On reprend...
Les malades mentaux, les communistes, les tziganes, ect... sont passés dans les mêmes camps, les mêmes chambres à gaz jusqu'à preuve du contraire...
Ils ont été victimes du système concentrationnaire nazi. Ca, oui, indéniablement, de même qu'il est indéniable qu'ils ont été des victimes du nazisme. Personne n'a jamais dit le contraire.
La politique eugénique a quand même été condamnée par le Vatican, et les nazis se sont montrés plus "prudents" dans sa poursuite. Mais là, on parle de gens qui ne sont pas des "criminels" par leur simple naissance : ils sont jugés comme des "bouches inutiles" plus que comme un peuple à exterminer pour ce qu'il est de manière systématique et radicale.
MAIS, s'il y a indéniablement des ressemblances avec le génocide des Juifs d'Europe, il n'en demeure pas moins qu'on n'a pas construit pour eux des camps à l'image de Treblinka par exemple.
Et les 20 millions de morts dont les deux tiers de civiles en URSS se sont des dommages collatéraux n'ayant rien à voir avec une ideologie d'extermination par la famine ?
En ce qui concerne les pertes soviétiques, à ma connaissance, elles représentent en gros 27 millions de morts entre juin 1941 et mai 1945, dont :
1- 10 000 000 de morts militaires (chiffres arrondis) :
- 5 250 000 tués au combat.
- 3 300 000 morts en captivité en Allemagne.
- 1 100 000 morts de blessure dans les hôpitaux.
- 500 000 morts par accidents, maladies ou exécutions.
2- 17 000 000 de civils :
- 11 000 000 de pertes directes (dont 2 800 000 juifs).
- prés de 6 000 000 de pertes indirectes.
Que les nazis se soient particulièrement déchaînés contre les populations slaves, qu'ils aient commis d'innombrables crimes de guerre, je ne dirai jamais le contraire. Mais ça serait un peu trop limité de ne leur imputer qu'à eux seuls les morts soviétiques, même s'ils en portent bien évident la responsabilité la plus directe. Il ne faut pas oublier comment le régime stalinien a lui- même traité ses propres populations (et la victoire était à ce prix).
Le problème, c'est que, si on considère la violence de la guerre et les souffrances de la population civile, alors pourquoi ne pas mettre dans le même sac les pertes de la guerre de Huit Ans (1914- 1922), à savoir :
- entre 2,5 et 3,3 millions de soldats tués face à l'Allemagne.
- plus de 1 million de morts de l'Armée Rouge.
- entre 500 000 et 800 000 morts des armées "blanches".
- autour de 8 millions de civils par maladie (2 millions de morts du typhus) et famine (plus de 5 millions).
Et pourquoi ne pas mettre dans le même paniers les victimes du régime soviétique PENDANT la Grande Guerre Patriotique ou à la fin de celle- ci ?
- 650 000 "vlassoviens" (nom donné aux collaborateurs volontaires et forcés avec les Nazis, notamment en Ukraine) sont victimes de représailles dans la guerre ou à la sortie de guerre. 350 000 sont déportés pour 6 ans, et environ 50 000 sommairement exécutés. Le reste subit brimades et sanctions diverses.
Pendant la guerre en effet, le régime stalinien organise de grandes campagnes de lutte contre les opposants, privant le front de soldats qui auraient pu lui être essentiel, à tel point que Nicolas WERTH parle d'une "
guerre dans la guerre", d'occasions uniques que le régime n'a pas voulu laisser passer pour régler leur compte à des populations entières connues pour leur manque de docilité. Dès lors, de grandes campagnes sont organisées par le NKVD :
- de 08 / 41 à 02 / 42 : 1,2 millions de soviétiques d'origine allemande (les Allemands de la Volga essentiellement) sont déportés au Kazakhstan et en Sibérie).
- de 11 / 43 à 06 / 44 : 6 peuples non slaves (Tatares de Crimée, Tchétchènes, Ingouches etc.) sont accusés de collaboration lors de l'offensive allemande en Ukraine (1942) et déportés. Pour HIRSH, il s'agit d'une "
excision ethno- historique" majeure, parce que le régime règle son compte à des populations traditionnellement instables des confins frontaliers, jamais totalement pacifiés en dépit de moyens policiers et militaires majeurs (encore aujourd'hui, et depuis le XVIIIème siècle en fait).
- en 02 / 44, plus de 500 000 Ingouches et Tchétchènes sont déportés, et le NKVD aligne pour cela plus de 120 000 soldats.
- de 07 / 44 à 11 / 44 , les vagues de déportations sont plus limitées (environ 200 000 personnes), et répondent à une politique de "sécurisation des frontières", à une époque où le front majeur est enfoncé, et la guerre en passe de se gagner.
Bref, quitte à tout confondre, confondons tout en disant que tout est semblable sous prétexte qu'il y a des morts. Après tout, certains parlent même contre toute logique d'un génocide des esclaves Noirs par les Européens...
Mais bon, n'oublions pas que le sort des civils dans une guerre, c'est précisément d'en être les victimes innocentes... Que dire de celles du Palatinat quand les Français le ravagèrent ? Que dire de celles de la Vendée quand les colonnes infernales la ravageaient et tuaient indistinctement hommes, femmes, enfants, fidèles ou rebelles au nom d'une purification nationale et d'une théorie de la régénération nationale qui devait amener la "Vendée" à être débaptisée et rebaptisée "Vengée" ? Là encore, on a glosé longuement sur le fait de savoir si la guerre de Vendée avait donné lieu au premier génocide de l'Histoire contemporaine, à partir du mot nouveau de "
populicide" inventé par Gracchus Babeuf. Tous les aspects du "génocide" sont concentrés (ou presque) dans ces évènements tragiques. Et pourtant, ça n'est pas un "génocide" au sens où nous l'entendons en Histoire (qui n'est pas le Droit, je le rappelle).
Donc ni le nombre ni les méthodes ne sont specifiques à la shoah. Et il n'y a pas juridiquement d'echelle de nombre en matiere de crimes contre l'humanité quoiqu'il en soit.
Si : un camp comme Treblinka est spécifique à la Shoah. Ce ne sont que quelques baraques pour accueillir les "commandos spéciaux", des crématoires, et des quais. On ne vient que pour y mourir, des quatre coins de l'Europe. Et ça, encore une fois, c'est spécifique au génocide des Juifs d'Europe, qui a pris cette forme à partir de 1942.