L’importance du storytelling : est-ce à désespérer de la démocratie ?

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En 2007, Antonin Scalia, juge à Cour Suprême des États-Unis (garante du respect de la constitution) a justifié l’usage de la torture. Non pas en se basant sur les lois, mais en disant « Jack Bauer a sauvé Los Angeles, il a sauvé des centaines de milliers de vie. Allez-vous condamner Jack Bauer ? Dire que le droit pénal est contre lui ? Est-ce qu’un jury va condamner jack Bauer ? Je ne le pense pas. »

Au secours ! Il faut le mettre au courant, Jack Bauer n’existe pas, « 24 » est une fiction ! On ne prend pas de décision en se fondant sur des histoires qui décrivent un état d’urgence permanent, mais sur des faits. On ne devrait pas prendre certaines décision sous l’influence causées par des histoires, en fait, qu’elles soient réelles ou non. Mais plutôt essayer d’être objectifs. Mais la politique s’éloigne de plus en plus de l’objectivité pour se plonger dans le storytelling, le royaume de la subjectivité.



Je me suis demandé pourquoi Bush avait été réélu, comment avait-il pu obtenir un second mandat après avoir tant menti à ses électeurs ?


Il y a de multiples réponses, mais un facteur important est exposé dans l’excellent livre de Christian Salmon, « Storytelling, la machine à raconter des histoires et à formater les esprits», et sa suite, « Storytelling Saison 1, chroniques du monde contemporain ».

Le storytelling peut être vu comme l’ensemble des techniques visant à raconter des histoires, et obtenir des réactions spécifiques du public auquel elles s’adressent. C’est un des fondements de l’industrie du cinéma, par exemple. Mais depuis plusieurs années, les techniques de storytelling se sont répandues partout : à l’évidence dans la publicité et le marketing, mais aussi dans le management d’entreprise et dans la politique. Je vais spécifiquement parler de son application à la politique, mais je vous encourage à livre le livre « Storytelling », pour savoir comment, dans le monde de l’entreprise par exemple, on peut formater les esprits des employés en racontant des histoires.

En quoi le storytelling menace-t-il la démocratie ? Pourquoi est-il plus dangereux que les techniques habituelles de manipulation ? Et est-ce que la storytelling ne va pas plus loin que la simple manipulation ? Je reviendrai plus tard sur cette dernière question. Le storytelling menace la démocratie car il fait passer les faits au second plan, « mieux », même, en termes d’efficacité manipulatoire, il crée de nouveaux « faits » ayant une forte charge émotionnelle et rend illisible les argumentions rationnelles. Voici un exemple tiré du livre de Christian Salmon, l’exemple d’un clip diffusé plus de 30 000 fois sur les haines des états flottants et qui, selon les experts des deux camps, a changé le cours de cette élection.

Citation :
« Ma femme, Wendy, a été assassinée le 11 septembre par les terroristes. » C’est sur ces mots que s’ouvrent Ashley’s story. L’homme qui s’adresse à la caméra se tient debout, en bras de chemise, devant une bibliothèque familiale. Son nom est écrit en bas de l’écran : Lynn Faulkner, Mason, Ohio. La caméra zoome sur une photo de son épouse entourée de ses deux filles âgées d’une dizaine d’années. En voix off, le narrateur poursuit : « Mais lorsque le président George W. Bush est venu à Lebanon, Ashley est allée le voir comme elle l’avait fait, quatre ans plus tôt, avec sa mère. »

La musique passe alors du mineur au majeur et son rythme s’accélère, tandis que défilent des images de Bush serrant des mains dans la foule. Linda Prince, une amie des Faulkner qui accompagnait Ashley le jour du meeting, raconte comment les choses se sont passées : « Le président s’avançait vers moi. Alors je lui ai dit : « Monsieur le président, cette jeune fille a perdu sa mère dans le World Trade Center ». « Il s’est retourné, poursuit Ashley Faulkner, filmée quelques semaines plus tard dans le jardin de la maison familiale. « Il m’a dit : « Je sais que c’est dur. Est-ce que tu vas bien ? »

Linda Prince : « Notre président a pris alors Ashley dans ses bras et il l’a serrée sur son cœur. (La caméra montre Ashley dans les bras de Bush.) Et c’est à ce moment-là que nous avons vu les yeux d’Ashley se remplir de larmes. »

Ashley Faulkner : « Il est l’homme le plus puissant du monde et il veut s’assurer que je vais bien, que je suis OK. »

Puis Lynn Faulkner, le père de la jeune fille, conclut : « Ce que j’ai vu ce jour-là [on voit à l’écran la une d’un journal : « Bush réconforte la fille d’une victime du 11 septembre »], c’est ce que je veux voir dans le cœur [photo de Bush à Ground Zero en train de féliciter un pompier] et dans l’âme d’un homme qui occupe les plus hautes fonctions dans notre pays. » Le clip se termine su un plan de George W. Bush, saisi de profil, le visage incliné vers le bas, dans une attitude de recueillement. La mélodie s’achève sur un accord majeur.

( … )

C’était un exemple de communication politique vraiment très efficace, ( … ) parce qu’il racontait une histoire personnelle, il traitait d’un sujet important, difficile, le terrorisme, et le situait dans un contexte que les gens pouvaient comprendre.

