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Je reviens sur le sujet dans un fil à part, pour en souligner un point particulier.
Rebondissant sur les réflexions d'Eve et de bestmomo, à savoir que sl en tant que tel ne favorise pas l'apparition des dépressions et des dramas, mais que tout cela n'est que scories apportées par certains participants sans doute plus enclin à cette pente. Et si finalement SL favorisait aussi ce processus. J'ai lu il y a quelques jours un article sur facebook dont je vous livre le lien : http://www.slate.fr/story/33355/le-reseau-antisocial En gros il y est dit qu'un réseau social, et sl en tant que tel fonctionne aussi sur le même principe, nous renvoie une image des autres, image choisie, plutôt avantageuse, qui par contrecoups et par comparaison rend notre propre position moins gratifiante. A terme la fréquentation d'un tel réseau pourrait participer plus aisément à un processus de dévalorisation des utilisateurs, et favoriser la dépression. L'article reprend une citation de Montesquieu : «Si on ne voulait qu’être heureux, cela serait bientôt fait. Mais on veut être plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus heureux qu’ils ne sont.» SL, avec ses effets d'optique, ses masques, son clinquant affiché, sa vitrine, où beaucoup viennent proposer une image valorisante, pourrait concourir à ce processus. Prendre alors pour argent comptant les poses avantageuses de la population slienne tout en étant renvoyé soi même à sa propre réalité, moins reluisante que celle, fictive, que nous nous construisons IG contribuerait à un effet d'épuisement. A l'inverse contempler le malheur des autres, pourrait être réconfortant, comme le proposait Lucrèce dans le De Natura rerum, alors qu'il se place en observateur sur la côte du spectacle d'un navire prêt à sombrer dans la tempête : "Suave, mari magno, turbantibus aequora ventis e terra magnum alterius spectare laborem ; non quia vexari quemquamst jucunda voluptas, sed quibus ipse malis careas quia cernere suave est." ou autrement dit "Il est est doux, sur la vaste mer Alors que les vents agitent les flots De regarder, depuis la terre, Le grand labeur d’un autre Non parce que c’est un plaisir agréable Que quelqu’un soit tourmenté Mais parce qu’il est doux De voir A quels malheurs On échappe soi-même." On retrouverait là une certaine appétence pour les dramas, tant que cela se passe chez les autres, et la tendance habituelle à tendre l'oreille aux bruits, rumeurs, ou informations qui mettent les autres en difficulté, ce qui par comparaison aurait alors plutôt tendance à nous valoriser. La position de Lucrèce a souvent été caricaturée, comme quoi il se réjouissait du malheur des autres. Il n'en est rien, il se réjouit simplement de ne pas être touché, de pouvoir encore échapper au destin, à la foudre, et d'y trouver ainsi une certaine sérénité. Joie ou tristesse, enthousiasme ou dépression, bonheur ou dramas, éléments complémentaires de ce grand théâtre qui agitent les participants à leur avantage ou à leurs dépens. |
03/02/2011, 23h28 |
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Fabrice Tebaldi |
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