérimenté
(plusieurs séjours à l'étranger) lui pourra être rémunéré (environ 1500 euros bruts je crois pour quelqu'un ayant une qualification universitaire).
Citation :
Publié par Drys Kaine
Je goûte tout particulièrement le jugement, et la conjugaison au présent...
Si j'ai mal interprété vos propos, je m'en excuse.
Citation :
Publié par Origins
Mais concernant les réelles motivations des collecteurs de dons je m'interroge. Rien que le speech, c'est un truc très préparé je présume, je reste convaincu qu'ils n'en pensent pas un mot pour certains...
Tu as peut-être raison mais à mon avis ça ne suffit pas à discréditer toute la démarche. Il faut bien se rendre compte que c'est un boulot très chiant et fatiguant (8h/jours debout à démarcher les gens). Le simple bénévole, même très intéressé ne tient pas 3 jours.
D'autre part cela permet aux étudiants de s'intéresser à la question et de faire quelque chose de plus sympa que de bosser chez Carrefour.
Ceci étant petit bémol. Certaines ONG font appel à des sociétés privées (DDF en Belgique) pour les recruteurs de membres. Celles-ci ne sont pas très respectueuses des droits de leurs travailleurs qui peuvent se faire éjecter au bout de 2-3 jours si leur rendement n'est pas suffisant. Au moins quand j'ai bossé chez Greenpeace, on avait un contrat d'un mois passé avec eux (c'est le cas aussi d'Amnesty) et on a appris à connaître l'ONG ce qui était une très bonne expérience.

Pour ceux qui ne sont pas convaincus de façon générale (j'en suis d'une certaine façon parce que la démarche marchande m'horripile), le nombre de membre-donateurs des différentes ONG qui pratiquent le "dialogue directe" à au moins triplé en 2 ans. Ce qui est tout bénef dans une société où presque tout fonctionne via l'argent (les fonds ayant donc aussi grossi de façon exponantielle).
En discutant avec l'un d'eux, j'ai appris qu'il y avait des boîtes d'intérim spécialisées pour ce genre d'actions. Ils sont donc payés, et heureusement. Pour un bénévole c'est une tâche très ingrate de faire ce genre de démarche. Mieux vaut laisser le boulot de commercial aux vrais commerciaux, et que les bénévoles continuent de faire le vrai boulot. Enfin. Vous voyez quoi...
Ce sujet soulève la problématique de la méfiance envers l'argent. On voit souvent d'un mauvais oeil le gain d'argent. Argent est un mot qui choque encore aujourd'hui, ce qui explique les nombreux mots d'argot pour le désigner: flouze, blé, thunes, pépettes etc... Ce n'est pas nouveau puisqu'à Rome, Neptune était le Dieu des marchands et des voleurs, association révélatrice de cette défiance.

Pourtant l'argent, selon la théorie économique classique (je parle sous le contrôle des économistes de Jol), est juste un "voile" des échanges. Dans un monde complexe, le troc n'est plus de mise. On échange des biens ou des services contre une valeur qui permettra elle-même d'acquérir des biens ou des services. Mais la réalité, ce sont les échanges, et l'argent n'est qu'une modalité de ceux-ci. L'argent n'est pas désirable en soi (sauf pour Arpagon), mais bien pour ce qu'il permet de faire.


Dans le cadre des associations humanitaires, l'argent à deux buts: l'un concerne l'accomplissement de l'oeuvre sociale, l'autre la rémunération de ceux qui y participent. L'oeuvre sociale peut être vue comme le service que le donateur souhaite acheter: en aidant le financement des ces actions, il se sent utile, il participe à la réalisation d'objectifs auquel il tient. Cela se passe entre le donateur et sa conscience. La rémunération est la contrepartie du temps consacrée à l'accomplissement de l'oeuvre par les membres de l'association.


Dès lors, au regard de l'utilité sociale, il me semble qu'il n'est pas juste de condamner par principe le fait pour les jeunes mandataires de recevoir de l'argent en contrepartie de leur recherche de donateurs. Tout est une question de proportionnalité: la rémunération des sociétaires est-elle équitable par rapport à la part qui est dépensée pour l'oeuvre ? Est-elle trop importante ?