Selon le webmagazine Salon, « l’impact avant tout émotionnel de l’histoire d’Ashley tenait à son caractère « mémorable, motivant et positif ». ( … ) Le président, figure centrale du récit, ne s’exprime pas. Il n’expose ni idée ne présente aucun programme. Il n’est que sérénité et bonté. Médiateur d’une sorte de miracle, il n’est présent qu’à travers les témoignages qui rapportent ses gestes et ses propos, comme dans les vies de saint ou dans le récit évangélique.

La jeune Ashley apparaît d’abord en photo (avec sa mère et sa sœur, puis lisant dans le hamac) mais c’est elle qui énonce le message clé de tout le récit : »Il est l’homme le plus puissant du monde et il veut s’assurer que je vais bien. » Linda Prince, l’amie de la famille qui remplace la mère absente et présente la jeune fille au président, a une fonction essentielle : c’est elle qui atteste de la transformation émotionnelle de la jeune fille : une « guérison » psychologique dont Bush serait le médium ? « Et c’est à ce moment-là que nous avons vu les yeux d’Ashley se remplir de larmes. » L’intervention du président brise la glace dans laquelle Ashley s’est enfermée ; sa compassion fait œuvre de guérisseur : « Quand le président Bush l’a prise dans ses bras, dit son père, elle a montré plus de sentiment et de chagrin qu’elle ne l’avait fait pendant les trois dernières années. Elle a a dit que c’était la première fois qu’elle s’était sentie en sécurité depuis le meurtre de sa mère. » Le père d’Ashley, auteur de la photo, joue le rôle du témoin oculaire, il ouvre le récit et le clôt, sans pour autant complètement lever le mystère. Il parle de la rencontre avec Bush comme d’un phénomène surnaturel : « Ce que j’ai vu ce jour-là, c’est ce que je veux voir dans le cœur et dans l’âme d’un homme… »

( … )

L’histoire d’Ashley emprunte ses codes de la narration à la parole évangélique : c’est le récit d’un haut fait, celui d’une rencontre mémorable suivie d’une guérison miraculeuse. À la fin du clip, on voit G.W. Bush félicitant un pompier à New York sur une photo subtilement retravaillée de manière à présenter la figure du président dans une gestuelle et une lumière qui évoquent les peintures christiques et les tableaux des saints. »
Pourquoi donc Bush a-t-il été réélu ? Une des explications est que les républicains ont utilisé les techniques du storytelling pour présenter les élections « sous la forme d’une intrigue facile à comprendre et mobilisant des émotions simples, comme la peur, la solitude, le besoin de protection. Ils convoquaient sur la scène électorale des héros sympathiques (la classe moyenne américaine) et des méchants (les terroristes de Téhéran et les homosexuels d’Hollywood) et créaient entre eux une tension narrative que l’élection du candidat républicain était censée résoudre. »

En face, les démocrates récitaient une litanie prévisible :

Citation :
« Je crois dans le droit des femmes à choisir leur vie. Je crois qu’un bon système scolaire est essentiel à ce que nous sommes. Je suis pour un salaire minimum. » Bal bla bla. C’est comme quand j’étais enfant de cœur : « Je crois à la virginité de Marie. Je crois en ceci et en cela. » Mais le « vrai » récit [de l’évangile], c’est celui-là : « Nous étions une bande de pécheurs et Jésus est venu : il est mort et il a donné son sang pour nous sauver de tous. John Kerry a récité sa litanie lors de la campagne [de 2004], alors que Bush disait : « J’étais alcoolique et j’ai été sauvé par le pouvoir de Jésus et j’ai été sauvé par le 11 septembre et je vais vous protéger des terroristes à Téhéran et des homos d’Hollywood. » Les démocrates ont tendance à réciter une litanie, plutôt que de développer un récit cohérent. Je suis plutôt d’accord avec de nombreux éléments de cette litanie. Mais ce n’est pas en récitant que nous allons gagner.

Cela ne vous rappelle pas des débats politiques, en France ? Pendant les dernières élections présidentielles, on a vu beaucoup d’exclus, d’handicapés, de gens à problèmes. On a vu Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal rivaliser de compassion. Et est-ce que vous n’êtes parfois pas un peu découragés, en voyant que ceux qui essaient de parler rationnellement, de revenir à aux propositions concrètes, aux idées de société et aux vrais choix politiques sont inaudibles, comme noyés sous les avalanches émotionnelles des campagnes qui racontent des histoires ?

Nicolas Sarkozy qui a dit « J’ai changé parce que les épreuves de la vie m’ont changé. Je veux le dire avec pudeur mais je veux le dire. ( … ) Parce que nul ne peut rester le même devant le visage accablé des parents d’une jeune fille brûlée vive. Parce que nul ne peut rester le même devant la douleur qu’éprouve le mari d’une jeune femme tuée par un multirécidiviste condamné dix fois pour violences et déjà une fois pour meurtre. ( … ) Je suis révolté par l’injustice et c’en est une lorsque la société ignore les victimes. Je veux parler pour elles, agir pour elles et même, s’il le faut, crier leur nom. »

Ségolène Royal qui a dit : « Ces pauvres vies brisées, ces familles humiliées, ravagées par la misère et l’iniquité, ces destins marqués au sceau d’une malédiction qui ne dit pas son nom. ( … ) Il faut entendre et lire, dans le cadre des « cahiers d’espérance » issus de nos débats participatifs, le cas d’Odile, cette mère célibataire, admirable de courage et de dignité, qui attend un logement depuis quatre ans et raconte sa honte de vivre, avec ses deux filles, dans une chambre de douze mètres carrés. ( …)


