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Arlanyaid Farqhard, druide à la rose sanglante
Salut à tous,
Voici le background de mon druide, membre de la guilde morte de la Rose Sanglante.
Arlanyaid, druide de la Rose Sanglante
Le feu de camp achevait de s'éteindre. Repus, les compagnons conversaient dans la nuit étoilée, attendant le sommeil qui ne venait pas. La conversation vagabondait sans sujet précis depuis quelques temps.
« - Et toi, Arlanyaid" demanda Gwynneth " D'où viens-tu ? Ton nom a des consonances qui ne sont pas d'ici. Personne ne te connaît, tu sembles apparu comme un champignon après la pluie. »
« - Certes, ma présence en ce royaume est des plus récente. Pourtant, la comparaison avec un champignon est bien éloignée de la réalité. C'est plutôt au séquoia millénaire qu'il faudrait se référer pour parler de mon clan, même si les plus vieux d'entre eux ne sont nés que bien après les premiers Farqhard ».
« - En fait, je suis un nomade. Je parcours l'univers allant sans but précis, simplement à la recherche d'un endroit où poser mon sac. Et j'ai enfin trouvé l'endroit où poser mon sac. »
« - Et d'où viens-tu alors ? Par quel chemin es-tu arrivé ici ? » demanda Luidivine.
« - J'ai emprunté des voies qui me sont propres, des voies qu'aucune de vous ne saurait parcourir. Je suis l'Errant. »
« - Je t'ai rencontré dans Tir Na Nog » répondit Lacryma. « Ne me dis pas que personne de nous ne pourrait emprunter les tunnels qui y conduisent. Dis-nous par quelle route tu es arrivé, cela nous orientera sur ton lieu de provenance. »
« - J'ai suivi la Voie du Lion, comme mes prédécesseurs l'ont fait. »
« - Nulle route du royaume ne porte ce nom » intervint Frankie. « Et tu dis que d'autres avant toi l'ont empruntée ? Pourtant, ton nom est inconnu ici. Qui sont tes prédécesseurs ? »
« - Les autres Errants. Un par génération. Je suis le 25ème Errant. »
« - 25 générations ? Sais-tu la durée que cela représente ? » coupa Arfencorelouper.
« - Un temps ridiculement court au regard de l'histoire de mon clan. Nous sommes dans le troisième âge. Déjà deux fois 333 générations se sont succédées. Je suis l'Errant de la 25ème génération du troisième âge. »
« - Arlanyaid, il n'est pas de coutume dans notre royaume de laisser quelqu'un se moquer aussi ouvertement de ses compagnons que tu le fais. Expliques toi » coupa Angellia.
« - Crois bien que je ne me moque de personne, et surtout pas de celles qui m'ont accueilli. Mais notre histoire est en marge de celle de l'Humanité. Nous l'avons accompagné tout au long de sa route, depuis les premiers temps. Et nombre de mes ancêtres eurent un rôle de tout premier plan dans cette histoire. Les sables du temps ont simplement recouvert leurs traces. Moi seul conserve toute la connaissance de cette histoire. »
« - Plus tu parles, plus nébuleux et mystérieux sont tes propos. Tu connaîtrais l'histoire de ta famille, toute son histoire ? Sur une durée aussi faramineuse que celle que tu viens de citer ? » s'étonna Lacryma.
Arlanyaid lui sourit. « Les bardes sont toujours avides d'histoires nouvelles à entendre. J'en connais tellement, que notre vie entière ne suffirait pas à en raconter le centième. »
Angellia s'énervait. « - Arlanyaid, tu ne sembles pas m'avoir comprise ! »
« - Raconter ce que nous sommes n'est pas une entreprise facile. Je t'assure que j'essaye de faire aussi simplement que possible. Mais il est difficile d'appliquer des critères humains à ceux qui n'en sont plus vraiment. »
« - Il continue » dit Angellia en secouant la tête nerveusement.
« - Ecoutez moi, et cessez de m'interrompre, ce que j'ai à vous expliquer nécessitera du temps et beaucoup de patience de votre part, avant que j'aie pu vous donner toutes les clés pour comprendre qui nous sommes, ce qui nous est arrivé, et ce qui finalement m'a conduit ici. »
« L'histoire des Farqhard est inscrite dans mon sang. J'ai en moi la totalité des souvenirs de chacun de mes ancêtres masculins, et de leur épouse respective. Ma mémoire est comme une bibliothèque où chaque nouveau membre du clan vient déposer un nouveau livre, celui de sa propre histoire. Ses souvenirs sont présents en moi, mais je ne les ai pas vécus. Ils ne m'affectent pas. Ils sont simplement là, à ma disposition. C'est grâce à cette mémoire éidétique que je peux vous expliquer ce que sont les Farqhard, leur histoire et la place qu'ils ont pris dans celle de l'humanité.
