Tiens, j'étais sûr d'avoir posté mon avis sur ce film, mais non, en fait.
Je l'ai vu en DVD il y a quelques temps, et j'en garde une impression très mitigée.
D'abord il y a cette caméra omniprésente. Evidemment, elle est omniprésente chez Antonioni, et ça ne me gêne pas une seconde, mais j'ai un peu de mal, finalement, avec la virtuosité de Cuaron. La scène de la voiture est admirable, certes (surtout la fin, en fait, lors de la fuite), mais quel est l'intérêt cinématographique du plan-séquence, existe-t-il un impératif absolu de l'utilisation de ce procédé ? Je reste perplexe. Ca n'est pas une critique, juste une interrogation.
Ensuite il y a cet enchaînement de scènes. J'avoue avoir du mal à trouver de la profondeur dans ce récit, qui minimise les personnages secondaires en les réduisant à des stéréotypes (Michael Caine, par exemple), empruntant à tout va (pêle-mêle, chez Gilliam, Bradbury via Truffaut, Orwell, Spielberg, etc) sans grande cohérence (le contraste entre le début et la fin du film, sans doute voulu, m'a un peu déstabilisé), servi par un acteur principal mou au possible (je suis de moins en moins convaincu par Clive Owen à chaque film où il apparaît).
Enfin, et c'est le point positif principal du film, il y a quand même un formidable discours engagé et viscéral sur le monde d'aujourd'hui, Cuaron arrivant avec une finesse remarquable à dresser le tableau d'un futur proche découlant directement de notre présent (et non pas un délire à base de voitures volantes et de cités fluorescentes), plongeant ainsi le spectateur au milieu d'une charge féroce contre la société européenne actuelle. C'est audacieux dans un tel blockbuster, c'est intelligent, c'est cultivé (cf les références ci-dessus, qui servent aisément le discours moral du film au contraire du discours cinématographique), c'est ainsi que devraient être bien plus de films hollywoodiens de nos jours.
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