Au secours du Temple

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Le garde revint après environ cinq minutes. Il adressa un signe de tête affirmatif à Félis et Ronulf, avant de prendre la parole:
"Son excellence accepte de vous recevoir. Mais il vous faut d'abord me remettre vos armes : c'est la procédure standard. Mon collègue se chargera de les placer en lieu sûr."
Elle pointa du pouce son arme.

-Vous voulez parler de ça? Comme si j'allais pouvoir faire quoique ce soit avec tous les gardes des environs. Je suis venue juste donner un message et j'm'en vais. Mon compagnon halfelin n'a aucune arme pour sa part et Aërandis restera dehors. Je préfère la garder, si ça vous dérange pas, j'aime pas me séparer de mon héritage familial. Que pouvez vous craindre d'une femme?
Le garde semblait enclin à croire Félis, d'autant plus que celle-ci s'était montrée généreuse, le payant une pièce d'or juste pour poser une question au bourgmestre. Mais la procédure était la procédure. Et puis, la jeune femme ressemblait à une aventurière: croire qu'elle ne savait pas se servir de sa faux aurait été stupide.
"Désolé, m'amselle, je ne fais qu'obéir aux ordres. Dans la mesure où vous ne voulez effectivement aucun mal à son Exellence, vous ne verrez pas d'objection à vous débarrasser de votre arme un court instant."
-Hmm, je sais bien ce que c'est et je vous comprends mais ça me répugne un peu de laisser mon arme entre des mains étrangères... si vous saviez son histoire... fit elle avec une moue d'enfant avec un air gêné presque adorable. Elle ramena une mèche en se mordant la lèvre inférieure, semblant se forcer à devoir se séparer de son "fétiche".
Ronulf déglutit lorsque Félis déclara qu'il n'avait aucune arme. Bien sur elles étaient cachées dans les replis de ses vêtements, mais l'halfelin se demanda ce que signifiait les paroles de la semi-dragonne. Voulait-elle mentir au garde, ou pensait-elle qu'il était tellement incapable de s'en servir que cela revenait au même s'il avait été désarmé ?

Lorsqu'il vit le visage de Félis s'adoucir et perdre sa dureté, il faillit s'alarmer et lui tirer la manche, inquiet de ce sursaut d'humanité, mais il comprit rapidement qu'elle essayait par la ruse d'attendrir le garde. Du coup, lui aussi s'essaya à un air misérable, la bedaine rentrée et l'oeil humide...
Le second garde sembla attendrit et posa une main apaisante sur l'épaule de son collègue.
"- Aller, laissez-la, sergent, qu'est-ce que vous croyez ? Qu'elle va décapiter le bourgmestre avec une dizaine de gardes en faction et le grinçant dans le parc ?"
"- Le problème n'est pas la tête de notre cher patron, Martin, mais la nôtre: j'ai une famille à nourrir et je refuse de perdre mon emploi pour un caprice de fillette."

Le sergent se tourna vers Félis:
"-M'amselle, navré mais il n'y a aucune dérogation possible. Vous m'avez l'air honnête, je vous ferais grâce de la fouille à vous et votre ami."
-Bien, prenez en soin, je vous prie...

Elle remit son arme au garde comme si elle remettait un reliquat. Puis, elle rentra à l'intérieur, escortée de Ronulf et d'un garde. Arrivée à la porte de la salle où le bourgmestre se trouvait, elle se tourna vers l'halfelin.

-Reste ici Ronulf, je n'en aurai pas pour longtemps...

Elle lui jeta un regard appuyé, et ses doigts cachés à la vue du garde s'exprimèrent dans le langage des voleurs.

(Cherche faux)

Félis lui faisait confiance, elle n'espérait pas devoir arriver aux armes mais si le bourgmestre ne se montrait pas conciliant, elle y serait forcée... elle avait toujours ses dagues et elle savait utiliser le décor à son avantage, mais sa faux restait son arme de prédilection.
Le bâtiment dans lequel se trouvait le bourgmestre était richement décoré de marbre. Un long couloir disposant de nombreuses alcôves menait au bureau où le représentant du peuple de Secomber recevait ses visiteurs. Une fresque dépeignait La ville de Secomber à sa fondation, un dragon d'argent survolant les trois collines où seuls quelques trous de hobbits se trouvaient alors. Différents notables discutaient et plusieurs se retournèrent au passage de Félis. On voyait rarement des aventuriers ici...

