[Ys] Le départ de l'ancien [background]

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(ceci est un texte relatant de manière RP le changement de GM de la Meute de Fenris et présentant le BG de la guilde. La guilde en elle-même n'est plus active sur Ys mais je me suis dit, en retombant dessus récemment, que cela pouvait toujours intéresser les amateurs)

Le départ de l’ancien

On l’avait nommé Askaal, ce qui dans le langage mi-articulé mi-grognant des enfants de Fenris signifiait "nouvel être" ou "curieux de tout".
Encore louveteau, il rêvait déjà de paysages fabuleux et de chasses grandioses réunissant toute sa meute pendant des jours et des nuits. Non content d’en rêver, une fois éveillé il ne jappait que de ça à qui voulait l’entendre et même aux autres car sa jeune voix portait déjà d’un bout à l’autre de la grande tanière commune.

Quand ses premières dents poussèrent, loin de se dissiper son rêve se fit plus obsédant. Il se passait rarement une heure sans qu’il n’entretienne les Fenris de la nécessité de s’organiser pour aller donner la chasse à tel ou tel gibier féroce dont la chair était la meilleure puisqu’on ne l’avait encore jamais goûtée !

Ceux qui l’écoutaient, ceux qu’il agaçait et ceux qui tout simplement voulaient à nouveau pouvoir dormir tranquille, se mirent d’accord pour le laisser partir en compagnie des quelques fous qui voudraient bien le suivre, pourvu qu’il se taise enfin et aille au loin mener ses chasses invraisemblables.

Nul besoin de détailler la multitude de bévues à laquelle l’inexpérience et la témérité de cette jeune troupe la conduisit, on retiendra juste qu’à attaquer n’importe quel gibier on se retrouve plus souvent chassé que chasseur et la troupe du souvent jeûner pitoyablement tout en léchant ses blessures…

Malgré tout, ceux que ces aventures ne tuèrent pas devinrent plus forts et le temps passa, amenant avec lui son cortège de cicatrices et d’enseignements.
Un jour il ne se trouva plus un Fenris dans cette troupe qui n’avait pas atteint l’age adulte au cœur du combat : le temps de rentrer était venu, les jeunes loups écervelés étaient devenus de redoutables prédateurs capables de nourrir une progéniture nombreuse.

Quand ils furent de retour à la grande tanière, Askaal avançait en tête de la troupe qui l’avait depuis désigné comme meneur.
De son seul œil encore valide, il toisa les alphas grisonnants et hurla un défi qu’aucun n’osa relever. Il serait leur chef, pour le meilleur et pour le pire.

Askaal fit dès lors de son mieux pour guider les siens au cœur de territoires de chasse regorgeant de gibiers succulents, où l’eau était chantante et bien fraîche et où même l’hiver était clément.
La meute chassa à travers tout Midgard et alla même jusqu’au racines d’Yggdrasil l’arbre sans age pour y dévorer des elfes et aux portes du royaume de Camelot pour y exterminer une famille de trappeurs et reprendre la peau d’un Fenris tombé au combat.
Des années durant la meute prospéra, les louves donnant naissance à de nombreuses portées qui formerait la nouvelle génération d’insupportables louveteaux.

Ses meilleurs années derrière lui, le chef loup vit grandir lune après lune ces jeunes loups patauds. Il les vit s’émerveiller de ce dont il était depuis longtemps lassé et fut souvent tiré du sommeil par leurs jappements aigus. Il voyait proche le jour ou l’un de ces jeunots le délogerait d’une place qu’il ne méritait déjà plus et se prit à souhaiter que ce jour vienne vite, car il se fatiguait de la vie, si bonne qu’elle ait été.

Un soir que son vieux dos le faisait souffrir et qu’il maudissait intérieurement sa charge de meneur, une troupe de jeunes crocs vint au-devant de lui, un loup au pelage sombre et aux yeux frondeurs à leur tête. Ce dernier se campa devant le vieux loup et lui grogna un défi. Un instant Askaal voulu donner une leçon à ce jeune prétentieux qui croyait pouvoir défier le vétéran de tant de luttes et de tant de chasses, mais le noir nuage de l’orgueil passa et l’ancien se leva pour céder sa place au jeune sang.
Avant de partir à jamais, il se tourna vers ces jeunes si semblables à celui qu’il avait été et leur conta l’histoire des Fenris telle qu’elle lui avait été racontée quand il n’était qu’un louveteau rêveur :

« Nous sommes les héritiers de Fenris, le loup dont la sauvagerie terrifia les dieux au point qu’ils firent tout pour l’enfermer à jamais. Sa tragique histoire, le Grand Loup lui-même l’a racontée à nos ancêtres, nuit après nuit, et il vous faudra la conter à votre tour à ceux qui prendront votre relève.

Engendré par Loki, Fenris fut piégé par la ruse et la traîtrise des dieux, lié par une cordelette naine que rien ne saurait briser et que les dieux enchâssèrent dans la roche au fin fond d’une grotte. Par enchantement ils firent que personne ne pourrait plus jamais retrouver le chemin de la grotte de sorte qu’ils n’auraient plus à craindre Fenris, si ce n’est au jour fatidique de Ragnarok.

Fenris, lié fermement sans espoir d’un jour parcourir à nouveau librement les terres d’Isenguard, était empli de tristesse et de rage. Du dédale où les dieux l’avaient abandonné, il ne voyait par une mince ouverture qu’un misérable coin de ciel ou ne passait jamais un oiseau ni un rayon de soleil. Toutefois, si petite que fut sa lucarne sur le monde, la lune venait certaines nuits s’y encadrer, lorsqu’elle était pleine et haute.
Devant l’astre lumineux, à la fois sa seule compagne et le symbole de sa liberté perdue, le Grand Loup hurla sa peine insondable et renouvela son hurlement chaque fois qu’elle apparaissait.
Les dieux avaient veillé à ce que personne ne puisse trouver sa prison, mais ils n’avaient rien prévu pour empêcher le hurlement divin de Fenris de trouver son chemin jusqu’en Midgard…

Sur la terre des hommes, ceux qui cherchaient encore le sommeil entendirent la plainte de Fenris et, parmi eux, ceux qui avaient la liberté le plus à cœur en furent transformés. Lune après lune, leur caractère humain céda peu à peu du terrain à celui du loup, au gré des hurlements de la bête désespérée.

Les dieux finirent par s’en apercevoir et bouchèrent toutes les ouvertures de la grotte de manière à ce que les hurlements de Fenris n’en franchissent plus les limites. Mais le bien était fait : sur Midgard, ceux qui avaient entendu l’animal fabuleux étaient un peu devenus ses enfants et il en irait de même de leurs enfants, des enfants de leurs enfants et de toutes les générations suivantes.
A travers eux Fenris était de nouveau libre et cela tant que subsisterait en eux le souvenir du loup enchaîné dont la lune est la seule compagne.

Tel est notre héritage, une beauté sauvage si absolue qu’on ne peut la laisser exister de crainte qu’elle ne consume le monde…
»

Sur ces derniers mots l’ancien quitta la tanière et ne revint pas.
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