Stop. Stop ! STOP ! Nous sommes tous d’accord. C’est terrible. Il faut faire quelque chose. Mais de cela nul n’en doute ! Ce ne sont pas des histoires, dont on a besoin. C’est d’abord de comprendre. Quels choix politiques et économiques ont créé la situation actuelle. Quels mécanismes sont à l’œuvre et quels sont ceux qu’il faut améliorer ou remplacer. Des lois, des principes, des idées de propositions politiques, quoi. Mais la vie politique regorge d’histoires, d’appels à nos émotions, de manipulations narratives. Et pas que la vie politique, d’ailleurs. Et ne croyez pas que c’est ainsi de puis la nuit des temps : des orateurs habiles manipulant les foules en jouant sur leur fibre émotionnelle. Non, aujourd’hui, cela a changé. Aux USA, Hollywood et l’armée ont créé un organisme commun. Dans les entreprises, on utilise des logiciels spécialisés dans le storytelling. La manipulation émotionnelle a sans doute toujours existé, mais aujourd’hui, elle est passée à un stade industriel, technique.


Le storytelling menace la démocratie précisément à cause de cet aspect industriel, du savoir faire technique amassé aujourd’hui. Quand les gens ne s’intéressent plus aux politiciens qui expliquent et proposent les idées mais se laissent fasciner par ceux qui racontent des histoires, la démocratie est en danger, et un danger plus grand que celui que la manipulation habituelle a toujours fait courir à la démocratie.

J’avoue être un peu découragé devant ce constat. Je ne sais pas trop quoi faire. Est-il raisonnable de penser que l’on peut s’éduquer, et surtout éduquer les masses, pour qu’elles aient les outils leur permettant de résister à ce genre de manipulation ? Ou faut-il être cynique, s’asseoir sur ce qui fait la qualité de la démocratie, et faire pareil que les autres, utiliser les storytelling pour manipuler les gens, au nom de ce que l’on pense être le mieux politique et économique ? Quelle est votre opinion ?


Je vais terminer en répondant à la 3eme question. Et est-ce que la storytelling ne va pas plus loin que la simple manipulation ?

A mon humble avis, oui. Dans un sens, la réalité est ce que l’on croit qu’elle est. C’est particulièrement visible, en ce qui concerne la politique et l’économie, le social, où les gens sont souvent persuadés que leur vison du monde n’est pas une vision du monde, mais le monde tel qu’il est. Certains vont même jusqu’à perler de lois naturelles, pour l’économie, comme si l’économie existait dans la nature.

Si notre vision du monde est façonnée par des techniques puissantes, industrielles, alors nos réflexions seront faussées à la base. Si nos raisonnement s’appuient sur des illusions créées par des histoires, aucune intelligence et logique ne pourra nous sauver. Je reprends l’exemple de la série « 24 », où le héros tente de sauver le monde, ou au moins des centaines de milliers de personnes, de la mort. Il y a un « état d’urgence », dans cette série, où les héros violent la loi, torturent ou tue, parce que la situation d’exception le justifie. Voilà, on peut tout faire, si la situation l’exige. Et toutes ces histoires dessinent dans notre inconscient un monde où « la situation l’exige », un monde où tout atteinte à la personne, que ce soit une atteinte physique ou sociale, est justifiée.

Justifiée par de la fiction.
Citation :
Publié par Soir
En 2007
.
Ca s'appelle un message electoral: je suis le president et je m'occupe de votre securité. J'ai de la compassion pour le drame que vous vivez ( sincere ou pas? aucune idée) et je vais m'occuper du dossier si vous m'elisez...
Soir, tu as quelques millénaires de retard.

Ca fait 2000 ans qu'on nous raconte qu'un homme nommé Jésus est venu pour sauver l'humanité et la faire marcher dans les pas de Dieu. Dieu dont on a jamais vu le début d'une preuve de l'existence.

Et des milliards de personnes ont prier, suivis des rites, poser des tabous et des interdictions, etc.. rien que sur la croyance de cette histoire dont aucun fait n'a pu être prouvé par des scientifiques ou des historiens .

Donc c'est pas très nouveau comme concept pour faire marcher les foules.
Ce qui est assez marrant c'est que tu utilises ce que tu appelles le storytelling pour dénoncer le storytelling (le côté omg la démocratie est en danger)

D'un autre côté il faut que pour se faire élire (la façon rituelle de donner le pouvoir dans les 'démocraties') il faut être vu d'une et de deux faire voter les gens pour soit.


Pour la première il faut être dans les médias et en suite il faut que ceux ci montrent ce que l'on veut qu'ils montrent.
Donc il y forcément des accointances médias-politique sinon le camp 'adverse' (ou les camps) en profiteront pour vous cramer sans riposte donc vous ne serez pas élu (vu qu'une mauvais image circulera).
De plus il y a forcément magouilles au sein d'un parti (une personne qui veut se faire élire ne se présente pas seule mais avec une coalition. Ainsi même si l'intérêt particulier baisse il y a plus de chances d'avoir un rejaillissement positif sur soi-même. D'où l'existence des partis) car plus le parti est 'grand' plus il va avoir de poids (AN en France ailleurs je ne sais pas si c'est aussi directement proportionnel) donc fédérer une plus large partie de la population-attirer de voies.
Or plus un parti est grand plus il est difficile d'accéder a sa tête tout le monde voulant la place et le sacrifice volontaire afin d'y mettre quelqu'un de plus compétent ou a même de se faire élire étant rare () il faut donc magouiller (ie convaincre les autres que c'est bibi le patron, par touts les moyens j'avoue en savoir peu sur comment se décide le leader d'un parti au sein de son organisations interne imo ils doivent faire une grande loterie dont le premier prix doit être un canard en plastique géant et la place de leader pour consoler le 2nd qui s'est fait battre d'une courte tête).
Donc résultat on trouve des 'magouilleurs' souvent charismatiques, plus rarement avec de vrais idéaux politiques.