"Voilà, m'amselle, je vous laisse parler à son Exellence. Il vous attend derrière cette porte. Lorsque vous aurez délivré votre message, rejoignez-moi à l'entrée pour récupérer votre faux."
Le garde fit un pas en arrière alors que Félis s'adressait à Ronulf.
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Une fois Félis partie, le garde regarda Ronulf, lui jetant un regard intrigué.
"J'vous ais pas déjà vu kek'part ? Créfieu !! Mais où donc ?"
- Par les bourses de Cyric c'est bien possible l'ami, j'ai de la famille dans le coin et l'ambiance des tavernes me semble meilleures pour la santé que les dorures d'un palais !

Ronulf pris le garde par le coude et tenta de le guider vers l'entrée où l'autre garde avait posé la faux de Félis

- En parlant de taverne, j'ai dans mon sac un délicieux petit vin issu des cépages du sud d'Eauprofonde, votre ami et vous allez m'en dire des nouvelles...
Elle entra dans la pièce, non sans appréhension, la capuche toujours rabattue sur son visage puis elle ferma la porte derrière elle.

-M. Le bourgmestre?
La sobriété du bureau du bourgmestre contrastait avec l'apparence luxueuse de l'entrée. Plusieurs étagères, emplies de livres et de rouleaux de parchemin, garnissaient les murs. Dos à un fenêtre ornée de vitraux transparents, le bourgmestre était assis derrière un massif bureau en chêne, sur lequel trônaient des montagnes de documents.

C'était un homme de forte carrure, d'une quarantaine d'années, peut être plus. Même si l'âge lui avait fait prendre du ventre, il conservait une apparence robuste, preuve indiscutable qu'il avait dû pratiquer jadis le métier des armes, comme en attestait la vieille épée et le bouclier cabossé accrochés au mur. Il leva les yeux sur Félis, lui faisant signe d'approcher, une ride soucieuse lui barrant le front.
"-Ah !! c'est donc vous l'inconnue qui prétend avoir un message urgent. Assiez-vous, je vous en prie et venez-en au fait, je n'ai que peu de temps à vous accorder."

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Le garde emboîta le pas à Ronulf, tout en cherchant à se remémorer où il avait bien pu le voir. Il finit par abandonner: sans doute le vin lui redonnerait-il la mémoire. Il avait beau être en service, le sergent lui-même ne cracherait pas sur une petite goutte, surtout si elle était offerte.
"-J'accepte votre invitation avec plaisir. Il ne se passe pas grand chose dans cette ville, aussi un aventurier comme vous aura-t-il sans doute plus d'une histoire à raconter. J'offre le repas puisque vous offrez à boire."
Elle s'assit et passa directement à table.

-Ah, je suis impressionnée, vous avez l'air apprécié des gens ici... un bourgmestre intègre, comme c'est si... rare! Et encore plus rare le bourgmestre intègre qui vole le temple de Gond et les marchands de passage par des malfrats...

Elle retira sa capuche, affichant clairement les écailles sur les côtés de son visage. Son visage était dur comme de la glace, ses yeux turquoises paraissant encore plus inhabituels que d'habitude.

-Malheureusement pour vous, votre chef de mercenaires doit être en train de se repentir de ses actes avec le peu de compagnons vivants qui lui reste. Voilà plusieurs jours que je remonte votre trace et je ne vais pas aller par quatre chemins: rendez les plans, dites moi ce que vous comptiez en faire et retournez à une vie honnête. Sincèrement, je ne suis pas un tueur mais je n'hésiterai pas à aller jusqu'aux armes pour ce faire.
Le bourgmestre sembla stupéfait par l'accusation. Son teint s'empourpra lorsqu'il prit la parole, se levant de son siège en appuyant ses poings sur le bureau.
"-Comment ??? Ecoutez, fillette :
Je combattait pour la justice et l'honneur, dans les armées de l'Alliance des Seigneurs, bien avant votre naissance !! J'ais passé ma vie à combattre le Mal ou ce qui en tenait lieu et VOUS, une parfaite inconnue, avez le toupet de venir m'accuser de dévaliser des marchands, comme un vulgaire bandit ?!
Quant à ce chef mercenaire, sachez que la milice est constituée uniquement d'habitants de Secomber. Les seules troupes mercenaires sont les soldat aquafondais, sur la Colline du Seigneur.
Alors expliquez-vous maintenant ou je crains d'être forcé de vous faire jeter dehors par la garde !!"
Une veine battait à sa tempe et il était clairement visible qu'il faisait de gros efforts pour ne pas se jeter au cou de Félis.
Elle se leva d'un même geste.

