#41601
Invité
|
(c'est une certaine vision du fameux mariage, malheureusement j'ai du mal à écrire des trucs sans me regarder le nombril aussi par moment je dévie énormément du sujet initial, et c'est aussi toujours un peu "spécial" par endroits
![]() Le style est quelque peu boiteux par moment mais je préfère mettre le texte maintenant plutôt que de finasser, étant donné que pour ce genre d'évènements cela risque de tomber à plat si le texte arrive dans 3 jours ![]() Si vous aimez ce style, d'autres trucs du style (et mieux écrits) sont disponibles ici ![]() Bonne nuit, donc ![]() Je me promenais songeuse à l'orée de la nuit, près d'une fontaine en ruine dans les restes d'un ancien monastère. Les lueur qu'elle prenait à la Lune montante donnaient aux lieux une atmosphère particulière. Une ambiance rehaussée par temps frais lorsque de la brume stagnait à même le sol, jusqu'à ne plus former qu'un mystérieux tapis impalpable invitant à la rêverie. La brume s'agitait alors autour de la fontaine, courant dans son fond plat, se lançant à l'assaut de la colonne centrale puis retombant aussitôt en fines volutes de soie dans la marre noyée dans la brume. J'avais une affection particulière pour ce genre d'endroits, comme avec tout ceux qui nourrissaient ma mélancolie en réveillant des souvenirs qui au fil du temps devenaient de plus en plus lointains. Cette fontaine semblait souffrir des affres du temps, tout comme cette lueur féerique qui s'étiolait un peu plus chaque jour. Elle finirait par perdre totalement le reste de vie qu'il semblait lui rester, devenant alors un vague tas de pierres comme un autre, sans âme, sans vie...sans passé. Elle me semblait être une parfaite métaphore de ce que je devenais jour après jour : J'avais l'impression de m'être perdue. Combattre était devenu une obsession qui occupait la majeure partie de mon temps libre. J'en venais presque à penser que je combattais plus par plaisir que par nécessité, à présent. j'eus alors le sentiment que mon âme et mon esprit s'étaient peu à peu reclus dans une tour d'ivoire, attendant patiemment que le moment soit venu pour réapparaître.. ou disparaître définitivement. Un sifflement se fit derrière moi, me tirant de ma rêverie; suivi peu après du bruit d'un objet dur que l'on plante sèchement dans un corps mou. Je me retournais et remarquais une dague plantée dans le sol, à mes pieds. Je la retirais et l'examinais rapidement, consciente qu'il pouvait s'agir d'une ruse visant à détourner mon attention. Albionnaise, d'après la lame. J'esquissais un sourire alors que je devinais qui pouvait se régaler de me voir chasser en vain pendant des heures un furtif ennemi. Je m'asseyais sur une colonne renversée environnante, faisant mine de contempler les étoiles en chantonnant innocemment. Une voix mutine me murmura à l'oreille “-Ce mariage... qu'en penses-tu ?” Un silence pesant se fit. J'avais au premier abord perçu ce carnage comme déplorable, jetant à terre l'espoir d'une entente inter-royaume que j'avais longtemps espérée sans trop savoir comment lui faire prendre vie. Cette voix, avec ce ton lourd de sous-entendus, m'incitait à pousser la réflexion un peu plus loin sur cet évènement. “Tu n'en as cure. Ce dénouement arrange votre misérable petite guérilla de plaine, n'est-ce pas ?” rajouta-t'elle Elle voulait me faire réagir, et me guidait vers ce dont elle voulait me faire prendre conscience. Je crû apercevoir une ombre se mouvoir à ma droite, puis prendre consistance devant moi. Une petite silhouette blottie au fond d'une cape dont les contours se perdaient dans la pénombre, donnant l'impression que la nuit entière était son châle, se tenait devant moi. Sa voix se fit comme une complainte “Qu'est donc devenue Karys ?” Elle disparut en même temps que mourrait le son de mon prénom dans l'air Je me levais et essayait maladroitement d'articuler une phrase “-Je...” C'était trop tard : elle devait déjà être loin à présent. Ma réponse lui importait peu de toute manière : elle même la connaissait aussi bien que moi, peut-être même mieux. Je me regardais. Subitement, ce pourpoint sans aucun charme me dégoûta. Je ne supportais plus le contact rêche et oppressant de ces jambières. J'avais l'impression d'étouffer dans ces bottes, et cette couronne qui emprisonnait mes cheveux pour des raisons pratiques m'horripilait. Je la jetait à terre dans un mouvement que j'eus du mal à contrôler, puis me rasseyait, nerveuse. J'avais eu le choix entre un mariage porteur d'espoir et de cette paix que je me prenais parfois encore à espérer, et la guerre. J'avais choisi la guerre. Tout au plus m'étais-je déplacée sur les lieux quelques heures avant la cérémonie, vêtue comme je l'avais été autrefois. Quelques minutes délicieuses, à contempler béatement la rivière alentour. J'y avais croisé un kobold qui n'avait pas osé sortir de l'ombre, mais il ne s'était pas montré agressif; se prêtant simplement à l'amusement de me faire sentir sa présence. Cela m'avait fait penser que ce mariage n'était peut-être que l'aboutissement de ce que chacun de nos trois royaumes