(Nouvelle venue sur DAoC, aimant manier la plume, je me suis essayée à rédiger le background de ma kobold! En espérant que c'est cohérent avec l'histoire de Midgard!)
« Je fais partie d’une lignée de Kobolds assez étrange. Mon nom le dit en quelque sorte. Windseele… Nous qui sommes des êtres de la terre, reputés pour vivre en ses profondeurs. Et mon nom qui me rattache au vent. “Ame du vent” voilà des générations que nous nous nommons ainsi, sous le patronage du vent, celui qui emmêle nos cheveux et gonfle nos capes quand nous parcourons les vastes terres de Midgard. C’est mon ancêtre Erda qui a donné ce nom à notre famille. Elle qui se prénommait « la Terre », elle a choisit de vivre au grand air, sous le rude ciel de Midgard. Elle fut de ceux qui quittèrent Aegir par bateau pour gagner le continent. Elle fut de ceux qui découvrirent la verte vallée de Mularn. Elle aima ce pays et dès qu’elle y pénétra, son projet fut de s’y établir. Mais, vous connaissez l’histoire ; la neige surprit les braves Kobolds et sans la précieuse découverte de Skolmir, ils seraient peut-être tous morts… Erda suivit donc ses compagnons dans CaGrandTerrier, mais déjà s’était instillée en elle cette répugnance pour les cavernes, les grottes et les tunnels qui caractérise les cœurs de tout ma lignée. Enfin je devrais plutôt dire des femmes de ma lignée… Mon ancêtre raconta plus tard à sa fille qu’elle avait senti, dès qu’elle y pénétra, que les galeries de CaGrandTerrier feraient son malheur. Hélas pour elle, hélas pour nous, elle ne s’y était pas trompée.
Quand Skolmir fut envoyé à la surface, elle attendit son retour avec impatience : elle voulait retrouver l’air libre. Et le vent, le vent ! Elle fit partie de ceux qui demandèrent à la matriarche Hallvaror de remonter s’établir à la surface. La présence des êtres à la peau clair et aux cheveux de paille ou de geai ne l’inquiétait guère. Au contraire elle était curieuse, avide de découverte et de rencontre. Mais… mais le fiancé d’Erda, lui, ne partageait pas du tout ce goût pour l’extérieur et il se rangea aussitôt parmi les partisans de la matriarche Astrior. Peu de temps après, il s’enfonça dans les profondeurs vers ce qui deviendra Nyttheim. Erda voulut le suivre, car son amour pour lui était grand, mais son courage flancha devant le gouffre de ténèbre des galeries qui s’enfonçait encore plus profondément dans le sol. Lorsque son aimé disparut, tâche noire avalée par le gouffre noir, son cœur se serra et elle sut qu’il était perdu. Les galeries de CaGrandTerrier et de Nyttheim firent son malheur, elle l’avait deviné… Plus tard elle eut connaissance de ce qu’il était advenu de son fiancé : il fut l’un des premiers à tomber au pouvoir de Gullveig, et l’un de ses plus féroces servants. Erda apprit cela par un rêve, qui depuis la hanta jusqu’à la fin de ses jours…
Le malheur d’Erda ne fut cependant pas entier. Après le départ de son bien-aimé, elle décida de quitter CaGrandTerrier, n’ayant plus rien pour l’y retenir. Avec un petit groupe de jeunes kobolds, elle retourna dans la verte vallée de Mularn, où se dressaient désormais des villes et des villages humains et nains. La petite compagnie fut d’abord mal reçue : les kobolds ont la réputation d’être fourbes et malins, ce qui est vrai pour beaucoup d’entre eux, mais Erda et ses compagnons n’étaient pas de cette espèce. Ils mirent leur agilité et leur savoir-faire au service des vikings qui finalement les accueillirent de bon cœur. Ainsi y a-t-il toujours eu depuis lors quelques kobolds établis à Mularn en parfaite entente avec les autres habitants. Quelques mois plus tard, Erda eut une fille, car elle avait quitté CaGrandTerrier enceinte de son bien-aimé parti dans les profondeurs. Elle nomma sa fille Windseele : elle pensa qu’en la nommant ainsi, elle détournerait son esprit et son cœur des galeries et des cavernes. Et ce nom resta celui que nous portons de mère en fille, en guise de nom de famille. Erda et Windseele développèrent de grands talents pour l’artisanat, notamment dans la confection de légères mais robustes armures de tissu. Windseele trouva un époux et tout semblait aller pour le mieux. Elle eut deux enfants, une fille et un garçon. Si la fille était le portrait exact de sa mère et de sa grand-mère, le garçon lui était beaucoup plus sombre. Une fois en âge de se débrouiller seul, il se présenta un soir devant sa famille, un baluchon sur l’épaule, faisant part de son désir de gagner CaGrandTerrier et de là peut-être Nyttheim. Windseele voulut le faire changer d’avis, mais Erda posa fermement la main sur l’épaule de sa fille pour l’empêcher de retenir son fils. Dans les yeux de la vieille kobold se lisait une triste résignation : la malédiction des profondeurs attirerait irrémédiablement tous les kobolds mâles nés de son sang et de celui de son aimé parti pour les ténèbres.
