[Ex Libar 31] Cinq sens : les textes

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Texte n°1 : Le Monstre, le Docteur et le Roi 4 16,00%
Texte n°2 : Agueusie. 2 8,00%
Texte n°3 : Neuf minutes 4 16,00%
Texte n°4 : Les mains du pianiste 5 20,00%
Texte n°5 : Partie de chasse 4 16,00%
Texte n°6 : De haine et d'eau fraîche 6 24,00%
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Après moult retards voici enfin les textes de ce trente-et-unième Ex Libar.

Bonne lecture à tous. Et merci de rester choupis dans vos commentaires.



Texte 1


Citation :
Le Monstre, le Docteur et le Roi


Ses os font « crac », sa bouche fait « ah » mais le reste fait le mort. C’est que l’automobile l’a bien amoché le petit gars par terre. Enfin, ce qu’il en reste, il est tout écrabouillé maintenant. C’est ça qui est marrant avec la vie ; tu marches tranquille dans ton quartier, t’as dix ans, tu joues au ballon et tu te fais emporter comme ça. Les autres passants dans la rue, ils avaient l’air un peu embêté d’avoir ce morceau de chair sur les bras. Ils pouvaient pas s’en débarrasser maintenant que l’automobile était partie en trombe, dans un gros nuage de poussière. Il y avait une correspondance cocasse entre les gémissements du gosse et les soupirs des gens penchés sur lui. À chaque fois que le mioche geignait, les autres se regardaient, haussant les épaules :
« De toute façon, il ira pas loin dans son état…
-Ouais, mais on va pas le laisser comme ça, nan ? ‘Fin je veux dire, on va l’emmener quelque part ?
-Bah y a l’hôpital mais ça coûte des sous le Ventru. Et puis, je suis sûr que ton portefeuille est moins rempli que ton bidon.
-Tu l’as dit Fil de Fer. Tant pis alors ?
-Ouais… Tant pis. »
Les gens s’en allaient et le gamin restait, les os brisés dans son sang. Un truc qui étonna ceux qui revinrent, c’est que le môme était plus là. On l’oublia vite, de toute façon, des gamins qui crèvent y en a tous les jours non ?


« Admirez, admirez messieurs dames ! Admirez mes monstres ! Oui ma brave madame, des vrais monstres en chair et en os ! Mon petit préféré : l’Insensible ! Je vois vos grands yeux, vous êtes impatients n’est-ce pas ? C’est pas tous les jours qu’on voit des spécimens comme celui-là ! »
Monsieur Loyal était tout dégoulinant de sueur. La plupart des gens passaient devant l’estrade sans ciller mais il y avait bien trois quatre bonshommes qui regardaient. Bref, le gros monsieur tout rouge, croulant sous le poids des ans et sous son lourd costume défraîchi de tout monsieur Loyal qui se respecte désignait le monstre. En fait le monstre, il ressemblait à un petit gars de treize, quatorze ans sauf qu’il était tout nu et qu’il avait une chaîne qui allait de son col à ses petons, le tout relié à la laisse de Monsieur Loyal. Et puis aussi, c’était pas un garçon parce que c’était un monstre.
« Je vois bien à vos mines que vous êtes surpris mes amis ! Ah ah ! Mais vous allez voir ! Oui, vous allez voir le truc de ce monstre là ! Blandine, va me chercher les instruments que je leur montre ! »
Il hurlait maintenant et les passants s’arrêtaient plus pour le voir que pour admirer le garçon dans la cage. Blandine, une petite femme toute pustuleuse mais qui conservait un peu de sa beauté d’avant, arriva bien vite avec tout plein de sabres, de caillasses et d’autres choses qui brûlent, qui piquent, qui tranchent, qui cisaillent et qui tuent. Monsieur Loyal, il avait des yeux tout pétillants comme les méchants des séries à la télé quand ils ont presque réussi à conquérir le monde. Il prit un gros couteau de boucher, joua un peu avec pour impressionner la petite blonde du devant. Et puis, d’un coup, il le planta dans le bide du gars tout nu. Cris, effroi dans la foule. Rires, satisfaction de Monsieur Loyal. Après ça, plus personne dit rien, c’est comme si on avait mis sur pause le temps. Sauf que le temps il peut pas s’arrêter, il veut pas s’arrêter, c’est pas un rigolo ce temps. Mais là, on avait vraiment l’impression que le temps avait fait un stop pour souffler un coup. Enfin, on aurait eu l’impression si l’on n’avait pas remarqué le sang qui giclait de-ci, de-là du bedon du gone. Le mioche il disait rien lui, il essayait de retirer le gros morceau de fer qui l’entaillait. Il restait debout et il tirait sur le manche qui sortait de son ventre. Les passants eurent un cri d’admiration et de contentement morbide. Alors que le jeune réussissait à arracher le couteau, monsieur Loyal s’avança devant la foule conquise et, d’un regard malicieux, jeta :
« Alors ? Ça vous plaît les amis ? »
Un tonnerre d’approbations lui répondit. Ça aussi c’est marrant avec les gens. Ils se disent tous probes, honnêtes et tout ce qui va avec mais dès que la guerre elle arrive, dès qu’il y a un accident, dès qu’il y a du sang dans le caniveau, ils sont excités comme des puces. On dirait que les gens ils attendent que ça en fait : le sang. C’est un peu comme avec la loi ; ils disent être respectueux et innocents quand ils rencontrent des gens de la Justice, mais par derrière ils se font des crasses et se traitent entre eux comme des rats. Bref, pendant ce temps-là, il bronchait pas le gamin. Blandine l’avait recousu de façon dégueulasse comme ça les passants voyaient bien le sang. Monsieur Loyal prit alors une batte de baseball, joua un peu avec, comme tout à l’heure, la petite blonde était toujours là, et frappa de toutes ses forces dans le torse du blessé. Il se plie même pas et une grosse tâche violette apparaît sur sa poitrine. Applaudissement du public, sourire carnassier de Monsieur Loyal, pansement de Blandine.
Tout s’accéléra d’un coup comme ça, comme si le temps voulait rattraper son retard et accélérait sa marche. Monsieur Loyal prit son mégot de cigarette l’écrasa sur la joue du monstre, rires. Monsieur Loyal frappa le dos du monstre avec un barre de fer chauffée à blanc, applaudissements. Monsieur Loyal lui explosa un genou à coups de caillasses. Au fur et à mesure que le sang coulait, que les ecchymoses se nécrosaient, que les blessures s’infectaient la foule s’agrandit, devint de plus en plus agitée et bruyante tandis que Monsieur Loyal devenait de plus en plus souriant et actif. En fait, seul le garçon était immobile. Il s’en foutait parce qu’à la fin de la journée il aurait des pansements et ses plaies seraient refermées par Blandine. De toute façon, il ne ressentait rien alors… Bientôt Monsieur Loyal ; n’ayant plus rien à tester, annonça :
« Vous vous êtes amusés mes petits ? Remplissez mon chapeau maintenant et je vous promets de repasser ! »
Le chapeau fut vite plein de sous crasseux. La masse joyeuse ne s’attarda pas et s’en alla satisfaite et repue de violence gratuite.