Pour le savoir il faut examiner les chiffres: tel mandataire touche 10€ de l'heure plus une prime de 5€ pour chaque obtention de don (exemple in abstracto). Il faut mettre cela en rapport avec ce qu'il rapporte à l'association. Telle présidente perçoit 5900€ par mois (exemple in concreto), mais combien dépense son association pour l'oeuvre qu'elle se charge d'accomplir ?


A titre personnel, j'estime qu'il n'est pas choquant qu'une association consacre la moitié de son budget à la rémunération et aux frais de fonctionnement. Tant que les 50% restant sont employés pour l'accomplissement de l'objet social. Ainsi je ne ferais pas de don pour une association qui répartit son budget en deçà de ce minimum à consacrer pour son oeuvre.


En ce qui concerne les moyens employés pour obtenir des dons, là encore on peut utiliser le critère de proportionnalité fin/moyens. Encore une fois, et toujours à titre purement personnel, ça ne me dérange pas de perdre 20 secondes dans une journée pour éconduire poliment un mandataire un peu trop insistant. Chacun voit ensuite en fonction de lui-même.



Pour terminer, si la proportionnalité est respectée dans les deux cas énoncés ci-dessus (part consacrée à l'oeuvre, moyens employés pour recevoir les dons), j'estime que les motifs qui conduisent les étudiants à rechercher des donateurs n'ont pas à être pris en considération. Cela ne nous concerne pas, j'admets qu'ils puissent être motivés seulement par l'argent. Car pour moi, l'utilité sociale de leur action leur donne l'immunité quand au motifs.


Car il faut voir qu'il y a aussi des moyens de gagner de l'argent dont l'utilité sociale est un peu plus discutable.
Citation :
Publié par Erna ¼
Ce sujet soulève la problématique de la méfiance envers l'argent. On voit souvent d'un mauvais oeil le gain d'argent. Argent est un mot qui choque encore aujourd'hui, ce qui explique les nombreux mots d'argot pour le désigner: flouze, blé, thunes, pépettes etc... Ce n'est pas nouveau puisqu'à Rome, Neptune était le Dieu des marchands et des voleurs, association révélatrice de cette défiance.
C'est un peu le sens du message que j'ai fait et qui commence par Argent. Je trouve que souvent, la majeure partie des gens n'ont pas une attitude claire, vis-à-vis de l'argent. C'est à la fois un symbole négatif et quelque chose que pratiquement tout le monde désire. Il est temps de démystifier tout cela et de rendre à l'argent sa juste place : un outil.

Perso, j'ai un peu la même position que toi : que l'on paie des gens à collecter des fonds, du temps que le "bénéfice" va à la cause défendue par l'association, cela me semble ok.





***
Le succès est un voyage, pas une destination.
- Ben Sweetland
Citation :
Publié par Erna ¼
Pourtant l'argent, selon la théorie économique classique (je parle sous le contrôle des économistes de Jol), est juste un "voile" des échanges. Dans un monde complexe, le troc n'est plus de mise. On échange des biens ou des services contre une valeur qui permettra elle-même d'acquérir des biens ou des services. Mais la réalité, ce sont les échanges, et l'argent n'est qu'une modalité de ceux-ci. L'argent n'est pas désirable en soi (sauf pour Arpagon), mais bien pour ce qu'il permet de faire.
Moui enfin... c'est pas Marx qui parlait de l'équation marchandise-argent-marchandise, devenue argent-marchandise-argent dans une société capitaliste. L'argent a vite tendance à s'autonomiser.

Citation :
Pour terminer, si la proportionnalité est respectée dans les deux cas énoncés ci-dessus (part consacrée à l'oeuvre, moyens employés pour recevoir les dons), j'estime que les motifs qui conduisent les étudiants à rechercher des donateurs n'ont pas à être pris en considération. Cela ne nous concerne pas, j'admets qu'ils puissent être motivés seulement par l'argent. Car pour moi, l'utilité sociale de leur action leur donne l'immunité quand au motifs.


