A titre personnel, j'ai trouvé ça pas mal, bien mieux par exemple qu'un District 9 (auquel il est immédiat de le comparer).
Le casting semble un peu étrange au début, mais on s'y fait, et au final c'est une force du film : voilà un couple tout à fait moyen, sans charisme particulier, mais qui ne provoque pas non plus d'irritation. Deux personnes next door, voilà qui aide franchement à l'identification.
J'ai beaucoup aimé l'exploitation des décors naturels, la descente de la rivière est extrêmement réussie (et dieu sait qu'on en a vu, des descentes de rivière, depuis La Rivière Sans Retour, Aguirre, Apocalypse Now...). Fréquemment (comme pour les ruines aztèques), le danger disparaît, la narration se suspend, les monstres sont oubliés, et seul le couple est un enjeu. On n'est pas non plus dans l'évasion d'un Zabriskie Point (faut pas abuser), mais c'est vraiment bien foutu. J'ai trouvé ce parti-pris très risqué (risque d'être gnan-gnan), mais aussi très réussi.
Il faut prendre en compte les moyens, non pas pour justifier les limites du film (qui sont réelles), mais pour expliquer les choix brillants du réalisateur. Impossible pour des raisons budgétaires de montrer trop les monstres, impossible de maintenir une action perpétuelle façon rollercoaster comme dans Cloverfield, on se concentre sur autre-chose. En cela, Monsters est vraiment du cinéma, franc et sincère.
Comme pour un Valhalla Rising (cependant bien supérieur), je reproche au contraire au film de n'être pas encore plus contemplatif. La vraie limite du film, c'est justement la tentative du réalisateur d'en faire un film de monstres, ce qu'il ne peut pas se permettre financièrement, et alors qu'il a eu l'intelligence d'emmener son histoire ailleurs. S'il avait compris dès le début le potentiel poétique de son sujet, on aurait obtenu une oeuvre vraiment plus exigeante mais aussi plus aboutie, cohérente et réussie, autant le dire.
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