Le soir même Monsieur Loyal partagea le butin, il donna une petite liasse de billets au monstre de la journée et lui dit :
« Et bah mon vieux ! Tu vas pouvoir te payer ce que tu veux avec tout ça !
-Avec quoi m’sieur ?
-Bah tes sous… Je t’ai donné ton fric il y a deux secondes ! »
Le monstre observa sa main, bien sûr que Monsieur Loyal lui avait donné son argent. Il venait d’apercevoir les billets, reposant dans sa main inerte. Monsieur Loyal haussa les épaules et laissa seul le gone. Quand on est tout seul on réfléchit plus que quand on est en groupe. Vu que le mioche il avait toujours été tout seul, il avait vachement réfléchi et il réfléchissait encore là. Il se disait à lui-même :
« Je touche et je ressens rien. C’est un truc bizarre mais je sais pas si c’est bien ou si c’est mal. Nan, parce que, en fait c’est à la fois important et pas important. Tous mes mouvements c’est des automatismes, et ça c’est vraiment horrible. Par exemple, si dans un escalier, il y a une marche plus haute que l’autre je m’en rendrais pas compte. Enfin, si. Quand je verrais que je suis en train de tomber mais il sera trop tard et je me casserais la figure de toute façon… Quand t’es aveugles, ça va tu peux encore avoir des relations sociales, pareil si t’es sourd, pas si t’es comme moi. Le toucher, c’est le truc le plus important pour le social, sans ça t’es perdu. Je veux dire, l’accolade d’un pote, les moments doux avec une copine, tout ça c’est important et ça participe aux sentiments. Sans toucher, t’as pas de vie sociale. Ça va que je ne vois personne, sinon je serais sacrément dans le pétrin. Merde, je deviens gâteux moi. C’est pas que je vois personne, c’est que personne ne veut me voir… Qui voudrait être pote avec un mec qui n’éprouve aucun sentiment. Bah ouais, sans la douleur pas de haine, ni de colère. Sans tendresse physique, pas d’amour, ni d’amitié. Juste le dépit. Ce gros porc de monsieur Loyal a raison de m’appeler l’Insensible.».
Il cracha par terre avec dédain, et alla dormir à même le sol sous la caravane de la foire. À quoi bon s’enfuir de cet enfer ? Nulle part ailleurs il n’aurait une meilleure chance de survivre qu’ici.


La nouvelle de ce monstre tout bizarre se répandit bien vite. On voulait savoir, on avait envie de connaître le truc ! Ça avait beau être monstre le petit, même les monstres ils ont mal. Un docteur fut mis sur l’affaire, même s’il exécrait ces divertissements pouacres. Il rencontra le monstre après un spectacle, alors qu’il était encore tout sanguinolent et que la Blandine le raccommodait, juste pour pouvoir le remonter sur l’estrade demain, pas plus, pas moins. Le Docteur, qui était pas bourgeois pour un sous, lui aboya :
« Ton nom, petit.
-J’sais pas, m’sieur. On m’appelle le monstre de par ici.
-Et comment ça se fait que tu sentes rien, hein ?
-J’sais pas.
-Opération ?
-Nan, mais cette outre de monsieur Loyal dit qu’il m’a récupéré tout cassé.
-Et ?
-C’est tout. »
Le Docteur grommela un peu et commença à ausculter, de mauvaise grâce, le garçon. C’était cocasse, car il était obligé d’éviter les plaies et juste à côté de lui, Blandine en recousait d’autres bien rouges. Il n’y eut plus un mot, le Docteur fit joujou avec ses instruments de malheur et s’en alla au bout d’une demi-heure. En rentrant, il écrivit un billet aussi bref qu’inutile et oublia l’énergumène : « Je déclare que le monstre ne présente aucune contrindication à la pratique du spectacle de rue. ».


Les bourgeois et les nobles, ça à beau parler et discutailler, le peuple est toujours le plus fort. Quand il devint célèbre le gugusse martyr, toute la ville assistait aux spectacles de Monsieur Loyal. Et vas-y que je te tape dessus, et vas-y que ça crie, que ça piaille. Les plus hauts dignitaires, dont le premier ministre en avaient entendu parler du gaillard. On les fit venir pour voir une flagellation un vendredi. Ils rirent beaucoup, leurs bidons dodus pareils à de la gelée secouée, leur bouche grande ouverte. Le premier ministre, qu’était un homme influent du coin en parla au Roi. Le Roi, il aurait bien voulu voir l’attraction mais il pouvait pas. Il voulait pas. Il était agoraphobe le Roi, et puis, il aimait pas la crasse. Donc on fit venir le monstre avec son bourreau dans la bâtisse (tous les monarques ne peuvent pas se payer château et compagnie). Bref, monsieur Loyal sortit le grand jeu pour le plus grand des pouilleux. On lui avait offert plein d’instruments de torture et il les essayait sur son bonhomme. Alors qu’on l’écartelait, le monstre réfléchissait :
« Il rigole ce cochon. Peut-être que je suis qu’un pauvre gueux insensible mais lui, c’est le roi des insensibles. Il ne sent pas la misère sur laquelle il est assis. Grand salopard, je souffre intérieurement et il le sait très bien. J’ai mal. »
Le monstre emporta avec lui son venin aussi haineux que vain.
« Qu’avez-vous donc fait ?
-Je crois que j’ai un peu trop forcé, messire.
-Tant pis alors ?
-Ouais… Tant pis. »



Texte 2

Citation :
Agueusie.

Agueusie : s. f. (a- privatif ; gueusis, goût) Diminution ou abolition du sens du goût.
"Une ligne." Agueusie : diminution ou abolition du sens du goût. "Une ligne, à peine."

Joseph remit le dictionnaire à sa place et prit lentement celui d'à coté, un peu plus gros.

Agueusie : n. f. Du grec gueusis [gueusie], goût. "Hum... ça vient du grec". Cette pensée l'amusait ; il est vrai qu'il y avait dans cette information quelque chose qui était presque obscène, déplacée, détachée du contexte. Du grec gueusis."Gueusis", prononça-t-il avant de claquer sa langue ; cela semblait amère. "Oui... amère...", se disait-il "du grec gueusis, c'est amère." Il s'attacha à cette idée, elle sonnait comme une nouvelle dénomination, une nouvelle façon de reconnaître le goût, "amère... c'est ça ! ça vient du grec gueusis". Il reprit sa lecture. Agueusie : n. f. Du grec gueusis [gueusie], goût. Perte du sens gustatif (=du goût). Il marmonnait calmement : "Précision agréable pour ceux qui ne lisent pas le grec, je suppose". Perte du sens gustatif (=du goût) par déficit de sensibilité au niveau de la langue ou par lésion des centres nerveux. Pendant un moment il fronça un sourcil, peut être se demandait-il ce qu'il devait comprendre, était-ce un choix ? fallait-il choisir son camps ? Il venait, semblait-il, de se faire engager dans une nouvelle guerre, "on a tous subit une perte du sens gustatif (=du goût), mais il y a les déficients et les lési...lésion...lésée ? Bref, les cassés, oui ! ça doit être ça". L'agueusie est souvent liée à l'anosmie (troubles de l'odorat), "c'est sûrement grec aussi l'odorat, il faudra que je vérifie" Ainsi une perte importante de l'odorat peut abaisser considérablement le goût. "Deux en un en quelque sorte, ça ne doit pas être grec, ça doit être romain, ça a toujours été des bons vendeurs les méditerranéens", il fit une pause et réfléchit. "Oui, définitivement romain".