Car il faut voir qu'il y a aussi des moyens de gagner de l'argent dont l'utilité sociale est un peu plus discutable.
Je ne suis pas totalement d'accord, on peut quand même espérer un minimum d'investissement de la part des recruteurs. Ce n'est pas parce qu'ils peuvent faire pire en bossant pour une supérette qu'ils ne doivent pas viser mieux (je m'exprime mal mais je suis fatigué).
Toute façon faudrai donner de l'argent partout maintenant !

Sérieux moi mes sous j'ai déja du mal à les gardé pour moi alors c'est pas pour en donner a des ONG qui dépense les sous je ne sais ou.
Citation :
Publié par Erna ¼
Telle présidente perçoit 5900€ par mois (exemple in concreto), mais combien dépense son association pour l'oeuvre qu'elle se charge d'accomplir ?
Que l'association remplisse bien son rôle, c'est une raison pour gâcher de l'argent et payer la présidente 5 fois le salaire moyen ?


Pour les gens qui branchent dans la rue... bah, ça m'arrivait souvent sur le chemin de la fac. Quand je suis de bonne humeur, c'est "non merci",. Quand j'en ai un peu marre ou que j'ai pas le temps, je les esquive. Quand je suis de mauvaise humeur, que c'est le troisième qui me bloque le passage, c'est "mais putain mais lâchez moi !"
C'est au donateur de juger s'il y a gâchis ou non. Car il est possible d'interrompre les versements à tout moment sans avoir à se justifier, tout comme il est possible de ne pas donner. De telle sorte que si tu juges qu'elle se paye trop, tu as une raison valable de refuser de donner, car tu n'as de compte à rendre à personne.

En revanche, je trouve que la transparence est indispensable pour une association qui fait appel aux dons, pour permettre de faire un choix éclairé. Si on trouve que les rémunérations sont trop élevées, il faut au moins reconnaître qu'elles ont le mérite d'être rendues publiques.

Par ailleurs, une rémunération élevée pour un poste à responsabilité n'est pas forcément une mauvaise chose. Ça permet d'éviter les tentations d'abus de biens révélées notamment par les démêlés judiciaires de l'ancien président de l'ARC.
Citation :
Publié par Erna ¼
C'est au donateur de juger s'il y a gâchis ou non. Car il est possible d'interrompre les versements à tout moment sans avoir à se justifier, tout comme il est possible de ne pas donner. De telle sorte que si tu juges qu'elle se paye trop, tu as une raison valable de refuser de donner, car tu n'as de compte à rendre à personne.

En revanche, je trouve que la transparence est indispensable pour une association qui fait appel aux dons, pour permettre de faire un choix éclairé. Si on trouve que les rémunérations sont trop élevées, il faut au moins reconnaître qu'elles ont le mérite d'être rendues publiques.
Il y a publique et publique. Ce salaire, je ne pense pas qu'il soit si connu que ça, y compris par les professionnels. Si au prochain téléthon, on annonce publiquement à la télé que la présidente de l'AFM touche 5900€/mois, je pense que les dons vont très significativement diminuer, et honnêtement, c'est normal. Cet argent est destiné à la recherche contre les myopathies. Pas pour payer des villas et des voyages touristiques au dirigeants de l'AFM.
Et c'est exactement comme avec l'ARC, pendant des années on a préféré fermer les yeux sur les abus sous prétexte que ça rapportait quand même beaucoup à la recherche contre le cancer. Mais quand ça a explosé, ça a fait un mal énorme.

Enfin bref, perso, que les employés des associations caritatives soient payées, c'est bien, mais là on est clairement dans une situation d'abus, qui risque d'être très dommageable pour l'oeuvre qu'elle est sensée défendre.
Citation :
Publié par Erna
[...]

