Tu parles d'une confusion de la forme, genre le physique de nos avatars qui peut ressembler à nos corps réels ?
Ce que tu dis est certainement vrai pour Second Life, mais il peut l'être également pour d'autres "jeux". Pendant un temps j'ai beaucoup joué à Oblivion. Tu peux incarner un vaillant chevalier/mage/nain/troll...et suivre une progression non linéaire, selon ton rythme, tes envies, tes humeurs. Tu peux par exemple parcourir les montagnes, récolter des objets, les revendre, faire du troque, visiter des lieux, rencontrer d'autres personnages, d'autres cultures, t'adonner à la lecture d'histoires, dévaler des grandes plaines avec ton cheval etc etc. On appel cela des missions secondaires certes...mais le degrés de liberté est quand même très important, voir égal à Second Life. Après tout est une question de suggestibilité
A l'heure actuelle il y a de nombreux "jeux" ou "simulation" qui permettent de confondre les deux mondes...
Je crois que tu fais fausse route. Les jeux de simulation sont une chose, et il est vrai qu'on peut y mettre beaucoup de soi. Toutefois lorsque tu incarnes ton chevalier mage demi nain, tu as tiré tes caractéristiques qui ne sont pas les tiennes propres, et même si cela peut donner lieu parfois à des blessures narcissiques, la distance est tout de même plus grande.
Tu me diras que c'est une différence de degré et non une différence de nature, mais à partir d'un certain écart, cela devient véritablement autre chose. Te projeter, toi même, avec les qualités qui te sont propres, en idéalisant une certaine image devient véritablement autre chose. Le retentissement sur l'humeur, sur l'état psychique sont plus importants.
Penser que les deux choses sont identiques ce serait trouver par exemple qu'un film comme "clones" et un film sur un grandeur nature heroic fantasy abordent le même thème.
Faire du changement d'apparence, dans cette idée de projection de soi, quelque chose d'anecdotique, comme j'ai pu le lire ailleurs, c'est vraiment faire l'impasse sur le noyau de sl (d'ailleurs si j'en crois le marché de l'apparence sur sl, c'est une négation pure de l'évidence).
On a tous pu voir une vidéo ou l'utilisateur, handicapé, retrouvait sur sl l'illusion d'une certaine autonomie. Et chacun de s'extasier à cette occasion : "ah, c'est aussi ça sl, bravo, merveilleux".
Mais c'est surtout ça, cette recherche d'une nouvelle donne, et l'histoire de l'handicapé est le sommet de l'iceberg. On peut penser qu'une partie des utilisateurs, sans avoir ce handicap évident, vient aussi pour laisser ses tares et ses insuffisances au vestiaire, et se projeter dans une image idéalisée.
"Etre une heure, une heure seulement, être une heure, une heure, quelquefois, être une heure, rien qu'une heure durant, beau, beau et con à la fois".
Et c'est à mon sens la seule vraie spécificité de la plateforme (avec les possibilités techniques qui permettent de le faire, avec l'économie de moyens, la facilité, le temps, l'espace und so weiter...).
En se projetant dans le futur, et imaginant comme dans "clones" des progrès techniques qui permettraient d'accéder au sensible, on peut raisonnablement penser que l'environnement ne serait pas fantaisiste, extraordinaire, mais bien au contraire qu'il chercherait à coller le plus possible à la réalité, quitte à tout confondre.
Car c'est alors que rien ne change autour de soi que l'on peut se donner l'illusion de la possibilité de changer tout pour soi même, de changer la donne en adhérant à l'illusion. Si l'on veut là encore un film référent, on pourrait évoquer "Total recall", où l'homme ordinaire devient héroïque, idéalisant son image, jusqu'à ne plus savoir où se situe la réalité.
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Spécifique mais pas systématique. Il me semble.
C'est exact. Et j'apprécie que tu le soulignes. Car je ne prétends pas que la plate-forme sl ne sert qu'à cela, mais que cela est la plus-value, le petit truc que l'on ne trouve pas vraiment ailleurs, la spécificité.
Car on peut y faire tout autre chose : jouer tout simplement, gagner de l'argent, construire, créer, bidouiller, socialiser, aimer......mais toute ces activités peuvent se faire ailleurs, et elles ne sont donc pas spécifiques. Et en réfléchissant bien, toutes ces activités peuvent même se faire mieux ailleurs, et s'il n'était question que de cela chacun irait exercer ses talents dans des endroits plus propices.
C'est sans doute cette capacité de projeter son ego dans la simulation, de créer une hyper-réalité factice (on a tous entendu : "je suis véritablement moi sur sl, sans les barrières et les handicaps qui me gênent"), et la facilité d'utilisation qui sont la plus-value de sl.