Deux vieux, écharpes et bérets à carreaux, commençaient à le regarder étrangement. Joseph ne semblait pas les voir, il restait concentré sur sa lecture. Ces affections peuvent être dues à deux grandes causes : polypes "Une", tumeurs "Deux", rhinites "Trois" peuvent obstruer le circuit des odeurs, et des atteintes neurologiques des centres du goût "Quatre", des odeurs "Cinq.. non, quatre ! Rhaaa j'ai perdu le compte... deux grandes causes.. tatata... trois, quatre, quatre, ça va avec !" ou des neurones correspondants "Toujours quatre !". Pour une raison inconnu le compte lui avait semblé important, il n'était pas trop sur pourquoi pour le moment, mais Joseph pensait qu'il le saurait en tant voulu, probablement. Voir aussi hémiagueusie. "Des borgnes de la langue donc". Il s'arrêta un temps sur cette idée. Elle devait probablement le satisfaire d'une certaine façon.
Un moment passa ; il souffla ; et reposa le dictionnaire.

Doucement, il prit le troisième sur l'étagère, chercha la page et lu. Agueusie n. f. "Tiens, pas de grec", il regarda le dictionnaire d'un air méfiant "Pas de grec, hum...", son visage formait maintenant un air ennuyé et songeur... "Bien, voyons quand même la suite". Absence du sens du goût. Il s'agit d'un trouble quantitatif de la perception du goût. "Forcément, ils n'ont pas vu le a- privatif, c'est donc un trouble, pas une perte..." Il fit une pause. "Ils auraient vraiment du lire le grec" par opposition à la dysgueusie qui est un trouble qualitatif. "Après les borgnes, les astigmates... Bien, bien" Il continua. L'hypogueusie est une forme atténuée. "Et les myopes, oui... oui, les myopes... il y a forcément des myopes". Il s'arrêta un temps. Il reposa le dictionnaire.


"Agueusie", se disait-il. Il secoua la tête et commença à marcher, il se dirigea lentement vers la sortie de la bibliothèque. "Agueusie, du grec gueusis", il appuya sa langue contre son palais, sa salive entrait en masse dans sa bouche : il ne sentait rien. "Oui... du grec gueusis... oui... c'est forcément un peu amère..."
Lorsqu'il sortit, le vent soufflait dans la rue. Il referma son manteau et continua à marcher.



Texte 3

Citation :
Neuf minutes


Rageuse, je claque la porte. Impossible de se faire entendre! Il va droit dans le mur et nous avec. Travail en équipe, tu parles. Mais pourquoi s'obstine-t'il? Il a perdu le sens commun !

Ma main vient t'effleurer. Je perds le sommeil. Je tends l’oreille pour respirer à ton rythme mais tu dors si paisiblement que je n'entends rien. Je force légèrement l’appui et tu bouges. Non, rendors-toi…. Je voulais juste te savoir près de moi. J’aime cette chaleur qui nous relie, ce silence m’a dérangé et je t’ai dérangé. Dors mon amour.
Ton souffle, je cherche ton souffle. Je rapproche mon visage du tien et je sens une fine brise, ou je la devine, ou je l’imagine. Dors mon amour.
Je laisse ma main sur ta hanche. Hum, de sentir ta respiration sur ma peau… Je vais me presser contre toi…. J’ai besoin de toi.
De la rue, de l’appartement, rien ne bruit. Le silence m’effraye. Si je perds le son de ta voix, si je perds ton râle, ta respiration saccadée, serons-nous encore à l’unisson dans nos étreintes. Si je ne t’entends pas chuchoter à mon oreille quand tu t’abats sur moi, saurais-je encore que tu m’aimes. Si nous ne pouvons rien échanger d’autre que nos corps emmêlés, si je ne peux plus t’écouter te raconter … Un vertige me fait tomber en chute libre, je crie mais je ne m’entends pas. Je perds toute consistance, je m’effiloche, je …

Une sonnerie agaçante me parvient au loin et devient de plus en plus pressante. Je suis en nage, cheveux mouillés, mon ventre perle. Je saisis mon téléphone, je le cale sous l’oreiller. Il me reste 9 minutes. Je reprends mon souffle. Je me retourne mais tu n’es pas là. Mes rêves m’épuisent. J’ai cru ne plus t’entendre. Mais tu n’étais pas là. Ton absence me trouble les sens.

« Comment ça, ça ne te parle pas ! Ça fait une demi-heure que je t’explique le concept ! Tu m’écoutes au moins ! »
« Non! Là, non! Tu m’endors tellement tu T’écoutes parler. C'est même pire, c'est ta cliente qui parle par ta bouche et c'est justement ce qu'on s'interdit. Tu bafoues tes propres règles. »
« Tu m’emmerdes. »
« Je sais. Je suis là pour ça. »
C’est tendu.

Ma bouche se pose sur ton dos. J'aime ton grain de peau, sa douceur mais je ne reconnais pas ton goût. Je te respire à petits à-coups. Où est ce parfum qui m'enivre? Mes lèvres s’arrondissent, je glisse mes mains le long de ton corps. Tu bouges. Rendors-toi mon amour. Je me cale contre toi, je frémis. Tu prends ma main et tu la portes à ton torse. Je m’apaise au rythme lent de ton cœur et de ta respiration reposée. Je garde ma bouche sur ta peau. Que ton goût et ton odeur me reviennent….Je voudrais dormir.
Ce n’est pas qu’une odeur, c’est toi. Ce n’est pas qu’un goût c’est toi. Ta peau salée, salée. Nos peaux réunies, l’alchimie que l’on produit. Quand on se tient l’un contre l’autre et que la chambre sent l’amour, que je porte mes doigts maculés de nos sueurs à ma bouche, et que nous sommes une seule et même fragrance. Si je perds ton goût, notre odeur, cet accord parfait, je perds ma satiété, l’apaisement. Si j’enfouis mon nez dans ton col et que rien ne m’attise… Si ta bouche reste souple et douce mais que je fouille en vain sans te reconnaître. J’ai peur, j’aime ce que tu exhales… Je ne sens rien, mon amour, ni toi ni rien. J’ai peur, le vide m’aspire, je me sens disparaître, je …

Un tamtam me sort d’un sommeil nauséeux. Je voudrais dormir encore. Je rabats les draps, l’angoisse ne me quitte pas. Ma sueur est celle de la peur. Je m'accorde neuf minutes, juste pour respirer. J’ai encore rêvé… ces rêves se répètent. J’ai cru perdre ton goût salé. Je me sentais si perdue. Mais tu n’étais pas là. Si je perdais le goût, saurais-je encore t’aimer ?

« Comment ça, c’est fade? »
« Ce n’est pas même pas fade, c’est inexistant, ça ne dégage rien, ça ne donne même pas l’envie de vomir c'est te dire, c’est rien. »
« Tu deviens pénible tu sais ».
« C’est bien ce que me renvoie. Désolée de faire trembler tes convictions. »
C’est tendu.