Je doute que les donateurs dans la rue soient aux courants des salaires octroyés aux responsables. Le don spontané doit faire une bonne partie des versements. Or la transparence ne se fait pas réellement à ce niveau.
Comme le souligne Borh, il y aurait très certainement un fort recul des dons spontanés si cela venait à être connu du grand public.
Citation :
Perso, j'ai un peu la même position que toi : que l'on paie des gens à collecter des fonds, du temps que le "bénéfice" va à la cause défendue par l'association, cela me semble ok.
Oui la plupart s'en fiche que les bénévoles soient ou non rémunérés mais pourtant ça à l'air de gêner... Il n'y a qu'à voir les premières réponses à ce sujet, c'est langue de bois à mort...

Personellement ce qui me dérange, et je me répète, c'est que des personnes soient sollicitées et accostées par d'autres personnes (les collecteurs) qui ne pensent pas un mot de ce qu'ils disent (qui mentent donc).

Mais pour revenir à ce que les ong font de l'argent collectée, prenons pour exemple le Tsunami, il paraît que seulement 10% des sommes récoltées ont servi pour aider les populations victimes du Tsunami, hors des personnes ont donné leur argent pour qu'il soit précisément utilisé à cette fin et à nulle autre non? Les ONG font elles des placements financiers? Les sommes non utilisées deviennent quoi? Placées ou directement utilisées à d'autres fins?
Citation :
Publié par Origins
Mais pour revenir à ce que les ong font de l'argent collectée, prenons pour exemple le Tsunami, il paraît que seulement 10% des sommes récoltées ont servi pour aider les populations victimes du Tsunami, hors des personnes ont donné leur argent pour qu'il soit précisément utilisé à cette fin et à nulle autre non? Les ONG font elles des placements financiers? Les sommes non utilisées deviennent quoi? Placées ou directement utilisées à d'autres fins?
C'est utilisé à d'autres fins. Sûrement. Et ça me semble bien logique. Quand on sait l'argent qui a été ramassé pour le tsunami tout ça parce qu'on a eu un matraquage médiatique pas possible alors que d'autres gens crèvent toute l'année...
Citation :
Publié par La Mort
Je doute que les donateurs dans la rue soient aux courants des salaires octroyés aux responsables. Le don spontané doit faire une bonne partie des versements. Or la transparence ne se fait pas réellement à ce niveau.
Comme le souligne Borh, il y aurait très certainement un fort recul des dons spontanés si cela venait à être connu du grand public.
Mais pour éclairer la lanterne du peuple il ne faut pas se contenter de donner 1 salaire. Faut donner le salaire moyen équivalent que toucherait le gus dans une societe à but lucratif, le rapport entre le montant des salaires et le montant dont dispose l'association, la proportion de personnes payées etc.



Et quand on me dit 5800 € alors que dans le monde lucratif au même poste la madame toucherait surement 30 000 € voir + je suis pas très choqué.


L'AFM, utilisation des dons
Et là on parle pas de 50 % de frais de fonctionnement (qui moi aussi ne me choquerait pas tant que ça) , mais de 18.5 % pour le cout de la collecte, les salaires, les frais de fonctionnement divers.

Citation :
(Erna ¼) Telle présidente perçoit 5900€ par mois (exemple in concreto), mais combien dépense son association pour l'oeuvre qu'elle se charge d'accomplir ?
Environ 90 millions d'euros...pour suivre l'exemple in concreto
Citation :
Publié par Origins
il paraît que seulement 10% des sommes récoltées ont servi pour aider les populations victimes du Tsunami, hors des personnes ont donné leur argent pour qu'il soit précisément utilisé à cette fin et à nulle autre non?
Euh tu le sors d'où ce chiffre de 10 % ?
La première étude sérieuse (Cours des Comptes) devrait sortir (en France) au premier trimestre 2007.

Par ailleurs si tu te souviens bien des événements qui ont suivi les collectes de fonds consacrés à la catastrophe asiatique ; certaines ONG, pour ne pas dire celle qui partent le moins en quenouille, ont bel et bien demandé à leurs donateurs de pouvoirs réaffecter une certaine partie de ces fonds à d'autres opérations.

