Des volutes violâtres irrisées....des serpentins aux reflets d'obsidienne les percent comme une goûte d'eau dans l'huile....de vagues silhouettes éphémères les accompagnent comme des bergers fuyants...tel m'apparaissent les flux magiques .
Mais il est temps...et je sors de la transe. Mes paupières s'ouvrent et je suis aveuglée un cours instant par la lumière blafarde qui entre dans le couvent par la meurtrière de notre chambre.
Instinctivement, ma main caresse ma gorge, s'attendant a être empoissée par le sang chaud. Mais ma peau est froide.
Pourquoi je m'inquiète? Ce n'est que dans trois jours que les furies seront lâchées sur la ville pour s'immiscer dans les bâtisses en quêtes d'offrandes a Khaine.
" As tu progresser,Deviazyr?" C'est la voix d' Herati, ma soeur qui m'interroge. Elle est sortie de la méditation avant moi ...comme chaque choses, avant moi.
Dans la naissance, de sept minutes. Dans l'apprentissage car elle est plus douée. Dans l'estime de notre mère, car bientôt elle s'en ira servir la gloire de notre maison. tandis je pourrirais dans le couvent des sorcières en attendant que le roi ne siffle un bataillons prêt a s'immoler dans le chaos pour détruire une tribu de porcs verts qui lui aura tenue tète trop longtemps.
C'est le prix, je suis vendue a l'ordre en échange de l'apprentissage de ma soeur.
Cette garce a ouvert le volet, car elle sait que je n'aime pas être exposée dans une pièce ouverte alors que je suis inconsciente. Attendant que quelqu'un vienne me saigner pour qu'elle soit unique.
Elle ne le ferait pas elle même. Trop imbue de sa beauté elle ne peut s'en prendre a ma peau s'en y entrevoir ce qui pourrait lui arriver.
Notre tutrice ouvre enfin notre cellule et la journée d'apprentissage commence après la prière pour supplier Khaine de nous épargner et louer la gloire de son champion.
Dans le scriptorium nous lisons l'une en face de l'autre. La tutrice le veut ainsi pour motiver la concurrence entre nous et nous contraindre a l'excellence.
C'est peine perdue car je sais être la moins talentueuse.
Mes yeux se porte sur un sortilège qui me semble inapproprié. "Les pas du vent"
tel est son intitule. Je relis plusieurs fois. De plus en plus fiévreuse. C'est un sortilège de fuite.
Je ne laisse rien paraître de mon excitation et commence a déchirer lentement la page pour ne pas attirer l'attention des surveillantes.
Je murmure " Herati, tu sortiras avant moi et ainsi tu connaitras les flammes du combat bien des cycles avant que je ne quitte cet endroit.
Ce sort peut t'aider a survivre. Prend le et rend le moi quand tu le maîtriseras. Lorsque tu partiras dans trois jours il pourrait même te préserver des furies."
Elle fait disparaître l'écrit dans sa manche et reprend sa lecture, sans un remerciement.
Au soir du surlendemain un cri raisonne dans le silence des couloirs. Les autres novices sont déjà masses, droites comme des pierres tombales et certaines sourient. Je me faufile derrière la tutrice qui ouvre la voie jusqu'a notre cellule.
Des glyphes a la craie constellent le sol mais au milieu un filet de sang parcoure la jointure des dalles. Au fond, Herati est adossée au mur et le bas de sa robe est empourpre et luisant.
La tutrice s'approche de ma soeur inconsciente. Elle soulève le pan de tissu pour dévoiler des jambes mutilées dont on peu entr'apercevoir les os dans la chair meurtrie.
Puis elle ramasse la page qu'elle lit en faisant signe a des novices de s'occuper d'Herati . Son regard se fait inquisiteur en me tendant le papier.
Au scriptorium, j'indique a ma supérieur l'ouvrage dont il provient.
"C'est ce grimoire qu'elle étudiait. J'en suis certaine car elle ma refuse de le consulter après elle."
Les mains blanches de l'enseignante, rompues a manier les livres, repaire sur la tranche des pages l'endroit de l'anomalie. Elle ouvre et s'exclame avant de remettre la page manquante a sa digne place, "cette idiote aurait du prendre le paragraphe des mises en garde. C'était juste après l'incantation qu'elle a vole."
Trois jours plus tard ma mère est dans le bureau du recteur.
Elle est venu négocier et parvient a l'accord suivant: Le couvent garde ma soeur estropiée comme simple copiste avec une dote de trente esclaves en échange de quoi je repart au service de ma famille.
J'entre dans ma... la chambre que je partageais avec Herati pour la saluer une dernière fois. Elle est alitée, incapable de se lever. Son regard en dit long sur la haine qu'elle me porte. Enfin un soupçon de franchise et je contemple a quoi ressemblerait mon visage si j'étais vaincue.
Elle pourrait hurler et m'accuser de traîtrise. Mais ce serait se montrer faible et geignarde une fois de trop. Sa fierté l'étouffe littéralement.
" Ma soeur, je te reverrait a la volonté de Khaine. Ne crois pas que je ne ressente aucune pitié en te voyant, dis-je dans un sourire." La nuit va tomber. Avant de partir, pour ton confort j'ouvre le volet. Ainsi le chant des furies bercera ta transe."
Son regard s'adoucit comme si la douleur lui semblait soudain moins vive. C'est même une certaine reconnaissance que me laisse paraître ma soeur, comme ultime souvenir.
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