Il fait si sombre! Je ne devine même pas tes courbes en noir sur fond d'obscurité. Pourquoi es-tu si éloigné? Je rampe jusqu’à te trouver, chaud à ma peau, et à ma main. Je viens embrasser tes épaules et que c’est bon, et doux, et j’aime ce goût qui me vrille le ventre. Mais dors mon amour. Tu prends ma main qui te caresse et la plaque sur ton cœur. Oui, je vais écouter tes battements. Je ferme les yeux, je te vois mieux les yeux fermés.
Dormir. Mes paupières fermées je rappelle ton image. Elle me revient pas à-coup puis disparaît. Si je ne te vois plus, mes souvenirs dureront ? Ou mes mains sauraient redonner une plastique à ce visage qui me trouble ? Mais tes yeux, mon amour, ces yeux qui me laissent entendre que tu m’aimes. Si je ne peux te voir, je ne peux pas te voir me regarder. Quand ton regard se voile et que je sais que tu me désires. J’ai besoin de te voir, ton sourire, tes peines, ce qui s’inscrit sans se dire. J’ai besoin de te voir ! J’écarquille les yeux, je force, l’obscurité m’emporte, je me débats, je…

Je saisis mon téléphone qui carillonne, relance le rappel. 9 minutes. Je me dresse sur les coudes, je suis seule mais je vois. Une pénombre, un lit qui ressemble à un champ de bataille. Pourquoi ces rêves? J’ai cru perdre ton image. Tes absences me pèsent.

« De la merde dans les yeux, c’est tout ce qu’il te reste »
« C’est peut-être merdique ce que tu proposes, c’est sans doute aussi simple ».
« T’es encore là, empêcheuse de tourner en rond »
« Eh oui, je me demande pourquoi d'ailleurs, mais vas-y tourne en rond, mords-toi la queue, Si mon avis ne t’intéresse plus, dis-moi à quoi je sers ici. »
« Tu me contredis sans cesse, tu ne vois plus ce qui est percutant, tu …. et merde!»
« C’est que tu ne regardes que ton petit nombril, t’as pris le melon »
C’est tendu.

Je ne peux pas m’arrêter.
« Tu es à coté de plaque ! tu le sens çà ? »
« Petite conne »
« Sainte Nitouche »
Je saisis le silence au vol et je repars.
« Ok, on fait le point : tu m'as embauchée pour donner mon avis, sans complaisance, parce que tu avais besoin de ne pas foncer sur la première idée venue et là, tu tiens un projet sensationnel dans les mains et tu vas tout foirer, parce que tu n’écoutes plus rien, tu ne veux plus qu’on propose une autre vision, que tu deviens conventionnel au point de faire dans l’insipide, que ça pue la standardisation frileuse ».
«Et … »
« Non, attend une dernière chose. T’es devenu gonflant, tu es lourd à jouer tout seul… Si on ne peut plus travailler ensemble boss, tu t’exprimes et je disparais ….et arrête de pourrir mes nuits ».
« Tes nuits? »
Il vient de se figer, abasourdi.

Mais qu’il se démerde. Qu’on se démerde. Je sature! C’est plus que tendu.

Bon, ben, c’est sorti. On verra demain. Pour l’instant, il vaut mieux que je disparaisse. Ce grand con devient gros con.

Je m'éveille, la rue ronronne, il fait déjà clair malgré les rideaux tirés. Je m'étire. Une nuit sans rêves, mais une nuit sans toi. La cafetière crachote ses premières goûtes de nectar, encore quelques secondes et l'arôme du café envahira la chambre. Je tends le bras, vérifie l'heure. 7H21. Il reste 9 minutes.

La réunion du matin est glaciale. J'évite de croiser son regard comme si nos fureurs d'hier pouvaient se réanimer. Nous sommes tous en retrait d'ailleurs. C'est pesant.
«Une dernière chose, j'ai cru pouvoir m'occuper à part entière d'une campagne mais je n'ai plus ni le temps, ni la disponibilité, ni le recul nécessaire. » « Je suis hors délai et dans une impasse, alors si vous avez des idées, je suis tout disposé à les étudier ».
Voilà une façon bien confortable de s'excuser mais qui ramène chacun à la vie. La pause café va être animée.

J’ouvre les yeux. Tu m’as tourné le dos. Tu dors à poings fermés. Je savoure. J’ai eu des frayeurs tu sais, des cauchemars, j’avais perdu des parts de toi… Mais tu es là. Je t’entends, je te vois, ma bouche goûte ton sel, mes mains frôlent ta peau. Dors mon amour. Je ne dors pas mais ça me plaît. Je vais me rendormir contre toi.

Deux mains qui me tiennent les poignets ne réveillent. Un souffle chaud me survole. J’ouvre les yeux et tu t’abats sur moi. Tu pèses et je t’enlace.
Tu m’embrasses, je te réponds, je te respire, je te mange, je fais courir mes mains sur toi et dans la lueur du matin mes yeux rencontrent les tiens.
« Sainte Nitouche? »
« Petit con !»



Texte 4


Citation :
Les mains du pianiste


Doucement, les notes se décollaient du clavier et envahissaient l'atmosphère religieusement silencieuse. Chacun retenait son souffle, dans l'attente impatiente du son suivant, les yeux attentifs aux mouvements des doigts du pianiste. Bientôt, la pièce entière fut habitée de vibrations graves, tandis que la musique s'amplifiait, résonnait dans toutes les oreilles comme un vent capricieux et changeant.
Le pianiste gardait les yeux rivés sur ses touches, une expression de terreur dans les yeux, mais nul à cette distance ne pouvait s'en apercevoir. Des gouttes de sueur perlaient à son front, roulaient sur ses tempes, dans sa nuque, et s'il n'était pas resté rigide et concentré malgré la peur, son corps entier auraient été envahi de frissons et de soubresauts. Sous ses doigts, les touches martyrisées claquaient, tressaillaient. De moins en moins maître de lui-même, le pianiste ébranlait l'instrument entier, suffocant sous ses secousses. Il acheva sa brève interprétation par un glissendo chaotique et fatal, volée de coups, entaille profonde dans la mélodie, et dans un fracas final, il se leva en faisant basculer son siège, saisit le couvercle et l'abattit violemment sur le clavier, plongeant ses victimes dans une obscurité soudaine et douloureuse. Dans un râle de douleur et de rage, le pianiste quitta la scène en laissant là son orgueil, sa fierté, et un public pour le moins désemparé.


« Louis! Louis! Que s'est-il passé?
- Ne me touche pas! Ne t'approche pas! Je veux être seul! »


La porte claqua avec violence, Louis arracha son nœud papillon, sa veste et les jeta par terre, puis il s'effondra sur une chaise et se prit la tête à deux mains. Même elle, même cela, ses doigts ne le sentaient pas. Ni ses cheveux, ni même ses larmes. Entre ses doigts, toutes les surfaces, tous les objets étaient inconsistants, toutes les matières étaient les mêmes. Ses doigts lui paressaient étrangement blancs, durs, lisses. Il jeta un coup d'œil dans un miroir pour s'assurer qu'il était dans la réalité, mais son reflet était bien celui d'un homme brisé, abandonné par ses propres sens. Il se leva et se dirigea vers le piano qui était là, ouvert, dans la pièce. Le son qui s'en échappa lorsqu'il posa le doigt dessus était doux, mélancolique, désespéré. Il s'éleva dans l'air, tremblota une seconde et disparut. Mais nulle sensation, nul frisson ne parcourut le corps du pianiste à ce contact, comme si toute passion entre l'instrument et son maître était morte. Il laissa ses mains tremblantes reposer sur le clavier, dans un désaccord de notes pitoyable, et ferma les yeux.