Citation :
Publié par Origins
Les ONG font elles des placements financiers ?
C'est au cas par cas, mais si tu considères comme placement financier le fait de mettre sur un compte rémunéré l'argent non encore affecté elles le font toutes.

Citation :
Publié par Origins
Les sommes non utilisées deviennent quoi ?
Rien d'intelligent malheureusement, ce qui va un peu l'encontre de la vision un poil trop mathématique d'Erna ¼ plus haut.
Les ONG se sont professionnalisées, en particulier autour des missions effectuées par les sièges sociaux. Il faut prendre le terme "professionalisées" dans un double sens, évidemment le premier où il s'agit de constater que ce sont des métiers à plein temps qui fonctionnent comme dans tout autre type de structures. Occupation professionnelle qui mérite évidemment une rémunération et sur ce point Erna ¼ a entièrement raison. Mais il y a eu un autre aspect à cette professionnalisation, c'est l'arrivée de personnes (essentiellement des gens en provenance d'entreprises privées) disposant de leur propre bagage professionnel et en quelque sorte de leur propre conception de la gestion d'une structure qu'elle soit une ONG ou un vendeur de produits laitiers.

Ces arrivées ont révolutionné la pratique des ONG selon le schéma développé plus haut par Erna ¼/ ; le mot d'ordre a été efficacité et résultats en particulier pour les collectes de fonds. Pas de problème concernant les résultats ; ils sont là ; 1 euros dépensé = 6 euros collectés (dernier rapport en date de la CCD). Du point de vue éthique par contre c'est évidemment l'engrenage.

Explosions des budgets pubs, professionalisation de la collecte (les fameux étudiants qu'on ne voyait pas avant) en bref explosion des investissements destinés à la collecte de fond. On peut se contenter de dire que cela fonctionne bien, que c'est efficace, donc tant mieux. Oui mais non.

D'abord, il y a bel et bien engrenage, ces méthodes de collecte étant efficaces ; il y a bien derrière une débauche de moyens pour aller chercher les as du marketing direct dans les sociétés privées, autant de gens qu'il faut rémunérer et qui eux sont là pour le résultat pas forcément pour l'humanitaire même si ça fait bien sur la conscience personnelle. Il n'y a pas grand chose en commun entre un volontaire (même rémunéré) qui part au fin fond d'un coin pourri et un quelconque service marketing fût-il, selon ses objectifs, plus efficace que le volontaire.

Ensuite il y a eu évidemment début d'une déperdition importante. A force de penser et agir marketing, les organisations de solidarité internationale et autres associations et fondations, ce sont bouffées le nez en cherchant à occuper le même espace. Engrenage, là encore, car si on met de côté les situations exceptionnelles (comme le tsunami) qui génèrent sans véritables efforts marketing de grandes vagues de dons (un peu moins d'un français sur deux a fait un don pour le tsunami c'est énorme) ; la guerre est sévère le reste du temps ; celui qui occupe l'espace marketing a droit à son ratio de 1 euros sur 6 et celui qui s'en fait sortir à droit à des nèfles.

Alors évidemment que ça ne veut pas dire que l'intégralité des fonds récoltés lors de pics de dons (comme le tsunami) partent dans des trucs inutiles ou des campagnes marketing. Ça signifie juste que les budgets se sont accrus et que les masses diversement employées se sont elles aussi accrues mais qu'il n'y a pas eu de changement profonds dans la répartition des montants. Evidemment que des gens en difficultés en ont bénéficié par le bais de la part qui leur était consacré, mais il y a eu aussi inflation des budgets de marketing direct et le résultat est visible. En fait l'argent "bien" employé c'est aussi accru que l'argent "mal" employé ; ce dernier qui passe par plus de 4x4 rutilants, le développement des démarchages d'appel aux dons qui en deviennent presque pénibles (malheureusement un juste retour des choses) ou encore des membres de sièges sociaux qui commencent à se croire chez Danone au lieu de MSF, Médecins du Monde ou AFM.
Citation :
Euh tu le sors d'où ce chiffre de 10 % ?
http://www.humanite.presse.fr/popup_...article=809375

Citation :
Six mois après, les ONG à l’heure des comptes


À peine 10 % de l’argent collecté a été dépensé. La gestion des dons est au centre des polémiques.