-Expliquez moi alors pourquoi m'avez vous reçue lorsqu'on vous a dit le nom de Germain Fléaurouge et que j'avais un message urgent de sa part... ce même Germain qui venait jusqu'à la caravane, avec qui j'étais, soutirer une somme exorbitante avec ses hommes. Pourquoi, lorsque je l'ai maîtrisé, il a retiré une bague de son doigt et qu'il a prétendu être envoyé par vous pour ce travail et qu'il venait de la Mer de Lune et non de Secomber. Alors pourquoi un voleur m'a dit vous avoir reconnu, descendant de chez un apprenti de Gond.

Félis avait dit cela calmement, montrant la bague.
Le bourgmestre parut pris de court pas tant d'affirmations. Il reprit contenance, sa colère explosive faisant place à une froide réflexion.
"-Je ne vous ais pas reçu à la mention de ce Fléaurouge : Un message urgent reste un message urgent et j'ai confiance dans le jugement du sergent...quoique pour un fois il me déçoit. "
Il se rassit, les yeux fixant le vide, ses mains jointes à hauteur du nez. Après un moment, il reprit la parole :
"-Dites m'en plus concernant cette histoire concernant Gond. Je crains de ne pas avoir tout compris. Quant à la bague, je ne vous suit pas: en quoi une simple bague est-elle une preuve ?"
Elle s'était remise à réfléchir, n'étant nullement déstabilisée. Elle avait voulu écouter les alibis des uns et des autres, maintenant que tous les éléments du puzzle étaient entre ses mains, il lui fallait reconstituer le tout.
(Mais si ce Fléaurouge n'avait entendu que la voix... alors on pillerait les marchands sous son nom... et l'invention de l'apprenti aurait cette utilité)

-A vrai dire messire, je ne crois plus en grand chose car il peut y avoir plusieurs possibilités à cette affaire.

Elle préféra confier tout ce qu'elle avait fait depuis le début, de la mort de l'apprenti, de l'appel de Gond et de l'invention à retrouver jusqu'à l'arrivée à Secomber.

-En y repensant, il serait nullement logique que ce voleur m'ait dit la vérité et si vous aviez voulu prendre ces plans, vous auriez plutôt engager quelqu'un d'autre pour le faire. Je soupçonnais un complot et je pense avoir eu raison de me précipiter sur les lieux de l'affaire. Mais je voudrais entendre votre version des faits.
Le bourgmestre écouta attentivement Félis alors qu'elle faisait un récit détaillé des évènements. Il hocha la tête quand elle évoqua un possible complot.
"-Secomber est un relais commercial entre Eauprofonde et les royaumes de l'Est de Faerun. Depuis plusieurs années, nous sommes au coeur de la tourmente:
des produits de contrebande passe sans cesse par ici et, de par nos liens avec Eauprofonde, nous ne pouvons pas les laisser passer. Le Trône de fer, le Zhentarim et biens d'autres aimerait contrôler la région pour exercer leurs ignobles trafics.
C'est sans doute un de leurs agents qui est responsable de tout cela. J'ignore ce qu'il compte faire d'une invention ratée. Mais pour ces brigands, j'ai peux être une hypothèse : la bague qu'utilisait Fléaurouge pour se transformer en l'un de mes capitaines peut ne pas être unique. Sans doute notre homme a-t-il utilisé un objet similaire pour prendre mon apparence et tromper le mercenaire."

Il prit un parchemin vierge, commençant à y inscrire quelque chose.
"Nous hébergeons actuellement un groupe de prêtres de Mystra. Je vais vous donner un document qui exigera qu'ils inspectent la bague. Peut-être vous en apprendront-ils plus sur l'identité de son créateur."
-Bien.

Elle n'aimait pas cette histoire qui allait au-delà d'une simple enquête. Pourtant, elle avait fait une promesse et devait sa vie à Aërandis, elle devait l'aider. Elle prit le document, vérifia l'ordre écrit dedans. Félis sortit après avoir brièvement salué le bourgmestre et alla chercher Ronulf.

-Sir Ronulf, j'ai finie de transmettre mon message, nous pouvons y aller.

Elle préférait ne rien évoquer devant des inconnus de ce qu'elle allait faire. Elle sortit du bâtiment, reprenant sa faux au passage et se dirigea vers le plus proche temple de Mystra. En chemin tout en vérifiant que personne ne les suivait, elle chuchota à l'halfelin ce qu'il s'était passé.

-Et croyez moi, j'ai l'instinct du danger et je n'aime pas ça.