Maintenant pour faire voter les gens il faut faire ce que tu as dis plus haut il semblerait que ça marche (vu les campagnes récentes et les gens au pouvoir).

Mais si on veut faire 'sauter' ce système il faut :
- soit instaurer une aristocratie qui va dégénérer en n'importequoicratie et bonjour pour la définition de ceux qui seront 'meilleurs' que les autres pour voter (si l'on reste dans l'idée que l'aristocratie est sensée comment définir le votant en somme).

- soit faire en sorte que la démocratie que l'on a actuellement devienne une aristocratie (ou les meilleurs = tout le monde).
Avec toute la population qui vote de façon rationnelle (ie en faisant un comparatif entres les différents programmes des différents candidats et vote pour celui qui lui semble être le meilleur (ce qu'impliquerait ce genre de régime (notamment le fait que si tout le monde pense de façon rationnelle on devrait avoir un unique parti avec un unique programme vu que tout le monde serait d'accord pour dire que c'est ce qu'il faut faire) n'est pas l'enjeu ici)) ce qui est une utopie ().
Mais l'on peut tendre vers cela en éduquant.
Or les gens au pouvoir veulent y rester (c'est une position somme toute confortable).
Donc ils doivent se faire réélire.
Donc ils ne vont pas prendre le risque d'éduquer la population (ce qui viderait les caisses vides de l'Etat avec lesquelles on peut se payer des voyages).
Donc la situation actuelle va empirer/rester la même/empirer (rayez la mention inutile).


Bon après les 3-4 du post sont un peu obvious et présuppose qu'une grande proportion des votants votent a la tête et soient sensibles aux médias.

Même si cela ne résout pas pour qui est-ce que l'on voterait si nous étions tous parfaitement éduqués pour voter pour la personne la plus a même de gouverner la France (et on retourne au début cercle vicieux s'il en est).

Citation :
Publié par Arendallan
Non, absolument pas !
Je m'edit pour éviter de partir un peu plus en hs car je n'ai pas assez précisé mon hypothèse
Mais j'ai la flemme de la développer là en fait mais dans le carcan de ce que j'ai dis tu as parfaitement raison.
J'aurais tendance à adhérer à ce type de décryptage, Soir. Mais peut-être suis-je manipulée?

Ces mises en scène visent à servir un dessein, vendre, faire voter, faire adhérer à une action/un programme ... J'ai cru devoir acheter ce livre (encore un) mais ton pitch m'a suffi.

La question intéressante c'est comment éviter d'être flatté, embrigadé, manipulé, et comment, au-delà de notre cercle d'influence (mais chercher à réorienter n'est-ce pas chercher à intervenir, à abuser aussi), comment donc, ouvrir les yeux de ceux qui ont besoin de cette communion, de se sentir entendus, compris (et assistés).

Il n'y a plus guère que l'anarchisme (sans sa connotation désordre) mais cela suppose des êtres non abrutis et pas nourris en batterie.

Ce qui est, dans l'exemple que tu as choisi, une mise en scène pour la masse, est effectivement déclinable et déclinée dans nos "petits" quotidiens. Contrecarrer les entourloupes, les tentatives de séduction malveillantes, ça peut devenir un sport cérébral ; ça permet de se construire des repères pour savoir quand la séduction est naturelle et non subie.

Donc, oui, éduquer. Mais sinon, individuellement ? Je ne vois pas d'institution qui sortent des fondamentaux (lire-écrire-compter) et intègre la vie en société (toute aussi utile).

Qu'allons-nous retenir des affaires montées en épingle de ces derniers mois ? Coupat, le corbeau de l'Hérault, Clearstream etc ... pas les dénouements mais les effets de manche. Manipulation quand tu nous tiens.
Citation :
Publié par Nuage G
Qu'allons-nous retenir des affaires montées en épingle de ces derniers mois ? Coupat, le corbeau de l'Hérault, Clearstream etc ... pas les dénouements mais les effets de manche. Manipulation quand tu nous tiens.
Non seulement on ne va probablement retenir que les effets de manche de ces "grandes affaires", mais j'ajouterais qu'en plus le téléspectateur qui digère son journal télévisé tout les soirs va retenir une série de faits divers / malheurs de ces pauvres gens / disparitions / on n'est pas en sécurité pouvant servir à justifier n'importe quelle politique.

Je veux bien que le fait qu'une gamine disparaisse soit tragique (sujet pris au hasard, il y en a bien d'autres du même calibre) mais lorsque le sujet prend entre un tiers et un sixième de ces "Journaux" télévisés, il ne reste plus beaucoup de place pour des vrais sujets d'information, d'autant plus que le sujet ne passe pas avec ce qu'on appelait les "chiens écrasés" mais avec les sujets titres.

