Series Finale :
C'est une excellente fin pour une série qui commençait à s'essouffler malgré ses très bonnes idées pour entretenir le rythme de cette dernière saison. Il s'agit là d'un beau paradoxe d'ailleurs : là où nous rêvions que la précédente saison soit la dernière, en même temps nous avons eu droit à une révélation si dense qu'il nous a fallu espérer cette quatrième (et désormais dernière) saison.
Malgré tout, il fallait bien que les choses se terminent et rares à vrai dire sont les séries qui peuvent se targuer de finir en beauté. S'il s'agit ici d'une fin provoquée par la terminaison du contrat avec la chaîne ABC, nous avons tout de même affaire à une conclusion lisse et sans déception ni (trop de) précipitation.
Margaux ne pouvait pas terminer sa course autrement. Ce fut le personnage aux décisions les plus cryptiques de cette saison, et pourtant d'une certaine manière le plus compréhensible. Ce dernier épisode résume très bien cette idée dans son altercation avec Nolan : elle s'est sentie heurtée par le train-vengeur Amanda et aspirée elle et ses proches dans un typhon duquel elle est sortie seule, éprouvée et détruite en dommage collatéral. Sa vengeance semble presque la plus pure, plus en tout cas au final que celle d'Amanda cherchant en fait à venger un père bien vivant et si vite sorti de prison contre toute attente et croyance.
Revenge a d'ailleurs franchement très bien joué les paradoxes sur la fin. Jamais durant la saison 3 n'avions-nous éprouvé autant de sentiments contradictoires à propos de Victoria par exemple ; en nous la faisant passer pour tolérable, aimable voire pardonnable, le boucler des certitudes du spectateur s'est émietté petit à petit pour laisser place à une remise en cause des actions d'Amanda Clarke. Au milieu de la saison 4 par exemple, je ne me suis jamais senti aussi peu solidaire des intentions vengeresses (quoique atténuées) de notre chère Amanda. La très bonne écriture du scénario à ce stade y était assurément pour quelque chose.
Je n'irai pas trop en profondeur dans ma synthèse de la seconde partie de la saison 4 et du final de la série, mais il me faut tout de même conclure essentiellement sur le duo Amanda - Victoria.
J'ai beaucoup apprécié la mécanique de la fin de la série autour des deux dames, surtout dans la mesure où le spectateur y a été incorporé et trompé. Je me souviens clairement de quelques scènes qui désormais font sens à la lumière des actions trompeuses de Victoria. Souvenez-vous par exemple de la quête de la fameuse clé USB contant les secrets de Nolan à propos d'Amanda. Victoria paraissait brisée, vaincue, et prête à abandonner elle nous a semblé faire exprès de laisser la clé entre les mains peu expertes de l'agent qui se l'est faite évidemment voler la minute suivante. Tout cela a petit à petit implanté l'idée du potentiel suicide désespéré de Victoria, et lui-même parut crédible lorsqu'il fut porté à l'écran.
Et pourtant, là déjà le plan vicieux de la dame (inspiré des manigances qu'Amanda espérait un jour lui infliger) se préparait doucement à la méconnaissance totale du spectateur. C'est là que j'ai beaucoup apprécié la narration des derniers épisodes de la série : malgré l'épaisse armure narrative que portait notre Amanda encore à ce moment-là, un séjour infini en prison et surtout la mort prématurée de son père David Clarke à l'annonce de sa maladie furent autant de camouflets portés au spectateur espérant un "happy end".
Pourtant, nous avons bien eu droit à une sorte de bonne fin, malgré le cauchemar amer laissant l'idée d'un cœur de Victoria transplanté en Amanda sous la bonne juridiction de sa demi-sœur. C'est bien sûr le comble absolu pour la série Revenge, et l'idée ainsi instillée laissera à jamais un petit goût terrible dans la bouche du spectateur. N'est-ce donc pas là le propre d'une excellente fin ? La mort de David et le mariage tant attendu d'Amanda et Jack furent des moments appréciables et très rapidement présentés au spectateur. C'est à cet endroit-là que nous pouvons vraiment sentir le plus de précipitation de la part des scénaristes, quoique comme toi totopotter je n'aurais pas aimé les voir "en faire des tonnes" ! Ils ont trouvé la juste dose pour nous proposer une conclusion impeccable. Nous pouvons même désormais rêver d'un spin-off avec Nolan pour personnage principal ; je suis à ce titre ravi des dernières scènes de ce personnage tant on peut enfin le voir "adulte", là où depuis tout ce temps il n'était que le sidekick encore emprisonné dans une sorte d'enfance pourrie gâtée. Nolan a bien grandi et son évolution symbolise convenablement celle de la série toute entière, par l'idée d'une maturation progressive et attachante laissant en tête des moments marquants.
Je suis ravi d'avoir pu suivre Revenge étape par étape et de pouvoir lui dire adieu. Toutes les séries méritent une fin comme celle-ci, tant de telles conclusions permettent au spectateur de faire proprement le deuil d'une routine annuelle vieille de bientôt cinq ans. Ce fut une belle aventure tout de même ! Je recommande Revenge à tous ceux qui apprécient les séries dramatiques à l'écriture intéressante et dont chaque épisode fait partie d'un tout.
Sur ces quatre saisons nous aurons eu bien peu de "standalone" au final, et c'est un haut-fait qu'il faut inscrire en priorité parmi ceux de cette série tant trop souvent dans de nombreuses productions américaines on se plait à trop s'écarter du fil narratif. Ainsi, et corrigeons, si vous aimez les séries dramatiques au fil rouge omniprésent et fort encourageant, je vous recommande chaudement Revenge.
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