Mouais alors, entre la FNSEA/droite conservatrice ou les écolos anti pesticide/OGM/whatever, je suis pas sûr que ça soit forcement les premiers qui envoient les agri dans le mur.
Mais à y réfléchir, pas sûr que les seconds y soit pour beaucoup vraiment non plus. Les agris vont dans le mur dans tous les cas.
IMO, la tendance mondiale, avec les innovations et cie auraient du pousser le regroupement et l'émergence d'énormes fermes pour rester compétitives face au reste du monde et donc à réduire le nombre d'agriculteur.
A partir du moment où on veut rester ouvert à la concurrence ET conserver des petites exploitations, y a pas trop d'autres choix que de subventionner, les autres solutions, c'est le protectionnisme (mais je pense que globalement, on y perd plus à l'export qu'autre chose) ou bien le regroupement (mais c'est aussi la fin des agriculteurs qui seront remplacés par d'énormes trucs façons Pays-Bas)
La c'est comme si on avait voulu sauvegarder les emplois de maréchal ferrant malgré l'émergence de la voiture et que du coup on leur reversait de la thune pour produire des fers à cheval qu'on vendra à personne, il faut ptet se dire qu'on a pas forcément besoin d'avoir autant d'agriculteurs et qu'ils disparaitront de toutes façons quoiqu'ils votent.
Je fais partie de la portion modérée de la seconde catégorie que tu évoques. J'ai exercé jusque peu une activité directement reliée au monde agricole et je côtoie des agris tant écolos que conventionnels depuis pas mal de temps maintenant. Mettre dos à dos les écologistes qui, pour l'essentiel, font leur truc de leur côté avec un modèle de subventions et une protection de leur méthodes qui sont au mieux anecdotiques et la FNSEA qui est littéralement à la tête du modèle agricole Français, c'est fort de café...
Le modèle agricole que tu perçois comme viable est éminemment capitalistique, et par la, ne répondra jamais à l'objectif principal que devrait viser l'agriculture : la souveraineté alimentaire. C'est un modèle qui se base lourdement sur l'importation de matériaux et ressources en tension quand elle ne sont pas à risque de déplétion à moyen terme, adossées pour certaines à des processus industriels lourds et soumis eux mêmes aux tensions sur l'appro énergétique. Exemple en 2016 d'une
analyse du centre d'études et de prospective sur le phosphore . La pénurie d'intrants liée au Covid et à la chute des exportations chinoises montre par ailleurs de façon assez pertinente à quel point le modèle est lourdement dépendant de systèmes complexes et donc peu résilient. Si demain nous devons, pour quelque raison que ce soit, dépendre de notre seule production d'intrants pour soutenir notre modèle agricole, on risque de voir flou. Jancovici soulève par ailleurs très bien certaines des
problématiques critiques du modèle en question en ce qui concerne la question de sa dépendance à l'énergie. Enfin, ce modèle est le premier responsable des difficultés actuelles du monde agricole français.
Par ailleurs vouloir mettre en concurrence un pays comme la France (26,7 millions d'HA cultivés) avec, l'Inde, les Etats Unis ou la Chine (123 millions d'HA cultivés) sur une économie qui dépend directement de la quantités de terres arables disponibles, c'est de la folie pure. A modèle équivalent, on sera mangés, quoi qu'il arrive. Surtout quand un pays (La chine) peut subvenir largement à ses besoins d'intrants avec sa production nationale contrairement à l'autre... Nous.
Ce modèle c'est celui que défend la FNSEA, syndicat agricole qui est notoirement au service d'entreprises agro industrielles et de grand exploitants pour lesquels les intérêts des agriculteurs éleveurs, sylviculteurs etc... Ne comptent en réalité que peu. J'en veux pour preuve qu'ils sont aux manettes de la politique agricole française depuis longtemps, et que les manifestations d'agriculteurs récentes qu'ils ont récupérées à leur compte découlent directement de la politique que ce syndicat impulse. Ca va jusqu'à la Mutualité Sociale Agricole, dont le modèle et le fonctionnement à été étrillé en
2020 par la cour des comptes qui va jusqu'à évoquer des conflits d'intérêts dans son rapport. Pour ceux qui le connaissent, le fonctionnement des collèges de gouvernance de la MSA favorise très largement les intérêts des grand acteurs économiques du secteur et aucunement ceux de l'agri moyen. Tu ne seras pas surpris d'apprendre qu'on trouve souvent dans ces collèges et à la tête de fonctions décisionnaires de la MSA... la FNSEA.
Enfin, pour ta comparaison finale :
Un modèle basé sur le travail du vivant, qui requiert un environnement sain et stable pour sa pérennité ne peut, et ne doit en aucun cas répondre aux mêmes impératifs que ceux d'autres activités commerciales, surtout quand il garantit le premier pilier de la stabilité d'une nation : l'alimentation. Un agriculteur n'est pas un maréchal ferrand, et il ne le sera jamais. Dans une situation ou la ressource en eau se raréfie à grande vitesse ainsi que les terres cultivables, et ou l'ensemble des ressources clés au fonctionnement du modèle connaissent des pénuries et tensions régulières le modèle FNSEA n'est pas viable.
On a des solutions qui le sont, et on peut éviter le mur en les mettant en oeuvre.
Ca demande juste un peu de courage politique, et d'accepter une réalité déplaisante : la période ou manger n'était pas cher est terminée, et il va falloir remettre beaucoup de main d'oeuvre aux champs à moyen terme. Ca peut se faire de façon vertueuse et supportable sur des terres en bonne santé avec des conditions de travail correctes si on anticipe et on travaille un mix conventionnel/agro écologie sain. Parce que oui, on à besoin de grandes surfaces travaillées en intensif aussi. Où ça peut se faire dans la douleur sur des terres laminées si on continue comme ça. Mais si on finit dans le mur, ça ne sera du fait que de ceux qui choisissent aujourd'hui de faire valoir l'épaisseur de leur portefeuille. Pas de ceux, bien plus nombreux par ailleurs contrairement aux clichés habituels, qui souhaitent conserver le vivant et par la même leur activité.