Quand il les rouvrit, et releva la tête vers le miroir suspendu au dessus du piano, il aperçut une femme, les mains appuyée sur ses épaules, qui le regardait à travers son reflet. Il se leva brusquement, surpris, et recula de quelques pas. La femme sourit et alla s'asseoir sur le rebord du lit. Il la dévisagea, et réalisa après quelques secondes qu'elle était nue. Nue et simple comme au premier jour, dans une espèce de pudeur belle est naturelle. Et sans savoir pourquoi ni comment, une vague de désir l'envahit et le submergea. Mal à l'aise, il essaya de prononcer un mot mais les sons se coinçaient dans sa gorge et il ne parvint qu'à éjecter de sa bouche un souffle presque inaudible, étranglé. Il resta immobile au milieu de la pièce, attendant un signe, une parole de ces lèvres étrangères qui semblait se rire de lui. Et une voix s'éleva, une voix qui ne chantait pas, mais qui pourtant rappelait un air ancien, oublié, doux-amer.
« La musique est sensible, dit la créature, comme une femme, elle attend des caresses de son amant. Le jour où l'amant n'est plus capable de la caresser, elle s'enfuit.
-Je pourrais te caresser...


Le pianiste s'approcha d'elle, l'allongea sur le lit et commença à parcourir son corps. Mais une nouvelle fois, il ne ressentit que frayeur et frustration. Ces courbes sous ses doigts n'étaient que de vagues formes, cette peau n'était ni douce, ni rugueuse. Le pianiste teint le corps plus fermement, s'agrippa aux hanches, pétrit et mordit les seins mais ses lèvres ne lui renvoyèrent aucune sensation. Effrayé à l'idée de voir disparaître le désir fulgurant qui irradiait tout ses membres, il descendit son pantalon, à la hâte, et investit l'intimité de ce corps d'albâtre avec violence, sans pouvoir en tirer une once de satisfaction.


De rage il se releva, et sans même prendre la peine de se rhabiller, il envoya valser de ses grandes mains insensibles les draps froissés, les vases de porcelaine lisse, les fauteuils au cuir tanné, la table en bois veiné, les rideaux de velours, le lustre aux ornements anguleux...
Il s'écroula dans un râle de désespoir et se roula en boule au milieu des débris.
« Qui es-tu? Demanda-t-il à la femme, dans un demi-sanglot étranglé.
- Je suis ta première et ta dernière amante. Je suis venue te dire qu'il est temps de se dire adieu.
- Mais je ne peux pas vivre sans toi...
- Tu t'es éloigné de moi jusqu'à ne plus sentir le moindre frisson du bout de tes doigts. Bientôt, tu ne seras même plus capable de m'écouter.
- C'est faux, c'est faux, j'entends toujours ta voix capricieuse, le sourire cruel au coin de tes lèvres. Ce n'est pas moi qui t'ai abandonnée, ce sont ces mains, ces traîtresses, ces bouts de chair inutiles qui pendouillent au bout de mes bras, qui ne veulent plus se délecter de ta douceur. »
Elle n'ajouta pas un mot, s'agenouilla auprès de l'homme et, posant sa tête sur ces cuisses, elle caressa ses cheveux jusqu'à ce qu'il s'endorme dans ses larmes.


La scène semblait être figée, comme si, même après le tomber de rideau, les acteurs et les décors étaient restés immobiles dans l'attente du prochain souffle. Quand l'homme se réveilla, il sut que beaucoup de temps était passé. Il se leva dans la pièce en morceaux, éparpillée, s'avança sans bruit vers le piano resté seul intact dans le chaos, et sans effleurer une seule fois les touches, d'un geste lent, qui résonna longtemps dans le vide de cette atmosphère désespérée, il referma le couvercle sur le clavier. Pour toujours.




Texte 5



Citation :
Partie de chasse


Gérard, vendeur au rayon chasse et pêche du Decatlon de Villeneuve-sur-Lot a entouré ce 24 mars d’une croix rouge sur son calendrier des pompiers.
Il est à peine cinq heures à la date fatidique quand Gérard, la trentaine bien tassée se réveille d’une nuit emplie de trophées, de chasses triomphantes, d’éloges dans le journal local en interviews dans le journal télévisé, nuit agitée où Morphée ne lui offrit que trop peu de répit, mais ce jour est celui où les pétales de roses pleuvront sur son retour à Roquecor . Il voit déjà la bien nommée Annabelle sauter à son cou, couvrant ses joues roses de baisers langoureux et enflammées.
Ces images étourdissantes ne lui font pas perdre de vue ses préparatifs : il inspecte minutieusement les baies sorties du congélateur la veille au soir, inspectant chaque fruit, vérifiant la fermeté de chaque grain avec l’œil du renard des surfaces.
Tobi, son fidèle bouvier sent bien que ce jour entrera dans les annales et reste dans un religieux silence près de son maître, attentif à tous les gestes de Gérard, prenant un soin tout particulier à ne pas gêner le fier chasseur dans ses déplacements ni à troubler d’aucune façon sa concentration. Pourtant Tobi est triste, triste de ne pas pouvoir l’accompagner dans cette croisade épique car Tobi le sait bien ; c’est une épreuve entre l’Homme et la bête.
Gérard, pour l’occasion, a acheté une nouvelle cartouchière à prix d’or, un pantalon à la discrétion vantée dans tous les magazines spécialisés et quelques autres accessoires tout aussi nécessaires pour lesquels la paie d’un mois y est entièrement passée.
Le C15 chargé, et après d’ultimes vérifications, Gérard laisse derrière lui Tobi dans un nuage de gaz d’échappement et se dirige vers son lieu de chasse dont il a gardé le secret jusqu’à son pourtant très fidèle compagnon.
Sur la route, il sent l’excitation monter, telle la sève dans le tronc quand les beaux jours se font plus pressants.
La brume matinale salue le courageux dans un silence de cathédrale.

Il est déjà huit heures et Gérard attend. Tapi dans un buisson spécialement aménagé pour l’occasion et malgré des chaussures thermo réactives Gérard a froid. En face de lui, à une centaine de pas, le piège réfléchi depuis plusieurs mois, préparé avec toute la minutie du chasseur confirmé attend paisiblement sa proie. L’œil de Gérard fixe avec un regard quasiment animal, tous sens en éveil à l’apogée de leur capacité tout son de la forêt, toute odeur et chaque déplacement qui pourraient trahir l’approche du gibier vers ce bébé arbuste de sa fabrication sur lequel il a délicatement posé des mûres. L’opération a été délicate, d’abord parce que la pente d’exactement douze pourcent rend délicate la pose des baies sur les branches de l’arbuste mais aussi parce que la fraîcheur d’une matinée de mars dans le Tarn-et-Garonne est une contrainte supplémentaire dans sa périlleuse entreprise.

Soudain, un frémissement à l’orée de la clairière puis une forme distincte que le soleil rasant ne permet pas d’identifier mais Gérard en est certain, son trophée est maintenant en vue. Immédiatement, avec toute la dextérité que la région lui connaît, il met en joue l’animal qui se déplace d’un pas léger vers le piège tendu. Toujours sur le qui-vive, il attend le moment opportun pour tuer l’animal d’un tir précis, propre qui n’abîmera pas la bête.

