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Il est de ces gens hors du commun qui sont capable, à la moindre apparition, de mettre votre corps et votre esprit en transe. Cela commence par une étrange sensation au niveau du ventre, qui s’étend rapidement à tout le reste du corps. Puis, remontant le long de votre poitrine, qu'il étreint délicatement, ce trouble sentiment finit sa course dans votre gorge qui se serre d'émotion.
Cette émotion s’appelle la nausée et Alain Madelin est sans doute la personne qui me fait le plus éprouver cette étrange oppression.
Pour les non initiés et ceux sur qui la politique possède un étrange pouvoir urticant, Alain Madelin est le chef du parti libéral français (un obscur groupe qui a 3.5% aux dernières élections), en abrégé PL. Ce charmant jeune homme commença sa carrière politique dans les années 60 (surtout vers 68) où il militait dans un sympathique petit groupe d'illuminés qui s'étaient regroupés autour de la mouvance Occident. Il prônait, à cette époque, avec ses amis, la supériorité de la race blanche, le combat contre les communistes (c'est à dire de son point de vu, tous ceux qui ne partageaient pas ses opinions), et tout un tas de joyeuses idées qui auraient fait passer Jean Marie Lepen pour un dangereux gauchiste adepte du grand Israël (j'exagère à peine).
Néanmoins, lors de l'invasion de la France par les forces de l'armée rouge (c'est à dire les élections de 1981), le brave Alain Madelin se rend compte que ses idées avant gardistes n'ont que peu de chance d'être entendu par une plèbe qu'il hait de toutes ses tripes et qui préfère défendre leur salaire que de le donner à des types comme lui. Aussi opère-t-il un virage dans sa carrière, mais pas vraiment dans ses idées. Il se range alors sous les couleurs du parti fourre tout, surtout de militants néo nazie qui veulent tout de même se faire élire, j'ai nommé le RPR (c'est dingue ce que l'on peut trouver de transfuge du FN dans cet endroit).
De lâchetés en compromis, de démissions en trahisons, le petit Alain fait son petit bonhomme de chemin, en défendant cette fois ci son nouveau rêve : le néo libéralisme.
Le néo libéralisme est une idée absurde selon laquelle le marché peut et doit tout dominer. D’ailleurs cette pensée est plus économique que politique, puisque de politique, les néo libéraux n'en font pas. Ils ont raison, point, leur politique est "nécessaire" et incontournable, préparant la société à "d'indispensables réformes" (indispensables à qui?). D’ailleurs dans l'énoncé même de leur philosophie, il s'est glissé deux erreurs sur trois mots. Cette pensée n'est en rien libérale, au contraire, elle ne vise qu'à l'aliénation des masses au seul profit des plus riches et elle n'est certainement pas nouvelle (néo) puisqu'elle ne fait que reproduire trait pour trait la politique économique du XIXeme siècle, lieu de naissance du capitalisme le plus sauvage. Le seul mot qui soit juste reste l'article "Le", car libéralisme est un nom masculin. Nous pouvons donc être soulagés puisque les néo libéraux (ou plus honnêtement archéo capitalistes) ne visent pas (encore) à changer la syntaxe.
Donc Alain aime cette doctrine, il l'adore, il la rêve mondiale, sans frontière, sans frontière des états bien sûr (on appelle cela la mondialisation libérale), mais surtout sans la frontière de la morale (on appelle cela le grand banditisme). Or voilà que le bas blesse. Il n'a pas la grande chance d'être né au pays du libéralisme et doit se contenter de vivre en France. Or dans ce pays ignare se tapit une quantité incroyable d'ennemis du progrès. On peut les résumer ainsi, selon les méthodes en vigueur au Médef (d'autres grands amis d'Alain) :
Les imbéciles, plus connu sous le nom de travailleurs, qui n'ont toujours pas comprit qu'il était dans leur intérêt de perdre leurs emplois, leur couverture sociale, leur retraite et toute autre forme d'avenir au profit de pays esclaves (le tiers monde) qui assureront des bénéfices records à des gens déjà incroyablement riches (les sots!).
Les krypto communistes, c'est à dire les syndicalistes ou tout autre groupe qui défend les intérêts des premiers.
Les terroristes, cette sale vermine anti mondialisation principalement composée de jeunes anarchistes islamistes écolo gauchiste (c'est à dire, nous).