« Les premiers Farqhard remontent au début de l'histoire humaine, quand celle ci pris possession du monde dans lequel elle habite depuis. Le premier Farqhard fut choisi par l'une des Puissances qui gouverne le Multivers. Il devint l’un des représentants des forces de la Création. Ses descendants suivirent le chemin qu'il avait tracé. Grâce à eux, l'orgueilleuse civilisation de l'Atlantide put naître. Ils en étaient les grand-prêtres. L’Atlantide fut la première civilisation de l’Humanité. Pendant de longs siècles, dirigée par ses prêtres, elle vécut en paix avec ses voisins, leur apportant ses bienfaits. Pourtant, la nature humaine est telle que de sombres nuages commencèrent à s’amonceler à l’horizon. Un de ses voisins pris un jour ombrage de la prééminence atlante. Vint alors la première guerre de l’Histoire. La folie s’empara des Hommes qui cherchèrent le moyen d’acquérir une puissance nouvelle.
« Malchisedeck, le dernier Grand-Prêtre atlante était un Farqhard, le 333ème Farqhard. Il parvint à une connaissance telle, qu’il conçut un plan qui dépassait l’Humanité tout entière par ses répercussions potentielles. Il chercha à donner à l’Atlantide un champion qui la défendrait contre ses ennemis, un champion si puissant, que la simple évocation de cette puissance suffirait à dissuader ses ennemis de tenter quoi que ce soit contre Atlantis. Mais ce faisant, il commit un horrible péché. Il se détourna des Puissances de la Création pour se tourner vers celles du Néant. Vous connaissez le prix que l’Atlantide paya lorsqu’un démon extérieur pénétra notre sphère : Le continent fut balayé de la surface de la terre, ses habitants engloutis, sa civilisation perdue. Un âge sombre succéda à l’âge d’or de l’humanité.
« Cependant tous les Atlantes ne furent pas engloutis. Certains survécurent et se dispersèrent parmi les nations humaines. Pourtant, peut être aurait-il mieux valu que pas un ne survive, car parmi les survivants, il y avait un Farqhard. Le premier du second âge de notre clan. Son âme avait été investie par Azraël, le démon dont l’irruption dans notre sphère avait dévasté le monde. D’être plus noir que Filmon Farqhard, il n’y en avait pas. Lui et sa descendance comptent parmi les êtres les plus abjects, les plus monstrueux que la terre ait porté. Ils furent tous, sans exceptions, des brutes sanguinaires, des assassins pervers, des tyrans cruels, des barbares atroces. Le second âge du clan Farqhard est émaillé d’histoires plus monstrueuses les unes que les autres. Ses membres furent de toutes les guerres, de tous les massacres, quand ils n’en furent pas à l’origine. Le nom du clan sombra dans l’ombre la plus fangeuse, et toute trace de gloire de ce nom glorieux fut oubliée, à tel point que chaque Farqhard était considéré comme un orphelin par ceux qui habitaient la région où il vivait.