* Constat fait sur un échantillon de JT, je n'allume la télé à 20h que deux à trois fois par mois.

PS : et j'allais oublier l'inénarrable sujet sur le pauvre trader qui se retrouve au chômage et qui est dans la crotte (micro-)financièrement parlant, le pauvre chou...
Citation :
Publié par Sharnt
Avec toute la population qui vote de façon rationnelle (ie en faisant un comparatif entres les différents programmes des différents candidats et vote pour celui qui lui semble être le meilleur (ce qu'impliquerait ce genre de régime (notamment le fait que si tout le monde pense de façon rationnelle on devrait avoir un unique parti avec un unique programme vu que tout le monde serait d'accord pour dire que c'est ce qu'il faut faire) n'est pas l'enjeu ici)) ce qui est une utopie ().
Non, absolument pas ! Malgré un raisonnement rationnel, il est impossible d'avoir des résultats identiques suivants les individus. Chaque individu ne porte pas la même importance à sa personne et à la société par exemple.
On pourrait se placer dans le cadre ou chaque personne est formée à avoir une pensée rationnelle en se plaçant comme l'un des multiples pions de la société etc. Malgré tout les efforts que tu peux faire pour instituer une pensée rationnelle dans la population, il existera toujours une différence énorme dans les choix effectués par chacun des éléments de la population. Nous ne sommes pas tous identiques : la capacité de raisonnement, les dogmes, les compétences, l'interprétation des textes sur lesquels se baseraient le choix sont différents suivant la personne.
Imaginer la pensée unique n'est possible qu'en donnant un algorithme de choix déterministe à un ensemble de personnes qui auraient tous exactement les mêmes variables de départ. Très loin des réalités donc.

Pour en venir au sujet principal, du à mon jeune âge je ne m'interresse que depuis peu à la vie politique française, j'ai cependant malheureusement l'impression que la proportion d'hommes politiques qui souhaitent transmettre des idées est la même que chez les actrices pornos.
Ce que je veux dire par là, et il ne m'a pas fallut ton texte pour le découvrir, c'est que notre société n'a que faire de la pensée rationnelle, bien au contraire, il est plus simple de s'adresser aux fonctions "câblées*" de l'émotion qu'a une pensée rationnelle. S'adresser aux émotions, s'est assurer d'une très bonne prévisibilité du résultat sur une immense portion de la population, toute celle qui ne rejette pas le "tout publicitaire*" de la société.

L'éducation d'une grande partie de la population se fait à contrecoeur. Tout comme demander à un geek de courir le marathon, demander à une frange conséquente de la population de réfléchir est pratiquement peine perdue tellement l'esprit est formaté par les techniques de communication mises en place partout pour capter l'attention. Il est naturel que les hommes politiques suivent cette course à l'émotion, qui est le meilleur moyen de recueillir des voix dans une société basée sur l'abrutissement et l'exploitation des fonctions primitives du cerveau.

A l'heure actuelle, les techniques de communication permettent d'encore plus éliminer la partie rationnelle dans le sens ou l'augmentation des vitesses communication au sein des réseaux (Facebook, twiter, MSN, SMS etc...) favorise la réactivité, au détriment du temps accordé à la réflexion.

Le storytelling sur lequel tu t'exprime n'est qu'une des techniques de manipulations basées sur la communication d'émotions.

A la différence d'hier, aujourd'hui nous comprenons mieux le cerveau humain et son fonctionnement, optimiser le message pour sa manipulation ne revêt plus du simple don de l'orateur, mais d'une science, plus précise, plus efficace, plus insidieuse donc.

* Par le terme cablée, nous réagissons tous ou presque de la même manière face à une Ségolène qui de montrer un gamin orphelin maigrichon en train de se faire mettre de force dans un charter en destination d'un pays en guerre. Notre cerveau réagit à cela sans faire appel à une réflexion rationnelle.
* Tout publicitaire se réfère à la primauté de la communication sur l'information, la communication vise à faire passer une émotion, l'information un chiffre. Si dans une publicité, un chiffre est une information, il est tellement enrobé de communication qu'il en devient sans valeur informative.
@Soir
Je suis, pour une fois, d'accord avec toi.

Citation :
Publié par Soir
Dans un sens, la réalité est ce que l’on croit qu’elle est. C’est particulièrement visible, en ce qui concerne la politique et l’économie, le social, où les gens sont souvent persuadés que leur vison du monde n’est pas une vision du monde, mais le monde tel qu’il est.
J'irai même plus loin, beaucoup de personnes estiment que le monde auquel elles aspirent est le monde tel qu'il devrait être. Ce qui relève, au mieux d'une certaine forme d'égocentrisme, au pire de la manipulation de soi-même.

J'entends par manipulation de soi-même le cheminement logique selon lequel un individu prétendrait disposer d'un savoir suffisamment étendu pour juger que sa vision du monde serait meilleur que celle de son voisin.



Concernant la manipulation en politique, je crains malheureusement que ce soit la règle depuis toujours.
Aux simples d'esprit, je vends des sentiments.
Aux riches, je vends de l'argent.
Aux nécessiteux, je vends du confort.
Aux affamés, je vends du pain.
Aux politiciens, je vends du pouvoir.
Etc.
Chaque personne a son levier de faiblesses, il suffit de l'utiliser pour arriver à ses fins. Il n'y a guère que les intellectuels (ceux qui n'ont d'autres aspirations que la soif de savoir) qui soient difficile à compromettre... et encore.
Citation :
Publié par Silgar
Il n'y a guère que les intellectuels (ceux qui n'ont d'autres aspirations que la soif de savoir) qui soient difficile à compromettre... et encore.
Promet leurs des livres, des secrets scientifiques insoupçonnés, la reconnaissance de leur travail pour la postérité, des crédits pour leur recherche, une publication.