Les générations se succédèrent et de façon implacable, tous les fils partirent pour CaGrandTerrier, et plus personne jamais n’entendit parler d’eux. Les filles, elles, continuèrent à vivre parmi les humains, et reçurent pour la plupart la même éducation qu’eux. C’est pour cela que je ne parle pas comme une Kobold, voyez-vous. Celles d’entre nous qui développèrent des talents quelconques furent envoyées à Jordheim pour parfaire leur savoir auprès des meilleurs maîtres de la capitale. Un don pour la magie court dans nos veines et se manifeste parfois. C’est le cas pour moi, aussi ai-je décidé d’embrasser la carrière de Chaman et d’apprendre les sorts qui leur sont propres. Mais je suis fort jeune encore, et Lureley Windseele a beaucoup à apprendre. Comme ma mère, et sa mère avant elle, et comme ça jusque Erda, je hais les cavernes et les galeries. Je les hais car elles m’ont pris deux des êtres que j’aime le plus au monde… Mon frère, et ma mère. Mon frère, il est parti, comme tous les autres mâles descendants direct d’Erda… seul Ymir sait aujourd’hui ce qu’il est advenu de lui. J’aimerais me consoler à la pensée qu’il est mort en recherchant l’entrée de CaGrandTerrier… Quant à ma mère… du jour où elle a mis au monde son garçon, c’est comme si elle avait pris le deuil. Quels ne furent pas ses efforts pour lui apprendre l’amour du dehors ! Mais une malédiction est une malédiction. Bien orgueilleux celui qui pense pouvoir y échapper. Et mon frère est parti, comme tous les autres… Ce jour-là, ma mère a rendu visite à une de ses amis, marchande de poison… Elle n’a pas supporté de voir son fils s’en aller…
Depuis je me débrouille seule. J’essaie d’apprendre l’art du Chaman, je découvre Midgard… J’aime aussi écouter les récits du vieux viking que vous voyez là-bas, assis à l’autre bout de la taverne. Le tenancier dit qu’il n’a plus toute sa raison, mais j’aime ces histoires ! Il a défendu notre frontière pendant de longues années, avant de prendre une retraite bien méritée. C’est sur le champ de bataille qu’il a laissé son œil droit. Mais ce ne sont point tant ses récits de batailles que ces récits de voyage qui me fascinent ! Il paraît qu’il a visité le royaume d’Hibernia, en toute impunité. Il paraît que là-bas la nature est toujours verte, et que les toits de la capitale s’élève haut dans les airs, et qu’ils brillent d’or ! peut-être que si les Kobolds avaient découverts une terre de la sorte, jamais ils n’auraient eu besoin de s’enfoncer sous terre…
Enfin, il ne sert à rien de récrire notre histoire… et je ne visiterai jamais Hibernia. Je vais tâcher de devenir une Chaman digne de ce nom. Et qui sait, peut-être qu’un jour j’irai moi aussi à Nyttheim. Non, non, ne faites pas cette tête-là ! Je ne me laisserai jamais emporter par les profondeurs ! Non… mais en revanche, si je maîtrise assez mon art, je parviendrai peut-être à libérer mon frère, et ceux de ma race qui sont encore là-bas. Oh, je sais très bien que je ne les sauverai pas, et qu’ils ne redeviendront jamais de braves Kobold normaux. Mais je préfère les savoirs morts que possédés… »
La jeune Kobold poussa un long soupir « Vivi, çaêtretristehistoiredeçapetitekoby ». L’immense troll qui était assis en face d’elle partit alors d’un éclat de rire franc et clair – clair comme on ne s’y attendrait pas de la part d’un troll – en entendant la petite Kobold reprendre les habitudes de langage des siens. Celle-ci rougit d’avoir laissé échapper cela. Puis elle se leva et fit sa plus belle révérence au troll, parce que lui sauter au cou pour poser un baiser sur sa joue de pierre aurait été inconvenant, et aussi assez difficile vu comme elle était petite, et elle ne voulait pas se ridiculiser devant les clients de la taverne. En la regardant gagner la route de Jordheim de sa démarche bondissante de koby, le troll songea que lui, le skald expérimenté, quand il en aurait l’occasion entre une campagne à la frontière et une expédition dans l’aride Atlantis, il viendrait prendre sous son aile cette petite peau bleue qui se donnait pour tâche de découvrir Midgard.
Lureley, Chaman, la Horde Abyssale, Mid/orca
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