Elle montra l'ordre à l'entrée et attendit la réponse.
Ronulf quitta les deux gardes à regret car il leur laissait une bouteille à moitié pleine, mais il suivit néanmoins Félis, gambadant à ses côtés, une cuisse de poulet dans une main...

A l'évocation du danger, il faillit s'étrangler et avala de travers, puis il se reprit :


- Certes Félis, les récents évènements nous prouvent que vous avez raison... hélas...
[HRP]Je suppose que vous vous rendez tout les deux au temple de Mystra[/HRP]

En se dirigeant vers le Temple de Mystra, Félis et Ronulf n'eurent aucun mal à se frayer un passage: la foule n'était pas bien dense et la présence d'Aerandis, complètement remit des effets du poison, suffisait à la dispersé un peu plus.

Aux cotés de deux autres temples, celui de Mystra trônait fièrement, bien qu'il ne s'agisse que d'une simple chapelle. Deux prêtres les accueillirent. Le plus âgé des deux parla d'une voix chevrotante :
"Bien le bonjour, mes enfants. Puisse la Dame des mystères embellir votre vie. Car c'est assurément elle qui vous a mené jusqu'ici. Que pouvons-nous faire pour vous aider ?"
Sans un mot, elle tendit le parchemin du bourgmestre au plus âgé avant d'ajouter.

-C'est assez urgent.

Bien entendu, elle avait vérifiée l'ordre soigneusement avant de partir. Rabattant une mèche devant ses yeux, Félis n'avait qu'une seule hâte: pouvoir en découdre avec les responsables et leur apprendre la politesse.

Courage, Aërandis... je tiendrais ma promesse.
Le prêtre déroula le parchemin avant de le lire consciencieusement.
Il fronça les sourcils, l'écarta un rien, puis hocha la tête.
"Le bourgmestre semble effectivement indiquer que c'est une affaire grave. Nous pouvons entamer les sorts d'identification immédiatement, une fois quelques précautions prises. Vous avez l'objet ?"

En disant cela, il invita les deux aventuriers à entrer, son compagnon jetant malgré tout un coup d'oeil méfiant à Aërandis. Il s'adressa au plus vieux des prêtres:
"Par Mystra, devons nous tolérer cette animal en nos murs, mon père ? C'est que...Il nous faudra nous concentrer et je crains que la vue des crocs et des griffes..."
Elle confia la bague, non sans appréhension. Quand l'un d'eux parla d'Aërandis, elle se contenta d'y répondre tout en faisant un geste nonchalant.

-Tant que vous ne lui écrasez pas la patte par mégarde... et puis, Mystra vous protège non? fit-elle avec un sourire sarcastique.

Puis, Félis les suivit afin de savoir au plus tôt les résultats.
Sans relever le sarcasme de Félis, les prêtres entamèrent leur rituel. La chapelle dédiée à Mystra comprenait uniquement un autel derrière lequel trônait une représentation d'une jeune femme aux traits sévères mais bienfaisants.
L'éclairage magique des lieux diffusait une douce lumière dorée alors que les prêtres enchaînaient les prières et les sorts de protection. Puis, d'un simple geste, le plus vieux des prêtres toucha l'anneau avant de reculer de deux pas.

L'objet lévita à environ un mètre du sol, auréolé d'une lueur pourpre, cette dernière émettant un bourdonnement qui couvris graduellement la mélopée de prières.
Le vieux prêtre porta une main à son front, pinçant son nez tout en fermant les yeux. Après plusieurs minutes, alors que le bourdonnement qui accompagnait la lueur s'intensifiait, le prêtre ouvrit soudain les yeux, en poussant un cri. Le chant des autres prêtres cessèrent immédiatement.

Il tomba en arrière tandis que l'anneau retombait au sol, un petit bruit métallique brisant le silence de mort. Les yeux écarquillés, le vieux prêtre déglutit difficilement avant de fixer ses frères d'un regard inquiet:
"Cyric..."
Ce fut au tour de Félis de se pincer le nez, d'un air désappointe.

(Pitié, ne me dites pas ça...)

Elle poussa un soupir, prit une grande inspiration et son courage à deux mains avant de s'avancer.

-Cyric... lequel? Un être humain portant ce nom ou le charmant dieu maléfique auquel il ne vaut mieux pas se frotter?

Bien sûr, elle ne se faisait pas d'illusion à ce sujet. Bien sûr que la voie du combat était la seule qu'elle devait suivre mais de là à affronter une secte! Elle n'avait survécu au balor que par pure chance mais elle connaissait ses propres limites face à la fourberie et à la méchanceté pure.
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