Tout être humain à des faiblesses qui sont exploitable. Trouve les et tu les mèneras au bout du monde.
Citation :
Publié par Nuage G
Qu'allons-nous retenir des affaires montées en épingle de ces derniers mois ? Coupat, le corbeau de l'Hérault, Clearstream etc ... pas les dénouements mais les effets de manche. Manipulation quand tu nous tiens.
ca y est, cest reparti pour la theorie du complot...
Citation :
Publié par Soir
...


Je me suis demandé pourquoi Bush avait été réélu, comment avait-il pu obtenir un second mandat après avoir tant menti à ses électeurs ?
...
Etant un grand voyageur, j'ai rencontrer pas mal d'americain en asie du sud-est au moment du second mandat de Bush (en même temps les américains qui voyagent ne sont pas les américains "moyen"), et je leur avais souvent posé cette question du pourquoi donc Bush avait été réélu... La principale raison était selon eux (ou en tout cas une raison revenant sans cesse): "You have to finish the job"... Bush avait entamer quelque chose et il se devait de le finir (on ne file pas la merde à un autre....) Bizarre comme réaction selon moi, mais aperement très courant outre atlantique...
Citation :
Publié par Nitz
Les politiques ne manipuleraient pas l'opinion publique ?
Il n' a pas dit "les politiques" mais l' UMP, etc". Autrement dit, l'Ump. Donc, il peut ajouter les meetings pseudo-pro-jeunes de Royal et son delire d' emissaire de l'onu.
Au moins, la balle sera au centre...

De plus, je veux bien savoir ou est la manipulation politique de l'opinion publique dans l'affaire clearstram, dans l'affaire du corbeau de l'Hereault ? Je pense plutot qu'il y a une volonté affichée de salir Sarkozy, strauss-khan par le moyen d'une manipulation de l'opinion publique mais ce n'est pas le but, cest le resultat(l'opinion ecartant un candidat inculpé dans une affaire penale). ( oui, ca se ressemble...)

En fait, pour clearstream, je vois plutot la volonté d'ecarter un concurrent en lui collant une affaire penale dans le dos. C'est pas une manipulation de l'opinion publique mais la volonté de "mettre en prison" , d'ecarter un adversaire dans la campagne presidentielle.
Tiens un autre exemple de manipulation de l'opinion :

Interview du Président TF1/FR2 :
"Les paradis fiscaux, c'est fini. le secret bancaire c'est terminé"

Communiqué du G20 :
"Nous sommes prêts à employer des mesures de rétorsion contre les paradis fiscaux à compter de mars 2010"

Citation :
Publié par Soir
En 2007, Antonin Scalia, juge à Cour Suprême des États-Unis (garante du respect de la constitution) a justifié l’usage de la torture. Non pas en se basant sur les lois, mais en disant « Jack Bauer a sauvé Los Angeles, il a sauvé des centaines de milliers de vie. Allez-vous condamner Jack Bauer ? Dire que le droit pénal est contret lui ? Est-ce qu’un jury va condamner jack Bauer ? Je ne le pense pas. ».
Tiens justement je lisais un article sur un sociologue ricain qui expliquait en quoi 24 a habitué les américains à l'idée d'avoir un président noir.

Toutefois, Sutherland a répondu indirectement aux propos que tu cites. Interrogé avec insistance sur les actes de Jack Bauer, il a fini par répondre, un peu excédé : "Ce que vous ne saisissez pas, c'est que Jack Bauer est un personnage de fiction, et en vous écoutant je regrette que l'univers de fiction dans lequel il évolue soit si plausible : on rends floue la ligne entre réalité et fiction, et ça ne va pas dans le sens de ce que nous voulons montrer. Maintenant quelle est votre question ? Vous voulez savoir si j'approuve les méthodes de Jack Bauer ? Ma réponse est : non, je ne les approuve pas."
Citation :
Publié par Amon Ré
Il n' a pas dit "les politiques" mais l' UMP, etc". Autrement dit, l'Ump. Donc, il peut ajouter les meetings pseudo-pro-jeunes de Royal et son delire d' emissaire de l'onu.
Au moins, la balle sera au centre...

De plus, je veux bien savoir ou est la manipulation politique de l'opinion publique dans l'affaire clearstram, dans l'affaire du corbeau de l'Hereault ? Je pense plutot qu'il y a une volonté affichée de salir Sarkozy, strauss-khan par le moyen d'une manipulation de l'opinion publique mais ce n'est pas le but, cest le resultat(l'opinion ecartant un candidat inculpé dans une affaire penale). ( oui, ca se ressemble...)

En fait, pour clearstream, je vois plutot la volonté d'ecarter un concurrent en lui collant une affaire penale dans le dos. C'est pas une manipulation de l'opinion publique mais la volonté de "mettre en prison" , d'ecarter un adversaire dans la campagne presidentielle.
Euh mais si Amon. Tu es l'otage. On te farcit l'esprit, toi citoyen lambda, avec des histoires qui ne te touchent pas. Tu es peu ou prou, bombardé d'infos. Donc tu ingurgites, avales.

