C'était un vieil Eniripsa qui semblait avoir tant roulé sa bosse auprès des plus répugnantes créatures qu'il tenait à peine sur sa chaise, le dos plié et les jambes écartées pour soutenir un poids en année équivalent à la bourse de kamas de notre héros.
Pourtant il n'en est rien.
Ardok, l'eniripsa en question, n'a jamais quitté le village d'Amakna, et a passé la totalité des journées de sa misérable vie à satisfaire la soif de conseils et d'informations des aventuriers demandeurs. Car Ardok en sait plus sur la géographie de frigost que n'importe quel aventurier de ces terres enneigées, aussi souvent affronterait-il le Glourseleste. Ardok connait bien mieux les confins d'Otomai que le maître alchimiste en personne.
Car Ardok a un don.
Et c'est voir ce don à l'oeuvre qui a motivé notre héros à quitter sa terre natale de Tainela, traverser la cité commerciale d'Astrub et s'aventurer par delà les montagnes au sein de la cité d'Amakna.
"Je vous sers autre chose messire ?" demanda Anhette, la jeune serveuse aux tâches de rousseur si concentrées qu'on l'aurait pris pour un radis. Après avoir commandé une nouvelle auge de cicrapaille, notre héros recentra son attention sur cet étrange éniripsa, que l'on dit tout savoir.
Il senti un frisson le long de son échine, un frisson de satisfaction de voir son périple prendre fin mais aussi un frisson d'appréhension à l'idée d'engager la conversation et soumettre au vieil homme sa requête. Il en a fait de la route pour le rencontrer, encapuchonné tel un Oni à travers les montagnes. Il ne fallait surtout pas s'approcher du chateau d'Amakna, non surtout pas... Pas avec la prime proposé par la Lance à quiconque apporterait sa tête au Roi.
Ardok se sent observé. Par habitude, il adopte l'attitude détachée propre aux fragiles pour feindre une certaine assurance face au danger. Il s'étire, souri à un voisin de tablé, roule un kama entre ses doigts, fait montre d'une posture détendue en terrain conquis.
Pour se donner du courage avant l'action, le héros sorti le pli donné par son frère à son départ, en cas de démotivation ou de doute : "Leashnak mon frère, en lisant ces mots, rappelle toi le fardeau des tiens". Leashnak prend une profonde inspiration, relève son capuchon et vide sa boisson enivrante d'un trait avant de se diriger vers le messie tant recherché.
C'est à ce moment que les portes en bois de Bombu de la Taverne obscure s'ouvrent d'un coup et laissent entrer une patrouille de la Lance.
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