Près de 90 % des sommes récoltées restent à dépenser. Ainsi la Croix-Rouge française, qui a reçu à elle seule 105 millions d’euros, n’en a dépensé que sept.


Citation :
C'est au cas par cas, mais si tu considères comme placement financier le fait de mettre sur un compte rémunéré l'argent non encore affecté elles le font toutes.
Pas du tout je considère comme placement tous les placements, y compris les placements immobilier. Je te donne pour exemple (même si ca date un peu) la Croix Rouge qui a acheté un immeuble entier dans le 16 ème dans une rue perpendiculaire aux Champs Elysées, pour moi c'est un placement immobilier bien plus qu'une nécessité... http://www.survivreausida.net/a3406


Citation :
Le rapport évoque en termes polis les dysfonctionnements à l’origine de cette situation. Notamment des « investissements immobiliers sans justification économique évidente ». Ainsi l’installation, en 1994, du nouveau siège du comité départemental dans un hôtel particulier du XVIe arrondissement a coûté 4,3 millions, au lieu des 3 millions prévus. Et, pour tout arranger, l’audit note : « Il n’y a pas d’évidence (sic) que les fournisseurs aient été mis en concurrence dans tous les cas. »

La Croix-Rouge parisienne avait aussi la fâcheuse habitude de dépenser l’argent qu’elle n’avait pas encore reçu. Exemple : les subventions de la Ville de Paris, considérées comme acquises, et donc dépensées avant qu’elles arrivent quelques mois plus tard sérieusement amputées. Autre curiosité, un compte bancaire fantôme qui ne figure pas dans la comptabilité du comité. « Des prélèvements indus risquent de ce fait de passer inaperçus », note l’audit dans ce jargon inimitable.
Par contre je ne me souvenais effectivement pas qu'il était question de réaffecter une partie des dons non utilisés pour d'autres causes, c'est un bon point je trouve.

Mais je trouve que l'image des grandes ONG est en train de prendre un coup. J'ai l'impression qu'ils résonnent bien plus en terme de "part de marché" et de "coups marketings". A quand la gestion à l'américaine avec les applaudissements lors de la publication des comptes?
Oui enfin le chiffre de l'Huma est situé à +6 mois et ne paraît pas réaliste sur l'ensemble des ONG ; n'est avancé que l'exemple de la Croix Rouge pour l'étayer ce qui fait peu sans compter les programmes d'aide à la reconstruction et au développement qui n'ont pas encore été mis en place à +6 mois et qui constituent toujours des parts beaucoup plus importantes que les aides d'urgences. D'ailleurs l'essentiel de ces aides pour palier aux situations d'urgence ne proviennent pas des dons mais de subventions publiques, seuls les états étant à même de débloquer des fonds importants dans l'urgence (il faut du temps pour récolter des dons promis, les comptabiliser etc etc). Le chiffre à +6 mois n'est donc jamais très pertinent dans des situations de catastrophe de cette ampleur sauf pour générer de la polémique à moindre frais.

Il faut quand même se rappeler du "scandale" (je met entre guillemet eu égard au caractère méchamment monté de toute pièce de cette histoire) lorsque des ONG comme MSF ont demandé à leurs donateurs de cesser de donner dans le cadre du tsunami (et si ils le souhaitaient de donner pour d'autres actions effectuée en parallèle ailleurs dans le monde).
Certaines ONG ont bien évalué la différence qui existaient entre les masses d'argent perçues et leurs capacités de projection de l'aide ; d'autres n'ont clairement pas eu ce scrupule et sont entrées de plein pied dans l'engrenage du "profitons-en pour ramasser le maximum on verra plus tard".