« - Puis virent Gwodry et son fils, Arslann. Gwodry fut sauvé de la malédiction qui poursuivait son clan, et son âme put rejoindre le camp des forces de la Création. De son union avec Chanir naquirent deux enfants, Eowinael l’archère et Arslann le Rénovateur du clan. Arslann fut le second Farqhard à faire basculer notre clan d’une obédience à une autre. Il réalisa l’inimaginable. En détruisant Azraël, il racheta l’âme des 333 Farqhard qu’Azraël avait perverti. Notre clan passa donc du camp des forces du Néant à celui des forces de l’Equilibre. Grâce à lui, notre nom fut de nouveau reconnu. De ses amours avec Soleine la Lumineuse, naquit Mansour Farqhard, le premier Errant. De Soleine, nous tenons le pouvoir de traverser chacun des voiles qui séparent les différentes strates de la réalité. Fille de la Lumière, elle désignait cette faculté comme la « traversée des Ombres » simplement parce qu’elle percevait le Multivers comme illuminé par un principe fondamental, la Lumière de Camelot, lumière qui illuminant le monde, projetait des Ombres qui sont autant de niveaux de réalité différents. Un hibernien comprendra ceci comme la possibilité de traverser chacun des voiles qui séparent les différents plans du Multivers. »
« - Tu dis pouvoir passer de l’autre côté du Voile ? toi, un humain, un celte ? » demanda Chella, l’air incrédule. « Seuls nous autres lurikeens et elfes possédons cette faculté ! »
« - Le Multivers est d’une complexité bien au-delà de ce que nous autres pouvons imaginer. Certains êtres restent cantonnés dans une sphère sans pouvoir la quitter. D’autres peuvent traverser les limites de la sphère où ils résident pour gagner une autre. Les lurikeens et les celtes ont appris à naviguer sans effort entre ce monde ci et celui de l’autre côté du Voile. Ils ne sont pas les seuls êtres du Multivers à pouvoir franchir les frontières de leur sphère. Nous autres Errants, savons aussi sortir de la sphère où nous vivons. Mais cela nous demande un effort intense qui rend ces voyages assez difficiles à réaliser. »
« - Pas un seul humain n’a été vu de l’autre côté du Voile. C’est tout simplement impossible. » renchérit Keby.
« - Les humains perçoivent le Multivers comme un tout dans lequel ils vivent. Les sphères du Multivers leur sont inconnues. Un jour, pourtant, celtes et lurikeens leur ont expliqué qu’il existait un ailleurs, derrière ce qu’ils appellent le Voile. Les humains l’admettent même s’ils ne pourront jamais vérifier l’exactitude de cette affirmation. Pourquoi refuser l’idée qu’il puisse exister un « ailleurs de l’ailleurs » ? Si le Multivers n’est pas UN, s’il est multiple, la familiarité avec l’un de ses voiles ne doit pas vous empêcher d’imaginer que d’autres voiles peuvent exister, même si vous ne pouvez les percevoir. »
« Posons pour hypothèse que cela serait vrai. Comment expliques-tu que nous ne puissions les entrevoir ? » demanda Chella.
« Je ne peux pas l’expliquer. Pas plus que je ne peux te dire pourquoi vous, lurikeens et elfes pouvez traverser le Voile tandis que d’autres races ne le peuvent. Voici comment nous, les Errants, percevons l’organisation du Multivers. » Arlanyaid sorti une pièce d’argent de sa bourse, la jeta en l’air, et la rattrapa. « Pile !. Il y avait deux possibilités, pile et face. Ici, nous avons vu pile. Cependant face est aussi sortie, mais nous ne pouvons le savoir car un voile s’est crée, voile qui nous cache le monde où face est sortie. Deux mondes très proches l’un de l’autre existent désormais. Ils ne diffèrent l’un de l’autre que par le fait que dans l’un j’obtenais pile, et dans l’autre face. Si je relance ma pièce, pile et face sortiront. D’autres mondes existeront alors. Ils seront séparés les uns des autres par autant de voile qu’il est nécessaire. A chaque instant, une multitude de voiles sont engendrés. Ils séparent les mondes. Ces mondes vont rester proches ou au contraire s’éloigner petit à petit les uns des autres suivant ce qu’il s’y passera. Ainsi, si je relance ma pièce, suivant que j’obtiendrai pile ou face, deux autres potentialités vont se créer. Si je me limite à considérer seulement mes deux jets de pièces, quatre mondes existent, chacun séparés des autres par un voile imperceptible, opaque et infranchissable pour certains des habitants de cette sphère.
« Les Errants ont reçu en héritage de Soleine la Lumineuse la faculté de se glisser entre les voiles, de passer d’un monde à l’autre. Mais ce n’est pas aussi simple que vous pourriez le penser. Nous ne pouvons pas aller là où bon nous semblons. Traverser un voile nécessite de savoir ce qu’il y a derrière, de l’imaginer et de se concentrer sur cette vision. C’est un effort important qui demande du temps pour être réalisé. Inexplicablement, certains mondes nous restent fermés. Ainsi, nous ne pouvons pas retourner sur les terres qui nous ont vu naître. De même, pas un de nous n’est allé dans un monde où ne brille pas dans le ciel la constellation du Lion, et Deneb, son étoile majeure, celle que les Sahaari appellent l’Œil du Lion. Cette étoile est très importante pour nous, car c’est par elle que nous percevons certains changements dans les flux des forces qui gouvernent le Multivers.