C'est de ton système digestif dont on parle ici. As-tu les moyens de te faire ton idée dans les "affaires"?

Je dis tu, je pense aussi je.

Donc au mieux tu creuses et tu croises. Au pire tu ne retiens que l'impression première, et souvent paf le chien.
Je suis d'accord avec Nuage.

Amon la manipulation politique est d'abords médiatique... Et niveau indépendance journalistique en france, je te conseille de faire un tour sur le site reporter sans frontière, vu que le jolien lambda qui défend cette idée n'a pas d'arguments valables pour toi. Donc avant que tu me dise les médias c'est pas la politique/la majorité/ l'ump/ Sarkozy, lis

Tu sais c'est pas pour rien que même au jt maintenant de temps en temps ils te foutent une musique en fond, ou ils te montent les images comme pour un film. Ou font en sorte de te faire croire qu'une interview est non tronquée.
Citation :
Publié par Zaidz
T'aimes bien t'écouter parler toi.
Merci de cet avis hautement constructif et pile dans le sujet.


Citation :
Publié par Lothar
Soir, tu as quelques millénaires de retard.
( ... )
Donc c'est pas très nouveau comme concept pour faire marcher les foules.
Le concept n'est pas nouveau. La technique et les moyens, industriels et scientifiques, le sont. Et perso, je trouve cela à la fois inquiétant et décourageant.



Citation :
Publié par Sharnt
Ce qui est assez marrant c'est que tu utilises ce que tu appelles le storytelling pour dénoncer le storytelling (le côté omg la démocratie est en danger)
Bien vu . Je dirais que j'ai une excuse : je me forme aux techniques du storytelling depuis quelques temps déjà. Mais plus sérieusement, cela se situe dans la problématique que je me pose. Est-ce que le temps des arguments rationnels n'est pas révolu ? Face à la puissance actuelle des techniques de storytelling, ne faut-il pas laisser sa conscience au placard, et manipuler les gens, pour défendre les causes que l'on croit justes. C'est une perspective décourageante, mais une question réelle.




Citation :
Publié par Nuage G
J'aurais tendance à adhérer à ce type de décryptage, Soir. Mais peut-être suis-je manipulée?

Ces mises en scène visent à servir un dessein, vendre, faire voter, faire adhérer à une action/un programme ... J'ai cru devoir acheter ce livre (encore un) mais ton pitch m'a suffi.

La question intéressante c'est comment éviter d'être flatté, embrigadé, manipulé, et comment, au-delà de notre cercle d'influence (mais chercher à réorienter n'est-ce pas chercher à intervenir, à abuser aussi), comment donc, ouvrir les yeux de ceux qui ont besoin de cette communion, de se sentir entendus, compris (et assistés). ( ... )
Donc, oui, éduquer. Mais sinon, individuellement ? Je ne vois pas d'institution qui sortent des fondamentaux (lire-écrire-compter) et intègre la vie en société (toute aussi utile).
Ah, nous avons un point commun, la boulimie de livres ?

Je n'ai pas de réponse claire, pour le moment, sur le moyen de faire face à ces techniques. L'éducation passe aussi par le bouche à oreille, la discussion, qu'elle soit en live ou virtuelle, d'où ce sujet. Mais cela reste un peu dérisoire face à la puissance de la machine en face.


Quant à l'intérêt d'acheter le livre... A chacun de se déterminer. On peut se contenter, si l'on est déjà convaincu ou à moitié convaincu, d'une discussion comme celle-ci. Si vous avez envie d'aller plus loin, de dépasser le côté storytelling de mon sujet, pour comprendre et juger par vous-même mes affirmations sur le côté industriel et nouveau du storytelling, il vous faudra lire le livre. Je ne vais pas le résumer ici ou reprendre toutes ses sources et arguments. Lui n'est pas construit sur les principes du storytelling, mais plutôt comme un ouvrage de fond, avec de nombreuses références. Lothar, toi, par exemple, qui pense qu'il n'y a rien de nouveau dans ce sujet, lire ce livre devrait te détromper, à mon humble avis.




Citation :
Publié par Arendallan
Le storytelling sur lequel tu t'exprime n'est qu'une des techniques de manipulations basées sur la communication d'émotions.

A la différence d'hier, aujourd'hui nous comprenons mieux le cerveau humain et son fonctionnement, optimiser le message pour sa manipulation ne revêt plus du simple don de l'orateur, mais d'une science, plus précise, plus efficace, plus insidieuse donc.
C'est cet aspect qui m'inquiète particulièrement et qui, selon moi, fait peser une menace sur la démocratie.



Citation :
Publié par Silgar
J'irai même plus loin, beaucoup de personnes estiment que le monde auquel elles aspirent est le monde tel qu'il devrait être. Ce qui relève, au mieux d'une certaine forme d'égocentrisme, au pire de la manipulation de soi-même.

J'entends par manipulation de soi-même le cheminement logique selon lequel un individu prétendrait disposer d'un savoir suffisamment étendu pour juger que sa vision du monde serait meilleur que celle de son voisin.



Concernant la manipulation en politique, je crains malheureusement que ce soit la règle depuis toujours.
Pour l'aspect manipulation de soi-même, je ne sais pas. Ce que je veux dire, c'est que je pense qu'il y a des niveaux de développement dans sa façon de donner du sens au monde (pas dans le sens "sens moral" mais construire le monde de façon qui nous est intelligible) et qu'à certains niveaux, certaines visons du monde nous sont "naturelles" et que l'on ne se manipule pas, on n'a simplement pas conscience de nous propres limitations.