En ce qui concerne les placements financiers, je voulais juste clarifier pour savoir ce qui relevait pour toi d'un placement de ce type et apparemment, tu les limites aux placements qui sont clairement des dérives. Dans ce cas là c'est effectivement au cas par cas ; toutes les ONG ne pratiquent pas ce genre de techniques financières. Difficile par contre (comme l'ont souligné certains) d'y voir clair même avec l'aide d'un expert comptable pour séparer le bon grain de l'ivraie avec les seuls comptes rendus publics par ces organisations qui demeurent très schématiques. Reste la confiance, ne pas donner à l'aveuglette sur le seul nom de l'organisation en question ; la Croix Rouge en est l'exemple type en France.
Citation :
Le chiffre à +6 mois n'est donc jamais très pertinent dans des situations de catastrophe de cette ampleur sauf pour générer de la polémique à moindre frais.
Oui c'est vrai, ceci dit on ne peut pas nier qu'il y a eu trop d'argent versé et qu'il en restera probablement beaucoup. Ce qui me dérange c'est qu'il m'arrive de penser que ces grandes organisations ont vu l'arrivée de ce Tsunami comme un moyen rapide de renflouer les caisses. C'est qu'une impression, mais je pense vraiment que dans les hautes instances de CERTAINES ong, cette catastrophe a été vue comme une "aubaine" (dsl si le terme est un peu fort mais c'est mon sentiment).

Je voudrais savoir si ce fameux rapport qui sera publié en 2007 permettra de savoir si telle ou telle ONG a considéré ou non ce Tsunami comme, justement, une aubaine...?
Citation :
Publié par Origins
Je voudrais savoir si ce fameux rapport qui sera publié en 2007 permettra de savoir si telle ou telle ONG a considéré ou non ce Tsunami comme, justement, une aubaine...?
De manière aussi directe non, il faudra comme d'habitude lire entre les lignes et regarder les comptabilités avec une expertise de professionnel malheureusement.

Les dons privés (qui forment la part la plus importante) ne sont soumis à aucun contrôle. Si la Cour des Comptes en France ou l'unité 6 du programme Echo à l'échelle européenne met son nez dans les comptes ; c'est qu'il existe des subventions publiques (de l'Etat français ou de l'Europe) et que comme toute utilisation d'argent public, elle peut être soumise à contrôle. En fait c'est sur cet argent public que vont porter les contrôles, d'où la difficulté ensuite à élargir l'usage qui est fait de l'ensemble des dons. Mais cela donne des indices et encore uniquement aux spécialistes qui connaissent parfaitement ce type d'organisations.

Par exemple, les chiffres mis en lien par Æye...Doll et tiré du site de l'AFM n'apportent rien, on voit bien que le soucis de clarté et de transparence a ses limites.
Comme le disais Borh, si les gens venaient à connaître avec exactitude les tenants et les aboutissants, ils changeraient peut-être de point de vue sur le développement de ces dérives qui portent un nom charity business. Une masse salariale ça veut rien dire si on en sait pas comment elle est ventilée. Certaines organisations (MSF ou Médecins du monde par exemple) ont des frais de gestions de personnels plus importants parce qu'ils payent des intervenants au niveau local avec des salaires pratiquement égaux à ce qui se pratique en occident ; ce qui est une bonne chose. En comparaison, un très petit chiffre de frais de fonctionnement en pourcentage affiché par AFM ne veut rien dire si ils ont 10 salariés à temps plein qui s'en mettent plein les poches dans une simple logique de résultats.