« - Pour arriver ici, j’ai traversé les Ombres ou les voiles, suivant le nom que vous voudrez employer. Quand tu m’as rencontré, Lacryma, je regardais au sud, cherchant du regard l’Œil du Lion. Il devait m’indiquer si je devais poursuivre mon cheminement ou non. »
« - Tu avais l’air bouleversé » répondit la barde « Stupéfait, comme si le tonnerre s’était abattu à tes pieds. Je me suis demandée si tu n’étais pas fou, tu me regardais avec une telle intensité, lançant aussi des regards ahuris vers le ciel. C’est la rencontre la plus surprenante que j’aie faite. »
« - En effet, deux signes coup sur coup venaient de m’indiquer que j’avais trouvé l’endroit où je poserai mon sac. Je ne m’attendais pas à les trouver si brutalement. »
« - Quels étaient ces signes ? »
« - L’Œil du Lion me donna le premier. Il ne concerne que moi. Lacryma me donna le second. Celui ci vous concerne toutes. »
« - Toutes ? »
« - L’emblème de votre guilde, notre guilde, puisque maintenant vous m’y avez accueilli, raconte à lui seul tout mon passé. »
« - Je suis Arlanyaid, 25ème Errant du clan Farqhard, fils de Rose et Aranarth Farqhard. Aranarth était le 24ème Errant. Son nom est un nom traditionnel du clan, il vient d’Aranarth, le meilleur ami d’Arslann le Rénovateur. Il n’y a pas que des histoires sanglantes dans ma mémoire, il y a aussi de belles histoires d’amitié. La leur est la plus belle. Il fut choisi par Soleine et Arslann pour être le parrain de Mansour, le premier Errant. Mon père vivait dans une contrée bien différente de celle ci, couvertes d’immenses forêts. Comme tous les Errants, il combattait pour le compte des Forces de l’Equilibre. Il commandait une petite troupe de soldats perdus qui luttaient contre le monarque d’un royaume sanguinaire. Pour l’histoire officielle, il était un bandit sans foi ni loi, massacrant et pillant. Pour ceux qu’il protégeait, il était le seul à oser se dresser contre le roi Sringar et ses serviteurs, tentant de rétablir un peu de justice dans ce monde. Ma mère, Rose, était sa pupille. Ses parents avaient été massacrés par les troupes du roi Sringar quand elle avait 6 ans. Aranarth venait juste d’arriver en cette contrée quand il surprit les soldats mettant le feu à la ferme où la famille de Rose avaient été enfermés. Un rapide regard vers l’Œil du Lion lui confirma qu’il venait de trouver son combat. Il ne put éviter le massacre, mais il parvint à sauver l’enfant. Sa mère avait réussi à sortir du brasier, les vêtements et les cheveux en flammes, tenant contre elle, emmitouflée dans un linge détrempé, la petite Rose. Elle s’effondra en lui tendant l’enfant. »
« - Aranarth éleva l’enfant qui devint une éblouissante jeune femme. Comme il arrive parfois dans les histoires, un amour passionné naquit entre eux. Mais les sbires du roi Sringar parvinrent à circonvenir celui qu’Aranarth croyait être son plus fidèle lieutenant. La jalousie avait obscurci l’âme de celui ci. Alors que le mariage se préparait, il se glissa auprès de Rose, et à l’aide de fausses preuves, il l’abusa, lui faisant croire qu’en réalité, son futur époux, loin d’être son sauveur, était l’assassin de ses parents. La jeune femme fut mortifiée par ces révélations. Elle décida de venger sa famille. Lors de la nuit de noces, alors qu’ils connaissaient l’extase, ma mère égorgea mon père dans la couche nuptiale. Du sang virginal mêlé au sang et à la semence de mon père, je fus conçu. Ainsi, voilà pourquoi la Rose Sanglante me décrit si bien. L’épée, la rose et le sang résument l’histoire de ma venue en ce monde. Mais ce n’est pas tout. »
« - La tradition du clan veut qu’au jour de ses douze ans, le nouvel Errant se voie remettre les armes d’Arslann. Ces armes mythiques furent forgées par Gwodry le forgeron, son père. Ces épées magnifiques ont été baptisées la Griffe du Vieux Lion et le Croc du Vieux Lion. C’est avec elles qu’Arslann tua son premier lion, le jour de ses douze ans. Dans la tribu des Sahaari où il fut élevé, c’est un grand exploit que de tuer seul un lion du désert. Arslann fut considéré comme ayant franchit la frontière entre l’enfance et l’âge de combattre. La remise des armes symbolise la prise d’autonomie du nouvel Errant. A partir de ce moment, il est libre de quitter la terre où son père a posé son sac pour partir explorer les Ombres à son tour. Quand mes douze ans vinrent, je reçus ces armes des mains de ma mère. La pauvre femme était devenue folle en apprenant qu’en fait, elle avait été abusée et avait assassiné l’homme qu’elle aimait. Voyant ses armes devant elle, elle fut prise d’une crise folie furieuse et tenta de me tuer avec. Je dus me défendre. »
« - A douze ans, Arslann le rénovateur tua son premier lion. Moi, je tuais ma mère. »
La voix d’Arlanyaid devint tranchante comme un couperet lorsqu’il prononça cette phrase. Ses compagnons eurent une grimace d’horreur. Un silence lourd et pesant se fit.