Norbert, Dahu de son état, s’était réveillé la gueule enfarinée par une soirée un peu trop alcoolisée à boulotter du raisin fermenté avec sa copine Jessie qu’il n’avait même pas pu honorer. Enfin sur ses quatre sabots, son odorat infaillible l’avait attiré en haut de la colline d’où il était certain d’avoir humé une odeur agréable, celle de mûres, son met favori. Pas débile, il savait bien qu’à cette époque, il était inconcevable que des mûres aient pu pousser, mais il avait besoin d’éponger la rincée de la veille et le risque lui importait peu tant qu’il pouvait se goinfrer. Après quelques empannages et virements de bords il arriva à hauteur des mûres. Elles semblaient juteuses et tout à fait succulentes, parfaites pour un petit-déj’ au saut du lit de feuilles.
Se penchant, il entendit un bruissement anormal et eut à peine le temps d’attraper une mûre qu’une détonation perça le matin tranquille. Dans un réflexe tout dahussien, il esquiva la balle qui fusa tout près de son oreille gauche. Un peu vénère, il se cacha derrière le petit arbuste, seul abri susceptible de lui apporter la moindre protection. Dans son repli, il prit tout de même le temps d’enfourner quelques autres mûres. Un autre coup retentit. Vif, Norbert jaillit de son très relatif bouclier, analysant par là même la position de son assaillant et découvrit quelques mètres plus bas un chasseur caché. C’était un face-à-face et il fallait jouer serré, compte tenu de sa position et de son mal de crâne à en décorner un dahu, la partie n’était pas gagnée. Les yeux rivés sur le doigt contractant la gâchette, Norbert augmentait progressivement son Cosmo, ressentant bientôt chaque particule, chaque atome de l’Univers.
L’Homme pressa la détente. La balle fila vers sa cible avec une précision démoniaque mais Norbert, au même instant, fit un bond sur sa droite, tous ses muscles bandés, dans un effort extraordinaire pour éviter le projectile ; pourtant ce bond arrivait trop tard et la balle allait atteindre son objectif quand il décida, contraint par l’excellence de l’adversaire à utiliser sa botte secrète : il éjecta, fugace, une mûre de sa gueule qui vint à la rencontre de la balle la déviant suffisamment pour qu’elle ne fasse qu’effleurer la tête de Norbert. Dans la foulée, il éructa deux autres mûres avec une puissance telle qu’elles attinrent la vitesse de la lumière et finirent leur course logées dans les yeux du chasseur qui cria de douleur. Un empannage et un virement de bord plus tard, Norbert posa le sabot sur le torse du chasseur vaincu, les mains recouvrant ses yeux ensanglantés. Regardant ainsi le pathétique chasseur et mâchant le reste de mûres, il lui lança : « You failed »



Texte 6



Citation :
De haine et d'eau fraîche


Les pieds dans l'eau. Les cheveux au vent. Le ressac de la mer me berce doucement. Je sens la chaleur de ce soleil de fin d'été, j'entends le cri des mouettes plus loin, je me laisse aller.

Solène me voit-elle ? Elle ne doit pas être bien loin...
Solène. Ma jeune et charmante épouse. Ma Solène.
Ses talons qui claquent sur le parquet de notre bel appartement parisien. Son rire haut et clair, qui m'est destiné. Ses bracelets qui s'entrechoquent au bout de ses longs bras toujours en mouvement. Sa voix si douce quand elle chantonne en préparant les repas. Et les battements de son cœur, sous ma tête, la nuit. Un oreiller d'amour... Solène. Ma Solène.

Mes pensées divaguent. Je fais un bond dans le passé. Jusqu'à François, notre dernière rencontre, il y a si longtemps déjà. Il ne l'a jamais aimée, ma Solène. Une belle-mère plus jeune que lui, il n'a pas supporté. Avec quelle hargne il l'a rejetée ! Quelle violence ! Il ne l'a vue qu'une seule fois. Assez pour la jauger, la juger, la condamner.
Que fait-il aujourd'hui, où est-il, mon fils qui craignait tant pour son héritage qu'il lui a finalement tourné le dos?
"Elle aura tout ! Elle te prendra tout et toi tu ne vois rien !".
Je ne vois rien. Je n'ai rien vu venir.

Petit à petit, les couleurs qui se ressemblent toutes, les lumières qui faiblissent, les contours qui se troublent... Le noir, au bout du compte. Et avec lui, le silence... Les choses changent.

Solène marche pieds nus. Je ne l'entends plus. Plus de chansons, plus de bracelets. Envolés, les rires joyeux. Elle ne marche plus, elle se déplace. Silencieuse comme un chat. Toujours féline, finalement...
Solène, ma Solène.
Salope.

Des petits riens, vraiment. Des variations infimes, amenées en douceur. J'ai mis du temps à m'en apercevoir. C'est elle qui a installé cette chape de silence, progressivement, à mesure que ma vue déclinait. Elle qui, petit à petit, a changé mes repères. Déplacé une chaise. Poussé le guéridon. Posé ma canne un peu plus loin... Et tout cela en silence , toujours.
Le silence, troublé par le fracas d'un meuble que je renverse, d'un cadre qui tombe et se brise, de mes glapissements de douleur et de colère. Et là, presque instantanément, sa voix toute proche... Je sursaute. Elle me surprend à chaque fois. "Tu t'es fait mal mon cœur ?" Douce, avenante, calme, tandis que je fulmine et me mets à rugir.
Solène la martyre.
Pauvre Solène. Ma Solène. Salope !

Oh comme elle le joue bien, son rôle de femme aimante, et comme elle sait bien me rendre encore plus ignoble. Le vieux tigre usé et irascible, et la jeune biche douce et dévouée. Et plus elle est serviable, plus je m'emporte. Elle est forte. Elle le fait exprès. Salope !
Ah, il est loin, le temps des soirées mondaines où je l'exhibais à mon bras, de théâtres en restos chics. Elle nous mettait en valeur, mon arrogance, ma réussite et moi !
A son tour de m'utiliser. C'est moi qui m'accroche à son bras aujourd'hui, pour ne pas me perdre. Je mets si bien en exergue son dévouement, sa patience et sa jeunesse...

Elle a bien réussi son coup. Personne ne la soupçonne. C'est moi qui ai le mauvais rôle. Elle a fait tant et si bien, de manipulations en déstabilisations, qu'il m'est arrivé de douter moi-même de son machiavélisme. Si douce et aimante. Ma jeune et charmante épouse. Et moi, moi, le vieil acariâtre, aveugle et dépressif...

Elle a gagné.
Inutile de se battre.
Il est trop tard.

Je laisse couler. Mon amertume, mon angoisse et mes larmes, gouttes d'eau salée qui partent de mes yeux vides rejoindre leurs soeurs à mes pieds.
A mes chevilles.
A mes genoux.
Et l'Océan partout...

Les grandes marées prennent possession de l'espace en silence, comme Solène a pris possession de ma vie. Tout est submergé. Tout sombre.
Le bruit des vagues, partout autour de moi.
Aucun repère pour retrouver la terre.

Elle a fait ça bien, me laissant sur cette plage isolée, à l'heure de la marée montante. Elle était là, et l'instant d'après... Tandis que l'eau galopait vers moi, elle s'est éloignée, en silence, toujours. Je ne me suis rendu compte de son absence que lorsque l'eau a léché mes souliers.

J'ai appelé. J'ai marché. J'ai crié. L'eau a continué de monter, monter.

Me voit-elle me battre contre l'océan ? S'est-elle installée à l'abri pour contempler sa victoire ?

Solène, ma Solène...
Salope !
Citation :
Publié par D. Lynch
Ça m'excite, suis-je normal ?
Je ne sais pas mais c'est positif pour les auteurs... Non ?