C'est ça le charity business ; c'est cette conception qui consiste à dire ; j'ai des résultats donc je mérite ma part sur le résultat obtenu. Ça c'est une logique d'entreprise commerciale, ça n'a pas sa place dans le cadre d'une association, qui plus est à but "humanitaire". En réalité ceux qui ont la vocation sont tombés dans le piège de l'engrenage que je décrivais plus haut ; ils ont cédé aux sirènes de l'efficacité dans les collectes quitte à ce que ceux qui organisent ça se servent bien au passage sous prétexte d'apporter du résultat.
La catastrophe asiatique a été révélatrice de cela ; certaines organisations sont restées sous le contrôle des humanitaires de vocation qui ont dit stop de manière claire ; d'autres par contre ont clairement profité de la vague. Ça ne signifie pas que les humanitaires de vocations au sein de ces dernières ne font pas un bon boulot mais juste que leur organisation est tombée un peu plus profondément dans l'engrenage et qu'ils vont avoir beaucoup de mal à en sortir si ce n'est à grand coup de scandales et de remise à zéro.
Citation :
Publié par Malgaweth
Les dons privés (qui forment la part la plus importante) ne sont soumis à aucun contrôle. Si la Cours des Comptes en France ou l'unité 6 du programme Echo à l'échelle européenne met son nez dans les comptes ; c'est qu'il existe des subventions publiques (de l'Etat français ou de l'Europe) et que comme toute utilisation d'argent public, elle peut être soumise à contrôle. En fait c'est sur cet argent public que vont porter les contrôles, d'où la difficulté ensuite à élargir l'usage qui est fait de l'ensemble des dons. Mais cela donne des indices et encore uniquement aux spécialistes qui connaissent parfaitement ce type d'organisations.
Ce que tu dis n'est pas faux mais il y a quand même 2 erreurs. Tout d'abord, les grosses ONG (MSF, CCFD, PFS...) ne touchent pas un centime d'argent public. Seules les petites structures en reçoivent, souvent parce qu'elles ne sont pas assez connues pour recevoir des dons privés importants. Et quand l'Etat donne une aide d'urgence pour un pays, soit cela passe par les services de l'Etat (Sécurité civile ou autre), soit l'aide est verser directement au pays en question.

Ensuite, à partir du moment où une ONG est reconnue d'utilité publique, elle est soumise à une contrôle de l'Etat. Qui fait ou non son travail, nous sommes d'accord. C'est peu mais ça n'est pas rien non plus.

Enfin concernant les dons : contrairement à une idée reçue, la majorité des dons en France viennent en fait de personnes décédées (legs, successions notariales...). Cela va peut-être en surprendre certains mais l'ONG qui reçoit le plus de dons en France, et de très loin, c'est la SPA
Il y a eu des annonces dans Libération cette semaine pour ce genre d'activités, les associatiosn semblent s'être entendues entre elles pour rémunérer ce travaill 11.10€ de l'heure, "congés payés et prime de précarité incluse".

Les démarcheurs sont donc des gens qui sont la pour gagner leur croute et n'ont pas forcément un acte militant envers l'ONG pour laquelle ils travaillent. Je suppose donc que s'ils veulent continuer à être payés il leur faut faire du chiffre, d'ou certaines méthodes d'accostage un peu aggressives.
Citation :
Publié par Mahorn
Tout d'abord, les grosses ONG (MSF, CCFD, PFS...) ne touchent pas un centime d'argent public. Seules les petites structures en reçoivent, souvent parce qu'elles ne sont pas assez connues pour recevoir des dons privés importants.
Je n'ai pas particulièrement insisté sur le cas MSF (par exemple) parmi les organismes qui seraient susceptibles d'être contrôlés par la Cour des Comptes. Car si effectivement, MSF ne touche pas d'argent du gouvernement français ; l'organisation reçoit des financements institutionnels publics et notamment du programme européen ECHO (plus de certains pays comme la Suède ou la Norvège dans le cadre de certains projets) et, à ce titre, est soumis au contrôle de l'unité 6 qui effectue des audits sur l'utilisation des fonds européens.
Ça ne représente pas, bien sûr, une part importante du budget, mais le contrôle que cela sous-tend oblige quand même à une certaine clarté même si l'exemple MSF n'est pas particulièrement indiqué parmi les organisations ayant tendance à dériver dans le charity business.

La présence, même peu importante, de ces fonds publics joue quand même un rôle essentiel, celui de pousser à une certaine transparence. Sans ces fonds publics (que les organisations n'aiment pas pour des raisons logiques d'indépendance d'action) les contrôles potentiels seraient inexistant et les dérives sans aucun doute plus importantes.
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