Arlanyaid rompit le silence après quelques instants. « - La rose ensanglantée, transpercée par une épée. Là encore, rien ne me décrit mieux que cet emblème. » Il s’adressa à Lacryma. « - Tu comprendras mon trouble quand je vis cet emblème te drapant, belle dame. »
« - Quel est l’autre signe qui te troublait, celui que tu voyais dans les cieux de Tir Na Nog ? » demanda-t-elle.
« - Il est trop tôt pour en parler. Il ne concerne que moi pour l’instant. »
« - Mon père et ma mère morts, plus rien ne me retenait. Je pris donc mon sac et traversais les voiles. Comme chaque Errant avant moi, je tentais de découvrir la clé du mystère de la disparition de Soleine et Arslann le jour de la naissance de Mansour. Je tentais de retrouver exactement l’ombre dans laquelle ils avaient vécu m’aidant des souvenirs de mes prédécesseurs. Mais j’échouais – je vous ai dit que certains lieu nous sont interdits. Je retrouvais bien une Albion où vivait un Arslann Farqhard. Mais nulle Soleine. Celui que je trouvais n’avait pas tué de démon. Notre nom ne portait nulle trace de souillure, mais bien au contraire était célébré comme celui d’un chef de guerre reconnu et aimé de ses alliés, adoré par son épouse, Kytha aux yeux d’émeraude. Albion était en guerre contre Hibernia et Midgard, comme nous le sommes ici, mais les marches des royaumes avaient un aspect bien différent. Dans une autre ombre, je trouvais un Gwodry épris d’une paladine, Zoom. Chanir était présente dans cette ombre, mais elle était l’amie de Gwodry et non son épouse. »
« - Chaque Errant a tenté de nombreuses fois de retrouver le rénovateur du clan, mais à chaque fois, nous avons échoué. A chaque tentative, nous nous rapprochons un peu plus de l’ombre dans laquelle vivaient Soleine et Arslann. L’un de nous y parviendra-t-il un jour ? Est ce pour cela qu’il y aura 333 Errants ? Et que se passera-t-il après le 333éme Errant ? Que sera le millième Farqhard ? Notre clan aura vécu trois âges d’une égale longueur. Trouverons-nous le repos ou la paix ? La prophétie ne dit rien à ce sujet. Tout ce que je sais, c’est que je suis parmi vous maintenant, et que mes pouvoirs sont là pour vous aider au combat. Car il semble bien que je doive combattre, comme l’ont toujours fait les membres de mon clan. Mais sachez que vous ne me verrez jamais l’épée à la main, ma main est indélébilement souillée par le sang de ma mère, aussi ai-je fait le vœu de ne plus jamais porter l’épée. C’est avec soulagement que je transmettrai les armes du Vieux Lion à mon fils, elles me font horreur. »
« - A ton fils ? » demanda Lacryma. « Es-tu sûr de vivre jusque là ? La guerre perturbe souvent de si beaux projets. Et puis, il te faudra trouver la mère de cet enfant. »
« - La prophétie indique 333 Errants. Tant d’autres éléments se sont déjà réalisés. Et les signes que j’ai vus sont clairs pour moi. Le cycle des Errants ne sera pas rompu. »
« - Le second signe, celui dans les étoiles concernait-il cette femme ? » demanda Lacryma.
Arlanyaid sourit.
« - Oui. J’ai vu son visage se dessiner dans le ciel ».
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