Et merci Tabou pour le vote.
pour l'instant j'ai lu le texte 2, il ne manquerai pas un mot ou 2 là par hasard ?
il n'était pas trop sur de savoir? pourquoi pour le moment

il est très tôt c'est peut-être juste moi qui ai ripé sur la phrase.

Sinon le texte m'a plu dans l'ensemble, le début commence très bien, ensuite je regrette que l'on nous dévoile pas un peu plus le contexte, l'univers dans lequel évolue le personnage, pas forcément grand chose mais une ou deux phrases de quoi faire travailler l'imagination aurait peut-être suffit, qui établirait un sens à son activité décrite dans le texte, mais pourquoi diable Joseph a-t-il perdu le sens du goût ?!
Texte 1 : Le plus osé.
Texte 2 : Le plus posé.
Texte 3 : Le plus stylé.
Texte 4 : Le plus passionné.
Texte 5 : Le plus cadré.
Texte 6 : Le plus mâché, et donc le plus digeste.

Mon vote pour ce dernier.Etant donné la difficulté du thème, j'ai essayé de retirer ce qu'il y avait de meilleur dans chaque, pas évident en tous cas bravo aux 6.
De haine et d'eau fraîche m'a laissé de marbre : je n'y ai pas trouvé beaucoup d'intérêt, tant en ce qui concerne le style que le récit.
Agueusie. est un texte qui me laisse sur ma faim; un peu trop scolaire, un plan un peu trop net et une fin entrevue dès la première ligne, quasiment dès le titre avec le point... mais je trouve la tentative vraiment louable car ardue à mettre en forme quant au bon rythme à trouver.
Le Monstre, le Docteur et le Roi m'a bien plu ! Un joli style, une histoire certes vue et revue mais une narration dense, rythmée et très efficace. Le lyrisme est un poil racoleur à mon gout mais c'est une faute largement pardonnée !

Pour les autres textes, je critiquerai plus tard, sinon pour donner un avis intéressant, au moins pour up le fil.
Texte 1 : on sent des efforts de la part de l'auteur, mais ça manque tout de même de style, et pour l'histoire pareil c'est très très mélo à mon goût, trop décalé et sans surprise, le côté morbide est excessivement mis à en avant jusqu'à indigestion pour tenter de combler le manque de profondeur du scénario.

Texte 3 : Sympathique, on aurait aimé un peu plus d'érotisme tant qu'à faire

Texte 4 : Mouais, c'est vrai que le thème n'était pas facile, je n'ai pas perdu mes sens pourtant aucune sensation ne m'est venue en lisant le texte, au demeurant bien écrit.
J'attends un peu plus d'avis avant de commenter (ils sont où ceux qui étaient pressés d'avoir les textes hmm ? ^^).

Et la clôture des votes est programmée pour le 15 octobre.
Citation :
Publié par Traz
(ils sont où ceux qui étaient pressés d'avoir les textes hmm ? ^^)
Ils ont vécu, en t'attendant

Bon, disclaimer classique : il est évident que le plus important, le plus intéressant, c'est vous qui l'avez fait, vous les auteurs.
Nos commentaires doivent rester à leur place, mais si ça peut vous aider à affiner votre style, tant mieux.

Et donc, pour moi :

#1

Y'a une constance dans l'effort sur l'exercice de style, mais je n'ai pas accroché.

#2

Très maîtrisé dans la forme.
J'aime beaucoup. Réussir à raconter une histoire avec si peu de mouvement, c'est très dur.

#3

Habile. Un snooze dans un snooze dans un etc. SNOOZECEPTION!
Mais je n'aime pas les sentiments dans le boulot. Et "Sainte Nitouche / Petit(e) con(ne)", c'est trop faible comme juron !
Ces détails mis à part, très agréable à lire, très efficace.

#4

Je n'arrive pas à en dire autre chose que "trop prévisible".
Et la scène de cul, bâclée.
En fait, c'est difficile d'être original à la description de ce genre d'intérieur et de vision, après les romantiques.
"Louis", j'ai souri, quand même.

#5

Partir de Gérard et son C15 pour finir sur une victoire à la Matrix de Norbert-Néo le dahu et ses crachats surluminiques : un peu too much, mais jouissif !

#6

Le sujet aurait mérité un texte plus long, c'est dommage. Je suis resté sur ma faim.

_______

Au final, je vais mettre une prime à la surprise et au petit grain de folie, en votant pour le numéro 5 : quand je m'attarde ici, je veux rire, un peu.

Le n°3 m'a beaucoup plus également, et vient en proche deuxième, s'il faut classer. Enfin salut amical au n°2, j'aime beaucoup les styles précis du genre.


J'aurais bien fait l'aigri encore plus, vu qu'aucun n'a vraiment traité l'ouïe à part entière, et que ça m'énerve donc de n'avoir pas réussi à sortir un texte potable, mais bon, ce n'est pas de votre faute.
Texte 1 :

Je suis un peu ennuyé, avec ce texte, car pour moi il est assez hors-sujet. Ce que je veux dire, c'est qu'il ne présente pas la perte d'un sens, le toucher, mais bel et bien un être sur-humain, un "monstre", le petit garçon. Parce que bon, même sans le sens du toucher, ce que vit le garçon est impossible à vivre. Et de fait, la perte de la sensation du toucher peut être catastrophique pour la santé, même avec de petites blessures, parce que l'individu n'est pas prévenu par la douleur et peut facilement mourir d'une infection.

Cela mis à part, le texte a beaucoup de qualités, à mes yeux. Il n'y a que le monologue intérieur qui m'a un peu ennuyé, l'ensemble, pour moi, se lit facilement. Je prends ce texte un peu comme une caricature, grossissant certains traits, et peignant une humanité bien plus monstrueuse que le petit garçon. Cette édition d'Ex Libar commence bien !


Texte 2 :

Pas mal écrit ! Et un ne idée originale, l'approche par le dictionnaire. Maintenant, c'est un peu court, ce n'est pas une histoire, cela manque de profondeur... à mon goût !


Texte 3 :

Une approche originale, un effort pour explorer les diverses pertes et leur impact sur une relation, l'idée est intéressante. Le problème, pour moi, c'est que je me lasse avant la fin du texte, à vouloir tout explorer, quelque part on se répète. Et le manque de concordance des temps, des questions sans point d'interrogation, tout cela m'a gêné.


Texte 4 :

Il y a quelque chose, dans ce texte, une certaine émotion. J'aime bien la fin. Mais à mon humble avis, il y a des passages maladroits. Si je compare par exemple : " Mais une nouvelle fois, il ne ressentit que frayeur et frustration. Ces courbes sous ses doigts n'étaient que de vagues formes, cette peau n'était ni douce, ni rugueuse. ( ... ) Effrayé à l'idée de voir disparaître le désir fulgurant qui irradiait tout ses membres, " et " Quand l'homme se réveilla, il sut que beaucoup de temps était passé. Il se leva dans la pièce en morceaux, éparpillée, s'avança sans bruit vers le piano resté seul intact dans le chaos, et sans effleurer une seule fois les touches, d'un geste lent, qui résonna longtemps dans le vide de cette atmosphère désespérée, il referma le couvercle sur le clavier. Pour toujours." je trouve que la 2eme citation est plus forte que la première.