espérait, sans trop savoir comment s'y prendre pour demander une trêve aux deux autres sans perdre la face. C'était le prétexte parfait. Ce jour serait à marquer d'une pierre blanche, même si cette union était loin de porter la pureté que l'on se plaisait à lui prêter. Mais l'occasion était là et c'était le plus important. J'étais ensuite retournée à Château Sauvage, car j'avais à combattre. C'était une tache nécessaire, établie dans mes journées. Qui me forçait ? Personne. Pourquoi combattre alors, serait-ce donc réellement par plaisir ? Mon regard se posa sur cette fontaine, et mon esprit me refit considérer les pensées que j'avais eu à ce propos quelques minutes auparavant. Puis cet épisode à Emain Macha me revint en mémoire et me fit prendre conscience de leur absurdité. Ce n'était pas par plaisir, mais par nécessité pour une finalité que je n'étais pour l'instant pas capable de saisir. Quand le moment sera venu tout me semblera clair. Pour l'instant, je commençais juste à prendre conscience des choses. Il n'y avait pas à s'inquiéter, cela vendrait avec le temps. Mon esprit attendra patiemment que mon âme le réveille. Mes pensées revinrent donc vers ce mariage. J'entendais encore sa voix dans ma tête.. “-Ce mariage...qu'en penses-tu ?” Cette fois-ci le ton ne se borna pas à me faire sentir que ma réponse était creuse, mais alla plus loin et donna naissance à une pensée concrète dans mon esprit. Comment avais-je pu être autant naïve ? Comment Albion avait-il pu être aussi aveugle ? Pourquoi Occimoon, celui qui pour nuire à Albion avait usé de tous les moyens et de toute la fourberie que la Nature avait osé le doter, devenait-il soudainement doux comme un agneau au point d'épouser une avalonienne et proposer une trêve entre les 3 royaumes ? C'était limpide à présent : Occimoon se servait d'Albion comme d'une marionnette, et s'était servi de Nemeis comme d'une potiche. Midgard n'était pas encore à même d'inquiéter Hibernia, mais sa montée en puissance s'annonçait dangereuse. Albion était affaibli, mais il suffirait d'une personne fédérant le royaume pour redevenir une grande menace pour Hibernia. Occimoon voyait s'annoncer le crépuscule de l'âge faste. Albion et Midgard n'étaient pas alliés, mais chacun voulait la perte d'Hibernia. Hibernia finirait par fléchir sous la pression de ces deux royaumes, même non concertée. Et Albion pouvait se réveiller d'un moment à l'autre et ce serait alors probablement trop tard; il fallait agir vite. Que faire ? Défaire maintenant et définitivement le royaume d'Albion pendant qu'il en était encore temps ? Impossible. Une agression directe réveillerait le lion endormi et Midgard en profiterait pour saccager Hibernia. Deux fronts n'étaient pas tenables. Mettre la pression sur Midgard et étouffer dans l'oeuf sa montée en puissance ? Cela impliquerait de dégarnir les défenses du royaume, et rendrait Hibernia vulnérable à un réveil éventuel du royaume d'Albion, qui plus est serait probablement favorisé par un conflit entre Hibernia et Midgard : Même problème. N'y avait-il donc plus qu'à contempler la chute inévitable d'Hibernia ? Non. Dressez un singe et faites-le lancer des pierres sur un lion assoupi. Qui le lion attaquera-t'il ? Le singe, ou vous, qui avez incité le singe à faire un acte que le lion considère comme lui étant désagréable ? Occimoon savait parfaitement qu'une manifestation pacifique en zone frontalière était une chimère. Il prit cependant bien soin d'y convier le royaume de Midgard, et d'organiser l'évènement dans les Monts de Pennine afin que l'ensemble de la population Albionnaise s'en sente d'autant plus concernée. Midgard ne se fit pas prier et fonça droit dans le piège en faisant un carnage, conformément à ce que Occimoon espérait. Tout se passa ensuite comme il l'avait prévu : une haine sans nom s'empara des Albionnais : Midgard avait souillé l'espoir d'une trêve pacifiste entre les 3 royaumes, en faisant du mariage pur d'Occimoon et Nemeis un bain de sang. Nemeis n'ayant pas ou peu d'ennemis en Albion, une grande majorité du royaume se joignit donc à l'idée de ravager Midgard en représailles jusqu'à ce que plus une âme n'y vive. Qu'en est-il à présent ? Occimoon a monté le royaume qui lui était le plus dangereux contre celui qui allait probablement s'annoncer rapidement comme une grande menace. Quelle situation serait plus favorable pour économiser ses forces et conserver ses précieuses reliques que de voir ses deux ennemis s'affaiblir mutuellement ? De plus, en se plaçant comme victimes communes d'un même ennemi, il peut espérer ne plus avoir rien à craindre d'Albion pour un long moment, s'il sait adroitement alimenter cette rancoeur. Voir même obtenir de l'aide, pensais-je en hochant la tête Une situation qui était parfaitement inconcevable sans ce pseudo-mariage. La fourberie des elfes n'a décidément aucune limite, me dis-je Je fis quelques pas et m'adossais contre le tronc d'un arbre moussu puis m'endormis, le regard perdu dans la blancheur de la Lune; me demandant qui pourrait bien m'écouter, et surtout me croire.. |
![]() |
#41601 |