Comme il en a beaucoup, ben, voilà...3.5% aux dernières élections face aux 13% des partis d’extrême gauche, la pensée néo libérale ne semble pas vouloir faire de vieux os en France. Le pauvre Alain est tout triste et il vole de chronique en gazette expliquant que si il n'est pas président c'est rien que de la faute des électeurs. Rassures-toi, Alain, on leur demande de moins en moins leur avis !
On aurait toutefois tord de se moquer de ces résultats et cela pour deux raisons.
La première c'est qu'on peut les attribuer au fait que Madelin a été victorieusement concurrencé par deux autres candidats, certes au discours moins avant gardiste, mais au final très proche du sien, c'est à dire Jacques Chirac (une sorte de néo libéral aux tendances poujadistes) et à Jean Marie Lepen (une sorte de néo libéral aux fortes tendances poujadistes). Un peu à l'instar de Jospin effacé par la dispersion des voix sur l’extrême gauche, les Verts et autres communistes (désolés de ne pas, de ne plus, les placer parmi l’extrême gauche), Alain Madelin a été concurrencé par les voix d’extrême droite et celles d’extrême droite qui ne veulent pas dire leur nom. Pourtant le service de presse de Jacques Chirac ( c'est à dire TF1) n'a pas ménagé ses efforts pour lui laisser tout à loisir de s'exprimer, mais rien n'y a fait.
L'autre raison, tout aussi inquiétante, est que le parti au pouvoir, une sorte de super parti unique comme il en existe dans des régimes discutables (mais peu discutés), l'UMP, tout en s'en gardant, (préférant parler de sécurité et de "nécessaires réformes") applique point par point le programme néo libéral d'Alain Madelin. 3.5% des votants ont donc réussit à imposer leurs idées un peu fantasques aux 96.5% autres. Sans doute la version libérale de la démocratie. Raffarin lui-même, une sorte de grosse baudruche pleine de vide, l'a dit lui-même, les élections, c'est tous les cinq ans. Si les manifestants ne sont pas contents, ils changeront de député à ce moment (en vérité, ces propos ont été tenus par le ministre de la fonction publique). En résumé, c'est moi le chef, on fait ce que je dis. Comment ? Cela à l'encontre des promesses faites lors des élections ? Rien à f... Les promesses n'engagent que ceux qui y croient (Charles Pasqua, une sorte de Fernandel pas drôle).
Le Madelinisme (étrange syllogisme inventé par les journalistes pour renommer la peste noire) n'est pas dangereux en soit, car la population semble y être étrangement immunisée, mais hélas pas nos élites (les élites ne sont pas des gens plus intelligents que nous, ils sont justes mieux payés). La preuve en est que l'intégralité des journalistes de Tf1 semble avoir été infectés. Depuis, ils dispensent à longueur d'antenne un discours néo libéral savamment apprit. Patrick Lelaie, patron de la première télévision de France, quant à lui, présente les signes les plus dramatiques de la maladie puisqu'il a donné son accord pour des émissions comme Nice People.
Je m'égare...
Mais, me direz vous (enfin pour ceux qui ont réussit à tenir jusqu'ici), pourquoi cette drôlesse nous parle d'Alain Madelin ?
Tout d'abord parce que je le hais. Je le hais vraiment. Et puisqu'on me donne l'occasion de m'exprimer sur les sujets qui me tiennent à cœur (ou à l'estomac dans le cas présent), j'en profite. Pourtant Dieu, et ceux qui me connaissent personnellement ici (ce qui doit se réduire à une personne, je pense), sait combien je suis une gentille personne, douce et aimante. Mais je ne suis pas Bouddha non plus et je ne vois pas pourquoi je garderais mon calme face à un énergumène qui ferait mordre les murs à des bonzes tibétains (c'est qu'il est fort, le bougre !).
Ensuite parce que notre "ami" Alain Madelin vient de pulvériser le front de la connerie sur plusieurs centaines de kilomètres dans ses dernières interventions sur l'Irak.
