Eh bien, eh bien. Même en prenant toutes les précautions possibles, en commençant mes phrases par "selon moi" et "à mon avis", en posant des questions ouvertes et en cherchant réellement à comprendre, certains parviennent tout de même à me qualifier de trolls. Mais où va se loger le politiquement correct, je vous le demande. Que se serait-il passé si j'avais demandé si le balrog avait des ailes ? (arts.rec.tolkien ou le contraire, j'ai du mal).
La raison d'être de ce message, c'est que nous sommes, je crois, tous d'accord pour dire que Tolkien a été
un précurseur, le créateur d'un genre, même s'il s'est inspiré d'autres auteurs (je maintiens Lord Dunsany, qui a été le premier à parler d'elfes grands, élancés, aux oreilles pointus, forestiers, et tirant à l'arc... alors que les mythologies nordiques identifient les elfes aux lutins).
Cependant, un livre précurseur a de l'intérêt par le fait qu'il pose, justement, les bases d'un style - cependant, cela empêche-t-il de se poser raisonnablement la question sur ses qualités littéraires ? La Princesse de Clèves est considéré par beaucoup comme le premier véritable roman, et je ne pense pourtant pas être le seul à trouver l'histoire ennuyeuse. Un précurseur, c'est un peu comme un brouillon dont s'inspirent les autres. C'est toujours intéressant de lire le brouillon pour voir d'où viennent certaines notions et idées, mais est-ce que cela fait pour autant du brouillon une oeuvre qu'on lit avec plaisir ? Dans certains cas, oui. Dans d'autres cas, non. Les goûts et les couleurs, comme quelqu'un l'a fait habilement remarquer
Concernant le manichéisme, qui est un des rares éléments objectifs sur lequel nous pouvons nous étriper, je persiste et je signe: l'univers du SdA, pour ne pas parler du Silmarillon ou des Contes & Légendes Inachevées, est totalement manichéen. Par cela, je ne veux pas dire que tous les humains sont bons, tous les orques mauvais, par exemple... mais que toute personne qu'on rencontrera aura son caractère peint sur son visage. On sait que Boromir tombera sous la coupe de l'anneau dès les premières lignes de son introduction. Lorsqu'on voit le conseiller du roi dont j'ai oublié le nom (fatigué, moi...), on sait que c'est un méchant, la preuve, il est habillé en noir. Et on sait rapidement que Saroumane trahit. D'ailleurs, la couleur des robes semble imiter la personnalité des individus, comme un hommage aux futurs fils spaghettis.
Encore une fois, je ne nie pas le côté fondateur de l'oeuvre de Tolkien pour de nombreux auteurs. Mais je me demande si, en faisant abstraction du battage médiatique ou des idées bien-pensantes (

) et en se concentrant sur l'histoire elle-même, on pourrait émettre le même jugement.