Dire "il ne ressentit que frayeur et frustration. " ou "Effrayé à l'idée de voir disparaître le désir fulgurant qui irradiait tout ses membres," c'est exposer, c'est expliquer, et cela ne permet pas au lecteur de vivre les émotions. Dire "sans effleurer une seule fois les touches, d'un geste lent, qui résonna longtemps dans le vide de cette atmosphère désespérée, il referma le couvercle sur le clavier. " c'est ne citer aucune émotion, mais montrer quelque chose qui témoigne d'une émotion forte, et en lisant cela, on comprend et on peut la ressentir.


Texte 5 :

Chai pas si c'est moi qui commence à fatiguer, vu l'heure, ais j'ai du mal à voir le rapport entre l'histoire et le thème. Histoire qui démarre pour moi sans grand intérêt mais qui évolue de façon délirante et marrante.


Texte 6 :

Je trouve que la transition au début de ce texte, est un peu brutale, entre la Solène amoureuse et la Solène salope. Cela fait un peu artificiel, structure de récit court trop visible.Pourtant, c'est le texte que je préfère. Il est plutôt bien écrit, agréable à lire, et la situation est bien rendue. Ce texte a mon vote !
Texte 5 : J'ai souri, un peu loin du sujet malheureusement. Et puis ça ne se dit pas comme expression la trentaine bien tassée , comme la vingtaine ou la dizaine bien tassée, ça ne veut rien dire.
Il y a eu des efforts pour cet ex-libar, et des textes intéressants dans l'ensemble. Le thème était également intéressant je trouve ! Évidemment c'est par pour autant que j'ai fait quelque chose hein, donc les critiques qui suivent sont faciles tandis que l'art est difficile, tout ça.

Le monstre et le roi

J'aime bien l'ensemble du texte qui à un côté... acide, disons. De l'acide cynique. Malheureusement, je trouve qu'au moment d'atteindre les dernières lignes, le parti-pris caricatural et mordant devient subitement moralisateur. "lui, c'est le roi des insensibles"... Quel dommage.

Cette manière d'achever un récit jusque là cruel sur une touche de bonne volonté rappelle certaines de mes déceptions cinématographiques. C'est un peu comme la scène du rêve à la fin de Match Point

Agueusie.

Trop d'italiques, trop de points de suspension, pas assez de structure. Et trop scolaire, comme l'a dit Massinisse.

Ce texte a de toute façon perdu mon vote avant la première ligne, on ne met pas de point à la fin d'un titre.

Neuf minutes

J'aime bien l'idée, mais ça devient un peu répétitif vers la fin. Je ne suis pas non plus fan des alternances entre deuxième et troisième personne (même si j'en comprends la motivation et l'apport structurant).

Les mains du pianiste

Jolie métaphore de la musique. L'imaginer comme un sens me plaît. La matérialisation de la muse me plaît également. Malheureusement, il y a quelques tournures de phrases pour le moins hasardeuses, qui handicapent l'immersion du lecteur dans le récit.

Partie de chasse

Il y a une progression sensible : c'est gentiment délirant au début pour poser le contexte, ça le devient vraiment ensuite (j'aime bien cette partie), puis excessivement dans les dernières lignes (j'aime moins).Trop de trop tue le trop.

De haine et d'eau fraîche

Un texte que j'ai trouvé réussi dans l'ensemble, même si je n'aime pas trop le refrain ("salope" fait très déplacé par rapport au reste du texte, le personnage ne donnant pas l'impression de s'énerver plus que ça). Il est cependant moins original, et donc plus simple, que ses concurrents.
Je viens de finir Neuf minutes !
je suis assez étonné ! J'y vois le gain dans la perte, la construction dans la déconstruction. Au niveau du concept c'est assez sympa. Ce texte me fait penser à Enfance de Sarraute pour les passages à P2 où la narratrice se perd elle-même dans des pseudos conversations non pas qu'elle déteste mais justement qui rapprochent son quotidien nocturne - ses multiples rêve de l'autre - , quotidien banale d'une vie banale à cette autre banalité que son ses journées de travail où l'autre est présent. Au delà du conflit de travail, c'est la coïncidence des deux moments - jour et nuit - qu'elle semble rechercher et le texte y parvient assez bien.

Je trouve cependant le style assez plat, sans vrai relief que ce soit pour les parties dialogués, ou les parties intimes et des fautes de syntaxe, d'orthographe assez pénalisantes... plein de petites erreurs qui gâchent le résultat car l'idée, l'approche, auraient pu recevoir un bien meilleur traitement, ce qui fait de ce texte, non pas mon préféré mais celui qui aurait dû l'être.
Texte 6 : bien mené, bon sans surprise (mais bon je suis vieux on ne me surprend pas tout les jours non plus ) mais agréable à lire.

au final je vote donc pour Agueusie, déjà j'ai appris un mot , et je trouve que c'est le + original (sans parler du . dans le titre, vraiment n'importe quoi certains...) et le + recherché, c'est l'image que ça me donne, je l'ai lu avec plaisir, j'ai juste était un peu frustré quand j'aurais voulu en savoir plus
Le texte numéro 4 aura eu ma préférence.

Le premier ne m'a pas parlé, la perte du sens du toucher étant plus ressentie comme un "gain" (super-pouvoir) que comme une "perte" (handicap).
Le suivant était sympathique, mais j'ai eu du mal à deviner quel était le sens visé. Bien sûr, le narrateur en lisait la définition, mais il aurait pu être sourd, aveugle ou insensible, la "surprise" de la conclusion n'a pas prit.
Le troisième m'a fait perdre le sens du récit. Je l'ai d'ailleurs lu en dernier, après une pause, pour ne pas bâcler ma lecture. Il ne me touche peut-être pas à cause de pré-requis IRL manquants, je ne sais pas.
Le texte en cinquième a mérité un sourire, c'est déjà ça. Il ne se prend pas au sérieux, et se laisse lire agréablement. En revanche, le héros aurait pu perdre n'importe-quel sens (sans distinction) lors de son combat épique. Pourquoi n'avoir pas choisi l'ouïe, au hasard ? Je regrette qu'il ne soit pas plus concentré sur le sens perdu, à la place de la mise en situation de la-dite perte.
Le dernier des six, au contraire, était trop sérieux. Je n'aime personnellement pas lire de vulgarité, donc il est possible que j'aie un vote encore plus partial. Difficile de déterminer le sens manquant, mais le travail pour le signifier est quand-même bien trouvé !

Le texte numéro 4 est un vote partial et assumé : il fait écho à une situation crédible, la présentation est bien amenée, le développement n'est pas lourd, le récit est cohérent, et (sauf la scène de saiks, on se croirait dans un film américain, avec ZE passage obligatoire... ) le récit est profond sans agresser le lecteur.
Coup de coeur pour sa conclusion, vibrante, hésitante, suggérée comme une note finale réussie.

Za.
Pour le prochain, ça vous dirais pas de faire un cadavre exquis like ?

On fait la liste de ceux qui veulent faire un texte et le premier commence le truc (nombre limité de lignes) et le passe au suivant en mp etc etc et à la fin on publie le texte entier pour voir ce que ça donne. Je veux bien faire la prems

En fait j'ai envie d'ecrire a plusieurs depuis longtemps, je trouve ça vachement sympa mine de rien
Citation :
Publié par Soir
Entre deux ex-libars, pourquoi pas ?
Autant en faire un nouveau sujet de l'exlibar, ça serait sympa ça renouvellerait, comme il y a eu a partir d'images, avec des debuts et fins deja ecrit et puis sujets, ca changerait.
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