Car Alain Madelin n'est pas seulement raciste, fasciste, arrogant et néo libéral, il est aussi atlantiste. Pour lui, l'Amérique en général et celle de Georges II Bush en particulier, est le modèle accompli de la perfection. Alors que le président (mal) élu des Etats Unis d'Amérique attaquait un pays dont le budget militaire était 2000 fois moins élevé que le siens, à 5000 mètres d'altitude, pour libérer les morts du joug tyrannique de l'homme qu'ils avaient mit en place en 56, Alain Madelin, complaisamment interviewé par les télés et la presse française (Il a été personnellement présent sur les plateaux de tv ou dans la presse presque 17 fois plus que n'importe quel autre homme politique lors de cette période), n'a cessé de condamner la faiblesse française, sa couardise (c'est vrai que s'opposer à la première puissance du monde atteinte brusquement de la rage c'est faire preuve de lâcheté), au nom du pacte atlantique. Pour les distraits, rappelons que le pacte atlantique est une sorte de soumission militaire aux seuls américains dans le but de servir les uniques intérêts de ces derniers.
On doit à Alain Madelin, lors de cette période, des perles fabuleuses. Je n'en citerais qu'une seule, qui vaut son pesant de travailleurs colombiens sous alimentés (Journal du Dimanche du 23 Février, vérifiez, je n'invente rien) : "Chirac et Villepin ont engagé le combat du droit et de la morale. C'est un mauvais combat."
On ne peut être plus clair. Madelin, lui, défend le crime et l’immoralité. On le savait déjà, mais c'est mieux en le disant. Sa dernière remarque, celle qui m'a agacée encore plus que d'habitude, et qui vous vaut ce long cri de haine, date du 22 de ce mois, après la pitoyable capitulation de Chirac face aux américains au conseil de sécurité, validant l'invasion et la mise sous tutelle de l'Irak par les colonialistes américains (et quelques pauvres anglais qui se demandent franchement ce qu'ils font là). "La France a enfin retrouvé la voie de la raison". No comment.
En fait, pour résumer, on peut comparer la situation actuelle à celle de l'occupation Allemande de la seconde guerre mondiale, ou plus bucoliquement celle d'une cour de récréation. On a tous connu, lors de nos tendres années, un élève plus grand, plus costaud et plus agressif que les autres. La raison principale de son physique dévastateur était souvent qu'il avait triplé toutes ses classes et qu'il avait 10 ans de plus que les autres. Comme il est le plus costaud de la cour, il en profite. La plus part des enfants feignent de l'ignorer (c'est la majorité silencieuse), mais sont toutefois un peu agacés par son attitude. Mais il y a une petite partie qui refuse ce dictakt et s'oppose au méchant (La France, l'Allemagne, la Russie, un peu les résistants du maquis). En général comme ils ont plus une grande gueule que de gros muscles, ils prennent, sous les viva de la foule, des roustes monumentales. Puis, il reste une dernière catégorie, infâme, toujours prête à se rallier au plus fort, avant même d’ailleurs qu'on lui demande. Cette frange, cette fange, on la retrouve tout le temps, à toutes les époques, en tout lieu, et s'arme le plus souvent d'une brosse à reluire pour flatter leur puissant maitre et injurier (de loin) ceux que le gros vient de mettre en pièce. Cette catégorie relève de nombreux sobriquets, comme collabo, lâche, faux culs, etc... mais je leur préfère un autre, plus explicite : ce sont les traîtres !
Le grand crétin attardé qui nous rackettait, c'est l'Amérique de Georges Bush, Madelin, c'est son fayot. J'aurais pu citer aussi Jean Marie, décidément un prénom dur à porter, Messier, le petit roquet néo libéral dont la fortune est directement issue de la corruption incroyable du gouvernement Balladur, et bien d'autres encore. Mais Madelin, c'est mon préféré.
Il ne mérite pas d'autres termes, ni d'autres éloges. Il est l'incarnation même de la médiocrité, de la bêtise et de la trahison. Il est la quintessence de tous ce qu'il y a de mauvais dans l'homme. Rien de bon en lui, rien de juste, rien qu'une grotesque carcasse vide de sentiment et d'idée toute prête à accueillir la boue nauséeuse de ce monde.
Il est tout cela et bien pire encore. Il est l'image d'un monde en pleine corruption, en totale déliquescence qui a troqué toutes ses valeurs les plus sacrées pour une poignée de dollars...
...
Il n'est rien d'autre que ce que nous avons laissé faire.
La République est un fruit, Madelin est son ver blanc.
C'était juste pour dire : si vous croisez un jour Alain Madelin, mettez-lui une claque de ma part... merci...
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