Et je suis d'accord pour la règle, ce qui m'inquiète, ce sont les moyens.




Citation :
Publié par Kafka Datura
Toutefois, Sutherland a répondu indirectement aux propos que tu cites. Interrogé avec insistance sur les actes de Jack Bauer, il a fini par répondre, un peu excédé : "Ce que vous ne saisissez pas, c'est que Jack Bauer est un personnage de fiction, et en vous écoutant je regrette que l'univers de fiction dans lequel il évolue soit si plausible : on rends floue la ligne entre réalité et fiction, et ça ne va pas dans le sens de ce que nous voulons montrer. Maintenant quelle est votre question ? Vous voulez savoir si j'approuve les méthodes de Jack Bauer ? Ma réponse est : non, je ne les approuve pas."
Intéressant ! Je pense que tout le monde saisi que Jack Bauer est un personnage de fiction, en fait. Mais que pas mal de gens commencent simplement à voir le monde comme s'il était constamment dans la situation de 24, et ne saisissent pas l'influence qu'à la série (et d'autres) dans leur vision du monde. L'exemple du juge de la Cour Suprème en est la triste illustration.
Citation :
Publié par Soir
Le concept n'est pas nouveau. La technique et les moyens, industriels et scientifiques, le sont. Et perso, je trouve cela à la fois inquiétant et décourageant.

Bien vu . Je dirais que j'ai une excuse : je me forme aux techniques du storytelling depuis quelques temps déjà. Mais plus sérieusement, cela se situe dans la problématique que je me pose. Est-ce que le temps des arguments rationnels n'est pas révolu ? Face à la puissance actuelle des techniques de storytelling, ne faut-il pas laisser sa conscience au placard, et manipuler les gens, pour défendre les causes que l'on croit justes. C'est une perspective décourageante, mais une question réelle.
Toute l'ambivalence entre Balladur-Chirac, Sarkozy-Villepin, Aubry-Royal, ... Le meme programme (grosso modo), avec deux packaging differents. Il semblerait que les storytellers s'en sortent mieux, meme si ils sont insuportables pour "l'elite cultivee" ils touchent bien mieux leur cible, c'est a dire les gens qui n'ont pas l'envie ni le temps de decrypter les histoires qu'on nous raconte a la tv.
Sujet Hautement Intéressant.

Le Storytelling ou l'utilisation pervertie de l'écriture de fiction mise au service de divers types de propagandes et de manoeuvres (politiques, commerciales, médiatiques etc.).

Il y aurait probablement une encyclopédie à écrire là dessus, c'est un des sujets les plus troubles qui soit: peu de gens comprennent vraiment ce que la fiction peut solliciter en nous, encore moins en connaissent les modes de confection exacts (procédés de création littéraire, cinématographique, marketing etc.).

On peut quasiment tout faire accepter en axant un plan de communication sur des leviers émotionnels voire purement psychanalytiques: un produit, une idée, une guerre...

C'est l'image paternelle de l'Oncle Sam qui pointe son doigt solennel sur toi, c'est une fille excitante qui lèche ses lèvres enduites de yaourt ou encore un feuilleton médiatique angoissant introduisant l'idée d'un ennemi intérieur tapi dans la France profonde.

Pour ceux que ça intéresse, quelques pionniers de ce versant méconnu de la communication moderne:

Connus, parce que Nazis:
Joseph Goebbels
Leni Riefenstahl

Moins connu, mais plus important:
Edward Bernays

Maly.
Oui j'rebondis là dessus vite fait, j'ai lu récemment Bernays alors que je connaissais pas du tout. Faut lire « Comment manipuler l'opinion en démocratie » de lui. C'est rapide à lire et très informatif. Dispo en pdf sur le net. En fait c'est l'inventeur du marketing moderne. Un grand manipulateur... mais de masses. Son métier à la base c'est faire comme c'qu'il a commencé par faire, à savoir "vendre la guerre en temps de paix".

Goebbels faudrait que je trouve des trucs à pécher sur le net. J'sais pas trop s'il a écrit vraiment, hormis les quelques phrases (slogans) qu'on lui connait.
Message supprimé par son auteur.
La démocratie passée une certaine taille de la population ne peut pas fonctionner autrement: un président élu avec 100 voix devant 40000 candidats a 99 voix au ne représente rien. Pareil pour les chambres, je te laisse imaginer une chambre avec 400 députés indépendants. La IVeme république serait un modèle de stabilité à coté.
On en revient (enfin, dans l'analyse que j'en fais) à peu près toujours au même point: le système politique importe peu. Des politiciens intègres feront leur travail, des politiciens véreux non. Que ca soit une république, une monarchie, ou autre. Le critère vital de santé, c'est de pouvoir enlever des responsabilités ceux qui mettent la main dans le pot de confiture. Une fois ca établi, peu importe le systeme.
Mais dans la Veme république, ces moyens ont été court-circuités: les trois pouvoirs ne sont plus indépendants les uns des autres. Leur séparation est pourtant la condition sine qua non pour que cela puisse fonctionner. On voit aujourd'hui ce que ca donne quand des profiteurs accèdent aux manettes de l'état.
Message supprimé par son auteur.
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